EEEEENNNNFFFIINNNNN ! Aah vous l'attendiez plus ce chapitre, et bien le voici enfin après euuuhhh…..hum bref après très longtemps.
Je tiens à présenter mes excuses pour l'attente. Pour des raisons d'ordre familiales et personnelles l'envie d'écrire s'est quelque peu volatilisée. Sans compter le problème informatique que j'ai rencontré et qui a avalé pas moins d'une quarantaine de pages de ce chapitre.
Je remercie toutes les personnes qui m'ont envoyé des messages de soutient. Cela m'a fait très plaisir, et certainement leur dois-je beaucoup pour avoir ravivé ma flamme pour l'écriture. Alors un grand merci. Cela va de même pour tous ceux qui m'ont laissé des reviews. En les relisant j'ai aussi pu retrouver le courage nécessaire pour reprendre l'écriture de ce chapitre.
Cela dit, passons aux réponses à ces fameux commentaires :
Gemini no Vanou : Heureuse de voir que le chapitre 10 t'ait plu. Eh oui, maintenant on comprend mieux les agissements de Shina, je reconnais ne pas avoir très gentille avec elle. Enfin, que veux-tu, je voulais une méchante dans l'histoire et le tempérament de feu de l'italienne était ce qu'il me fallait. Pour ce qu'il en est d'Angelo, jusqu'ici il s'est montré très…hum…très « calme » jusqu'ici, j'ai donc voulu montrer une partie sombre de lui-même. Plus exactement, une partie plus humaine de sa personnalité. Après tout, n'a-t-il pas menacé ces hommes pour le bien d'un ami ? J'espère que ce chapitre te plaira, et qu'il répondra à tes attentes. Je te souhaite une très bonne lecture et je te remercie encore d'avoir laissé tes impressions.
Murza : Bonjour Murza, merci pour ta fidélité çà me fait très plaisir. Ton commentaire m'a beaucoup touché. Eh oui, le chapitre 10 n'était pas le dernier, il aurait été bien trop long sinon (rien qu'à voir la longueur des chapitres 10 et 11 je pense qu'il serait inutile de s'étaler sur le sujet). Comparer mon travail à un repas fort copieux m'a fait sourire et je suis heureuse de voir que ce chapitre t'ait plu à ce point. Il est vrai que j'ai beaucoup joué avec vos nerfs. Que veux-tu je dois avoir des tendances sadiques, entre les blessures de Milo, les probables décès de nos deux éphèbes et j'en passe, je me dis que je suis bien méchante (rire). Enfin bon, voir les personnages blessés dévoilent davantage leur humanité je trouve. Encore une fois merci, pour ton commentaire, il m'a vraiment fait chaud au cœur. J'espère sincèrement que ce chapitre te plaira. Bonne lecture à toi.
Eternity : Non pas taper, pas taper ! (rire) C'est vrai je vous ai fait patienter pendant fort longtemps, et je m'en excuse une fois de plus. Je peux comprendre ce que l'on ressent quand une histoire vous plait et que l'on attend un moment pour connaître le pourquoi du comment, alors pardon une fois encore. J'espère en tout cas que ce chapitre me fera pardonner et qu'il répondra à tes attentes. Des révélations t'attendent ainsi que bien d'autres petites choses. Je te souhaite une très agréable lecture et j'espère te revoir très bientôt. Merci encore pour ton commentaire, cela m'a fait très plaisir.
Seveya : Je suis tout aussi heureuse de te revoir. Contente aussi que le dixième chapitre t'ait plu. Comme tu le dis si bien, c'est effectivement « super Milo » qui est entré en action. Je voulais que les chemins s'entrecroisent, que les sentiments s'entremêlent et que l'on soit emporté en même temps qu'eux. Alors jouer à la fois sur les actions de Camus et de Milo, je reconnais y avoir pris beaucoup de plaisir et je suis contente de voir que cela ait été apprécié. Et oui, nous sommes bien d'accord : Milo est parfait ! (rire) Entre Kanon, Milo, Camus, Saga,…pfff nous ne savons plus où donner de la tête avec tous ces éphèbes (rire). Je ne me lasserai, je pense, jamais de les imaginer dans les situations les plus farfelues, dangereuses et sensuels qui soit. J'espère sincèrement que ce chapitre te plaira autant que le précédent et qu'il sera à la hauteur de tes espérances. Merci pour ton gentil commentaire. A très bientôt j'espère. Je te souhaite une bonne lecture.
Tri : Eh bien que dire…ton commentaire m'a fait énormément plaisir, et je suis sincère. Ton impatience pour lire mon travail m'a beaucoup touché. C'est agréable de voir que des gens apprécie mon travail, et surtout qu'il fasse plaisir. Tes compliments m'ont fait chaud au cœur, et j'espère sincèrement ne pas te décevoir avec ce nouveau chapitre malgré ma longue absence. Il est vrai que ce chapitre 1à était riche en émotion : entre le « trio infernal » comme tu le nommes si bien, Shina qui montre sa fureur, Aiolia qui montre ses crocs, et Milo le courageux et Camus le preux, on ne sait où donner de la tête (rire). Je redoutais qu'on s'y perde mais je suis rassurée de voir que cela soit bien passé. Encore merci pour tes commentaires chaleureux. J'espère que ce chapitre te plaira. Sur ce, je te souhaite une très bonne lecture.
Lyonis : Merci pour avoir laissé tes impressions sur le précédent chapitre c'est gentil de ta part. Tu as eu raison sur le fait que le chapitre 10 a été fort en révélation en tout genre. La fin était proche et je voulais un chapitre qui soit riche et qui puisse répondre aux envies de chacun. J'espère y être parvenue. Pour la longueur, je reconnais être amusée de voir à quel point plus j'avançais dans l'histoire et plus les lignes étaient nombreuses. Enfin…cette histoire était très plaisante à écrire et j'espère que les émotions transcrites ont été assez convaincantes. Au sujet de Camus, il est vrai que j'ai voulu faire ressortir une part de lui que l'on soupçonne depuis le début et aussi dans l'anime. Son humanité et sa sensibilité étaient essentielles pour moi, il suffit de voir l'épisode dans le temple de la Balance (si tu l'as vu) pour comprendre tout mon attachement à ce personnage. Toutefois, je ne voulais pas que son ouverture vers les autres le transforme en un personnage trop fragile…Allons, nous parlons de Camus quand même (rire). Aah et que dire de Milo, sa prestance dans le manga m'a beaucoup marqué et j'espère que l'image que je lui ai donné restera fidèle dans ce chapitre final. En tout cas, merci pour tout, je te souhaite une agréable lecture en espérant qu'il te plaira. A bientôt j'espère.
Sami-saka : Ton enthousiasme et ton énergie m'a touché plus que de raison (rire), je suis heureuse de voir que mon travail provoque de telles émotions. Les déclarations et les non-dits font partis intégrante de la relation entre Milo et Camus, je tenais à y rester fidèle jusqu'à la fin. Ainsi, le plaisir n'en aurait été que plus long, quand dis-tu ? Toujours est-il, qu'en relisant je me rends compte que certaines scènes sont quelque peu fleur bleu, enfin bon cela doit être la fan de yaoi qui s'est exprimée à ce moment là (rire). Pour ce qu'il en est de Shina, il est vrai que cette jeune femme est quelque peu perturbée. Je voulais trouver une raison « valable » à ses agissements tout en faisant ressortir sa folie. Après tout quelle idée de vouloir garder quelqu'un pour soi au point de freiner son bonheur ? C'est à cet instant que la sensibilité et la force de Camus s'est révélé et je reconnais avoir eut grand plaisir à les faire ressortir. Le père du français est un élément extérieur que je voulais depuis longtemps faire intervenir. C'est parfois venant d'éléments que l'on ne soupçonne pas que les choses s'éclairent. Les choses s'améliorent en effet, mais rien n'est encore fini pour eux, et pour çà je te laisse le découvrir dans ce dernier chapitre. Merci encore pour tes impressions et je te souhaite une très bonne lecture.
Renn : Heureuse de voir que mon travail te plait, c'est toujours agréable de lire des commentaires comme les tient. Et oui pour Shina je n'y suis guère allée de main morte, pourtant on ne peut pas dire que ce personnage me déplaît plus que cela. Mais bon, il fallait bien un méchant dans l'histoire (rire) et rien de tel qu'une noire jalousie venant d'une femme au caractère bien trempé. Contente aussi de lire que les passages forts t'aient marqués. Ils ont étaient bien difficiles à retranscrire sur papier mais ce fut aussi un plaisir de le faire. Toutes bonnes choses ont malheureusement une fin, et je crains que cela soit le cas aujourd'hui. Toutefois, j'espère que ce final te plaira et que tu en garderas une bonne impression. Sur ce, je te souhaite une agréable lecture en espérant que cette suite répondra à tes attentes. Merci encore pour ton commentaire.
Lilith : Aaaaaaaah chère Lilith, toujours là et cela fait bien plaisir. Bon, j'ai échappé à la tronçonneuse la dernière fois, je verrai bien ce qu'il en sera maintenant (rire). Tes compliments m'ont beaucoup touché, sincèrement. C'est toujours plaisant de voir que son travail est apprécié de la sorte. Je tenais à te remercier pour ta fidélité sans faille qui m'a toujours autant fait plaisir. Tes commentaires étaient gentils et toujours teintés d'une petite pointe d'humour que j'aimais bien lire. J'espère sincèrement, et ce malgré cette longggguuuuueeee attente, que ce chapitre te plaira et que cette histoire te laissera au final une bonne impression. J'ai eu beaucoup de plaisir à écrire les aventures de nos éphèbes et j'espère l'avoir assez fait ressentir au fil des chapitres. Etre maître de leurs émotions peut être déstabilisant comme un vrai plaisir quand il s'agit de les rendre heureux. Ainsi, j'espère que ce final te plaira autant que le reste. Très bonne lecture à toi tout en espérant te revoir très bientôt. Merci encore pour tout.
Millenium d'argent : Salut à toi. Décidemment, mettre votre patience à rude épreuve est ce que l'on peut dire une discipline dans laquelle j'excelle (rire). Enfin…la fin est là et bien là. Je tiens d'abord à te remercier pour tes impressions sur le chapitre 10. Tes compliments m'ont fait très plaisir et j'espère que ce final sera à la hauteur de tes espérances. Le chapitre précédent, en comptant celui-ci, était certainement l'un des plus difficiles à écrire de part les diverses révélations à retranscrire. Toutefois, malgré cela, ce fut un vrai plaisir de partager çà avec vous tous. Pour ce qu'il en est de Shina, cette jeune fille est quelque peu perturbée je te l'accorde, ses illusions et ses raisonnements ont de quoi inquiéter nos héros. Enfin, les choses ont l'air de s'être arrangées pour eux. Malgré tout, rien n'est encore fini et c'est pour cela que ce chapitre est là. Au sujet de nos fameux éphèbes, Milo et Camus ont un semblant d'insouciance qui était plaisant à écrire car cela montre bien qu'ils laissent la raison de côté pour laisser leurs émotions s'exprimer. Le père de Camus, bien que peu présent dans le chapitre 10, me semblait essentiel car il est, avec son frère, le lien qui le relie à son passé douloureux. Sur ce, j'espère que ce final sera à la hauteur de ta patience et qu'il te laissera de bonnes impressions. Merci encore et bonne lecture à toi.
Andromede333 : Je suis de même contente de te revoir. Tes compliments me touchent et je suis contente de voir que le précédent chapitre t'ait plu à ce point. Il est vrai que le chapitre 10 fut fort en émotions en tout genre, j'ai eut plaisir à l'écrire malgré les difficultés que j'ai rencontré à les exprimer pleinement. Mais je peux être rassurée en voyant tes impressions (rire). Pour en arriver à Shina et Rune, ces deux personnages sont quelque peu pervers, çà c'est certain. Enfin, que veux-tu, je souhaitais intégrer des « méchants » dans l'histoire, alors autant faire dans l'extrême. Le fait que tu puisses ressentir de la pitié pour Shina se comprend tout à fait. A ce propos, j'ai été heureuse de voir que son comportement ait suscité autant de réactions, partagées entre la surprise, le mépris ou encore la pitié. Cette demoiselle est quelque peu dérangée mais en même temps désespérément attachée à une image qui lui procurait du bonheur. La recherche du bonheur n'est-elle pas humaine ? Au sujet du père de Camus, d'ordinaire je n'apprécie pas user de personnages « fictifs » car il n'y a plus de référence à un protagoniste connu, ce qui demande un travail d'imagination aux lecteurs. Mais son rôle était important, et vu qu'il n'apparaît que peu de temps, je me suis permise cette petite folie (rire). J'ai voulu rendre l'image d'un paternel aimant et doux je suis contente qu'il t'ait plu. Toujours est-il que ton commentaire m'a fait très plaisir et j'espère que ce final te plaira tout autant. Merci pour tout et très bonne lecture à toi.
Hine : Ouah aurais-tu lu les 10 chapitres d'une seule traite ? Je suis à la fois impressionnée et très heureuse de l'apprendre, ce geste m'a touché à un point que je n'aurai soupçonné (surtout en raison de la longueur des chapitres). Et bien que dire, je suis honorée de voir que quelqu'un est trouvée le courage de tout lire en une seule fois et d'en garder une impression aussi positive que la tienne. J'espère donc que ce final te satisfera et te laissera une bonne impression. Je crois que les parties les plus importantes d'une histoire sont le début, le climax et la fin. J'en arrive donc à cette dernière, et combien de fois m'est-il arrivée de me dire devant un film, un livre ou autre : quel dommage une autre fin aurait peut être était mieux ? (sans pour autant dénigrer l'œuvre bien entendu). Enfin, je t'invite à lire cette suite et je souhaite une bonne lecture. Merci encore pour ton commentaire et à bientôt j'espère.
Tàri : Aaaah Tàri, Tàri, Tàri…mais que dire, que dire à part un grand merci ?! Ta fidélité est impressionnante, touchante, et je te remercie de tout cœur pour tes encouragements et tes messages de soutient. Ces gestes m'ont fait chaud au cœur et j'espère encore davantage que cette fin sera à la hauteur de tes attentes. J'ai mis bien du temps à écrire cette fin, mais je reconnais qu'une fois achevée je n'ai pu m'empêcher de ressentir un petit pincement au cœur. Après tout, cela fait un long moment qu'elle rythme ma vie, elle me rend bien nostalgique maintenant. Enfin, cessons le sentimentalisme. Tes commentaires me font toujours très plaisir et j'espère sincèrement te revoir très prochainement. Encore un grand merci pour le soutient que tu m'as apporté et je te souhaite une excellente lecture. A très bientôt.
Hemere : Il est vrai que « j'ai un parti-pris de narratif » que je ne soupçonnais pas avant (rire) je peux même te dire qu'avant de débuter cette histoire je m'étais dis : « Bon, pas trop de lignes, ni de bla-bla indigeste pour ne pas ennuyer le lecteur ». J'ai encore des efforts à fournir je crois (rire). Toutefois, je suis contente de voir que malgré cela tu es pu apprécier mon travail. Tes compliments m'ont touché. Je suis impressionnée qu'avec aussi peu de mots tu es pu exprimer tant de chose. Je garde une agréable impression de ton commentaire et j'espère que tu aimeras cette fin. Les non-dits font partis de la relation qu'entretient Milo et Camus, histoire de faire durer le plaisir plus longtemps tout en la faisant évoluer doucement mais surement. Sur ce, je te souhaite une agréable lecture et en espérant que cette fin te plaira. Encore merci.
A-loves-L : Voilà un pseudonyme bien original. Ne t'en fait pas, que tu ais mis un commentaire qu'au dixième chapitre, cela ne me dérange pas. Le fait que tu es pris le temps de me laisser tes impressions m'a fait très plaisir. Je suis heureuse de voir que mon histoire te plaise à ce point, il est agréable de voir que des gens aiment son travail. Le petit dialogue que tu as mis en place dans ton commentaire m'a bien fait rire. J'espère que cette fin te plaira et qu'elle sera à la hauteur de tes attentes. Je te souhaite une très bonne lecture et à très bientôt j'espère.
Sylphideland : Eh bien voilà un commentaire bien expressif (rire). Alors le chapitre 10 serait le meilleur selon toi ? Je suis contente de voir que nous ayons le même point de vue sur ce sujet (même si cette fin ait une place à part dans mon cœur (rire)). Le chapitre précédent est ce que je peux appeler « le climax » de cette histoire, un mélange bien épais de révélations et d'émotions diverses. Un petit coup de cœur pour ce chapitre 10 où j'ai pu révéler les faces cachées de nos héros, un vrai délice. Pour en revenir à tes impressions, il est vrai que la confrontation entre Camus et Rune était intense tout comme celle avec Shina, mais je reconnais avoir un faible pour cette dernière. Pour ce qu'il en est du père de Camus, je vois qu'il a aussi marqué d'autre personne et je suis heureuse que malgré qu'il soit peu intervenu qu'il est autant marqué les esprits. J'ai voulu donner l'image d'un père gentil, attentionné et surtout aimant. Il est celui qui finalisera le pardon de Camus avec lui-même car malgré l'attention de Milo, l'amour d'un père est irremplaçable. Je te remercie pour tes gentils commentaires et j'espère sincèrement que ce final te plaira et que je te reverrai bientôt. Merci encore et bonne lecture à toi.
Jeanne : Je serai franche en disant que tes premiers mots m'ont vraiment, mais alors vraiment fait plaisir : « Ton histoire sur Camus et Milo est sans doute la plus belle que j'ai lue ». Ouah ! Eh bien que dire à cela, difficile d'exprimer un ressentit comme celui-là (surtout que ce couple est un vrai coup de cœur pour moi alors dire une chose pareille a de quoi me bouleverser (rire)). Sérieusement, ce compliment m'a fait chaud au cœur alors merci infiniment pour cela. J'espère ainsi que cette suite te plaira et qu'elle répondra à tes attentes et qu'elle sera à la hauteur de ta patience. Encore merci pour ton très gentil commentaire. A très bientôt j'espère. Bonne lecture à toi.
En espérant n'avoir oublié personne, si c'est le cas prévenez-moi.
Allez, un petit résumé du chapitre 10 : Milo a été grièvement blessé par Rune alors qu'il tentait de sauver Camus à son appartement. Transféré à l'hôpital, ses amis s'inquiètent de son état, mais le docteur qui s'occupe du grec les rassure, sa vie était désormais hors de danger. Camus va lui rendre visite dans sa chambre alors qu'il était sous sédatifs. Il lui confie alors ses craintes et que son comportement de ces derniers mois n'était pas désiré. Pendant ce temps, Angelo, Shura et Aphrodite interrogeaient les hommes de main de Rune pour connaître l'identité des responsables. A l'hôpital, Camus reçoit un appel lui donnant rendez-vous dans un entrepôt du port, il s'éclipse alors que Marine révélait à ses amis qui était derrière tout çà. A l'entrepôt, Camus découvre enfin le coupable de ses malheurs, enfin…plutôt la coupable. Shina le menace d'une arme à feu tout en lui révélant pourquoi elle lui a fait tant de mal. C'est alors que sans s'y attendre, Milo, qui s'était échappé de l'hôpital, les rejoint pour secourir le français et enfin mettre fin aux agissements de la jeune fille. Après cela ils retournent tous les deux à l'hôpital. Alors que les choses semblaient s'arranger, Rune entre en scène pour supprimer Milo dans son sommeil. Mais au lieu du grec, il tombe sur les amis de ce dernier qui l'attendaient. C'est au tour de Camus de régler ses comptes avec lui. Le lendemain, le petit groupe rend visite au grec. C'est alors que Camus rencontre son père à l'hôpital qui a été informé des événements. Après une longue discussion, le fils et le paternel renouent des liens qui étaient rompus suite au décès de la mère de Camus. Le moment des révélations et des explications étaient enfin venus pour Camus et Milo.
Je remercie tous ceux et celles qui ont lu et/ou laissé des commentaires. Ce chapitre sonne la fin de cette histoire que j'ai eue grand plaisir à écrire et à partager avec vous. J'espère que cette fin vous satisfera et qu'elle répondra à vos espérances. Vous avez pris de votre temps pour lire mon travail et parfois laisser vos impressions. Chaque commentaire, chaque vues étaient un plaisir pour moi et je tenais à vous le dire. L'écriture est une évasion, une manière de communiquer aux autres nos envies et d'offrir parfois le plaisir de rêver à un monde fictif mais plaisant. J'espère que celui dans lequel j'ai fait évoluer ces personnages vous a plu et que cette fin vous laissera une bonne impression.
Un grand merci à tous et à toutes. A ce jour, plus de 11 400 vues ont été enregistrées. Je ne vous remercierai jamais assez. Gros bisous à tous et toutes.
PS : informations sur la prochaine fiction à la fin de ce chapitre ! ^^
Les lieux étaient en effervescence. Les gens se croisaient sans pour autant se bousculer. La cadence était énergique, le rythme soutenu, l'atmosphère vibrait sous l'animosité.
Dans cette agitation, deux silhouettes avançaient à cadence égale, élancée mais sereine. Elles marchaient l'une à côté de l'autre, le tissus de leurs vêtements se frôlant presque, témoin du lien qui les unissait. Le dos droit, les épaules relevées, la marche souple et élégante, leur corps se mouvait d'un même élan.
Peu identiques, leur aisance et leur maintient étaient bien trop similaires pour être négligés. Elles se connaissaient, à n'en pas douter.
Il était dur de dire ce qui faisait les ressembler. Cela ne se voyait pas…oh non…s'était bien plus profond…çà se ressentait. Une présence, un charisme, semblaient les envelopper, les emmener dans leur démarche.
De longues jambes, des hanches étroites, un buste puissant, des traits finement tracés…ces deux hommes dégageaient un subtil mélange de virilité et de douceur.
Ils ne se regardaient pas, ils n'en avaient nul besoin, comme si la simple présence de l'autre suffisait à combler le moindre silence. Les mots n'étaient plus nécessaires, car pas assez expressifs pour ce qu'ils souhaiteraient dire…le langage du cœur n'avait guère besoin de mots.
Et ils marchaient, toujours. Leurs cheveux se mouvaient au rythme de leur pas alors qu'ils arrivaient au bout du corridor. Contre un mur, une machine grisâtre, mais entourée cependant. Sinistre, elle réunissait pourtant les gens par les services qu'elle pouvait rendre. Autour d'elle, des silhouettes aux formes et tailles diverses.
