Chapitre 40 : Comment se termine l'histoire

Chapitre 40 : Comment se termine l'histoire.

Océane savait qu'elle ne réussirait jamais à oublier. Jamais.

Sirius était mort, elle était effondrée et si elle n'avait pas eu Lalyh, la jeune femme savait que jamais elle n'aurait eu la force de survivre. Car elle ne vivait plus et ne vivrait plus jamais. Le chagrin, la douleur était là, bien trop grands pour pouvoir être soulagés. Et les messages de soutiens et de sympathie de Remus et de Dumbledore n'y changeraient jamais rien. Cela faisait un mois ce jour là. Un mois et Océane avait froid.

Assise dans un fauteuil dans le jardin de la maison qu'elle avait pourtant voulu quitter, elle regardait le vent faire danser les feuilles d'un air absent en repensant au passé. Cette dernière année passée avec lui, la dernière belle année de sa vie, Océane le savait bien. Par moment, des sanglots et des larmes lui venaient mais elle les retenait toujours. Elle n'avait pas le droit de pleurer. Du moins pas en public.

Elle était retournée à la case départ. Sauf que cette fois-ci, personne ne pouvait comprendre. Elle avait aimé un homme et on le lui avait prit. Elle avait survécu à son emprisonnement car elle le savait vivant. Elle savait que quelque part, le cœur de Sirius battait, et elle avait l'espoir qu'il battait un peu pour elle. Puis, elle l'avait retrouvé et sans se méfier, sans penser qu'un seul instant la vie pouvait lui jouer un si mauvais tour, elle avait cru que le bonheur était revenu. Mais une nouvelle fois, on le lui avait arraché. Et tellement cruellement qu'elle ne comprenait toujours pas ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter ça. Lentement, elle se laissait glisser dans la déprime. Ses voisins, ses parents, tous se demandaient ce qui lui arrivait mais Océane ne pouvait pas leur répondre. Sirius était aux yeux de tous un criminel et un assassin. Personne ne savait qu'ils s'étaient revus, qu'ils s'étaient aimés. Elle ne pouvait en parler avec personne au quotidien, elle devait cacher à tous la cause de sa souffrance. Elle ne pouvait pas faire son deuil.

Severus ne supportait même pas de la voir, les yeux rougis par les larmes, le visage creusé par le chagrin. Il passait ses journées enfermé dans sa chambre, dans son laboratoire ou encore à Poudlard avec le professeur Dumbledore. Plus que jamais Océane se sentait seule.

C'était dans cet état déplorable que Lalyh l'avait retrouvé en revenant de Beauxbâtons cet été là. Au départ, très inquiète de voir sa mère ainsi, elle l'avait harcelée de questions, la questionnait sans arrêt, cherchait désespérément à comprendre. Mais pour Océane tout cela était beaucoup récent, et elle n'avait pas la force de tout lui avouer maintenant. Le simple fait de penser à Sirius ouvrait une blessure dans ses chairs et la faisait tant souffrir qu'elle haletait et ne parvenait plus à faire cesser ses larmes.

Lalyh avait donc fini par comprendre et n'avait pas insisté. Océane avait continué à conserver son lourd secret. Autant que possible, elle tentait d'être comme avant, mais quelque chose s'était brisé et elle savait que jamais il ne pourrait y avoir de réparation possible.

Océane sursauta quand Lalyh posa un baiser sur sa tempe : elle ne l'avait pas entendue arriver.

- « Encore dehors en train de prendre l'air ? » lança sa fille en s'étirant.

- « Je profite du soleil » lui répondit-elle en esquissant un faible sourire. « Et toi, que fais-tu par un temps pareil ? »

- « Je traine dans ma chambre… Je m'ennuie un peu… »

- « Je suis désolée, tu ne passes pas de très bonnes vacances… » souffla Océane.

- « C'est pas grave ! Je vois bien que tu ne vas pas fort en ce moment… » lui murmura sa fille en s'asseyant à même le sol et en posant sa tête sur ses genoux.

Océane soupira.

Et c'est ainsi que se déroulait la plupart des journées d'été. Océane trouvait de plus en plus pénible le fait de se lever, de faire semblant de vivre alors qu'elle avait l'impression que tout en elle était mort. Pourtant, elle parvenait mieux à faire face. Donner le change lui paraissait moins absurde. Pour ne plus voir l'inquiétude sur le visage de Lalyh, elle s'était même forcée à retrouver le sourire. Pour se changer les idées, elle avait même décidé pour une fois d'accompagner sa fille chez ses grands-parents. Severus qui, malgré les vacances, passait plus de temps à Poudlard que chez lui, n'avait rien trouvé à y redire.

S'éloigner un peu de Londres avait fait du bien à Océane. Bien sur, elle était toujours effondrée mais voir de nouvelles choses, être dans des endroits différents lui permettaient d'oublier un peu durant la journée combien elle était mal. Et si les nuits étaient toujours aussi dures, les journées elles, paraissaient presque supportables.

Océane termina ses vacances en allant passer quelques jours en France. Ravie changer les idées de sa mère, Lalyh lui fit visiter avec enthousiasme tout ce qu'il y avait à voir au alentour de Beauxbâtons. Océane était enchantée de passer tant de temps avec sa fille. Toute accaparée par ses retrouvailles avec Sirius, elle avait fini par s'éloigner un peu d'elle sans s'en rendre vraiment compte. Cela lui faisait du bien de la retrouver, rien qu'à elle comme avant, insouciante et heureuse, avec toute la vie devant elle. Océane savait que désormais Lalyh serait sa seule raison de vivre. Il n'y avait que pour elle qu'elle continuerait à se battre.

Le retour en Angleterre fut extrêmement pénible. Son retour, seule, sous une pluie glaciale et l'air maussade des gens qu'elle croisait dans la rue ne lui inspirait rien de bon. Elle avait l'impression que toute la population avait été touchée par sa déprime. Bien sur, elle avait appris dans les journaux que beaucoup de catastrophes s'étaient déroulée au cours de l'été mais elle n'aurait jamais pensé qu'elles puissent toucher à ce point.

Lorsqu'elle arriva à l'impasse du Tisseur, dans la maison où elle avait vécu si longtemps, Océane sentit un frisson de dégout la gagner. Comment pourrait-elle un jour revivre là ? Comment pouvait-elle continuer à rester ? Quelles apparences restait-il à sauver ?

Et pire que cela même, quand elle pensait au fait de devoir revenir vivre là, elle éprouvait un fort sentiment de culpabilité. C'était… comme tromper Sirius. Après tout ce qu'ils avaient vécu, elle ne se sentait pas la force de continuer sa mascarade avec Severus. Ces quelques mois loin de lui, lui avaient au moins permis de comprendre cela : elle ne voulait plus de cette vie. On ne déciderait plus de rien à sa place.

Elle allait reprendre en main le cours de sa vie. On le lui avait empêché pendant si longtemps et elle avait perdu tant de temps qu'elle ne voulait plus vivre cela. Elle avait assez de regrets pour ne pas en créer plus. Sa décision fut prise au moment où elle frappait à la porte. Et maintenant qu'elle s'était décidée, elle ne reviendrait plus en arrière.

