Obsession
Bonjour à tous !
Eh oui, je reviens dans le monde des fics avec un petit one-shot. Du moins la 1ère partie... C'est un thème peu abordé j'avoue mais j'avais beaucoup envie d'écrire dessus... L'analyse faite en italique est une synthèse faite par moi des infos que j'ai récoltées sur le net. Ah oui, et j'annonce la couleur : je me décharge de toutes responsabilitées ! Allusions sexuelles obliges, gare aux âmes sensibles !
Voilà c'est un petit cadeau pour les fêtes haha, et bientôt la suite de Doll house, mon duo avec Sabrina.
Sur ce, bonne lecture !
Et joyeuses fêtes.
Kyara.
Il existe dans le monde de nombreuses personnes victimes de cette maladie. La dépendance sexuelle est considérée comme une pathologie psychologique, elle est équivoque à une drogue. Il faut savoir avant tout que les gens atteint de cette maladie sont esclaves de leur vie sexuelle : il est faux de penser que ces gens ont une vie sexuellement satisfaisante, au contraire, ils souffrent de cette perte de comportement, de cette domination, de cette perte de contrôle. Ils peuvent parfois être excessifs dans leurs gestes (violents) ou dans leurs paroles vis-à-vis de leur partenaire et les gens qui entretiennent une relation avec ces personnes doivent savoir que ça ne sera pas sans complications.
En effet, chez les dépendants sexuels, la masturbation, les aventures d'un soir en série, la pornographie, l'utilisation d'objets, la fréquentation de prostituées… devient presque un quotidien banal : les petites amies ou petits amis doivent être préparés à subir ces comportements excessifs de leur partenaire. Beaucoup de personnes refusent cette soumission ainsi la plupart du temps les dépendants sexuels n'ont guères de relations amoureuses durables. C'est un cercle vicieux pour eux, ils vivent leur obsession comme incontrôlable et ils en viennent à consacrer de plus en plus de temps voir d'argent à ce passe-temps, au détriment de leur famille, de leur vie, de leur partenaire, de leur job.
Durant l'acte sexuel, leur état mental se décentralise, il y a une sorte de déréalisation de l'environnement. Plus rien n'a de sens. Malgré le fait qu'ils se promettent de cesser une telle conduite la plupart deviennent de plus en plus dépendants. Au plus ils luttent et au plus la situation s'aggrave. De ce fait, les dépendants choisissent d'éloigner toutes personnes proches susceptibles de souffrir par leur faute quitte à être détesté. La culpabilité vécue associée à la dépendance fait en sorte qu'ils la cachent à leur entourage. Souvent ils trouvent diverses justifications à leurs comportements ou encore les nient et rejettent sur les autres les difficultés qui en résultent...
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Ceci est une fiction.
« Inutile de vous dire que je pense que les résultats du bac blanc ont été lamentables… Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi nul de toute ma vie d'enseignant. Vraiment déplorable », lança autoritairement un vieil homme aux cheveux blancs, dont les boutons de sa chemise menaçaient d'éclater à cause de sa forte corpulence.
En ce doux mois de Février, les élèves commençaient à se lasser des prédictions apocalyptiques de leur professeur d'Histoire. Beaucoup ne prêtaient plus la moindre attention à ce qu'il racontait, et se contentaient vaguement de prendre en note les cours monotones.
« Seulement 3 moyennes… », dit-il sèchement.
« C'est ma copie ! » chuchota faiblement une jeune adolescente aux longs cheveux bruns, un large sourire pendu aux lèvres.
Sa voisine de table jeta un rapide coup d'œil vers les copies que tenait le professeur et ne s'étonna pas de constater que sa meilleure amie disait vrai. On pouvait distinguer son écriture fine et travaillée en dessous de la pile.
« Ce qui signifie », dit la deuxième en levant les yeux dans un mélange d'exaspération et d'admiration, « que tu as encore décroché la meilleure note. »
M. Kaju avait commencé à distribuer les copies –non sans sauter sur la moindre occasion pour critiquer leurs auteurs- de la plus mauvaise à la meilleure note.
« Mon nom va bientôt arriver… », marmonna t-elle sombrement.
« Mais non Sakura, tu l'as peut-être réussi », assura sa meilleure amie avec espoir.
Cependant elle ne partageait pas ses espérances. Tomoyo réussissait toujours et elle la trouvait suffisamment mal placée pour comprendre ce que c'était d'entendre tout le temps son nom dans les premières copies. Au bout d'un temps qui lui parut affreusement long, dans lequel le prof semblait prendre un malin plaisir à appeler les élèves par leur prénom et par leur nom de famille (« Jinsu Tasha ! »), Sakura s'imaginait entendre son nom à chaque copie qu'il tendait. Mais à la 25ème, elle n'en crut pas ses oreilles.
« On a passé le cap de la moyenne Saki ! » s'exclama Tomoyo d'un air surexcité, brandissant son poing en signe de victoire. « You are the best ma puce !! »
M. Kaju annonça « Hiragisawa Eriol ! » à qui il tendit –non sans un rictus- une copie où un 11 était à peine visible, puis appela enfin « Kinomoto Sakura ! ». Le professeur lui adressa le même rictus, mais Sakura n'y prêta pas la moindre attention. Elle ne pouvait pas y croire. C'était tout bonnement impossible.
« 13… J'ai eu… 13… », balbutia t-elle une fois sortie, en compagnie de Tomoyo et d'Eriol.
« Je suis tellement fière de toi », avoua sa meilleure amie, les yeux étoilés, en chantant un air de We are the champions, we are the champions…
« Et moi alors ?! », s'exclama Eriol, vexé.
Ce dernier avait des lunettes et des cheveux noirs avec des reflets bleus électriques.
