Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si !

Couple : Harry/Draco.

Rating : M (avec le le temps...).

Salut les gens !

Lys : Kikou :)

Etant donné que c'est Noël, que mon ordi a planté, je poste ce premier chapitre en guise de compensation (à ceux qui lisent des fics HP, pour les autres, je suis désolée T.T).

Lys : Mais c'est pas ta faute !

Quand même T.T. Bref, j'espère que cette fic vous plaira ! C'est la seconde fic sur Harry Potter et c'est un UA. Un rêve que j'ai fait une nuit m'a inspiré pour cette fic :p.

Lys : Elle fait des rêves bizares...

... J'avoue... T.T

Bonne lecture !


Chapitre 1

« Tata ?

- Oui, mon chéri ?

- Les anges, ça existe ?

- Bah oui, puisque tu en es un !

- Non, j'ai pas d'ailes.

- L'habit ne fait pas le moine ! Des anges y'en a pas des tas sur cette planète, et j'ai la chance d'en avoir un chez moi.

- Mais si j'étais un ange, je pourrais voir papa et maman dans le ciel, non ?

- C'est pas parce que tu les vois pas qu'eux ne te voient pas. Si tu leur parles, ils t'entendront.

- Tu crois ?

- Ouais, j'en suis sûre ! »

OoO

« Harry, soleil de mes nuits ! Bouge tes fesses, c'est l'heure de se lever ! »

Harry sursauta violement et, si cela avait pu être possible, il se serait cogné la tête contre le plafond. Perdu dans les dernières limbes du sommeil et l'obscurité de sa chambre, le jeune homme chercha à tâtons ses lunettes qu'il posa sur son nez.

Sa vue sembla s'éclaircirent. Il chercha le réveil des yeux : huit heures et demie. Il poussa un grognement mécontent mais se leva pourtant pour ouvrir les rideaux. La lumière l'ébouillit pendant quelques secondes, lui frappant le visage sans aucune douceur.

Entre les cris et la lumière, il était servi… Mais il fallait bien se lever, la boutique n'allait pas s'ouvrir toute seule. Enfin, Tata était toujours là, mais le temps où elle s'occupait de tout était révolu depuis pas mal de temps. Et ce n'était pas Nymph' qui allait arriver en avance…

Harry sortit de sa chambre et se traîna dans la cuisine, au rez-de-chaussée, où sa tante l'attendait, comme tous les matins. Son petit-déjeuner était préparé, son bol de chocolat chaud et ses tartines beurrées, comme quand il était gosse. Malgré les années, il n'avait jamais eu le courage de lui avouer qu'il était un peu trop grand pour manger ça le matin. Et puis, y'avait pas à dire, il ne connaissait pas mieux pour commencer la journée, surtout quand c'était préparé avec amour.

En face de lui, Isaline était assise, buvant son café, noir et sans sucre. Comme d'habitude, elle était assez peu habillée : sa nuisette frôlait ses genoux et le tissu était un peu transparent. Mais il ne fit guère attention à la tenue de sa tante, car lui-même n'était pas mieux vêtu : un boxer.

N'importe qui, en entrant dans la cuisine, les aurait trouvé assez bizarres, tous les deux, à se demander même s'il n'y avait pas anguille sous roche. Mais Harry vivait depuis trop longtemps sous le toit de sa tante pour être choqué par sa tenue. Il aurait pu la voir à poil, ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid.

Enfin, se dit-il, de toute manière, si quelqu'un pouvait entrer chez eux à une heure pareille, ça ne pouvait être que Sirius. Et quand il vivait avec eux, c'était limite s'il enfilait quelque chose quand il venait prendre son petit-déjeuner. Isaline avait dû le menacer d'expulsion pour « atteinte à la pudeur » de ce « pauvre petit ange innocent », qu'était Harry autrefois. Ou cela aurait pu être Nymph', qui, à une époque, se contentait d'enfiler ses sous-vêtements avant de descendre.

« Bon, alors, fit Isaline. Programme de la journée : t'as deux rendez-vous, un ce matin et un en fin d'après-midi. Le premier, c'est le cadeau d'anniversaire d'une gamine… Sonia, il me semble. Bref, et t'as la visite de l'autre dégénéré.

- Lequel ?

- Le gars, là… Sharps !

- Mais il ne devait pas venir demain ? demanda Harry, un peu étonné.

- Il a changé à la dernière minute. C'est juste la couleur à faire. »

Le jeune homme acquiesça et finit son bol de chocolat, puis il sortit de la cuisine pour aller s'habiller. Il entra vite fait dans sa chambre pour prendre ses habits, puis il fila dans la salle de bain où il s'habilla en vitesse. Puis, il se regarda dans le miroir.

Harry était un jeune homme bien portant qui venait d'avoir vingt-deux ans, le mois dernier. Ses cheveux noirs indomptables étaient d'un noir jais, parsemés çà et là de mèches pourpres, et donnait à son visage clair un air amusant, comme s'il venait tout juste de sortir du lit. Ou d'une nuit de débauche…

Mais ce qui faisait chavirer le cœur des filles étaient ses yeux vert émeraude, à la voix innocents et rieurs. Sa tante disait toujours qu'il avait les plus beaux yeux du monde. Les yeux de sa mère…

Aujourd'hui, en raison de la chaleur, il portait un vieux jean taille basse et un débardeur. Ces vêtements laissaient voir son tatouage : des arabesques tribales qui se trouvaient sur son épaule gauche, fines et sombres. Son poignet droit portait également la trace de l'encre, d'autres tribales qui serpentaient sur sa peau.

Harry avait également les oreilles percées : l'une avec un anneau, l'autre avec deux. Mais ce n'était pas grand-chose comparé à ces tatouages qui courraient sous sa peau claire. Il paraissait donc assez étrange au premier abord, mais tout cela n'était pas anodin, ce n'était pas un simple caprice d'adolescent.