Océane fut surprise de voir que personne ne venait lui ouvrir. Que faisait donc l'elfe ? Elle posa sa main sur la poignée et ouvrit la porte sans difficulté. Elle entra donc dans la maison de son époux qui était plongée dans le silence. La jeune femme fronça les sourcils. Rien ne semblait avoir changé mais pourtant, il y avait quelque chose de différent. Elle n'arrivait pour autant pas à trouver quoi. Curieuse, elle se rendit dans le salon et aperçut avec surprise des traces qui indiquaient clairement que plusieurs personnes étaient venues là. Et cela l'intriguait. Severus n'était pas connu pour son sens de l'hospitalité. Des pas dans l'escalier et se retourna juste à temps pour voir Severus entrer dans la pièce.

- « Te voilà enfin, j'ai cru que tu ne rentrerais jamais Queudv… »

Mais la fin de sa phrase resta en suspens et il ouvrit grand les yeux de la voir là.

- « Océane ?! Les vacances sont déjà finies ? » s'exclama-t-il d'un air vaguement mal à l'aise.

- « Lalyh avait besoin de temps pour préparer sa rentrée alors je suis revenue plus tôt » répondit la jeune femme.

- « Oh… je vois » souffla Severus qui semblait assez mécontent de la retrouver là.

Ce qui arrangeait Océane. Elle aurait moins de scrupules à lui annoncer sa décision.

- « Il faut que je te parle ! »annonça-t-elle tout de go avant de lui laisser le temps de parler la parole « C'est important ».

- « Je t'écoute » lança alors Severus, surpris.

- « J'en ai assez de toute cette mascarade » repris la jeune femme avec conviction.

- « Pardon ?! »

- « J'en ai assez de me faire passer pour ce que je ne suis pas ! Je n'ai plus la force de mentir, de me mentir. Je… Je ne veux plus vivre ici ! »

Severus la regarda d'un air surpris sans dire un mot.

- « J'en ai assez de cette comédie !Alors je vais récupérer mes affaires et aller m'installer à l'hôtel. Demain j'irais voir un avocat et je demanderais le divorce… »

- « Oh… » souffla alors Severus.

Tous les deux se fixèrent un moment en silence. Le visage de Severus restait impassible et Océane avait du mal à percevoir comment il prenait la nouvelle. Elle décida de ne rien dire, après tout, c'était ce qu'elle aurait du faire depuis bien longtemps déjà. Mais le courage lui avait toujours fait défaut. Maintenant, elle l'avait trouvé. Un peu tard, certes mais elle ne pouvait pas rester ici. Elle trouverait du travail et ne compterais pas son temps s'il le fallait pour maintenir le train de vie qu'avait connu Lalyh. Maintenant, plus rien ne comptait. Elle était prête à tout, elle n'avait plus rien à perdre.

- « Je suppose… que j'aurais du m'en douter » siffla alors Severus d'un air mauvais.

- « Oui » murmura Océane, un peu décontenancé.

- « Tu avais ce projet depuis longtemps ? »

- « Assez » avoua la jeune femme qui se remémora avec douleur le projet qu'elle avait eu de faire de Sirius son compagnon aux yeux de tous.

Elle serra sa main sur son ventre. Elle ne devait pas penser à lui, sinon, elle allait encore pleurer et là, devant son époux, elle voulait rester digne.

- « Je n'ai pas d'arguments pour te retenir » lança Severus.

Océane se retint de justesse de lui lancer qu'il n'en avait jamais eu, mais ne le fit pas. Elle ne devait pas oublier qu'il l'avait quand même eu à sa charge pendant quinze ans. Elle n'avait pas le droit de se montrer aussi ingrate avec lui, quand bien même elle ne l'aimait pas, quand bien même sa vie avec lui n'avait pas été facile.

- « Je vais partir vite, je ne resterais pas longtemps… » annonça-t-elle alors.

Sans plus attendre, elle prit la direction de sa chambre. Severus ne fit pas le moindre geste pour la retenir, n'eut pas le moindre mot pour tenter de la convaincre. Océane pensait tout de même qu'il émettrait plus de réticences… Son cœur se serra. Elle aurait alors peut être pu partir bien avant…

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Océane arrosait les plantes qu'elle tentait de faire pousser dans des pots sur son balcon. Elle n'avait pas spécialement la main verte, mais elle devait bien avouer qu'elle ne s'en sortait pas si mal avec ses pousses de Belladone. Elle menait une vie tranquille, reposante dans cet appartement qu'elle occupait depuis une dizaine de mois. Elle avait retrouvé un semblant de liberté et elle se sentait bien.

Elle ne connaissait plus le bonheur de ses vingt ans, mais elle profitait de sa vie tranquille et sans remous. Cela lui convenait parfaitement, elle en avait assez des rebondissements, elle en avait connu assez dans sa vie.

Elle vivait dans cet appartement non loin du Chemine de Traverse depuis qu'elle avait divorcé de Severus.

Evènement qui avait causé un véritable scandale au sein de sa famille. Ses parents n'avaient pas compris ce revirement de situation, ils n'avaient pas compris pourquoi ils se séparaient alors qu'ils avaient vécus tant d'années ensemble, qu'il paraissait aux yeux de tous un couple sans histoires. Océane ne s'était jamais justifiée. Et elle savait que Severus non plus et même si elle se doutait qu'il le faisait plus pour protéger son honneur que par égard pour elle, elle lui en était reconnaissante. Elle n'aurait pas supporté de devoir subir, en plus des reproches de ses proches de quitter son époux, les blâmes qui n'auraient pas manqué de pleuvoir sur elle s'ils avaient su qu'elle avait revu ce qu'ils considéraient tous comme un amour de jeunesse. Une erreur qu'elle aurait du oublier depuis longtemps déjà.

Océane soupira. Elle reposa son arrosoir et releva de la main une mèche qui lui tombait sur le visage. Il faisait chaud en se mois de juin. Elle esquissa un faible sourire. Les beaux jours étaient revenus, et elle espérait que l'été serait beau. Elle attendait avec impatience le retour de Lalyh. Pour la première fois de sa vie, elle allait passer deux mois entier, totalement seule avec sa fille. Et elle s'en réjouissait autant que l'adolescente dont les lettres étaient pleines de projets pour les prochains mois.

S'il n'y avait qu'une seule personne qui s'était totalement réjouie du divorce, c'était bien Lalyh. Océane l'avait prévenu dès qu'elle avait entamé les démarches et sa fille l'avait toujours soutenue. Dans une lettre, elle lui avait écrit que si cela pouvait la rendre enfin heureuse, elle ne devait pas hésiter un seul instant. C'était peu de chose aux yeux d'Océane cela comptait beaucoup. Elle s'était fait du souci pour sa fille, sur la manière dont elle prendrait les choses. Le fait qu'elle comprenne, même si elle ne connaissait pas tous les détails, son besoin de partir lui avait fait beaucoup de bien.

Elle avait beaucoup craint aussi que Lalyh n'ait à pâtir de cette séparation, mais Severus l'avait vraiment beaucoup surprise en acceptant de continuer à payer les études de la jeune fille jusqu'à sa majorité. C'était un vrai soulagement pour Océane.

