NdT: un lough, c'est un loch irlandais. Que ça ne vous distraie pas de l'histoire^^

Epilogue

Hermione laissa le parchemin lui tomber sur les genoux et soupira. Elle avait passé la majeure partie de sa journée à travailler sur la même dissertation, et elle ne voyait toujours pas par quel bout la prendre. Au milieu du trimestre universitaire, elle en avait déjà assez des devoirs. Une partie du problème venait de son humeur – suffisamment lasse pour s'accorder avec le temps qu'il faisait. Depuis sa fenêtre, elle pouvait voir la pluie maussade qui dégouttait sur le paysage. La brume qui l'accompagnait dissimulait presque les eaux du lough, et masquait à sa vue les collines situées derrière.

La carte posée sur la banquette sous la fenêtre, à côté d'elle, n'était pas étrangère à son humeur. L'Italie… Harry était en Italie. Quoiqu'elle ait toujours le sentiment d'avoir pris la bonne décision en s'en allant et en prenant du temps pour trouver sa voie, il lui manquait.

L'Université avait été un excellent choix, et elle avait écrit au Professeur McGonagall pour la remercier de la lui avoir recommandée. Contrairement à ce qu'elle avait espéré au début, les élèves d'ici avaient entendu parler de Harry Potter, et certains avaient même entendu parler de son amie Hermione Granger, mais ils la laissaient tranquille et respectaient son désir de préserver sa vie privée. Elle n'était pas assiégée de questions sur 'l'Elu', et l'accepter sur ses propres mérites semblait suffire aux autres étudiants. C'était un changement rafraîchissant.

Elle s'était fait quelques amis, et s'entendait bien avec sa camarade de chambre, une fille des environs appelée Keara elle étudiait les Sortilèges, avec de sérieuses références académiques, mais préférait toujours voir du monde plutôt qu'étudier. Ça pouvait être agaçant quand elle revenait des pubs à la chambre à minuit moins le quart avec une armée d'amis, mais d'un autre côté, elle ne prenait pas de haut sa camarade plus studieuse, et ne manquait jamais d'inviter Hermione, qui se mit à sortir avec elle une fois ou deux dans la semaine. Keara était également déterminée à trouver un partenaire à chaque célibataire, garçon ou fille, de l'école. Cependant, sa campagne en faveur d'Hermione ne menait à rien, et un soir, une Keara frustrée exigea une explication.

« Crache le morceau, ma belle. Ça fait des semaines que je pousse des hommes vers toi, certains d'entre eux très… mignons d'ailleurs, mais tu les dédaignes, et tu ne fais pas le moindre effort ! Il n'y a qu'une raison possible. Soit tu n'aimes pas les hommes… et je n'y crois pas une minute, ou tu as déjà quelqu'un, et tu ne me l'as pas dit. Alors… lequel des deux ? »

Hermione ouvrit la bouche pour répondre, commença à rire, puis éclata en sanglots. Immédiatement, Keara fut contrite.

« Oh, Merlin, je suis désolée. J'ai mis les pieds dans le plat, hein ? »

Il fallut à Hermione quelques minutes pour se reprendre. « Ne t'en fais pas. Tu ne pouvais pas savoir. » Mais elle ne développa pas. Keara et les autres filles du dortoir présumèrent naturellement qu'Hermione avait connu une grande tragédie dans sa vie amoureuse, et que c'était pour elle un trop grand déchirement d'en parler.

Hermione ne les éclaira pas.

XoXoXoX

Donc les interventions importunes au sujet des petits amis cessèrent, pour la majeure partie, et Keara finit par devoir plus de quelques faveurs à Hermione quand celle-ci la surprit à faire entrer en douce son propre petit-ami-du-mois dans le dortoir des filles à plusieurs occasions. Mais contrairement à ce que murmuraient certaines autres filles de l'Université, Hermione n'était pas prude et tant que les liaisons de Keara ne la réveillaient pas au milieu de la nuit, elle ne dit rien.

Keara attendit plutôt longtemps avant de la questionner sur Harry Potter, quoique Hermione ne doute pas que l'autre fille sache qui il était et soit curieuse. Un après-midi pluvieux, elle rentra à pas lourds dans leur chambre pour trouver Hermione en train d'ajouter une nouvelle carte à celles qu'elle avait déjà reçues dans sa petite boîte.

