Harry Potter - Le Maître de la Mort

Chapitre 12 : Forfaiture - La faute d'Arthur

(Edition du 27/09/2010)

Un grand merci à tous…

Merci d'être encore là pour me lire, après mes deux longues années de désertion. Pour ceux que cela intéresse, j'ai déposé une review, le 25 juillet 2010, afin de donner quelques explications sur les raisons de cette défection. Je pense qu'elles n'avaient pas lieu de figurer ici, ne serait-ce que pour ceux qui découvriront cette histoire à partir de maintenant.

Quoi qu'il en soit, merci de tout cœur pour toutes vos reviews, parfois dithyrambiques. Un merci tout particulier à celles et ceux qui m'ont apporté sympathie et soutien durant ma période mélancolique… ils ont eu bien du mérite parce que, souvent, j'ai beaucoup tardé à leur répondre. Quand je trouvais un peu de courage pour le faire, il y avait tellement de réponses à faire que je ne suis pas certain d'avoir répondu à tout le monde… ce qui, si cela a été le cas, serait parfaitement inexcusable de mon point de vue !

Mais revenons à ce qui devrait vous intéresser vraiment : « Le Maître de la Mort ».

Il y a beaucoup de nouveau pour vous tout au long de l'histoire. Pour me remettre dans le bain, je me suis relu et comme je suis rarement satisfait, j'en ai profité pour revoir mon texte. J'ai essayé de simplifier mon style, de le rendre plus fluide. J'ai aussi éliminé quelques anachronismes et rectifié des invraisemblances.

Certains passages confus, qui amenaient des remarques de votre part, ont été développés pour une meilleure compréhension de la progression de l'intrigue et des positions des différents personnages. Les dialogues ont également été remaniés, surtout ceux mettant en scène les jeunes (particulièrement quand ils sont entre eux, moins quand ils parlent à des professeurs ou à des officiels) pour qu'ils fassent plus vrai. Dans la mesure du possible, j'ai essayé de tenir compte de vos critiques quand elles me semblaient justifiées.

L'histoire reste la même mais je pense que mon travail est plus homogène... parce qu'au départ, je pensais n'écrire que cinq à six chapitres. Il me fallait progresser vite. Ce n'est plus le cas maintenant. Par exemple, j'ai réalisé, comme l'un ou l'autre d'entre vous, que Ginny comprenait trop vite ce qui arrive et capitulait trop vite aussi... donc j'ai rectifié le tir. J'ai supprimé quelques longueurs dans des chapitres que vous trouviez trop longs et j'ai ajouté quelques passages sympathiques à d'autres endroits, sous l'inspiration du moment.

J'espère que vous comprendrez que ce travail de réécriture, que j'avais déjà envisagé (il me semble que je vous en avais parlé), était plus facile à mener à bien dans une période difficile que celui d'inventer la suite de l'histoire. Et tenez vous bien, pour une fois, je suis assez content du résultat... dont vous pouvez tous, maintenant, prendre connaissance… si vous le souhaitez, bien entendu !

C'est le grand avantage de publier sur un site comme : il y a comme une sorte d'interactivité entre l'auteur et ses lecteurs. En tout cas, c'est un peu ce que j'ai tenté de faire : tout en restant moi-même et dans mon histoire, j'ai essayé de réagir positivement à vos critiques constructives. Je sais que parmi vous, certains impriment les fictions pour les lire… ils pourront peut-être comparer et me dire ce qu'ils pensent de la nouvelle version… s'ils ont conservé la première !

Droits : La plupart des personnages et des lieux de ma fiction appartiennent, bien sûr, à J.K. Rowling. Je la remercie de m'avoir emporté dans son monde merveilleux durant toutes ces années de la saga Harry Potter (HP)… mais puisqu'elle a décidé de jeter l'éponge, voici comment j'imagine la suite de son œuvre.

Avertissement : Cette fiction est un spoiler. Si vous n'avez pas lu les 7 tomes de HP et que vous comptez le faire, ne lisez pas cette histoire, elle commence juste à la fin du tome 7, après la bataille du chapitre 36. L'épilogue est ignoré. C'est aussi un slash HP/DM - DM/HP à venir. En clair, je parle d'une relation homosexuelle ! Ceux qui n'apprécient pas, vous voilà prévenus. Certains lecteurs peuvent aimer une histoire tout en préférant ne pas y lire certaines scènes. Pour eux, j'indique au début de chaque chapitre une cotation particulière qui s'y applique. Le début d'une scène « chaude » sera signalé par un avertissement du type « Attention - Lemon / Slash - Attention ». De même, la fin de la scène en question sera signalée par une mention du type « Fin - Lemon / Slash - Fin ». Il suffira donc de se reporter d'une mention à la suivante pour éviter la séquence « chaude »...

Cotation : K+ (déconseillé aux moins de 12 ans) pour ce chapitre, bien que l'ensemble sera probablement classé M (déconseillé aux moins de 16 ans) au final.

Note de l'auteur : il y a 2 intrigues principales dans cette fiction. D'une part, la prise de conscience d'Harry, son acceptation progressive de qui il est et de ce qu'il est appelé à devenir. D'autre part l'évolution des positions et sentiments d'Harry et Drago l'un par rapport à l'autre. En partant de l'histoire originale et des personnages originaux, je décris cette évolution en restant le plus plausible possible. Je place les personnages dans des situations qui les font évoluer émotionnellement mais logiquement…

Thème du douzième chapitre : A Belcastel, sous la férule de l'Elu qui se révèle opiniâtre et manipulateur, l'avenir du Monde Magique s'esquisse… celui de Poudlard se construit. Pendant ce temps, le Magenmagot ronge son frein dans l'attente des interrogatoires redoutés !

Bonne lecture !

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Harry Potter - Le Maître de la Mort

Chapitre 12 : Forfaiture - La faute d'Arthur

(Edition du 27/09/2010)

L'une des fenêtres était ouverte, laissant le vent tiède du large s'engouffrer dans la chambre par à-coups. L'ouverture, ailleurs dans la maison, d'une autre fenêtre ou d'une porte donnant sur l'extérieur, provoquait des appels d'air tout au long des couloirs de la vaste demeure. Les courants qui en résultaient, prenaient aussitôt des allures de bourrasques ronflantes.

Après le déjeuner, Harry avait ressenti le contrecoup de son entrainement intensif du matin. Il avait abandonné Hermione et Buddy à leur bavardage. Puis il était monté pour une petite sieste reconstituante en attendant l'arrivée de Tovurk l'Erudite et de Guvrok l'Enseignant.

Pour récupérer plus vite et pouvoir profiter ensuite au mieux de son après-midi, il avait fait un petit tour par son espace sûr. Puis, c'était dans une agréable sensation de douceur et de chaleur, qu'il s'était laissé glisser dans le sommeil, douillettement emmitouflé dans une moelleuse couverture, au son intermittent et mugissant du vent dans Belcastel.

Son sommeil était léger et il entendit presque tout de suite les petits coups frappés à sa porte. Un peu engourdi, Harry ne prit pas la peine de se concentrer sur son aura pour découvrir qui venait le déranger. De toute façon, c'était sans doute un elfe ou un gobelin… un sorcier se serait manifesté avec moins de discrétion. Harry fit savoir qu'il était éveillé et invita la personne à entrer. Du fait que l'intéressé put effectivement ouvrir la porte, avant même d'apercevoir sa silhouette, Harry sut qu'il s'agissait d'un elfe de sa garde… personne d'autre n'aurait été en mesure de déjouer son sort de verrouillage.

« Je suis confus de perturber le repos de Monsieur Harry ! » s'excusa Spearow dès qu'il fut entré. « Mme la Directrice de Poudlard vient de se présenter et demande à parler à Monsieur Harry. Il s'agirait d'une affaire d'importance, nécessitant des décisions urgentes… »

« Quelle heure c'est ? » demanda aussitôt Harry, un peu perdu. « Faut que je fasse installer des pendules dans cette maison, moi. Je me demande comment ses occupants pouvaient faire sans... Tovurk et Guvrok sont déjà là ? »

« Non, les invités de Monsieur Harry ne se sont pas encore annoncés ! » répondit Spearow à la manière d'un majordome de grande maison. Ce qui ne manqua pas de titiller encore une fois Harry.

Quand il se rappelait la façon de s'exprimer de ses elfes avant leur libération, il y avait de quoi se poser des questions pourtant. Leur langage châtié d'aujourd'hui tranchait de leurs balbutiements d'hier autant qu'une tâche d'encre noire au milieu d'un carré de soie blanche.

Il avait déjà abordé cette question avec eux le jour même où il les avait libérés. De leur réponse ou plutôt, de leur absence de réponse, il avait conclu peut-être trop hâtivement que, pour se faire oublier des sorciers, outre le fait d'avoir dissimulé leurs pouvoirs, les elfes avaient adopté cette façon de parler pour accentuer l'impression primitive qu'ils voulaient donner. Mais le contraste était tel qu'Harry se demandait maintenant si les elfes n'avaient pas modifié magiquement cette facette de leur personnalité pour être en mesure d'obéir à l'injonction de représenter convenablement Belcastel et l'Elu.

« Mais le rendez-vous n'est prévu qu'à 14h30 et il n'est pas tout à fait 14h12 ! » termina le petit elfe.

Harry ne s'était reposé guère plus d'une demi-heure mais il se sentait tout à fait bien. Il demanda à Spearow de prévenir qu'il arrivait incessamment, juste le temps de se rafraichir et de réajuster sa tenue.

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En entrant dans la bibliothèque Harry sentit une bonne odeur de café. S'il aimait bien les arômes de cette boisson, il n'en était pas spécialement friand, préférant généralement le traditionnel thé anglais. Cependant, il pensa que cela changeait de l'habitude et que somme toute, c'était une bonne idée pour bien commencer l'après-midi.

Il regarda autour de lui pour constater qu'un service avait été dressé dans l'un des petits salons aménagés, çà et là, dans l'immense pièce. Mais personne encore ne s'y était intéressé. La cafetière était fumante, les tasses vides et le plateau de mignardises, de fruits secs et autres fruits confits, intact.

D'ailleurs, les convives de cette petite réception n'étaient pas visibles. Manifestement, il y avait plusieurs personnes dans la vaste bibliothèque. Des bribes de conversations étouffées lui parvenaient. Harry se guida aux sons pour aller à la rencontre de ses hôtes…

Il découvrit Hermione et McGonagall au détour de l'une des nombreuses rangées, chacune d'elle présentant à l'autre le livre qu'elle tenait dans les mains. Les deux femmes entendirent Harry arriver et se tournèrent vers lui. McGonagall et le jeune homme se saluèrent avec un plaisir évident puis la Directrice remarqua à voix basse :

« Il y a de véritables merveilles ici, Harry ! Chacun des livres de cette bibliothèque est plus que centenaire. Et tous sont dans un parfait état de conservation. Hermione m'en a montré de très rares et nous avons vu des exemplaires de certaines œuvres indispensables qui font cruellement défaut à la bibliothèque de Poudlard. »

« T'as même des livres qui datent de plusieurs siècles, » compléta Hermione, presqu'en chuchotant, « des œuvres uniques qui feraient la joie des collectionneurs ! »

« Pourquoi vous parlez si bas toutes les deux ? » demanda Harry. « Vous vous attendez à voir Mrs Pince débouler ou quoi ? Je l'ai pas embauchée et je compte pas le faire si ça peut vous rassurer… et si j'avais eu mon mot à dire, je crois qu'elle serait pas non plus à Poudlard ! Elle aime peut-être les livres mais pas les étudiants ! »

Hermione et McGonagall se regardèrent avec étonnement puis pouffèrent. Tout à leur exploration, elles s'étaient effectivement comportées, machinalement, comme si elles avaient été à la bibliothèque de l'école.

« Pour ce qui est des livres, y en a bien trop pour moi ! » déclara Harry. « J'ai jamais eu l'intérêt d'Hermione pour la lecture. Si par la force des choses, ces derniers temps j'ai passé plus de temps à lire que pendant toute ma scolarité, ça m'étonnerait fort qu'il me vienne à l'idée d'aller voir tout ce qui y a là-dedans. Alors, si ça peut faire le bonheur de Poudlard… »

« Vous n'y pensez pas, Harry ! » répliqua gravement McGonagall. « Il serait déraisonnable et même monstrueux de mettre les trésors dont parlait à l'instant Hermione, à la disposition de jeunes étudiants insouciants et peu soigneux ! »

« Vous m'avez mal compris, » reprit Harry, « je parlais pas de tout donner à l'école ! Faudrait faire un tri… regarder ce qu'il serait bien de céder à Poudlard. Le truc, c'est qu'il y a des milliers de livres ici. Je me vois mal faire ça, d'autant que la bibliothèque de l'école n'a jamais fait partie de mes endroits favoris, j'ai aucune idée de ce qui pourrait lui manquer… Mme Pince pourrait peut-être s'en charger ! »

« Surtout pas malheureux ! » s'écria Hermione. « Comme nous te l'avons dit, tous ces livres sont centenaires… pour Mme Pince, ils seraient tous indispensables dans sa bibliothèque ! Non, ce qu'il faudrait, c'est un conservateur qui commencerait par faire un inventaire complet. Ca ne serait pas vraiment du luxe, en à peine quelques rayons, j'ai vu plusieurs exemplaires du même ouvrage à des endroits différents. Apparemment, les invités de la maison ont dû s'y succéder fréquemment et ne savaient pas ce qu'il y avait ici. Ils ont fait acheter les livres qui les intéressaient sans se poser de questions puis les ont rangés n'importe comment, là où y avait de la place ! »

« Va pour un conservateur ! » approuva Harry. « Il doit y en avoir d'excellents chez les gobelins, non ? »

« Sûrement, mais là, il en faudrait un qui ait une bonne connaissance de la bibliothèque de l'école, » précisa Hermione, « et c'est pas le cas des gobelins. J'aurais bien aimé m'en charger moi-même mais j'ai déjà la Présidence de Lily et James et… c'est l'année des ASPIC ! »

« Et je songeais même pas à te le demander ! » remercia Harry. « Tu fais déjà un sacré boulot pour moi… Professeur McGonagall, parmi les anciens élèves, y aurait pas le phénomène dont j'ai besoin ? »

« Si c'est de Percy dont vous parlez, » nota McGonagall, « je crains que lui aussi soit très occupé en ce moment. Et il a aussi une Présidence ! »

« Non, je ne pensais pas à lui non plus, je suis bien conscient qu'en ce moment, à l'école, tout le monde est sur les dents ! » rétorqua Harry. « J'imaginais que vous auriez peut-être le souvenir d'un rat de bibliothèque qui puisse faire mon affaire ! »

« Je n'ai pas de noms qui me viennent à l'esprit, » regretta McGonagall, « il faudrait que je ressorte les dossiers des anciens élèves… »

« Ayant été moi-même l'un de ces rats de bibliothèque pendant six ans, » intervint Hermione, un peu pincée, « je crois que j'en connais quelques autres ! Je vais essayer de les contacter pour voir si l'un d'eux pourrait être intéressé… ce sera bien le diable si je n'en trouve pas un qui soit ravi de faire ce travail pour l'Elu… tout en se faisant de l'argent de poche au passage, ce qui pourrait être appréciable s'il était encore étudiant ! »

« Vous m'enlevez une épine du pied ! » confia McGonagall. « J'avoue qu'en ce moment, j'ai beaucoup à faire et que j'aurais été bien embarrassée d'avoir à me plonger dans les vieux dossiers, j'en ai bien assez avec les nouveaux… c'est d'ailleurs pour ça que je suis ici ! »

« C'est vrai au fait ! Si nous allions discuter, derrière une tasse de café, de ce qui nous vaut le plaisir de vous voir ici avec plus de deux heures d'avance ! » enchaîna Harry. « Il faut que je vous prévienne que nous risquons d'être dérangés… j'attends des visiteurs d'une minute à l'autre ! »

La Directrice et les jeunes gens prirent places dans le petit salon, bientôt rejoints par Buddy. Un elfe apparut aussitôt pour faire le service tandis qu'Harry s'étonnait.