En effet, elle n'aurait jamais eu les moyens de subvenir aux besoins de sa fille. Et ce malgré l'argent que le professeur Dumbledore lui avait remis. L'argent venait de Sirius. Sans qu'elle le sache, il avait fait insérer une clause totalement confidentielle dans son testament. Elle avait donc de quoi vivre, tranquillement. Un cadeau qui lui avait laissé et qu'elle avait eu beaucoup de mal a accepté.

Maintenant, elle savait qu'elle pouvait avoir son indépendance et elle lui en était reconnaissante. Finalement, quand elle y réfléchissait, elle continuait de vivre grâce à lui. C'était toujours un petit lien de plus qui la raccrochait à lui.

Elle était donc en train de faire un peu de jardinage quand on frappa à sa porte. Surprise, car elle n'attendait pas de visite, Océane se dépêcha d'essuyer ses mains à son tablier et alla ouvrir sans plus attendre. Elle fronça les sourcils quand elle découvrit l'auror qui l'attendait sur son pallier.

- « Vous désirez ? » demanda-t-elle d'un ton un peu sec.

Elle n'avait jamais eu de très bons souvenirs avec les aurors. En général, ils lui apportaient toujours des mauvaises nouvelles.

- « Vous êtes Océane Rogue ? » questionna l'auror après avoir relu un calepin qu'il tenait dans la main.

- « C'est Océane Daquaria depuis quelques mois maintenant » annonça-t-elle

- « Très bien. Je dois vous remettre ceci » lui annonça-t-il alors en lui tendant une enveloppe parcheminée.

- « Qu'est-ce que c'est ? » demanda Océane

- « Je ne fais que transmettre » lui répondit-il d'un ton bourru.

Elle se contenta donc d'hocher la tête et sans ajouter un mot, l'auror tourna les talons et s'en alla comme il était venu. Surprise et inquiète, Océane referma la porte tout en fixant le pli qu'elle venait de recevoir. Elle alla s'asseoir dans sa cuisine et décacheta le message. Mais celui-ci ne lui apprit rien. Elle était simplement convoquée le surlendemain au Département des Aurors. Il n'y avait pas d'autres précisions et Océane trouvait cela bien étrange. Elle se posait des questions, mais décida de ne pas se torturer l'esprit non plus. Elle qui, par le passé, avait passé beaucoup de temps dans ce département, préférait ne pas y penser pour ne pas faire ressurgir certains souvenirs difficiles à revivre. Elle posa donc la lettre sur la table et décida de ne plus s'en soucier avant le surlendemain.

Malheureusement, dans la journée, en allant faire quelques courses, elle apprit par les journaux le décès du professeur Dumbledore.

La nouvelle fut un grand choc. Pour elle, comme pour beaucoup de personne, elle s'était toujours imaginé le professeur Dumbledore comme quelqu'un d'indestructible. Il ne pouvait pas être mort ! C'était impossible. Comme tous les badauds qui flânaient ce jour là sur le Chemin de Traverse, elle eut du mal à réaliser la nouvelle.

Elle était encore totalement perdue, les larmes aux yeux et sous le choc quand elle surprit la conversation de deux sorcières qui discutaient avec animation.

- « J'ai lu l'article avec attention ! Il a été assassiné ! »

- « Mais qui aurait pu faire une telle chose ? » s'indigna son amie. « Dumbledore est un grand sorcier ! »

- « On dit que c'est un des professeurs de Poudlard qui lui aurait lancé un des Impardonnables ! »

- « Noooooon ! » s'exclama l'autre sorcière d'un air choqué.

Et Océane pouvait la comprendre, elle l'était tout autant. Mais elle savait par habitude qu'on ne pouvait pas toujours faire confiance à ce qui était écrit dans la Gazette du Sorcier. Il lui fallait des informations sures, venues de personne dont elle avait entièrement confiance. Immédiatement, elle rebroussa chemin.

Il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre l'appartement de Remus. Un peu essoufflée, elle s'arrêta un instant devant la porte du studio de son ami et se pencha un peu pour rendre son souffle. Quand elle se sentit mieux, elle se redressa et s'apprêtait à frapper à la porte quand celle-ci s'ouvrit. Océane fut alors très surprise d'en voir sortir une jeune femme aux cheveux roses coupés court. Elle était souriante, rayonnante même et se stoppa net en la voyant.

- « Bonjour ! »lança-t-elle simplement.

- « Bonjour » répondit Océane avec un semblant sourire « Remus est là ? »

- « Oui… » répondit la jeune femme avec un soupçon de jalousie. « Remus ! »

Quelques secondes plus tard, il arriva sur le pas de la porte. Lorsqu'il vit Océane, ses traits devinrent plus grave mais il lui sourit tout de même.

- « Je me doutais bien que je ne tarderais pas à te voir » lui lança-t-il.

- « Tu me connais bien ! » lui répondit Océane qui se sentait mieux en le voyant.

Remus avait toujours été là pour la soutenir dans les moments difficiles. Il était celui qui la consolait et qui séchait ses larmes. Maintenant qu'une autre mauvaise nouvelle avait fait irruption dans sa vie, c'est naturellement vers lui qu'elle comptait se tourner.

Mais, tandis qu'Océane souriait faiblement à son ami, elle vit alors très nettement la jeune femme aux cheveux roses se rapprocher de Remus au point que sa main frôle la sienne. Océane se surprit à sourire encore plus de l'air légèrement gêné qu'arborait son ami.

- « Nymphadora » commença Remus « Je te présente Océane… Daquaria qui est… »

- « Une vieille amie » compléta la jeune femme en voyant que son ami cherchait ses mots, et la manière de la présenter.

Elle était surprise. Remus lui avait toujours assuré que la jeune femme en l'attirait en aucune façon. C'était un sacré cachottier. Néanmoins Océane était ravi pour son ami et la jeune femme.

- « J'ai été ravie de vous rencontrer ! » souffla Nymphadora « Mais je dois partir »

- « Je comprends… » lui assura Océane.

- « Au revoir ! »

Elle se pencha alors pour poser un baiser à la commissure des lèvres de Remus avant de la saluer d'un signe de tête et de partir en coup de vent, non sans leur avoir lancé un dernier regard qui signifiait clairement que Remus avait intérêt à bien se tenir.

- « Je crois que tu vas avoir droit à une scène de jalousie » murmura Océane en souriant tandis qu'elle entrait dans le studio de son ami « Je ne savais pas que vous vous fréquentiez… »

- « J'ai… j'ai mis du temps à me décidé et puis… c'était compliqué… On a préféré que ça ne se sache pas trop et puis avec ma mission… »

Océane hocha la tête. Elle avait su que Remus avait mené une mission dans les milieux lycanthropes et elle s'était vraiment beaucoup inquiétée pour lui. Maintenant qu'il était de retour, elle était soulagée. Et elle l'était encore plus de le savoir entre de si bonne main.