Un petit groupe s'était formé. Peu nombreux, ses membres occupaient pourtant une part importante du couloir. Des cafés en mains, les jeunes hommes palabraient énergiquement, d'un ton enjoué et jovial, des rires parfois s'élevaient pour apporter une touche de gaité dans cet espace à la réputation si macabre.
C'est alors que l'un des deux hommes s'arrêta, stoppant de même celui qui l'accompagnait. Ce dernier détourna son regard pour le poser sur lui, on ne pouvait y lire que douceur alors qu'il détaillait ses traits.
Sans quitter le petit groupe des yeux, il finit par s'exprimer.
« Est-ce que je peux…te laisser un moment ?… »
Sa voix était hésitante. Son timbre vibrait légèrement, signe des doutes qui l'assaillaient. Il ne savait pas comment formuler sa demande, ou encore en expliquer la raison.
« J'ai… » Reprit-il. « Quelque chose à faire. »
L'autre ne dit rien. Il fixait impassible le profil du jeune homme, scrutant le moindre mouvement de ses lèvres, de ses pommettes, de ses joues... Finalement, au bout d'un court instant, un sourire naquit sur son visage, l'illuminant davantage. Il prit la parole à son tour.
« Prends ton temps. »
La réponse était simple, mais suffisante pour le jeune homme qui sentait sa poitrine se détendre quelque peu. Il n'aurait su dire ce qui avait été à l'origine du pincement qui avait étreint son cœur. Sans explication donnée, il savait ce qu'il s'apprêtait à faire et le simple fait d'y songer le rendait nerveux. Le moment était décisif, et il le savait.
Et çà l'effrayait….beaucoup.
Il n'ajouta rien, un humble hochement de tête suffit à tout deux pour conclure leur marche commune. Le jeune homme finit pourtant par se tourner, offrant à son voisin un sourire discret en signe de remerciement. Le plus âgé des deux le lui rendit avec la même tendresse peinte au fond des yeux.
Le jeune homme n'attendit plus longtemps et s'éloigna de quelque pas pour atteindre les portes d'un ascendeur. Elles s'ouvrirent silencieusement. Il franchit alors le seuil de la cabine et eut le temps de se retourner pour voir l'homme une dernière fois avant que les portes ne se referment devant lui.
Statique, l'homme délaissé restait impassible sur le passage des médecins et infirmières qui traversaient les corridors.
Un bruit, grave, mais agréable, le détourna de ses pensées pour le ramener à un autre présent. Il pivota légèrement sa silhouette.
L'homme sourit. Non loin, le même petit groupe, la même ambiance, la même jovialité. Ces jeunes hommes dégageaient un semblant d'allégresse, de pureté qui balayait leur espace d'une brise rafraichissante.
Souriant encore, l'homme s'avança. Juste quelque mètre, une courte distance avant de rentrer dans cet espace, cette bulle de bien-être.
Mais…
Soudain…Tel un intrus, un corps étranger, les rires s'arrêtèrent, les palabres cessèrent pour laisser le silence prendre doucement place. L'homme s'en voulut de briser ainsi les choses, de détruire une telle harmonie, pourtant son sourire ne s'était pas fané.
Le groupe s'était tut. Chacun se tourna alors vers le nouvel arrivant. Pourtant, aucune once d'agressivité, aucune hostilité…non…juste de la curiosité. Alors ils observèrent….
Devant eux, posé, un homme d'âge mûr et au visage marqué par le temps. Son costume sombre parfaitement coupé ne lui sciait un caractère austère. Ses cheveux grisonnant encadraient un faciès agréable, aux traits et courbes équilibrés. Son regard laissait transparaître une étincelle, une lueur aux couleurs chaudes et apaisantes. Cet homme était bon….et cela se voyait.
Ne pouvant laisser l'instant perdurer plus longtemps, un membre du groupe se détacha, s'avançant au devant de cet homme tel un porte-parole. Il était grand, imposant et plus âgé que ses pairs.
Toutefois…
« Bonjour messieurs.»
Il fut prit de cours.
Quelque peu décontenancé, il n'en montra rien et répondit au sourire de l'homme.
« Bonjour monsieur. » répondit-il poliment. « Désirez-vous quelque chose ? »
Le quinquagénaire sentit ses lèvres s'étirer en un sourire d'une autre nature. Il fut touché par ces mots pourtant si simples. La politesse de ce jeune homme lui plut beaucoup. Rares étaient les jeunes qui parlaient aussi poliment aujourd'hui. Mais, au fond, cela ne l'avait pas étonné.
« Vous êtes les amis de mon fils n'est-ce pas? » dit-il doucement.
Sa demande avait fait naître bien des réactions. Certains étaient surpris, d'autre plus discret mais personne ne répondit tout de suite à l'interrogation. Toutefois, c'était le jeune homme qui fut le premier à répondre.
« Pardonnez-moi… » dit Kanon « Etes-vous…le père de Camus? »
La réponse ne se fit pas attendre.
« En effet.»
Nouvelle surprise pour le groupe qui dévisagea davantage le nouveau venu. Le français était de nature discrète bien qu'il se soit montré plus expressif ces derniers temps alors, rencontrer son paternel était une chance pour eux de le connaître un peu mieux.
Ce fut donc après un court instant d'hésitation qu'un autre membre du groupe, un peu plus aventureux, s'approcha du quinquagénaire.
« Vous…vous êtes vraiment son père ? » demanda Angelo d'un ton suspicieux mais non moins interloqué.
L'homme eut un sourire amusé.
« Jusqu'à preuve du contraire… » Répondit-il simplement.
L'italien ne put se retenir...
« Bon sang ! Ce que vous êtes jeune ! » S'exclama-t-il de vive voix. «Camus ne vous ressemble pas beaucoup.»
Et le blanc…
Sa remarque, eut le don de faire planer un silence des plus complets. La surprise passée, on pouvait voir des yeux se lever au ciel, des mains se plaquer sur ceux-ci ou des soupirs fendre l'air.
Toutefois, alors que tous laissaient leur dépit s'exprimer plus ou moins de manière délicate, des épaules tremblèrent, des doigts se serrèrent, une mâchoire se crispait alors que….vivement….un bras se leva, le poing serré, avant de s'abattre brutalement…
Puis….un cri…discret…mais suraigüe…
La tête baissée, le dos courbé…Angelo serra les dents, contenant les sons que sa gorge voulait émettre. Et c'est à ce moment qu'il leva les deux mains, les posant doucement, sur un haut de crâne douloureux.
Brusquement, il releva la tête.
« Mais çà va pas ! » s'écria-t-il sans aucune délicatesse.
L'interlocuteur releva le poing.
« Idiot ! Modère tes paroles ! » S'exclama Aphrodite. « Il y a des choses qui ne se disent pas ! »
Le suédois soupira à son tour.
« Où as-tu appris les bonnes manières pour l'amour du ciel…» ajouta-t-il les yeux en direction de ce dernier.
Nouveau silence, plus détendu certes mais non moins présent.
Puis, un murmure, un souffle léger, un chuchotement.
Ce qu'ils virent leur coupa littéralement toute envie de paroles. Des épaules relevées étaient désormais prises de soubresauts, des petits gémissements inaudibles s'élevèrent soudain, une respiration sifflante se fit entendre alors que…brusquement…un son plus fort, contenu trop longtemps s'exprima librement.
Un rire clair caressait les sens du groupe alors que le quinquagénaire rirait de bon cœur sous leurs yeux. L'homme avait une voix grave et mûre. Son rire était franc, sincère et délicieux à l'écoute.
Au bout d'un moment, l'homme mit fin à son rire avec son éternel sourire bienveillant peint sur les lèvres.
« Votre franchise me plaît jeune homme. » Dit-il sincèrement.
Gêné, Angelo rougit quelque peu et massa sa nuque avec un petit rire nerveux.
Cette réplique suffit à ramener le groupe à un semblant de réalité et à exprimer leur amusement. Mais le quinquagénaire ne s'arrêta pas à cette simple palabre.
« Mais vous avez raison. » Ajouta l'homme. « Mon fils a plus hérité de sa mère de ce côté-là. »
Des sourires s'étiraient.
« Messieurs, si je suis venu vous voir… » Ajouta-t-il. « C'est pour une raison bien précise. »
Le groupe d'amis redevient soudain bien sérieux. Le ton employé appelait au respect et à l'écoute.
« J'ai été tenu au courant des événements qui avaient eu lieu dernièrement… »
Un silence, plus pesant cette fois-ci, s'installa. Ces paroles ont été suffisantes pour remémorer des souvenirs peu agréables.
« Ce qui s'est passé a été difficile…pour tous. Les mesures seront prises pour que les responsables soient punis à la hauteur de leurs fautes… »
Personne ne dit mot, laissant l'homme terminer.
« De telles choses ne devraient jamais arriver. Maintenant mon fils est hors de danger …..et c'est pourquoi….en tant que père…»
L'homme….ferma les yeux…et s'inclina…lentement.
« Je tenais à vous exprimer toute ma reconnaissance. Mon fils a de la chance d'avoir des amis tels que vous. » Souffla-t-il. « Merci…infiniment. »
Nul ne répondit à sa déclaration, trop interloqué ou gêné de se voir ainsi remercier par un inconnu. Des regards qui s'échangeaient, des sourires qui s'étiraient et de la douceur qui réchauffait les cœurs de tous.
Aiolia se positionna instinctivement comme porte parole. Il ne pouvait laisser plus longtemps le paternel d'un ami dans une telle posture.
« Monsieur…vos mots nous touchent. » Commença-t-il. « Mais…nous ne pouvons pas accepter votre gratitude. Nous ne la méritons pas. »
A ces mots, l'homme se redressa, curieux.
« Sachez que nous n'avons été que d'un maigre soutient dans cette histoire… » Continua le jeune grec. « Il y a quelqu'un qui mérite bien plus vos paroles…»
Le quinquagénaire intervient à son tour.
« Que voulez-vous dire ? »
Les sourires des jeunes gens devinrent plus sincères.
Et une longue histoire fut contée…
Une démarche moins assurée, des pas plus lents, des épaules bien basses,…c'était lasse qu'une âme circulait dans les corridors immaculés de blanc. Les infirmières ne faisaient pas attention à elle, elles en voyaient tellement…
Soudain, elle s'arrêta. La silhouette resta silencieuse, alors qu'elle fixait la porte de chambre. Ses mains tremblaient, témoins de son combat intérieur.
Au bout d'un long moment, elle finit par poser ses doigts sur la poignée. Lourde, la porte s'ouvrit lentement, glissant à peine.
La silhouette franchit enfin le pas. Son cœur tambourinait dans ses tempes.
Seuls ses yeux bougeaient, seule signe de son vivant. La chambre était spartiate, avec le stricte nécessaire mais épurée. Au devant, une fenêtre…
Elle était ouverte, les rayons solaires illuminant la pièce en une douce lumière de matinée. Une brise légère et délicieusement fraîche souffla telle une caresse, jouant avec un rideau qui dansait gracieusement au grès de son humeur
Le vent ne masqua qu'un bref instant, un sifflement, un murmure…Le son était régulier, stable, en continu…La silhouette referma la porte. Elle le connaissait ce bruit…peut-être trop bien…
Le regard de l'intruse glissa sur le sol. Il lécha des barreaux de fer jusqu'à toucher du tissu beige et ridé de plis. Des draps étaient ombragés par la lumière du soleil.
Le cœur de la silhouette s'emballa alors. Ses yeux effleurèrent des formes plus grandes, plus difformes qui donnèrent plus humble volume aux draps. Doucement, ces derniers se soulevaient avec légèreté pour s'affaisser avec la même aisance.
Alors, elle s'avança…lentement….En quelque pas, elle parvint à hauteur du seul lit de la pièce. Ses jambes soudainement douloureuses, elle dû s'assoir sur une chaise placée juste à ses côtés, à en toucher les draps.
Et c'est là qu'elle le vit.
Son torse certainement bandé faisait se soulever les tissus par une respiration lente et apaisée. Ses cheveux, rebelles, étaient éparpillés sur un oreiller blanc et moelleux. Ses bras reposaient le long de son corps par-dessus les draps du lit. Son visage…était serein, hâlé, aux yeux clos et aux lèvres recouvertes d'un masque transparent.
Cette fois-ci un pincement piqua le cœur du nouvel arrivant. La vue légèrement floue, il sentit sa bouche trembler faiblement.
Un autre pincement, une nouvelle douleur…et c'est hésitant, tremblant, qu'il tendit sa main pour la poser avec douceur sur celle de l'alité. Délicatement, il la serra. Il pouvait sentir la chaleur de sa peau.
C'est alors qu'il releva le regard pour le poser sur le visage du blessé.
« Idiot. »
Cela n'avait été qu'un souffle, coupé par une gorge douloureuse.
« Je devrai te hurler dessus…te sermonner pour ton inconscience….te faire la morale mais… »
Il soupira, l'âme en peine.
« Mais je ne veux pas….je ne peux pas… » murmura-t-il « Parce que c'est moi l'imbécile. »
Camus laissa échapper un petit rire sans joie.
« J'ai été bête…bête de croire que je pouvais tout arranger. » continua-t-il sur le même ton. « J'ai été naïf de penser….que je pouvais…m'en sortir seul. »
Tristement, il baissa la tête.
« Pardonne-moi…encore. » souffla-t-il. « Pardonne ma faiblesse. »
Un court silence s'installa. Il ne s'attendait pas à une réponse, juste à l'espoir que ses mots soient entendus. Sa respiration un peu mieux assurée, il posa de nouveau ses yeux sur ceux de l'endormie qui n'avait pas bougé. Sa main trembla.
« Je sais que je ne suis pas…de bonne compagnie… »
Camus sentit ses lèvres vibrer, son corps entier sanglotait dans l'anticipation de ses prochaines paroles. Son cœur se serra davantage.
« Je…je ne suis pas amusant…austère parfois… » Dit-il doucement « Je suis méfiant envers les gens…et peu aimable aussi. »
Il s'arrêta un instant avant de reprendre, le cœur serré.
« Je n'ai rien à t'apporter …je n'ai été qu'une source de problème pour toi…»
Sa vue se troubla.
« Je suis coupable. » dit-il « Coupable de tout ce qui t'es arrivé…Si….si je ne te connaissais pas…si on ne se s'était jamais rencontré….rien de tout çà…ne se serait passé… »
Une larme coula venant s'échouer sur ses doigts ivoires.
« C'est pourquoi…je crois que….que je… »
Il ne pouvait pas finir sa phrase. Il ne prit pas la peine d'essuyer ses yeux humides…çà avait si peu d'importance désormais…
« Mais avant…je te dois la vérité… » Ajouta-t-il. « C'est bien peu de chose…comparer à tout ce que tu as fait pour moi…je le sais….mais…mais je te dois…au moins çà… »
Camus se tut. Il ne pouvait se permettre de conter les faits avec des tremblements dans la voix. Il ne pouvait paraître sensible alors qu'il était celui qui avait le moins souffert. Il ne voulait pas…lui manquer de respect.
Le silence s'était doucement installé, perturbé par le chant du cardiogramme devenu plus soutenu.
Alors…il respira profondément, laissant l'air lui donner un semblant de courage. Ses larmes s'étaient taries, pour le moment, lui asséchant la peau.
Il serra les doigts.
Et ouvrit enfin les lèvres…
« Car…tu me l'avais promis… »
Ces mots sonnèrent telle une plainte.
Ces mots n'étaient pas les siens et…
…Ils avaient déchirés l'air, tranchants, coupants….mais….à la fois…terriblement doux.
Camus sentit son sang se figer de part et d'autre de son être. Ses muscles s'étaient crispés en un même élan. L'écho de ces simples mots l'avait littéralement ensorcelé, hypnotisé. Un étau l'enlaçait brusquement en une étreinte soudaine. Des vagues se propageaient en de délicieux frissons tout le long de son corps alors que…silencieux…il releva son regard…surpris…vibrant…désespéré….
Ses yeux glissèrent sur les draps froissés, sur un torse puissant, des épaules, un menton viril, des joues halées…
Puis….
….une rencontre.
Deux couleurs se mélangèrent, fusionnèrent soudainement, pour s'unir dans une étreinte voluptueuse….Les couleurs se mêlèrent, se touchèrent pour enfin se reconnaître.
Le français sentait ses lèvres se mouvoir dans le silence, jusqu'à trembler, alors que…atterré…il fixait l'homme allongé en face de lui qui…doucement…enserra ses doigts à son tour.
On lui adressa un sourire fatigué et empli de sensualité.
« Salut… »
Un souffle…ce ne fut qu'un souffle. Un misérable souffle qui fit naître tempête dans le cœur de Camus. Ses yeux brillèrent de larmes nouvelles.
« Çà va ? »
Un ouragan cette fois…
Et…les yeux écarquillés…Camus laissa sans honte une perle glisser sur sa joue opale… Ce nefut qu'à cet instant, qu'enfin, son corps put de nouveau se mouvoir.
Et il baissa légèrement les yeux.
« Idiot. » murmura-t-il.
Il se pencha doucement avant de ramener la main du blessé à son front.
« Ne me…fait plus jamais…çà…»
Il ne vit pas le sourire de Milo, il n'en n'avait nul besoin, car instinctivement…il le sentait.
« Promis. »
Un silence s'installa une fois de plus, mais aucune gêne ne transpirait dans l'air, ni malaise, ni embarras, rien de malsain. L'ambiance était apaisante, sans lourdeur aucune alors que, chaque protagoniste sentait son cœur s'animer d'un rythme lénifiant. L'un le regard baissé, l'autre le fixant un sourire dans les yeux. Ce dernier dévisageait le jeune homme qui, malgré ses larmes, l'immergeait d'une infinie tendresse.
Seul le vent du dehors faisait valser l'air ambiant. Mais tout ce silence se devait de mourir et c'est un souffle chaud qui vint le briser de manière délicate.
« Camus… »
Un nom dit chaudement, dans un murmure, avec un soupçon de tendresse qui fit frissonner l'interpellé. Celui-ci releva alors le regard, avec appréhension. Il croisa celui du jeune grec dont les pupilles n'avaient rien perdues de leur tendresse.
« Ecoute… »
Ce simple mot sonnait le début de quelque chose de profond et de sincère. Camus l'avait bien sentit, et c'est pourquoi il ne dit mot.
Milo continua donc.
« Ses dernières heures furent…éprouvantes.. » souffla-t-il «…pour tout le monde. »
Il inspira sans bruit, ponctuant ses propos.
« Alors…rien….rien ne t'oblige à…enfin… »
Il hésita un moment, cherchant ses mots.
« Je ne veux pas que tu te sentes…obligé de respecter une promesse qui puisse…te faire souffrir davantage… » Dit-il enfin. « Rien ne te force à l'honorer aujourd'hui. »
Camus resta interdit un instant, mais non moins dérouté, il voulut intervenir malgré tout.
« Mais…mais je te dois la vérité ! » s'exclama-t-il
« Certes… » Affirma le grec. « Mais est-il nécessaire de la connaître maintenant?...Tu viens de vivre des épreuves difficiles et douloureuses…m'expliquer le pourquoi du comment ne fera que remémorer de bien mauvais souvenirs….de trop mauvais souvenirs…et…ce n'est pas ce que je veux. »
Il se tut un court instant.
« Je ne veux pas…que tu souffres. » murmura-t-il comme une confession.
Soudain, Camus sentit une étrange émotion le submerger. C'était à la fois, chaud et enivrant, comme un subtil mélange de bonheur et de frustration.
Mais le regret, lui, ne l'avait pas quitté. Voilà des semaines que sa conscience le torturait, lui hurlait d'exprimer ce qu'il désirait dire depuis si longtemps. Vouloir partager, partager un secret, juste un instant, avec quelqu'un, et sentir son cœur s'alléger…enfin.
Alors, comme pour se donner du courage, il serra encore la main du jeune homme entre ses doigts.
Et enfin, il se lança…
« Tes paroles me touchent… » Répondit-il.
Milo eut un nouveau sourire…
« Mais… »
…qui s'effaça aussitôt.
« Bien que je sois conscient des instants passés…des moments traversés…je ne peux pas laisser mes erreurs perdurer plus longtemps… »
Milo voulut l'interrompre mais…il s'abstient cependant. Dans les yeux du français brillaient une lueur, une détermination qui lui était peu commune quand on le connaissait un peu, alors…il se tut…et écouta en silence.
« Les événements qui se sont produits, ne sont que le résultat de mes choix, et de mes actes. Je dois prendre mes responsabilités…envers toi. »
Le français lâcha la main du convalescent avant de la plonger dans la poche de son pantalon. Il en sortit un simple carré blanc, un mince bout de feuille froissé qu'il tendit…tremblant…vers le blessé.
Milo haussa un sourcil. Indécis, il fixa l'étrange objet avec incertitude et curiosité, avant de diriger de nouveau son regard vers son compagnon.
« Prends… » Dit-il. « Prends…et tu comprendras. »
Interdit, Milo reporta son attention vers ce qu'il lui était tendu. Il porta sa main vers le bout de feuille qui s'avérait plus épais qu'au premier regard. Il ne retourna, le déplia.
Quand brusquement…
Un poids, plus lourd s'abattit sur ses cuisses.
Surpris, Milo vit d'autre forme, plus sombres, rectangulaires, recouvrir les draps. Il saisit l'une d'entre elles.
Puis…
Sa respiration se bloqua. Ses yeux devinrent vitreux. Ses muscles se crispèrent alors qu'il devina enfin ce que ses yeux lui montrèrent. Son visage devint rapidement livide alors que, frémissant, il saisit une autre forme, puis une autre pour enfin toutes les réunir dans ses deux mains. Il les fit défiler plusieurs fois comme pour se convaincre de ce qu'il voyait, se convaincre d'une réalité qu'il n'avait jamais soupçonnée.
Il vit des gens, des silhouettes, et…un jeune homme qui revint sans cesse. Il était jeune, il souriait d'insouciance. Il le vit rire, courir, boire à la terrasse d'un café, entouré de d'autres personnes avoisinant le même âge que lui.
Ce jeune homme….il l'avait déjà vu.
Pétrifié, Milo trouva la force dans son émoi à relever les yeux vers le français qui avait gardé le silence.
« C'…c'est…. »
Camus ne dit rien. Il se contenta de bouger légèrement la tête, affirmant par ce simple geste ce que son camarade tentait de lui demander.