« Toi, je me demande si tu n'as pas triché », évalua lentement Tomoyo en le dévisageant d'un air songeur. « Tu n'as jamais plus de 4… »
« Et Sakura alors, elle n'a jamais la moyenne elle non plus ! »
Mais les disputes de Tomoyo et d'Eriol ne suffirent pas à gâcher la bonne humeur que ressentait Sakura en cet instant même. Cette merveilleuse nouvelle lui permettrait d'avoir la moyenne générale au bac blanc et rattrapait son abominable 3 en Maths. Elle se sentait le cœur plus léger. La journée était enfin finie et elle allait dormir chez sa meilleure amie ce soir, et son autre meilleur ami serait là également.
Les trois étaient inséparables et Tomoyo, qui possédait un très grand manoir les invitait régulièrement. Sa mère travaillait beaucoup et la jeune élève brillante avait souffert de solitude durant son absence, bien qu'elle n'en eut jamais parlé à personne. Sakura le savait, et compatissait silencieusement. Elle aussi avait manqué d'un être cher à ses yeux : sa mère.
Celle-ci était décédée lorsqu'elle n'avait que trois ans.Quant à Eriol, il s'était émancipé depuis un an. Il avait 18 ans et donc largement le droit de vivre seul. Sakura était déjà allée chez lui : un petit appartement au cœur de la ville, bruyant certes mais, cela suffisait amplement pour une personne comme Eriol. C'était pour elle une de ses principales qualités : l'indépendance. Il supportait bien mieux la solitude que ses deux amies, et heureusement d'ailleurs, ne pouvait s'empêcher de penser Sakura.
Dans le couloir, des terminales éclatèrent de rire tandis qu'une jeune seconde, embarrassée, se précipita parterre pour ramasser une carte musicale aux tons rose bonbons qui chantait un slow digne des feux de l'amour.
« Alors ma puce, tu as quelqu'un pour la Saint Valentin ? », demanda gentiment Tomoyo.
Eriol parut horrifié comme si celle-ci avait dit qu'elle allait le tuer dans son sommeil, mais il se contenta de maugréer un 'aïe' lorsque la jeune élève modèle lui écrasa les orteils.
« Non, et je ne veux personne », répliqua t-elle d'un ton catégorique, signifiant qu'elle ne voulait pas se lancer dans ce sujet de conversation.
Mais sa meilleure amie le ramena gaiement. Sakura regarda distraitement les arbres sans feuilles, alors qu'ils marchaient le long d'une allée à la lueur des lampadaires. Il était tard, elle était fatiguée, et elle n'avait pas envie d'en parler. Elle se sentit agacée. Tomoyo ne le comprenait-elle donc pas ?
« Je pense que tu pourrais sortir avec Eriol », dit-elle avec une joie non dissimulée. « C'est une bonne idée, tu ne trouves pas ? »
« Je sors avec toi, le jour de la Saint-Valentin », rappela t-il.
« On a dit : seulement si tu ne trouves personne d'autre. Et tu n'as pas encore demandé à Saki-chan. »
« Avec Eriol », ricana Sakura. « Je n'ai pas envie de le prendre comme roue de secours ! »
« Quoi ? », dit Eriol, sentant ses entrailles remuer tandis que Sakura ne lui prêtait pas la moindre attention et continuait de bavarder avec Tomoyo.
Il arrêta soudainement de marcher. Les deux filles se retournèrent, étonnées.
« Pourquoi… ? », commença Sakura, mais elle sentit Eriol lui jeter un regard noir qui la glaça.
« Alors comme ça, ma meilleure amie ne peut pas sortir avec moi simplement pour être avec moi ? Si elle sortait avec moi un jour comme la Saint-Valentin, ce serait seulement en dernier recours, et elle me verrait alors comme une roue de secours ? »
« Je… », balbutia Sakura, un sentiment de culpabilité dans le ventre. « Je ne voulais pas dire ça ! »
« C'est ce que tu as dit pourtant ! Ca venait du fond du cœur en plus ! Mais bien sûr tu préfères sortir avec un salaud qui couche avec tout ce qui bouge qu'avec ton meilleur ami ! »
En prononçant ces paroles, un silence s'abattit soudain dans l'allée. Les rayons de la lune léchaient doucement le visage des trois amis et l'expression qu'ils lurent sur le visage de Sakura avait quelque chose d'effrayant. Tomoyo fusilla Eriol du regard et il put lire sur ses lèvres quelque chose comme « tu es allé trop loin ». Mais cela lui était bien égal. Il ressentait à présent une telle haine pour Sakura et son ex-petit ami qu'il ne put s'empêcher de lâcher d'un ton ironique.
« J'espère que vous serez heureux ensemble ! »
Il traça sans un regard pour ses meilleures amies et tourna à droite à un carrefour pour rentrer chez lui. Il ne dormirait pas chez Tomoyo ce soir. Il ne voulait plus voir le visage douloureux de Sakura chaque fois qu'il prononçait le nom de son ex. C'était beaucoup trop dur. Et il savait aussi qu'elle ne lui pardonnerait pas de si tôt. Tomoyo avait raison : il était allé trop loin.
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« Tu sais ma puce, c'est parce qu'il t'aime beaucoup qu'il a réagi de cette façon. »
Tomoyo essayait de consoler sa meilleure amie, frigorifiée par 20 minutes de marche dans un froid glacial.