« Buddy… t'es encore là… et ton travail ? »

« Eh bien, figure toi que nous avons trouvé mon remplaçant et qu'il est d'ores et déjà opérationnel ! » expliqua un Buddy aux anges. « C'est avec une agréable surprise que, papa et moi, nous avons vu un de nos anciens employés répondre à notre offre d'emploi. C'était un très bon élément que nous avions laissé partir à contrecœur il y a quelques années. A priori, comme il ne s'entendait plus du tout avec son employeur actuel, il a sauté sur l'occasion dès qu'il a vu notre annonce. Evidemment, notre établissement a grandement évolué depuis son départ, notamment depuis que j'en ai pris la codirection, mais je pense qu'il n'aura aucun mal à s'y retrouver aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau ! »

« C'est formidable ! Tu vas pouvoir effectuer ta septième année sans arrière pensée, » ne manqua pas de se réjouir Harry, « mais ça m'explique pas pourquoi t'es là ! »

« Hermione m'a vanté les talents des gobelins que tu vas recevoir ! » développa Buddy. « Tu sais que, moi aussi, je m'intéresse aux livres et à l'histoire en général… alors je me suis dit que tu ne verrais pas d'inconvénients à ce que j'assiste à cette entrevue. Hermione m'a dit qu'il s'agissait d'une sorte de cours d'histoire de la magie assez extraordinaire. Les exposés engloberaient des faits et des évènements dont on ne nous parle pas dans l'enseignement traditionnel… ce qui en feraient des cours exceptionnels… de véritables cours d'Histoire. Alors, cela m'intéresse hautement ! »

« Oh… alors, t'as bien fait ! » affirma Harry.

« Et puis, en même temps, cela me permet de prendre la température des lieux ! » compléta Buddy. « Je vous ai entendus tantôt. Il n'y a malheureusement pas que les livres qui soient centenaires ici. Si certains meubles feraient la joie des antiquaires ou des collectionneurs, ils ne cadrent pas avec la personnalité du propriétaire… mais j'ai déjà des idées. L'éventualité de voir disparaître quelques rayonnages, si j'ai tiré les bonnes conclusions de ce que j'ai ouï, m'ouvre des horizons superbes. Harry, je vais faire de cette bibliothèque un véritable espace de loisir et d'agrément. Chacun voudra se mettre à lire juste pour justifier le fait de pouvoir y séjourner ! »

Ce fut le moment que choisit Danish pour se transférer auprès d'Harry à qui il annonça :

« Les invités de Monsieur Harry sont arrivés ! Ils patientent dans le hall depuis vingt minutes déjà… »

« Quoi ? » s'offusqua Harry. « Pourquoi ne pas m'avoir prévenu dès leur arrivée ? »

« Ils ne le souhaitaient pas Monsieur Harry ! » répondit Danish. « Quand ils ont su que Monsieur Harry recevait Mme la Directrice de Poudlard pour prendre avec elle d'importantes décisions, ils ont déclaré vouloir attendre que la réunion se termine d'elle-même. Mais je me suis dit que Monsieur Harry avait peut-être perdu la notion du temps… comme cela lui arrive parfois quand il est avec ses amis. Alors j'ai pris sur moi de venir l'informer ! »

« Excellent Danish ! Excellent ! » loua chaleureusement Harry. « Tu fais bien de me rappeler à l'ordre. Nous tenons tous à l'honneur de Belcastel, hein. C'est très mal de faire attendre des invités aussi importants… j'arrive dans quelques secondes ! »

« Euh… Professeur McGonagall, » interrogea Harry, « est-ce qu'il y aurait un inconvénient à ce que des gobelins assistent à notre entretien… je veux dire… ces décisions importantes à prendre… elles sont pas secrètes, je suppose… il faudrait que je rattrape mon impolitesse ! Tovurk l'Erudite et Guvrok l'Enseignant ne sont pas n'importe quels gobelins : ce sont des puits de science et des sages. Dans le Monde Gobelin, on vient de loin pour les écouter… ils ne se déplacent jamais… sauf pour moi ! Et ils le font avec simplicité et courtoisie… »

« C'est d'accord, bien entendu ! Ce dont nous avons à parler n'a rien de secret, » s'empressa d'accepter McGonagall, « d'ailleurs Faldrig est actuellement ici pour faire le point avec le chef de chantier de Belcastel. Il serait le bienvenu aussi à cette discussion parce qu'il sera peut-être concerné par nos décisions… Mais j'aurais quand même une petite condition à formuler. Echange de bons procédés : vos gobelins assistent à mon exposé et j'assiste au leur ! Vous avez éveillé ma curiosité… et puis cela me fera une récréation. Il faudrait juste que je puisse envoyer un message à Percy afin qu'il réorganise l'après-midi en mon absence ! »

Harry invoqua Elloram, qui fut là dans l'instant, pour le mettre à la disposition de la Directrice. Lui-même se transféra dans le hall pour accueillir dignement ses vénérables hôtes et demander à un elfe d'aller quérir Faldrig.

Une fois que tout ce petit monde fut réuni, Harry fit les présentations pour ceux qui ne se connaissaient pas et tous purent s'installer dans le petit salon où le café attendait toujours.

Un nouvel elfe apparut, apportant une autre cafetière… à force de discuter, le contenu de la précédente avait refroidi et tout le monde savait bien que le café ne se réchauffait pas sans perdre de sa saveur. Il amenait également une théière ainsi que de ces savoureuses galettes au miel qu'Harry et Hermione avaient pu déguster lorsqu'ils avaient été reçus par le Conseil d'Administration de Gringotts.

Pendant que l'elfe faisait le service, McGonagall put enfin en venir à l'objet de sa visite.

« Comme vous le savez, » commença-t-elle, « ces dernières années, Poudlard ne faisait pas le plein. Pour l'accueil des étudiants, nous étions loin d'atteindre notre capacité maximale. L'année dernière a été la plus mauvaise jamais connue pour la fréquentation : deux cent trente sept élèves seulement ont suivi nos cours. Ce qui nous arrangeait bien d'ailleurs, du fait de la vétusté d'une partie de nos équipements, du fait aussi que certaines zones de l'école étaient parfaitement insalubres et inhabitables. »

« Si un corps professoral de la taille du nôtre est en mesure de faire face à un accroissement brutal du nombre des étudiants, » poursuivit la Directrice, « il pourrait difficilement assumer un effectif supérieur à quatre cent vingt unités. Dans sa composition actuelle, il ne lui serait pas permis d'accepter une plus large fréquentation tout en voulant relever ou même simplement préserver la qualité de son enseignement. Aussi bien potaches que professeurs ne sauraient y trouver leurs comptes ! »

Profitant d'une pause de McGonagall, Harry glissa :

« Vous avez besoin de plus de crédits pour renforcer votre équipe ? Si c'est que ça… »

« Si c'était aussi simple que ça ! » soupira McGonagall. « Nous avons quatre cent trente deux inscrits à ce jour. Mais des demandes tardives continuant de nous parvenir, leur nombre régulier nous permettait de faire des projections… nous nous étions préparés à accueillir cinq cents élèves environ. Après en avoir longuement discuté, les professeurs avaient donné leur accord de principe sur ce nombre déjà important… »

« Il en est pas question ! » protesta Harry. « Vous venez de dire qu'au-delà de quatre cent vingt, la qualité de l'enseignement s'en ressentirait ! »

« Pour des professeurs normaux, Harry ! » précisa McGonagall. « Pas pour les professeurs de Poudlard qui sont particulièrement attachés à leur école. Ils voient leur mission comme un sacerdoce. Ils étaient donc prêts à faire cet effort pour que personne ne soit laissé-pour-compte ! »

« Je ne suis pas d'accord ! » insista Harry. « Il faut embaucher pour compléter l'équipe. Je vois pas pourquoi les professeurs actuels devraient faire des sacrifices… »

« Oh ! Cette question n'est plus d'actualité ! » déclara McGonagall. « Au point où nous en sommes, compléter l'équipe ne sera pas suffisant. Il serait plutôt question de la doubler, voire même de la tripler ! »

« Nom d'un scroutt à p… heu… pardon… excusez-moi ! » répliqua Harry, ébahi. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« Votre prestation à l'audience de mardi a fait la une des journaux de mercredi dans tout le Monde Magique ! » expliqua McGonagall. « Avec photos animées et commentaires dithyrambiques à l'appui. Dans l'après-midi de ce même mercredi, nous étions bombardés de près de cent nouvelles demandes d'inscription. Hier nous avons presque atteint le nombre de deux cent missives et en fin de matinée, au moment où j'ai quitté Poudlard, environ deux cents autres étaient arrivées… et j'ai bien peur que ce ne soit pas fini. Bref, nous avons des choix à faire ! »

« Je vois ! » réalisa Harry avec effarement. « Les chiffres ont pratiquement doublé en trois jours et nous sommes encore en plein déluge ! Mais comment ça se fait ? D'où sortent-ils tous ? Je croyais que nous avions déjà fait le tour des candidatures potentielles. Qu'en pensez-vous Professeur ? Vous êtes la plus qualifiée pour donner un avis et prendre les décisions qui s'imposent ! »

« J'imagine que tous ceux qui hésitaient encore, » supposa McGonagall, « ont fait le dernier pas en lisant que vous vous étiez proclamé. D'autant plus que le titre de Plus Haute Autorité Morale du Monde Magique, que vous ont décerné nos instances dirigeantes, reconnaît la teneur de votre déclaration comme un fait avéré ! »

« Mais quand-même… » s'étonna Harry, « cinq cent nouvelles demandes en trois jours, alors qu'auparavant, nous doublions déjà les effectifs par rapport à l'année dernière ! Faudrait s'interroger sur les motivations des candidats… je trouve pas que la perspective de faire une année à Poudlard en compagnie de l'Elu soit une raison valable… faut-il accepter tout le monde ? Et puis pour les bourses, comment ça se passe ? Mince, Ron n'est pas là et Percy non plus… »

« Du côté des bourses, jusqu'à mercredi, ça allait… mais cela pourrait aller beaucoup moins bien maintenant… je vais y revenir tout à l'heure ! » exposa McGonagall. « Pour les demandes d'inscription, je suis entièrement d'accord avec vous. Il va falloir faire un tri sévère et essayer de savoir pourquoi les élèves s'inscrivent réellement : mettre le grappin sur l'Elu ou sur l'un de ses amis, ne serait effectivement pas un motif acceptable… mais il sera probablement très difficile de déterminer que les motivations exposées soient les bonnes ! »

« Avec Horace et les Directeurs de Maison, » poursuivit McGonagall, « nous nous sommes déjà penchés sur la question. Nous avons des demandes en provenance du Monde entier. Nous nous proposions d'éliminer d'office les demandes d'étudiants qui ne parlent pas notre langue ou trop mal. Nous comptions également refuser, dans la mesure du possible, les demandes de transfert d'élèves déjà scolarisés dans d'autres écoles… plus spécialement encore quand il s'agit d'écoles amies comme Beauxbâtons ou Durmstrang. Nous ne pouvons pas former tous les potaches de la planète… Malgré cela, nous devons nous demander s'il ne faudrait pas fixer une limite maximale aux effectifs que nous allons accueillir ! »

« Tout ça est parfait ! » approuva Harry. « Il faut donner la priorité aux élèves déjà inscrits à Poudlard l'année dernière et à ceux qui y ont déjà effectué une ou plusieurs années. Pour ceux qui ne parlent pas anglais, ils perdraient leur temps tout en nous faisant perdre le nôtre. Et pour ce qui est des transferts d'étudiants actuellement scolarisés, je suis d'accord aussi. Nous allons pas nous faire mal voir des autres écoles en puisant dans leurs effectifs… mais à part ça, pourquoi vous voulez limiter les inscriptions ? Tous les élèves qui le souhaitent et qui le méritent, devraient pouvoir profiter de nos structures, non ? »

« Le problème, Harry, » répondit McGonagall, « réside dans le fait que, sur la base des critères définis, nos premières analyses des nouvelles demandes nous permettent d'en écarter une sur deux. Ce qui nous en laisserait quand même deux cent cinquante à examiner de plus près… plus celles qui vont encore arriver pendant les jours qui viennent, si cela se passe comme la première fois. Mais même sans compter celles à venir, je crains que nous ne dépassions déjà les capacités d'accueil du nouveau Poudlard… »

Harry réfléchit rapidement et comprit pourquoi la Directrice avait souhaité la présence de Faldrig l'artisan. Il se tourna vers celui-ci pour lui demander :

« Comment on peut faire ? Est-il possible d'ajouter des étages aux tours et aux autres structures sur les fondations actuelles ? »

Alors que Faldrig allait répondre, McGonagall intervint une nouvelle fois.

« La principale question serait plutôt la suivante : faut-il voir aussi grand, pour ne pas dire trop grand, alors que cette affluence exceptionnelle se limitera peut-être à cette unique année ? Si par la suite nous revenions à des effectifs plus normaux, l'entretien de structures partiellement inutilisées nous obligerait, soit à augmenter les frais d'inscription, soit à vous solliciter davantage, soit à redevenir très dépendants du Ministère. De plus, il nous faudrait engager beaucoup de professeurs pour peut-être devoir les licencier dans un an… ce que je n'envisage qu'avec un déplaisir certain ! »

« Oui… je crois que je comprends mieux la situation, là ! » répliqua Harry. « Déjà, pour l'entretien… je suppose que si les gobelins s'en chargeaient, ça reviendrait moins cher… n'est ce pas, Faldrig ? Sans rogner sur les salaires de vos compatriotes, hein. Ils doivent travailler pour un revenu correct ! »

« Vous supposez bien Harry James Potter ! » confirma Faldrig. « Nos artisans travailleraient mieux pour un coût raisonnable… qui leur assurerait des rémunérations confortables… pour des gobelins ! Cependant, il y aurait une autre solution ! »

« Laquelle ? » demandèrent, avec un bel ensemble, McGonagall et Harry.