Alors, un choc, une surprise, avant d'écarquiller les yeux quand un soupçon de compréhension ne les traverse subitement. Milo crispa les doigts sur les photographies plastifiées. Ses tremblements les froissèrent, témoins du trouble qui l'habitait. Il les parcourra une fois de plus, une fois encore, pour être sûre...
C'était à cet instant que son esprit le ramena à l'enveloppe qui avait dévoilé ces lugubres clichés.
Il posa chaque tirage à ses côtés avant d'attirer son attention sur ce bout de papier qu'il avait négligé. Toujours sans un mot, Camus vit Milo saisir l'enveloppe, écarter son ouverture en un bruissement léger. De sa place il put voir le grec en tirer une feuille blanche chiffonnée. Maladroitement, Milo la déplia et la parcouru.
Son regard se mouvait imperceptiblement, ses pupilles glissaient sur le papier imprimé.
Et des réactions nouvelles…
Camus avait attendus cela depuis si longtemps. Il fixa Milo dont les épaules s'étaient mises à trembler en des soubresauts silencieux mais bien visibles. Un gémissement, atténué au possible, se fit entendre alors que le jeune grec grinçait des dents.
Pâle et encore fragile, Milo sentit une décharge le traverser de sentiments divers. Surprise, dégoût, haine, peine, et bien d'autres émotions encore qui se bousculaient dans chacun de ses membres.
Au bout d'un court instant, il baissa le regard, honteux d'une vérité qui expliquait bien des événements passés. Toutefois, Il ne pouvait se retenir davantage…
Il releva la tête, fixa son camarade d'un regard humide.
« Je…..je vois….»
Camus se détendit soudain, sentant enfin le poids de la culpabilité, du moins une partie, couler doucement de son être. Milo n'était pas fâché, et il savait, c'était tout ce qui lui importait. Il en aurait sourit si la situation s'y était prêtée.
C'était à son tour d'intervenir.
« Te souviens-tu de la journée d'ouverture ? »
Milo haussa un sourcil, la question lui paraissait si peu cohérente aux faits découverts.
« Oui. » répondit-il. « Pourquoi ? »
« C'est de là que tout a commencé. » dit le français. « Alors que j'allais rejoindre la cérémonie de remise des prix, j'ai trouvé cette enveloppe. »
Camus serra le tissu de son pantalon entre ses doigts à ce désagréable souvenir alors que Milo ouvrit les yeux en grand.
« C'est…c'est pour çà que tu m'as… » Intervient le grec. « Enfin…que tu t'es retiré de la compétition ce jour-là ? »
L'interpellé baissa le regard, bien conscient que son compagnon faisait davantage référence à leur altercation pendant cette funeste journée.
« Oui. » souffla-t-il.
Milo n'hésita pas une seconde et, naturellement, posa sa main sur celle du français qui sursauta légèrement à son contact.
« Tu ne dois pas t'en vouloir Camus. » dit Milo. « On ne t'a pas laissé le choix. »
« Je voulais trouver une solution ! » s'exclama le français. « Je…j'ai vraiment cru que je pouvais…me débrouiller seul…..Mais….j'ai été naïf…bête et naïf…»
« Ne dis pas çà…Tu as fait ce que tu devais faire. » dit doucement Milo. « Tu as voulu protéger ton frère et tu as bien fait. Qui sait ce qu'il lui aurait été arrivé ? »
« Mais…» intervint Camus.
« Tu as bien fait. » répéta le grec. « Je regrette juste de ne pas avoir pu t'être d'un quelconque soutient dans cette histoire. A vouloir comprendre, je t'ai rendu les choses bien plus difficiles qu'elles ne l'étaient déjà. Tu as fait face avec courage. Shina ne te laissait pas le choix. C'était mieux ainsi. »
Il eut un court silence. Toutefois, Camus prit de nouveau la parole.
« Malgré tout, je n'ai peut-être pas agi comme il le fallait. » insista-t-il. « J'ai…j'ai été cruel avec toi…Je t'ai dit des choses affreuses…même si je ne les pensais pas, même si ce n'était pas voulu…je n'avais pas à te faire çà…alors que….que tu as été si présent pour moi…..je…..je ne devais pas… »
Attendrit et touché par ces paroles, Milo sourit avant de serrer davantage la main de son camarade.
« C'est oublié. » dit-il. « C'est le passé maintenant. Mais…c'est vrai. J'en ai souffert à un moment….Mais je savais aussi que quelque chose n'allait pas…que ce n'était pas « toi »…alors ne t'en soucie plus…»
Camus sentit une douce chaleur l'envahir. Ses mots, il les avait attendus depuis longtemps et un sentiment de repentir semblait totalement le submerger. Il sourit à son tour.
« Merci. » murmura-t-il.
Mais il ne s'arrêta pas là…
« J'aurai une question cependant. »
« Je t'écoute. » dit Milo.
« Eh bien….Là-bas..enfin…sur le port…Shina a parlé d'une vieille histoire vous concernant tous les deux alors…euh… »
« Oh. » s'exclama Milo. « C'est vrai que j'avais un peu oublié tout çà en vérité. J'étais jeune et j'avais agit naturellement. Qui aurait-cru que la sauver de la noyade nous aurait apporté tant de soucis aujourd'hui ? »
Il prit un instant avant de reprendre.
« Mais je pense que tu avais vu juste. » souligna-t-il. « Cet événement l'a certainement plus marqué que je l'aurai pensé à l'époque. Elle s'est enfermée dans un passé qui lui convenait mais qui était déjà révolu. Elle a gardé l'image du petit garçon que j'étais et s'est confinée dans une réalité illusoire. Mais le temps a passé et l'équilibre qu'elle avait toujours connu a commencé à battre de l'aile. Et j'ai commencé à changer….grâce à toi. »
Camus se sentit à la fois heureux mais aussi honteux que par sa négligence tant de souffrance ait été causée.
« Elle t'a certainement rendu responsable de ce changement qui ne lui allait pas. Son équilibre était en danger et t'écarter de moi lui semblait nécessaire pour revenir…. hum…..à la « normale » si je puis dire… » Continua-t-il. « Pour ce qu'il en est de Rune, je crois que la haine qu'il me portait devait lui être bénéfique pour qu'elle s'allie avec lui. »
« J'y ai aussi réfléchit. » intervient Camus. « Je faisais partit de ton entourage, alors Rune agissait indirectement sur toi en s'en prenant à moi. Ainsi, il avait un avantage sur toi tout en rendant service à Shina puisque qu'elle me détestait. »
« Hum, çà se tient. » Affirma Milo en baissant la tête, pensif. « Et pour être sûre d'avoir la main mise sur toi elle voulait avant toute chose t'empêcher d'être mon ami. Je ne sais pas comment elle a découvert que tu avais un frère ici, mais s'en prendre à lui a été suffisant. »
Camus baissa la tête de nouveau.
« Je suis tellement désolé Milo. »
« Ne t'excuse pas. Tu voulais protéger quelqu'un que tu aimes et c'était normal.» dit le grec.
Plus rien ne fut ajouté après cela. Tergiverser pendant des heures sur un sujet déjà abordé avec clarté ne server plus à rien. Les excuses ont été faites, les vérités révélées, cela n'a pas été long…c'est vrai…mais qu'importe.
Dieu sait combien de fois ils avaient rêvé de cet instant, de se parler de nouveau comme avant, de s'expliquer…Il faut croire que la simplicité était le meilleur remède pour eux. Les grands discours débordants de gestes théâtraux et de phrases bien formulées ne leur ressemblaient pas. Ils s'étaient mal compris, s'étaient évités, mais ce qu'ils avaient construit n'a jamais été détruit dans le fond.
Et çà….çà les rendait heureux, tous les deux.
Le silence s'était une fois encore installé. Les cœurs légers, les sourires devenus plus faciles, les deux jeunes hommes ne se regardaient plus, savourant ces instants de plénitudes retrouvés.
Le vent soufflait, les nuages glissèrent, et la tempête se vit aller.
Un long moment s'écoula sans qu'aucun ne dise quoique se soit, ne voulant pas briser une telle quiétude.
Toutefois…il ne saurait dire pourquoi, mais Camus sentait que l'heure était pour lui de prendre congé de son camarade. Milo était épuisé, et il ne souhaitait pas le fatiguer davantage. Alors, il releva son regard devenu plus apaisé sur son compagnon qui le fixa à son tour.
« Je…je vais te laisser » dit doucement Camus. « Tu as besoin de repos.»
Ces mots firent écho dans l'esprit du jeune grec. Ils étaient restés seuls un long moment. Mais, le voir partir, lui laissa un goût amer au fond de la gorge. Comme…quelque chose d'inachevé.
Il vit Camus lui sourire, un sourire frais et serein. Les rayons filtraient les rideaux de la fenêtre, caressant les draps dont il pouvait sentir la chaleur à travers le tissu. Quelque reflets léchèrent leurs mains encore unis jusqu'à suivre la courbe de la chevelure du français, son bras, son menton, son regard. Ses pupilles étincelaient d'un tout nouvel éclat, la lumière rendait sa peau plus pâle, dessinant des zones d'ombre sous sa frange, son nez et ses joues.
Il était beau…si beau.
Et Camus se leva.
Milo eut une absence. Il décrypta chaque geste du jeune homme. Ses hanches se soulevèrent, sa chevelure tomba vers l'avant, docile à ses moindres mouvements, ses jambes se contractèrent alors qu'il se redressait. Et sa main….ses doigts qui glissèrent des siens, telle une caresse, une douloureuse caresse…
Brusquement, Milo saisit le poignet de Camus qui sursauta.
« Milo ? »
L'interpelé avait le regard baissé, presque ailleurs.
« …peu. »
Ce n'avait été qu'un murmure à peine inaudible, mais suffisant pour Camus qui fronça les sourcils.
« Reste… » Souffla Milo, les yeux ombragés par ses cheveux. « …encore…un peu…. »
Les mots avait été hésitants, transpirants d'émotion. Camus ressentit le besoin du grec, cette nécessité si profonde le transpercer, et ses membres en tremblèrent un instant, l'obligeant à se rasseoir. Son poignet encore prisonnier de la main de Milo, ce dernier releva le regard avec une lenteur presque inhumaine.
Et son cœur cessa de battre.
Ses yeux, ses yeux étaient si…si intenses. Mon Dieu, que de beauté dans ce regard. Milo ne faisait pas que poser son regard sur lui…non…..il le « regardait »…vraiment.
Ses pupilles luisaient d'un tel éclat, d'une telle lueur que Camus se laissa emporter.
Puis, une brise, fraîche, traversa la pièce, dansant élégamment autour d'eux. Mais le vent ne balaya pas la flamme qui avait naquît dans leurs yeux.
« Ne…pars pas….encore. »
Un nouveau murmure. Plus intense.
Et…
Des doigts qui s'enlacèrent, de la peau qui se touchait, des frissons qui émerveillaient les sens.
Et…
Soudain….
Un son, suivit d'un autre, d'un autre encore pour ne former qu'une seule et même mélodie. Les cœurs s'animèrent en une cadence palpable et identique. Les yeux ne se quittèrent pas de peur de voir ces sensations nouvelles disparaître si le contact venait à être rompu. Un lien invisible s'était tissé, les enveloppant dans une chaleur enivrante.
Ils ne sauraient dire ce qui avait si subitement changé, ce qui en était responsable.
Les doigts se serraient davantage, électrisant leurs sens devenus sensibles.
Camus sentit se perdre dans cette ambiance qui lui était étrangère. La main de Milo dans la sienne lui procurait le peu de chaleur humaine dont il avait pu jouir ces dernières années. C'était un don précieux et se surprit d'en apprécier le contact.
Mais c'était les yeux du jeune grec qui le plus déroutant. Jamais encore n'avait-il vu un pareil regard se poser sur lui, jamais encore n'avait-il vu Milo avec un regard si profond.
Il sentit son cœur s'emballer sous une telle intensité dont il ne saurait définir la nature.
Milo de même se noyait par des sensations dont son cœur était encore vierge. Son esprit s'embruma soudain, et il devint témoin de ses actes s'en pouvoir rien y faire. Son corps bougea alors de lui-même.
Dans un froissement de tissu, il partit vers l'avant, s'approchant inexorablement du français qui n'avait rien perdu de sa beauté.
Avec lenteur, les souffles se touchèrent, les cœurs s'emballèrent alors que, les yeux se fermèrent...doucement…C'était instinctif, presque primaire…
Les deux jeunes hommes avaient perdus contact avec la réalité, ils baignaient dans une quiétude incontrôlable…
Et les yeux devinrent clos, alors que, les souffles se mêlèrent, caressant les joues de l'autre…
Ils étaient si proches…si proches…..comme c'était bon…
Et enfin…
Un bruit, une fissure, puis…une explosion.
Un mur tomba, un mur de verre, se brisa en un son cristallin emportant les souffles et les cœurs. L'intimité s'écroula avec cette porte de chambre qui s'ouvrit avec fracas.
Le vent ne chanta plus, les oiseaux non plus car les yeux s'étaient ouverts, brutalement.
Les deux éphèbes sursautèrent.
« Milo ! Tu es réveill….Oh… »
La réalité était revenue.
Aiolia perdit bien vite son sourire mesquin quand il vit ses deux compagnons s'écarter avec précipitation.
Devant lui, Camus et Milo retombaient bien trop brusquement dans le monde qui était le leur. La chute fut brutale. Trop peut-être. Une connexion, une lueur dans le regard, et la vérité envahit leur esprit telle une tornade. Dans un sursaut, chacun s'écarta avec rapidité et malaise. L'un buta contre le montant du lit, le faisant grimacer de douleur tandis que l'autre manqua de tomber de sa chaise. Juste essayer de noyer le poisson, et faire croire que la situation n'était pas celle qu'elle pouvait montrer. Mais leur maladresse n'était que bien trop évidente pour dissimuler quoique ce soit.
Soudain très gêné, Aiolia se massa la nuque.
« Je dérange je crois ? » dit-il maladroitement.
Il n'eut pas le temps d'entendre la réponse car…vive, et sifflante…une douleur inattendue le saisit au dessus du crâne, l'obligeant à se pencher, à courber l'échine.
Les deux mains jointes sur la tête, Aiolia se redressa, fixant la personne qui était à ses côtés.
« Çà fait mal ! » s'écria-t-il.
« Idiot. » répondit Aphrodite.
Les uns après les autres, tous les membres du groupe rentraient dans la pièce. Les deux principaux occupants n'avaient toujours rien dit, gardant le regard obstinément vers le bas. Leurs compagnons n'avaient aucun mal à ressentir le malaise présent. Ces deux là s'évitaient…par timidité ou encore embarras.
C'était surprenant, mais amusant surtout.
Mais malgré cette petite note joyeuse, le sérieux revient bien vite. La confusion des deux jeunes hommes sembla effleurer l'assistance, glisser sur leur peau pour finalement les contaminer à leur tour. Les sourires se fanèrent pour laisser place à des mines confuses.
Troublé par ce silence si soudain, Milo leva timidement le regard sur ses compagnons qui n'avaient encore daignés poser le leur sur lui. Le jeune homme haussa un sourcil, intrigué. Camus tourna lui-même les yeux sur eux.
C'est alors que l'un d'eux, prit de courage, s'avança d'un.
Camus et Milo écarquillèrent les yeux alors que, brusquement, leur compagnon se crispa et pour s'écrier…
« Pardon ! » s'exclama Aiolia.
La remarque fit réagir le reste du groupe qui regarda le jeune grec avec un semblant de surprise mais aussi de l'admiration.
Milo réagit à son tour.
« Mais…qu'est-ce que tu fais ?! » demanda-t-il déboussolé.
Il regarda son ami comme s'il le voyait pour la première fois, voûté, les poings serrés, les yeux fermés à s'en faire mal, la tête baissée, si vulnérable, que lui arrivait-il ?
« Nous sommes désolés. » répéta Aiolia d'une autre manière.
« Mais enfin….qu'est-ce que tu racontes ? » répondit Milo toujours dans le flou.
Camus n'intervient pas, se contentant de regarder l'échange.
« Milo… » dit Aiolia dans un souffle. « J'aimerai que tu m'écoutes…jusqu'à la fin…s'il-te-plaît, et ensuite nous discuterons si tu veux bien… »
L'interpelé fixa son ami sans rien dire. Cela fut suffisant à Aiolia pour reprendre la parole.
« Nous en avons déjà parlé avec Camus mais tu dois aussi entendre ce que nous avons à te dire. »
Le grec inspira fortement.
« Nous…nous avons failli, en tant qu'amis envers toi. » commença-t-il « Les amis…les vrais…s'entraident, se soutiennent dans les moments difficiles…c'est dans le besoin qu'ils se démarquent…mais ces derniers événements nous ont prouvé que nous n'avons pas su tenir cette place. »
Aiolia fixait le carrelage sans vraiment le voir. Il souffrait autant que les autres derrière lui qui se retrouvaient dans ses dires.
« Vous n'alliez pas bien, vous avez souffert…terriblement…et nous n'avons pas su le voir alors que nous étions constamment ensemble…nous n'avons pas su juger l'étendu du problème qui se posait devant nous. »
Il crispa davantage les poings.
« Je me suis octroyé le droit de parler au nom de tous…mais…je ne suis pas bon pour les excuses et les bonnes phrases. Mais je voulais que tu saches que… »
Le jeune homme retient un sanglot.
« Ce que nous avons fait est impardonnable…nous ne méritons pas ton amitié…on aurait du être là pour toi…pour vous…alors…même si c'est pitoyable…. »
Aiolia ferma les yeux et courba l'échine.
« Pardon Milo ! Pardon ! »
Suite à cela, les autres se regardaient entre eux. Puis un regard, un hochement de tête et tous se tournèrent vers le blessé.
Et ils s'inclinèrent tous.
« Pardonnes-nous. » dirent-ils tous en un élan.
Milo écarquilla les yeux. Plus un bruit dans la chambre, alors qu'il fixait ses compagnons, soumis à son seul jugement. Il sentit une avalanche d'émotions le submerger. A la fois ému et troublé, il ne savait pas comment réagir. Toutefois, un sentiment, caché mais bien présent au fond de lui, plus fort que les autres, prit le dessus.
Il sourit tendrement.
« Je ne vous pardonnerez pas. »
Ces mots claquèrent dans l'air, fouettant le groupe avec une rare violence. Ils gardaient leurs positions, anéantis par leur propre faiblesse.
« Parce que… » Sonna la voix de leur camarade. « Je n'ai rien à vous faire pardonner. »
Milo vit les têtes avant baissées se relever avec une expression de surprise peinte sur chaque visage.
« Vous n'êtes en rien responsable… » Continua le grec. « J'ai fait mes choix et je les assume totalement…Je regrette juste de ne pas vous en avoir parlé avant mais je ne voulais pas vous inquiéter. Cette histoire ne concernait que Camus et moi…je ne voulais pas vous entraîner dans une affaire qui vous aurez plus inquiétés qu'autre chose… »
Le groupe se redressa.
« Alors ne vous sentez pas coupable. » conclut Milo. « C'est du passé maintenant, alors oublions tout çà vous voulez bien ? »
Le jeune homme se tourna vers Camus qui avait le même sourire que lui.
Les autres se consultaient du regard. Soudain, un poids semblait s'être littéralement volatilisé, une culpabilité pesante s'en était allée, laissant place à des cœurs légers. Certains d'entre eux laissaient des sourires ou des soupirs leur échapper témoins de leur bien-être. L'ambiance redevient plus douce.
Aiolia, les yeux brillants, regardait son ami. Il dut contenir ses larmes de soulagement et de remerciement. Il était heureux de retrouver cette complicité qui était la leur autrefois.
Mais…doucement…une idée germa…tranquillement…..jusqu'à fleurir dans l'esprit du jeune homme…
Il reprit la parole. Les yeux luisant d'une tout autre lueur. Il toussota.
« Euh…çà veut dire que… » dit Aiolia. «…que c'est finit ?... »
Milo ne saurait dire pourquoi, mais un étrange sentiment le saisit. Malgré tout, il feint cette sensation, et garda son sourire, amusé.
« Oui…c'est finit Aio….on oublie… »
Aiolia se pencha légèrement.
« Pour de vrai ? »
« Pour de vrai. » répondit Milo.
« On tire un trait ? » insista Aiolia.
« On tire un trait. »
Un court silence suivit ce petit échange.
Puis…
« …D'accord. »
Milo haussa un sourcil. Cela avait été dit avec nonchalance et un ton qui lui donna un désagréable frisson dans le bas du dos. Il vit alors son ami s'avancer vers lui.
Ce fut à cet instant, qu'Aiolia étira les lèvres en un sourire…..carnassier.
Et…brusquement….un bras s'éleva, un poing se serra, des jointures blanchirent et….l'air siffla quand celui-ci s'abaissa brutalement pour frapper…non…s'écraser dans un bruit sourd, vite suivit d'un gémissement difficilement contenu.
Le petit groupe laissa échapper des exclamations de surprise.
C'est alors qu'une plainte, preuve d'une souffrance évidente se fit entendre alors que, deux mains se posaient sur un haut de crâne douloureux. Ces dernières frottaient la zone endolorie en ébouriffant une chevelure épaisse. Un regard humide se releva sèchement.
« Non mais t'es malade ! » s'écria Milo à l'attention de son camarade. « Çà fait mal abruti ! »
Aiolia le fixa avec un air détaché et un semblant de moquerie.
« C'était le but. » rétorqua-t-il. « Çà t'apprendra à aller jouer les héros dans ton état espèce de crétin ! »
Milo vit un sourire amical naître sur les lèvres de son ami. Finalement, lui-même finit par le lui rendre, conscient de l'angoisse qu'il a pu causer à ses camarades.
L'ambiance se détendit encore davantage, quelque rire discret pouvait se faire entendre. Petit à petit, la tension disparue totalement et chacun pouvait entourer le lit du convalescent, le taquinant, le gratifiant de petites frappes dans le dos quand à sa petite virée nocturne et, surtout, pour prendre des nouvelles sur son état de santé.
Des éclats de voix, des rires francs et joviaux envahissaient peu à peu la chambre. Une agréable chaleur humaine enveloppa les occupants de la pièce. Les choses reprenaient doucement leur cours comme si les derniers événements avaient été balayés des mémoires.
Camus assistait à cette scène qui le touchait bien plus qu'il n'osait le croire. Son enfance trop tôt brisée ne lui avait pas permit d'expérimenter les joies de l'amitié et des relations humaines. Alors…il laissa un sourire d'une toute nouvelle nature prendre forme.