« Tu es déjà sortie avec Harry Potter ? »

Hermione cilla. « Moi ? Grand Dieu non ! » L'idée la fit rire, mais sa camarade de chambre sembla perplexe.

« C'est ce que les gens se disent par ici il est parti faire des choses héroïques et t'a laissée pleurer là. » Hermione rit de plus belle. « Non ? Tu sembles… triste quand tu reçois des lettres de lui. Euh… je ne les ai pas lues, » ajouta-t-elle rapidement.

« C'est juste un ami qui me manque, » répondit Hermione. Elle jeta un œil à sa dernière carte postale et marmonna, « et il est bien au chaud sous le soleil de Sicile en ce moment, ce saligaud. »

Keara fronça le nez. « Sacrée chance qu'il a. » Elle jeta son parapluie dans un coin, sur le sol de pierre, et commença à jeter des Sortilèges de Séchage sur cheveux et vêtements. « On se demande seulement tu ne parles jamais de lui. »

Hermione haussa les épaules. « C'est juste un ami que je me suis fait à l'école, comme n'importe quel autre… vraiment. Il n'y a rien de vraiment extraordinaire chez lui. Il te dirait la même chose. » Elle marqua une pause pendant un moment, puis attrapa la carte postale et lut à voix haute. « J'ai fait la traversée depuis l'Italie hier sur un bateau de pêche. Ce soir je regarde le mont Etna les coulées de lave sont impressionnantes. Il y a des guides touristiques moldus qui font approcher les gens un peu plus près. Je crois que j'aimerais faire ça. Les volcans, c'est extra. J'ai vu le Vésuve quand je suis allée à Naples et j'ai marché dans les deux villes qu'il a ensevelies. »

« Mais qu'est-ce qu'il fait en Italie, d'abord ? »

« Il voyage, tout simplement. Harry n'a jamais vraiment quitté le pays. Maintenant que la guerre est finie, il veut voir un peu le monde. »

« Pourquoi est-ce que tu n'es pas allée avec lui ? »

« J'y ai pensé, » répondit-elle. « Ça ne l'aurait probablement pas dérangé, mais nous avons passé toute notre scolarité ensemble je crois que nous avions tous les deux besoin de connaître un peu la vie de notre côté. »

« Est-ce que lui, il a une petite amie ? »

« Oh, franchement, tu es incorrigible ! » Hermione secoua la tête, mais elle souriaient toutes les deux. « Pas que je sache. J'imagine qu'on ne peut jamais savoir qui il pourrait rencontrer autour du monde. Et contrairement à certaines personnes, je n'ai aucune intention de le questionner sur sa vie amoureuse. »

Keara se contenta d'un reniflement amusé.

XoXoXoXoX

Son premier trimestre à l'université se passa bien, quoique la charge de travail soit plus lourde que tout ce qu'elle avait pu connaître à Poudlard. Parfois dans ses lettres, Harry envisageait d'aller à la fac quand il reviendrait, mais elle pensait en son for intérieur que s'il voulait le faire, il faudrait qu'il développe une meilleure attitude envers le travail qu'il n'en avait eu à l'école.

Ron était en Roumanie avec Charlie ses lettres mettaient un peu plus longtemps à parvenir à Hermione, et vice versa, mais ils correspondaient cependant. Quand la première arriva trois semaines après la fin du premier trimestre, Hermione eut droit à un nouveau round d'interrogatoire. « Alors c'est lui ? »

« Nooon ! »

Elle ne révéla pas à Keara et aux amateurs de potins qu'elle et Ron étaient un temps sortis ensemble c'était caduc de toute façon et ne ferait que l'exposer à plus de spéculation. A son intense soulagement, il ne semblait plus avoir la moindre réserve à son encontre, et il élucubrait librement sur la vie au milieu des dragons et les nouvelles qu'il avait reçues de la maison. Harry débarqua en Roumanie à la moitié du deuxième trimestre d'Hermione, et leurs lettres arrivèrent ensemble cette fois, toutes les deux deux fois plus longues que d'habitude, avec des commentaires désobligeants gribouillés par l'autre dans les marges de chaque lettre. Elle gloussa deux heures durant en les lisant.

Alors, Charlie et moi, on a fait faire le grand tour à Harry et on lui a présenté à nouveau un vieil ami. Son Magyar à pointes de la Première Tâche du Tournoi des Trois Sorciers ! J'ai cru que Harry allait se pisser dessus !