« Nous disposons de la Magie Mère, non ? » précisa Faldrig. « Je ne pense pas révéler un grand secret pour les personnes ici présentes, en révélant qu'Harry James Potter manipule la Magie des Magies et qu'il la maîtrise de mieux en mieux… »

« En effet, » intervint Harry, embarrassé, « c'est pas un secret pour les personnes présentes ou ça ne l'est plus… mais je souhaiterais tout de même que ça reste entre nous ! Je suis déjà bien assez sollicité sans que l'on en rajoute encore, hein ! Pardon de vous avoir coupé Faldrig, mais je voulais faire cette mise au point. Comment vous voyez les choses ? »

« Avec la Magie Mère, nous serions en mesure d'ensorceler l'ensemble des bâtiments et pas seulement les structures principales comme nous l'avions prévu jusqu'ici ! » reprit sereinement Faldrig. « Toute la construction pourrait ainsi s'adapter aux besoins de l'école ! »

« Oui… en somme, comme pour la salle sur demande ! » commenta Harry.

« Cela part du même principe, » déclara Faldrig, « mais dans une application moins complexe. Pour la salle sur demande, tout se crée à partir de rien. Enfin, ce n'est pas tout à fait cela. Il y a une énorme concentration d'une Magie très complexe à la base de tout. Celle-ci se façonne à la demande de n'importe qui, à partir du moment, bien sûr, où la demande répond aux critères. C'est-à-dire qu'elle ait un caractère d'urgence qui ne puisse être satisfait d'une manière différente… au moins sur le moment. »

« Pour les locaux de Poudlard, » continua Faldrig, « nous partirions d'une base matérielle existante : les structures en cours de construction, telles que nous les avions déjà projetées. Il nous faudrait y injecter plus de Magie Mère… beaucoup plus… énormément plus que ce que nous avons fait jusqu'ici ! Il nous faudrait aussi la lier différemment, la travailler avec une précision que seuls les maîtres, parmi nos artisans, sont capables d'atteindre. Mais surtout, il faudrait que chacun de ces artisans puisse disposer, en permanence, d'une grande quantité de Magie Mère… »

« Je sais déjà tout ça, » commenta Harry, « nous en avions beaucoup discuté. A la suite de quoi nous avions défini le premier projet… parce que je ne pouvais pas me démultiplier pour fournir plus de Magie Créatrice. Combien de ces fameux maîtres faudrait-il pour terminer les travaux avant la rentrée du premier septembre… »

« Pour assurer la rentrée du samedi quinze août ! » corrigea aussitôt McGonagall. « Nous prévoyons deux semaines d'évaluation pour déterminer le niveau des nombreux nouveaux élèves avant de les affecter dans les classes appropriées. Comme nos propres étudiants sont en vacances depuis début mai, cela ne réduira pas la durée de leur repos estival et ils pourront se familiariser avec les lieux… »

« Alors, il nous faudra tous ceux qui sont parvenus au rang de maître… » estima Faldrig.

« Tous ? » interrogea Harry avec inquiétude. « Ca fait combien ? Je vais pas pouvoir être en permanence avec plus d'une poignée d'entre vous… Et puis… nous ne pouvons pas mobiliser tous les maîtres-artisans gobelins. Ils ont certainement d'autres urgences ! »

« Le peuple gobelin ne compte guère plus d'une centaine d'artisans ayant le niveau requis ! Et tous devront être sur le chantier de Poudlard… même ceux qui supervisent les travaux de Belcastel… » nota Faldrig, avec un brin de déception, en faisant cette dernière remarque. « Car je vous rappelle qu'il a été demandé à tout membre de la communauté gobeline, d'apporter à Harry James Potter tout le soutien nécessaire à l'accomplissement de sa mission ! »

« Une… cent… une centaine… » ânonna Harry, effaré. « C'est fichu, là ! »

« Si je le propose, » souligna Faldrig, « c'est que c'est possible ! En utilisant tous nos maîtres-artisans, nous ferions d'une pierre deux coups : d'abord, nous serions en mesure de boucler le projet dans les temps. Ensuite, sur un tel chantier, avec les corrections apportées au plan de départ, ce serait une occasion unique pour tous nos maîtres de former leurs assistants à d'anciennes techniques très pointues, peu usitées de nos jours ! »

« Oui… mais comment je fais pour la Magie, moi ? » insista Harry. « Je vois pas comment je peux assurer une grande quantité de magie à cent endroits en même temps ! »

« Mais je n'ai jamais dit que votre présence serait requise partout ! » fit remarquer Faldrig dans un sourire. « Cependant, la façon dont j'envisage de répondre à cette question, risque de créer quelques difficultés chez les sorciers ! »

« Dites toujours ! » l'encouragea Harry dans un regain d'espoir.

« Depuis mardi, les elfes semblent avoir récupéré la totalité de leurs pouvoirs… » avança Faldrig.

« Mais bien sûr ! Pourquoi j'y ai pas pensé moi-même ? » le coupa Harry dans un élan de compréhension euphorique. « Les elfes utilisent la Magie Mère, eux aussi ! Ils peuvent faire tout ce que je fais… et même plus… et mieux que moi ! »

« Pour l'instant ! » protesta vigoureusement Faldrig. « Je me suis laissé dire que vous, Harry James Potter, vous appreniez très vite. Les elfes ont la connaissance… qu'ils paraissent avoir décidé de partager avec vous. C'est une situation inédite… ainsi vous en saurez rapidement autant qu'eux. Et vous, vous disposez d'une puissance qui va bien au-delà de la leur… nous en aurons besoin pour les nouvelles salles sur demande ! »

« Les salles sur demande ? » releva Harry.

« Oui ! » confirma Faldrig avec un petit air entendu. « Il y a deux ou trois petites choses qu'il faudra que je vois avec Harry James Potter dans les prochains temps… et en dehors de la présence de la Direction de l'école ! Au cours de cette entrevue, il serait fortement question de salles sur demande et de passages secrets… »

« Ha… non ! Pas de ça ! » s'exclama McGonagall, un peu revêche pour le coup. « Nous n'allons pas prévoir et aménager nous-mêmes des façons de contourner ou de jouer avec nos propres règles ! Les élèves font suffisamment preuve, généralement, d'une débrouillardise légendaire dans ce domaine… »

« C'est justement pour ça que Faldrig disait qu'il fallait qu'il en discute avec moi… en dehors de la présence de la Direction de Poudlard ! » expliqua Harry, en arborant une mine réjouie et quasi angélique.

« Donc… j'ai le feu vert, si je comprends bien ! » nota Faldrig. « Vous ne souhaitez pas en parler d'abord avec votre Conseil d'Administration ? Beaucoup de sorciers risquent de s'offusquer de voir les elfes à la manœuvre… aux côtés des gobelins qui plus est ! »

« Beaucoup de sorciers vont devoir s'arrêter de s'offusquer à tout bout de champ et pour n'importe quoi ! » affirma péremptoirement Harry. « Vous en pensez quoi, Mme la Directrice ? Avons-nous besoin d'avis supplémentaires ? »

« J'imagine que non ! » fit McGonagall. « En tout état de cause, le Conseil actuel n'est plus qu'un Conseil de transition… alors ! Passons plutôt à mon second problème… »

« Aïe… parce que c'est pas tout ? » déchanta aussitôt Harry.

« Pour les structures, c'est réglé ! » constata McGonagall. « Encore faudra-t-il que Maître Faldrig… »

« Faldrig tout court… » rectifia promptement l'intéressé, « ou, à la rigueur, Faldrig l'Artisan… si vous tenez à m'attribuer un titre ! »

« Je dis bien et je maintiens, Maître Faldrig ! » tonna McGonagall. « Si les gobelins souhaitent avoir la place qui leur revient dans le Monde de la Magie pour ensuite la conserver, il faudra qu'eux aussi comprennent et acceptent certains principes… notamment celui qui préconise que, quand on excelle dans un domaine, l'on vous décerne le titre de Maître ! Si vous voulez être considérés par les sorciers, commencez par vous considérez vous-mêmes, reconnaissez vos valeurs personnelles et acceptez nos titres ! »

« Bien dit, nom d'un scroutt à pétard ! » jura Harry. « J'aurais dû trouver ça tout seul ! Tu me coupes la chique, là ! »

Après cette exclamation, le silence se fit et tous se tournèrent vers Harry. Ils semblaient tous surpris, excepté McGonagall qui avait un air plutôt amusé. Harry se demanda pourquoi et ce qu'il avait bien pu dire d'aussi extraordinaire… il n'avait fait que marquer son accord sur ce que venait de dire la Directrice, après tout. Comme le silence se prolongeait, il se remémora exactement les mots qu'il avait prononcés et subitement, son visage se teinta d'une belle couleur cramoisie.

« Heu… pardon ! Je voulais dire que vous m'épatiez Madame la Directrice ! »

« Entre nous, Harry, » observa gentiment McGonagall, « le tu me coupes la chique, me convenait bien ! Tu y aurais ajouté un petit Minerva derrière, que j'aurais trouvé cela parfaitement parfait ! »

Harry se mit à rougir de plus belle, d'autant plus qu'il n'arrivait pas à décider si McGonagall était sérieuse ou si elle se moquait affectueusement de lui. La mine de la Directrice, toujours fidèle à elle-même, ne l'aidait pas vraiment à faire le choix entre ces deux possibilités… ni les autres autour, qui le regardaient avec des sourires goguenards. Finalement, il opta pour la première version et prenant la Directrice au mot, il enfonça le clou :

« Et alors… quel est donc ton second problème… ma grande ? »

Comme si les observateurs assistaient à un match de Quidditch au cours duquel le joueur Harry venait de catapulter le souaffle tout droit en direction du joueur adverse, les sourires, plus narquois encore, se tournèrent vers McGonagall. Celle-ci, qui ne s'y attendait pas, marqua un temps d'arrêt avant de se mettre à rire franchement… pour la première fois de sa vie, devant des élèves.

Il est bien connu qu'un sourire illumine un visage. Mais là, il était très impressionnant de se rendre compte à quel point le rire pouvait changer du tout au tout, la physionomie de Minerva McGonagall. Harry se jura d'essayer de recommencer aussi souvent que possible.

« Oui mon tout petit ! » enchaîna bientôt McGonagall. « Je disais donc qu'il faudrait encore que Maître Faldrig nous fasse chiffrer les modifications par rapport au projet initial. Il est bien évident que des maîtres doivent être rémunérés en tant que tels… avec les dons collectés par l'Institut Dumbledore, depuis ta dotation personnelle de départ, nous atteignons maintenant un capital de deux millions quatre cent mille gallions. Peut-être que cela ne suffira pas… »

« Les gobelins peuvent… » commença Faldrig.

« Comme l'a fait justement remarquer la Directrice McGonagall, » intervint Harry, « les maîtres gobelins seront payés au juste prix de leur travail. Je verserai à l'Institut Dumbledore ce qui manquera pour qu'il en soit ainsi ! »

« Bon, mais avec tout cela, » intervint McGonagall, « je n'ai pas les enseignants nécessaires pour former autant d'élèves ! J'ai contacté pas mal de monde, mais tous se font tirer l'oreille. »

« Là, je comprends plus rien ! » rétorqua Harry. « Du côté des élèves, c'est de la folie… nous pourrions avoir tous les étudiants de la planète si nous y mettions pas bon ordre ! Comment ça se fait que nous ne retrouvions pas le même engouement du côté professoral ? »

« Tout simplement parce que la plupart des enseignants sont dans le privé, » expliqua McGonagall, « et qu'ils s'en tirent beaucoup mieux là-bas en termes de rémunération. Les émoluments versés par Poudlard, restrictions budgétaires obligeaient, ne sont pas attrayants. Même s'ils perdent certains de leurs élèves, ceux qui officient dans le privé auront encore des revenus supérieurs en travaillant moins que dans notre école… Quoique, maintenant, avec ce qui est en train de se produire, ils risquent de perdre beaucoup de leurs élèves ! »

« Je crois qu'il faut pas trop compter là-dessus... mais pourquoi n'avons-nous pas parlé de ça avant ? » interrogea Harry. « Tu aurais déjà dû me mettre au courant des conséquences des contraintes budgétaires habituellement imposées à notre école : c'est-à-dire que les salaires des enseignants étaient bien trop bas. Il va de soi que les professeurs eux aussi, doivent être payés à leur juste valeur, y compris les titulaires actuels. Les salaires de tous les employés de Poudlard doivent être revus en conséquence ! »

« Plus d'enseignants, réévaluation des appointements de l'ensemble du personnel : c'est bien, c'est généreux bien sûr… » répliqua McGonagall, « c'est même nécessaire compte tenu de notre discussion ! Mais cela aura une influence non négligeable sur le coût des inscriptions et donc, par ricochet, sur le montant des bourses accordées aux élèves pris en charge par la Fondation Sirius. C'est à cela que je faisais allusion au tout début : combien de nouveaux boursiers va-t-il y avoir dans les nouvelles inscriptions ? La Fondation sera-t-elle en mesure de répondre au surcoût des inscriptions et à l'affluence des nouvelles demandes ? »

« Elle le sera ! » s'engagea aussitôt Harry. « Pour la Fondation, comme pour l'Institut ! Je verrai cela dès que possible avec Aldrik, Percy et tous les intéressés. Surtout, te fais pas de bile à ce sujet ! »

OoooOOOoooOOOoooOOOoooO

Ce n'était pas les premiers exposés de Tovurk l'Erudite et de Guvrok l'Enseignant, auxquels Hermione et Harry assistaient. Pourtant, ils étaient toujours aussi intéressés par tout ce qu'ils entendaient. Même à l'écoute de la première partie qu'ils connaissaient déjà.

Car en effet, à la demande d'Harry, les deux gobelins s'étaient livrés, au pied levé, à un résumé-synthèse de ce qu'ils avaient déjà abordé de façon à ce que le Professeur McGonagall et Buddy ne soient pas perdus.

Et perdus, ils ne l'étaient pas. Tout comme Hermione et Harry, ils étaient suspendus aux paroles de Tovurk et de Guvrok, ils s'en délectaient. Il faut dire que les deux Maîtres Gobelins avaient un talent de conteur inouï. S'ils donnaient bien les dates et les faits précis, ils savaient les présenter de manière à captiver leur auditoire. Même les allers et venues des elfes, venant offrir des rafraichissements ou un goûter, ne parvenaient pas à troubler l'attention des participants.

L'Histoire de la Magie était bel et bien abordée mais elle s'inscrivait dans un ensemble plus large ne laissant aux sorciers que la juste contribution qui leur revenait. Contrairement à l'enseignement officiel traditionnel ayant cours dans les écoles de sorcellerie et faisant la part belle aux sorciers, les exposés des deux gobelins situaient la chronologie des évènements dans un contexte neutre.