Il était heureux.
….heureux de vivre.
Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis, le soleil surplombait la capitale dans l'immensité d'un ciel dégagé. La chaleur était plaisante au plus grand bonheur des habitants. C'était une belle journée qui s'annonçait. Mais malgré désirs de congés d'été, bien nombreux sont ceux qui travaillaient encore. A l'hôpital central, le personnel ne chômait pas.
Loin de l'agitation de certains services, des couloirs préservaient un semblant de quiétude.
Les corridors paraissaient plus larges par le manque d'animation du personnel, les allées étaient moins bruyantes.
Dans cette douce accalmie, les rayons du soleil s'acharnaient à illuminer les lieux. Par chance, une fenêtre, grandement ouvertement, comblait une chambre de clarté. La lumière léchait le carrelage et les draps du lit. Ils s'affaissaient sous le poids d'un sac, formant des plis sur le tissu.
Un jeune homme s'activait à le remplir et un fin sourire sur les lèvres laissait présager un départ imminent.
Mais sa tâche fut interrompue par la porte de chambre qui s'ouvrit derrière lui, laissant entrevoir une silhouette familière. Une voix s'éleva alors.
« Bonjour »
L'interpellé se retourna, laissant son sac en suspend. Ses yeux se posèrent sur l'arrivant. Son sourire s'étirait de nouveau, et se fit tendre en reconnaissant celui qui se tenait avec cette grâce qui le caractérisait tant.
« Bonjour Camus » répondit doucement Milo.
« Tes affaires sont prêtes ? » demanda le français.
« Dans un instant. » dit le grec. « J'en ai plus pour très longtemps. »
« Très bien. » dit simplement le français. « J'ai fait venir un taxi. Si tu veux, je peux aller remplir le formulaire de sortie si tu veux ? »
« D'accord, je te rejoins devant l'entrée alors. »
Camus ne répondit rien et se contenta d'un simple mouvement de tête. Un dernier sourire et il se détourna en fermant la porte derrière lui. Milo retourna à sa tache, rangeant ses affaires avec précaution tout en étant pressé d'enfin quitter les locaux.
Il s'afféra donc de mettre le ranger ses vêtements. C'est dans un bruit de fermeture éclaire que le jeune homme ferma son sac en un soupir de soulagement.
Mais alors qu'il s'apprêtait à partir, la porte s'ouvrit de nouveau.
« Tu as déjà fi… »
Les mots de Milo s'évanouirent alors qu'il s'était retourné une nouvelle fois.
« Bonjour jeune homme. »
Milo resta interdit un moment devant l'inconnu qui lui faisait face. Assuré, l'homme s'était adressé à lui comme s'il le connaissait ce qu'il le déstabilisait quelque peu. L'homme avait un port de tête impeccable. Le cou droit, les épaules alignées, il avait une prestance qui était indéniable, accentuée par le costume sombre et parfaitement tenu qu'il portait.
Bien qu'un peu sceptique sur les intentions de l'inconnu, Milo se détendit. Les yeux de cet homme ne reflétaient aucune agressivité, bien au contraire. Ses traits étaient doux, et les quelques rides marquant son visage ne lui conféraient que plus de sagesse. Sa simple vue le mettait en confiance, bien qu'il se posait encore des questions sur les motifs de sa présence.
« Bonjour monsieur, que puis-je pour vous ? » demanda Milo dont la réplique fit sourire davantage le quinquagénaire.
« Comment vous sentez-vous ? » demanda à son tour l'inconnu.
Bien que n'ayant pas répondu à sa question, cela n'offusqua pas Milo qui n'y voyait qu'une réponse à moitié formulée.
« Mieux…beaucoup mieux merci. »
« Alors tant mieux. » dit simplement l'homme. « J'espère que je ne vous dérange pas ? »
Il avait ajouté cela en posant son regard sur le sac toujours posé sur le lit.
« Non, pas du tout. » le rassura Milo.
« Auriez-vous dans ce cas…un instant à m'accorder? » demanda le quinquagénaire. « Ce ne sera pas long. »
De plus en plus intrigué, Milo haussa un sourcil pour témoigner sa curiosité, ce qui n'échappa pas à son interlocuteur.
« Je vous écoute. »
L'homme croisa ses mains derrière le dos, comme pour se donner une meilleure position. Milo voyait en cela le signe d'une discussion qui s'avérera sérieuse et loin d'être aussi anodine qu'il n'y paraissait au départ. Ainsi, il garda silence, laissant à l'homme le soin de s'exprimer comme il le souhaitait. Ce qui bien évidemment ne tarda pas…
« Tout d'abord… » dit l'homme d'une voix assurée. « Je pense que des présentations s'imposent… »
Voilà une entrée en matière qui attisait fortement l'attention du grec. Il attendit patiemment sans ne rien laisser paraître malgré le tiraillement qu'il sentait dans son estomac. L'homme, quand à lui, souriait toujours.
« J'ai cru comprendre que vous étiez un bon ami de Camus…exact ? »
La question fit mouche.
Chaque syllabe se répercutait tels des échos dans l'esprit du grec. Chaque mot fit intensifier la sensation qui l'avait saisit au ventre.
Les yeux écarquillés, Milo sentait la révélation le gifler de plein fouet. Une connexion s'était faite avec un souvenir lointain qui le ramena plusieurs mois en arrière. Il se souvint alors d'un appartement impeccable, d'un mobilier simple mais soigné, d'une table basse, d'un canapé et d'une commode meublée de bibelots divers. Doucement ses souvenirs se faisaient plus clairs, plus précis alors qu'il pouvait presque percevoir un objet de forme rectangulaire, il était luisant de par le verre qui le recouvrait…c'était un cadre….une photographie…
Les lèvres hésitantes, la gorge devenue sèche, il parvint néanmoins à émettre un semblant de paroles.
« Vous êtes… »
« En effet. » affirma le quinquagénaire.
L'homme sourit devant les réactions du jeune étudiant. Il s'y était fortement attendu en venant à sa rencontre.
« Oh…» souffla Milo. « …Je…je suis enchanté monsieur. »
« Ce sentiment est partagé jeune homme. »
Un silence s'installa doucement dans la pièce, enveloppant les occupants. Rien de gênant en soit, mais il était certain qu'un entracte était de rigueur pour Milo qui avait du mal à assimiler l'information. Maintenant identifié, le regard du jeune grec sur son interlocuteur avait bien évidement changé. Mut par une force invisible, il s'attarda davantage sur le faciès de l'homme en face de lui. Il sourit en pensant que l'aisance du français devait être héréditaire malgré un défaut de ressemblance physique.
« Je ne m'attarderai pas longtemps » reprit le quinquagénaire « Mais ce que j'ai à vous dire n'en reste pas moins important, c'est pourquoi je tenais à ce que nous soyons seuls. »
Milo l'écoutait attentivement. Bien qu'intrigué par cette démarche, il pouvait sentir au ton employé que leur conversation sera loin d'être banale et légère. Il se tut donc et, d'un simple signe de tête, l'encouragea à continuer.
« On m'a informé des derniers événements. » souffla l'homme.
Ces mots faisaient désagréablement frissonner le jeune étudiant.
« Certains détails restent à éclaircir mais… » L'homme fit une pause avant de reprendre. « J'en sais suffisamment pour analyser les faits, et faire mes propres conclusions. »
Un court silence s'installa. Devant lui, Milo pouvait aisément sentir l'émotion étreindre le pauvre homme. Un pincement au cœur le prit soudain.
« J'ai eu l'occasion de discuter longuement avec votre proviseur.» dit l'adulte. « J'ai eu vent de ce que vous aviez fait pour Camus. »
Milo baissa la tête, gêné.
« J'aurai pu…faire mieux. » murmura-t-il.
'Surpris' aurait été un terme bien fade pour décrire la réaction de son interlocuteur. Ce dernier avait écarquillé les yeux, il ne souriait plus, ses lèvres s'étant légèrement entrouvertes.
« Je vous défends de dire cela. » s'exclama-t-il. « Vous ne méritez aucun pardon jeune homme, bien au contraire. »
L'adulte se reprit soudain pour laisser place à un sourire compatissant.
« Ecoutez…ce qui s'est passé ne pourra jamais être effacé, quoique nous fassions. Tout s'est bien terminé et c'est l'essentiel. Et ceci, c'est en grande partie à vous que nous le devons… »
Milo rougit sous le compliment.
« Voyez-vous… » Dit l'homme d'un air songeur. « Quand Camus m'avait fait part de son envie d'enseigner ici, j'ai beaucoup hésité à le laisser partir. Enfant, la vie n'a pas été tendre avec lui mais il été téméraire et précoce pour son âge….Peut-être un peu trop….Mais le laisser prendre un nouveau départ m'avait réconforté dans l'idée de lui faire confiance et de le laisser faire ses propres choix. Je suis son père et je me dois de le soutenir. »
Un nouveau silence suivit ces quelques paroles.
« Toutefois….je ne peux m'empêcher de croire que je sois en partie responsable de ce qui lui…enfin…vous est arrivé. »
Le jeune grec sursauta.
« Monsieur vous n'avez pas à… »
« Je sais jeune homme, je sais…mais comme je vous l'ai dit, je suis son père, et en tant que tel je me dois d'être près de lui, de l'aider, mais surtout de le protéger….ce que je n'ai pas su faire…. »
Milo baissa les yeux, un air empathique peint sur le visage. Il comprenait les sentiments de cet homme, il avait ressentit les mêmes tourments ces dernières semaines alors comment lui en vouloir.
« Cependant…. »
Le paternel releva le regard. Aucune trace de tristesse, de peine, ou d'émotion néfaste. C'était plus profond, plus intense encore que ce qu'il avait perçu jusqu'ici chez cet homme d'un âge certain. L'émotion le prit de nouveau alors qu'il pouvait le voir reprendre la parole, les mots glissant avec douceur et tendresse.
« Cette nuit…J'ai longuement réfléchie aux décisions que je devais prendre au vue des circonstances… » Reprit le quinquagénaire, d'un ton calme et posé. « J'ai laissé partir un jeune homme brillant, confiant et introvertie…et savoir ce qui lui été arrivé m'a conduit à penser que son retour au domicile familiale serait une bonne chose…»
Les derniers mots envahissaient l'esprit de Milo jusqu'à l'en noyer. Il sentit ses jambes se crisper pour finalement trembler imperceptiblement, prêtes à se dérober au moindre coup de vent. Il baissa la tête, les yeux grands ouverts, n'osant croire ce que ses oreilles lui avaient permit d'entendre.
« Mais çà serait une erreur. »
Ce fut le coup de vent.
Ses jambes ne se dérobèrent pas, au contraire, elles ne vibraient plus, droites, elles le supportaient toujours alors que des fourmillements remontaient doucement jusqu'à lui chatouiller la racine des cheveux.
Brutalement il leva le regard pour apercevoir le sourire qui étirait les lèvres du paternel.
« Malgré les événements récents, j'ai retrouvé le petit garçon qu'il avait été autrefois….souriant, ouvert et sûr de lui…Il a changé, beaucoup changé…et en bien….J'ai pu constater qu'il s'était fait des amis…de vrais amis sur lesquels il pouvait compter…et se serait cruel de le séparer d'une telle source de bonheur. »
Subjugué, Milo en resta interloqué.
« Vous voulez dire que… »
« Camus restera ici aussi longtemps qu'il le désirera. »
L'homme vit un sourire sincère et bien heureux naître sur les lèvres de l'étudiant. Milo sentit une vague de chaleur l'engloutir tout entier. L'espace d'un instant il s'était imaginé le départ du français sous tous les angles possibles et inimaginables. Un appartement dont seule une absence transpirait, une présence en moins dans son quotidien, comme une grande place….oui….une grande place vide…peut-être…même….un peu trop grande…..Imaginer son départ lui était paru illusoire, presque impossible car totalement inconcevable vu que l'idée ne lui été jamais venue. Il avait alors ressentit un vide, comme un manque…ce n'était pas une sensation que l'on pouvait qualifiée d'éphémère…. C'était presque comparable à la perte d'un proche mais avec une variance qu'il ne parvenait pas à définir.
Et maintenant, savoir qu'il restait, ce vide qu'il avait vu naître s'était effrité à une vitesse telle qu'il lui semblait qu'il n'avait jamais existé. Toutefois, cela laissa place à un soulagement, à une douce torpeur…..et la place que le jeune français occupait lui sembla encore plus précieuse….
Mais il interrompit sa réflexion en entendant l'homme s'adresser de nouveau à lui.
« J'aurai…toutefois….un service à vous demander. »
Milo haussa un sourcil, intrigué.
« Je vous écoute. »
Son interlocuteur ferma légèrement les yeux.
« Voilà… » Reprit l'homme. « Je ne reviendrai pas sur la décision que j'ai prise. J'ai assez confiance en Camus pour savoir qu'il saura faire face à ce qu'il a enduré, surtout s'il est aussi bien entouré qu'il l'est à présent…Malgré tout, je ne peux m'empêcher d'être inquiet pour lui…Mes fils sont ce que j'ai de plus précieux et il est normal en tant que parent de ressentir ce genre de chose…Mais mon travail ne me permet pas d'être aussi présent que je le désirai… »
Encore plus curieux qu'il ne l'était, Milo restait pendu aux lèvres du paternel.
« C'est pourquoi…je vous le demande… » Continua l'homme « pouvez-vous…me remplacer…et le soutenir comme je devrai le faire ? »
L'homme ferma les yeux sous le regard éberlué du grec qui le vit s'incliner légèrement.
« …s'il vous plaît. » entendit-il comme un vœu solennel.
Milo regarda le dos vouté du père de Camus, surpris. Il ne s'était pas attendu à une telle demande de sa part. Son discours l'avait ému. Les mots avaient été simples mais emplis de sentiments sincères. Cet homme aimait éperdument ses enfants, on ne pouvait en douter un seul instant. Il avait également ressenti la déception et l'amertume de cet homme de ne pouvoir accompagner ses fils comme il le voudrait et c'est certainement ce qu'il l'avait le plus réconforté dans son choix…
Il sourit.
« Vous n'avez nullement besoin de me le demander. » dit l'étudiant.
L'homme se redressa, observant le jeune homme avec un brin de curiosité.
« Comme vous l'avez dit vous-même, Camus s'est fait des amis. Il a su s'intégrer et s'adapter à ceux qui l'entouraient même si cela n'a pas été facile au départ. Mais nous sommes un groupe, et apprécions beaucoup votre fils…alors ne vous en faites plus, nous le soutiendrons et l'aiderons autant que nécessaire...et si ce que j'ai fait été à refaire alors je n'hésiterai pas une seconde…nous le ferions tous….parce que nous sommes ses amis…voilà tout.»
Ses paroles moururent dans le silence de la pièce. Son interlocuteur avait faiblement ouvert les yeux pour finalement, au bout d'un instant, sourire à son tour.
« Je m'étais attendu à cette réponse. » dit-il. « Je ne m'étais pas trompé sur vous. »
« Je vous remercie de m'accorder votre confiance monsieur. » intervint Milo.
« Ce que vous avez fait pour Camus ne pouvait que renforcer mon choix. Je sais que ce que je vous demande n'est pas aisé. Camus a eu une enfance difficile qui l'a contraint à grandir trop vite et je redoute que les récents événements ne le pousse à se renfermer comme autrefois alors qu'il avait enfin goûté à un semblant de bonheur. Je me sens redevable envers vous et vos amis pour ce que vous avait fait pour lui. Si je peux faire quoique se soit n'hésitez pas. »
Le sourire de Milo s'élargit.
« Je comprends votre inquiétude, un père s'inquiète toujours pour son fils et c'est un sentiment qui témoigne de l'amour que vous avez pour lui. La mort de sa mère l'a beaucoup affecté…Comment pourrait-il en être autrement ?...Mais Camus est quelqu'un de fort, il a su nous le montrer à de nombreuses reprises…C'est quelqu'un de sincère, téméraire, courageux et profondément gentil. Alors vous avez raison, il surmontera cette épreuve également, mais nous serons là pour lui s'il en a besoin car c'est quelque chose de naturel. Alors inutile de nous remercier, nous sommes heureux d'avoir pu l'aider. »
Il n'avait plus rien à ajouter, tout était dit, tout était clair et cela le soulageait. Il pouvait sentir un poids quitter ses épaules. Cette discussion lui avait fait du bien, et il était heureux d'avoir pu rencontrer le père du français. Cette rencontre avait été l'occasion d'en apprendre davantage sur Camus et il en était heureux…très heureux.
Perdu dans ses pensées, il sursauta en entendant l'homme s'adresser à lui. Il fut curieux du ton qu'il avait employé et la surprise qui transpirait dans ses propos.
« Camus…Camus vous a parlé de sa mère ? » demanda le paternel surpris, une lueur encore inconnue dans le regard.
Milo, décontenancé par le changement de conversation, mit un instant à répondre.
« Euh…oui…oui un peu. » dit-il gêné.
L'homme le scruta profondément, mettant le jeune homme soudainement mal à l'aise. Un silence presque pesant s'installa. Un long moment passa sans qu'un bruit ne vienne troubler la quiétude des lieux.
Ce n'est qu'au bout d'un moment que le paternel du français reprit la parole.
« Hum…je vois. »
Un sourire énigmatique naquit sur les lèvres du quinquagénaire.
« Dites-moi jeune homme… »
L'homme plongea son regard dans celui de Milo qui sentait une bien étrange appréhension le gagner.
« …Quelle relation entretenez-vous avec mon fils ? »
Le vent s'engouffra avec force dans la chambre, soulevant les rideaux en des mouvements brusques et désordonnés. Les cheveux de Milo lui fouettaient le visage, lui piquant la peau. Cette brise devint ouragan dans l'esprit du jeune qui sentit sa poitrine se comprimer sous la demande. Une chaleur bien souvent ressentie se propagea en ondes tout le long de son être. Il frissonna violemment, son cœur sembla résonner dans son esprit. Les ondes devinrent plus intenses, longeant son dos, son cou, pour enfin lécher son visage dont les joues s'échauffaient brusquement.
Il trembla. Ses mains devinrent moites alors qu'il pinçait un pan de son jean.
Les lèvres indécises et frémissantes, il parvint avec peine à formuler un semblant de réponse.
« Nous…nous sommes amis…de bons amis… » dit Milo peu assuré. « Oui….de…très bons amis… »
Il toussota bruyamment, terriblement gêné. De nouveau le silence.
Le jeune grec trouva ce changement d'atmosphère déstabilisant. Il pouvait sentir le regard du paternel peser sur sa personne, comme si le simple fait de le regarder suffisait à l'analyser, le comprendre. Il avait l'impression qu'on lisait son âme, comme une intrusion dans son intimité. Bien que l'homme s'était montré des plus cordiales et sympathiques, il ne pouvait réprimer la gêne qui l'envahissait. Depuis toujours il avait occupé une position dominante dans toutes ses relations, sans pour autant être écrasant. Il avait du charisme et une personnalité assez forte pour imposer sa présence alors…se retrouver en position de faiblesse était une chose qu'il n'avait que rarement expérimentée et avec laquelle il avait du mal à s'accommoder.
Il pria pour que l'« inspection » s'achève au plus vite. La demande du quinquagénaire l'avait troublé plus qu'il ne voulait l'admettre.
Ses rapports avec Camus ? Leur relation ?
Milo se sentir rougir comme une écolière.
Il vit le sourire de l'homme s'élargir davantage. Il était plus doux…plus tendre aussi.
« J'ai assez abusé de votre temps…je vais vous laisser. »
Prit au dépourvu Milo reprit pied dans une nouvelle réalité. Il n'eut le temps de faire quoique ce soit que déjà l'homme s'était retourné vers la porte de chambre. Sur le pas, le père de Camus lui jeta un dernier regard, son sourire toujours présent.
« Au revoir jeune homme et encore merci pour tout. » dit-il en baissant la tête en signe de salut.
« Au revoir monsieur. » dit simplement le grec.
Et il le vit disparaître derrière le mur de la pièce, s'engouffrant dans le couloir de l'hôpital.
Quelque seconde étaient nécessaire à Milo pour prendre conscience du départ de son visiteur. Son cœur, lui, s'était apaisé bien que son rythme restait trop rapide pour être à cadence normale. Instinctivement, il posa une de ses mains sur sa poitrine, sentant les vibrations sous sa paume. C'était étrange mais…agréable aussi. Une sensation inconnue mais dont l'identité lui semblait pourtant familière, ou du moins savait-il pouvoir y mettre un nom. Ce déchirement incessant le tracassait, le travaillait au point de l'en rendre obsédé.
Bon sang que l'esprit humain était compliqué !
Il avait encore chaud lorsqu'il se détourna pour fermer son sac. Camus devait l'attendre depuis un moment maintenant.
D'un geste ample et souple, Milo endossa la bandoulière de son sac sur l'épaule puis se dirigea à son tour vers la porte restée ouverte.
Il se retourna une dernière fois, posant son regard dans chaque recoin de la pièce. Il prit quelque instant pour observer la chambre sobre mais confortable.
Il sourit.
Puis ferma lentement la porte sur un passé désormais révolu.
La nuit était chaude ce soir là. La lune dominait le ciel étoilé alors qu'elle se reflétait sur une mer aux vagues caressantes. Les flots se jetaient à corps perdus sur les rivages et les falaises qu'ils rongeaient doucement de leur sel agressif.
Une forêt florissante surplombait les eaux du haut d'une de ces falaises. Seuls les rayons lunaires parvenaient à éclairer les feuillages, leur donnant des reflets argentés.
Pourtant, faibles mais bien présentes, deux lumières se mouvaient entre les buissons touffus. Elles glissèrent lentement le long du ravin, pour disparaître dans l'obscurité des lieux.
Silencieuse malgré un chemin tortueux, une voiture roulait à allure convenable. Ses fards caressaient les bords de la route faisant fuirent les animaux éblouis par leur lumière. La
Au bout de quelque minute que le chemin devint plus large à l'approche d'une colline. La voiture s'arrêta devant un portail en fer forgé. Il était volumineux, majestueux, ne laissant aucun doute sur la magnificence de la propriété. Dans un bruit métallique, le portail s'ouvrait avec une lenteur mécanique.
La voiture continua alors sa course sur le chemin devenu sable et graviers. Plus haut, une splendide demeure.
