Et bien, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, ce n'est pas sans une certaine émotion que je vous présente le dernier chapitre de nos Amoures. Ca m'en tirerai une larmichette si je n'avais pas mis deux heures à uploader cet !#!? de document. Enfin bref.

Devant vos yeux ébahis: La Fin.

On applaudit bien fort.

Avant qu'on ne se quitte, je tiens à remercier tous les revieweur, et particulièrement ceux et celles qui ont laissé un truc un peu constructifs et qui se sont aperçus que cette fois j'avais quand même fait un peu un effort au niveau psychologique. Parce que c'est pas pour dire mais quand je relis Une curiosité scientifique j'ai un peu honte: Rogue est plus OOC que ça tu meure, Sirius est un abruti fini mais sans le côté génial, et Harry a autant de personnalité qu'un cendrier.

Mais bon, ça reste mon premier gros bébé à moi.

Allez, je vais me taire, le chapitre doit probablement vous intéresser plus que moi !


12- DU VOCABULAIRE OBSCUR ET DES DÉCLARATIONS NOCTURNES


« Apocryphe, lettre compte double, mot compte triple. Ça me fait... quatre-vingt-dix. » déclara Rémus avec un air très satisfait.

« Ça existe même pas comme mot ! » s'exclama Sirius d'un air indigné.

« Si tu m'obliges à sortir le dictionnaire une cinquième fois je te jure que... »

« Euh, les gars ? » coupa Harry.

« C'était que trois fois ! »

« Les gars ? »

« Belligérant, idiomatique, parpal et souffreteux, ça fait quatre. »

« Hé oh ? »

« C'est ta faute aussi, tu fais rien que d'utiliser des mots que personne connais exprès ! »

« HE HO ! » Le silence se fit. « Si vous avez fini, y'en a un qui peut attraper ma valise ? » demanda Harry en essayant de se lever du lit, manœuvre périlleuse avec vingt-cinq kilos de bébés accrochés à la taille.

« Pourquoi ? » demanda Sirius en essayant de protéger le plateau de Scrabble de l'apocalypse causée par le mouvement soudain. Harry et Rémus lui jetèrent de concert un regard qui sous-entendait un sérieux problème cognitif chez lui. « Oh. Euh, d'accord. D'accord. Je vais le faire. » dit-il avant de bondir sur l'armoire dans lequel le sac d'hôpital de Harry se trouvait. Même si après huit semaines (et autant de voyages inutiles à Sainte Mangouste) la nouveauté de la manoeuvre était passée pour presque tout le monde, Sirius continuait de se transformer en boule de nerfs à chaque fausse alerte. Avec l'aide de Rémus, Harry parvint à se lever.

« Si cette fois c'est pas la bonne, je fais un malheur. » Harry continua de râler et de bougonner sur l'injustice de sa pauvre vie tout le chemin jusqu'à la cheminée, puis jusqu'à la réception de l'hôpital, puis jusqu'à la salle d'examen. Il ne cessa que lorsqu'on lui dit que cette fois il était bon pour rester. Et là, étonnamment, ou peut-être pas d'ailleurs, ce moment qu'il avait espéré avec une patience de plus en plus fine lui fit très peur.

Cette fois c'était pour de vrai. Il allait donner naissance à ses deux petites filles, ce qui allait probablement faire très mal, et ensuite il devrait les protéger du monde entier. Oh la vache. Toujours assis sur la table, maintenant vêtu d'une blouse d'hôpital qui lui donnait l'impression d'être tout nu, il demanda à Rémus d'aller chercher Fred et George et à Sirius de prévenir Molly, Ron et Hermione.

Hors de question qu'il fasse ça tout seul.


« Tu crois que ça se passe bien ? » demanda Sirius à Rogue, qui de manière assez surprenante l'avait rejoint à Sainte Mangouste dès qu'il avait eu fini sa journée. « Ça fait déjà six heures. »

Une infirmière à l'air terrifiée sortit alors de la chambre, et la porte entrouverte laissa passer la voix de Harry: « ... -CHE DE MOI AVEC CE TRUC ENCORE UNE FOIS JE LUI ARRACHE AVEC LES DENTS SA SALO- » Puis la porte se referma.