Les faits et points marquants étaient revisités en tenant compte de l'existence des autres communautés, des problèmes de celles-ci, de leurs impératifs, de leurs espérances, de leurs revendications… A la lumière de ces précisions, certains épisodes présentés comme de hauts faits, de grandes avancées, voire même de grandes victoires dans les manuels officiels, apparaissaient maintenant beaucoup moins glorieux pour ne pas dire carrément sordides.

C'était assez logique, bien entendu. Les vainqueurs écrivant généralement l'histoire, ils le faisaient à leur façon en présentant les choses à leur avantage. Et ce d'autant plus, en ce cas d'espèce, que les sorciers n'avaient que peu d'estime pour les autres créatures magiques.

Comme Hermione et Harry lors des rencontres précédentes, McGonagall et Buddy intervinrent souvent pour discuter l'un ou l'autre point, demander des précisions, commenter l'approche historique nouvelle des faits. Cela donnait à la leçon un aspect interactif où tout le monde prenait sa part… si bien que le temps filait sans que nul ne s'en rendît compte.

Quand l'heure du cours de rattrapage que McGonagall était censée assurer arriva, celle-ci, avec l'assentiment de ses élèves, proposa aux deux gobelins de poursuivre après s'être enquise, toutefois, que cela ne bouleversait pas leurs emplois du temps. Les érudits ne se firent pas prier et reprirent leur narration.

Depuis la reprise, Harry, tout en écoutant attentivement, observait la Directrice de Poudlard. Si elle aussi était plus qu'attentive, elle n'intervenait plus dans la discussion et son regard restait souvent fixe. Son esprit semblait être le terrain d'une activité intense. Analyses, supputations, desseins, naissaient au fur et à mesure de l'avancement du cours. Se pouvait-il que McGonagall, en ayant assisté à cette seule séance, en soit arrivée à envisager ce qu'Harry s'était résolu à lui suggérer sous peu ?

A la fin de la conférence, le silence se fit. Chacun prenait quelques instants pour savourer ce moment privilégié passé ensemble et se préparait à se lever pour prendre amicalement congé des autres. N'y tenant plus et surtout, voulant profiter d'une occasion favorable qui ne se représenterait peut-être pas, Harry décida de battre le fer tant qu'il était chaud.

« C'est dommage que l'histoire de la magie ne soit pas enseignée de cette façon à Poudlard ! » commenta-t-il d'un air faussement innocent, en dévisageant la Directrice.

« C'est justement ce que j'étais en train de me dire. » Révéla McGonagall. « Mais il faut bien reconnaître que ce que nous venons d'entendre s'écarte énormément du programme validé par le Ministère. En outre je ne sais pas dans quelle mesure le professeur Binns serait capable de changer sa méthode pédagogique et s'il serait à même d'intégrer des nouveautés dans son cours… il enseignait déjà lorsque j'étais moi-même étudiante et le contenu de ses cours n'a pas varié depuis. C'est vous dire ! »

« Ce qui est important, » déclara Hermione, « c'est de savoir quelle est la vérité historique ! Les faits sont les faits. C'est Binns lui-même qui me l'a fait remarquer en cours. S'il savait que ce qu'il enseigne ne représente qu'une facette de ces faits, je pense qu'il saurait en tirer les conséquences pour adapter ses leçons… mais quant à changer de méthode ! »

« Et pour ce qui est du Ministère, » estima Harry, « s'il a pas jugé utile de revoir le contenu du cours d'Histoire de la Magie depuis plus de cinquante ans, je crois qu'il est temps qu'il se mettre au boulot ! Mais de toute façon, l'école n'est pas obligatoire. Je suppose donc que l'enseignement dispensé doit s'accommoder de souplesse. Car comment contrôler les connaissances transmises par les professeurs du privé. Et en parlant du privé, notre école est bien un établissement privé, non ? »

« C'est juste, » nota McGonagall, « mais c'est bien plus complexe qu'il n'y paraît ! Nous sommes bel et bien un établissement privé et à ce titre, nous disposons d'une certaine liberté, sur le papier, quant aux matières enseignées et à leurs contenus. Cependant, de tous temps, l'école ayant toujours eu besoin des subsides du Ministère, se retrouvait plus ou moins sous sa tutelle. Ainsi, dernièrement, notre liberté se limitait au seul choix des matières optionnelles enseignées… et encore ! »

« De toute façon, d'une manière ou d'une autre, le Ministère a toujours exercé un contrôle sur l'enseignement. » Poursuivit McGonagall. « Même les précepteurs du privé ne sont pas libres. Pour pouvoir enseigner, tout éducateur doit obtenir un agrément ministériel. Pour cela, après avoir fait la preuve de ses compétences, ses diplômes en poche, il doit se conformer à la ligne directrice dictée par les pouvoirs publics. »

« Bref, » conclut Harry, « si je comprends bien, pour changer quoi que ce soit au cours d'Histoire de la Magie, il faut l'accord du Ministère… même si ce que nous enseignons est obsolète ou même carrément faux ! »

« Il vaudrait mieux en effet ! » répondit McGonagall. « Si le Ministère venait à prendre ombrage de ce que nous enseignons et décidait de nous retirer son aval officiel, liberté retrouvée ou pas, je pense que nous y perdrions une bonne partie de nos pensionnaires ! »

« Eh bien, il me semble que nous avons justement un Ministre sous la main … » jubila Harry. « Appelons-le pour lui poser la question… Danish ! »

L'elfe se transféra dans la seconde.

« Oui, Monsieur Harry ! »

« Danish, j'aimerais que tu te rendes auprès du Ministre de la Magie et que tu te renseignes pour savoir s'il aurait la possibilité de nous consacrer quelques instants… »

Aussitôt que l'elfe eut disparu, une idée qui avait déjà traversé l'esprit d'Harry en fin de matinée, lui revint. C'était osé, provocant… c'était probablement choquant mais là encore, c'était le moment ou jamais…

« Spearow ! » appela-t-il.

« Qu'y a-t-il pour votre service, Monsieur Harry ? » s'empressa de demander l'intéressé dès qu'il eut fait irruption dans le salon.

« Il faudrait que tu me trouves le Professeur Randell et les Directeurs de Maisons… tant que nous y sommes, Kingsley Shacklebolt serait le bienvenu lui aussi ! Et quand tu les auras tous trouvés, reviens ici toi aussi ! »

« Bien, Monsieur Harry, je m'en occupe ! » affirma Spearow avant de s'évaporer.

« Qu'est ce qui se passe, Harry ? Pourquoi tout ce monde ? Qu'as-tu en tête ? » l'interrogea Hermione.

« Patience, Herm' ! » temporisa Harry. « Tu vas bientôt l'apprendre… en même temps que tous les autres ! »

« Ne serait-il pas temps, pour nous, de nous retirer ? » demanda modestement Tovurk en se levant, aussitôt imitée par son confrère et par Faldrig.

« Non, pas encore ! » déclara Harry. « Le Juste a besoin de Maître Tovurk et de Maître Guvrok pour sa mission ! »

C'était la première fois qu'Harry revendiquait son titre gobelin. Cela ne manqua pas d'être remarqué et apprécié comme il se doit par les deux érudits qui reprirent sereinement leurs places sans demander plus d'explications.

Du coup, Faldrig ne sachant que faire, Harry s'avança vers lui pour lui serrer chaleureusement la main tout en l'encourageant à prendre très rapidement toutes les dispositions nécessaires à un avancement rapide du nouveau projet.

Après quelques instants, Danish et Arthur se matérialisèrent dans la bibliothèque.

« Ah ! Arthur, » s'enquit Harry, « comment ça se passe avec le Magenmagot ? »

« Nous avançons bien ! » répondit Arthur. « Les idées cheminent dans les esprits. Des théories naissent et sont débattues. Des visions apparaissent. Cependant, le plus dur reste à faire : nous mettre d'accord sur un projet commun ! Mais presque tout le Magenmagot semble gagné par un réel enthousiasme. L'importance des moments que nous vivons incite les Magistrats à coopérer, à donner leurs points de vue. La perspective de ce qui pourrait résulter de nos travaux les galvanise. Chacun veut y prendre part. Nul ne veut rester en marge de l'histoire ! »

« Aïe ! Désolé de t'avoir dérangé alors... » regretta Harry, « rien ne pressait à ce point ! Nous aurions pu attendre la fin de vos… »

« Pas de souci, Harry ! » Le coupa Arthur. « Nous étions en train de faire un compte-rendu pour les treize nouveaux membres qui viennent de nous rejoindre. Ma présence n'était pas indispensable. »

« Treize ? » s'étonna Harry.

« Oui, pour remplacer Dolorès Ombrage et les sept qui se sont démis lors du procès de Malefoy junior, plus Ruth Combs et les quatre qui l'ont accompagnée à son départ ! »

« Y en a eu que quatre pour partir avec Mrs Combs… » nota Harry, « j'aurais pensé qu'ils seraient plus ! »

« Moi aussi ! » ajouta Arthur. « Mais les Magistrats semblent décidés à te faire confiance. Ils ont vu d'un bon œil ton attente d'une société plus juste… et surtout, ils ont été amadoués par ton refus de prendre le pouvoir, de leur imposer tes volontés ainsi que tu aurais pu le faire ! Ils apprécient que tu leur laisses le soin de faire naître le Monde dont tu as esquissé les contours ! »

« Bah ! C'est plutôt bienvenu qu'ils le prennent comme ça ! » confessa Harry. « Car moi, je me serais assez mal vu à la barre. Critiquer… suggérer… donner des conseils… c'est facile et ça coûte pas grand-chose. Mais palabrer, discuter et batailler sans fin, construire, mettre tout en place, veiller aux détails… très peu pour moi ! »

« C'est bien comme ça que nous l'avions compris avec Griselda et Kingsley ! » souligna Arthur dans un clin d'œil. « Cela nous convient bien et nous profitons de la bonne aubaine sans bouder notre plaisir de pouvoir mettre les bouchées doubles ! »

« Et vous comptez dévoiler le résultat de vos travaux quand ? » demanda Harry.

« Comme je te le disais, nous avançons bien et le projet commun commence à se dessiner. Cependant, même si nous arrivons à le définir pendant notre séjour ici, nous attendrons quelques jours avant de le rendre public. Nous le peaufinerons encore un peu après avoir quitté Belcastel. Ainsi, même s'il sera évident que tu en auras été l'inspirateur, nous éviterons que l'on te soupçonne d'avoir pris le Magenmagot en otage pour imposer tes vues ! »

« Ha ! La politique ! » S'exclama Harry dans un gros soupir.

« Eh oui, » confirma Arthur, « il faut faire avec puisqu'on ne peut pas faire sans ! Mais bon… qu'est-ce qui nécessitait ma présence ? »

Harry fit patienter M Weasley le temps que tous ceux dont il avait réclamé la présence soient arrivés. Puis Minerva McGonagall se chargea de faire une synthèse de ce qui s'était dit dans l'après-midi et des décisions prises. Elle termina par le sujet qui avait requis la présence de ceux qui venaient de rejoindre le groupe… le cours d'Histoire de la Magie et sa réforme souhaitable.

« Si j'ai bien compris, » résuma Slughorn, « il ne s'agirait pas seulement d'une remise à jour incluant les évolutions récentes mais d'un grand toilettage accompagné d'un repositionnement historique complet ! »

« Tout à fait ! » confirma McGonagall.

« Mais… même si nous en adoptions le principe, comment ferions nous ? » s'inquiéta Flitwick, « les programmes n'existent pas et il est impossible de les mettre au point pour la rentrée prochaine ! »

« Sans compter que la révision dont il est question va certainement créer émoi et fronde parmi nos congénères ! » enchaîna Chourave.

« Eh bien, » intervint Harry, « la meilleure défense étant l'attaque, pour affronter la révolte, faisons carrément la révolution ! »

« Doucement, doucement, » s'alarma Arthur, « qu'est ce que tu entends par là ? Il faut éviter les accrochages mineurs, nos concitoyens vont avoir suffisamment de bouleversements révolutionnaires à se mettre sous la dent d'ici peu ! Le cours d'Histoire de la Magie est secondaire pour ne pas dire insignifiant dans tout ce qui se prépare… évitons d'y perdre une énergie qui sera bien utile ailleurs ! »

« Au contraire, » réfuta Harry, soudainement pugnace, « de secondaire, il va passer fer de lance car il sera mis au point et enseigné par les gobelins ! »

Cette affirmation laissa tous les interlocuteurs du Survivant momentanément sans voix. Tous, sauf McGonagall qui s'y attendait et qui fut donc la première à réagir. Se tournant vers Tovurk et Guvrok, elle demanda :

« Je suppose que les jeunes gobelins suivent des cours d'Histoire de la Magie ? Comment sont-ils articulés ? Pourrions-nous obtenir les programmes et les leçons ? Et auriez-vous des enseignants qualifiés à nous recommander ? »

« Un jeune gobelin commence son cycle d'enseignement secondaire à 16 ans. » répondit Guvrok l'enseignant. « Le cursus s'achevant à 26 ans, les cours sont découpés en 10 programmes successifs correspondants aux 10 années scolaires. Nous les tenons bien entendu à votre disposition… mais ils ne seront pas utilisables tels quels, il faudrait les remanier pour les faire correspondre à vos 7 années d'études ! »

« J'en reviens à ce que je disais, » insista Flitwick, « il ne nous sera pas possible d'étudier sérieusement ces cours, de les redécouper et de les valider pour la rentrée ! Et puis, que faisons-nous de Binns ? »

Cette nouvelle intervention du petit Directeur de la Maison Serdaigle jeta un froid. Harry en profita pour demander à Arthur :

« J'ai entendu dire que le Ministère conservait secrètement des retourneurs de temps… est-ce vrai ? »

« Oui… et non ! » répondit le Ministre. « Ils ont été détruits ou sérieusement endommagés dans la bataille du Département des Mystères. Comme ce Département est conservateur, les débris sont toujours là mais personne, à ma connaissance, n'a réussi à en réparer un ! »

« Ca devrait pas poser trop de problèmes alors ! » déclara Harry en se disant, qu'avec l'aide des elfes, il arriverait bien à faire quelque chose de ces débris.

« Ces objets sont dangereux, les conséquences de leurs usages sont imprévisibles et peuvent se révéler catastrophiques ! » avertit solennellement Slughorn.

« Pas si nous chargeons les elfes d'en contrôler strictement l'utilisation ! » affirma Harry.