Harry était tatoueur. Il exerçait ce métier depuis environ quatre ans, si on exceptait le temps de son apprentissage, avec sa tante pour mentor. Elle l'avait formé, et c'était elle-même qui s'était chargé de ses tatouages, quand il en avait exprimé le désir. Isaline refusait catégoriquement qu'il aille se faire tatouer aille que chez elle. Qui sait ce qu'on pourrait faire à la peau tendre de son bébé ??

Le jeune homme sortit de la salle de bain et Isaline y entra comme une furie. Il se dit que, comparé à elle, ses tatouages n'étaient pas si imposants que ça. Isaline était tatouée sur une jambe, sur une cheville, ses deux épaules, son dos et au creux de sa poitrine. Il préférait éviter d'énumérer le nombre de ses piercings.

Néanmoins, elle demeurait une femme assez belle pour son âge. Elle venait de dépasser la quarantaine, et avec ses cheveux composés de mèches blond platine et brunes, Harry la trouvait encore jolie et séduisante. Il se dit en son for intérieur qu'elle était comme sa maman, et qu'on voyait en général sa maman comme une jolie femme, même si elle était laide à faire peur. Ce qui n'était pas encore le cas de sa tante, qu'il voyait comme une femme splendide.

Harry entra dans la boutique. Il était neuf heures bien passées et Nymph' n'allait pas tarder à arriver. La pièce était assez grande et jonchée de dessins, représentant divers tatouages, qu'il avait lui-même réalisé. C'était un endroit assez sympa où on se sentait à l'aise.

En tout, ils étaient trois employés : Isaline, la patronne, lui-même et Nymphadora Tonks. Ou du moins, l'était-elle, car elle portait à présent le nom de son mari, Remus Lupin. Nymph' n'était pas aussi tatouée que ses deux collègues, à part un loup hurlant au clair de lune sur son épaule gauche, car elle était plus amateur des teintures de cheveux, qui changeait régulièrement, et des fringues excentriques.

En fait, Harry était le moins déluré de la bande…

« Salut tout le monde !! »

Nymphadora débarqua dans la boutique, toute joyeuse. Ce jour-là, ses cheveux avaient pris une couleur rose bonbon. La veille, ils étaient encore bleus, pourtant…

Elle sauta au cou de Harry qu'elle embrassa sur les deux joues. Elle en fit de même quand Isaline arriva à son tour, habillée et coiffée.

La journée pouvait commencer…

OoO

Dix-huit heures. Harry était tout simplement crevé, et la journée n'était pas encore finie. Il avait eu ses deux rendez-vous, l'un venait d'ailleurs tout juste de se terminer. Un barjot qui avait décidé de se tatouer un énième signe japonais sur son corps.

Sur les conseils d'Isaline, il avait étudié le japonais, et le chinois, ce qui lui permettait de savoir un minimum ce que ses clients voulaient se faire tatouer sur le corps. Il était parfois surpris par la signification des signes, et il préférait parfois ne pas savoir ce qu'ils signifiaient.

« Bon, j'y vais ! A lundi tout le monde ! »

Et Nymph' s'en alla, son sac sur le dos. Il ne la vit pas enfourcher sa moto mais il l'entendit pétarader dans la rue et s'enfuir sur la route chargée de voitures. Harry monta à l'étage prendre une douche tandis que sa tante fermait la boutique pour de bon avec peu de délicatesse.

Ils recevaient du monde, ce soir-là, et Isaline n'avait pas encore eu le temps de préparer quoique ce soit. Alors qu'il entrait dans la salle de bain, il l'entendit s'activer dans la cuisine. Il la rejoignit une fois décrassé.

C'était dans ce genre de moment que Harry se disait qu'il avait de la chance. Et qu'il ne comprenait pas pourquoi les autres personnes de son âge se plaignaient de leurs parents, des traitements « injustes » qu'ils leur « faisaient subir ».

Harry était orphelin. Ses parents étaient morts dans un accident de voiture, dont il était ressorti survivant. Il n'avait que deux ans à l'époque. Il ne gardait aucune séquelle de cet accident, ni même aucun souvenir, à part les lointains hurlements de ses géniteurs, qui s'évanouissaient au fil des années. Il y avait juste cette cicatrice en forme d'éclair que des éclats de verre avaient tracé sur son front. Un vague signe que les chirurgiens n'avaient pas effacé.

D'abord, Harry avait été envoyé chez la sœur de sa mère et avait été élevé avec son cousin pendant quelques années. Il ne fut pas heureux, chez eux. Ces années furent sombres et le jeune homme préférait ne pas y penser. Quand il avait huit ans, il fut recueilli par la tatoueuse du coin, Isaline Anderson, qui se révélait être une copine de lycée de ses parents.

Ce fut donc elle qui l'éleva pendant plusieurs années et qui endormit toutes ses peurs et ses craintes. Elle fut toujours là pour lui et l'aida de son mieux. Elle devint sa maman, même s'il ne l'appela jamais ainsi. Dans son cœur, elle était et resterait sa mère.

« Ryry, je vais prendre ma douche.

- Ok. »

Elle s'en alla donc hors de la pièce alors que Harry mettait la table. Leurs invités n'allaient pas tarder à arriver. Même s'il était fatigué, il était quand même content et attendait impatiemment que la sonnerie de la porte d'entrée retentisse.

Il sursauta quand ce qui semblait être un bourrin appuya fort peu élégamment sur la sonnette. Harry n'eut même pas une hésitation, cela ne pouvait être que Sirius. Et cela ne loupa pas, car à peine ouvrit-il la porte d'entrée que son adorable parrain lui sauta dessus et le serra fort dans ses bras à l'étouffer.