« C'est ce que tu m'as dit pour Syao… », chuchota t-elle faiblement, le cœur lourd. « Si tu as envie toi aussi de me blesser juste parce que tu m'aimes, tu peux, je commence à être habituée. »
Sakura ressentit une certaine gratitude envers sa meilleure amie qui, subtilement, glissa vers un autre sujet de conversation. Elle réussit même à la faire rire en lui parlant des nombreux tics de M.Kaju (« J'ai compté le nombre de fois où il a dit 'chut' même quand on ne parlait pas. Devine ? 67 fois en 2 heures ! »). Avec une certaine joie, elle repensa à son 13 en Histoire et aux vacances qui approchaient à grands pas. Sakura se tendit soudain. Pour leur « éviter de se transformer en bonhomme de neige » (dixit Tomoyo), elles avaient décidé de couper par de nombreuses petites ruelles toujours désertes, notamment à 18h30. Mais ce soir, il y avait quelqu'un dans l'obscurité… Deux ombres… Plaquées contre un mur… et ces bruits… Se pouvait-il que… ? Non, impossible, dans une rue, et pourtant… Les sons étaient là pour confirmer : des gémissements de plaisir… Sakura se sentit gênée au plus haut point, et elle échangea un regard entendu avec sa meilleure amie, qui s'était soudain arrêtée de rire. Tomoyo chuchota un « au moins y'en a qui s'ennuient pas » en haussant les épaules puis fit demi-tour comme si de rien n'était. Son amie s'apprêtait à la suivre –ils vont penser qu'on est perverses si on reste là à regarder…- lorsque l'homme changea de position et plaqua la fille contre le mur. C'était à présent elle que la façade cachait… et lui que la pâleur de la lune illuminait. Les jambes de Sakura refusèrent de bouger … Son cœur criait la déchirure, mais ses yeux restaient fixes… Ils voulaient en voir plus pour être sûr que tout était bien réel, qu'il ne s'agissait pas d'une illusion, d'un cauchemar… Elle n'arrivait même pas à pleurer… Elle était juste trop choquée pour émettre la moindre plainte… Sans voix pour pouvoir leur intimer d'arrêter… L'homme continuait à étreindre la fille ; sans se rendre compte de cette présence toute proche qui les épiait… Une larme finit par s'écouler lentement sur la peau de pêche de la jeune fille. Sa vue se brouilla… incapable d'en supporter plus ; elle se mit à courir sans s'arrêter, sans regarder où elle allait, juste… courir… juste… fuir…Une main la saisit brutalement dans sa course effrénée, c'était celle de Tomoyo. Elle réalisa soudain qu'elle l'avait complètement oublié. Elle aussi était avec elle. Elle aussi avait tout vu.
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« Quoi ?! »
Eriol se leva d'un bond sous le regard apeuré de Tomoyo, qui lui conseilla de se rasseoir.
« Je savais que tu réagirais comme ça ! Calme-toi bon sang ! »
« Que je me calme ?! Comment est-ce que tu peux rester là à la regarder se détruire à cause de lui ? » cria t-il, la rage déformant ses traits.
« Elle l'aime Eriol… Essaye de le comprendre, il n'était pas comme ça avant… »
« Ca je le sais bien ! », lança t-il d'un ton acerbe. « Je te rappelle qu'elle n'était pas la seule, j'étais moi aussi son ami. Syaoran était comme mon frère ! Mais ce qu'il lui fait… c'est dégueulasse ! »
« Eriol, je t'ai appelé et je t'ai demandé de venir », reprit Tomoyo calmement, « parce que Saki s'est enfermée dans la chambre et qu'elle refuse de parler. Même si tu en veux à Syao, intérieurement tu en veux aussi à Sakura, n'est-ce pas ? Tu ne comprends pas comment elle peut être amoureuse de lui, la pire ordure qui soit, alors que toi tu es si gentil, si attentionné, et que tu pourrais sécher toutes ses larmes ? »
« Je… », dit-il pris au dépourvu.
« Elle n'a pas besoin de ce genre de sentiments. Sache que Sakura souffre bien plus d'être amoureuse de lui que tu ne le crois. Elle n'a pas besoin de quelqu'un qui lui reproche constamment d'être attachée à Syaoran ; elle s'en veut déjà suffisamment, tu ne crois pas ? Je suis sûre que chaque soir elle prit pour que le lendemain ses sentiments disparaissent… Parfois il faut se rendre à l'évidence », murmura la jeune brune, le regard perdu vers les flammes qui s'agitaient dans la cheminée. « Essaye de la consoler, je n'y suis pas arrivée… »
Le discours de sa meilleure amie apaisa Eriol. Elle avait le don d'agir sur son comportement : elle pouvait aussi bien le faire rire, ou bien le faire culpabiliser comme à l'instant même, puis lui rabattre le clapet en deux secondes. Il se pencha alors sur la jeune fille et l'embrassa sur le front.
« Merci… Je tuerai Syao plus tard », jura t-il en partant du salon pour se diriger vers une des nombreuses chambres du manoir.
Heureusement que Sakura dormait chez Tomoyo : personne, pas même les parents, ne serait là pour poser des questions.Il tapa doucement mais n'eut pas de réponse. Entrant silencieusement, Eriol vit que la pièce était plongée dans la pénombre. L'ombre de Sakura était assise sur le lit, dos à lui, les genoux repliés contre la poitrine, on aurait dit qu'elle fixait le jardin à travers la baie vitrée. Il fallait surtout qu'il pèse chacun de ses mots, pour ne pas faire d'erreurs, et il se demanda comment la faire sortir de son mutisme sans paraître stupide. Sakura sentit le poids du jeune homme monter sur le lit mais ne le regarda pas.
« Je passerai la nuit ici sans bouger tant que tu ne mangeras pas ça », dit-il en lui tendant un gâteau au chocolat.
Elle bougea la tête pour dire « non » et il posa le gâteau sur la table de chevet.
« Tant pis, je resterai. J'ai rêvé des centaines de fois de dormir avec une fille aussi canon que toi ! »
Mais sa blague n'eut pas l'effet espéré. Le silence revint rapidement. Il avait cette désagréable sensation de parler avec le mur. Puis, sans même qu'il n'ait eut le temps de réaliser, Sakura s'était retournée et avait entouré ses bras autour de son cou dans un mouvement si brusque qu'ils basculèrent tous deux allongés sur le lit. Eriol ouvrit grand les yeux puis les referma instantanément. Il ne voulait pas gâcher ce moment en regardant. Sakura était en train de l'embrasser. Sakura était en train de l'embrasser. L'information monta lentement au cerveau… Une sensation de plaisir monta en lui, il se sentait si bien… Mais Sakura bougeait. Il ouvrit les yeux pour se rendre compte, avec horreur, qu'elle était secouée de tremblements et que ses joues étaient inondées de larmes. Elle voulut partir lorsqu'il arrêta de l'embrasser mais il cala sa jambe par-dessus la sienne et la bascula, pour passer au dessus d'elle et la bloquer par la même occasion. Elle paraissait effrayée.