« Attends Harry, » tenta encore de temporiser Arthur, « ce que tu veux faire avec ce cours d'Histoire de la Magie peut paraître accessoire et pourrait entrainer ce qui semblerait juste une tempête dans un verre d'eau. Mais les implications pourraient être désastreuses : l'opposition pourrait en faire son cheval de bataille en vue de rassembler une large opinion contre nous. Ensuite nous pourrions avoir à faire face à un bloc très uni et rencontrer une farouche résistance pour les réformes vraiment importantes ! T'es prêt à prendre ce risque ? »

« Tôt ou tard, les réformes passeront… » prophétisa Harry sur un ton combatif, « et elles auront d'autant plus de chances de passer qu'on aura formé la population et les futurs décideurs dans des écoles délivrant un enseignement de qualité, le plus objectif possible ! »

« Je changerai pas d'avis, Arthur… » poursuivit-il, buté. « Ce que nous allons faire à Poudlard est pour le plus grand bien de tous. Cela retardera peut-être certaines choses dans un premier temps, mais elles auront plus de chances de se produire et surtout de durer ! Alors, avec ou sans l'appui du Ministère, la réforme de l'enseignement à Poudlard, école privée indépendante, est en route ! »

« Tu sais bien que cela se fera avec l'appui du Ministère, » assura Arthur, décontenancé, « c'est seulement que cela n'arrive pas au meilleur moment dans notre agenda ! »

« Je propose une chose, Arthur, » concéda Harry, « le Ministère pourrait nommer des techniciens honnêtes, des historiens reconnus, chargés d'étudier les programmes gobelins. De leur côté, Tovurk et Guvrok pourraient réunir les spécialistes de leur peuple. Ensemble, cette commission technique pourrait remanier et valider les nouveaux programmes. Ainsi, entièrement développée sous le contrôle du Ministère, cette modernisation pourrait apparaître comme une initiative légitime de sa part… »

« D'autant plus qu'il ne sera pas nécessaire de rendre public que la base de révision des cours aura été gobeline ! » renchérit Guvrok. « Et les Gobelins pourraient donner plus d'impact à la chose en annonçant l'adoption des mêmes programmes dans ses propres écoles ! »

« Puisqu'il faut en passer par là… » maugréa Arthur, « mais je ne vous cacherai pas que ça me plaît pas du tout ! A vouloir tout faire en même temps on risque fort de tout faire rater. »

« Justement, Arthur, » intervint McGonagall, « pourquoi vouloir lancer les réformes politiques tout de suite ? Elles doivent déterminer l'avenir de l'ensemble du Monde Magique. Il vaut mieux ne pas donner la déplorable impression que les décisions qui vont être prises l'auront été dans la précipitation juste pour plaire à l'Elu ou sous sa pression. »

« Au contraire, prenez le temps de tester vos idées pour bâtir un projet qui puisse convenir au plus grand nombre possible de sorciers et pas seulement à quelques décisionnaires désireux de laisser leurs marques dans l'histoire ! »

« Les changements instillés à Poudlard pourraient servir de sonde. Comme tu l'as dit toi-même, la plus grande partie de nos concitoyens verront ces changements comme des amendements mineurs. Mais si nous nous y prenions bien et que ces évolutions leur apparaissaient positives, cela pourrait leur permettre d'envisager plus favorablement les grandes réformes à venir ! »

« C'est vrai ça ! » commenta Harry. « On est pas à quelques mois près, ça fait des siècles que rien ne bouge… Par contre, à Poudlard, on peut y aller franco, c'est le moment ou jamais. Et pas seulement pour l'Histoire de la Magie ! Par exemple, le cours d'Etude des Moldus devrait être entièrement repensé. J'aimerais bien aussi qu'on se penche un peu sur les recettes du Professeur Rogue, qu'on teste ses potions… que tout le monde puisse profiter, comme je l'ai fait, de son expérience. Et finalement, faire travailler les élèves sur des manuels estampillés suivant les recommandations de Maître Séverus Rogue, serait un juste retour des choses... une sorte d'hommage posthume. »

McGonagall resta sans voix cette fois. Les évènements la dépassaient. Si elle était globalement d'accord avec Harry, le suivre signifiait qu'à la mise à jour du programme d'Histoire de la Magie, l'on ajouterait le dépoussiérage de celui de Potions et la complète refonte de celui d'Etude des Moldus. C'était impossible d'organiser tout cela pour la rentrée prochaine. Elle avait besoin de temps pour mettre tout en place.

« Je sais pas, » hésita Harry, pour la première fois, en voyant la perplexité de la Directrice, « ça vous semble tellement énorme ce que je demande ? »

« Pour sûr, non ! » répondit, avant tout autre, une Hermione enthousiaste. « Je crois même que, tant qu'à faire, il faut aller au fond des choses : par exemple, j'ai toujours été agacée par le fait que beaucoup de nos camarades savent à peine écrire et encore moins compter ! Les moldus ont des cours d'anglais et de mathématiques jusqu'en fin de second cycle. Pour les sorciers, tout s'arrête à 11 ans, quand ils rejoignent Poudlard… je ne pense pas que les bases acquises à cet âge soient suffisantes ! »

« Et j'ai un bon exemple sur la question, » renchérit Harry, qui venait de retrouver tout son allant dans le soutien de son amie, « mon parrain… Sirius Black… sans dénigrer le grand sorcier au grand cœur qu'il était, j'avoue que quand il m'envoyait des hiboux à l'école, j'étais assez surpris par son écriture hésitante, rudimentaire. Visiblement, sur ce plan là, il en était resté au niveau d'un gamin. Avec ce que j'avais appris chez les moldus, j'en savais autant que lui… »

« Exactement ! » appuya Hermione. « Il ne faut pas aller chercher plus loin les raisons de l'échec de certains élèves : si prendre des notes est déjà un problème pour eux, tout le reste est fichu d'avance ! »

« Mais enfin, » réussit à glisser Arthur, « nous n'en sommes quand même pas là ! Vous exagérez tous les deux, qu'en pensent les professeurs ? »

« Eh bien, » expliqua Slughorn, prenant la parole à la place d'une Minerva amorphe dont les affaires ne s'arrangeaient décidément pas, « si nous devions tenir compte de l'orthographe et de la grammaire, sans même parler de la syntaxe ou du style, dans les devoirs rendus par nos étudiants… il est clair que cela changerait les résultats du tout au tout ! Mais comme l'école de magie n'enseigne ni la langue, ni la rhétorique, nous en faisons abstraction dans nos notations. Du moment que les compositions sont à peu près compréhensibles, nous nous en satisfaisons. Dans les faits, pour cet enseignement de base, nous nous en remettons aux familles. »

« Et il est vrai que du coup, c'est une forme d'injustice ! » remarqua la brave Pomona Chourave. « Car ceux qui sont le mieux lotis dans ce domaine, sont ceux dont les parents ont les connaissances et le temps nécessaire pour les leur transmettre ou qui peuvent se permettre de leur offrir des cours, voire même des précepteurs. En définitive, il faut bien admettre que, calcul, lecture et écriture, qui sont les fondements de la connaissance et de la culture, restent l'apanage, dans le Monde de la Sorcellerie, de la frange la plus aisée de la société ! »

« Nous pourrions argumenter là-dessus essentiellement ! » défendit Arthur qui entrevoyait un possible terrain d'entente. « En mettant l'accent sur cette véritable nouveauté, en la présentant comme la volonté d'offrir à tous le même enseignement, les mêmes chances… le reste pourrait passer pour une mise à jour justifiée après tant d'années d'immobilisme ! »

« Je ne voudrais pas m'imposer comme le rabat-joie de service, » réitéra Flitwick, « mais encore une fois… pour les programmes ! »

« Nous pouvons vous aider... » proposa Tovurk l'érudite, d'une voix tranquille mais qui en imposait. « L'anglais n'est pas la langue maternelle des gobelins. Aussi nos écoles se chargent-elles d'inculquer cette connaissance à notre population. Elles enseignent, d'ailleurs aussi, d'autres langues en option. Il sera facile d'adapter nos cours d'anglais en se rapprochant des cours moldus dont le cycle secondaire comporte sept années, comme le vôtre. Il suffira de changer les références littéraires à incorporer dans les programmes en prenant des exemples dans la littérature sorcière ! »

« De même pour les mathématiques, » compléta Guvrok l'enseignant, « tout le monde semble croire que les gobelins naissent en sachant compter. Si nous avons bien des prédispositions en la matière, notre maîtrise dans le domaine résulte d'une instruction rigoureuse généralisée. Pour le redécoupage des cours, nous pouvons également nous référer à ceux des moldus… mais en les allégeant allègrement : chez eux, il est nécessaire d'approfondir cette matière dans le but de stimuler des vocations pour la recherche scientifique. Mais chez vous, cette dernière est quasiment inexistante… vous, vous avez la magie… chacun son domaine ! »

« Voilà le moyen de boucler la boucle ! » conclut Arthur. « Que l'on décide d'incorporer un cours de mathématiques dans notre enseignement et que l'on choisisse des gobelins, qui passent pour les meilleurs en la matière, comme professeurs, voilà qui peut très bien se défendre. Que l'on prenne aussi des gobelins pour enseigner un cours de langue qui n'existait pas auparavant et que tout le monde considèrera, malgré tout ce que nous pourrons faire pour le mettre en avant, comme accessoire, passera dans la foulée… et dans cette foulée, la révision du cours d'histoire de la magie sera anecdotique. D'autant plus que je retiens la suggestion de Guvrok l'enseignant : nous ferons passer cela comme un échange de bons procédés… nous prenons les cours d'anglais et de maths des gobelins et ils prennent notre cours d'histoire de la magie, même si nous leur confions le soin de l'enseigner chez nous ! »

« Par Merlin, » commenta Slughorn, « Arthur, tu te révèles en tant que politicien des plus redoutables ! Même si je ne doutais absolument pas de tes qualités humaines, cet aspect de ta personnalité est une grande surprise, surprise que je savoure par ailleurs… à mon âge, il n'y a plus tellement d'occasions d'être étonné. Alors avec Harry et toi, je suis servi : voilà deux excellentes raisons pour moi de continuer à œuvrer parmi vous pendant quelques années encore ! »

« Et tu n'as pas tout suivi de bout en bout ! » se permit Kingsley. « En quelques jours, j'ai vu des stratèges de grande classe à la manœuvre : Oliver Sturgess, notre Harry national et ce bon vieil Arthur ! C'est une véritable délectation que de prendre du recul pour les observer. Aujourd'hui encore, je suis ébahi, je m'interroge sur qui manipule qui… mais bon, comme tous semblent y avoir trouvé leur compte, ça n'a pas vraiment d'importance. En tout cas, nous avons la preuve qu'Harry a été à très bonne école avec notre regretté Dumbledore… il faut dire que lui avait la stature d'un grand Maître ! »

« Bon, et pour les autres… » interrogea McGonagall en observant, tour à tour, les autres membres du groupe, « vous ne vous êtes pas exprimés. Vous n'avez pas d'objections à faire, une suggestion, une remarque ? »

Buddy et le professeur Randell firent non de la tête. Par contre Filius Flitwick en profita pour faire part, une nouvelle fois, de sa préoccupation :

« Et pour Binns, qu'est-ce qu'on fait… en admettant qu'il veuille bien se plier à ce que nous déciderons ? »

« Ce qui serait bien, » répondit Hermione en dévisageant longuement Harry, « ce serait de lui faire comprendre qu'il est temps pour lui de se reposer ! De lui expliquer qu'il y a autre chose que ce néant permanent dans lequel il évolue actuellement… évidemment, à un esprit terre à terre comme le sien, qui ne jure que par les faits, l'idéal serait de le lui prouver, mais ça ! »

Harry ne fut pas bien long à comprendre ce qu'Hermione attendait de lui. Il se demanda s'il lui serait possible de faire pénétrer un fantôme dans le voile. Après tout, pourquoi pas ? Les fantômes étaient bien… morts.

« Je vais m'y coller, » déclara-t-il, « et si ça marche pas, on avisera ! »

« Bon, » résuma McGonagall, « pour l'Histoire de la Magie c'est réglé mais je me retrouve avec des matières supplémentaires à insérer dans les emplois du temps. En plus, si j'ai bien compris, le cours de Potions est à revisiter tandis que celui d'Etude des Moldus est à remettre sur pieds… je me demande si j'ai bien fait de venir, moi ! »

Ne sachant pas si les paroles de la Directrice constituaient un reproche ou une boutade, se sentant un peu coupable, Harry sentit le besoin de se justifier :

« Allez quoi ! Tu n'es pas toute seule, Minerva. Avec de la foi et de la bonne volonté de la part de tous, on va y arriver… parce qu'au fond de moi, je suis persuadé que tout passe par Poudlard. Oui… tout commence à Poudlard… tout a commencé à Poudlard pour moi ! Et si nous voulons changer les choses, je suis sûr que c'est à Poudlard qu'il faut commencer… »

« Ce n'est pas faux ! » intervint Elliot qui, pour la première fois, se permettait de donner un avis. « Si la politique venait à échouer, le salut pourrait venir des étudiants formés à Poudlard. Soignons notre école et donnons-lui tous les atouts pour qu'elle soit à même de façonner les dirigeants que nous nous souhaitons pour demain, ceux qui seront susceptibles de prendre la suite pour réformer durablement notre Monde. »

« Et dans cette optique, » compléta Shacklebolt, « les cours annexes, comme ceux d'Etude des Moldus, d'Histoire de la Magie… peut-être même de Soins aux Créatures Magiques, et les nouveaux cours, où tout est à inventer, nous serons d'un grand secours. Ils peuvent même être déterminants. Outre le fait qu'ils soient novateurs, il faut les rendre attrayants, faire en sorte que nos jeunes soient ravis et impatients d'y assister. Si nous arrivons à faire ça, nous pourrons les utiliser pour véhiculer les messages que nous voulons faire passer… »

« Mais faisons bien attention à ce que nous allons faire ! » tempéra McGonagall. « Repositionnement de notre enseignement pour le rendre objectif… le plus conforme possible avec la réalité… oui ! Lavage de cerveau, endoctrinement, démagogie… non ! J'y veillerai personnellement. »

« Cela va sans dire… » la rasséréna Arthur.

« Oui, mais ça va mieux en le disant… pour éviter toute confusion ! » persista la directrice.

« Et donc, » enchaîna-t-elle, sans transition, en se tournant vers Tovurk et Guvrok, « les Gobelins se chargent de nous présenter tous les candidats nécessaires afin d'assurer les postes d'enseignants des matières : Anglais, Mathématiques et Histoire de la Magie ? »

Aux signes affirmatifs des intéressés, elle poursuivit :

« Et ils s'engagent également à fournir tous les programmes en temps voulu… »

« Le Juste s'y est engagé. Il a donc engagé le peuple Gobelin avec lui ! » rétorqua Tovurk l'Erudite avec étonnement devant ce qui lui semblait une évidence qu'il n'y avait aucunement lieu de confirmer.

La surprise changea de camp car, si l'on savait que Le Juste désignait Harry, personne, à l'exception d'Hermione, Buddy et Harry, ne comprenait en quoi les promesses de ce dernier obligeaient les gobelins.