« Harry ! Je suis content de te voir, tu m'as manqué ! S'écria Sirius en serrant fort son filleul contre lui.

- Sirius, tu vas l'étouffer.

- Mais ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu !

- Cinq jours.

- C'est trop !

- Bonjours Severus, articula difficilement Harry.

- Bonjour, Harry. »

Quand le brun pu enfin respirer, il donna une poignée de main chaleureuse à Severus, alors que Sirius entrait sans aucune gêne dans leur maison. Le jeune homme ne guida donc que Severus dans le salon, son parrain ayant déjà investi les lieux.

« Où est ta tante ? Demanda Sirius.

- Elle se douche, répondit Harry. Vous voulez boire quelque chose ?

- Whisky !

- Severus ?

- Rien, c'est moi qui conduis. »

Evidemment, songea Harry. Vu que Sirius et Isaline allaient finir complètement bourrés, mieux valait que Severus ne boit rien s'il voulait dormir chez lui ce soir-là et non dans un commissariat. Sirius et Severus ne vivaient pas à côté, il fallait prendre le métro ou la voiture pour aller les voir. Et Harry, qui refusait pertinemment de passer son permis de conduire et sa moto étant en panne, devait prendre le métro, ce qui n'était pas aisé…

Isaline ne tarda pas à faire son entrée, rayonnante, et la soirée put commencer. En dépit des bêtises énormes que put sortir Sirius, tout l'alcool que put boire Isaline ou la petite crise de nerfs que leur fit Severus, la soirée fut assez agréable. De toute façon, ça se passait toujours de la même façon. L'un promettait de ce tenir sage, l'une tentait de faire des restrictions sur l'alcool, et le dernier priait pour rester calme.

Mais ces débordements rassuraient Harry. C'était… un peu comme sa famille. Et il n'aimait pas vraiment les changements, surtout après le dernier qu'il avait subi il y avait quelques années.

Isaline avait décidé de s'installer en France, il y avait de cela quatre ans. On pouvait dire que c'était elle qui tenait le ménage, donc tout le monde l'avait suivie dans son entreprise, à savoir Harry, Nymphadora, qui affirmait n'être bon à rien sans Isaline, et Sirius, qui refusait de vivre loin de son filleul.

Cela avait été un dépaysement total. Déjà, les français avaient une curieuse façon de conduite, et en plus, ils parlaient bizarrement l'anglais, mais aussi et surtout le français. Il parlait la langue couramment, Isaline était d'origine française, et il connaissait pas mal d'insultes, mais alors l'argot… A pleurer.

Suite à cela, d'autres changements s'étaient accumulés, tel que la rencontre d'un ancien camarade de classe de son parrain, qui était aussi un très bon ami de son père : Remus Lupin. Il était professeur de droit dans une grande université. Par la suite, il s'était marié à Nymphadora Tonks et le petit Teddy était né.

Quant à son célibataire de parrain, il avait réussi à se caser. Lui qui collectionnait les relations d'un soir, au grand dam d'Isaline qui ne savait plus quoi faire de ce Tanguy, il avait trouvé sa moitié dans cette belle ville de Paris, en la personne de Severus Rogue.

Harry ne se rappelait pas avoir rencontré quelqu'un d'aussi froid, distant et cynique que cet homme. A vrai dire, il l'avait détesté dès qu'il l'avait rencontré, et rien n'était gagné pour son parrain, que Severus semblait haïr pour une raison qui lui échappait. Et pourtant, au fil du temps, le professeur avait fini par abdiquer. Son parrain était vraiment très têtu, quand il voulait, et les relations entre Harry et Severus s'étaient considérablement améliorées. Isaline avait juste émis quelques inquiétudes sur la durée de survie de Sirius…

Mais son parrain, qu'il avait toujours considéré plus ou moins comme son père, était encore en bonne santé, malgré ses fréquentes disputes avec son amant qui n'hésitait pas à le jeter dehors. Le pauvre Sirius venait alors pleurnicher à la maison dans les jupes, inexistences, de Harry. Il évitait d'aller dans celles d'Isaline, qui n'hésitait pas à lui dire les choses clairement, au contraire de son filleul qui était plus tendre.

« Sevy, je t'aime !!

- Harry, tu aurais de l'eau ?

- Je te ramène ça.

- Nan ! Du champagne ! On veut du champagne !

- Et froide, s'il te plait. »

Quelques secondes plus tard, Sirius et Isaline hurlèrent quand Harry leur renversa de l'eau sur la tête. La cuisine était inondée, mais de toute façon, ce n'était pas lui qui allait nettoyer. Cela eut pour effet, justement, de refroidir leurs ardeurs.

Soulevant son crétin d'amant, Severus salua Harry et jeta Sirius sur la banquette arrière, histoire de ne pas être dérangé par ses mains baladeuses durant sa conduite, et démarra. Il ne restait plus qu'au jeune homme de coucher sa tante, mais elle s'était endormie dans le canapé.

Tant mieux, ça lui éviterait de la soutenir jusqu'à l'étage…

OoO

« Et là, elle m'a dit : Ron, tu voudrais bien sortir avec toi ?

- Et tu as répondu ?

- Non, désolé, t'es pas mon genre. »

Harry faillit lâcher le flacon de colorant, mais il se retint de justesse. Il lança un regard halluciné à Ron qui prit un air furibond.

« Harry, c'est Parvati Patil ! Miss airbag ! Elle s'est fait tous les mecs du coin !

- Nan, pas moi.

- Tu m'as très bien compris !

- Mais d'habitude, tu refuses jamais quand une fille te demande de sortir avec elle, fit Harry en rangeant le pauvre flacon.

- Ouais… mais elle s'est fait plein de gars, c'est histoire de pas être seule. C'est la compétition avec sa jumelle, à celle qui aura le plus de copains, se justifia Ron.