C'est PAS vrai, espèce de crétin, tu mens !

On a aussi Norbert ici. Tu te souviens de Norbert ? Le Norvégien à crête de Hagrid ? Toujours un aussi fichu caractère, d'après Charlie, mais il va bien. Il a presque atteint sa taille adulte les dragons atteignent leur maturité à dix ans, tu sais. Est-ce que tu peux croire que ça fait neuf ans que Hagrid l'a fait éclore dans cette fichue bouilloire ?

Ha ! Et la fouine s'est retrouvée en retenue après nous avoir dénoncés à McGonagall.

Elle mit les lettres de côté, et sortit retrouver un groupe d'étudiants qui travaillaient sur un projet d'Arithmancie Appliquée. Ensuite, elle avait prévu de rejoindre Keara et plusieurs amis dans un pub local. La soirée se prolongerait, mais comme le lendemain était un dimanche, elle aurait l'occasion de faire une sieste dans l'après-midi.

L'idée lui traversa l'esprit, non pour la première fois, que Harry et Ron ne lui manquaient pas autant qu'elle aurait cru qu'ils le feraient. Leur compagnie lui manquait, c'était vrai, mais le besoin d'être avec eux à chaque minute avait disparu. Peut-être que c'était parce qu'elle avait finalement une vie à elle, qu'elle passait du temps avec des gens qui partageaient les mêmes intérêts intellectuels, et des gens qui appréciaient d'être avec elle pour autre chose que parce qu'elle était l'amie de Harry Potter. D'une certaine façon, c'était très satisfaisant.

XoXoXoXoX

Après sa première année, elle décida de ne pas rentrer à la maison pour plus longtemps qu'une rapide visite à ses parents, et consacra son été à un projet de recherche. Elle obtint des résultats assez satisfaisants qui donnèrent le signal, d'après ses professeurs et leurs assistants, d'un début des plus prometteurs pour sa carrière académique. Elle était épuisée, mais très contente de la façon dont tournaient les choses. Avec quelques semaines devant elle avant le début du premier trimestre, elle choisit ses cours à venir avec l'aide de ses professeurs et envisagea de commencer certaines études préliminaires, mais une lettre arriva.

Très chère Hermione, mon adorée,

Je n'ai pu parvenir à me retenir un instant de plus sachant combien vous vous languissez de revoir mon visage à la beauté dévastatrice, j'ai décidé de prendre pitié de vous. Je ne doute pas que votre vie ait été des plus mornes sans mon esprit et mon charme considérables pour égayer vos jours, je vous invite une fois de plus à bénéficier de ces appas :

Si vous pouvez vous arracher à vos travaux intellectuels (et je sais que tu peux, Granger, ton foutu travail d'été est fait, et le trimestre d'automne ne commence pas avant un mois !), daignerez-vous honorer de votre présence ma demeure bretonne pendant une quinzaine ?

J'attends votre réponse, le cœur au fond de la gorge.

Eternellement, je reste votre dévoué

Lord Dragonis Tiberius Augustus Malefoy.

XoXoXoXoX

Très cher Lord Dragonis Cretinus Fouinus Malefoy,

Ayant reçu votre missive des plus éloquentes, j'ai frémi et pleuré de joie. C'est un tel honneur qu'un individu si droit, si noble et au nez si pointu que vous daigne souiller son perron de mon humble présence.

Comment pourrais-je refuser ?

J'ai immédiatement commencé à annuler les liaisons torrides prévues avec mes nombreux riches amants de haut lignage en Italie, Amérique du Sud, et partout autour du monde afin de pouvoir voler à vos côtés ! J'arriverai à minuit, voilée de noir comme vous l'aviez souhaité il y a si longtemps et j'espère que vous me soumettrez immédiatement à de voluptueux tourments comme vous le désirez depuis si longtemps !

Je demeure jusqu'alors, mon amour, lascivement vôtre,

Hermioneus Janetus Moldunatus Grangerus

XoXoXoXoX

Bon, elle n'était pas voilée de noir et il n'était pas minuit, mais elle alla bel et bien à la résidence d'été de Drago. Quand elle arriva dans l'impressionnante propriété, qui semblait plutôt adéquate pour de luxueuses vacances, et frappa à la porte, ni Drago ni aucun serviteur ne l'accueillirent. La porte pivota simplement sur ses gonds.