« Naturellement, Horace, » reprit Minerva après un temps d'arrêt, « vous vous chargez d'organiser les choses pour le cours de Potions… »

Ce n'était pas vraiment une question. McGonagall avait repris son self-control. De même elle reprenait la barre aussi dans un domaine où elle excellait depuis des années. Et donc, elle dispensait les rôles et les tâches.

« Naturellement ! » Garantit fermement Slughorn, qui comprenait que la Directrice avait besoin de soutien. « Je m'occupe d'étudier avec quelques relations compétentes, les procédures de Séverus… Harry, il me faudra tous tes exemplaires de ses manuels annotés ! »

« Tu les auras bien sûr… » s'empressa d'accepter l'intéressé, « ou du moins, t'auras autant de copies qu'il t'en faudra, je garde les originaux… c'est un cadeau… personnel ! »

« Et je ne voudrais pas t'alarmer inutilement » continua Slughorn, « mais au sujet des retourneurs de temps, ils deviennent cruciaux avec tout ce qui est en cours. Sans eux nous n'aurons aucune chance d'accomplir tout cela pour le quinze août ! »

« Oui… oui… j'en suis conscient ! Mes elfes seront sur le pont… je suis sûr qu'ils sauront en réparer un et qu'ils pourront le dupliquer… et ils dupliqueront aussi les Manuels du Prince de Sang Mêlé ! »

« Encore une question en voie de résolution ! » nota McGonagall. « En fait, je me demande pourquoi je me suis inquiétée. Finalement, il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des solutions ! Bon, trêve de plaisanteries… Kingsley, Arthur… pour le cours d'Etude des Moldus, je crois que vous avez tous les spécialistes à votre disposition en ce moment ? »

Le Ministre de la Magie et son prédécesseur confirmèrent. Alors la Directrice conclut, péremptoirement :

« Alors vous vous les gardez sous le coude et vous me les mettez au travail dès que possible. Vous vous débrouillez comme vous voulez mais vous me faites livrer les programmes, le matériel nécessaire et les professeurs pour la rentrée ! »

Là encore, les paroles de McGonagall n'invitaient pas vraiment à la discussion. Aussi, Arthur et Kingsley ne les discutèrent pas. Tout Ministre qu'ils étaient ou qu'ils avaient été, maintenant que le plan de campagne avait été redéfini et que la réforme de Poudlard en était le terrain d'expérimentation, ils avaient tout intérêt à collaborer.

« Et pendant que nous y sommes, » recommença McGonagall après quelques secondes de méditation, « Elliot…nous avons toujours eu beaucoup de mal à trouver quelqu'un pour la fonction de titulaire en Défense contre les Forces du Mal. Il faut dire que le sort semblait s'acharner sur les locataires de cette charge qui, du coup, n'est pas convoitée. Je pensais avoir vaincu le mauvais œil en vous recrutant mais voilà que le sort se plaît à me jouer des tours. Comme il nous faut renforcer l'équipe enseignante, auriez-vous quelqu'un à me recommander… au moins un nom à me citer ? »

Pendant que le professeur Randell réfléchissait, Harry sentit que c'était enfin l'ouverture qu'il attendait pour jeter une autre bombe…

« Et nous visons l'excellence, hein Elliot ! » déclara-t-il malicieusement en regardant l'intéressé avec insistance. « Pas question d'un candidat de second choix… Qui est, d'après toi, la personne la plus qualifiée ? »

« Eh bien… » commença Randell, « je pense qu'au Bureau des Aurors il doit y avoir une ou deux personnes qui… »

« Non Elliot, nous voulons le meilleur ! » insista Harry. « Celui qui est largement au dessus du lot… c'est qui selon toi, là, tout de suite ? »

« Ben, y a toi alors… » tenta Elliot.

Surpris, Harry eut un temps de latence avant de répliquer.

« Oui… mais non ! Très flatté mais il en est pas question… moi, je vais suivre tranquillement ma septième année comme un étudiant tout à fait ordinaire. Enseigner ? Et puis quoi encore… j'en ai bien assez sur le dos comme ça ! »

« Un étudiant tout à fait ordinaire ? Est-ce que tu y crois vraiment ? » demanda Buddy.

« Bah, je suis pas naïf non plus, » répliqua Harry, « je sais bien que je vais être un objet de curiosité. Mais je l'ai toujours été. Survivant ! Elu ! Qu'est-ce que ça change ? J'espère bien, qu'en me faisant tout petit, les choses se tasseront assez vite comme elles l'ont toujours fait. »

« Bon… Harry hors du jeu, » reprit à son compte la directrice, « qui vous reste-t-il, Elliot ? »

« Je ne vois pas… » tergiversa Randell en regardant alternativement McGonagall et Harry.

Puis, voyant les mimiques de son élève qui l'observait, visiblement avec une idée derrière la tête, il comprit, à un regard appuyé de celui-ci en direction d'un petit personnage légèrement en retrait, ce qu'il devait dire :

« Si on ne tenait compte que de la maîtrise de la magie ou de la puissance, y aurait bien Spearow ! » se lança-t-il. « Cela dit, si nous visons l'excellence, savoir et pratique ne suffisent pas pour faire un enseignant hors pair. Il faut être pédagogue, avoir de la personnalité, de l'autorité… il faut-être crédible, quoi… »

« Pour ce qui est de l'autorité, » se marra Kingsley, « ce brave Spearow n'en manque pas. Certains magistrats l'ont appris à leurs dépens… n'est-ce pas, Arthur ? »

Shacklebolt était bien le seul à avoir réagi de cette manière. Tous les autres, y compris l'Elfe lui-même, étaient sous le choc de la suggestion du professeur de DCFM. Pas tous pour les mêmes raisons… Hermione rayonnait par exemple. Et bien sûr pas Harry qui avait fortement orienté les propos de son éducateur.

Ayant été apostrophé, le Ministre finit par dire :

« Il est certain qu'il ne manque pas d'autorité… là n'est certainement pas le problème ! Mais un professeur elfe ? Par Merlin, ce n'est pas pousser le bouchon un peu trop loin, un peu trop vite ? Et puis d'ailleurs est-ce qu'il veut être professeur ? »

Tout le monde se tourna vers Spearow qui se faisait soudain tout petit. A cet instant, il était redevenu le petit elfe, discret, apeuré, qu'il était avant d'avoir été affranchi par Harry. Attentive, Hermione le remarqua et s'adressa gentiment à lui :

« Cher Spearow, ta réaction est surprenante. Tout d'un coup tu sembles effrayé par l'idée de devenir un enseignant. C'est assez bizarre. Après tout, tu as bien accepté d'être le professeur d'Harry. En tout cas, sache qu'il n'est pas question de t'imposer quoi que ce soit ! Tu es libre, tu décideras tout seul… mais j'aimerais bien comprendre… Harry aussi, je pense. »

« Miss Hermione, » s'expliqua l'elfe, « ici, à Belcastel, ce n'est pas la même chose. Monsieur Harry nous a confié sa maison, son honneur et même sa personne. Il se repose entièrement sur nous, il nous fait confiance, il nous respecte, il nous… aime ! Alors le moins que nous puissions faire, c'est de veiller sur sa maison et sur lui parce qu'il découv… pour qu'il ne courre pas le moindre danger ! »

« Et qu'est-ce qui t'empêcherait de faire la même chose à Poudlard ? » l'interrogea Hermione. « Harry y sera aussi et tu pourrais continuer ton travail pour lui là-bas ! »

« Oui, Miss Hermione, mais il n'y aurait pas que lui ! » continua Spearow. « Enseigner à des êtres qui vous considère comme des esclaves, qui vous rudoient, qui vous méprisent, qui sont incapables de ressentir quoique ce soit de positif pour vous, ce n'est pas possible. Dans ces conditions, on les évite ou on essaie d'exécuter au mieux les ordres qu'ils nous donnent pour ne pas faire durer les contacts. »

« Eh bien, la question est réglée ! » annonça un Arthur soulagé.

« Pas encore… pas encore ! » objecta Harry. « Mon brave Spearow, comment se passent les choses, ici, en ce moment ! Nos hôtes sont irrespectueux avec toi ? »

« Irrespectueux… » répondit l'elfe, « non, ils ne le sont plus. Mais c'est parce qu'ils savent que nous vous représentons Monsieur Harry et qu'ils savent aussi que vous êtes intraitables avec ce type de comportements suite à l'incident de l'autre jour avec Aldrik le sage. Mais au fond d'eux, beaucoup nous considèrent toujours comme des êtres méprisables. »

« Beaucoup… mais pas tous ! » releva Hermione. « Certains ont déjà évolués. C'est un point positif, non ? »

« J'ai un problème Spearow, » déclara Harry, « je vais être un étudiant comme les autres, cette année à Poudlard. Mais je reste aussi Vice-Président du Conseil d'Administration de l'Ecole. En tant que tel, je me suis engagé à fournir à notre école les meilleures structures, les meilleurs enseignants, des cours de qualité surpassant tout ce qui s'est fait jusqu'à présent. Parce que tous ensemble, nous visons l'excellence. Le ministère, le corps enseignant actuel, mes nouveaux amis gobelins, tous m'apportent leur soutien dans cette entreprise. Mais viser l'excellence est quelquefois dangereux. Il peut arriver des accidents… et ça, c'est hors de question. Il n'est pas imaginable que des élèves courent le moindre danger. L'Honneur de l'Elu est en jeu. »

« Mais, si c'est que ça, » répliqua Spearow, « les elfes de Poudlard pourront veiller à ce que… »

« Non, parce que j'ai un autre problème ! » coupa Harry. « T'as tout suivi de notre discussion aujourd'hui… et sûrement même bien avant aujourd'hui. Alors tu connais les enjeux. Tout commence à Poudlard ! Les étudiants y suivront des cours modernisés et de tout nouveaux cours. Ils y verront aussi, pour la première fois, des professeurs gobelins… et ça ne sera pas facile pour ces derniers ! Pourtant ils viendront, parce qu'ils croient en eux et parce qu'ils croient en moi… »

« Peut-être qu'on verra, un jour, dans notre école, des professeurs moldus… pourquoi pas ? Les nouvelles matières s'y prêteraient bien. Mais avant ça, je voudrais qu'on y voie un elfe… pas un elfe esclave, un elfe libre, un elfe suffisamment sûr de lui et suffisamment sûr de moi pour s'affirmer devant l'élite que nous formerons. Oui, j'aimerais qu'on y voie un elfe qui m'aiderait à faire passer mon message… je me demande qui sera cet elfe assez courageux… aussi courageux que mes amis gobelins… je me demande qui sera cet ami elfe assez fou pour m'accompagner là où je vais… Dobby l'aurait sûrement fait mais il n'est plus là ! »

Spearow s'était redressé. Il y avait des paroles qui le faisaient réagir aussi bien que si l'on avait appuyé sur les boutons d'une télécommande. A propos de Monsieur Harry, les mots honneur, ami ou fou, étaient autant de leviers entraînant autant de subtiles réactions. Il avait repris des couleurs mais il doutait encore…

« Pour ce qui est de la façon de présenter Spearow, » intervint alors Elliot, « on pourrait envisager une démonstration pour le jour de l'inauguration ! A ce que j'ai cru comprendre, » continua-t-il en faisant un clin d'œil à Harry, « nous visons l'excellence ! Nous pourrions donc monter un petit combat spectacle, entre Spearow et moi, pour donner un petit aperçu de cette excellence. Ce genre de choses plaît toujours, nous en avons eu encore la preuve ce matin… et le cours de DCFM est l'un des préférés de nos étudiants. Dès qu'ils auront vu ce que Spearow sait faire, ils seront conquis. Il ne sera même plus question d'elfe pour eux mais plutôt de savoir combien de temps il leur faudra pour arriver à faire comme lui. »

« En voilà une idée qu'elle est bonne… » s'empressa d'approuver Harry.

« C'est ça… » protesta McGonagall, « en plus d'une rentrée, que nous avons avancé, pour laquelle je n'ai encore ni bâtiments, ni programmes, ni professeurs, vous voulez encore en rajouter avec une inauguration ? »

« Pourquoi ne pas faire les deux en même temps ? » demanda Buddy.

« Mais oui, » applaudit Hermione, « invitons les officiels ainsi que les parents d'élèves à assister à la rentrée de cette année et nous ferons d'une pierre deux coups ! »

La discussion se prolongea encore, au cours de laquelle Spearow ayant accepté le principe de devenir le premier enseignant elfe de l'histoire pour soutenir Monsieur Harry dans les engagements qu'il avait pris, l'on convint que la proposition d'une rentrée-inauguration serait une excellente opportunité de bien lancer les opérations... si on la préparait minutieusement ! Ce qui ne manqua pas de faire grommeler la Directrice.

Si bien que lorsque tout le monde se leva pour vaquer à d'autres occupations, McGonagall restant pensivement assise, probablement déprimée par l'ampleur de la tâche qui l'attendait, Harry se rassit, invitant discrètement Hermione à en faire autant. N'ayant pas été congédié, Spearow demeura dans la bibliothèque, se faisant aussi discret que possible.

« Ca va ? » s'enquit Harry après quelques secondes d'un silence qui l'inquiétait.

Semblant sortir d'un rêve et se rendant compte que les paroles prononcées s'adressaient à elle, McGonagall soupira et ânonna :

« Oui… je suppose que… oui ! De toute manière, il faudra que ça aille… on ne peut plus reculer… tu es exigeant, Harry… tu en demandes beaucoup… à tout le monde… »

Devant ce qui ressemblait sinon à un revirement, au moins à un recul, Harry fut peiné.

« Mais je pensais que c'était ce qu'il fallait faire… que c'était bien… » tenta-t-il de se justifier.

« Mon garçon, il faut se méfier de ce que l'on impose aux autres… même pour leur bien ! » le mit en garde la directrice. « Les moldus, auxquels tu te réfères assez souvent, ont une citation très explicite à ce sujet. Elle dit : l'enfer est pavé de bonnes intentions… »

« Exact ! » confirma Hermione. « Il me semble que c'est un philosophe allemand du nom de Hegel qui a écrit ça. »

« Toujours incollable en bibliographie, notre Hermione ! » répliqua la directrice dans un semblant de sourire.

« Vous croyez que je peux faire du mal aux gens en voulant leur bien ? » demanda Harry qui était resté sur la citation de McGonagall.