- Ça te ferait pas de mal, pourtant.

- T'es bien placé pour parler, tiens ! Moi, j'attends la bonne. »

Harry leva les yeux au ciel en poussant un soupir exaspéré, mais il ne rajouta rien. De toute façon, Ron savait très bien qu'il ne croyait pas au grand amour, alors inutile de tenter de le remettre dans le droit chemin. Il avait beau être mécano dans un garage automobile, le rouquin était un peu trop romantique. Il était rarement sorti avec des filles, il attendait celle qu'il aimerait vraiment.

« Au fait, elle est où, Nymph' ?

- Elle est…

- Aïe !!! Putain, tu m'as fait mal, Nymph' !!

- … derrière en train de faire un piercing.

- Ah. »

Ron ricana alors que la tatoueuse rouspétait, les piercings étaient forcément douloureux. Le rouquin regarda Harry ranger son appareil à tatouage, qu'il venait de nettoyer, avec les autres. Son client venait de partir, satisfait de son nouveau tatouage.

Aujourd'hui, Ron était de repos, alors il avait décidé de rendre une petite visite à son ami, qu'il adorait malgré son travail assez bizarre. Rien ne les avait disposés à s'entendre, ni même à se rencontrer, mais ils étaient aujourd'hui les meilleurs amis du monde. Leur amitié s'était formée lors d'une panne de métro, qui les avait laissé une bonne demi heure sous terre. Ils avaient gardé le contact et, aujourd'hui, ils passaient rarement une semaine sans se voir au moins une fois.

Ron était mécanicien dans une station d'essence. Sixième enfant d'une famille de neuf personnes, Ron n'avait jamais éprouvé le besoin de faire de grandes études pour réussir sa vie, alors que ses frères aînés étaient allés dans des écoles supérieures. Il s'était donc dirigé vers cette branche et il ne regrettait pas aujourd'hui, malgré les nombreuses difficultés qu'il avait rencontrées, et qu'il rencontrait encore.

Tout métier a ses inconvénients, se disait-il. Mais quand il voyait le boulot de Harry, il se disait toujours qu'il serait incapable de faire ça : percer des oreilles, tatouer des gens… Enfin, il ne perçait pas que des oreilles… et il ne tatouait pas que des épaules… Mais il demeurait assez admiratif, Harry était pointilleux et clean, il faisait rarement de bêtises et la plupart de ses clients sortaient de la boutique avec un sourire aux lèvres.

Harry vint s'asseoir au comptoir, devant Ron qui sirotait un café. Il n'y avait personne dans la boutique, Nymph' faisait du piercing derrière, tandis qu'Isaline devait être sur son ordinateur à l'étage.

« Au fait, Harry, s'exclama soudain Ron. J'ai envie de me faire tatouage.

- Ah ? Ma chochotte se serait décidée ?

- Ouais, mais la chochotte a pas vraiment d'idée, avoua le rouquin.

- Et qu'est-ce qui te plairait ? Demanda Harry.

- Un truc comme toi, des tribales. »

Le brun se leva et partit à l'autre bout de la pièce pour enfin se planter devant la grande armoire qu'il ouvrit. Elle était à côté d'une autre qui contenait tout le matériel. Mais dans celle-ci, il y avait un certain nombre de classeurs où étaient rangés différents croquis, motifs pour les tatouages. Harry attrapa deux classeurs, referma l'armoire et revint vers le comptoir.

Pendant une vingtaine de minutes, ils feuilletèrent les classeurs avant de tomber sur Le tatouage qui plairait à Ron. Il indiqua qu'il le voulait sur son épaule gauche et Harry tata la peau, imaginant déjà le dessin sur l'épiderme pâle de son ami.

Certaines personnes, en voyant Harry, refusaient tout net de se faire tatouer. Il n'avait pas vraiment le profil du tatoueur, il était assez maigre et peu tatoué, en comparaison de la patronne, mais pourtant, le jeune homme possédait un certain savoir-faire, et Ron avait absolument confiance en lui. Il fallait dire que Nymph' le faisait un peu flipper, avec ses cheveux violets, enfin ils l'étaient aujourd'hui, et Isaline n'avait rien de la tatoueuse aux mains douces et délicates.

Harry l'informa sur le prix, qu'il réduisit un peu. Ron était son ami, et Isaline lui avait toujours dit qu'il pouvait baisser un peu pour ses amis. Ron se contenta de hausser les épaules, c'était toujours assez cher, mais il préférait y mettre le prix et avoir un bon résultat.

« Alors… Je te fais ça mercredi prochain ? Fit Harry en ouvrant l'agenda.

- Heu… nan, samedi prochain, préféra-t-il. Dans l'après-midi, c'est possible ? »

Le jeune homme nota l'heure. Il allait s'occuper lui-même de son ami, ça serait assez marrant.

La porte de la boutique s'ouvrit. Une fille plantureuse entra et lança un regard langoureux à Harry. Pendant un instant, Ron se surpris à espérer, mais quand il fit son meilleur ami, innocent petit garçon, lui demander si son tatouage se portait bien, il faillit hurler de frustration. Cette nana lui faisait du gringue et il n'était même pas fichu de le voir !

« Oui, il va très bien. Tu veux le voir ? »

Harry voulut répondre que ce n'était pas nécessaire mais, trop tard, elle souleva son tee-shirt, laissant voir son soutien-gorge. Sur son sein gauche, une rose rouge avait été tatouée. Ron se retint d'éclater de rire devant la tentative infortunée de Harry de lui demander de baisser son tee-shirt. Elle repartit au bout de cinq minutes, et quand Harry revint se rassoir, on aurait cru qu'il venait de courir le marathon.

« Tu as vu cette fille en soutif et maintenant, tu es gêné ? Fit Ron en souriant d'un air moqueur. Y'a que toi pour faire ça, Harry !