« Eriol… », murmura t-elle dans un sanglot.
Son regard n'aurait pas pu être plus explicite.
« Pardonne-moi… Pardonne-moi… », sanglota t-elle. « Je suis désolée… »
Elle voulut bouger mais Eriol s'appuya de tout son poids sur la jeune fille. Une minute plus tôt, s'ils avaient été dans cette position, il aurait sûrement eu du mal à se maîtriser de ne pas avoir une certaine réaction… Désormais il lui semblait q'il ne pouvait plus avoir aucune réaction, son sang s'était glacé.
« Arrête ! » cria t-il en l'immobilisant. « Arrête de t'excuser imbécile !! Regarde-moi ! »
Deux gouffres verts embués se perdirent dans ses yeux.
« Tu vas me faire le plaisir de devenir forte, d'accord ? » dit-il tandis qu'elle hochait faiblement la tête. « Je ne veux pas que tu pleures en sa présence. Je ne veux pas qu'il gagne sur toi encore une fois. Vis pour te venger, Sakura. Venge-toi de ce qu'il t'a fait. Mais pas avec moi, tu n'es pas encore prête pour ça. Ce serait stupide et irréfléchi, d'acc ? »
Il lui adressa un doux sourire –malgré qu'intérieurement, toute trace de sourire avait disparu- et s'allongea à côté d'elle. Elle cessa de sangloter et s'endormit pelotonnée dans ses bras. Elle aurait tant aimé que ce soit Syaoran.
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Le lendemain, Sakura prit une décision. Elle devait parler avec lui, quoiqu'il en coûte. Elle serait fière, et ne cèderait pas. Elle obtiendrait les explications qu'elle avait toujours demandées. Arrivée devant la grande demeure de Syaoran, Sakura souffla un bon coup. Elle avait oublié combien cet endroit était impressionnant de par sa grandeur et sa richesse. Une servante la fit entrer et lui demanda d'attendre dans le salon.
« Tiens donc. Tu as fini par céder toi aussi ? » fit Syaoran, d'un air victorieux. « Je ne pensais pas t'avoir aussi facilement. »
Il était recouvert d'un peignoir, signe qu'il venait de se réveiller depuis peu. Mais sa tenue ne semblait pas le gêner le moins du monde.
« Ne te fais pas trop d'illusions », répliqua t-elle d'un ton sec. « Ce n'est pas parce que tu es beau et riche que tu pourras me mettre dans ton lit, espèce de pourriture ! Je suis venue dans l'unique but de te dire ça. »
Il éclata de rire.
« Dans l'unique but ? Tu me fais rire, Sakura. Toi et moi, on sait bien pourquoi tu es venue », dit-il en se rapprochant d'elle tandis qu'elle reculait en arrière, tétanisée. « Tu ne peux pas lutter contre le désir qui t'animes. Je le vois dans tes yeux… Tu as envie de moi, de mon corps, de mon être, tu as envie de me faire des choses pas très catholiques… » souffla t-il dans son oreille.
« Qu'est-ce que tu en sais ?! » cracha t-elle, répugnée par son attitude.
C'étaient en ces moments que Sakura se haïssait car malgré ses protestations, elle brûlait d'envie de faire toutes ces choses dont il parlait. En plus de ses sentiments, Syaoran éveillait en elle un désir qui lui paraissait impossible à assouvir tant il était grand. Etait-il normal pour une adolescente de 16 ans d'avoir ce genre d'envie ? Etait-elle aussi faible que toutes les filles qui étaient devenues les maîtresses de Syaoran ? N'était-elle qu'une chienne en chaleur destinée à assouvir ses fantasmes ?
« Je sais ce que tu ressens derrière tes airs de sainte nitouche. Je sais que ton cœur m'appartient », murmura t-il en saisissant son sein gauche et en le malaxant, ce qui fit gémir Sakura qui leva les yeux en l'air. « Laisse-toi aller… »
« Non… », protesta t-elle. « L'argent et le sexe t'ont fait perdre la tête, Syao. Reviens à toi… Je t'en supplie… C'est la vraie raison pour laquelle je suis venue… »
Il passa son autre main entre ses jambes et la remonta lentement tandis qu'il recouvrait son corps de baisers sensuels. Cependant lorsqu'elle prononça ces mots, il s'arrêta et la regarda durement.
« Tu ne sais pas de quoi tu parles. Oublie l'ancien gamin qui courrait avec toi au collège, il n'existe plus. »
« Si, justement ! C'est toujours la même personne, même si j'ai du mal à y croire ! », dit-elle, sentant les larmes lui monter aux yeux. « Qu'est-ce qui a pu te changer à ce point ?! Et pourquoi t'acharnes-tu sur moi ? Pourquoi veux-tu tellement me détruire ? Que feras-tu si je cède, là, maintenant ? On passera la nuit ensemble et après ? Quelles tortures me feras-tu subir ? Je sais que tu me détestes ! Les autres filles sont bien traitées elles !! Pourquoi insistes-tu tellement pour m'avoir dans ton lit ? Je suis peut-être une des seules à te résister, mais pas l'unique ! Il y en a d'autres que tu pourrais torturer. Mais non, depuis un an, c'est à moi que tu fais subir tout ça… Pourquoi… ? » sanglota t-elle en tombant à genoux. « Qu'est-ce que je t'ai fait pour mériter ça… ? »
Assise sur les dalles glacées, Sakura avait l'impression que jamais le froid ne pourrait lui faire de mal. C'était si… dérisoire face à la peine qu'elle ressentait. Elle n'aurait pas de réponse à ses questions, elle le savait bien. Elle se ferait lamentablement jeter dehors dans une, deux, voire trois minutes maximum. Il devait bien en profiter, songea t-elle, de la voir souffrir ainsi. Syaoran avait détourné les yeux et son regard était vide, dépourvu de sentiments. Après un long moment de silence, il s'agenouilla à ses côtés.
« Fais-moi l'amour », déclara t-il simplement.