- « Je te l'avais bien dit que tu lui avais tapé dans l'œil ! » lui rappela-t-elle alors malicieusement

En guise de réponse, Remus poussa un grondement agacé qui amusa la jeune femme. Elle prit place à la petite table qui constituait la majeur partie du mobilier de son ami. Remus l'imita et tous les deux se fixèrent un moment d'un air grave.

Ce fut Océane qui la première, prit la parole, malgré la boule qui était revenue se former dans sa gorge.

- « Le professeur Dumbledore est vraiment mort ? » lui demanda-t-elle d'une toute petite voix.

- « Malheureusement… » soupira Remus d'un air triste.

- « Par Merlin ! C'est atroce ! Comment cela est arrivé ? Qui va diriger l'Ordre désormais ? »

- « Pour l'Ordre, je t'avouerais que je n'en sais rien, mais en ce qui concerne les conditions du décès de Dumbledore… Oh Océane ! Pourquoi est-ce toujours à moi de t'annoncer les mauvaises nouvelles ? »

La jeune femme sentit alors son estomac se contracter et c'est incrédule qu'elle écouta Remus lui raconter ce que Harry avait vu cette nuit là sur la Tour d'Astronomie. Horrifiée, elle étouffa un cri de ses mains en apprenant le nom de l'assassin du Directeur de Poudlard. Prise de nausée, elle pensa un moment qu'elle allait faire un malaise mais se reprit avant.

- « Severus ? » souffla-t-elle sans y croire « Mais… mais… »

- « Apparemment, il aurait reprit ses activités de mangemorts… »

- « Remus, tu penses vraiment que Severus est un assassin ? »

- « Je ne sais pas… Je t'avoue que je ne sais plus bien quoi penser de tout cela ! »

- « Par Merlin ! Je n'arrive pas à m'imaginer Severus en meurtrier ! Même quand il était en colère, il n'a jamais vraiment menacé personne… Je… Si j'étais resté avec lui, tu crois que… »

- « Je crois que tu as bien faire de partir ! » la coupa Remus « Il ne fallait pas que tu restes là bas, tout le monde le savait très bien. Tu n'as rien fait que l'on puisse te reprocher ! »

- « Je comprends mieux alors pourquoi j'ai reçu cette convocation au Ministère demain… Ils veulent sans doute me poser des questions sur Severus mais… mais je ne sais rien ! »

- « Tu le leur dira, et ils te croiront. Vous êtes séparés, il ne devrait pas y avoir de problèmes, rassures toi ! »

- « Je ne veux pas être mêlé à cette affaire Remus ! Par Merlin, je crois que j'ai le droit d'avoir une vie normale maintenant ! »

- « Bien sur… » souffla son ami.

- « Tu voudras bien venir avec moi au Ministère ? » demanda alors Océane.

- « Evidemment ! Nous irons demain après les obsèques, d'accord ? »

- « Oui » soupira Océane.

- « Oh… et dans le doute, ne fais pas venir Lalyh cet été… Si Severus est vraiment retourné dans le camp du Seigneur des Ténèbres… »

Remus n'eut pas besoin de terminer sa phrase pour que des frissons de dégoût ne la gagnent. Elle hocha la tête, extrêmement déçue et fatiguée par avance de tous les soucis qui s'annonçaient à elle… Et dire qu'elle n'avait rien fait d'autre qu'envisager une petite vie tranquille et sans histoire…

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- « Entre Remus ! Je ne t'attendais pas si tôt, tu avais dit que tu ne pourrais venir qu'en début de soirée ! » s'exclama Océane en ouvrant la porte à son ami.

- « Je sais, mais Dora avait besoin de quelques petites choses sur le Chemin de Traverse alors j'en ai profité pour venir faire un saut chez toi ! Comment vas-tu ? »

- « Bien, très bien ! » répondit Océane en se laissant embrasser sur les deux joues.

Ils se rendirent tous les deux dans le salon du petit appartement qu'elle occupait. Ce dernier était jonché de vêtement et en son centre, une valise ouverte semblait lui tendre les bras.

- « Tu pars ? » lui demanda Remus.

- « Oui, je vais voir Lalyh pour les vacances de Noël ! Ca m'a tellement manqué de ne pas la voir cet été, je n'aurais pas tenu plus longtemps ! » lui répondit-elle.

- « Tu n'étais pas censée rester en Grande-Bretagne tant que l'affaire du meurtre de Dumbledore n'était pas résolue ? Les aurors te l'avaient spécifié… »

Océane se tourna alors vers lui et le regarda d'un air amusé.

- « Remus ! Mais dans quel monde vis-tu ? Ces mesures s'appliquaient du temps de l'ancien Ministère ! Maintenant qu'il est tombé aux mains de Tu-Sais-Qui, je ne suis plus obligée de rien ! Le fait d'avoir été mariée à un mangemort est même un avantage ! » soupira-t-elle.

- « Sérieusement Océane, tu n'as pas de souci ? » s'inquiéta Remus.

- « Non, je n'en ai pas, rassure toi. »

- « Tu me le dirais sinon ! »

- « Bien sûr ! »

Océane lui adressa un sourire et dégagea un peu le canapé pour laisser de la place à son ami.

- « Est-ce que tu as des nouvelles de Harry ? » demanda-t-elle alors.

- « Toujours pas »

- « Et tu continues à dire que c'est une bonne chose ? »

- « C'est une excellente chose ! S'il l'avait capturé, tu penses bien que cela aurait fait les gros titres ! »

Océane soupira et tira une chaise pour venir prendre place en face de lui.

- « Je serais tellement plus rassurée si nous savions où il était… »

- « Moi aussi… » souffla Remus « Mais j'ai confiance en lui et en ses bons jugements… »

Il esquissa un sourire et sembla un moment penser à tout autre chose.

- « Comment va ta femme ? » demanda alors Océane d'un ton enjouée.

Elle était tellement heureuse que Remus ait enfin trouvé une femme qui avait su voir l'homme merveilleux qu'il était.

- « Elle va bien et elle a une grossesse relativement tranquille si on excepte le fait qu'elle me fasse sortir pour trouver de la glace en plein hiver… »

- « Tu n'as pas pris de risques j'espère ?! Tu sais que tu es recherché, elle ne devrait pas te forcer à… »

- « Elle ne m'a pas forcé, j'avais envie de lui faire plaisir et je sais parfaitement me débrouiller tout seul. A plus forte raison puisque je sais que se suis une personne « nuisible ». »

- « Remus… » gronda Océane qui n'aimait pas l'entendre parler de lui comme ça.

- « Ne t'inquiète pas pour moi » reprit Remus.

La jeune femme le fixa un moment d'un air grave avant de consentir à changer de sujet.

- « Et vous connaissez le sexe du bébé ? »

- « Non, et nous ne voulons pas le savoir…. Enfin, Dora change d'avis toutes les dix minutes, mais je tiens bon et nous auront la surprise ! »

Océane se mit à sourire.

- « J'aurais préféré que cet enfant ne naisse pas dans ses conditions… » soupira alors Remus « Que Dora n'ait pas à tant s'inquiéter en ce moment… »

- « Je sais… » soupira Océane.