Elle était blanche et moderne, avec un air de ressemblance à un manoir, ou un temple mythologique. La voiture longea les murs de la bâtisse pour finalement s'arrêter à droite de l'entrée principale dans un bruit de glissement. Les fards s'éteignirent et les portières s'ouvrirent, laissant percevoir deux silhouettes.
Les deux ombres léchaient un escalier en pierre. Les marches étaient larges et l'entrée encadrée de deux colonnes de marbre blanc. Les deux arrivants baignaient dans la luminosité du hall, laissant entrevoir leurs costumes sombres et parfaitement coupés.
Des bruits, des exclamations sur leur droite, les guidèrent jusqu'à la salle principale de la demeure. Un immense salon, surplombé d'un lustre majestueux, où une dizaine de personne discutées gaiement.
Au centre, une table cernée de canapé de cuir noir et au fond, un buffet garnit de mets raffinés et appétissants. De hautes baies vitrées enfoncées les murs de la salle, laissant entrapercevoir les rayons de lune ainsi que la forêt qui encerclait la villa. L'un des deux arrivants sourit en levant le regard. En face d'eux, et accroché au mur, était suspendu une banderole avec inscrit « Félicitation aux diplômés ».
« Ah vous voilà enfin ! » S'exclama Aiolia.
Les deux silhouettes se détournèrent pour lui faire face.
« Désolé pour le retard. » s'excusa Milo. « On s'est trompé de route. »
« Le principale c'est que vous soyez là. » Dit Aiolia en souriant. « Comment vas-tu Camus ? »
« Très bien merci. Et toi ? » Répondit le français.
« On ne peut mieux. » répondit à son tour le grec. « Vous devez absolument goûter au buffet. C'est excellent ! »
« Venant de toi je ne peux qu'en être convaincu. » dit Milo moqueur.
« Çà veut dire quoi çà ?! » répliqua Aiolia faussement contrarié.
Milo laissa échapper un petit rire, vite soutenu par un sourire du français. L'ambiance était douce et chaleureuse, signe d'une soirée prometteuse. Les deux amis allèrent saluer le reste du groupe dont Marine qui avait été invité par Aiolia. Les discussions allaient bon train et des éclats de rire emplissaient joyeusement les lieux.
Une bonne demi-heure s'écoula et personne n'entendit le véhicule qui se gara devant l'entrée, ni remarqua ceux qui étaient entrés dans le salon.
De nouveaux rire s'élevèrent alors que brusquement, un courant d'air sembla se lever, des bruits de pas saccadés résonnèrent dans la pièce, et qu'un léger cri se fit entendre.
Un petit groupe non loin d'une fenêtre et jusqu'alors composé de trois personnes se voyait ajouter un autre membre à son effectif. Un lourd silence s'installa alors que l'un des présents sentit un poids le percuter à la poitrine. Son visage n'exprimait que de l'incompréhension alors que son regard se perdait dans la chevelure de celui qui l'avait si soudainement emprisonné de ses bras.
Puis, se fut le déclic.
Son expression changea radicalement, ne laissant paraître que de l'incertitude pour finalement exprimer un enchantement sincère accompagné d'un sourire éclatant. L'étreinte fut rendue avec énergie, élançant le fardeau avec affection alors qu'il caressait les cheveux blonds de celui qu'il lui comprimait le torse.
Ce dernier leva son regard.
« Bonsoir grand frère ! »
« Hyoga ! » s'exclama Camus avec le même ton. « Mais que fais-tu là ? »
« Je suis venu te féliciter quelle question.» répondit Hyoga « Ce n'est pas tous les jours que l'on obtient sa licence.»
Un court instant s'écoula avant que Camus n'enlace davantage son petit frère.
« Je suis heureux que tu sois là. » dit le français avec émotion.
Un homme choisit ce moment pour s'approcher.
« Je me suis dit que çà te ferait plaisir.» dit ce dernier.
Camus releva le regard, un sourire aux lèvres.
« C'est le cas. » affirma-t-il sincèrement. « Merci papa.»
Celui-ci souriait mais dissimulait la joie qui l'étreignait à cet instant. Cela faisait fort longtemps qu'il n'avait eu l'occasion de se retrouver tous les trois avec une telle complicité. Il était apaisé et profondément heureux. Il était un père comblé.
Camus présenta son frère à ses camarades dont certains ne cachaient pas leur surprise. Hyoga ne ressemblait guère à leur ami. C'était un adolescent dans la fleur de l'âge, assez grand, blond, aux yeux cyans et au sourire éclatant toujours peints aux lèvres. Les deux frères représentaient chacun l'extrême opposé de l'autre, toutefois tous pouvaient voir l'amour qui existait entre eux. A bien y regarder, il était celui qui ressemblait le plus à leur père. Ils ne connaissaient l'existence de Hyoga que depuis quelque minute mais furent enchantés de l'accueillir parmi eux. Il était sociable, mûr et amusant.
Décidément, cette famille avait de quoi surprendre.
Camus était ravi de voir avec quelle facilité son jeune frère ait pu se faire intégrer. Hyoga a toujours été le plus sociable des deux et malgré leur différence, il l'avait toujours aimé et cela de changera pas.
Il sourit de nouveau alors qu'il partait rejoindre Milo qui discutait avec Shura et Aphrodite.
Les choses continuèrent ainsi durant de longues heures, l'ambiance ne semblant vouloir s'atténuer malgré une soirée déjà bien entamée. Des groupes s'étaient formés, certains plus ou moins grands, debout ou assis. La joie emplissait l'air ambiant, enveloppant chaque occupant de la pièce dans une douce torpeur.
Cependant…
Une silhouette se détacha des autres.
Près du buffet, les yeux rivés sur les canapés aux couleurs, textures et formes diverses, Angelo avait le regard las.
Les épaules voutées, il laissa échapper un soupir alors qu'il prenait une nouvelle gorgée de champagne. Le liquide lui piqua légèrement la langue pour finalement lui réchauffer le fond de la gorge. Cela l'apaisait un court instant, avant qu'il ne soupire de nouveau. Cela faisait un moment qu'il était dans un état semi-léthargique.
Il pouvait sentir son estomac se tordre sous l'angoisse qui grandissait depuis quelques minutes. Le début de soirée s'était pourtant bien déroulé, très bien même. Mais le temps était passé et après quelque coupe, l'alcool fit tomber des barrières, le ramenant à une réalité qu'il souhaitait pourtant oublier ne serait-ce que le temps d'une soirée.
Il n'osait pas lever le regard. Pourtant, il se sentait irrésistiblement attirer par ce qui se passait sur sa gauche. Un peu plus loin, un groupe de quatre personnes s'était formé. Ses yeux caressaient chaque homonymes, et avec lenteur glissaient sur l'objet de ses tourments. Son cœur tambourinait dans ses tempes et son regard se fit plus triste. Il dévisageait le dos du jeune homme. Sa longue chevelure qui cascadait jusqu'à ses reins, ses hanches étroites, ses jambes interminables, ses épaules carrés.
Cette vision lui brisa le cœur, il détourna le regard.
Il prit un autre canapé, le mangea sans envie. Il savait que le moment devra venir un jour ou l'autre. Cela sera douloureux, alors….autant choisir un moment pendant le lequel l'« autre » était de bonne humeur. Non ?
Un autre soupir…
Et une main sur l'épaule qui le fit sursauter.
« Çà va Angie ? »
L'interpellé pivota légèrement, suffisamment pour apercevoir les traits de son camarade. Un sourire timide étira ses lèvres.
« Oui, çà peu aller. »
« Ce n'est pourtant pas ce que tu montres. » Dit Shura.
Angelo baissa davantage le regard, bien conscient qu'il ne faisait pas le moindre effort pour se cacher. Exaspéré par son propre comportement, il se servit un autre verre.
« Ce n'est rien… » Le rassura l'italien. « Juste…quelque soucis, voilà tout. »
« Hmm… »
Un court moment s'écoula avant que Shura ne reprenne la parole, pensif.
« Tu sais ce que me disait ma mère ? »
« Dis toujours… »
« Les problèmes sont comme les mauvaises herbes. Plus le temps passent, et plus ils grandissent. » Cite Shura. « Alors plus vite il sont résolus, et mieux c'est. »
L'italien prit le temps d'assimiler le conseil dissimulé. Il fit tourner le champagne de sa coupe, le regardant tournoyé légèrement dans son verre comme pour mieux se concentrer, ou encore sortir de sa morosité, juste histoire de s'occuper les mains.
« Même si çà fait mal ? » demanda Angelo malgré tout.
« Même si çà fait mal. » répéta l'espagnol. « Ecoute, je ne sais pas ce qui se passe mais crois-moi, suis bien ce conseil, jusqu'ici il a fait ses preuves. Après, à chacun de faire comme il le sent. Il n'y a pas de mode d'emploi. »
Angelo baissa la tête, semblant réfléchir. Puis, releva le regard vers son camarade.
« Merci Shura, je crois que çà va bien m'aider.»
« Je t'en prie. » dit l'interpellé. « Oh excuse-moi, Aiolia m'appelle »
« Vas-y et merci encore. »
Un simple signe de tête suffit à l'espagnol avant de s'éloigner avec un sourire et d'aller rejoindre Aiolia et Marine sur l'un des canapés.
Angelo repartait dans la contemplation de sa coupe de champagne, pour lui donner un air moins morose pour ceux qui viendrait à le regarder. Il se mit à réfléchir sérieusement. Il est vrai que ses problèmes l'angoissaient fortement depuis quelque temps et ce n'était pas l'inactivité qui allait y faire quoique se soit, il le savait. Toutefois, il avait souhaité faire durer les choses le plus longtemps possible.
C'était reculer pour mieux sauter, il ne fallait pas se leurrer, et Shura n'avait fait qu'appuyer cet aspect indéniable.
Il soupira encore, avant de reporter son regard vers le petit groupe qu'il avait, il y a peu, quitté des yeux. Il fixa un moment le dos du jeune homme qui fit battre son cœur un peu plus durement.
Le silence est frère du mensonge, et il ne pouvait plus le supporter. Il y avait songé plus tôt : si cela doit en ressortir par de la souffrance, autant que la personne en face de soi était sereine…avant.
Alors, Angelo prit sa décision.
Il but son verre, comme pour se donner du courage et le posa sur la table. Ses jambes se mouvaient doucement, le menant tranquillement avec ses camarades. Il arriva dos à lui et se fut d'une main tremblante qu'il toucha l'épaule du jeune homme. Ce dernier se retourna assez pour entrevoir son profil.
« Je peux te parler ?»
Son interlocuteur se tourna entièrement vers lui cette fois, un sourire aux lèvres. Cette vision rendit la tâche plus ardue.
« Je t'écoute. »
« En privée… » dit Angelo plus bas. « On peut aller dehors ? »
Intrigué, l'autre leva un sourcil sans pour autant ôter son sourire.
« Euh…oui si tu veux. » Répondit-il.
Ils s'excusèrent auprès du groupe puis empruntèrent une des baies vitrées pour aller sur une immense terrasse. La lune était haute, de couleur légèrement bleutée, elle était pleine, régulière et magnifiquement belle.
Angelo regarda le jeune homme s'approcher près du rebord, y poser sa coupe et lever les yeux vers le ciel. Il le voyait de dos mais pouvait deviner le sourire apaisé qui peignait ses traits. Son cœur se serra à l'idée de le lui enlever, mais il ne pouvait plus reculer désormais.
Il voulut commencer quand l'autre se retourna.
« Alors, que voulais-tu me dire ? » demanda Aphrodite.
« Eh bien… »
Prit de cours, Angelo mit ses mains dans les poches.
« C'est un peu délicat. » dit-il. « C'est pour çà que je voulais que nous ne soyons que tous les deux. »
« Je t'écoute. » dit Aphrodite curieux, toujours souriant.
« Euh….»
L'italien se racla la gorge.
« Je ne sais par trop par où commencer…» dit-il, hésitant et le regard bayant le sol.
« Par le début, qu'en dis-tu ? » intervient Aphrodite d'un ton taquin. « C'est bien la première fois que je te vois si indécis. »
Il émit un petit rire, amusé de la gêne de son compagnon, bien que l'envie de se moquer de lui n'était pas le but.
« C'est une idée… » Dit l'italien d'un pauvre sourire. « Mais comme je te l'ai dit, c'est délicat….alors je veux faire çà bien…»
Angelo leva finalement son regard. L'appréhension semblait l'avoir brutalement quitté, ne laissant qu'un profond sérieux envahir son faciès. Ses traits devenaient subitement bien froids, presque dures. Plus aucune expression ne l'animait. Son dos était droit, ses épaules n'étaient plus voûtées, son regard devint assuré, son torse était bombé, sa respiration était lente mais puissante.
Ce si brusque changement de comportement fit perdre le sourire d'Aphrodite.
« Angie…» Dit-il comme un murmure. « Quelque chose ne va pas ? »
L'italien garda le silence un instant. Il profita de ce moment pour laisser une bouffée d'air frais emplir ses poumons. Le sourire de son amour s'était fané et ses yeux vibraient imperceptiblement. Malgré le poids qui lui comprimait la poitrine, il tenait son regard, le plantant dans celui de son compagnon.
Puis, il se lança.
« Te rappelles-tu….de nos années au lycée ? »
Décontenancé, Aphrodite le regarda sans comprendre.
« Oui. » répondit-il perdu. « Oui, je m'en souviens. »
Angelo continua donc, un peu égaré dans ses souvenirs.
« Quand on était en terminale, c'était la dernière ligne droite…..le BAC, les lettres aux universités….à peine on sortait de l'adolescence qu'on nous demandait de rentrer dans un monde d'adulte, sans savoir ce qui nous attentait…..On devait déjà savoir que ce qu'on allait faire de notre vie, alors qu'elle commençait à peine…. »
Aphrodite resta silencieux, de plus en plus perdu, ne comprenant pas où voulait en venir son petit-ami.
« Mais j'adorais l'Histoire. » dit Angelo dans un sourire. « Les légendes, l'histoire des peuples, du monde…çà me fascinait. Alors…malgré le temps qui nous manquait….j'ai finit pas savoir ce que je voulais vraiment…. »
Le suédois fixa son compagnon, les sourcils froncés.
« Archéologue. » souffla Angelo, le regardant intensément. « Comme toi. »
Aphrodite brisa son mutisme.
« Où veux-tu en venir ? » demanda-t-il enfin.
Le silence s'installa de nouveau, comme pour trouver les mots qui ne demandaient qu'à être exprimés.
« Il y a quelque jours, après la remise des diplômes…j'ai reçu une lettre. »
Les bras ballant, Aphrodite attendit, une sorte d'appréhension dans le cœur.
« Une lettre d'Italie.»
Un battement sauta, alors qu'Aphrodite, les lèvres tremblantes, émit avec difficulté ce simple mot…
« …E….Et ?….. »
Angelo laissa un petit moment s'écouler. L'air devenait brutalement pesant, lourd pour ces deux jeunes qui sentaient le ciel peser sur leurs frêles épaules.
Et les mots claquèrent dans l'air.
« J'ai été retenu…..» souffla Angelo. «…à l'université de Venise. »
Une bourrasque de vent balaya les âmes en même temps que les feuilles des arbres. Les chevelures des deux jeunes hommes leur fouettaient le visage, leur picotant la peau. Le vent sifflait dans les branchages, comme un chant funeste. Des oiseaux s'envolaient en quelque battement d'ailes.
Sur la terrasse, le silence était de glace, les yeux de verre, alors que les cœurs cessaient subitement de vivre.
Ils n'entendaient plus le vent, ni sentaient le tissus de leur vêtement…..
Ils étaient droits, ils étaient seuls et ils étaient effondrés…..
Une autre bourrasque, et le jeune Aphrodite, le regard grand ouvert se détournait de l'italien, appuyant ses mains sur la pierre froide de la rambarde. Ses doigts s'engourdirent alors qu'il les serait à en faire blanchir les jointures. Il sentait ses os craquer sous ses phalanges.
La tête baissée, les cheveux lui tombant sur le visage, il entrouvrait les lèvres….
« ….Alors…tu…tu vas partir ?...»
Ce n'avait été qu'un murmure.
Un murmure, qui sonna tel un cri aux oreilles de l'italien. Son âme sembla se déchirer sous la faiblesse de ces mots qu'il n'aurait jamais voulu entendre, qu'il n'aurait jamais voulu dire.
Le cœur en miette, il répondit….
« Oui. »
Et le monde sombra.
Il enleva ses mains de ses poches, les laissant tomber le long du corps, comme affaiblit. Il n'osa continuer à fixer le dos du suédois. Cette vision sonna comme la naissance d'une barrière entre eux, et il ne pouvait pas le supporter.
« C'est….c'est vraiment ce que tu veux ? »
Aphrodite avait toujours le dos vouté. Angelo, lui, ne savait pas où il trouva la force de dire un mot de plus. C'est sans conviction, sans énergie, qu'il répondit finalement.
« Oui. »
Les épaules du suédois s'affaissaient davantage. Sa gorge le faisait souffrir à retenir des sanglots trop douloureux. Il ferma les paupières à s'en faire mal, les cils devenus soudain humides.
Son esprit fonctionnait indépendamment de sa volonté, lui envoyant l'image d'un futur qu'il ne désirait pas, qu'il n'avait pas prévu.
Un avenir triste et surtout….solitaire.
Son cœur se serra un peu plus.
Cependant….dans ces songes obscures restait une étincelle, vacillante encore malgré la tempête. Mais elle était bien là cette lumière, petite, minime, mais si forte pourtant….
Cette lueur était dans le cœur de l'italien qui, toujours dans le dos de son compagnon, sentait sa vue troubler de larmes contenus.
Une nouvelle brise, et le vent emporta les mots du cœur…
« Mais pas au point de te perdre. »
La lumière devint brasier.
Elle consuma la poitrine d'Aphrodite qui releva brusquement le visage avant de se retourner vers l'italien. Le cœur battant, il avait les lèvres tremblantes.
Angelo avait les épaules affaissés, les jambes droites mais faibles, et un regard….seigneur que d'émotion dans son regard.
« Qu'est-ce….qu'est-ce que tu as dit ? » Souffla Aphrodite.
Angelo resta ainsi, seules ses lèvres s'ouvrirent.
« Je veux être archéologue… » Dit-il doucement, faiblement. « Mais pas au prix de te laisser.»
Ces paroles giflaient Aphrodite, le faisant subitement réagir. Ses yeux s'écarquillaient sous le choc.
« NON ! »
Sa réaction fit sursauter Angelo.
« Non ! » répéta le suédois. « Non..tu…tu ne peux pas faire çà…tu…tu… »
L'italien vit son compagnon serrer les poings et s'avancer rapidement vers lui, perdu dans ses propos.
« Aphrodite calm… »
« Tu ne peux pas faire çà tu m'entends ?! »
Brusquement, il agrippa le col de la chemise de son amour, surprenant d'avantage Angelo qui n'était plus qu'à quelque centimètre du visage de son compagnon.
Aphrodite le regarda intensément, plongeant son regard dans le sien, ses pupilles vibrant d'émoi et de détermination.
Mais…soudain….
…..Ce fut la chute…et la tristesse envahit de nouveau les cœurs.
La prise sur le vêtement se fit plus douce, alors que le suédois posa son front sur le torse de son aimé.
« Tu n'as pas le droit… » Murmura-t-il. « Tu n'as pas le droit de te sacrifier pour moi. »
Angelo gardait le silence, sentant l'envie d'Aphrodite d'approfondir son ressentit.
« Je t'aime…» souffla le suédois. « Je t'aime Angie…n'en doute jamais….et c'est parce que je t'aime que je souhaite ton bonheur avant tout autre chose…..Comment pourrai-je être heureux si je vivais avec ce poids….Comment être heureux alors que tu as sacrifié ton rêve, ton avenir pour moi ?...Je préfère te savoir loin et épanoui…qu'avec moi et avec des regrets… »
« Je n'aurai pas de regrets ! » s'écrira l'italien.
« Ne dit pas çà alors que tu n'y es pas encore. » dit Aphrodite sans bouger. « Angie…si tu m'aimes aussi, alors ne gâche pas ta chance….je t'en prie…ne fait pas cette erreur…..ne faisons pas cette erreur… »
Plus aucun mot ne fut dit pendant un moment. Le silence laissa place à la réflexion. Ces instants étaient décisifs pour eux deux, et ils le savaient.
Le vent souffla de nouveau, plus fort, plus frais aussi.
Aphrodite sursauta en sentant subitement les mains de son amour se poser sur ses épaules. Ses doigts étaient longs, chauds, le serrant doucement. Il huma son parfum attendant silencieusement les dires de l'italien.
La peur, l'appréhension lui taillaient les nerfs. Il froissa légèrement la chemise du jeune homme entre ses mains.
Et le verdict tomba…
« Alors…»
Aphrodite ferma les yeux, douloureusement, comme pour supporter une douleur qui ne tardera pas à frapper.
« …alors….viens avec moi. »
Et la douleur ne venait pas.
D'une lenteur presque mécanique, il releva la tête, doucement….Ses yeux ne tardèrent pas à rencontrer ceux de son amour, déterminés, et profondément sincères.
Les lèvres tremblantes, sa voix eut bien du mal à se faire entendre.
« Qu…quoi ? »
Son timbre était hésitant, témoin de sa surprise. Il n'osait croire à ce que ces simples mots pouvaient vouloir dire. La situation prit une tournure bien différente du départ. Il n'avait de cesse d'être surpris, de jongler avec ses émotions, de jouer avec les mots depuis quelque minutes. La situation aurait pu être comique si elle n'était pas aussi sérieuse.
Car elle était. Et l'éclat dans le regard de son amour, le réconforta davantage dans son impression.
« En Italie… » Dit Angelo. « Viens avec moi, à Venise. »
Aphrodite en lâcha le vêtement de l'italien qui posa ses mains sur ses hanches, les rapprochant un peu plus encore.
« Je sais, je vais paraître totalement lunatique maintenant mais… » Commença l'italien. « Mais…si véritablement, mon bonheur compte autant pour toi….alors dit-toi bien que c'est avec toi que je l'éprouve… »
« Angie…» souffla Aphrodite, désorienté.
« C'est un peu cliché c'est vrai, et tu dois surement me trouver ridicule… » Continua Angelo. « Mais c'est vraiment ce que je ressens…. »
Il fit une courte pause.