Sakura sentit son cœur se déchirer. Elle le haïssait. Elle le haïssait comme jamais auparavant. Elle leva lentement ses yeux verts vers lui, tandis qu'il la fixait d'un regard vide. Sakura leva sa main, et le gifla violemment.
« Pourquoi me dis-tu ça après ce que je viens te dire ?! » hurla t-elle. « Est-ce que tu n'es pas humain pour être aussi insensible à ma douleur ?! »
« Pourquoi es-tu ici ? » répliqua t-il. « Va t-en, puisque tu as fais toi-même une conclusion de ce que je suis. Je ne suis pas humain. Que fais-tu encore ici, à espérer que je redevienne comme avant ? Espères-tu encore ? »
« Oui », répondit-elle, les lèvres tremblantes.
« Pourquoi, Sakura ? »
Elle n'en pouvait plus, il fallait que ça sorte.
« Parce que… je t'aime », dit-elle en détournant les yeux, incapable de le regarder en face.
Un sourire victorieux s'afficha sur son visage.
« J'avais raison », rit-il. « Je suis en toi, quoique tu fasses. »
« Comme un parasite », lança t-elle dédaigneusement.
« Laisse-toi infecter alors… »
Il passa ses mains dans ses cheveux et les descendit le long de son corps. Sakura se sentit incapable de bouger. Elle avait rêvé de nombreuses fois cette scène, obsédée par l'image de Syaoran caressant son corps. Pourtant à ce moment-là, cette obsession virait au cauchemar. Elle voulut protester mais il resserra son étreinte et l'allongea sur le sol. Sakura se mit à crier, terrorisée.
« Arrête ! Je t'en supplie ! Tout mais pas ça ! N'essaye pas de… »
Mais il ne l'écoutait pas, il la tenait fermement et l'avait presque déshabillée.
« ARRETE !! », hurla t-elle
Soudain, elle le sentit légèrement desserrer son étreinte et elle profita de ce moment de faiblesse pour rouler sur le côté et se relever à moitié, courant à toutes jambes. Les larmes roulaient sur ses yeux et la douleur était plus vive que jamais. Cette scène resterait profondément ancrée dans sa mémoire…
Lorsqu'elle rentra chez Tomoyo –elle ne comptait pas rentrer chez elle dans cet état-, sa meilleure amie lui fit couler un bon bain et lui apporta du thé. Sa mère était riche pour être la directrice d'une richissime maison de thé.
« Merci », murmura celle-ci, la gorge nouée.
« Tu pourras rester ici autant que tu le voudras, c'est ta maison », fit gentiment sa meilleure amie.
Sakura hocha la tête, consciente que sa gratitude envers Tomoyo était bien supérieure à un simple « merci ».
« Syaoran a essayé… de me violer », confia t-elle en fixant la fumée qui s'échappait de son bol.
Elle observa la réaction de Tomoyo du coin de l'œil. Contrairement à ce qu'elle aurait cru, celle-ci ne cilla pas le moindre sourcil.
« Cela devait arriver un jour ou l'autre, je suppose », soupira t-elle en s'asseyant parterre. « Tu l'as empêché de parvenir à ses fins ? »
« J'ai essayé, mais je n'étais pas assez forte… »
Sakura sentit les larmes lui monter aux yeux.
« J'ai crié… Je ne sais pas pourquoi, mais il a légèrement desserré son étreinte… J'en ai profité pour m'échapper… »
« Il t'a poursuivie ? » demanda posément Tomoyo.
« Non. Il ne s'est même pas levé », confia Sakura qui trouva soudain cela étrange.
« Tu ne trouves pas ça bizarre, Saki ? Qu'un mec qui essaye de te violer te laisse l'occasion de t'échapper et n'essaye même pas de te rattraper pour aller jusqu'au bout ? Dans ce cas, abuser de toi était-il réellement son intention ? »
Le thé bouillant, la chaleur du bain, le trop plein d'émotions en une même journée… la troublait. Sakura n'arrivait pas à y voir clair. Que voulait insinuer sa meilleure amie ?
« Contrairement à Eriol, qui est amoureux de toi, je pense avoir un jugement objectif et pouvoir te dire que Syaoran a de réels sentiments pour toi. Je suis la seule à y croire », sourit-elle tristement. « Avec toi peut-être, encore qu'après ce qui s'est passé, tu ne devrais plus y croire… Mais te connaissant, j'ai un doute. »
Sakura la dévisagea mais ne dit rien.
« S'il est réellement amoureux de moi », murmura t-elle, « pourquoi tient-il tellement à me faire du mal ? »
« Pour te dégoûter, pour que tu le haïsses. Syaoran cherche cela auprès de tout le monde. Et il a réussi, personne ne l'aime. Tu es la seule… »
« …à l'aimer encore », termina amèrement Sakura. « Si c'est ça, c'est qu'il est vraiment malade… Un grave problème psychologique… »
« Que feras-tu si c'est le cas ? »
« Je l'aiderai à s'en sortir. Je me débrouillerai pour faire tomber ses barrières, même si je dois tomber plus bas qu'en enfer », promit-elle.
Tomoyo esquissa un faible sourire et lui baisa le front.
« Je ne parlerai pas à Eriol de tes intentions, c'est promis », chuchota t-elle. « Et je vais rester avec toi jusqu'à ce que tu termines ton bain. »
« Pourquoi ? »
« Parce que j'ai peur que tu tentes de te noyer », avoua t-elle franchement.
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« Maître ! »
Une jeune femme environ âgée de 20 ans se précipita auprès de Syaoran, qui était allongé parterre. Elle était habillée en servante et possédait de jolis yeux noisette pétillants et de beaux cheveux roux.
« Syaoran-sama, Mlle Sakura est partie si vite… Voulez-vous que je la rattrape ? » demanda t-elle, inquiète.
« Non Sachi, laisse-la, au plus elle est loin de moi, et au mieux c'est », confia-il, allongé sur le dos, les yeux fixés vers le plafond.