- Quand je travaille, j'oublie que la personne est à moitié à poil devant moi.

- T'as vu pire, nan ? »

Le visage de Harry s'assombrit et Ron s'écroula de rire. Oh oui, il avait vu pire. Un jour, il lui avait raconté qu'un homme s'était ramené dans leur boutique, quand ils étaient encore à Londres, et qu'il avait affirmé vouloir se faire tatouer le sexe en vert. L'enfant de treize ans qu'il était avait fuit dans l'homme avait exhibé son engin à sa tante qui l'avait jeté dehors avec un coup de pied en cul, en le menaçant « d'atteinte à la pudeur »…

« C'est quoi, le dernier en date ?

- Un gars qui voulait se faire tatouer son cerveau sur le crâne, comme si on lui avait ouvert la tête.

- Et tu l'as fait ?

- Pourquoi je ne l'aurais pas fait ?

- My god…

- Dans ces moments-là, j'envie ton boulot. »

Ils eurent un fou rire, alors que Ron imaginait le gars, le crâne rasé, avec l'image de son cerveau sur le haut de la tête. Il se disait que certaines personnes étaient vraiment folles… Mais bon, à la limite, les cheveux pouvaient toujours cacher le tatouage…

Nymphadora entra dans la boutique avec sa cliente. Ron détailla la jeune fille et ne vit aucun piercing, à part deux qu'elle avait aux deux oreilles, mais ce n'était quand même pas ça qui l'avait fait hurler comme ça… Harry se retint de lever les yeux au ciel et se concentra sur son agenda.

Quand la cliente fut partie, Nymph' poussa un long soupir et s'étira comme un chat.

« Et une bonne chose de faite ! S'exclama-t-elle.

- Tu lui as fait un piercing ? Demanda Ron. Où ça ? »

Un ange passa. Puis, elle et Harry éclatèrent de rire. Nymph' lui montra une partie assez intime de son corps et Ron sembla pâlir.

« Oui, on peut se percer ici aussi !

- Alors, ma chochotte, on est traumatisé ? Sourit le brun

- Mais ça fait un mal de chien !

- Tu l'as entendue gueuler ! Répondit Nymph'. Harry, sers-moi un café, tu seras adorable. »

Ce que le brun fit alors que Ron se remettait lentement en refusant de s'imaginer un truc pareil. Bon, le tatouage n'était pas mieux dans le genre, mais c'était une partie intime, quand même ! Harry ne put s'empêcher de pouffer devant son air ahuri. Ron lui demanda soudain s'il avait déjà pratiqué ce genre de chose, et ce fut en rougissant que Harry avoua qu'il l'avait fait sur des hommes.

Nymph' était à deux doigts de se faire pipi dessus quand elle vit le visage halluciné de ce pauvre chou.

OoO

Il pleuvait à torrent. Harry se sentait un peu déprimé. Lui qui avait envie de courir, c'était raté. Bah, tant pis, il le ferait un autre jour.

Le jeune homme se laissa tomber sur son lit. On était dimanche, jour de repos. Il sentait bien qu'il allait passer sa journée dans sa chambre.

Elle était assez agréable. Il l'avait tapissée lui-même avec Sirius dans un papier bleu clair, comme le ciel, et la moquette sombre caressait ses pieds nus quand il marchait dessus. La pièce comportait un lit assez grand, où il était allongé, un bureau en bordel avec son ordinateur portable, qu'il avait reçu pour ses dix-sept ans. Une grande armoire s'élargissait sur un mur, et une guitare était posée dans un coin.

Quelques posters étaient accrochés aux murs. Il y avait des photos, aussi. Plein de photos : ses parents, Isaline, lui était bébé, Sirius, Ron, Remus, Severus, Nymph', Luna… Les personnes qui lui étaient chères…

La porte de sa chambre s'ouvrit, et Isaline entra. Elle lui fit un sourire et lui montra un paquet de cartes. Harry se redressa et s'assit en tailleur, alors que sa tante d'installait à son tour sur le lit.

« On se fait un poker ?

- Okay. Celui qui perd doit tatouer Houssa demain matin, proposa Harry, malicieux.

- Tape-là, Ryry ! »

Et la partie commença. Ils ne misaient jamais d'argent, parfois des bonbons, mais la plupart du temps, c'était les rendez-vous qu'ils misaient. Quand Sirius vivait avec eux, ils misaient souvent les tâches ménagères. Harry avait tellement l'habitude de perdre, au début, qu'il était devenu au fur et à mesure du temps un adversaire redoutable. Tonks, par contre, avait jeté l'éponge et préférait se battre à la courte paille.

« Abandonne, Tata !

- Jamais de la vie !

- Tu vas perdre. »

Et, en effet, ce fut elle qui perdit. Elle poussa un cri de désespoir alors que Harry se lançait des fleurs. Il venait d'éviter une corvée. Voulant une vengeance, Isaline exigea une nouvelle partie, mettant en jeu un nouveau client, et malgré son jeu assez bon, Harry ne put échapper à la défaite. A la troisième partie, il perdit à nouveau et il ne put que s'incliner devant le génie de sa tante qui n'avait en tête que le tatouage, affreux, de Houssa.

Il pleuvait à torrent, Harry pouvait entendre les gouttes d'eau frapper fort contre la vitre de sa chambre. Il eut une sensation de nostalgie, et il se dit que, malgré les années qui étaient passées, rien n'avait changé entre lui et sa tante. Contrairement à tant d'adolescents qu'il avait connu, à Londres, il était aussi proche d'Isaline que le premier jour où il l'avait rencontrée. Sa mère adoptive était toujours aussi présente dans sa vie, sans pourtant l'envahir. Elle semblait presque lire dans ses pensées, par moments. Il espérait que cela durerait toujours. Toujours…

« Tata, on mange quoi, ce midi ?

