-1Chapitre 16

Tous les trois se rendirent alors dans son bureau. En arrivant, Goodman ouvrit les deux coffres qui contenaient les anciennes pièces de monnaie.

- Voilà ce qu'il vous faut répertorier. Il y en a exactement 1013 et vous avez toute la journée ainsi que demain jusqu'à onze heures, annonça-t-il.

- Vous allez avoir le temps de finir tout ça ? demanda Booth à Brennan lorsqu'ils furent de retour dans son bureau avec les pièces.

- Je n'ai pas vraiment le choix. Je vais m'entourer de toute mon équipe et on devrait pouvoir y arriver, ne vous inquiétez pas.

- Je ne m'inquiète pas pour vous et votre boulot, vous êtes assez efficace pour faire le boulot de trois personnes. Je m'inquiète pour ma soirée, avoua-t-il.

- Il y a un problème avec votre soirée ?

- J'aurais aimé la passer avec vous.

- Je ne pourrai pas… faire comme s'il ne s'était rien passé tout de suite. Laissez-nous un peu de temps, déclara Brennan. Je vais signer les papiers concernant l'identité du squelette 713 qui prouvent qu'il est James Nalock et qu'il s'est suicidé et je vous donne les photocopies pour que vous puissiez boucler le dossier.

Elle sortit des feuilles de ses tiroirs et s'installa à son bureau. Tout en remplissant les espaces vides, elle posa à Booth une question qui la titillait depuis qu'elle avait parlé avec Hodgins.

- Le dossier Minton n'était pas confidentiel, n'est-ce pas ?

Booth se mit à rire.

- Vous y avez cru ? demanda-t-il surpris. Je pensais que vous vous seriez doutée.

- Doutée de quoi ?

- Que j'avais dit ça pour que vous passiez me voir.

- Vous avez dit quoi pour que Brennan vienne vous voir ? demanda Angela en entrant dans le bureau de Brennan.

- Angela, tu tombes bien ! Voici les pièces de monnaie que l'on doit répertorier pour Goodman. Commencez sans moi, je termine ça pour Booth et j'arrive.

- C'est ce truc qu'il faut finir pour demain onze heures ?! s'étonna Angela en abandonnant sa première question sachant qu'aucun des deux n'y répondrait.

- Oui, on va y passer la nuit. Je suis désolée.

- Oh… A tout à l'heure alors.

- Oui.

Angela sortit du bureau les bras chargés d'une centaine de pièces et Brennan retourna se rasseoir à son bureau.

- Voilà, dit-elle en signant la dernière feuille. Je vais me mettre au travail maintenant.

- A demain, alors.

- Oui à demain, dit-elle en sortant de son bureau, laissant Booth seul.

Booth saisit les feuilles à ajouter au dossier et s'apprêtait à sortir du bureau quand il lui vint une idée. Il mit quelque chose dans une enveloppe, écrivit un mot dessus et la déposa à côté du tapis de souris de Brennan, sachant qu'elle reviendrait ici avant de partir.

La journée fut extrêmement longue pour Brennan et son équipe. Ils travaillaient à la chaîne pour aller plus vite mais ils n'avaient fait que 750 pièces alors qu'il était vingt heures passées. Zack commençait par nettoyer la pièce, il la passait à Hodgins et Angela qui observaient la pièce à la loupe et essayait de reconstituer l'image si les reliefs avaient un peu disparu. Ils donnaient ensuite les informations à Brennan qui les notait toutes soigneusement et les enregistrait dans l'ordinateur. Les quelques pauses dont ils profitèrent pour manger et boire n'ôtèrent pas le côté calvaire du travail et la climatisation ne suffit pas à les rafraîchir. Brennan profita d'un court instant où Zack et Hodgins étaient sortis pour parler à Angela du dîner qu'elle avait eu avec son père.

- Je suis désolée de ne pas m'être inquiétée plus tôt mais cet inconnu 713 m'occupait tellement l'esprit que…

- Ce n'est pas grave, tout va bien. On se voyait déjà régulièrement moi et mon père mais on ne savait pas que l'autre était heureux dans sa vie. Mon père ignorait que mon boulot me plaisait, que j'aimais mes amis, que mes amis m'aimaient et que j'étais bien avec Jack. Et j'ignorais que rester seul et faire de la musique lui plaisaient à ce point.

Lorsque Zack et Hodgins étaient revenus, elles avaient stoppé leur conversation mais Brennan était soulagée de savoir que ce dîner s'était bien déroulé pour Angela.