Sachi se pencha au dessus de lui et agita sa main, de plus en plus inquiète de l'état de son Maître.
« Etes-vous sûr que ça va ? » murmura t-elle.
« Dis-moi Sachi, jusqu'où faut-il aller pour repousser quelqu'un ? »
La jeune femme resta silencieuse, ne sachant quoi répondre.
« Ne t'occupe pas de moi, s'il te plait », dit-il, sentant les larmes couler sur ses joues. « Va t'en, Sachi, je suis un monstre… Je suis… un… monstre… »
Les mains sur son visage, Syaoran ne pouvait plus taire sa douleur, c'était trop dur, il avait besoin de pleurer, il n'en pouvait plus. C'était trop. Il sentit la douceur des mains de Sachi s'emparer des siennes, puis elle les serra dans ses mains et les tira vers elle. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Syaoran était dans les bras de sa servante.
« C'est mieux d'avoir une épaule sur qui pleurer », chuchota t-elle. « Vous n'êtes pas un monstre, vous êtes juste malade… et je vous trouve tellement courageux ! Repousser l'être qui vous est le plus cher pour le protéger alors que vous avez tant besoin de lui ! Il faut un courage monstrueux pour y arriver ! »
« Un courage lâche, ouais… Tout serait plus simple si je lui disais la vérité, mais je n'en ai pas le courage. Je suis lâche. Qu'est-ce qu'elle pensera de moi si elle sait ce que je suis ? Un monstre, pire, une ignominie ! »
« Si cette fille est aimée de Syaoran-sama, alors je suis sûre qu'elle ne vous jugerait pas comme ça ! »
« Eh merde ! », pesta t-il soudain en se dégageant de Sachi.
« Qu'il y a-t-il ? »
« J'ai une putain de réaction ! » dit-il en se mordant la lèvre. « Peut-être que maintenant tu comprends », dit-il un peu brusquement en se levant, « pourquoi je peux pas rester avec une fille plus de 5 minutes ! »
Sachi se leva précipitamment et lui saisit la main pour le retenir. Syaoran se retourna, surpris.
« Vous devez avoir mal ? » murmura t-elle, les larmes aux yeux. « Laissez-moi vous aider », dit-elle en effleurant ses lèvres.
Elle entoura ses bras autour de ses épaules et le fit redescendre lentement parterre. Sans hésitation, Sachi releva sa jupe et se débarrassa de ses sous vêtements. Elle esquissa un sourire tandis que Syaoran fermait les yeux, le visage fermé.
« Ne vous retenez pas, je suis là pour ça, considérez ça comme un service » dit-elle en lui faisant un bisou sur la joue. « Je préfère que ce soit dans mes bras que dans ceux de vos prostitués car… on a tous besoin d'amour… même vous… »
A partir de ce jour, Syaoran ne vit plus aucune prostituée et restait cloîtré la plupart de son temps avec Sachi, la seule capable de le soulager physiquement et moralement. Sa gratitude envers sa servante, qu'il considérait comme son seul pilier d'affection dans la vie, était sans limites. Mais un évènement vint repousser leur enfermement. Syaoran avait reçu une lettre, comme quoi il se ferait renvoyé s'il ne retournait pas en cours.
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« Yo Sakura ! Regarde qui on t'emmène ! »
Sakura pencha la tête et vit une petite fille âgée d'environ neuf ans près du lit qui lui souriait. Bien qu'elle se sentait faible et fiévreuse, elle se leva du lit et serra dans ses bras la petite fille.
« Sakura ! » fit la petite en lui rendant son étreinte. « Je suis contente de te voir ! Tomoyo m'a dit que tu es malade alors si tu ne veux pas jouer avec moi, je comprendrai… »
Sakura trouva son air triste tout à fait adorable et lui fit un bisou sur le front.
« Merci Rieko. Dis-moi… ça te tente des chocolats ? » dit-elle en souriant.
La petite approuva d'un hochement de tête, visiblement ravie de cette proposition alléchante.
« Va à la cuisine et regarde dans le tiroir à gauche », murmura t-elle dans son oreille.
La petite fille partit en courant dans la cuisine et Tomoyo et Eriol en arrivèrent après avoir déballer des courses pour Sakura.
« On t'a acheté du chocolat blanc, ton préféré », dit sa meilleure amie en listant tout ce qu'ils avaient ramené de bon. « Faut que tu prennes quelques kilos, on dirait un sac d'os ! »
« Puisque c'est si délicatement dit », fit Sakura d'un ton ironique. « Je vais tout me goinfrer et t'en auras pas ! Voila ! »
Tomoyo sourit tandis qu'elle lui tirait la langue et commençait à croquer à cœur joie dans sa tablette de chocolat blanc.
« Caramélisé aux éclats de noix de coco… », miaula t-elle en le dégustant lentement. « Je t'aime Tomo… Qu'est-ce que c'est bon cette merde ! »
« Sakura ! » fit Rieko en revenant dans la chambre. « T'en veux ? » dit-elle en lui tendant un paquet de chocolats en forme de cœur. « C'est délicieux ! »
Le regard de Sakura se perdit quelques secondes sur la boîte de chocolats.
« Sakura ? » répéta Eriol, la sortant de ses pensées. « Ca va ? »
« Ah oui, très bien », dit-elle un peu gênée. « Non merci Rieko. »
Un silence tomba et Tomoyo tapa soudain sur ses genoux, se levant subitement.
« Je serais bien restée, mais je dois ramener la petite », dit-elle d'un air désolé. « Allons-y Rieko », dit-elle en lui tendant la main.
La petite parut soudain toute triste et fit ses adieux à Sakura. Elles s'en allèrent mais Eriol resta pour aider Sakura à faire la cuisine. Celle-ci se sentait toujours fatiguée bien qu'elle ait récupéré la plupart de ses forces.
« Toujours aussi mignonne la cousine à Tomoyo. »
« Elle est adorable », approuva Sakura. « Tu te rappelles quand on l'a vue naître ? »
« C'était le bon temps » fit-il d'un air nostalgique. « Tu sais… ces chocolats… »
« Oui ? » dit-elle en essayant de cacher sa gêne.