- On se fait un restau' ?

- Chinois ?

- Si ça peut te faire plaisir. »

Cette complicité entre eux, Harry espérait qu'elle ne partirait jamais. Il se demandait parfois s'il serait capable un jour de quitter sa tante. Elle l'avait toujours mené, aidé, guidé dans sa vie. Cette boutique était tout ce qu'il avait. Son travail était sa raison d'avancer. Et il se doutait, dans le fond, qu'elle souhaitait qu'il parte le plus tard possible de la maison.

« Tu vas pas voir Ron, cet après-midi ? Lui demanda-t-elle.

- Nan, c'est l'anniversaire de sa sœur, aujourd'hui.

- La petite Ginny ? »

Isaline lui lança un regard entendu et Harry soupira. Ginny était la petite sœur de Ron, elle avait deux ans de moins qu'eux. Elle était amoureuse de lui depuis longtemps et, même si elle n'avait jamais osé lui demander, il savait qu'elle voulait sortir avec lui. Elle lui faisait sentir, à sa façon de le regarder, de lui parler.

« Elle est gentille, mais… »

Il ne l'aimait pas. Enfin, pas comme elle aurait voulu qu'il l'aime. Ce n'était qu'une gamine, une fille comme les autres. La petite sœur de son meilleur ami. Il ne se sentait vraiment pas attirée par elle, même si c'était une jolie fille.

« C'est pas ton style, compléta sa tante.

- Non, pas vraiment.

- Ah, les joies de la bisexualité… »

Elle se laissa tomber sur le lit. Si elle voulait caser Harry, elle était mal barrée : il n'avait aucune préférence entre les filles et les garçons, ni même de style particulier. En bref : il était chiant. Elle s'était résolue à la possibilité de n'être jamais grand-mère, mais pas à celle de vivre éternellement avec un vieux garçon. Elle avait déjà assez à faire avec elle…

« Bah, t'as le temps, soupira-t-elle. Mieux vaut être seul que d'être mal accompagné. Une nouvelle partie ?

- Maryo ?

- Quoi ?! Il se refait tatouer ?

- T'as peur ?

- Pari tenu ! »

OoO

Il regarda sa montre. Tapant du pied dans un geste d'impatience, Draco affichait clairement son mécontentement. Blaise avait un sourire moqueur sur le visage.

« Terry est en retard ?

- Cinq minutes qu'on l'attend.

- Oh, cinq minutes, quelle horreur ! »

Draco ne lui jeta même pas un regard. Pour lui, l'heure, c'était l'heure, point à la ligne. Il avait accepté de l'accompagner, mais ce n'était pas pour autant qu'ils allaient l'attendre trois heures. De plus, il n'avait pas l'intention de traîner trop longtemps dans le genre de quartier où ils avaient l'intention d'aller. Surtout que ce n'était pas pour lui qu'il faisait le déplacement, Terry était juste venu squatter leur groupe. Millicent et Hermione devaient les attendre. Tout était bien organisé, à la seconde près, mais ce crétin de Terry…

« Draco ! Blaise ! »

… arriva, tout essoufflé, une hanse de son sac sur son épaule. Ses cheveux brun clair flottaient autour de sa tête alors qu'il se précipitait vers les étudiants. Deux mecs tellement cool qu'un certain nombre de personnes se damnerait pour leur parler.

« Boot, t'en a mis, du temps. »

Il sentit des sueurs froides couler dans son dos alors que Malfoy semblait le transpercer de ses yeux gris. Deux orbes d'aciers qui semblaient lire dans son esprit. Blaise semblait plus moqueur.

Draco Malfoy et Blaise Zabini étaient les élèves les plus prometteurs de leur année, dans cette fac de médecine. Tous deux sortaient d'un milieu aisé, mais cela ne justifiait pas vraiment leurs résultats absolument extraordinaires. Ainsi, leur notoriété avait rapidement progressé et un certain nombre de filles, et même de gars, se bousculaient pour être proches d'eux. Ce qui n'était évident…

Blaise Zabini avait la peau couleur chocolat. Ses cheveux noirs étaient tressés au-dessus de sa tête et descendaient sur ses épaules en petites nattes sombres. Son visage était séduisant, avec son sourire empli de dents blanches et régulières, et ses yeux de prédateurs, noirs et profonds. Il était connu pour avoir eu pas mal de petites amies, mais ses aventures étaient généralement sans lendemain.

Autant tous deux avaient-ils des points communs d'un point de vue études, ils n'avaient pas contre absolument rien de semblable physiquement.

Draco Malfoy, au contraire, était une sorte de beauté nordique, avec sa peau blanche et ses cheveux blonds coupés courts qu'il ramenait en arrière. Son visage aux traits fins avait quelque chose de froid, ses yeux bleu gris rehaussant cette impression. Il n'avait pas le sourire facile, et c'était quelqu'un de cynique, de mordant, hautain. A vrai dire, peu sympathique, au premier abord.

Pourtant, ces deux là étaient inséparables. Ils étaient aussi différents que complices, aussi dissociables qu'ils étaient proches. Et Terry était heureux de pouvoir les appeler par leur prénom.

« Tu faisais quoi ? Demanda Blaise.

- Heu… J'ai été retenu par un prof ! »

Draco leva les yeux au ciel et s'en alla vers la station de métro, vite suivi par Blaise, puis par Terry, qui tentait de justifier son retard, mais il sentait bien que Draco, en plus d'être énervé, ne semblait pas du tout vouloir l'écouter. Ils prirent donc le métro et pêchèrent, au passage, Hermione et Millicent. Elles étudiaient toutes les deux le droit, mais ils s'étaient connus au lycée et ils avaient gardé le contact.