« Bien sûr que ça va. » répondit Rogue d'un air absent en faisant les mots croisés d'un Mensuel du Mage Moderne périmé qui traînait là. « 'Poitrine ancienne', en six lettres ? »

« Parpal. » Rogue lui jeta un regard incrédule. « Qu'est-ce que tu crois, j'ai de la culture moi. »

Le cher époux répondit avec un 'hmpf' peu convaincu.

« C'est pas juste que j'ai pas le droit d'être à l'intérieur. » bouda Sirius.

« Il y a déjà deux personnes avec lui, plus ce serait trop. Et franchement, vu l'état de nerfs dans lequel tu t'es mis tu ne rendrais service ni à lui ni à toi en allant là-dedans. Tiens, occupe-toi un peu. » répondit-il en lui tendant un Sorcière Hebdo spécial 'comparez les meilleurs sortilèges dépilatoires avant l'été' sans lever le nez de ses mots croisés. Le voir si parfaitement calme aidait Sirius à se contenir, mais lui donnait également envie de le secouer pour le faire réagir. Comment pouvait-il faire des mots croisés alors que son petit Harry avait mal ?

Décidément, il ne comprendrait jamais complètement sa grande crevette.


« Harry, calme-toi, elle fait juste son boulot. » dit George d'une voix qu'il espérait raisonnable une fois l'infirmière de garde repartie. Elle venait juste d'examiner Harry pour voir où en était le travail. Ce dernier était fatigué, il avait mal, il était d'une mauvaise humeur impressionnante et en plus on lui avait retiré son pénis. Il avait craqué.

« Elle peut le faire sans m'enfoncer des bouts de métal là ! C'est froid, merde ! » s'exclama Harry d'une voix rauque en retombant, rouge et essoufflé, sur les oreillers.

« Allez, c'est pas si grave. En plus t'as entendu ce qu'elle a dit, c'est presque fini ! C'est super, non ? » répondit Fred d'un ton enjoué qui donna envie à Harry de le frapper. Une contraction particulièrement féroce étouffa dans l'œuf la réplique acide qu'il avait sur le bout de la langue et ne l'autorisa qu'à pousser un grognement d'agonie. A la place, il se vengea en écrasant la main qui serrait la sienne de toutes ses forces, sans trop se préoccuper de savoir à qui elle appartenait.

De toute façon c'était leur faute à tous les deux.

Lorsque la douleur passa et que Fred (car c'était lui) récupéra sa main avec une grimace, le guérisseur entra dans la pièce. Harry aperçut Sirius qui se tordait le cou en essayant de voir ce qu'il se passait à l'intérieur, et Rogue qui se tapotait les lèvres avec une plume d'un air pensif, un magazine sur les genoux.

« Alors, on me dit qu'on va avoir besoin de moi ? » dit l'homme d'un ton avenant. Harry lui jeta un regard noir, puis ferma les yeux en sentant la contraction suivante arriver. « Alors dites-moi, combien de minutes d'écart ? »

George jeta un coup d'œil à sa montre. « Moins de trois depuis le début de la précédente. »

« Bien, très bien. Pour six heures de travail c'est excellent, surtout pour un premier accouchement. Remarquable. » Il fut interrompu par une exclamation de douleur que Harry ne put contenir. « Et bien Mr Potter, il faut respirer enfin. »

Harry regrettait vraiment très fort qu'on lui ait pris sa baguette à l'accueil.

« Permettez que je jette un oeil ? » demanda le guérisseur en attirant un tabouret au pied du lit.

« Si je dis non vous partirez ? » répondit Harry, pantelant.