- « Océane… »reprit alors Remus avec gravité « Je voudrais que tu ne reviennes pas de ton voyage en France, que tu restes là bas le temps que les choses se calment… »

- « Mais Remus… »

- « Non, écoute moi ! Je sais que je ne devrais pas te le dire, mais j'ai confiance en toi. Les choses ne vont pas très forts pour nous, il y a des chances pour que la situation empire. Je ne suis pas rassuré de te savoir seule dans cet appartement alors que tu as été mariée à Severus. Il t'en veut pour Sirius et on ne sait pas de quoi il est capable ! Alors, je t'en supplie, reste avec Lalyh en France. Je ne veux pas avoir à me faire de soucis pour vous deux… »

- « Mais,Remus… Ma vie est ici ! »

- « Quelle vie Océane ? Le temps que les choses aillent mieux, tu serais plus à l'abri avec ta fille… »

La jeune femme baissa les yeux.

- « Le fait de rester ici ne ramènera pas Sirius… » souffla Remus

- « Je sais… » murmura-t-elle.

- « Alors pars… Tu reviendras plus tard de toute façon ! »

- « Mais je ne verrais pas ton bébé quand il naitra ! » lança Océane.

- « Je t'enverrais des photos ! » lui promit-il « Le plus important, c'est que tu sois à l'abri… Toi tu le peux… »

Océane hocha simplement la tête.

- « Et pense au bonheur que ça procurera à Lalyh ! »

Elle se mit à sourire devant l'argument de Remus.

- « Très bien, je partirais… Mais s'il se passe quoi que se soit d'important ici, je reviendrais et tu ne m'en empêcheras pas ! »

- « D'accord… » murmura Remus en souriant.

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Et dire qu'avant son retour en Angleterre, Océane avait cru qu'elle avait déjà suffisamment connu d'enterrement comme cela. Comment tant de choses avaient-elles pu avoir lieu en seulement six mois ?

Toute de noire vêtue, son mouchoir serré dans sa main et Lalyh accrochée à son bras, Océane avançait lentement dans le cimetière. Derrière, se trouvaient ses parents et quelques personnes qu'elle ne connaissait que vaguement. Elle avait choisit de venir fleurir les tombes des personnes qu'elle avait perdue avant de se rendre à Poudlard où la grande cérémonie de célébration de la fin de la guerre allait avoir lieu.

Parce qu'aux yeux de tous il était le père de Lalyh et parce qu'elle lui devait quand même beaucoup de chose, ce fut la tombe de Severus qu'elle visita en premier. Il avait été enterré peu de temps auparavant. Océane et Lalyh étaient rentrées en catastrophe de France dès que Flumena leur avait appris la nouvelle. Océane n'était pas triste à proprement parler, mais elle éprouvait quand même de la pitié pour cet homme qu'elle n'avait jamais vraiment réussit à cerner. Elle regrettait qu'il soit mort dans de telles conditions. Lalyh avait été un peu plus ébranlée qu'elle. Sans doute parce qu'elle n'était pas aussi triste que ce que l'on aurait pu attendre d'une orpheline de père, elle ne savait pas tellement comment réagir et était restée étrangement muette ses derniers jours. Elle était restée calme et avait passé beaucoup de temps à réfléchir. Océane lui avait laissé du temps pour tenter de mettre au clair toutes ses pensées qui devaient se bousculer dans sa tête.

Cela lui permettait aussi de se concentrer sur un autre deuil qui l'avait beaucoup plus touché. Elle avait absolument tenu à se rendre sur la tombe de Remus et Nymphadora Lupin.

Océane avait eu du mal à retenir ses larmes. Le seul ami qui lui restait, celui qui avait été son seul soutien durant toutes les années difficiles qu'elle avait vécu avait succombé. Sa jeune épouse également. Lorsque Lalyh lui avait demandé pourquoi elle était venu se recueillir ici, elle lui avait alors répondu en toute honnêteté que Remus était un ami de très longue date avec qui elle avait toujours correspondu et que sa mort lui faisait énormément de peine et laissait un grand vide dans sa vie.

Elle trouvait sa mort injuste. Après tout ce temps à ce battre, après avoir enfin trouvé une femme qui l'aimait après avoir enfin eu un enfant, il avait succombé. N'y avait-il donc aucune place pour le bonheur dans la vie d'un lycanthrope ? Océane se le demandait souvent. Elle gardait toujours dans son sac la dernière lettre qu'il lui avait écrite, celle dans laquelle il avait glissé une photo de son petit Teddy, les cheveux bleus dressés sur sa tête.

C'était un enfant adorable et Océane s'était fait une joie à l'idée que Remus le lui présente un jour. Désormais, cela ne serait plus possible.

Océane n'avait même plus la force de pleurer. Elle n'avait pas non plus la force de se réjouir de la fin de la guerre. Elle avait beau regarder autour d'elle, elle ne voyait que le chaos et la destruction. Tout était à refaire, il fallait tout rebâtir et Océane ne se sentait plus la force de le faire. Il faudrait à la nouvelle génération beaucoup de courage, elle savait qu'ils en étaient capables mais en ce qui la concernait, elle n'avait plus envie de se battre.

C'est soutenue par sa fille et accompagnée de ses sombres pensées qu'Océane se rendit à la cérémonie de Poudlard. Une foule dense se pressait dans le parc du château. De nombreuses personnes, des célébrités ou des inconnus, avait fait le déplacement pour rendre hommages aux héros morts à la guerre, tout comme à ceux qui avaient survécut. Océane observa un moment Lalyh qui, émerveillée par la splendeur des lieux ne pouvait pas s'empêcher de regarder autour d'elle avec de grands yeux ronds. Cela fit naitre l'ombre d'un sourire sur le visage de sa mère. Pour se pas se perdre parmi toutes les personnes présentes, Lalyh agrippait fort son bras et sa présence rassurait Océane et l'aidait à avancer, comme toujours.

- « Maman, regarde ! » s'exclama la jeune fille après un moment « Regarde, c'est Harry Potter là bas, non ? »

Océane tordit le cou et ne tarda pas à apercevoir le visage de Harry. Le jeune homme était entouré de nombreuses personnes rousses qui semblaient atterrées, sans doutes avaient-elles perdues un proche.

- « Oui, c'est lui » répondit Océane doucement, tout en se faisant la réflexion qu'on ne lui avait pas mentit.

Harry était le portrait de son père.

- « On pourrait aller le voir et le féliciter non ? C'est un héro ! » proposa Lalyh, enthousiaste.

- « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, trésor. Il doit y avoir beaucoup de monde après lui, il a le droit au calme et à l'apaisement comme nous tous… »

- « Mais… »

- « Attends moi là, il faut que j'aille parler à quelqu'un ! » lui lança alors Océane en s'éloignant.

Elle n'avait pas voulu voir Harry. Elle ne se sentait pas la force de le voir, sans lui parler de ses parents, de Sirius, et Remus et des autres… Et c'était encore trop récent pour elle. Elle n'avait pas la force. Elle le ferait un jour, peut être. En attendant, elle voulait à tout prix se protéger de nouvelles souffrances. Elle se mit alors à penser à tout autre chose.