« J'ai eu des relations….beaucoup….mais je ne me suis jamais senti aussi….aussi bien…..aussi complet qu'avec toi Aphro…..jamais ! » s'exclama-t-il sincère. « Tu me connais par cœur,…tu connais mes défauts, mes faiblesses et….et tu les as accepté, malgré mon sale caractère…Je suis jaloux et possessif…..Alors, je peux aussi paraître égoïste à tes yeux mais….viens en Italie avec moi !….Et…et si tu ne veux pas, alors…je respecterai ton choix et on trouvera une autre solution….parce que moi aussi je t'aime…et ton bonheur aussi m'importe… »
Aphrodite resta soufflé par ce discours qui transpirait les véritables sentiments de son compagnon. Angelo a toujours était de nature introverti, très renfermé sur lui-même, à ne jamais laisser transparaître ses émotions les plus secrètes. Il avait été dur pour lui de se déclarer et de se détendre en sa présence pendant les premiers temps de leur relation.
Le suédois ne s'était jamais considéré comme quelqu'un d'exigeant, les gestes valaient plus que les mots à ses yeux, et Angelo savait davantage s'exprimer par ce biais.
Mais jamais encore ne lui avait-il dit des choses aussi belles, aussi sincères depuis qu'ils se connaissaient.
En cet instant, il tomba amoureux pour la deuxième fois.
Savourant ce nouvel élan de sensation, Aphrodite laissa sa tête reposer sur le torse de son amour. Il pouvait sentir le cœur de l'italien battre contre sa joue. Il ferma les yeux pour en savourer le moment.
Et là….il sourit…
« Rappelle-moi d'aller au centre commercial demain matin. »
Angelo, interloqué, leva un sourcil alors qu'il vit son amour relever doucement son visage vers lui.
Un sourire éclatant étirait ses lèvres.
Il écarquilla les yeux, confus par un tel changement d'humeur.
« Un dictionnaire italien s'impose.» Dit Aphrodite.
« Que…»
Et Angelo comprit….
Ce scintillement, cette infime étincelle encore présente dans leurs âmes devint brasier, un incendie incandescent, consumant leurs doutes et leurs frayeurs.
Alors l'italien, littéralement transporté, saisit soudainement la taille de son amour, le soulevant, le faisant tournoyer à bout de bras, un rire enfantin et heureux les encerclant.
« Je t'aime ! » s'exclama Angelo, riant aux éclats. « Je t'aime tellement mon amour ! »
Aphrodite lui rendit sa bonne humeur alors que l'italien le reposait à terre sans pour autant le lâcher.
« Je suis…au bon sang, je suis… » Balbutia Angelo, perdu dans son propre bonheur. « Je..je m'occuperai de tout….On sera bien là-bas, tu…tu ne le regretteras pas !….On aura un jolie petit appartement, tout près de la place de Saint Marc…On verra le palais des doges, le pont des soupirs…Tu verras, l'Italie est belle…On ira à la même université…Ils ont un excellent programme pour les étudiants étrangers…on…on étudiera ensemble, on mangera ensemble…Je te ferai découvrir les spécialités locales, le village où j'ai grandi, je…je… »
Il ne pouvait pas continuer ainsi, un doigt posé sur les lèvres l'empêchant de poursuivre.
Angelo fixa Aphrodite, un sourire attendri peint sur le visage, le regardant avec tendresse.
« Prenons notre temps mon cœur…. » Dit-il affectueusement.
L'italien lui rendit son sourire et saisit sa main avec délicatesse.
« Entendu… » Répondit-il. « Mais pas besoin de dico….je m'engage à t'apprendre l'italien…si tu es d'accord… »
Aphrodite émit un petit rire.
« Avec plaisir…»
Leurs doigts s'enlaçaient avec douceur, alors qu'ils partaient, apaisés, vers le salon rejoindre leurs amis.
La lune regardait le couple disparaître dans la demeure, dans la lumière des lustres et les rires des invités.
Des exclamations vibraient dans l'air, signes de conversations animées mais surtout amicales. L'atmosphère était chaleureuse et rien semblaient vouloir changer cela.
Cependant, à bien y regarder, quelqu'un se faisait plus discret, plus effacé. Près d'un mur, une silhouette sirotait une flûte de manière plus modéré. L'homme balayait la salle du regard, un doux sourire aux lèvres, s'enivrant des rires et des joies plus que visibles des jeunes gens devant lui.
D'ailleurs, un d'entre eux ne mit longtemps à se tourner vers lui. D'un simple mouvement de tête, il prit congés de ceux avec qui il discutait, pour marcher, silencieusement vers lui pour enfin se mettre à sa gauche.
Ils ne se regardaient pas, ils n'en n'avaient pas besoin, comme toujours. Les mots ne sont langages du cœur quand ils sont si complémentaires. Alors ils ne disaient rien, chacun se contentant de la présence de l'autre, le regard tourné dans la même direction.
Toutefois, et ce après un long silence, un des deux finit par prendre parole…
« Est-ce que tu passes une bonne soirée ? »
L'autre, plus âgé, étira davantage son sourire.
« Oui… » Répondit-il. « Tes amis sont de très bonne compagnie…Ce sont des gens biens. »
Le plus jeune eut un sourire attendrit.
« Je sais…»
Un nouveau silence, mais plus court.
« Papa.. » dit Camus en se tournant vers son voisin. « Merci pour tout…la soirée, le buffet… »
« Ce n'est rien. » répondit son paternel en le regardant. « Ce n'est pas tous les jours que l'on a sa licence…Je l'ai fait avec plaisir…et voir tant de bonne humeur me suffit amplement… »
Camus détourna les yeux, tout comme son père. Il fixa chaque compagnon avec attention, riant parfois avec discrétion devant certaine attitude.
Vivre le présent, l'instant, était une chose qu'il ne pouvait concevoir il y a quelque années encore. Et pourtant…il était là, une coupe à la main, à sourire comme jamais, aux côtés d'un père retrouvé, d'amis exceptionnels, un avenir qui lui tendait les bras…la vie pouvait se montrait bien joueuse parfois.
Il laissa alors les émotions le saisir et il profita. Profiter, et apprécier sa chance…tout simplement.
Un rire plus appuyé que les autres attira son attention. Il sourit davantage en fixant un petit attroupement près d'une baie vitré. Sans y prendre garde son regard se fit plus doux, plus tendre aussi, mais cela n'échappa guère à son paternel qui regarda aussi le petit groupe de diplômés.
Ses yeux passaient des jeunes à son fils à plusieurs reprises, discrètement, mais avec attention.
Puis soudain…
…Un souvenir…..une révélation…et il comprit enfin.
Une chaleur naissante dans la poitrine, l'homme ferma les yeux, apaisé, serein même.
« Fils… » dit-il dans un souffle avec tendresse.
Interpellé, Camus laissa sa contemplation pour se tourner vers son père.
« Oui papa. »
L'homme savoura ces simples mots qu'il avait perdu l'habitude d'entendre depuis tant d'année.
« Sais-tu comment nous sommes rencontrés ta mère et moi ? »
« Stupéfait » aurait été un terme bien fade pour exprimer le ressentit du français. Intrigué par ce brusque changement de conversation, il répondit sans pour autant le laisser paraître, la curiosité restée trop forte.
« Non » répondit Camus. « Ou du moins, je ne m'en souviens plus. »
Le quinquagénaire but une gorgée de son mousseux pour s'éclaircir la gorge, son sourire toujours peint aux lèvres.
Il ferma légèrement les yeux.
« Nous étions si jeunes…. » dit-il « j'ai l'impression que c'était hier le jour où je l'ai vu pour la première fois… »
Camus se tourna presque entièrement vers lui, désireux d'en connaître un peu plus sur ses parents.
« Comme nous l'avons fait avec ton frère et toi, mes parents m'ont fait grandir dans les hautes sphères de la société… » Continua l'homme « J'ai fait de longues études de commerce et de langue dans les meilleures universités d'Europe…Ma vie n'était faite que de cours, de bals et de réception….Notre famille était prospère et je ne manquais jamais de rien… Mais à défaut d'avoir tout ce que je voulais… je ne me comportais pas toujours comme mon rang l'exigeait… »
Intéressé, Camus haussa un sourcil.
« J'étais charmant et n'hésitais pas à user de mes charmes pour plaire.. »
Cette fois, se fut sans retenue que le jeune homme ouvrit des yeux de stupeur. La bouche entrouverte, le regard écarquillé, sa réaction fit rire son paternel.
« Eh oui, ton vieux père n'a pas toujours été correct Camus… » dit l'homme amusé par l'expression oh combien inhabituel de son enfant. « Je séduisais les femmes de bonnes familles…je les charmais, les courtisais et j'aimais çà…pour les laisser et mieux en séduire d'autre… »
Camus eut bien du mal à reprendre contenance….Son père, son propre père, lui qui est si distingué, un model de vertu pour lui, n'a donc pas toujours été aussi convenable ? Impensable.
Quoique, une part de lui ne pouvait s'empêcher de sourire….jeunesse quand tu nous tiens.
Le chemin vers la sagesse est bien étrange.
« Aucune ne me résistait… » Continua son père. « Puis…un jour… »
Concerné, le français redevint plus sérieux et écouta soudain avec plus d'attention encore.
« Je me suis rendu à une soirée organisée par un directeur d'entreprise fortuné….J'avais 20 ans à l'époque… » Raconta l'homme. « Toutes les demoiselles me lançaient des regards langoureux…J'aimais jouer, j'étais sûr de moi, impulsif aussi…Et puis….une fois…alors que je séduisais une jeune héritière, j'ai pris congés d'elle pour m'approcher des fenêtres…..une jeune femme, de dos, était seule, et regardait le ciel en sirotant une coupe de champagne…Elle était très belle et je n'ai pas pu m'empêcher de la courtiser à son tour…..Au bout d'un moment, elle s'était finalement tournée vers moi en m'offrant un magnifique sourire pour…finalement…me jeter son champagne à la figure… »
Autre surprise de la part de Camus qui n'en cacha rien une fois encore.
« J'étais surpris penses-tu…. » Continua-t-il « Elle avait arrêté de sourire…Elle me dévisageait d'un air détaché, glacial,…et se fichait bien que tout le monde nous regardait….et sais-tu ce qu'elle m'a dit ? »
Le jeune français secoua légèrement la tête montrant clairement qu'il l'ignorait.
« Elle m'a dit.. » dit son père. « …que j'étais laid ! »
Décidément, le jeune français écarquilla les yeux une fois de plus, ne pouvant imaginer son paternel dans une situation qui lui semblait si inappropriée à sa personne.
« J'étais tétanisé, pétrifié…je l'ai regardé partir sans rien dire, j'étais totalement paralysé… » Continua l'homme en le regardant. « Après cela, je me suis mit à avoir plus d'amantes, à séduire davantage…..J'avais été blessé dans mon orgueil…Cette rencontre me hantait plus que je ne voulais l'admettre…..Cette fille….avait détruis ma fierté en tant qu'homme….Je pensais sans cesse à elle, à ce qu'elle m'avait dit….Mais finalement, j'avais réalisé que mon succès n'avait pas faillit…que le problème venait seulement d'elle…Alors j'ai cherché à savoir qui elle était….J'allais à tout les bals où elle se rendait…pour m'approcher d'elle, l'amadouer…séduire celle qui m'avait résisté….Et puis….le temps a passé et nous nous sommes rapprochés un peu plus à chaque rencontre…Oh cela n'a pas été facile mais j'y été parvenu avec de la patience….On parlait plus, on se voyait plus et…..J'en oubliais presque pourquoi je faisais tout çà…..J'ai appris à la connaître et sans m'en rendre compte…j'ai réalisé que je ne voulais plus seulement la séduire… »
Camus restait pendu à ses lèvres, comme subjugué.
« Je voulais…la conquérir. » déclara le paternel d'un sourire nostalgique « J'étais tombé amoureux pour la première fois de ma vie….Elle m'avait transformé…J'étais devenu un autre homme…..Elle aussi avait changé…doucement…elle s'était ouverte à moi….Elle était distante, méfiante…..elle n'accordait pas facilement sa confiance…mais au fil du temps, elle souriait plus, s'exprimait plus librement…j'aimais son côté mystérieux…elle n'était pas comme les autres. »
Le jeune étudiant eut un sourire tendre, vite suivit par son père qui le lui rendit.
Toutefois, quelque part…profondément….ce récit avait éveillé quelque chose à l'intérieur du français….une part de lui, qui s'éveilla au fil des dires…
« Les choses se sont faites naturellement…..On a continué à se voir et un jour…je lui ai dit que je l'aimais… » Dit le quinquagénaire d'un ton ému. « Elle était timide avec ses sentiments mais…elle a répondu aux miens… »
Perdu dans ses souvenirs, il laissa un silence s'installer avant de reprendre.
« Et trois ans plus tard nous nous sommes mariés…»
Il regarda son fils avec plus d'intensité, une lueur au fond des yeux.
« Quand je te regarde…plus ouvert, plus souriant…j'ai l'impression de la revoir à cette époque là…tu lui ressembles de plus en plus chaque jour…»
Il acheva ses dires dans un souffle. Nostalgie, tendresse, bonheur…tristesse aussi avaient baigné chaque mot, chaque palabre. Le présent est le reflet du passé dit-on. Un tel proverbe n'aurait plus correspondre aux instants vécus à ce jour.
Une complicité toute nouvelle naquit entre les deux hommes. Plus forte, plus vrai, plus unique que jamais.
Camus sourit tendrement à son père, le cœur battant. D'émotion ? Sûrement…mais pas que cela. Se retenir aurait été vain, et c'est mû d'une volonté indescriptible qu'il détourna le regard.
Ses yeux se posèrent inexorablement, sans hésitation aucune, sur une silhouette….une seule.
Et les iris se faisaient plus intenses.
Son père, intrigué, suivait le regard de son fils. Silencieux, il sondait les manières de son enfant. Chaque geste, chaque tremblement, chaque souffle appuyé… Ses yeux balayaient tour à tour la silhouette et son fils ainé à plusieurs reprises, sans bouger néanmoins, toujours avec discrétion.
Telle une brise légère, les yeux s'écarquillèrent doucement, la raison s'éveilla…
Et son sourire se fit plus doux…
« Fils. »
Interpellé, sursautant légèrement, Camus se tourna presque trop vite vers son paternel.
« Te rappelles-tu…des derniers mots de ta mère ? »
Son père avait le don de le surprendre bien plus qu'il n'osait le reconnaître, et ce soir, cet exercice était à son apogée.
Le regard voilé, il répondit cependant.
« Je n'ai jamais oublié » souffla-t-il.
« Qu'a-t-elle dit ? »
Perdu, Camus voulait comprendre où cette discussion les amèneraient. Inspirant profondément mais discrètement tout de même, les sons glissèrent dans l'air, religieux…
« Sois heureux mon fils de toute forme qu'il soit. »
Ce ne fut qu'un murmure, solennel.
Son père baissa faiblement la tête.
« Sais-tu ce qu'elle a voulu dire ? »
Et là, ce fut le silence….oh il les avait chéri ces mots, ces quelques mots, si précieux, mais pourtant, il n'aurait pu dire le bien fondé de cette phrase. Il tenta sa chance malgré tout.
« Qu'elle voulait mon bonheur malgré….malgré….. »
Son paternel sourit davantage. C'était un subtil mélange de mélancolie et d'amusement…c'était difficile à exprimer…
« Ta mère avait le sens de la formule. »
Malgré le sujet sensible, Camus lui rendit son sourire.
« Fils… » Dit le quinquagénaire, plongeant ses yeux dans ceux de son enfant. « Tu dois savoir une chose essentielle… »
Le français garda alors le silence.
« Sache… » Dit l'homme d'un ton convaincu. « Qu'une fois parent…nous le sommes à vie…quoi qu'il advienne…Que l'amour d'un parent, une fois donné, on ne peut le reprendre…et qu'il est sans limite. »
Camus fit un signe de la tête, entendu.
« Ta mère vous aimait éperdument, je ne vous l'apprendrais pas, ni à ton frère, ni à toi…..Votre bonheur, notre bonheur, était ce qui lui importait le plus au monde….Tout comme pour moi….Je vous chérirais jusqu'à la fin et le souhait de tout parent est de voir ses enfants s'épanouir….Oh vous ferez des erreurs…vous aurez des peines, des réussites, des défaites aussi… mais c'est ce qui vous construira…ce qui fera de vous ce que vous deviendrez…mais nous sommes là pour veiller à un équilibre nécessaire, voire vital… »
L'étudiant écoutait son père avec intérêt, désireux de connaître le fin mot de tout ceci.
« Alors…ta mère en disant ces mots….certes voulait ton bonheur, le vôtre…mais surtout un bonheur unique, sans tâche, inconditionnel….mais surtout…à tout niveau possible…..qu'importera vos choix….dans votre quotidien….dans votre vie professionnelle….dans votre vie sociale…..en amour…»
Les derniers mots ont été dits avec douceur.
Camus écarquillait les yeux.
« Peu importe vos choix…..votre bonheur est…et sera la seule chose véritable à nos yeux…alors fils… »
Le cœur battant la chamade, Camus ne put détacher son regard ce celui de son paternel.
« …Sois heureux, « de toute forme de bonheur qu'il soit »…»
Il aurait été impossible de décrire l'ouragan qui s'était déchainé dans l'esprit du français. Les sentiments, les émotions s'entrechoquaient avec bien trop de violence pour essayer de garder contenance. Les joues légèrement rougies, le souffle court, Camus regarda son père lui offrir un sourire tendre et surtout…entendu.
Ces paroles ne sonnaient plus comme un rappel aux souvenirs mais comme….une bénédiction. C'était comme si son père et sa mère aujourd'hui partie donnaient leur accord pour une chose qu'il n'osait prétendre mais qu'eux….au contraire…semblaient avoir parfaitement compris et surtout….acceptés…
Sa poitrine tambourinait alors qu'il n'osait plus détourner le regard vers celui qu'il avait observé il y a quelque instant. Son père, lui, continuait de le regarder, tel un protecteur, un amour profond dans les yeux. Il semblait vouloir l'apaiser, le réconforter…ce qui le déstabilisait davantage.
Toutefois, outre la confusion, c'était la chaleur qui se répandait dans tous ses muscles qui était bien plus puissante que tout le reste. Cette sensation, il l'avait déjà ressenti bien des fois ces derniers mois, un sentiment particulier, saisissant…et qu'il avait ressentit à des occasions bien particulières, des instants uniques et surtout…..
…..avec…..
Pris d'un étourdissement Camus mit fin au silence.
« Je…..je vais prendre un peu l'air… » Etait tout ce qu'il pouvait dire.
Bien conscient du trouble de son fils, son père inclina la tête en un geste entendu.
Sans plus attendre, le français tourna les talons et partit, non sans élégance, vers la baie vitrée la plus proche.
L'homme qu'en à lui, ferma les yeux, portant sa coupe de champagne aux lèvres.
« Fait le bon choix fiston » pensa-t-il, le même sourire peint au visage.
Le vent se soulevait, venant chatouiller la chevelure du français, le faisant frissonner. Le jeune homme n'avait pas froid, mais il était étrangement tendu, cette brise légère n'avait fait qu'accentuer son mal-être.
Le rythme cardiaque saccadé, il posa sa coupe et ses mains sur la pierre tiède de la rambarde. Son menton se leva, et son regard se perdit dans l'immensité étoilée.
Il soupira.
Camus abaissa les yeux, les fermant, plongé dans ses pensées, troublé par la discussion qu'il venait d'avoir avec son paternel. Ce dernier, bien que délicat, avait remué des sensations forts troublantes.
Sa respiration sifflait légèrement alors qu'il posait une de ses mains sur sa poitrine, la sentant vibrer sous sa peau. Bien que confus, il ne pouvait ignorer la chaleur que dégageait son cœur et à quelle point elle était plaisante.
Il n'avait de cesse de repenser à ce qui lui avait traversé l'esprit il y a quelque instant.
Le bonheur ? lui disait son père. Le bonheur n'est pas défini, il est différent pour bien des gens selon ses besoins, ses attendes…..Que disait-il ? Dans notre quotidien…vie professionnelle….dans notre vie sociale…..en am….
Camus rougit. Un visage lui apparaissait soudain en pensée.
Il serra le tissu de sa veste entre ses doigts.
« Camus. »
Effrayé, le français se retourna en un mouvement brusque.
Dans un fracas, son verre se brisa sur le sol, faisant sursauter les deux jeunes hommes.
D'abord les yeux rivés sur les débris éparpillés, Camus releva vivement le regard pour le poser sur celui qui l'avait interpellé. Son cœur rata un battement.
« Mi…Milo. » dit Camus encore surpris.
« Excuse-moi…je ne voulais pas t'effrayer. » dit le grec d'un ton peu assuré.
« Ce… » Il se racla la gorge. « Ce n'est pas grave, j'étais ailleurs. »
Le français commença à s'accroupir, voulant ramasser les éclats de verre.
« Non ! » s'exclama Milo, stoppant net le jeune homme. « Tu vas te couper. »
« Mais… »
« Ne t'inquiète pas on s'en occupera plus tard. » le rassura le grec.
Peu persuadé, Camus se laissa tout de même convaincre par le regard assuré et le sourire du grec. Son cœur ne s'était toujours pas calmé.
Milo s'avançait vers lui, posant sa coupe sur la rambarde comme l'avait fait le français il y a quelques minutes. Un silence apaisant s'installait alors que les deux jeunes diplômés regardaient le ciel.
« C'est une belle soirée. » dit Milo dans un souffle, peu désireux de rompre la quiétude ambiante.
Camus ne répondait pas, mais il n'en avait nul besoin pour se faire comprendre du grec. Milo était bien le seul, mis à part sa famille à le connaître aussi bien.
Bien que vêtu d'une attitude confiante, le cœur du grec tambourinait dans sa poitrine. Il but une gorgé de pétillant pour se détendre, mais sans succès. Lui qui pourtant était serein avec ses camarades il avait…comment dire….sentit un manque….comme un vide le saisir….Mal à l'aise il avait scruté le salon avant de vite noter l'absence du français. Partit à sa recherche il n'avait pas mis longtemps à le retrouver.
Un instant, il s'était surpris à détailler sa silhouette, sa carrure vue de dos. Il avait eu l'air si calme. C'est à sa vue que son cœur s'était emballé, comme s'il l'avait reconnu. Çà lui faisait çà à chaque fois, et s'était grisant.
Si grisant, qu'il avait besoin de se détendre.