« Je crains que non. Alors, voyons ça. » Il souleva le drap qui couvrait les jambes de Harry (l'arrivée d'air frais qui s'ensuivit menaça d'arracher un soupir d'extase à Harry, qui avait l'impression de se trouver dans un chaudron) tripota à droite à gauche d'une main gantée, et observa attentivement. Fred et George le regardaient faire avec l'air mi-fasciné mi-vert. « Bien. Et bien vous êtes quasiment prêt à pousser, je vais demander à une équipe médicale de venir nous aider et on pourra se mettre au travail. »


« Je m'ennuie. » déclara Sirius en tapotant le bras de son fauteuil.

« Lis un magasine. » répondit Rogue, à présent plongé dans une grille de sudoku géante niveau 'arrachage de cheveux'.

« J'ai déjà lu le truc que tu m'as donné, et non seulement je m'ennuie mais en plus j'en connais beaucoup plus long que je voudrais sur les meilleures marques de tampons à utiliser pour aller se baigner. »

Soudain, trois infirmières chargées d'un tas d'instruments argentés et de deux berceaux transparents remontèrent le couloir à grands pas avant de s'engouffrer dans la chambre de Harry. Sirius bondit sur ses pieds et essaya de leur demander ce qu'il se passait, et pour tous ses efforts il récolta un « Poussez vous monsieur, on est pressées. »

Il n'eut d'autre choix que de se rasseoir et de passer le temps en se mangeant les ongles. Quelques minutes plus tard, Tonks vint les rejoindre avec un grand sourire.

« Rémus est rentré mettre Teddy au lit, et j'ai laissé les Weasley à la cafétéria. Alors, j'ai loupé quoi ? »

« Comment je le saurais, j'ai pas le droit de rentrer. » marmonna Sirius d'un ton boudeur. Rogue leva les yeux au plafond.

« Des infirmières viennent d'entrer avec le matériel néonatal, c'est probablement presque fini. » précisa t-il avant de retourner à ses chiffres.

Quelques minutes de plus passèrent, marquées par un silence assez tendu, jusqu'à ce qu'une infirmière ne passe la tête par le porte pour demander un sac de glace à la cantonade. Apparemment, l'un des jumeaux avait une main cassée et on avait pas trop le temps de s'en occuper tout de suite. La porte resta entrouverte et laissa donc passer les sons, et Sirius se demanda si c'était une si bonne chose qu'il soit au courant en temps réel de ce qu'il se passait.

« Allez monsieur, poussez ! » disait une voix d'homme.

« JE FAIS QUE ÇA ! »

« Va-y Harry, plus fort ! » encourageait l'un des jumeaux. « Respire bien, surtout ! »

« SI T'ES SI MALIN T'AS QU'A LE FAIRE ! »

« Continuez comme ça, c'est presque fini ! » disait une infirmière, apparemment la même qui avait envoyé promener Sirius.

« ÇA FAIT VINGT MINUTES QUE VOUS DITES ÇA ! »

« Oui mais là c'est vrai, la tête est quasiment dehors. »

Sirius et Tonks écoutèrent Harry grogner et pousser des gémissements étouffés avec de grands yeux, jusqu'à ce que...

« Et de une ! Une jolie petite rousse ! » Un petit cri, aigu, chevrotant, fragile s'éleva, et on entendit les deux jumeaux éclater d'un rire extatique et soulagé. Rogue compléta sa grille et s'attaqua à un kakoru. Une infirmière sembla s'apercevoir que la porte était restée entrouverte et la referma avec un claquement sec en jetant un regard mauvais à Sirius, comme si c'était lui qui l'avait laissée comme ça.

Puis Tonks se jeta soudain sur son cousin pour l'embrasser avec enthousiasme, et Sirius sentit une bonne partie de sa tension nerveuse s'envoler. Ce qui n'était pas forcément justifié puisqu'il n'y avait que la moitié du travail de fait, mais quand même.

« Oh, ça me rappelle quand Teddy est né. Il y avait cette vieille sage-femme qui arrêtait pas de me dire « Allez ma cocotte, gueule un bon coup ça va te faire du bien ! Gueule-z-y donc ! », et Molly qui courait partout pour chercher des serviettes et de l'eau, et Rémus, oulalah, j'ai bien du lui suer un litre dessus ! » s'exclama Tonks, surexcitée.