Quand il fut presque vingt-trois heures, Hodgins commença à avoir les yeux fatigués, tout comme ses collègue.

- Brennan, je n'en peux plus, on a fait neuf cents pièces tout pile. En venant demain à huit heures, on aura le temps de finir les cent vingt-trois pièces restantes. On ne peut pas rentrer chez nous ?

Brennan leur avait dit à tous qu'ils travaillerais jusqu'à minuit minimum pour en avoir le moins possible à faire le lendemain matin et chacun d'eux pensait que la requête d'Hodgins était inutile. Brennan n'était pas méchante ou stricte mais elle voulait que son équipe soit efficace au maximum. Mais à la surprise de tous, elle répondit :

- J'attendais que quelque un le demande, je n'en peux plus non plus. Allez, on ferme tout à clef et on rentre !

- T'es sérieuse ? demanda Hodgins.

- Oui si tu me ramènes chez moi.

- Aucun problème !

- Je vais ramener les pièces qu'on a déjà faites dans mon bureau, éteindre mon ordinateur et je vous rejoint dans la voiture, dit-elle à son équipe.

- Je vais t'aider, dit Angela. Seule, ajouta-t-elle à l'adresse de Hodgins.

- On vous attend dans la voiture, répondit celui-ci comprenant où elle voulait en venir.

- On devrait plutôt les aider, remarqua Zack qui n'avait pas suivit ce qui venait de se passer.

- Non Zack, Angela et Brennan veulent parler ! Il faut tout expliquer…

- Oh… Désolé.

Tous deux enfilèrent leur veste et sortirent de l'institut. Pendant ce temps, Angela et Brennan prirent chacune un carton de cent pièces et amenèrent tout dans le bureau de Brennan. Elles profitèrent de ce temps ensemble pour terminer leur conversation.

- Désormais, on ne s'inquiète plus l'un pour l'autre, ce repas nous a permis de réparer quelques bases abîmées de notre relation, expliqua Angela. Enfin, c'est une image.

- C'est une très bonne chose. Je suis contente pour toi, dit Brennan en allant vers son ordinateur pendant qu'Angela déposait le dernier carton de pièces.

Elle posa la main sur sa souris et aperçu l'enveloppe posée à côté. « Bones », lut-elle sur l'enveloppe. Il n'y avait qu'un humain sur Terre qui prenait plaisir à la surnommer ainsi. Elle fit tomber ce qu'il y avait dedans sur son bureau et une clef tomba. Pendant qu'elle réfléchissait à ce que pouvait bien ouvrir cette clef, Angela continuait de lui parler et de ranger les cartons.

- … et je ne savais pas trop quoi lui répondre, tu aurais dit quoi ?

Voyant que son amie ne répondait pas, Angela se retourna et vit Brennan en train d'observer quelque chose.

- Hey oh ?

- Excuse-moi, qu'est-ce que tu disais ?

Mais Angela était maintenant attirée par l'objet en question.

- Une clef ? C'est à toi ?

- Je… Oui, c'est ma clef.

- Elle ouvre quoi ?

- Ma… porte de chambre. Je l'avais prise sur moi pour en faire un double mais je n'ai pas eu le temps. On y va ?

- Tu n'as pas éteint ton ordinateur, ma chérie. Qu'est-ce que tu as ?

Brennan ne pouvait pas mentir plus longtemps parce qu'Angela commençait à s'inquiéter de ses petites esquives à répétition et de ses quelques mensonges peu convaincants. Elle s'assit, posa la clef devant elle, vérifia que personne à part ne pouvait l'entendre et relava la tête vars Angela.

- J'ai… couché avec Booth la nuit dernière.

Angela resta bouche bée mais trouva quand même la force de prendre une chaise pour s'asseoir.

- Et Booth m'a laissé cette clef aujourd'hui, je viens de la trouver.

- Tu es sûre que c'est lui ? réussit à articuler Angela.

- Oui, dit Brennan en montrant l'enveloppe.

- Et qu'est-ce que tu vas faire ?

- La lui rendre.

- Pourquoi tu ne lui laisses pas une chance. C'était si nul que ça ? demanda Angela sans pouvoir retenir plus longtemps son sourire et sa curiosité.

Brennan releva la tête et sourit.

- C'était loin d'être nul.

- Alors où est le problème ? demanda Angela d'un ton de reproche.

Brennan ne répondit pas. Elle prit la clef dans sa main et l'observa.