« Une promenade…çà te dit ? »
Ces mots étaient sortis d'eux-mêmes, comme si sa propre volonté avait parlé pour lui.
Camus garda le silence un instant, troublé. Mais, malgré ses sensations qui ne se tarissaient guère…
« Pourquoi pas. »
Laissant sa coupe, il emboita le pas, suivit de Camus qui se plaça à ses côtés. Ils descendirent des marches de pierres avant de rejoindre un petit sentier qui s'engouffrait dans la forêt.
Pas d'éclairage artificiel, mais les rayons de lune étaient suffisants pour éclairer le chemin. Les arbres dansaient au grès du vent, faisant valser leurs ombres sur le chemin de gravier.
Les deux jeunes hommes ne disaient mots, chacun plongés dans leurs marches et surtout leurs pensées. Leurs pas résonnaient dans le silence de la forêt, la lumière de la lune filtrait les feuillages éclairant partiellement leurs silhouettes.
Au bout de quelques minutes, le chemin devint plus large, plus lumineux aussi.
Ils plissaient légèrement les yeux. A quelque mètre d'eux, le sentier semblait s'achever. Ce n'était qu'une fois la distance franchie qu'ils écarquillèrent les yeux.
Surpris, ils observaient, sans voix, ce que leur regard leur offrit.
Devant eux, s'étendait un magnifique lac, bordé de plans de roseaux ici et là. L'herbe y était plus haute mais pas assez pour être désagréable. Une brise se levait, ridant la surface de l'eau. Un peu d'humidité flottait dans l'air. Il faisait sombre, la lune se dissimulant derrière un filet nuageux. L'endroit était emprunt de beauté et de quiétude. Quelques feuilles venaient s'échouer sur l'eau avec délicatesse, d'autre montaient vers les cieux.
Camus se détacha de Milo pour s'approcher du bord de l'eau. Le grec en profita pour détailler sa démarche. Elle était élancée et fluide, ses pas étaient si légers qu'il ne paraissait que frôler le sol. Lorsque le français cessa sa course, le vent souleva sa chevelure. Les mèches glissaient sous la brise, dansant gracieusement dans les airs. Un instant il put voir sa nuque, pâle et lisse.
Un frisson incontrôlable parcourut son corps, et ses yeux se firent plus doux, plus brillants.
« C'est beau. »
La voix du français n'avait été qu'un souffle mais pour Milo c'est une véritable caresse qui avait glissé sur sa peau. Il frissonna davantage, mais ce n'est pas le vent qui en était responsable.
Une brise se leva. Les nuages glissèrent lentement, découvrant la lune avec délicatesse. Doucement, sa jumelle se dessina sur le lac, ronde, blanche, parfaite. Les lieux prenaient soudain une teinte bleutée, et la silhouette du français se dessina dans un halo de lumière.
Milo écarquilla les yeux.
Ses jambes, sa taille, ses cheveux, ses épaules…il était….
Il était….
« Magnifique.» souffla Milo.
Il ne le voyait pas, mais Camus souriait, même si ce n'était pas pour la bonne raison.
Une lueur bien connut naquit dans le regard du grec alors qu'il continuait de regarder le jeune homme. Son cœur s'emballait de nouveau.
« Dis-moi ? » demanda Camus.
Il sortit de sa contemplation pour un bref moment.
« Oui. »
« Que feras-tu maintenant ? »
Milo leva un sourcil, interpellé.
« Comment çà ? »
« Maintenant que tu as ton diplôme. » reprit Camus « Qu'est-ce que tu vas faire ? »
Prit de cours, mais le cœur tambourinant toujours aussi fort dans sa poitrine, il garda silence un instant, le regard songeur.
« Pour être franc avec toi… » dit Milo « Je n'ai encore rien décidé pour le moment…..mais l'Histoire m'a toujours plu alors prof, archéologue… je ne peux pas te dire exactement mais je sais que j'aimerai ce que je ferai. »
Camus sourit de nouveau. Cette réponse aurait pu paraître vague, peu assurée pour ceux qui ne connaîtraient pas le grec. Toutefois, ce n'est pas ce qu'il avait ressenti. Oh non, quelque part ces mots l'avaient rassuré. Milo restait Milo : sans complexe, libre et bien dans sa peau. Il n'était pas fainéant, il suffisait de voir son bulletin pour le savoir. Mais il vivait selon ses convictions, ses valeurs et surtout avec son cœur. Et Dieu sait qu'il en avait.
Cette simple pensée le ramena des semaines, des mois en arrière. Des souvenirs en tout genre se bousculèrent avec violence. Il se remémora leur rencontre, les soirées, les discussions sérieuses, amusées, les rigolades et bien sûr, les disputes, les déchirures, les mensonges et les paroles regrettées.
Mais qu'importe les souffrances maintenant, c'était le passé et il a appris aujourd'hui à le laisser derrière lui. Il ne l'oubliera pas, car çà serait aussi effacer les bons moments : les retrouvailles, le pardon, les excuses….le bonheur d'être ensemble. Il n'oubliera pas car c'est aussi ce qui a fait ce qu'il est aujourd'hui. Même s'il savait qu'il le devait à certaines personnes.
Et peut être à une en particulier.
« Et toi ? » lui demanda à son tour Milo.
« Je vais faire des études approfondies en langue. » Lui répondit sans hésitation le jeune homme. « L'enseignement me tente beaucoup. Enseigner, transmettre, communiquer…çà peut paraître étrange quand on sait que je ne suis pas très démonstratif, mais c'est ce que je veux. »
Ce fut au tour de Milo de sourire, il le vit alors qu'il se retourna vers lui.
« J'ai toujours voulu prouver à ma famille, aux autres aussi que j'étais capable de faire les choses sans personne….que j'étais quelqu'un de fort… »
Camus ferma les yeux, concentré, mais toujours le sourire aux lèvres, un sourire apaisé. Milo se tut, sentant que le français désirait s'exprimer ce soir. Il lui semblait revivre ce moment. Une seule seconde lui suffit pour ce souvenir de cette fameuse soirée. Sous un ciel dégagé, dans le vent chaud, sous un réverbère, un échange et des mots qui marquent, et un bai….
Brusquement, le cœur s'emballa, la respiration devint sifflante, et la température corporelle grimpa. Milo sentait des picotements parcourir son cou pour venir se loger sur ses pommettes. Gêné, il avait du mal à regarder davantage le français. Non qu'il se sentait mal vis-à-vis de Camus mais parce que, difficilement…..il avait bien du mal à reconnaître l'évidence….la vérité écrasante…..cette soirée….ce moment était…..un bon…Non…un merveilleux souvenir…
Il en rougit davantage alors qu'il le détaillait encore une fois. Les cheveux disciplinés malgré le souffle du vent, ses joues ombragées par ses cils, son menton arrondi et…et ses lèvres….des lèvres pleines et rougies. Des lèvres….qu'il avait gouté.
Il déglutit et ses mains devinrent moites alors que le français reprenait la parole.
« Je pensais…. » Continua Camus, le regard fermé. « Non…je croyais que seul, je pouvais tout réussir, tout accomplir….pas de complicité, pas de surprise, donc pas de déception….J'étais sûr d'avoir raison, d'être assez fort pour ne plus…ne plus souffrir…..Pour moi, les sentiments étaient source de souffrance alors je ne voulais plus en ressentir. »
Milo se sentait navré et triste pour le français. Il avait du mal à ne pas s'approcher de lui et…le prendre dans ses bras. Tout comme ce soir là…
« Mais j'avais tord….terriblement. »
Etonné, le grec le fixa avec attention.
« Après la mort de ma mère, je n'ai connu que regret et culpabilité…. » dit Camus, avec une assurance étonnante. « La vie était devenue amer. Je n'avais plus goût à rien d'autre qu'à….qu'à expier mes fautes…. »
Soudain l'air devint un peu plus lourd, pas de gêne, mais comme l'annonce d'un moment important.
« Je pensais…. qu'en étant loin de tout ce qui pouvait procurer…une seule once de bonheur….çà aurait été ma façon de me faire pardonner….de me priver du bonheur qu'aurait pu vivre ma mère si elle avait encore été de ce monde… »
Milo écarquilla les yeux. Bien des confessions avaient été faites, bien des mots avaient été dis, mais il n'aurait jamais cru pouvoir en apprendre davantage.
« Mais….cette année…j'ai ouvert les yeux. J'ai réalisé à quel point j'ai pu être dans l'erreur. » Continua Camus. « Oui c'est vrai, l'amour fait souffrir mais j'avais oublié à quel point il pouvait être merveilleux aussi. En me rappelant sans cesse la mort de ma mère et la peine que j'ai ressentit, j'avais aussi bridé les magnifiques sensations que j'ai vécu avec elle et les gens que j'aimais. »
L'atmosphère devint soudain plus légère. Les esprits s'allégèrent et les épaules moins lourdes.
« Toutefois….çà…. enfin…..je n'aurai pas pu le faire tout seul. »
Milo haussa un sourcil.
C'est alors que le français releva le visage.
« Tout çà…c'est grâce à toi. »
Le grec ouvrit grand les yeux. Camus eut un sourire, d'une toute autre nature, un sourire qu'il n'avait encore jamais vu chez lui. Il était doux, léger…..et aimant.
« Camus… » Murmura-t-il sans pouvoir rien dire d'autre.
« Je sais que je t'ai déjà remercié pour bien des choses mais…. » reprit Camus « Mais…je sais que des mots, quel qu'ils soient ne seront jamais assez fort pour exprimer toute la reconnaissance que j'ai envers toi. »
« Camus écoute je… »
« Milo….s'il te plait….. » intervint le français. « J'en ai besoin… »
Alors le grec n'ajouta rien, conscience de l'importance que cela pouvait représenter pour lui. Il le connaissait maintenant suffisamment pour savoir ce qu'il voulait vraiment.
« Tu as été le premier… » reprit Camus « Le premier, mis à part peut-être ma famille et Shaka, à t'être montré si patient avec moi. Du moins, aussi déterminé. Je te l'avais déjà dit, bien des gens ont essayé mais sans succès. Je reconnais que tu m'as interpellé. Toi le Don Juan de la fac qui s'intéresse au petit premier de la classe, de quoi relever un semblant d'attention non ? »
Il eut un sourire amusé.
« Je n'étais pas dupe, je me doutais bien pourquoi tu voulais m'approcher. Mais, plus le temps passait et plus je doutais. Et nous savons tous les deux où cela nous a menés. »
Milo grinça des dents aux souvenirs douloureux.
« Mais je ne regrette pas. » dit Camus à la surprise du grec. « Je ne regretterai pour rien au monde ce qui s'est passé cette année. J'ai pu…découvrir des choses enrichissantes, rencontrer des gens formidables…..te rencontrer. »
Les cœurs s'emballèrent.
« Cela faisait….bien longtemps que je ne mettais pas senti aussi bien avec quelqu'un. Je n'ai jamais pu me confier aussi facilement à quelqu'un qu'avec toi…..Je ne peux pas m'expliquer. Je sentais que tu ne me jugerai pas…..Tu as été un ami, un confident,…..et…..hum… »
Un long moment passa, le silence s'installa lourdement uniquement brisé par le souffle dans les feuilles des arbres.
Camus hésitait, et Milo le ressentait parfaitement.
« Et…peut-être plus encore. »
Le regard fuyant, Camus ne pouvait cacher la rougeur qui colorait ses joues.
« Tu es devenu…. »
Camus reprenait doucement sa respiration. Il triturait ses doigts. Il repensait aux mots de son père et son cœur se mit à battre dans ses tempes.
« …très…trop précieux…pour moi Milo. »
Le vent devint ouragan dans l'esprit de Milo. Il rougit à son tour. Son nom a été prononcé avec une infinie douceur, une douceur telle quelle fit naitre chaleur dans sa poitrine. Plus la soirée avançait et plus il lui semblait revivre un souvenir lointain. Camus paraissait si faible, si innocent devant lui qu'il semblait le voir pour la première fois. Il le percevait sous un jour nouveau. Un merveilleux jour.
« Je ne veux plus perdre…. »
Camus releva le regard. Ses yeux brillaient d'une telle intensité quelle figea le grec.
« …les gens que j'aime. »
Alors…. Deux sons, uniques, semblables, un rythme soutenue, sourd et imperceptible, jusqu'à se superposer pour ne plus faire qu'un. Et les cœurs s'unirent.
L'air était légèrement iodée, picotant les sens. Les nuages s'écartèrent comme pour laisser les astres admirer l'échange.
Discret jusqu'alors, une lueur, telle une flamme, jaillie des herbes humides. D'un souffle, elle devint plus lumineuse, pour finalement se détacher lentement du sol. Elle flotta dans l'air, se balançant gracieusement dans le vent avec la légèreté d'une plume. Elle voltigea vers les deux jeunes hommes qui ne s'étaient quittés des yeux.
La lune éclaira alors chaque brin d'herbe. C'est alors que d'autre flamme, d'autre lueur fleurirent. Tel un champ de fleur, chaque petite lumière allèrent rejoindre leur sœur pour se laisser vaguer au gré du vent.
Les lucioles virevoltèrent dans un ballet de lumière. Des points lumineux s'élevèrent ici et là, frôlant les arbres, les deux jeunes hommes et la surface du lac pour se refléter comme devant un miroir. Elles caressèrent leur peau, illuminant leurs pupilles déjà éclatantes.
Milo se sentit défaillir.
Les rayons lunaires éclairaient gracieusement les traits de Camus. La lumière dessinait la rondeur de ses joues, illuminait ses cheveux par endroit leur donnant des reflets argentés, ses lèvres étaient devenues plus pulpeuses.
Il était irréel. Il était tellement….tellement beau.
Un éclair et une illumination. Milo « regarda » vraiment le jeune homme en face de lui. Il comprit alors à quel point Camus avait pu changer. Il était toujours aussi droit et fière, mais plus aucune arrogance ne transpirait dans son attitude. Il n'y avait plus de phrases cinglantes, plus de remarques parfois acerbes et cassantes. Il n'y avait plus de froideur et d'amertume. Il ne restait plus qu'un homme élégant, apaisé, serein et … terriblement séduisant.
Oh il aurait été idiot de dire qu'il n'avait jamais remarqué sa beauté. Une beauté froide et hypnotique, certainement ne se rendait-il pas compte de l'effet qu'il procurait, maintenant qu'il était plus ouvert.
Mais mis à part cela, Milo se rendait compte aujourd'hui à quel point le parcours du français a pu être difficile pour lui. Il a su affronter ses peines, ses fantômes du passé, remettre en question ses propres convictions pour se laisser l'espoir d'avancer et de s'accorder une paix qu'il pensait ne pas mériter.
Alors qu'importe ses blessures, qu'importe ce qu'il a pu vivre, rien est comparable à ce lui a vécu. Il était sans conteste celui qui a montré le plus de courage.
Il a évolué avec lui, il l'a vu changé et avant qu'il ne le réalise, lui aussi a changé à son contact.
Brusquement, Milo écarquilla légèrement les yeux.
Comme foudroyé, il prit conscience d'une chose évidente, si évidente qu'il lui sembla ridicule de ne pas l'avoir réalisé plus tôt. Quoique…peut-être le savait-il au fond de lui-même et qu'il refusait de le voir. Encore comme ce fameux soir, devant l'appartement du français.
Milo sourit et baissa le regard, sa frange cachant ses yeux.
« Milo ? »
Camus, intrigué de la réaction subite du grec, leva un sourcil. Il pencha légèrement la tête comme pour essayer d'entrapercevoir son visage.
De son côté, Milo était en proie avec ses sensations et réflexions. Il se revoyait dans le couloir de la faculté, percuter un jeune homme et faire tomber ses livres. Il le revoit dans une boite de la ville alors que lui siroter un verre et tenter une approche, il se remémorait leurs soirées, leurs complicité, leur amitié….leur complémentarité.
Car jamais ne s'était-il senti aussi en osmose avec quelqu'un, aussi proche….aussi entier.
« Est-ce que çà va ? » demanda Camus n'osant pas avancer vers lui.
Camus, lui, a eut le courage, la force de faire face à ses angoisses, à ses propres convictions, à parler à son père après tant d'année et de non-dits.
« Milo ? » répéta le français encore plus inquiet de son mutisme.
A présent, Camus a su trouver les ressources nécessaires pour s'exprimer, à lui ouvrir son cœur et son âme. Maintenant, il ne pouvait plus reculer, plus se bercer d'illusion, plus prétendre autre chose alors qu'il venait d'ouvrir les yeux. C'était le brouillard qui s'effaçait, un soleil en pleine nuit qui l'éblouissait. C'était le moment, ils étaient là et ils étaient seuls.
Ainsi, alors que Camus a usé de parole c'était à son tour…
« D'agir…. » se disait Milo en relevant le regard.
Camus ouvrit un peu plus les yeux, surprit par la prestance que dégageait brusquement le jeune homme. Milo avait le regard à moitié clos mais ses pupilles étaient si étincelantes qu'il parvenait à les voir de là où il était. Les lucioles continuaient de virevolter autour d'eux.
Sans un bruit, Milo fit un pas en avant. Il y avait peu de distance entre eux, mais elle était telle que chaque mètre, chaque pas paraissait décisif.
Le français vit Milo s'approcher de lui avec lenteur. Mais étrangement, il ne ressentait aucune crainte, alors qu'il pouvait bientôt sentir sa chaleur contre lui. L'herbe mouillée s'affaissait sous ses pas, les lucioles s'écartaient sur sous chemin, comme pour lui ouvrir la marche.
Chacun de leur côté, leur cœur s'accélérait, jusqu'à battre sur la même mesure.
Milo était enfin devant lui. Camus ne l'avait pas quitté du regard. Il vit la main du grec se lever avec légèreté.
Une douce chaleur se propagea dans la poitrine du français jusqu'à se centrer sur son visage alors que Milo avait posé sa main sur sa joue. Sans pouvoir se contrôler, il ferma les yeux un instant comme pour savourer le contact, et pencha la tête pour l'approfondir.
Milo le trouva...irrésistible.
« Camus. »
Il avait susurré son nom. Camus ouvrit lentement les yeux.
Et le temps fut suspendu. L'espace, le monde, la villa et leurs proches, rien ne semblait plus avoir d'importance.
Milo posa son autre main sur la hanche du français. Il rapprocha leurs corps. Leurs torses, leurs jambes se frôlaient, ils partagèrent leur chaleur.
Leurs visages étaient si proches qu'ils sentaient le souffle de l'autre sur leur peau. Ils plongeaient chacun dans le regard de l'autre. L'aigue marine se mélangeait aux profondeurs de l'océan. Les pupilles vibraient imperceptiblement mais c'était un véritable ouragan qui soufflait dans leurs corps.
Doucement, Milo pressait davantage sa main sur le bas du dos du français. Ce geste emboitait leur corps avec une perfection étonnante. Les lucioles, qui s'étaient faites discrètes, s'éloignèrent avec grâce comme pour les laisser à un moment qui ne devait appartenir qu'à eux.
Et alors…
Le temps fut suspendu.
Leurs visages se rapprochèrent avec une lenteur terrifiante mais teintée d'un respect et d'une douceur chaleureuse. Leurs souffles qui ne faisaient que se caresser, se mélangèrent pour ne faire qu'un. Sans réfléchir, comme par instinct, ils inclinèrent la tête. Leurs nez se frôlèrent et enfin…
…Ils s'unirent pour la première fois.
Brusquement, chacun fut foudroyé de sensations inconnues jusqu'alors ou amplifiées à un niveau qu'ils n'auraient cru possible.
C'était leur premier « vrai » baiser.
Un magnifique…et merveilleux baiser.
Comme pour savourer ses nouvelles sensations, ils restèrent sans bouger durant un instant.
Une tempête sembla les balayer. Au bout d'un instant, Milo, plus expérimenté mais certainement en raison des émotions du moment, changea de position. Sans pouvoir se contrôler, chacun émit un gémissement de bien-être. Des frissons parcouraient chaque muscle du grec. Il avait déjà embrassé, c'était parfois sauvage, sous le coup d'une pulsion, c'était parfois dure, sanglant même, mais rien n'était comparable à ce qu'il vivait en cet instant. C'était intense et respectueux.
C'était Camus qu'il embrassé, c'était Camus, c'était lui et çà…çà changeait tout, çà changera tout….
Car….par Dieu…
…il l'aimait.
Cette chaleur, ce picotement dans les membres, les esprits embrumés. Il percevait ces signes au travers de ses amis mais il n'aurait pas cru être aussi aveugle pour lui-même.
A bout de souffle, ils se séparèrent. Avec douceur, ils ouvrirent les yeux. Et ils se souriraient. Un sourire entendu, car il n'y avait pas besoin de mot, ils n'en avaient plus besoin désormais.
De son côté, Camus était dans un état semi-cotonneux. Tout comme Milo, il n'aurait jamais cru pouvoir ressentir de telles choses auparavant, lui qui trop jeune n'avait plus cru en l'amour. Ce n'est pas que deux bouches qui se touchaient mais un partage, voulu et surtout désiré. C'était çà l'amour, car il l'aimait. Oui il aimait cet homme, c'était tout nouveau pour lui mais l'inconnue ne l'effrayait pas, du moins pas si c'était aussi merveilleux que ce qu'il ressentait en ce moment. Qu'importe qu'il soit un homme, il l'aimait, c'est tout.
Ils ne s'étaient pas quittés des yeux, alors que le sourire toujours aux lèvres ils s'embrasèrent de nouveau. Camus passa ses bras autour du cou de Milo alors que ce dernier l'enlaçait amoureusement.
Ce soir là, la lune sembla sourire et les étoiles plus brillantes.
La soirée avait bien avancée désormais. Les cadavres de bouteilles s'empilaient dans la cuisine, mais les esprits n'étaient guère grisés. Les discussions allaient bon train et les éclats de rire ponctuaient l'air d'une ambiance festive. Des musiques récentes flottaient dans l'air et quelque courageux se dandinaient sur une piste de danse improvisée.
« Çà fait un moment qu'il est parti non ? » demanda Aiolia.
« Qui çà ? » demanda à son tour Aphrodite.
« Milo. » répondit le grec. « Il est allé sur la terrasse, mais çà fait longtemps maintenant. »
« Camus aussi. » intervient Shaka avec un sourire. « Ils doivent discuter. Ne t'inquiète pas va. »
Il eut un petit silence.
« Vous croyez que çà ira pour eux ? » ne put s'empêcher de dire Aiolia.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? » intervient Shura qui venait de les rejoindre.