Millicent était une jeune fille assez grande et un peu réservée, pas spécialement belle mais, quand on la connaissait, elle se révélait être une jeune fille passionnée et amusante. Quant à Hermione, c'était quelqu'un de très prometteur qui ne semblait vivre que pour étudier, comme le prouvait ses cheveux bouclés ébouriffés, comme si elle n'avait pas le temps de se les coiffer. Mais elle était très intéressante de conversation et pas si réservée que ça.

La rame de métro continuait son ascension sur les rails souterrains. L'anniversaire de Millicent avait eu lieu deux jours plus tôt, et ses parents avaient accepté de lui offrir un tatouage, à condition d'en connaître le motif. Elle avait trouvé une adresse qui lui semblait sympa sur le net mais elle n'osait pas y aller toute seule, d'où le rassemblement de ses amis. Avec Terry, en plus, qui voulait aussi se faire un tatouage.

« Alors, tu veux quoi comme tatouage, finalement ? Demanda Blaise.

- Un cheval ! Attends, je vais te montrer… »

Millicent fouilla dans son sac à main avant de sortir une feuille blanche où une image de cheval élancé était imprimée. Elle allait demander si c'était possible de tatouer ce dessin sur son épaule droite. La jeune fille semblait toute euphorique, même si elle était un peu craintive à l'idée de ces multiples piqûres sur son épiderme.

Bien qu'il n'ait absolument pas envie qu'un tatouage soit incrusté dans sa peau, Draco trouvait dans cette pratique une forme d'art. Enfin, en ce qui concernait les tatouages qui ne représentaient pas Betty Boop ou autre stupidité dans ce genre-là. Certaines fresques étaient absolument sublimes et le tatoueur devait avoir un certain savoir faire pour reproduire de tels dessins. Blaise, quant à lui, trouvait les tatouages vraiment classes, surtout chez les nanas. Ça avait quelque chose de sexy…

Hermione, quant à elle, demeurait assez perplexe. Elle ne voyait pas vraiment l'intérêt de se faire piquer la peau avec une aiguille imbibée d'encre, et elle devait avouer que les tatoueurs n'avaient rien de rassurants. Elle se fiait à cette image caricaturale d'hommes baraqués recouverts de tatouages de la tête aux pieds. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle accompagnait son amie, avec Draco et Blaise. Et Terry, aussi.

« On y est ! S'exclama Terry en se ruant hors du wagon.

- Zen, Terry, le magasin va pas s'envoler. »

Blaise regardait le jeune homme euphorique avec un sourire ironique. Draco, près de lui, semblait exaspéré. Il se demandait même pourquoi il fréquentait un crétin pareil, avant de se rappeler qu'ils avaient été dans la même classe au lycée et qu'ils suivaient un enseignement scientifique dans la même école. Mais comment un crétin pareil pouvait suivre les cours du professeur Rogue ? Se demanda-t-il pour la énième fois.

Ils traversèrent quelques rues mais ils trouvèrent facilement la boutique. Une vitrine assez large s'étalait, laissant voir de nombreux motifs de tatouages, l'intérieur de l'établissement. Les étudiants entrèrent, un petit bruit de sonnette retentit quand ils ouvrirent la porte.

Il n'y avait personne dans la pièce, assez ordonnée. Terry fut tenté d'appeler quelqu'un, mais ils entendirent le bruit de chaussures à talons dévalant des escaliers, et une femme entra dans la pièce. Cheveux roses, oreilles percées et fringues bariolés, Nymph' leur fit un grand sourire qui illumina son joli visage.

« Bonjour ! Bienvenue dans notre boutique ! Les salua-t-elle avec enthousiasme.

- Bonjour, Madame, fit Millicent. En fait, je voudrais…

- Désolée de vous interrompre, mais je dois filer, j'ai un truc important à faire. Mon collègue… »

Un hurlement de douleur résonna dans tout le bâtiment, semblant faire vibrer les murs. Les étudiants semblèrent pâlir de peur, à part Draco qui était pâle de nature, et Blaise un peu trop noir.

« Harry !! Tu m'as fait mal, abruti !! »

Il n'y eut aucune réponse. Nymph' se contenta de lever les yeux au ciel en traitant intérieurement le client de pauvre chochotte. Elle ne remarqua pas que le teint de ses nouveaux clients avait étrangement pâli.

« Donc, je disais. Mon collègue va s'occuper de vous, quand il en aura fini avec la chochotte là-haut. »

Et, sans un mot de plus, Nymphadora fila hors de la boutique. Les étudiants la suivirent des yeux, plus ou moins terrifiés, alors que l'image plus que caricaturale d'un homme grand, costaud et recouvert de tatouages s'imposait à leur esprit. Ils imaginaient ce Harry comme une brute sanguinaire, vu le cri que le client avait poussé quelque secondes auparavant, et Millicent avait des sueurs froides. Surtout quand elle les entendit descendre ce qui semblait être un escalier dans l'arrière-boutique.

Un homme apparut. Il devait être à peine plus vieux qu'eux et une expression de douleur brouillait ses traits. Sa main était posée sur son torse et il semblait avoir mal.

« Putain, Harry, t'y es pas allé de main morte ! »

Et Harry apparut. Une expression de stupéfaction apparut sur le visage des étudiants quand ils le virent. Pas très grand mais fin, le jeune homme avait des cheveux noirs ébouriffés où se mêlaient quelques mèches rousses. Il portait un débardeur et un jean délavé, son haut sans manches laissant voir son tatouage fait de lignes tribales sur son épaule gauche, et un de ses poignets était tatoué de fines lignes, comme un bracelet.