Elle scruta la foule et trouva enfin la personne qu'elle cherchait. Attrapant fermement la main de sa fille dans la sienne, elle l'entraina vers Minerva McGonagall.

- « Mrs McGonagall, il faut que je vous parle » lança Océane en arrivant à sa portée.

- « Désolée, mais pour le moment j'ai beaucoup affaire » lui répondit la vieille sorcière « Nous pourrions peut être vous revoir plus tard, Mrs… ? »

- « Daquaria » souffla alors Océane.

Le visage de son interlocutrice changea alors.

- « Oh ! Je vois… Le professeur Dumbledore m'avait dit que vous souhaiteriez peut être me voir » souffla-t-elle « Je suppose que vous êtes Lalyh Rogue ? » demanda-t-elle à Lalyh qui acquiesça d'un signe de tête.

Les deux femmes échangèrent alors un regard et Océane su que Dumbledore avant de mourir, avait pris le temps d'expliquer à sa directrice adjointe le cas de Lalyh. A la façon dont McGonagall regarda Lalyh, à son sourire bienveillant, Océane su qu'elle savait qui était son vrai père.

- « Que puis-je pour vous dans ce cas ? » demanda-t-elle d'un ton plus avenant.

- « J'aimerais que Lalyh puisse faire sa septième année à Poudlard » annonça Océane.

- « Vraiment ?! » s'exclama Lalyh.

- « Oui, ma chérie. Après tout ce qui vient de se passer, je ne veux plus être éloignée de toi… »

- « Mais Maman…. »

- « Tu ne veux plus venir étudier ici ? »

- « Si mais… Tu as toujours dit que ce ne serait pas possible ! » rétorqua-t-elle, incrédule.

- « Les choses changent » souffla McGonagall « et certaines choses doivent être remises à leur place ».

Océane hocha la tête et remercia la vieille sorcière d'un sourire. Ce à quoi Lalyh aurait du avoir toujours droit allait enfin lui être rendu au moins. Pour un an, elle vivrait dans le château qui avait vu naître l'amour de ses parents. C'était tout ce qu'Océane souhaitait désormais.

oOoOoOoOoOoOoOo

- « Maman ! C'est moi ! »

Océane sursauta en entendant sa fille hurler et posa le livre qu'elle était en train de lire sur la table basse du salon. Elle se leva ensuite et se rendit dans l'entrée de son appartement où sa fille tentait tant bien que mal de se débrouiller avec dans un bras un grand sachet de courses et de l'autre Cedrus qui se mit à sourire largement en la voyant.

- « Grand' Ma ! » gazouilla-t-il en lui tendant les bras.

Incapable de lui résister, Océane s'approcha et le prit à son cou. Le bébé cala alors sa tête contre sa poitrine et enfonça son doigt dans sa bouche avant de le téter bruyamment.

- « Tu sais que tu m'as fait peur » annonça Océane tandis que Lalyh prenait la direction de la cuisine, son lourd sachet toujours dans les bras.

- « Désolée ! » s'excusa la jeune femme avant de poser son chargement sur la table « Mais ce ne serait pas arrivé si tu fermais ta porte à clé ! Maman, on rentre dans ton appartement comme dans un moulin ! »

- « J'attends le fils de la voisine. Je le surveille le temps que sa mère rentre du travail… »

Lalyh hocha la tête, estimant que l'argument était suffisant et entreprit de déballer tous ses achats.

- « Par Merlin ! Qu'est-ce que c'est que tout cela ? » demanda Océane en souriant.

- « J'ai décidé qu'on s'invitait à manger ici ce soir ! » déclara Lalyh en se tournant vers elle en souriant « Alors j'ai fait les courses ! »

- « Et c'est toi qui va cuisiner ? » s'inquiéta sa mère.

- « Non ! Ethan a dit qu'il parviendrait à se libérer suffisamment tôt pour pouvoir le faire ! » répondit la jeune femme en souriant.

Océane regarda alors sa fille en souriant avec tendresse. Lalyh était désormais une belle jeune femme de 26 ans, totalement autonome et indépendante. En sortant de Poudlard, elle avait entreprit de trouver immédiatement un travail pour pouvoir l'aider financièrement et même si Océane avait toujours refusé de recevoir de l'argent de sa fille d'une manière ou d'une autre, son choix s'était avéré judicieux. Elle était entrée en contact avec un jeune homme du nom d'Ethan Sanders qui cherchait des associés pour monter une société de financement et aussi bien séduite par l'idée que par son interlocuteur, Lalyh s'était lancée. Aujourd'hui, Lalyh et Ethan étaient à la tête d'une petite entreprise qui connaissait quelques difficultés mais qui commençait à se faire un nom. Le petit Cedrus, né une année et demie plus tôt avait aidé à remplir leur vie d'une manière très épanouissante.

Vraiment, Océane était très fière de sa fille et éprouvait une très grande joie à l'idée de la savoir si heureuse et si comblée. Elle était satisfait d'avoir réussit à offrir à sa fille la possibilité d'avoir la vie qui lui convenait et dans laquelle elle se sentait bien. Ce dont elle avait toujours manqué…

La main de Cedrus se posant sur sa joue la tira de ses pensées et lorsque ses yeux se baissèrent, ils rencontrèrent le regard malicieux et coquin de son adorable petit fils.

- « As-tu fait des progrès depuis ces derniers jours ? » demanda-t-elle en souriant

- « Ne m'en parle pas ! » soupira Lalyh qui venait de ranger la dernière brique de jus de citrouille « Il a découvert que l'on pouvait faire des milliers de choses quand on savait marcher ! Il y a deux jours, il a appris à jouer avec un ballon !Le vieux vase que Mamie m'a offert n'y a pas survécut ! »

Océane se mit à sourire et pour constater tout cela par elle même, elle déposa le garçonnet sur le sol, qui ravi, se mit à marcher partout dans l'appartement. Sa démarche était encore maladroite et il n'était pas très stable, mais les deux femmes s'amusaient de le voir partir à l'aventure. Le laissant s'amuser seul, elles allèrent s'installer dans le salon. La fenêtre ouverte donnait sur une petite rue en retrait du Chemin de Traverse. Peu de gens l'empruntaient, elle était calme et cela convenait parfaitement à Océane qui n'aspirait depuis longtemps qu'à la tranquillité.

- « Dis moi chérie, tu comptes bientôt reprendre le travail ? » demanda Océane à sa fille.

- « Oui, dès que j'aurais trouve quelqu'un de confiance pour garder Cedrus » répondit Lalyh « Et vraiment j'espère trouver rapidement ! J'adore m'occuper de Bébé, mais vraiment, ça me manque de ne plus travailler et ça va faire presque deux ans que je n'ai rien fait ! En plus, même s'il ne veut pas me le dire, je sais parfaitement que Ethan ne s'en sort pas aussi bien qu'il le prétend… »

- « Tu sais que je pourrais très bien m'occuper de Cedrus… »

- « Non Maman ! » la coupa Lalyh « Je sais très bien que tu serais tout à fait capable de t'occuper de lui, mais je ne veux pas te l'imposer. On trouvera quelqu'un… »

Océane regarda alors sa fille en souriant.