« Je m'en souviens, il m'a dit qu'il avait fallu presque une heure avait qu'il retrouve la circulation dans ses doigts. » répondit Sirius avec un sourire qui menaçait de trancher son visage en deux. Rogue, lui, ne s'était pas laissé distraire de sa grille, et n'avait globalement donné aucun signe que ce qui venait de se passer l'avait affecté d'une quelconque manière.

Bientôt, une armée de Weasleys rassasiés et anxieux vinrent leur tenir compagnie, et Molly serra Sirius dans ses bras tellement fort qu'il soupçonnait des dommages internes. Même Rogue eut le droit à l'embrassade enthousiaste des nouveaux grands-parents, à sa grande surprise. Ron et Hermione avaient leurs bras étroitement passés l'un autour de l'autre et sautillaient sur place, Ron s'exclamant « Elle est rousse ! Elle est rousse ! »


De l'autre côté de la porte, une deuxième petite fille rousse venait de pousser un vagissement de tous les diables, et Harry avait fondu en larmes sans même s'en rendre compte. Plus tard il nierait avec véhémence et affirmerait que c'était de la sueur et rien d'autre.

Fred et George tenaient maintenant chacun dans leurs bras un nourrisson rouge, fripé, qui poussait de petits cris désagréables et sublimes à la fois, et qui les fixaient avec d'immenses yeux bleus qui ne clignaient pas un peu perturbants. Elles étaient si petites, minuscules, même pour des nouveaux nés. Elles étaient également magnifique. La chose la plus incroyable qu'aucun d'entre eux ait jamais vu.

Harry les avait brièvement tenues contre sa poitrine, mais ses mains tremblaient trop pour qu'il se fasse confiance pour les tenir, alors il avait laissé les nouveaux papas s'en charger et les regardait faire, épuisé, depuis son lit. Ils avaient une drôle d'expression, à la fois émerveillée et terrifiée.

« Regarde. » murmura Fred à Harry en contemplant sa fille. « Regarde ce que t'as fait. » Ses épaules étaient relevées et très tendues, comme s'il avait affreusement peur de faire tomber le bébé. George n'était pas mieux, mais en plus il semblait incapable de refermer sa mâchoire, tombée ouverte à la seconde où le premier cri s'était fait entendre. Harry s'était dit que le lui faire remarquer serait un gaspillage d'énergie tant qu'il ne bavait pas sur la petite.

Le guérisseur et les infirmières quittèrent la salle une fois tous leurs papiers dûment remplis et leurs patients dûment nettoyés et rafistolés, laissant les jeunes parents dans l'intimité et s'armant déjà psychologiquement pour annoncer à la foule en délire dans le couloir qu'ils allaient encore devoir attendre un peu avant d'entrer. Harry et les jumeaux eurent juste le temps d'entendre Sirius et Molly s'exclamer « Mais...! » avant que le porte ne se referme. Harry était quand même reconnaissant, il avait vraiment envie d'une sieste avant de se retrouver assailli par les amis et la famille.

Étrange, comme une tête aussi minuscule quand on la tient entre ses mains paraît énorme quand elle est coincée entre ses jambes.

Il commençait à piquer du nez lorsque la voix de George attira son attention.

« Eh, regardez ça, elle suce sa main. Vous croyez qu'elle essaye de prendre son pouce ? » La perspective semblait le ravir. Harry eut un sourire, puis il se laissa plonger dans le sommeil. Il eut juste le temps de sentir deux paires de lèvres l'embrasser sur la tête, l'une après l'autre, et d'entendre quelques mots murmurés avant de sombrer totalement.