- C'est parce que vous bossez ensemble ? C'est ça ? demanda Angela. Arrêtes de te compliquer la vie, fonces pour une fois.! Gâches pas cette histoire !

Brennan fut surprise d'entendre Angela hausser la voix.

- Oui, je vais finir par me fâcher contre toi, Brennan. Tu sais que j'ai raison, n'est-ce pas ? Je ne sais pas ce qu'il y a entre vous deux mais j'ai l'impression que c'est quelque chose de fort. Je ne sais pas comment te le traduire en anthropologie… ça n'existe même pas.

Brennan avait écouté Angela lui parler sans l'interrompre tout en essayant de garder son sang froid face à ce qu'elle entendait. Elle savait qu'Angela voulait son bien et elle se rendit compte que contrairement à d'habitude, il n'avait pas fallu beaucoup d'arguments de la part d'Angela pour qu'elle change d'avis.

- Hodgins peut me déposer chez Booth ? demanda-t-elle à Angela.

Angela attrapa sa veste et celle de Brennan pendant que celle-ci éteignit son ordinateur et elles rejoignirent Zack et Hodgins dans la voiture.

- Jack, peux-tu me déposer chez Booth ? demanda Brennan une fois installée à l'arrière de la voiture à côté de son amie.

Hodgins regarda Angela pour s'assurer qu'elle avait bien entendu la même chose que lui et il la vit sourire discrètement. Il déposa donc Brennan devant l'immeuble de Booth.

- Pourquoi dépose-t-on le docteur Brennan chez l'agent Booth ? demanda Zack.

- Parce qu'elle nous l'a demandé. Au revoir, Brennan.

- Bonne nuit à tous, dit celle-ci en claquant la portière de la voiture.

La voiture démarra et tourna quelques mètres plus loin pour ramener Zack, Angela et Hodgins chez eux. Brennan monta les escaliers en faisant le moins de bruit possible ; il était presque minuit et tout le monde dormait. Arrivée devant la porte, elle glissa la clef dans la serrure et entra discrètement dans l'appartement. Elle alluma la lumière, tout était silencieux, on entendait juste le tic-tac de l'horloge et les rares voitures qui passaient. Elle posa son sac et se servit un verre d'eau. Booth dormait sûrement dans sa chambre. Elle se déshabilla dans la salle de bain, se passa un peu d'eau fraîche sur le visage et entra dans la chambre. Le clair de lune laissait apercevoir le visage de Booth. Elle s'enfila dans le lit le plus doucement possible mais Booth se réveilla, comme s'il l'avait attendue sans réellement dormir.

- Vous êtes quand même venue dormir ici ? chuchota-t-il après qu'ils se soient embrassés.

- Non, je ne fais que passer, je m'en vais maintenant.

- Hey, c'est mon rôle de vous charrier ! Avouez que j'avais quand même de quoi me poser des questions.

Un silence suivit.

- À qui dois-je ce changement d'avis ? Angela ?

- Oui.

- Elle a argumenté en ma faveur ?

- Je n'ai pas besoin que quelqu'un argumente en votre faveur, je serais capable de le faire toute seule.. Elle a argumenté en faveur de… ma vie, je crois. Elle m'a dit…

Brennan soupira.

- Laissez tombez, je ne veux pas savoir.

- Vous êtes sûr ? Ça m'arrange. Vous savez, je ne peux pas vous assurer que…je n'ai pas encore décidé, je suis venue parce que…parce que…

- Est-ce que je peux espérer que c'est parce que vous aviez envie de me voir ? demanda Booth.

Brennan vit un sourire se dessiner sur son visage à la lumière de la pleine lune.

- Booth, je dois quand même vous dire quelque chose.

- Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Booth.

- Je ne veux pas de la clef, c'est trop tôt.

Ses paroles résonnèrent étrangement dans la chambre, comme si même les murs ne s'étaient pas attendus à ça.

- C'est tout ?

- Oui. Je crois que c'est tout.

- Vous m'avez fait peur. S'il n'y a que ça qui vous pose problème, je la fais fondre. Brennan sourit.

- Fondre ?

- Oui fondre. Comme je vais fondre cette nuit si je dois vous regarder sans vous toucher…, ajouta Booth alors que sa voix se transformait en murmure.

Brennan se mit à rire tout en se laissant embrasser de nouveau. Et puis zut ! Pourquoi ne pourrait-elle pas elle aussi profiter de ce que la vie lui offre ?