« Ils n'étaient pas destinés à quelqu'un pour la Saint-Valentin par hasard ? »
Sakura le regarda droit dans les yeux, un regard d'excuse.
« J'avais espéré… lui donner… si jamais… enfin, tu vois… »
« En parlant de ce connard », dit-il en coupant les légumes, « je l'ai vu dans le métro. Devine ce que je lui ai dit ? », rigola t-il. « T'aurais vu sa tête ! C'était trop drôle ! »
Sakura fixait la casserole…
« Qu'est-ce que tu lui as dit ? » demanda t-elle en s'efforçant de paraître décontractée.
« Qu'on sortait ensemble. »
L'eau commença à bouillir. Voyant que Sakura ne réagissait pas, Eriol se précipita pour mettre les pâtes dedans et baissa le feu avant que l'eau ne déborde.
« On dirait que ça te gêne… »
« Quoi ? Ah… non ! T'as eu raison ! » rigola t-elle. « Je ne suis pas à lui après tout ! »
Eriol esquissa un sourire, soulagé.
« Ca c'est la Sakura que j'aime », dit-il en lui secouant les cheveux. « J'ai appris qu'il donne une fête samedi soir chez lui, y'aura plein de monde, ça te tente qu'on s'affiche ensemble ? J'ai hâte de voir sa tête ! Et je t'aiderais à avoir ta vengeance, tu peux compter sur moi ! »
Son amie lui sourit et approuva d'un air énergique. Oui, elle se vengerait de Syaoran… Enfin, c'est ce qu'elle allait faire croire à Eriol. Car ses intentions étaient autres...
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Sakura et Eriol se rendirent donc à la fête ensemble. Alors que Sakura hésitait encore à affronter de nouveau Syaoran, Tomoyo avait réussi à la convaincre que cette fête serait l'occasion rêvée pour atteindre le coeur de pierre du garçon. Sa meilleure amie l'avait invitée chez elle et lui avait même préparé un plan d'action. La seule façon de l'approcher, disait-elle, c'était d'exploiter sa principale faille.
« Ma mission... c'est de l'allumer ? », avait grimacé Sakura.
Depuis toujours, cette idée l'avait dégoûtée, répugnée. Quand elle voyait toutes ces allumeuses qui collaient Syaoran, elle ne pouvait s'empêcher de les insulter, de les détester. Non pas parce qu'elle était jalouse -bien qu'elle l'était, dans le fond-, mais surtout car pour elle, ces filles étaient la honte du genre féminin. Jamais elle ne se serait abaissée à ça, surtout pas pour lui. Mais les choses avaient changé... Peut-être avait-elle grandi ; peut-être avait-elle gagné espoir depuis qu'il avait essayé de la violer... Elle ne savait pas ce qui se passait en elle, mais un feu l'animait. Une détermination sans égale. Depuis toujours, elle le voulait. Et ce soir, elle l'aurait. Coûte que coûte.
Lorsqu'ils arrivèrent, Sakura ne s'étonna pas d'assister à une fête de débauche. Alcool, chite, parties de jambes en l'air... la maison de Syaoran était assaillie par une cinquantaine de lycéens qui n'avaient visiblement pas grand chose dans la tête. Elle se demanda vaguement pourquoi Syaoran avait organisé cette fête, toutefois elle eut la réponse quand elle le vit enfin, dans la piscine, accompagné de plusieurs filles, saoûles et déshabillées. Elle fit semblant de l'ignorer et passa devant lui comme si cette scène ne l'affectait pas. Après tout, elle était sensée sortir avec Eriol.
« Est-ce que tu veux danser ? », lui demanda t-il alors qu'une musique endiablée démarrait. « A moins que tu ne te sentes pas à l'aise... »
« Ca va », assura t-elle en souriant. « Je veux lui montrer que je suis heureuse avec toi. »
Tu devras jouer double jeu, lui avait dit Tomoyo. D'un côté, tu feras croire à Eriol que ton seul objectif est de te venger de Syaoran ; mais d'un autre t'afficher avec lui sera l'occasion de tester la jalousie de ton beau brun !
Ils dansèrent sur plusieurs chansons, collés l'un à l'autre ; mais Sakura désespérait de voir Syaoran. S'il ne les voyait pas, il n'y avait plus aucun intérêt... Fatiguée, la jeune fille fit une pause et abandonna son ami pour aller se chercher à boire. Quand elle le vit. Celui qui faisait battre son coeur parlait à une fille qui paraissait intimidée, juste à côté. Il croisa le regard de Sakura et esquissa un sourire. Sans la lâcher des yeux, il se pencha vers la jeune fille et lui murmura à l'oreille, toujours en fixant Sakura :
« Tout à l'heure, rejoins-moi dans la chambre en haut... »
Puis il traça devant Sakura et effleura sa joue. Elle resta immobile quelques secondes, et souffla un bon coup, les joues rouges. Ce n'était pas la première fois que Syaoran lui faisait des avances, oh ça non, et pourtant ce soir c'était différent. Elle se sentait ivre de désir... Tomoyo avait comme levé ses inhibitions, rien que par la force de ses paroles.
Trouve le côté féminin en toi Sakura... Tu es une jeune femme, splendide, qui a des atouts dont beaucoup d'hommes rêveraient d'avoir entre leurs mains... Prends confiance en toi : tu as une jolie poitrine et tu es bien faite. Un beau visage aussi et des cheveux qui se laisseraient caresser pendant des heures. A côté de ça, tu es une fille sage et studieuse, courageuse et fonçeuse ; tu possèdes toutes les qualitées d'une femme ! Certes tu as 16 ans et tu ne sais pas tout de la vie, tu ne te sens peut-être pas prête pour certaines choses... Ou plutôt, tu crois ne pas l'être. La société dit qu'à 16 ans, une jeune fille n'est pas prête à avoir des rapports. Pour moi, c'est faux. Si tu en as envie, alors tu dois foncer, laisser faire tes envies... Il n'y a pas d'âge pour ça.