« Bin… » Aiolia prit un instant pour formuler ses dires. « Avec ce qui s'est passé…vous croyez que çà va changer les choses entre eux ? »
Le mutisme qui suivit était plus lourd de sens. Il semblait presque que les respirations étaient suspendues.
« Je vois ce que tu veux dire Aio mais… » répondit Shaka. « Mais je ne pense pas que tu es besoin de t'inquiéter. Ce qu'il s'est passé…au lieu de les séparer n'aura fait que les rapprocher davantage. Crois-moi, quand on vit quelque chose d'aussi fort et de spécial, ont ne peut pas s'ignorer, ou au pire pas longtemps. »
Il fit une pause, alors que tous ceux qui l'avaient écouté, hochaient la tête en signe d'approbation.
« Et puis…. »
« Et puis ? » répéta Aiolia, curieux.
« Tels les aimants, les âmes jumelles ne sont jamais loin l'une de l'autre » dit-il solennellement.
« Comment çà ? » dit le grec, intrigué.
Shaka, lui, eut un sourire énigmatique alors qu'il regardait son amant qui avait un air complice sur le visage.
« Hey ! On vous attendait plus vous deux ! » s'exclama Angelo.
Le petit groupe se retourna comme un seul homme.
« Quand on parle du loup… » dit Shura d'un ton amusé.
Sur le pas de la baie vitrée, Milo et Camus se tenaient l'un à côté de l'autre. Silencieux, ils regardaient tranquillement leurs amis comme si leur absence prolongée n'avait lieu d'être.
« Où étiez-vous passé ? » demanda Shura. « Aiolia allait nous faire une petite crise dont il a le secret. »
L'interpelé gonfla les joues d'un air faussement vexé.
Camus et Milo se jetèrent un regard. Et cela fut suffisant pour eux. C'est alors, que dans un même élan, ils joignirent leurs mains et enlacèrent leurs doigts.
Sans dire mot, Aiolia suivit le geste des yeux. Puis, brusquement, les dires de Shaka prenaient tous leurs sens. Un éclair sembla passé dans son regard et ses pupilles s'ouvrirent quelque peu.
« Oooohhh. » s'exclama le grec.
Le jeune couple rougit sans pouvoir se retenir. Ils baissèrent la tête pour ensuite se regarder de nouveau. Ce mouvement suffit à Aiolia pour sourire de toutes ses dents. Les actes valaient parfois plus que de simples mots.
Il s'approcha de ses deux amis et posa ses mains sur leurs épaules.
« Cachetiers va ! » dit-il d'un air taquin. « Je suis content pour vous. »
Aiolia eut un sourire rassurant, et le couple put enfin soufflé quand il vit leurs amis les regarder avec douceur. Ils se rapprochèrent d'eux dans un élan de tendresse et de soutient. Ils les félicitèrent, et cette agitation attira l'attention des autres invités qui s'approchèrent.
Une fois les choses expliquées chacun venaient féliciter le nouveau couple, Hyoga ne mit pas une seconde pour se jeter dans les bras de son grand frère. Bien que gêné, les deux concernés étaient heureux de voir que leur relation nouvelle était acceptée et même parfois…devinées, alors qu'eux même avaient mis du temps à réaliser leurs sentiments. Enfin, l'amour ne rend-il pas aveugle comme le dit si bien le dicton ?
Un peu plus loin, le père de Camus avait un regard bienveillant. Pour lui, qu'importait qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, si son fils était heureux avec son compagnon, alors que demander de plus ? Milo était un jeune homme bien qui a su prouver sa valeur de la façon la plus respectable et la plus courageuse qu'il soit. Alors… il ne pouvait que leur souhaitait que meilleur bonheur au monde.
Les amis s'exclamaient, l'ambiance s'échauffait. On parlait fort, on riait fort, alors qu'on tapotait le dos du jeune couple. Parmi eux, un jeune homme avait une idée qui germait peu à peu dans son esprit. Celle-ci mit peu de temps à éclore. Le peu de courage qu'il avait eut devant son frère il y a quelque mois, il semblait l'avoir retrouvé en cet instant. Peut-être que c'était le moment pour eux aussi ? Après tout, Camus et Milo ont bien eut la force d'affronter le regard de leur proche et même de leur famille.
Le jeune homme se racla la gorge pour se donner du courage, alors qu'il haussait la voix pour se faire entendre. Il avait toutefois un sourire amusé malgré son anxiété.
« Ce n'est pas que je veux vous voler la vedette les amis mais… » s'exclama Kanon.
Toute la petite assemblée se retourna soudain vers le grec.
« …mais puisqu'on en est aux révélations…. »
Ni une ni deux, Kanon se tourna vers Radamanthe. Ce dernier, surprit, n'eut pas le temps de réagir qu'il vit le grec se rapprocher de lui. Kanon, l'empoigna mais avec douceur à la taille et l'embrassa avec fougue. Emporté par une telle passion de la part de son amant, Radamanthe ferma les yeux et posa sa main sur la joue du jeune homme.
Il eut un silence…un silence qui fut vite remplacé par des fous rires et des éclats de voix chaleureux.
Ils ne sauraient tous dire ce que cette soirée avait de si spéciale pour que tant d'événement s'enchaînent mais peu importait au fond…ils étaient tous là, l'alcool coulait à flot, il faisait bon, ils étaient diplômés…que du bonheur.
Au bout d'un moment, Hyoga s'écarta du groupe pour rejoindre son père qui n'avait pas quitté ses fils du regard. L'adolescent se posta à gauche, en silence, mais tout sourire. Il regarda un instant son grand frère pour ensuite dévier son regard vers son paternel.
Deux couples ? Humm…..peut-être qu'il devrait attendre un peu pour leur dire qu'il sortait avec copain de lycée…
Il les regarda de nouveau.
Oui…çà pouvait attendre.
La nuit était tombée depuis longtemps, malgré tout la chaleur était toujours aussi pesante. La ville était plongée dans l'obscurité mais restait vivante, les rues étaient animées et bruyantes. Les réverbères offraient une ambiance tamisée. C'était l'été.
La mer était calme mais les vagues continuaient de venir mourir sur le sable fin. Les côtes rocheuses restaient merveilleusement belles, tout comme les maisons blanches bien typiques de cette région.
Dans l'une d'entre elles, les vitres ont subitement laissé entrevoir de la lumière. La porte d'entrée se ferma dans un claquement sourd alors que les clefs de l'entrée atterrissaient sur la table du salon.
« C'était une belle soirée. »
Une silhouette se détachait du centre de la pièce pour tomber mollement sur l'un des canapés. Elle laissa sa tête tomber sur le dossier en se massant la nuque en un geste de fatigue. Toutefois, elle émit un petit gémissement de bien-être, heureuse de se poser enfin. Elle ferma lentement les yeux.
« Oui, c'est vrai. » s'éleva une voix derrière elle.
L'homme qui était toujours dans le hall, s'avança vers la personne affalée dans le salon. Il posa sa veste sur le dossier d'un autre canapé, puis alla la rejoindre en s'asseyant près d'elle.
« Tu as passé un moment ? »
L'interpelé rouvrit les yeux sans pour autant le regarder.
« Oui, c'était très bien. Je me suis bien amusé. » répondit-il. « Et toi ? »
Camus fixa son amant, et finit par lui répondre.
« Pareil. C'était une belle fête d'anniversaire. » dit le français. « Aphro s'est surpassé. »
« Il a voulu marqué le coup. » fit remarqué Milo. « Fêter leur retour en Grèce et puis, çà va faire un peu plus de 5 ans qu'ils sont ensemble maintenant. »
« Oui… » souffla le français un sourire dans le regard. « 5 ans, déjà… »
Eh oui, cela faisait maintenant 5 ans qu'ils étaient tous diplômés de la faculté d'Athènes. 5 ans, et beaucoup de choses se sont passés depuis.
Aphrodite et Angelo sont partis en Italie pour spécialiser leurs formations en archéologie. Ils ont réussit brillamment leurs études et par leurs stages ont rapidement trouvé un emploi dans les domaines qu'ils souhaitaient. Ils ne se sont jamais quittés. Les choses n'ont pas toujours été simples mais ils s'aimaient trop pour laisser les aléas de la vie les séparer aussi facilement. Maintenant bien posés, ils ont décidé de revenir en Grèce, pas à Athènes, mais non loin de là. Pour fêter çà, Aphrodite avait organisé un anniversaire surprise pour son italien.
Shura de son côté s'est marié il y a deux ans. Il revient de temps à autre pour leur rendre visite et ils ont pu rencontrer sa fiancée qui n'avait eut aucun mal à se faire accepter du groupe. Une charmante demoiselle qui répond au nom d'Erina. Shura a reprit l'entreprise familiale qui s'est spécialisée dans l'immobilier et la dirige avec son épouse.
En parlant mariage, celui d'Aiolos et de Saga s'est passé l'année suivant leur remise de diplôme. C'était une petite cérémonie, intime mais très forte en émotion. Une fois les papiers signés, Saga n'avait pas attendu une seconde de plus pour embrasser son époux avec passion. Son impatience avait fait rire l'assistance ainsi que le maire qui était très ouvert d'esprit. Leur bonheur était immense et ils avaient su le communiquer aux autres. Ils habitent à présent dans le nord du pays et y sont très heureux.
Pour ce qu'il en était de Kanon et Radamanthe, ils vivaient désormais en appartement dans le centre de la ville. Saga n'avait plus d'angoisse pour son jumeau, rassuré de voir le bonheur qu'il vivait avec l'anglais. Kanon était plus sûre de lui et Radamanthe était toujours aussi attentionné envers son amant. Tout allait bien pour eux. Radamanthe n'était plus médecin à l'université mais à l'hôpital central et Kanon avait reçu une promotion il y a maintenant un an.
Et pour ce qu'il en était de nos deux éphèbes….
« Je crois que je vais aller me coucher. » annonçà Milo en se redressant. « Tu me rejoins ? »
Il avait dit ces derniers mots en fixa son amant.
« Dans une minute. »
Milo et Camus ont continué leur études chacun dans leur disciplines, sans pour autant se quitter. Camus était devenu professeur de français dans le lycée où avait été son frère autrefois. D'ailleurs, ce dernier fait désormais des études sanitaires et sociales tout comme son petit ami. Camus avait été surpris que son petit frère soit avec un garçon, lui qui avait un assez bon succès auprès de la gente féminine.
Enfin…si on regardait Milo, on pouvait aisément croire que ce n'était pas une valeur sûre. Toujours est-il que son petit ami était charmant. Il s'appelait Shun, un jeune garçon doux, souriant et toujours positif. Son petit frère avait mit un petit moment avant de le présenter à leur père et lui. Leur paternel l'avait immédiatement accepté. Hyoga les fit bien rire en leur avouant que le plus dure n'avait pas été de leur présenter Shun mais bel et bien de faire accepter leur relation au grand frère de ce dernier. Un grand gaillard qui s'appelait Ikki et qui était l'image type du grand frère protecteur.
Milo quand à lui, a continué ses études d'histoire et a décroché un emploi dans le plus grand musée de la ville. Son travail lui plait et il aurait pour projet de devenir sous directeur si ses performances le lui permettaient un jour.
Chacun gagnant bien leur vie ils achetèrent une petite maison prés de la côte. Cela faisait quelque mois désormais. Oh ils habitaient ensemble depuis quatre ans maintenant, mais l'achat d'une maison était une manière pour eux de concrétiser davantage leur vie en commun.
Camus se leva du canapé pour se diriger vers une pièce du fond. Il ouvrit délicatement la porte et sourit devant le spectacle que lui offrit ses yeux.
Devant lui, Milo était allongé dans leur lit. Il était sur le dos, torse nu, le drap déposé délicatement sur ses hanches alors qu'il avait un bras sous la nuque. Sans bruit, le français alla se changer pour enfin se glisser aux côtés de son amant.
Sous le poids qui affaissa le lit, Milo se mit sur le flan et rouvrit les yeux pour regarder tendrement son amour. Ils se regardèrent tendrement, une lueur au fond du regard.
Et sans dire mot, ils s'embrassèrent.
Milo passa une main sur la nuque du français, caressant sa chevelure au passage. Un plaisir qu'il s'offrait à chaque fois qu'il le pouvait. Camus mit délicatement la sienne sur le torse de son compagnon, il pouvait à loisir sentir les battements de cœur du grec.
Le baiser se faisait soudain plus tendre, plus sensuel. Milo appuyait davantage ses lèvres contre celles de Camus qui instinctivement s'ouvrirent. Le grec ne mit pas une seconde pour explorer la bouche du français avec délectation.
C'était divin. Encore maintenant, ils leur semblaient partager leur premier baiser. C'était intense et si doux à la fois.
Au bout d'un instant, ils se séparèrent.
Camus, une lueur amusée dans le regard, prit la parole sans pour autant trop hausser la voix.
« Je pensais que tu étais fatigué. »
Cela n'avait été qu'un baiser mais ils pouvaient chacun ressentir chaque émotions, chaque pensées de l'autre, comme une connexion entre leurs âmes.
Il était alors inutile pour eux de dire ce que celui-ci annonçait.
« Jamais assez quand on est ensemble…tu le sais bien. »
Cette réplique aurait pu paraître théâtrale pour ceux ne vivant pas la même chose qu'eux. Pourtant si on lisait entre chaque mot, chaque syllabe, il devenait facile d'y lire toute la sincérité de Milo. Car oui, l'amour était telle une fleur. Il a besoin de soin et d'être continuellement protéger. Alors, que cela soit après une mauvaise nuit, une journée de travail acharnée chacun faisait en sorte d'être là pour l'autre et de prouver ses sentiments.
Ils s'embrassèrent de nouveau, alors que Milo se plaça au-dessus de son amant. Ils échangèrent un long et tendre baiser.
Milo passa ses mains sous le t-shirt du français, caressant délicatement ses hanches. Ce geste fit accélérer la respiration de Camus qu'il sentit sur ses joues. Dans un mouvement assuré, Milo retira le haut du français qu'il laissa s'échouer sur le sol dans un bruit sourd.
A présent torse nu tous les deux, leur peau rentrèrent en contact, déclenchant des ondes électriques dans tous leurs corps. Des frissons incontrôlables glissèrent le long de la colonne de Camus qui gémit de bien-être. Il passa ses bras autour des épaules de son amour alors que Milo quitta ses lèvres pour descendre dans son cou.
Camus bascula sa tête vers l'arrière comme pour mieux savourer les sensations. Milo, lui, continua son ascension et baisa chaque parcelle de peau de son amant. Il remonta ses mains pour caresser le torse du français. Une main s'arrêta sur l'un de ses tétons alors que sa bouche s'occupa amoureusement du second.
Le grec entendit Camus gémir plus fort alors qu'il précisa davantage ces gestes. Des perles de sueurs se formaient sur leurs corps.
Au bout d'un instant, Milo descendait ses mains vers le pantalon du français, attrapant les pans du vêtement. Tout en baisant le ventre de Camus, il en leva doucement le bas de pyjama. Il baisa les abdominaux naissant de son amour avec plaisir et gourmandise. Il sentait la respiration du français se faire rapide alors qu'il descendait davantage vers l'objet de son désir.
Camus était enfin nu et Milo pouvait à loisir remonter le long de ses jambes interminables. Il embrassa ses cuisses se genoux alors, que Camus gémissait plus fortement. Chaque soupir était un vrai coup de fouet pour le grec qui eut bien du mal à contrôler ses ardeurs.
C'est alors, qui se pencha vers le désir du français. Il l'attrapa délicatement avec l'une de ses mains. Camus se crispa de plaisir, soulevant brusquement son corps tout en gémissant. Ce mouvement était si sexy, si empli de sensualité pour le grec qu'il ne pouvait se retenir plus longtemps. Il prit alors le plaisir du français en bouche et s'en délecta avec douceur.
Sous la force du désir, Camus se mordit un doigt mais guère assez pour laisser un gémissement, presque un cri lui échapper. La torture dura une éternité pour le français qui ne pouvait réfréner ses émois. La chambre s'emplit de respirations sifflantes, de cris et de froissements de tissus.
Milo continua pourtant et sans prévenir prépara avec précaution le français. Ce dernier eut du mal à ne pas laisser cours à toute sa passion, et quand il sentit le grec le pénétrer d'un doigt il ne put se retenir davantage.
« Mi…..aah…..Milo…..je vais…..je vaiiiii…aaah …. »
L'instant d'après il se libéra entre les lèvres de son amour.
Milo se redressa, sans pour autant cesser de le préparer. Il passa sa langue sur la bouche comme pour savourer un goût unique et précieux. Camus, transpirant, rougit fortement sous le geste. Milo était si sexy qu'il aurait pu tout lui céder, ici et maintenant tellement il le fascinait.
Une nouvelle onde se propagea avec violence au creux de ses reins, alors qu'il pouvait sentir un deuxième doigt le pénétrer. Il avait un peu mal, mais c'était une douleur qui était particulièrement délicieuse.
Soudain, Milo arrêta ce qu'il faisait, arrachant un gémissement au français qui se remit petit à petit. Il en profita pour retirer son pantalon qui était devenu plus que gênant maintenant. Camus put admirer sans pudeur le corps athlétique de son amant. Pendant leur première fois, il avait été intimidé par leur nudité, mais plus maintenant, bien qu'il ne pouvait cacher qu'il était toujours aussi admiratif. Milo avait une musculature développée sans être trop volumineuse, il avait la peau ferme mais douce, des épaules puissantes et des hanches étroites.
Son corps sembla bouger de lui-même, alors que sa main vint caresser une cicatrice qui barrait sa hanche. Milo posa aussi la sienne. Ils étaient bouillants.
« Elle n'est pas partie malgré le temps. » murmura Milo.
Camus lui sourit.
« C'est peut être mieux ainsi. » dit-il. « Elle me rappelle ce qu'on a vécu…ensemble. »
Milo lui sourit à son tour alors qu'il se pencha pour lui voler un baiser. Par leur position, leurs virilités rentrèrent en contact. Ils gémirent entre leurs lèvres.
Le grec se releva alors, sentant qu'ils ne pourraient tenir plus longtemps. Il écarta délicatement les cuisses de Camus qui le regarda avec désir mais surtout avec amour.
Et alors le paradis s'ouvrit sous leurs pieds.
Ils ne firent plus qu'un. Milo bougea lentement au départ comme pour ne pas brusquer les choses. Leurs yeux s'accrochèrent, tout comme leurs cœurs semblaient le faire. Ce n'était plus du sexe mais l'union entre deux corps et deux âmes qui n'avaient de cesse de vouloir se retrouver de nouveau.
Camus passa les mains dans le cou du grec alors que Milo gémissait avec la même intensité que son amant. Il ferma les yeux sous la force des sensations.
« Ca….Camus…..chéri…je ne vais….pas…..aaaahhh….tenir… »
« Mi….Milo…..Milooooo….. »
Le rythme s'intensifia, le lit cogna contre le mur alors que les corps s'emboitaient avec force.
Et ce fut la délivrance. Dans un même cri, ils hurlèrent le nom de l'autre alors qu'ils se libéraient d'un plaisir dévastateur.
Milo retomba sur le corps de Camus sans pour autant lui faire mal. Ils restèrent ainsi un moment, reprenant leur souffle. Quelque minutes passèrent, et Milo se retira doucement du corps du français pour ensuite s'allonger près de lui.
Ils se regardèrent, la même lueur au fond des yeux. Ils se sourirent, satisfaits et aimants.
La fenêtre était ouverte, les rideaux volaient au grès du vent alors que Milo rabattait le drap sur leur corps. Il enlaça Camus avec tendresse alors que celui-ci posa son front dans le creux du cou de son amant.
Milo huma le parfum de ses cheveux.
« Je t'aime. »
Comme à chaque fois, Camus sentait son cœur battre la chamade. Jamais il ne se lassera d'entendre ses mots. Et quelque part, il se disait que jamais il ne pourra aimer quelqu'un aussi profondément qu'il aimait Milo. Et celui-ci le pensait tout autant.
« Moi aussi…je t'aime. »
Ils fermèrent doucement les yeux, le sourire aux lèvres. Le sommeil vint les envelopper avec grâce et tendresse.
La vie n'est pas une mer d'huile et de vent, elle leur réservera encore des surprises. Mais quand on est deux, alors…elle devient douce.
Et dehors, la lune sourit de nouveau.
FIN
Et voilà, c'est la fin. Enfin…la fin de cette histoire mais non de mon envie d'écrire, car j'ai décidé de travailler sur une autre fiction. Et oui vous n'êtes pas encore débarrassé de moi (rire).
C'est une fiction basée sur l'univers de Saint Seiya.
Elle restera principalement centrée sur les Golds. Pour le moment je réunis les premières et nouvelles idées pour enfin les organisées, mais les grandes lignes, les moments clés sont sur le papier.
Le nom de cette nouvelle histoire : Maladies de cœur.
Ne butez pas sur le titre qui peut laisser penser qu'il s'agit d'une fiction basée sur du guimauve dégoulinant. Car ce n'est pas le cas !
Il y aura du sentiment certes mais pas du fleur bleu, pas du rose bonbon. Il y aura la découverte des sentiments en tout genre, des larmes, des colères, des amitiés et bien d'autre chose qui j'espère vous plairons. Un peu comme ici mais peut-être même (et sûrement, j'espère) en mieux.
En voilà un résumé :
Un chevalier est amoureux de l'un de ces frères d'arme. Peu courageux jusqu'ici à se dévoiler, il décide pourtant d'avouer ses sentiments. Toutefois, un événement inattendu va tout remettre en question. Va alors s'enchainer des événements douloureux, parfois chaleureux pour certains chevaliers mais teintés de souffrance pour cet homme qui tut ses sentiments et sa douleur pour le bonheur de ses pairs et pour celui qu'il aime. Il va vouloir aider ses pairs à la recherche du bonheur tout en refusant d'y accéder lui-même. La vie va l'entrainer, enchainer son cœur. Car il est malade d'amour mais…il a mal aussi, c'est une autre douleur, plus…physique. Il est malade d'amour, c'est la maladie du cœur….mais est-ce tout ? Pas sûr…
Vous verrez les Golds, peut-être les divins, les enfers…Il y aura de l'amour, de la jalousie, de la haine, de la colère, et peut-être même…pire encore.
Encore un grand merci à tous et à toutes une fois encore. J'espère vous revoir très bientôt pour de nouvelles aventures.
Gros bisous