Elle fronça les sourcils. Le hall d'entrée était plutôt sombre. Comme c'était étrange. Avec une certaine appréhension, elle entra, se demandant si elle allait sortir sa baguette, mais décidant de n'en rien faire.

« Hello ? »

Toutes en même temps, des silhouettes se jetèrent sur elle depuis la pénombre et le silence fut rompu par des hurlements assourdissants de « HER-MIOOOOOONEEE ! »

Elle laissa tomber son sac en poussant un cri de surprise alors qu'on la saisissait à bras-le-corps depuis trois différentes directions pour la faire tournoyer. « Qu'est-ce que… qui ? »

Elle aperçut, confuse, des cheveux de couleurs différentes, puis ses assaillants firent un pas en arrière, arborant trois sourires ridicules et identiques. « Surprise ! » dit Drago, l'air triomphant.

Harry et Ron semblaient tout aussi fiers d'eux, et alors qu'Hermione réalisait finalement ce qui se passait, elle laissa échapper un couinement et les serra dans ses bras l'un après l'autre. « Harry ! Ron ! Qu'est-ce que vous faites là tous les deux ? »

« J'ai appelé des renforts ! » annonça Drago avec gravité. « Après la lecture de cette lettre, j'ai décidé que tu étais trop femme pour moi seul. »

« Qu'est-ce que tu en dis, Hermione ? » Ron remua des sourcils. « Prête pour une partie à trois ? »

« On est quatre ! » protesta Hermione.

Harry lui décocha une œillade. « Moi, j'aime regarder. »

« Ouais, n'oublie pas de prendre des notes, surtout, » dit Drago.

« Je tiendrai ton manteau, aussi ! »

« Franchement, vous ne pouvez pas recommencer à vous détester, tous les trois ? » dit Hermione, exaspérée. « Sur la même longueur d'onde, vous êtes plus que je ne peux en supporter – comme les triplets Weasley ! »

« Hé ! » s'exclama Ron.

« C'est quoi, une longueur d'onde ? » demanda Drago.

Harry et Hermione éclatèrent de rire tous les deux. « Laisse tomber, » dit Harry. « Allez, viens, Hermione. On a des trucs à se raconter. »

Drago se changea immédiatement en hôte charmant et demanda que les sacs d'Hermione soient montés dans sa chambre, et le thé servi sur la terrasse.

XoXoXoXoX

« Malefoy et moi nous sommes rencontrés à Paris, complètement par hasard, en juillet, » lui dit Harry.

« Juste à temps pour l'anniversaire de Potter, » compléta Drago. « Je ne pouvais pas le laisser fêter ça tout seul, alors j'ai pris pitié de lui. »

« Franchement, tu 'prends pitié' de beaucoup de monde quand tu as envie de compagnie, » ricana Hermione.

Les garçons l'ignorèrent. Harry avait un grand sourire. « On a fait toutes les boîtes de Paris. »

« Est-ce que vous vous êtes soûlés ? » demanda-t-elle, scandalisée.

« Complètement et absolument… je ne crois pas qu'il y ait de mot pour décrire exactement à quel point nous étions ivres, » répondit Harry sans se faire prier, affichant toujours son grand sourire.

Drago fronça les sourcils, « C'était comment, le nom de cette boîte dont on sortait quand… »

« Quand je suis tombé ? » demanda Harry. Il grimaça. « Je suis foutrement incapable de m'en souvenir ! »

« Oh purée, j'aurais voulu y être ! » marmonna Ron.

« Et on chantait… qu'est-ce qu'on chantait ? » demanda Harry.

« La chanson de Poudlard, » dit Drago.

« Non, c'était plus tôt… on entrait dans une boîte cette fois-là, je crois… »

« … ou on se faisait refouler… je me souviens plus. »

« Oh, franchement, même en vous y mettant à deux cette histoire n'a aucun sens ! » grogna Hermione.

« Enfin bon, » continua Harry, « je suis tombé ! »

Hermione le fixait. « Tu quoi ? »

Drago hocha la tête. « Etalé sur le dos de tout son long. »

« Merde alors, j'aurais voulu y être ! »

« C'était un truc à voir, laisse-moi te le dire. »

« Je n'arrive pas… je me souviens à peine de quoi que ce soit ! » Harry ne semblait pas préoccupé le moins du monde par la réaction d'Hermione, atterrée par son comportement. « Alors j'étais là, allongé sur le dos au milieu d'une rue… quelque part dans Paris, et après, tout ce que je sais c'est que cette personne s'est penchée sur moi et a dit, 'Ça va, Harry ?' »

« Oh mon Dieu, quelqu'un t'a reconnu ? » s'écria Hermione.