« Il me semble qu'Albus t'a parlé de la formule que lui et Gellert employaient quand ils étaient jeunes et que Grindelwald a reprise à son compte pour l'ériger en dogme par la suite ! Tu l'as citée au lendemain de la victoire en disant de notre regretté Directeur qu'il avait agi pour le plus grand bien de tous. Et tu l'as encore employée aujourd'hui. Ne doute pas un instant que Grindelwald ait eu les meilleures intentions qui soient pour notre monde. Par contre il y a beaucoup à dire sur la façon dont il s'y est pris pour tenter d'arriver à ses fins ! »

« Sans faire de parallèle grotesque, nous n'en sommes pas là, tu as quand même forcé la main de plusieurs personnes aujourd'hui… et certainement de beaucoup d'autres ces derniers jours ! Méfie-toi de ce penchant. Il pourrait te monter à la tête et t'amener à une sorte de surenchère… un genre de jeu ou le but final serait d'arriver à faire en sorte que tous, autour de toi, fassent exactement ce que tu veux ! Au bout du compte, le risque serait que si tu n'arrivais pas à les convaincre par la persuasion, comme tu essaies de le faire en ce moment, la volonté de réussir tes petits défis personnels te pousse à employer la force… »

« Je te remercie de ta franchise, Minerva, » apprécia Harry, redevenant un élève ayant besoin de soutien et de conseils, « elle me fait du bien, même si elle a tendance à renforcer quelques inquiétudes. »

« Tu t'inquiètes, Harry ? Pourquoi ? Je ne pense pas que tu puisses devenir le prochain Voldemort, pas même le prochain Grindelwald … » intervint Hermione.

« Si justement, je m'inquiète… » révéla Harry, « ce qu'a dit Minerva le confirme, je crois que, par moments, je suis plus moi-même… que je suis sous influence ! »

« Qu'est-ce qui te fait croire cela, Harry ? » demanda alors Minerva.

« Eh bien… » lanterna Harry, ne sachant pas comment présenter les choses à McGonagall, sans trop en dévoiler, « je parle soudainement de choses… comme si je les maîtrisais… alors que j'en ai jamais entendu parler avant. Je fais des discours… comme si j'étais un orateur… alors que le fait d'avoir à prononcer seulement quelques mots en public… me terrorisait… et me terrorise encore d'ailleurs. Je fais des choses… que j'ai jamais apprises… je sens simplement ce qu'il faut faire… par exemple, avec les potions… le Professeur Slughorn pourra te le confirmer… impossible que je rate une préparation aujourd'hui… même celles que je ne connais pas encore… »

Hermione ne comprenait pas l'anxiété d'Harry dont il ne lui avait pas fait part. Il faut dire que depuis le procès, Harry avait été accaparé. Chaque fois qu'ils avaient pu se retrouver, c'était en présence de personnes qui ne savaient pas tout ce qu'il y avait à savoir sur les reliques et donc, ils n'avaient pas pu échanger sur le sujet. Mais normalement, c'était réglé maintenant. Les reliques l'avaient aidé jusqu'à ce qu'il s'en sépare au cours de l'audience… simplement l'assurance et la connaissance qu'elles lui avaient apportées étaient restées.

« Et tu penses que ce phénomène n'est pas naturel, Harry ? » voulut savoir McGonagall. « Que quelqu'un… ou quelque chose voudrait prendre le contrôle de ton esprit ? Il faudrait que ce soit une force très puissante car tes pouvoirs à toi sont exceptionnels ! Depuis quand as-tu cette sensation ? »

Encore une fois, Harry se sentit coincé. Il ne savait pas ce qu'il pouvait dire et pourtant il fallait qu'il parle pour obtenir de l'aide. Il jeta un regard égaré à Hermione. Et celle-ci comprit que, même si elle ne comprenait pas pourquoi, c'était grave… au moins dans la tête d'Harry.

« En fait, » expliqua-t-elle à la directrice, « vous ne savez pas tout sur les Reliques de la Mort… vous savez juste qu'Harry les a réunies et qu'il les a détruites… mais il y a beaucoup plus à en dire… »

Avec toute la capacité de synthèse dont elle était capable, Hermione résuma ce qu'elle savait des trois fabuleux artefacts. Une fois encore, Harry fut émerveillé par la faculté qu'avait son amie d'expliquer simplement les choses les plus complexes. Quand elle relia les Reliques à la Magie Créatrice, il espéra néanmoins qu'Hermione n'irait pas jusqu'à parler du voile. Cela faisait partie intégrante de lui, c'était intime.

Hermione fut égale à elle-même. Le fait d'évoquer le voile et de mentionner la faculté qu'avait Harry de décider du moment où il quitterait le monde des vivants, n'apportant rien à l'explication qu'elle était en train de donner, elle l'occulta naturellement. Sans doute parce qu'elle jugeait qu'il ne fallait peut-être pas tout révéler en même temps… en tout cas pas sans l'assentiment explicite d'Harry.

« Ce que je ne comprends pas, » conclut-elle, « c'est que ça te trouble maintenant, Harry. Parce que les Reliques sont détruites. Ce que tu sens, c'est probablement juste les traces de leur influence… je dirais plutôt les traces du soutien qu'elles t'ont apporté ! »

Alors Harry expliqua ce qui s'était réellement passé dans la salle des cérémonies d'apparat du ministère de la magie. Il raconta tout… tout ce qu'il lui avait été donné d'en retenir lui-même. Et il finit en disant pourquoi il en était arrivé aux conclusions qui le perturbaient :

« Vous comprenez, les Reliques sont en moi maintenant. Je ressens leur présence de plus en plus chaque jour. Je leur avais demandé de m'aider chaque fois que c'était possible, de me soutenir, de me guider. Et elles le font. Elles le faisaient déjà avant d'avoir fusionné avec moi… c'était flagrant pour le discours de l'école où j'étais paniqué à mort et où j'aurais pas pu sortir un mot sans elles. C'était encore plus évident au tribunal, dans la première partie du procès, où je me suis comporté comme un ténor du barreau alors que je n'ai que de vagues connaissances juridiques… ce que je devais dire m'était carrément soufflé ! »

« Mais ça n'a rien à voir avec l'ampleur que ça a pris maintenant… Dans la deuxième partie du procès, c'était plus vraiment moi qui agissait par moments. J'étais serein, tout était étrangement clair dans ma tête. Je me contentais de penser à ce que je ressentais, à ce que je voulais et tout s'organisait méthodiquement. Mon corps se mouvait presque indépendamment de moi, ce que je devais dire où faire ne m'était plus soufflé mais infusait directement en moi. Et cela se reproduit chaque fois qu'une situation tendue survient… »

« Alors… oui, j'ai peur ! J'ai peur de perdre le contrôle, de devenir une marionnette dirigée par les vestiges des esprits de ceux qui ont possédé les reliques avant moi et qui étaient suffisamment puissants pour les imprégner… Cette capacité de manipuler les gens qu'a vu Kingsley en moi, c'était pas moi ça, c'était Dumbledore… Pour le bien de tous ! C'est pas moi non plus, c'est Grindelwald et pourtant c'est aussi ce que je suis en train de faire. Comment être sûr de pas devenir un monstre avec ça en moi ? »

Hermione et McGonagall se regardèrent pour savoir qui allait parler et aussi pour prendre le temps de réfléchir à ce qu'elles pouvaient répondre pour apaiser Harry. Le cas était unique et il était certainement délicat de parler à chaud comme ça. Mais Harry était si anxieux qu'on ne pouvait pas non plus le laisser seul à seul avec son dilemme.

« Tu sais, Harry, » se lança Hermione, « avec tout ce que tu m'en as raconté, je ne crois pas que les Reliques te veuillent du mal ou qu'elles souhaitent faire de toi une marionnette. Elles t'ont choisi, elles te connaissent et elles savent que tu ne supporterais pas ça. Je pense qu'il faut que tu les apprivoises… non, c'est pas ça… il faut simplement que tu canalises leurs ardeurs ! Depuis quand tu n'as plus communiqué avec elles ? Il faut leur dire quand leurs interventions sont souhaitables et quand elles ne le sont plus… tu n'as pas défini de limites au guidage qu'elles sont censées t'apporter. Alors elles font du zèle. »

« Jusqu'ici, je n'avais pas imaginé, » ajouta McGonagall, « qu'un artefact pouvait garder des traces de la personnalité des gens qui les avaient possédés. Mais si une baguette magique est capable d'emmagasiner de l'expérience, pourquoi ne pourrait-elle pas aussi garder un peu des habitudes, des intentions, des volontés profondes de ses propriétaires. Ce qui arrive à Harry tendrait à le prouver… toutefois, je pense qu'il n'y a pas lieu de s'en alarmer. Hermione est certainement dans le vrai. Les Reliques ne cherchent pas à prendre la direction des opérations. Mais comme tu leur as laissé la bride sur le cou, elles interviennent tout le temps et elles le font à la manière qu'elles ont mémorisée et qui ne convient pas forcément à ta personnalité ! »

« Harry, jusqu'au procès, je sais que tu t'exerçais quelques minutes chaque jour pour améliorer la communication avec les Reliques, » reprit Hermione, « tu le fais toujours ? En as-tu eu le temps ? »

« Non… pas vraiment parce que je manquais de temps mais parce que la communication passait très bien. Et que je n'avais pas pris vraiment conscience de ce qui se passait. Mais c'est bon, j'ai compris l'idée, je vais m'y remettre ! » déclara Harry, pas tout à fait rassuré.

« Et comme la communication est bonne, c'est sûr ce que j'attends d'elles que je vais tâcher de me concentrer. Il faut absolument qu'elles continuent à m'aider mais en tenant compte de ma nature et de mes idées à moi. Qu'elles me conseillent, oui ! Mais qu'elles fassent de moi quelqu'un d'autre, non ! En tout cas, merci de m'avoir peut-être permis de résoudre mon problème… »

Harry réfléchissait déjà à ce qu'il allait demander aux Reliques. Il n'y avait pas besoin non plus qu'elle le laisse redevenir aussi empoté et timoré qu'avant. Oui, il fallait qu'il leur explique très précisément tout ce qu'il attendait qu'elles fassent pour lui. Cela allait prendre du temps… mais ça n'était pas un problème : quelques passages dans le voile allaient s'imposer, tout simplement.

A priori, en lui, les Reliques s'en réjouissaient d'avance…

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Harry était abasourdi. Rien ne lui avait permis de prévoir ce qu'il venait d'entendre. En l'occurrence, pour la circonstance, il ne s'était vraiment pas attendu à quelque chose de spécial. Il regarda les autres témoins pour se faire une idée de leurs réactions respectives. La situation était gênante… stupide… drôle aussi… et, assurément, sa chute était un vrai ballon d'oxygène par comparaison à la tension extrême qu'elle avait entretenue précédemment. Du coup, il ne savait quelle attitude adopter. Fallait-il faire preuve d'une apathie de bon aloi ? Fallait-il tout simplement en rire ? Ou fallait-il en profiter pour souffler de soulagement ?

De bon matin, il s'était levé sans entrain. Parce qu'il connaissait le programme de la journée. Parce qu'il savait que ce jour allait être long et qu'il aurait bien voulu qu'il soit déjà derrière lui. Parce qu'aujourd'hui, les auditions sous Veritaserum allaient commencer tout de suite après le petit déjeuner et qu'il devait les superviser. Parce que ça ne lui plaisait pas de voir passer Arthur, Griselda et les autres à la moulinette.

Et, aussi bien parce que cela ne lui plaisait pas que parce qu'il ne se sentait pas suffisamment sûr de lui pour veiller au bon déroulement des opérations, il avait demandé à Spearow de l'aider dans sa mission de surveillance.

Comme prévu, le Ministre de la Magie était le premier à subir l'épreuve de vérité. Kingsley Shacklebolt et l'un de ses hommes, l'Auror Mitch Williamson, menaient les premiers interrogatoires. Et comme il faisait lui-même partie du Magenmagot, il était d'ores et déjà planifié que le Chef du Bureau des Aurors passerait lui-même à la question. Son audition clôturerait cette première journée d'investigations qui s'annonçait interminable.

Lowell Mortimer Sheffield et Archibald Forrest Bradshaw assistaient également à ces premières séances, en observateurs, pour s'assurer de leurs exemplarités, pour avoir la certitude qu'il s'agirait de véritables enquêtes, que nul ne pouvait prétendre à un traitement de faveur. Car, depuis le départ de Ruth Combs et de ses acolytes, Sheffield et Bradshaw pouvaient être considérés comme les chefs de file de l'opposition. Certes, une opposition modérée mais une opposition quand même.

Après qu'il eut avalé ses gouttes de Veritaserum, l'attitude d'Arthur ne s'était pas modifiée. Le breuvage semblait n'avoir eu aucun effet sur lui. Il observait Harry en affichant sa petite attitude paternaliste habituelle pendant que Kingsley et Mitch revoyaient les questions qu'ils allaient lui poser dans quelques secondes, le temps nécessaire pour avoir la garantie que la potion magique ait agi.

Le sourire de M Weasley avait été si candide, si confiant, qu'Harry n'avait pas résisté au plaisir de lui faire une petite mise en garde humoristique :

« Si j'étais toi, j'arrêterais de rire comme un niais parce que, dans un instant, tu vas nous dire tout ce que t'as fait de mal dans ta vie ! Des choses si méprisables que jamais t'as pu en parler à quelqu'un… »

Arthur s'était raidi et avait abandonné immédiatement sa petite mine réjouie. Shacklebolt et Williamson s'étaient tournés vers Harry d'un air consterné que celui-ci n'avait pas compris pas… pas tout de suite.

« T'étais au courant, Harry ? » avait soudain demandé Arthur avec inquiétude. « Comment ? Qui te l'a dit ? Je croyais que personne savait… C'est vrai, je suis un monstre. Ce que j'ai fait est impardonnable. Je ne mérite pas la chance que j'ai… »

« Allons, allons, » était intervenu précipitamment Kingsley pour tenter d'endiguer le flot de paroles de son ami, « ce que tu as fait n'est certainement pas aussi grave que ça ! Prends le temps de souffler, nous allons te poser des questions précises qui appelleront des… »

« Mais laissez-le donc parler ! » avait coupé un Sheffield très intéressé, dans un ricanement féroce. « Si notre Ministre de la Justice a des choses graves à se reprocher, il est préférable que le Monde Magique en soit informé ! »

« Il a raison ! » avait affirmé péremptoirement Arthur. « Je peux pas me taire plus longtemps après une telle trahison… »

En entendant cela, Harry avait senti ses cheveux se dresser sur sa tête. Arthur avait trahi ! Ce n'était pas imaginable. S'il ne l'avait pas entendu de ses propres oreilles, il n'y aurait jamais cru. Il n'en était pas revenu. La surprise lui avait coupé les jambes et il s'était laissé tomber dans son fauteuil.