« On t'aime, Harry. On t'aime. »

Il se réveilla quelques heures plus tard avec l'impression étrange d'avoir fait un très beau rêve mais sans pouvoir s'en rappeler le moins du monde. Il se sentait bizarre, comme... Et bien, vide. Et léger aussi, considérablement plus léger qu'avant. Et il avait réussi à dormir sur le dos sans se faire écraser les poumons ! Puis il entendit la voix de Molly dire à quelqu'un d'« arrêter de faire ça, tu vas la réveiller, enfin ! ». Après inspection il apparut que Sirius avait simplement tendu un doigt pour toucher la joue d'une des petites, qui dormaient toutes les deux comme des souches. En le voyant réveillé, son parrain se jeta sur lui.

« Ça va ? T'as pas mal ? Le guérisseur a dit qu'on devait te faire boire, tiens prends de l'eau. » dit-il à toute vitesse en lui collant un verre sous le nez. Harry avala de travers, toussa et reposa le verre tout en se redressant. « Fred et George sont allés se changer et prendre une douche, ils seront là bientôt. »

« J'ai dormi combien de temps ? »

« Presque neuf heures, t'as loupé le premier biberon. On t'a même secoué mais ça a rien changé. Les jumeaux sont restés là tout le temps, Molly a du s'en mêler pour qu'ils aillent au moins mettre des vêtements frais. » répondit Sirius avec un sourire en coin. « T'aurais du voir ces yeux de biches qu'ils faisaient en te regardant ronfler... »

« Je ronfle pas ! » s'exclama Harry en prétendant que la rougeur de ses joues n'était due qu'à la pique de Sirius sur ses voies respiratoires. Il était presque certain d'avoir entendu une déclaration avant de s'endormir, et il avait l'impression perturbante qu'il l'aurait rendue s'il avait eu l'énergie nécessaire pour ouvrir la bouche. Il n'avait jamais prononcé ces mots, et auparavant on ne les lui avait jamais adressés non plus, du moins pas dans ce contexte. Ca risquait de compliquer sérieusement les choses, ça... Dans quel pétrin il était encore allé mettre le nez ?

Non, il n'était pas tombé amoureux ! Il s'en serait aperçu, enfin, c'était ridicule ! Et puis sa vie allait être suffisamment en bazar comme ça sans qu'en plus il ne doive gérer un couple... trio... quel que soit le mot ! C'était vraiment pas le moment ! Et non il n'était pas content, bien sûr que non. Non il n'avait pas une délicieuse sensation de chaleur au creu du ventre qui lui donnait une envie stupide de sourire tout le temps en repensant à ces quelques mots murmurés contre ses cheveux poisseux de sueur. Du tout.

Puis il se rendit compte qu'il était en train de se monter le bourrichon pour une histoire qui en fin de compte, premièrement, semblait arranger tout le monde, et deuxièmement n'avait aucun besoin d'être tiré au clair tout de suite.

Alors c'était ça la dépression postpartum...

Un petit cri aigu l'arracha à ses pensées, et il se retrouva penché sur le berceau de la responsable avant même de s'être rendu compte qu'il avait remué un orteil. Ça lui donna l'occasion de se rendre compte que son centre de gravité avait repris sa place, à savoir ses épaules, très brutalement, et il manqua de tomber sous le coup de la surprise. Il prit la petite dans ses bras avec plus de précautions que si elle avait été faite en biscotte, et commença à réfléchir à la raison qui avait pu la faire pleurer.

« Elle a mangé et sa couche est vide. » dit Molly. « Elle veut probablement qu'on fasse attention à elle. »

Évidemment. D'ailleurs elle méritait qu'on fasse attention à elle. Si il avait été aussi beau, Harry aussi aurait voulu que le monde entier fasse attention à lui. Soudain, sa fille serrée contre lui, Harry sembla oublier qu'il y avait du monde dans la pièce. Il y avait juste ses deux bébés, ses belles petites fleurs à lui (à qui il fallait donner un nom, soit dit en passant) qui commençaient déjà à défriper et qui avaient adopté la plus adorable nuance de rose qu'on puisse concevoir. L'une était presque chauve, mis à part un très fin duvet carotte, et l'autre exhibait fièrement un petite touffe auburn qui partait déjà en tous sens, ce qui en théorie n'aurait pas dû être possible après seulement une dizaine d'heures de vie. Les gènes capillaires de Potter étaient vraiment puissants.