Drago rit. « Je dirais que oui ! »

« Et je l'ai reconnu. »

« Ce qui est surprenant, vu l'état dans lequel tu étais, » fit remarquer Drago.

« Tu n'étais pas mieux que moi, Malefoy, vu ce que tu faisais dans le caniveau un club plus tôt que ça ! »

« Hé ! »

« Alors tu l'as reconnu ? Qui c'était ? » demanda Hermione.

Harry la regarda avec un grand sourire. « Remus Lupin. »

Elle en resta bouche bée. « Remus ? A Paris ? Et il t'a vu… comme ça ? »

« Il n'a pas été tout à fait aussi fâché avec lui que je m'y serais attendu, » dit Drago. « Je crois que tu lui manquais, Potter. »

Harry haussa les épaules. Hermione l'observa. « Alors… qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Eh bien, il a commencé par nous ramener à la maison bon gré mal gré… »

« Et puis il nous a dessaoulés, » dit Drago.

Hermione secoua la tête, les bouffonneries d'ivrognes des garçons ne l'intéressaient plus. « Tu sais ce que je veux dire. Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Harry évita son regard, mais dit, « Nous avons parlé… pendant un long moment. »

« Et ? »

« Et… bon, tout va bien entre nous. Je suis retourné en Angleterre avec lui pendant un temps… juste histoire de voir comment allait tout le monde, tu sais ? »

Hermione hocha la tête, et Harry continua. « J'ai vu Ron et toute sa famille. »

Il déglutit. « Et Ginny. »

Hermione retint son souffle.

Harry haussa les épaules. « Et… tout va bien. »

Non sans hésitation, Hermione chercha à en savoir plus. « Entre toi et Remus… et entre toi et Ginny ? »

Harry acquiesça. « Au fait, elle te passe le bonjour. »

Hermione sourit, et le nœud qu'elle avait eu en elle depuis un très long temps se dénoua finalement. « Je suis tellement contente. »

XoXoXoXoX

Ils passèrent trois merveilleuses semaines ensemble, profitant d'une version de l'hospitalité des Malefoy quelque peu différente de celle qu'auraient pu proposer les parents de Drago, et refaisant connaissance les uns avec les autres. Sauf que cette fois, ni l'ombre de la guerre ni les menaces de mort ne pesaient sur eux.

Au moment où les vacances prirent fin, ils savaient qu'une tradition annuelle avait commencé, et se promirent que quoi que leur réserve l'année qui venait, ils reviendraient.

Lors de sa seconde année, Hermione étendit son précédent projet d'Arithmancie, et avec l'aide de son professeur, fut capable de publier un traité qui mettait à jour l'utilisation de l'Arithmancie dans la magie moderne pour la première fois depuis cent ans. Il fut bien reçu, et ils se rendirent dans différentes universités pour donner des présentations sur leurs découvertes. Résultat, le nom d'Hermione commença à circuler dans les cercles professionnels et académiques comme celui de l'une des scientifiques montantes les plus en vue.

Alors que la fin de sa seconde année approchait, elle fut bombardée d'offres d'apprentissages et d'emploi à l'obtention de son diplôme qui lui garantissaient plus ou moins l'entrée dans presque toute carrière qui lui plairait.

XoXoXoXoX

« En toute franchise, je n'ai pas encore pris ma décision, » dit-elle aux garçons quand ils se retrouvèrent en Bretagne l'été suivant, pour des vacances encore plus longues cette fois.

(Enfin, c'étaient plus que des vacances. Ron était libre pour tout l'été, et quand les garçons l'avaient approchée avec la suggestion d'allonger leur réunion, Drago l'avait soudoyée avec un accès illimité à la bibliothèque familiale des Malefoy. En conséquence, les elfes de maison arrivaient fréquemment de la chambre forte familiale les bras chargés de livres, et les trois garçons devaient parfois en venir à physiquement l'éloigner de son bureau pour faire en sorte qu'elle passe du temps avec eux.)

« Oui, mais bon, tu as toujours deux ans pour te décider, non ? » demanda Ron.