Sa meilleure amie philosophait trop à son goût. Au fond, ce que Sakura souhaitait le plus ardemment, c'est être enfin heureuse avec Syaoran. Le désir lié à l'amour n'arrivait qu'en second... Se ressaissisant, Sakura décida d'entamer la phase 2 du plan. Après la jalousie, les choses concrètes. C'est là qu'elle allait devoir jouer le grand jeu. Subtilement, elle se dirigea vers les toilettes et s'y enferma, faisant attention que personne ne la verrait sortir alentours. Elle sortit de son sac une fine robe blanche, qui ressemblait plutôt à une chemise de nuit en coton, avec des petites manches et qui s'arrêtait juste en dessous des fesses. Elle l'enfila puis se recouvrit du long manteau avec lequel elle était arrivée. A pas de velours, elle se dirigea vers la piscine extérieure, là où elle avait vu Syaoran repartir, seul. Ce dernier était assis au bord et Sakura referma la baie vitrée de la maison le plus silencieusement possible. Elle se déchaussa, pieds nus, posa son manteau sur une chaise longue et s'approcha doucement de Syaoran. Le coeur battant à toute allure, la jeune fille inspira profondément. Elle se sentait si stressée qu'elle allait faire un malaise. Dé stress, dé stress, pensait-elle inlassablement. Pourtant, comment ne pas sentir son corps trembler tout entier alors qu'elle allait s'abaisser à faire ce qu'elle avait toujours haï et repoussé ? Comment Syaoran allait-il réagir ? Lui qui l'avait si lamentablement humilié ? Son coeur supporterait-il une humiliation, une déchirure de plus... ? Sakura se baissa à sa hauteur, juste derrière lui, et lui banda les yeux avec ses mains.
« Devine qui c'est », chuchota t-elle doucement.
Syaoran ferma les yeux. Cette voix, il la reconnaîtrait entre mille.
« Je te plais ? »
« Qu'est-ce que tu fais ? », demanda t-il froidement en la dévisageant de haut en bas.
« Oh », sourit-elle en haussant les épaules. « Je fais la p. »
L'absence du sourire pervers et vicieux habituel de Syaoran la rassura. Il ne m'aime pas comme ça...
« Après tout », continua t-elle en s'asseyant à côté de lui, « c'est toi qui m'as toujours appelée comme ça. Et la vérité, c'est que t'avais raison sur mon compte... J'en ai marre d'être une petite fille sage et exemplaire... »
Rentrant parfaitement dans la peau de son personnage, elle plongea dans l'eau et nagea deux longueurs pour revenir au point initial. Sakura s'assit sur la petite échelle, tandis que Syaoran la dévisageait, sans expression. Elle avait envie de partir en courant, surtout lorsque ses yeux descendirent le long de son corps... Son corps complètement dénudé. Calculé exprès par Tomoyo, Sakura avait mis des sous vêtements rouges et sexys sous sa robe blanche. Mais l'eau avait rendu celle-ci transparente...Syaoran éclata soudain de rire, un rire froid qui la glaça.
« Tu fais pitié », dit-il. « Si tu joues à la p, fais-le au moins correctement. »
« Très bien », répliqua t-elle en esquissant un grand sourire. « Pour toi je comptais te faire une faveur mais si tu tiens tellement à payer... Fixons les prix. »
Syaoran plongea à son tour dans l'eau et posa ses mains de chaque côté de l'échelle, observant la jeune fille avec un sourire amusé.
« Attention, ça risque d'être vulgaire. Choc même, mes demandes ne sont pas pour les petites filles... Je suis un client exigeant. »
« Je ne suis pas une petite fille », murmura t-elle sérieusement. « Je suis prête à tout entendre ... » Derrière ces mots, Sakura avait caché un message... Son coeur criait dans ses regards « confie-toi à moi, je t'aime Syao, ouvre-moi ton coeur, je serai là quoiqu'il arrive »
Et Syaoran comprit le message. Il esquissa un mince sourire et lui caressa la joue... Cette joue qui serait à jamais inaccessible... Il comtempla son visage, son visage si angélique même lorsqu'elle tentait de jouer les petites allumeuses. Il la trouvait adorable. Et lui, si indigne d'elle... Jusque quand supporterait-il de la repousser ?
« Sakura, arrête, ça suffit. »
« Quoi ? », dit-elle innocement. « Ce n'est pas ce que tu voulais ? M'avoir dans ton lit ? »
« Arrête, je sais que tu n'es pas sérieuse. »
« Si, je le suis », affirma t-elle, le regard flamboyant. « Je ferai tout pour toi, Syao. »
« Arrête tes conneries... »
« Mais je suis sérieuse ! »
« Très bien ! », s'énerva t-il en saisissant ses poignets violemment et en la plaquant contre l'échelle brutalement. Il colla son corps contre le sien tandis qu'elle trembla légèrement sous la surprise. « Dis-moi ce que tu ressens », susurra t-il, « lorsqu'Eriol t'étreint. Est-ce que tu penses à moi ? »
« ...Oui », répondit-elle faiblement, malgré la douleur indescriptible qui la déchirait.
« Idiote ! »
Sans qu'il n'ait pu contrôler son geste, Syaoran la gifla. Les larmes montèrent aux yeux de la jeune fille qui se sentit défaillir. Soudain, elle craqua. Eclatant en sanglots, Sakura cacha son visage dans ses mains et dut faire maints efforts pour tenter de retrouver une respiration normale. Stoïque, Syaoran sentit ses entrailles remuer dès qu'il posa la main sur elle. Il regarda sa main rougie, horrifié, et recula lentement.
« Je... je suis désolé... Je ne voulais pas... », balbutia t-il, effaré.
Cependant, l'état de sa bien aimée, en proie à un grand désarroi ne fit qu'augmenter son sentiment de malaise et de culpabilité et il finit par sortir de l'eau précipitemment, avec une seule envie : disparaître.
Disparaïtre de sa vie, disparaître du monde...
A suivre...