- « Comme tu veux ma chérie, comme tu veux… »

Lalyh hocha alors la tête d'un air entendu avant de détourner son regard pour surveiller ce que faisait son fils. En le voyant en train d'essayer d'escalader une chaise, elle se leva d'un bond.

- « Cedrus ! non ! » gronda-t-elle.

Interrompu dans son élan, le petit garçon se figea et lança à sa mère un regard suppliant et plein de larmes qui ne fonctionna pas.

- « Maman a dit non ! » répéta-t-elle en l'éloignant de l'objet du délit « Joue avec tes cubes ! »

D'un coup de baguette elle fit venir vers lui ses cubes en moi, mais ils étaient bien moins intéressant pour le petit garçon qui les rejeta avec dédain avant de se mettre à bouder. Océane ne pu s'empêcher de sourire avec tendresse.

- « Par Merlin, ce qu'il lui ressemble ! » murmura-t-elle.

Ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait cette réflexion. Dès le départ, elle avait trouvé que Cedrus ressemblait à son grand père. Quand il boudait, c'était encore plus flagrant. Il lui ressemblait tant que parfois, Océane ressentait un pincement au cœur en le voyant. Sirius lui manquait tellement…

- « A qui ? » demanda alors Lalyh.

Océane sursauta et fixa sa fille qui la regardait avec curiosité.

- « Pardon ? » demanda-t-elle à son tour.

- « Tu viens de dire que Cedrus ressemblait à quelqu'un… Mais à qui ? » insista la jeune femme.

Océane eut alors un peu de mal à déglutir mais quelque chose dans le regard de la fille l'intrigua. C'était de la curiosité, mais aussi de l'impatience et un peu de crainte. Océane fronça légèrement les sourcils. Elle s'était toujours tenue aux promesses qu'elle avait faite bien des années auparavant parce qu'avec la mort de Sirius puis de Severus, il avait été difficile de les bafouer. Mais quelque chose lui disait que le moment était enfin venu et que Lalyh attendait sans le savoir des réponses qu'elle méritait de droit.

Océane prit alors une grande inspiration avant de lui répondre.

- « Il ressemble à ton père » murmura-t-elle, sans se mouiller plus.

- « Ah… » répondit la jeune femme.

Elle regarda alors son fils d'un air grave avant de plonger son regard dans celui de sa mère avec gravité.

- « Tu veux parler de mon vrai père je suppose… »

Le cœur d'Océane se serra et elle se sentit pâlir avant d'hocher simplement la tête. Ainsi, Lalyh savait. Ce n'était pas réellement une surprise, Severus n'avait jamais agit comme un père pour elle, et avait de nombreuses fois fais des allusions dénuées de toutes ambigüité sur le fait que Lalyh n'était que sa fille à elle. Lalyh avait compris, Océane s'en était toujours douté inconsciemment, mais l'entendre le dire lui fit tout de même un immense choc. L'air lui manquait et elle se demanda un moment si elle n'allait pas faire un malaise.

- « Maman, ça va ? »s'inquiéta Lalyh en se précipitant vers elle.

- « Oui, oui… C'est juste que… Par Merlin, j'avais toujours promis de ne jamais en reparler ! »

- « A qui avais-tu promis ? »

- « A Severus, à tes grands parents… et à moi aussi. »

Lalyh la regarda alors d'un air grave avant de détourner le regard.

- « Je ne savais pas comment te dire que j'étais au courant… » souffla-t-elle « Quand j'ai enfin su je… j'ai été en colère contre toi… »

- « Chérie, je… »

- « J'avais un père que je n'ai pas connu ! Dont tu ne m'avais jamais parlé. Je croyais qu'on se disait toujours tout… Je croyais qu'il n'y avait pas de mensonges entre nous ! Quand j'ai réalisé que je ne savais presque rien de ta vie je… je t'en ai voulu ! »

Océane sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle voulu prendre la main de sa fille dans la sienne, mais cette dernière l'en empêcha et se leva.

- « Mais comme je t'aime, je n'ai rien dit et… je pensais pouvoir garder le secret moi aussi. Ethan m'avait conseillé de ne rien te dire. Il disait que tu devais avoir tes raisons pour m'avoir cacher quelque chose de cette importance. Alors j'ai essayé mais…Je crois bien qu'au fond de moi je t'en veux toujours un peu… »

Lalyh se tourna alors vers elle.

- « Pourquoi est-ce que tu ne m'a jamais rien dit ? » lui demanda-t-elle alors, les larmes aux yeux et la voix tremblante.

Océane sentit son cœur se serrer. Elle prit une grande inspiration avant de lui répondre.

- « C'était bien plus facile pendant toutes ses années de ne rien te dire plutôt que de t'avouer que nous aurions pu être heureuses et avoir la vie dont j'avais toujours rêvé… »

Lalyh baissa les yeux.

- « J'ai tellement regretté de ne pas avoir eu le courage de faire les bons choix. Si tu savais tout ce que j'ai pu regretter ! De ne pas avoir tenu tête à ma famille, de ne pas avoir forcé la main à ton père lorsqu'il l'aurait fallu… De toujours vouloir tout repousser en me disant que j'ai encore le temps ! » expliqua Océane avec émotion. « Ne crois pas que le fait de ne rien te dire a été facile, encore moins agréable… Mais je pensais que ce serait le moins dur pour toi… »

Mais Lalyh ne disait toujours rien.

- « Je suis désolée… Mais je veux que tu saches que tout ce que j'ai pu faire, je l'ai fait en pensant uniquement à ton intérêt ! »

- « Et toi, tu n'as jamais été heureuse ? » demanda Lalyh d'une toute petite voix.

-« Si ! Si, et c'est en majeure partie grâce à toi… »

- « Je pensais que tu n'avais pas suffisamment confiance en moi » avoua la jeune femme.

Océane se tut alors et prit les mains de sa fille dans la sienne.

- « Comment as-tu su ? »demanda-t-elle simplement.

Car après tout pour le moment, c'était tout ce qui comptait.

- « Oh… » murmura Lalyh « Je crois que je l'ai toujours su… du moins je m'en doutais… Puis il y a eu quelques disputes entre Père et toi qui m'ont mis la puce à l'oreille mais surtout… L'été de mes treize ans, l'année où tu es partie de la maison, où tu l'as quitté, quand tu m'as envoyé chez Grand-père et Grand-mère plus tôt… Je suis tombée sur des lettres. Je sais bien que je n'aurais jamais du les lire mais… »

- « Non chérie…Ce…ce n'est pas plus mal finalement… »

Océane était soulagée. Elle n'aurait jamais pu aborder le sujet d'elle-même. Maintenant, elle n'avait plus le choix. Elle ne pouvait plus reculer. Elle n'aurait jamais cru que ce jour arriverait. Elle s'était tellement fait à l'idée de garder son secret dans sa tombe… Elle avait du mal à réaliser ce qui se passait.

- « Tu… Tu peux me parler de lui ? » demanda Lalyh d'une voix hésitante.

Océane eut un léger sanglot mais se repris vite et esquissa un sourire. Ses mains tremblaient… Elle n'avait pas parlé de Sirius depuis si longtemps… Elle ignorait si elle en était encore capable.