« En fait, non… je finis mes cours obligatoires un peu plus vite, et j'en aurai terminé après cette année. »

Drago rit. « Ça alors, femme, il n'y a que toi pour parvenir à suivre ton cursus universitaire en accéléré. »

« Ce n'est pas inhabituel pour ceux d'entre nous qui se concentrent sur leur travail, » répondit Hermione d'un petit air sérieux.

Drago s'inclina. « Oui, ô déesse de la sagesse ! »

Harry et Ron s'esclaffèrent.

Hermione les foudroya du regard. « Un peu plus d'éducation ne ferait de mal à aucun d'entre vous, si je puis me permettre ! »

Drago dit, « En fait, je débute mon apprentissage classique à la rentrée. »

Hermione faillit s'étouffer avec son vin. « Tu ne m'avais pas dit ça ! Quel apprentissage ? Où ça ? Avec qui ça ? »

« Avec qui, » corrigea Ron d'une voix de premier de la classe.

« Ooooh, » dit Harry.

Drago leur lança un regard qui les calma aussitôt. « Eh bien, je… euh… je vais étudier les Potions, tu sais. » Il hésita, et jeta un regard à Harry.

La poitrine d'Hermione était soudain trop étroite pour qu'elle puisse respirer. Harry déglutit et dit prudemment, « Tu sais que le Professeur Snape parlait de prendre des apprentis classiques… il a commencé juste avant qu'on se réunisse tous l'année dernière, et, eh bien, il est toujours l'un des meilleurs Maîtres de Potions d'Angleterre. »

Ron acquiesça, « Il a une bonne affaire qui se développe. Environ cinq apprentis pour combien, cinq ans jusqu'au diplôme ? »

« Six, » dit Drago. « Le but ultime est de devenir Maître, mais il se débrouille déjà bien. Je parie qu'il sera l'un des Maîtres les plus en vue du monde dans quelques années. »

Hermione rassembla ses esprits éparpillés. « Donc… il ne doit plus être à Poudlard. »

Les garçons secouèrent la tête. « On ne peut pas enseigner à l'école et s'occuper d'apprentis. »

« Mais est-ce qu'il a pu se permettre de se mettre à son compte avec si peu ? » demanda-t-elle d'un ton songeur, retrouvant son calme par des questions pratiques.

« Il a des soutiens financiers, » dit Ron. Hermione battit des paupières, et remarqua que ni Harry ni Drago ne la regardaient dans les yeux.

« Oh. Eh bien, tant mieux. » Elle prit une profonde inspiration. « Je crois que ça lui conviendra. »

« C'est le cas, » confirma Harry. « Les gens se battent déjà pour devenir ses apprentis. »

Elle hocha de nouveau la tête, stupidement. « Est-ce qu'il est… » le mot resta coincé dans sa gorge. « …satisfait ? »

« Satisfait, oui, » dit Drago.

XoXoXoXoX

A six semaines de la fin de leurs cursus universitaires, Hermione et Keara consolidaient leurs plans pour la suite de leurs études et se lamentaient de leur séparation à venir.

« Même si tu as dû supporter que Simon dorme ici une nuit sur deux ? » taquina Keara.

« Une sur deux ? Vous vivez pratiquement ici tous les deux, » rétorqua Hermione sur le ton de la blague. « C'est plutôt injuste que j'aie eu à payer le loyer d'une chambre double ! »

« Je n'aurais jamais rien dit si tu avais ramené un garçon ici ! »

Hermione leva les yeux au ciel. « Alors, vous partez pour Dublin tous les deux, c'est ça ? »

Keara acquiesça. « Je commence mon internat au Département de Charmes Médicaux à l'hôpital St. Brendan. Et toi ? »

« Je crois que je vais accepter la place de chercheuse dans le programme de Développement Magique d'Oxford. »

« Merde alors, est-ce que tu sais à quel point ils sont réservés à l'élite ? Parfois, tu me rends malade ! » Hermione rit. « Alors tu vas vivre à Oxford ? »

« Oxford ou Londres. Le trajet n'est pas contraignant, » dit Hermione. « Et j'ai de bons amis à Londres. »

« Harry Potter ? » Keara leva les sourcils. « Les gens disent qu'il est devenu un véritable richard oisif ! Il ne fait pas grand chose de ses journées ! »

Hermione abandonna son livre. « Ça, ce n'est pas vrai ! Harry n'a peut-être pas d'emploi comme toi et moi en aurons, mais il ne se tourne pas non plus les pouces. C'est vrai, il a voyagé pendant un moment, mais il l'avait sacrément mérité, et maintenant il est au Ministère tous les jours. »

« Qu'est-ce qu'il y fait ? » demanda Keara, curieuse.