Shacklebolt avait demandé à Spearow de lancer un « Silencio ! » à Arthur dont la volonté de poursuivre sur sa lancée était évidente. Le Chef des Aurors avait aussitôt complété sa demande en réclamant un « Immobilis ! » pour bloquer définitivement la ferme résolution du Ministre. Il s'était ensuite tourné vers Harry pour lui expliquer :

« Lorsque l'on utilise du Veritaserum pour un interrogatoire, il ne faut pas poser de questions ouvertes ou d'ordre général. La magie de la potion inhibe totalement la volonté du témoin. Elle agit en lui insidieusement et de telle sorte qu'il ne peut s'arrêter de parler tant qu'il croit n'avoir pas tout dit. La notion de mal est très vague. Chacun en a une interprétation personnelle. Ainsi des faits bénins pour certains, peuvent être considérés comme terribles pour d'autres… et cela pourrait être le cas de notre cher Arthur ! De la façon dont tu l'as abordé, nous pourrions passer des heures à l'écouter nous raconter tout ce qu'il pense avoir fait de mal dans sa vie : du tirage de cheveux dans les cours de récréation quand il était jeune, en passant par le chapardage de friandises dans les réserves de sa grand-mère, aux infractions plus ou moins graves qu'il a commises. Il va commencer par ce qui lui semble le plus sérieux et continuer avec tous ses supposés méfaits, par ordre décroissant d'importance jusqu'à nous dire jusqu'à quel âge il a fait pipi au lit ! »

A la lumière de ces précisions, Harry avait regretté son petit trait d'humour irréfléchi. Son « … tu vas nous dire tout ce que t'as fait de mal dans ta vie ! » était particulièrement maladroit dans le contexte.

« Ecoutons déjà ce qu'il a à nous dire ! » avait décrété Bradshaw. « Si la trahison dont il parle n'a rien à voir avec l'objet de l'enquête et qu'il se montre intarissable, il sera toujours temps de lui faire prendre un antidote ! »

Kingsley avait alors fait signe à Spearow de délivrer le Ministre de la Magie.

« …oui, Harry, c'est très, très grave… je suis un être vil ! » avait continué Arthur comme s'il n'avait jamais été interrompu. « Tu comprends, on peut pas me faire confiance… je l'ai trahie… trompée ! »

« Quand et comment avez-vous trahi notre confiance ? » avait alors demandé Williamson.

« Pas la vôtre… la sienne ! » venait d'expliquer Arthur. « C'était en 1967… pendant l'été avant notre septième année à Poudlard… j'ai séduit la belle Yesenia Vance… et j'ai trompé honteusement ma petite Mollynette ! »

A l'air abattu qu'affichait M Weasley, ce qu'il venait de révéler était, selon lui, un évènement majeur qu'il concevait comme d'une importance capitale. A n'en pas douter, pour lui, le fait d'en parler était difficile mais également inévitable au regard de la question indirecte que lui avait malencontreusement adressée Harry.

Tandis que ce dernier guettait le comportement des observateurs tout en se demandant quelle contenance il fallait adopter, Kingsley tenta de reprendre la barre :

« Arthur, ce que tu viens de nous raconter est probablement très grave de ton point de vue mais n'entre pas dans le cadre de nos investigations d'aujourd'hui… »

« Je ne suis pas du tout d'accord avec cette assertion ! » se récria Sheffield, clairement enclin à faire feu de tout bois. « Je trouve, au contraire, que cet aveu est de nature à nous donner une illustration plus nette de celui qui a été choisi pour nous guider. S'il a été capable d'une telle vilénie à l'égard d'une compagne fidèle et sans reproches, Merlin seul sait de quoi il pourrait se rendre coupable dans le cadre de fonctions corruptrices à la tête de l'Etat ! »

« En l'occurrence, » intervint Harry, qui se sentait responsable des révélations d'Arthur, « j'aimerais bien que cette information totalement hors sujet ne sorte pas de cette salle ! »

« Les hommes d'état se doivent d'être exemplaires ! » réfuta catégoriquement Lowell. « Il faut qu'ils soient transparents. Leurs déclarations, leurs attitudes, leurs comportements entrent dans le champ du domaine public. Cette info… ».

« …restera entre nous ! » coupa et termina Bradshaw qui, observant Harry, le voyait se crisper dangereusement. « N'en fait pas trop, Lowell ! M Potter a tout à fait raison. Ce fait est sans rapport avec l'enquête. S'il fallait écarter du pouvoir tous ceux qui ont un jour fauté de la sorte, je ne sais pas s'il resterait une seule personne pour diriger le Monde ! »

Harry voyait bien, à la contenance de Sheffield, que celui-ci n'était pas du tout convaincu. Mais il laissa retomber sa tension. Au moins, l'intervention apaisante du second observateur de l'opposition avait eu pour principal mérite de lui couper l'herbe sous les pieds, étouffant dans l'œuf l'incisive attaque verbale qu'il préparait et dont il tâchait de découvrir maintenant, si elle avait été entièrement de son cru. Les intentions qui lui étaient venues sous l'effet de la colère et auxquelles il avait momentanément renoncé, ne lui avaient-elles pas été inspirées par les Reliques ? Avec celles-ci, il méditait le sujet.

Pendant ce temps, Kingsley et Mitch avaient repris la direction des opérations. L'audition du Ministre de la Justice, dans une forme conforme au protocole prévu, se déroulait au mieux : très calmement et très professionnellement. Harry suivait la séance dans une attitude très concentrée mais en fait, son attention était en grande partie dédiée à une analyse introspective… avec le concours des Reliques.

Ainsi qu'il l'avait été généralement conjecturé, rien d'alarmant n'était ressorti du témoignage d'Arthur Weasley. Les deux Aurors venaient de conclure la dernière série de questions et, par acquit de conscience, revoyaient leurs notes afin de vérifier que rien n'avait été omis.

« Monsieur le Ministre, dites-nous ce que vous pensez réellement de l'Elu ! Et êtes-vous en parfait accord avec ce qui se passe ici en ce moment ? »

S'étant aperçu de l'inattention des autres protagonistes, Lowell Mortimer Sheffield en avait profité pour se rapprocher subrepticement d'Arthur et lui poser sa question abusive à mi-voix. Il espérait obtenir une réponse dont il pourrait utilement se servir dans le combat politique qui se profilait.

« Ce bon Harry est un bien brave garçon ! Mais il est bien jeune et trop naïf aussi ! Comme il est incontournable en ce moment, nous comptons bien l'utiliser pour… » eut le temps de répondre le Ministre, de sa voix normale, avant que les autres ne réalisent.

« Spearow ! » avait invité Shacklebolt, en désignant Arthur du doigt, dès qu'il eut compris ce qui se passait.

L'elfe avait déjà réduit le Ministre au silence lorsqu'Harry prit conscience de la situation. Grâce à la réaction de Kingsley et à la présence opportune de Spearow, le pire avait été évité. Mais décidément, ce Sheffield qui ne respectait pas les règles du jeu qu'il avait contribué à définir, méritait une leçon.

« L'interrogatoire du Ministre de la Justice est terminé ! » déclara-t-il officiellement pour se laisser le temps de réfléchir à une riposte approprié contre le représentant de l'opposition. « Spearow, pourrais-tu faire raccompagner M Weasley dans sa chambre et veiller à ce que nul ne puisse l'approcher tant que le Veritaserum sera actif ? »

« Si Monsieur Harry veut bien me permettre, » rétorqua l'elfe, « j'ai mieux à lui proposer ! »

Harry hochant la tête, Spearow s'approcha de lui et lui chuchota :

« Observez bien l'aura du sujet, M Harry ! »

Du fait qu'Arthur était désactivé, Harry ne s'était pas spécialement intéressé à son champ magique jusque là. Celui-ci affectait la couleur grise caractéristique propre aux champs des sorciers désactivés… rien n'y semblait différent de tous ceux qu'il pouvait voir actuellement à Belcastel. Pourtant, comme Spearow le lui avait suggéré, il se concentra davantage.

Précédemment, les elfes lui avaient déjà appris que les auras donnaient énormément d'indications sur les capacités des sorciers et leurs dispositions du moment. Pour cela, il fallait essentiellement porter son attention sur les fluctuations de toutes sortes qui affectaient l'aura étudiée. Toutefois, la grisaille triste des champs de sorciers neutralisés était difficile à interpréter. Il eut alors l'idée de comparer l'aura d'Arthur avec celles des autres sorciers présents. Et là, de petites perturbations, à peine plus sombres, qui se propageaient cycliquement dans la première, lui apparurent.

« Vous-y êtes, Monsieur Harry ! » murmura Spearow qui, à la mine d'Harry, avait deviné que celui-ci était sur la bonne voie. « C'était une bonne idée de faire le rapprochement des auras. Néanmoins, ce sera encore plus probant de cette façon… »

L'elfe réactiva Arthur et effectivement, dans sa blancheur éclatante retrouvée, les ondes centrifuges sombres troublant épisodiquement le champ magique du Ministre, devinrent flagrantes. Comme Harry attendait visiblement une explication, Spearow, toujours très discrètement, ne se fit pas prier :

« Quasiment toutes les potions conçues par les sorciers ont des vertus magiques. Le Veritaserum n'échappe pas à la règle. Les petites stries sombres que vous voyez dans l'aura du Ministre de la Magie, correspondent aux déséquilibres provoqués par la magie de la potion dans son champ magique. Il faut préciser que les stries en question ne seront pas forcément sombres, de même fréquence et ne s'écarteront pas forcément du centre comme nous pouvons l'observer dans le cas présent. Tout dépendra de la magie contenue dans la potion ou le sort affectant les facultés du sujet étudié ! »

« Maintenant, ce que je vais vous montrer ne doit jamais être fait à la légère ! Il faut savoir parfaitement doser et être conscient que le risque d'altérer les capacités du patient traité est très important… »

Sous les yeux d'Harry, les ondes obscures déferlant épisodiquement dans l'aura d'Arthur, s'espacèrent dans un premier temps pour complètement disparaître au bout d'un moment. Par contre, un anneau gris clair, apparemment stable, persistait dans le champ sphérique magique. Le Survivant s'attendait à ce que l'elfe le fasse disparaître lui aussi. Et comme il ne le fit pas, le jeune homme s'empressa de lui demander pourquoi.

« Ceci ne constitue pas une altération des pouvoirs du Ministre mais bien l'une de ses caractéristiques. Si Monsieur Harry avait été plus observateur, il aurait pu se rendre compte que cette particularité était présente bien avant aujourd'hui. Elle démontre que si M Arthur Weasley n'est en aucun cas un adepte de la magie noire, il en a fait usage soit pour maîtriser certains sortilèges, soit pour élaborer certaines potions. En rectifiant cette anomalie apparente, on pourrait le priver d'une partie plus ou moins importante de ses acquis ! »

« Ok ! » répondit Harry à voix haute, attirant l'attention de tous dans la salle d'interrogatoire. « Voyons si ça a été efficace ! Arthur, peux-tu nous dire tout ce que t'as fait de mal et que tu nous as caché jusqu'ici ? »

« Ha ! Parce que ça ne te suffit pas ? » répliqua l'intéressé, prouvant ainsi que le Veritaserum n'agissait plus. Les deux Aurors se jetèrent des regards étonnés pendant que Sheffield et Bradshaw, médusés eux aussi, considéraient Spearow avec effroi. Depuis quelques jours, les sorciers pouvaient se rendre compte qu'ils avaient toujours vécu à côté de créatures nanties de pouvoirs considérables… qu'ils maltraitaient généralement. Cela leur faisait froid dans le dos.

Cependant, Lowell Sheffield se reprit rapidement :

« Nous avons pris du retard sur le planning du jour ! » remarqua-t-il doucereusement en direction d'Harry. « Votre elfe pourrait peut-être aller chercher la Présidente-Sorcière pour que cette journée puisse reprendre son cours ! »

Avant de répondre, fidèle aux principes qu'il avait décidé d'adopter désormais, Harry se donna encore un temps de réflexion. Il n'avait pas encore décidé comment il convenait de réagir aux incartades du Magistrat récalcitrant. A froid, après le petit interlude que lui avait offert Spearow, il conclut que si les Reliques l'avaient inspiré, elles l'avaient fait dans le respect de ce qu'il était. Ce qu'il allait ordonner collait parfaitement avec sa façon à lui de voir les choses.

« Je change le programme du jour ! » notifia-t-il sévèrement. « La prochaine audition se fera en présence du Magenmagot au complet et ce sera celle du Magistrat Lowell Sheffield ! »

« Vous ne pouvez pas faire cela ! » protesta énergiquement Sheffield. « Dans ce qui a été négocié, vous êtes le garant de la bonne tenue des interrogatoires. Mais vous ne devez en aucun cas les organiser et encore moins y prendre part ! »

« Je remplis mes obligations ! » affirma Harry. « C'est vous d'ailleurs qui m'y avez poussé. En ne respectant pas les règles de votre propre jeu, vous m'avez conduit à constater que les garanties données à chacun d'entre vous avaient été bafouées pour le Ministre de la Justice. Je reconnais que cela m'est dû en partie. Ma maladresse a conduit Arthur à nous faire des aveux n'ayant pas de rapports avec l'enquête. Votre détermination à les rendre publics quand même est en porte-à-faux avec les engagements pris de part et d'autre. Comme l'a été également votre attitude lorsque que, en connaissance de cause, vous avez tenté d'obtenir des déclarations sans corrélations avec l'objet de l'enquête ! »

Sans laisser le temps à quiconque de répliquer, Harry ordonna :

« Spearow ! Que les elfes m'organisent tout ça dans la grande salle à manger… début de l'interrogatoire extraordinaire dans quinze minutes. Kingsley ! Mitch ! C'est le temps dont vous disposez pour préparer tout un lot de questions supplémentaires. Car je veux que, en plus de l'audition planifiée, le Magenmagot entende tout ce qu'il y a à savoir sur ce monsieur : s'il a été un enfant sage ou un cancre, s'il a menti, trompé, chapardé ou volé, s'il a triché pour obtenir ses BUSE ou ses ASPIC ou en toute autre occasion ! Bref, je veux qu'après son interrogatoire, plus personne n'ait envie de suivre ses traces ! »

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Fin du chapitre douze

Par rapport à ce que j'indiquais à certain(e)s d'entre vous en juillet dernier, il a été assez long à éditer. Mais c'était pour la bonne cause. Je me disais que peut-être l'envie vous prendrait de relire ma fiction à l'occasion de la publication de ce chapitre et que c'était probablement le meilleur moment pour moi de la remanier… aussi n'ai-je pas voulu poster le 12° épisode avant d'avoir mené à bien la révision complète de mon histoire.

Une petite remarque à faire ? Une suggestion ? Surtout n'hésitez pas !

J'imagine qu'à votre avis, cet opus a dû cruellement manquer de… Drago !

Mais le Monde Magique et son évolution ne se réduisent pas, pour moi, à la seule histoire de Drago et Harry. Comme le disait une autre éminente auteure de ce site, si j'emmène bien mes tourtereaux à Venise, rien ne m'empêche de leur faire faire quelques étapes intermédiaires ou de leur faire prendre des itinéraires distincts.

En tout cas, rassurez-vous, notre cher blond va revenir dès le prochain épisode pour son entretien d'embauche avec… Hermione : épisode qui ne devrait pas manquer de piquant !

A bientôt !

Harry Potter - Le Maître de la Mort - Chapitre 10 - Page 36 / 36