- « Si tu me disais plutôt ce que toi, tu sais de lui ? » demanda Océane.

Lalyh hocha la tête, prit une inspiration et se lança.

- « Si j'en crois tes lettres, mon père est Sirius Black »

Océane hocha la tête.

- « Il… Il a été condamné à perpétuité à Azkaban pour le meurtre de treize personnes, c'était sept mois avant ma naissance… Il s'est enfui en 1993 et on dit qu'il serait mort en 1995… Je ne sais pas grand-chose de plus, tu sais… on parle surtout de lui comme un meurtrier…mais comme tu étais amoureuse de lui, je me suis dit que…tout n'était peut être pas exact »

- « Tu as fait beaucoup de recherches sur lui on dirait ? » murmura Océane surprise.

- « Oui, je voulais savoir. Harry Potter a lancé des démarches pour qu'il soit réhabilité… mais comme il soutient aussi que Père n'était pas un mangemort, je ne suis pas bien sur que sa parole soit à prendre en compte… » termina Lalyh.

- « Au contraire ma chérie. » murmura Océane en souriant « Ce que fait Harry est remarquable, il ne faut pas en douter… »

Mais Lalyh ne semblait pas convaincue. Elle ne pouvait pas l'être, elle ne connaissait rien à toute cette histoire et il lui faudrait du temps pour tout comprendre et peut être même qu'elle n'y arriverait jamais.

- « Ton père… Sirius et moi, nous nous sommes connus à Poudlard et je suis tout de suite tombée folle amoureuse de lui. Je ne savais pas que nous vivrions quelque chose de si fort, mais je savais déjà qu'il compterait pour moi. Nous nous sommes aimés pendant longtemps sans que tes grands-parents ne le sachent. Ils ne l'ont su qu'après que j'ai emménagé avec lui et ils n'ont pas approuvé mon choix. Ils m'ont reniés… »

- « Vraiment ? »

- « Oui… Tu le sais sans doute, Sirius ne venait pas d'une famille recommandable… »

Lalyh hocha la tête.

- « Tes grands-parents ne pensaient pas qu'il ferait un bon gendre, mais moi je l'aimais, il m'aimait aussi et malgré la guerre nous étions très heureux… Puis est venu ce jour… Tu connais l'histoire de Harry, tu sais que ses parents ont été assassinés… Sirius a longtemps cru que tout cela était de sa faute, il y avait un traitre parmi nous et nous n'avons pas pu le trouvé à temps… Sirius voulait lui faire payer, mais il est tombé dans un piège et a été condamné pour tous ces meurtres. »

- « Il ne les a pas tués alors ? »

- « Non » murmura Océane.

Lalyh sembla soulagée et sa mère reprit.

- « Lorsque cela est arrivé, je venais de lui apprendre que j'étais enceinte. Et … il était heureux ! Ma chérie, si tu savais comme il était heureux. Il avait plein de projet, il nous voyait vivre dans une grande maison… »

Océane soupira.

- « Mais les choses étant ce qu'elles étaient » continua-t-elle « Je me suis retrouvée seule et désemparée. Tes grands-parents m'ont recueilli mais ne m'ont pas laissé le choix. C'est comme ça que je me suis retrouvée mariée à Severus. Je ne l'ai jamais aimé et il a toujours su que tu n'étais pas sa fille. Sirius et lui avaient toujours été ennemis, et la suite de cette histoire, tu la connais… »

- « Oui… et elle n'est pas très amusante… » soupira Lalyh.

- « C'est vrai. Mon bonheur ça n'a été que toi. Tu lui ressembles beaucoup tu sais. Vous avez le même caractère, j'avais l'impression de le revoir dès que je te voyais… Et encore aujourd'hui… »

Lalyh se mit alors à sourire.

- « Et quand il s'est évadé ? » demanda-t-elle.

- « Il avait retrouvé la trace du traitre et voulait se venger. Cette année là,j'ai attendu désespérément qu'il vienne et qu'il m'enlève… On serait venu te chercher et nous aurions vécu heureux… »

- « Mais tout n'a pas été se simple… »

- « Non. Sirius venait de passé douze ans enfermé, il avait changé, moi aussi. J'étais mariée à son ennemi… Mais nous nous sommes revus et… tout à recommencé comme avant. Nous nous voyions en cachette, nous pensions à l'avenir… Pendant près de deux ans, j'ai été vraiment heureuse… »

- « C'était ce fameux été où je t'ai trouvé changée ? »

- « Exactement… Je regrette de ne pas avoir pu te mettre dans la confidence, mais la guerre reprenait et Sirius y était plus que jamais mêlé. Il n'avait pas été innocenté, j'étais toujours mariée à Severus… »

- « Il ne voulait pas me voir ? » demanda Lalyh.

- « Il n'était pas très enthousiaste au départ, mais j'avais réussit à le convaincre.Nous attendions ton retour en Angleterre pour tout t'avouer. Malheureusement, il est mort avant et … je n'ai pas eu le courage de te l'annoncer après ça… »

- « Je comprends… » murmura Lalyh.

- « Lalyh… ma chérie… J'aurais tant voulu que tu le rencontres ! » souffla Océane les larmes aux yeux « Il t'aurait aimé comme un fou ! Je n'ai aucun doute là dessus. Il lui fallait juste du temps et ce qui nous a le plus manqué, du temps… »

Et Océane éclata en sanglot. Elle sentit alors Lalyh la serrer contre elle.

- « Ce qui est fait est fait, maman… Il n'y a rien à regretter… »

- « Oh si ! Si tu savais comme je regrette de ne pas avoir eu le courage de l'attendre ces douze années… »

- « Tu ne savais pas qu'il s'évaderait… »

- « Tu l'aurais aimé aussi ! »

- « Sans doute… » souffla Lalyh

- « Est-ce que tu me pardonneras un jour pour tout ça ? » lui demanda alors Océane.

- « Oh Maman ! » lança la jeune femme en se jetant dans ses bras « Tu as fait tout ce que tu pouvais… Je veux pas t'en vouloir pour ça… »

- « Et de t'avoir mentit ? »

- « Ca passera… » lui assura la jeune femme. « Et maintenant tu sais ce que je voudrais ? Que tu me parles de lui ! »

Océane releva ses yeux vers ceux de sa fille. Elle aussi pleurait, mais souriait à travers ses larmes.

- « Même maintenant, tu peux me faire découvrir mon père et apprendre à le connaître ? »

Océane hocha la tête et serra fort sa fille contre son torse. Elle avait raison. Maintenant, elle avait tout le temps devant elle pour lui raconter ce qu'avait été sa vie avec Sirius. Ce serait sa manière de le faire revivre un peu. Et Océane savait qu'aussi bien Lalyh qu'elle en avaient désespérément besoin.

FIN

Petit mot de l'auteur :

Merci à vous tous d'avoir suivi cette histoire. J'ai vraiment été très contente de voir vos réactions au fil de vos reviews. Je sais que cette histoire n'était pas très joyeuse, mais j'espère qu'elle vous aura tout de même fait passer de bons moments.

Bon été à vous tous !

Aylala