« Il est consultant… lobbyiste, en fait, » annonça fièrement Hermione. « Il a beaucoup travaillé pour le compte de Poudlard – l'éducation magique, c'est important. Je ne serais pas surprise s'il se retrouvait au Conseil d'Administration dans quelques années. Il y a tout un tas de lois sur les loups-garous qui vont être abrogées, en grande partie grâce à Harry, et il travaille de façon très proche avec Arthur Weasley sur ce qui concerne le Département de Justice Magique. »

Keara sembla impressionnée. « Je n'en avais pas la moindre idée ! »

« Harry préfère se tenir à l'écart des projecteurs, » répliqua Hermione, et elle changea de sujet. « Est-ce que Simon a déjà réussi à décrocher son apprentissage en Potions ? »

« Non, même si nous avons de bons espoirs concernant celui avec Maître Padriac O'Connor. J'aimerais bien il serait à Dublin avec moi. Celui avec Josephina de Valles en Espagne serait une bonne opportunité également, mais il n'a pas encore reçu de réponse à sa candidature. Il a envoyé des courriers à six autres ce matin. »

« Est-ce que le Professeur Montoya lui a écrit une recommandation ? »

« Oui, alors ça devrait aider, » dit Keara d'un ton songeur. « Ce qu'il veut vraiment c'est en décrocher un avec Severus Snape à Londres, mais c'est le plus foutrement improbable de tous ! »

Hermione parvint à ne pas tressaillir ni rougir. « Il est très sélectif, à ce qu'on dit, » marmonna-t-elle.

Dieu merci, Keara était trop distraite pour le remarquer. « Et un connard vraiment tyrannique, d'après ce que j'ai entendu, mais brillant au possible. Je suis contente de me destiner aux Charmes, les professeurs sont tellement plus agréables dans ce domaine. »

« C'est assez vrai. »

« Tu as dû avoir Snape à Poudlard, non ? » demanda Keara.

Hermione déglutit. « Euh… oui. »

« Alors ? Est-ce qu'il est aussi terrible qu'on dit ? »

Souriant faiblement, Hermione répondit, « Pire. »

XoXoXoXoX

Cette nuit-là, pendant que Keara et son petit-ami étaient sortis pour une soirée tardive de révision avant les examens – au pub, Hermione ne parvint pas à dormir. Même après trois ans, entendre le nom de Severus Snape faisait toujours battre son cœur.

Mais il y avait eu quelque chose de différent cet après-midi. Quoique ses mains soient devenues moites et sa poitrine ait semblé aussi oppressée qu'à chaque fois, pour la première fois depuis une éternité, ce n'avait pas été un sentiment entièrement déplaisant.

Maintenant, elle retournait dans son esprit tout ce qu'ils s'étaient dit, tout ce qu'ils avaient fait, comment ça avait été d'être embrassée, la façon dont elle avait réagi à ses caresses. Plus que tout, elle se souvenait de l'intensité de ses yeux noirs, de la profonde compréhension qu'ils abritaient, et de ses mots… un au revoir qui était tellement plus.

« Tout au long de la guerre, c'est moi qui ai fait les plans pour moi, puis pour toi. Je sais qu'ils n'ont pas été faciles pour toi. Il est bon que tu fasses des projets pour toi-même. Je n'interfèrerai pas, mais j'attendrai d'y avoir ma place, si tu veux de moi. »

Si tu veux de moi…

Keara et Simon passèrent la porte d'un pas mal assuré le lendemain matin pour trouver Hermione en pyjama, en train de travailler à quelque chose à la table de la cuisine. En soi, ce n'était pas une chose inhabituelle. « Tu ne dors donc jamais ? » demanda Simon, allant préparer du café.

« Je pourrais vous poser la même question à tous les deux, » marmonna Hermione, sans lever les yeux de son travail. Elle saisit son projet terminé et le transporta jusqu'à la fenêtre.

Keara essayait de se concentrer sur ce qu'elle voyait. « Qu'est-ce que c'est que ça ? Mais qu'est-ce que tu fais ? » demanda-t-elle, alors qu'Hermione se penchait à la fenêtre pour suspendre l'objet de couleurs vives à un crochet sur le mur extérieur.