Quelqu'un lui tendit le second bébé (probablement Molly, il s'en fichait un peu sur le moment), et l'installa confortablement dans son bras gauche. Elle ne pesait vraiment rien du tout, c'en était presque effrayant. Molly et Sirius échangèrent un regard et le laissèrent tout seul admirer ses bébés avec de grands yeux ronds. Alors c'était ça à l'intérieur de lui tout ce temps ?

Elles paraissaient beaucoup plus grosses quand elles étaient dedans, c'était vraiment injuste.

Harry ne sut jamais exactement combien de temps il resta là à s'ébahir devant la perfection de ses enfants et à se demander comment il avait pu un jour les considérer comme une catastrophe, mais il fallut que la tête de Fred et George se glisse par l'entrebâillement de la porte pour le faire revenir sur terre. En apercevant Harry, ils eurent un sourire qui aurait fait honte aux publicités pour du dentifrice moldu et ils vinrent s'asseoir en silence de chaque côté du matelas, prenant Harry en sandwich.

Un silence confortable s'installa, occasionnellement coupé par un petit gémissement ou un gargouillis.

« Faudrait peut-être leur donner des noms, Maman veut passer à l'état civil dans l'après midi. Je pensais à un truc de fleur. » dit George.

« Comme ma mère. » dit Harry d'un ton absent.

« Non, la fleur c'est lilas, pas lily. » dit Fred en fronçant les sourcils.

« C'est de l'anglais andouille, ça veut dire lys. Ou muguet, ça dépend. »

« Andouille toi-même. Et je le savais d'abord. Je suis anglais. » Harry s'éclaircit la gorge.

« Des noms ? »

« Oh, oui. Euh... Poinsettia ? »

« C'est une blague, j'espère ? »

« Oui. »

Après de nombreuses autres propositions hâtivement classifiées comme blagues en voyant la tête que faisait Harry en les entendant, on se mit d'accord sur Marguerite pour l'aînée chauve, et Rose pour la cadette chevelue. Et oui, les parents se rendaient bien compte que c'était des noms de vieilles, mais ils étaient jolis alors moumoute camembert.

Ensuite Rose se mit à hurler, Marguerite se mit à l'imiter parce que ça avait l'air drôlement marrant, et Harry Fred et George se mirent promptement à paniquer. Et ainsi Harry découvrit la joie de changer la couche d'un nouveau-né. C'est tout à fait le genre d'épreuve olfactive qu'on imagine pas tant qu'on y a pas été confronté. Mais, bravement, il résista à l'envie d'ordonner à Fred de le faire à sa place en se disant qu'il allait bien devoir s'y faire de toute façon.

Quand un verre est à moitié plein, il est aussi à moitié vide après tout. On peut pas tout avoir.

Ce fut la première d'une looooongue série de couches, et de biberons, et d'arpentage de couloir en pleine nuit en essayant de se rappeler le troisième couplet d'Au clair de la lune. Après un premier jour catastrophique où Harry était resté tout seul à la maison avec les petites et avait frôlé la crise d'apoplexie, ils décidèrent tous les trois de se simplifier la vie et d'installer deux berceaux et une table à langer dans la réserve (après avoir renforcé suffisamment les protections du laboratoire pour qu'on puisse y garder un dragon adulte sans que rien ne filtre par la porte).

Chaque soir, en allant se coucher il sentait deux paires de lèvres l'embrasser sur la tête, et parfois, s'il faisait semblant de dormir assez longtemps, il entendait ces trois petits mots qui lui faisaient passer une si bonne nuit. Il se promit qu'un jour, il rassemblerait tout son courage, et il répondrait. Un jour, mais pas tout de suite.

Après tout, ce n'était que le début.

FIN

(yay me !)