« C'est une mangeoire… pour les colibris, » dit Hermione.

Simon la dévisagea. « Euh, Hermione, tu es peut-être brillante, mais il n'y a pas de colibris dans les parages. »

« Et même si l'un d'eux se trouvait rabattu ici par les vents, comment est-ce qu'il trouverait ta mangeoire ? » ajouta Keara d'un ton dubitatif.

« Vous seriez surpris, » leur dit Hermione. « Ils ont cette façon de savoir quand on veut d'eux. »

XoXoXoXoX

Avec la fin du trimestre vinrent les au revoirs qui étaient à la fois réticence à se séparer et impatience de commencer les prochaines étapes de la vie. Hermione repoussa la nostalgie alors qu'elle empaquetait ses dernières affaires. Celles de Simon et de Keara étaient déjà prêtes à partir, et ils avaient tenu leur fête d'adieu la veille dans leur pub favori.

Même Hermione avait eu besoin de potion contre la gueule de bois ce matin. Ils allaient lui manquer.

Ses enseignants et professeurs avaient formé pour elle de sincères vœux de succès et de bonheur, et plus de quelques uns s'attendaient garder le contact avec elle en tant que collègues autant que mentors.

Ron était de nouveau en congé de Roumanie, et lui et Harry avaient prévu de retrouver Hermione à la gare des Portoloins pour l'aider à emménager dans son appartement à Londres.

Elle déposait ses derniers cartons sur un chariot à léviter quand Keara et Simon se précipitèrent dans la pièce à toute vitesse. Ils soufflèrent à peine une salutation avant de se jeter sur leurs cartons Keara était à bout de souffle, et Simon était blanc comme un linge.

« Et merde, et merde… »

« Qu'est-ce qui se passe ? » s'exclama Hermione, alarmée.

Simon l'ignora, fouillant désespérément un carton, marmonnant, « CV, lettre de recommandation… merde ! »

« QUOI ? » demanda Hermione.

« Il est là ! » balbutia Keara. « C'est lui… ici… dans la cour… tout le monde va… »

Avec un soupir frustré, Hermione la secoua par les épaules. « Sois plus claire, voyons ! Qui est là ? »

« Snape ! » explosa Simon, agrippant une poignée de parchemins. « Il a tout simplement débarqué… personne ne le savait… faut que je lui donne… » Il agitait ses documents de candidature dans un froissement de papiers.

Un calme étrange, qui n'était pas déplaisant, s'empara d'Hermione. Elle avança jusqu'à Simon, lui prit ses papiers des mains, et commença à les remettre en ordre. « Dans ce cas, » dit-elle d'une voix égale, « il faut que tu te reprennes. Est-ce qu'il est ici pour des entretiens ? Est-ce que tu ne devrais pas demander à l'école de t'inscrire à son planning ? »

« Pas là pour des entretiens, » dit Simon, mais il semblait peu à peu reprendre ses esprits. « Personne ne sait ce qu'il fait là, mais tout le monde va lui donner des candidatures et essayer de décrocher un entretien de toute façon. »

« Vite ! » couina Keara.

Hermione épousseta les robes de Simon et les dirigea tous les deux vers la porte. « Allons-y, alors. Du calme, vous deux. »

Avec de petits gémissements approbateurs, le duo laissa Hermione les guider vers la cour intérieure. Là, ils se joignirent à une foule grouillante d'étudiants en Potions à moitié hystériques, se demandant tous qui devrait le premier approcher le Maître de Potions le plus demandé des Îles Britanniques.

Hermione resta là où elle était au bas de l'escalier. De l'autre côté des pavés de l'entrée, en conversation avec l'un des doyens de l'Université du Connemara était la silhouette imposante, toute de noir vêtue, qui avait occupé ses pensées et hanté ses rêves ces trois dernières années. Il se tourna, comme s'il avait su exactement où elle se tenait, et croisa son regard.

Elle ne se rendit pas compte qu'elle bougeait jusqu'à ce qu'ils se rejoignent au centre de la cour. Avec le plus léger tressaillement de ses lèvres, il lui offrit son bras, ses yeux ne quittant jamais ceux d'Hermione. Elle sourit, levant le menton, et le prit d'un geste assuré. Il fit un signe de tête au doyen étonné, elle, à ses camarades de classe, et puis ils s'en furent.

FIN