Jetant un regard circulaire sur la pièce, Harry vit les étudiants. Et particulièrement l'un d'entre eux. Ses yeux émeraude, à peine dissimulés derrière ses lunettes, rencontrèrent les orbes d'acier d'un jeune homme blond et au teint pâle, qu'il détailla pendant quelques secondes à peine. Durant ce même temps, Draco se sentit captivé par ce regard et ces yeux d'un vert si intense, que c'en était même étrange…

« Harry, j'ai mal !

- Arrête de te plaindre, Steph', soupira Harry alors qu'il se glissait derrière le comptoir. Je t'avais dit que le piercing sur le téton était douloureux. »

Ledit Steph' grogna et fouilla dans sa poche pour en tirer son portefeuille. Harry le fit payer et lui donna quelques dernières recommandations avant qu'il ne s'en aille.

« Oublie pas : tu désinfectes et tu tournes la…

- Je tourne ?! S'étrangla Steph'. »

Harry planta son regard dans les yeux noisette du client qui avala sa salive difficilement.

« A moins que tu veuilles que la chair se referme autour de la tige et que tu te retrouves à l'hôpital pour…

- C'est bon, Harry, je te crois ! »

Il sortit précipitamment l'argent, le tandis à Harry, et sortit de la boutique en lui adressant un signe de la main. Le brun soupira et se leva pour accueillir ses nouveaux clients. Hermione semblait perplexe, quelque chose la chiffonnait.

« Si on ne tourne pas la boucle d'oreille, la chair se referme vraiment autour ? Demanda-t-elle.

- Tout est bon pour qu'il fasse ce que je lui demande. »

Un sourire innocent apparut sur ses lèvres alors que Blaise et Terry ricanaient. Harry redevint sérieux et croisa les bras.

« Alors, que puis-je pour vous ? »

Millicent s'avança un peu et prit la parole, après avoir inspiré profondément. Mine de rien, même s'il n'avait pas l'air méchant, ce gars-là l'impressionnait quand même.

« En fait, je voudrais me faire un tatouage, sur l'épaule.

- Moi aussi, ajouta Terry.

- Alors on était venu prendre des renseignements, ce genre de choses… »

Harry acquiesça et déballa son sac, comme il avait l'habitude de le faire depuis quelques années. Il expliqua qu'il travaillait avec des aiguilles stérilisées qui ne servaient qu'une seule fois, ainsi que d'autres mesures. Il avait une voix calme et posée et s'exprimait de façon claire, ce qui sembla rassurer Millicent, alors que Terry le regardait dédaigneusement en se demandant ce que ce type valait vraiment avec des aiguilles et de l'encore dans les mains.

Quant à Blaise et Hermione, ils trouvaient Harry assez jeune et ils étaient assez impressionnés par son calme et son sérieux. Il n'avait rien de ces images de tatoueurs que tout le monde se faisait, il était assez charismatique et sympathique. De plus, il semblait aussi pointilleux, surtout quand il lui demanda si elle avait des allergies, ou ce genre de choses.

« Voilà, je pense n'avoir rien oublié… Fit Harry d'un air pensif. Ah, par contre. Les tatouages, c'est quand même assez cher…

- Oui, je sais, avoua Millicent. Mais je préfère mettre le prix et avoir quelque chose de qualité.

- Vous savez, ce n'est pas vraiment la qualité qui prédomine dans le prix. C'est surtout la taille et la difficulté du tatouage, et aussi l'hygiène. »

Harry insista sur le fait qu'un tatouage faisant moins de quatre-vingt euros supposait des conditions hygiéniques assez basses, ou alors le tatoueur « testait », et que le prix ne garantissait pas la qualité de dessin final. Il lui dit aussi qu'il jugeait leurs prix raisonnables pour le travail qu'ils effectuaient, et que si elle le désirait, il pouvait lui montrer certains de leurs travaux. Mais Millicent était déjà conquise, tout comme Hermione d'ailleurs.

« Vous avez une idée de votre tatouage ? »

Millicent sortit sa feuille et la tendit au tatoueur qui examina l'image imprimée. Elle rougit un peu car il ne disait rien. Mais, en fait, Harry dessinait lui-même le cheval brun dans sa tête, imaginant sa main reproduire l'image sur l'épaule pâle de la jeune fille.

« C'est possible de le faire en couleur ?

- Oui, bien sûr. Et vous ? Fit soudain Harry en s'intéressant à Terry.

- Je veux voir un professionnel. »

Il y eut un blanc dans la pièce. Terry jetait un regard dédaigneux à Harry, ignorant les regards exaspérés des autres étudiants. Mais cela ne dura pas longtemps car le tatoueur plongeait ses yeux verts dans les siens, comme s'il lisait en lui, refusant de baisser le regard. Il avait conscience que ce n'était qu'un petit bourge, il suffisait de toute façon de voir leurs fringues, leur allure pour le savoir. Mais pas question de baisser les yeux. Isaline le lui avait toujours dit : ne te laisse jamais faire par les gars pétés de fric, ou ils te boufferont.

« Le professionnel, comme vous dites, n'est pas là.

- Hein ?

- Un rendez-vous. Il faudra revenir un autre jour. »

Terry allait répliquer qu'il n'était pas venu pour rien, mais Harry tourna les talons et se glissa derrière le comptoir et en sortit l'agenda. Millicent foudroya Terry du regard, alors quelle trottinait vers le tatoueur, ses amis à sa suite.

Le brun tournait les pages en réfléchissant quand est-ce qu'il pourrait caser ça, de façon à faire correspondre ce rendez-vous à un emploi du temps d'étudiant. Il n'avait jamais mis les pieds dans une université, mais il n'était pas assez stupide pour penser que les étudiants n'avaient pas cours durant la semaine.

Il indiqua le prix à Millicent qui acquiesça, elle s'y attendait, ce n'était pas donné. Mais si Harry pouvait réellement tracer ce dessin sur sa peau, ce serait formidable.

« Donc… on se fixe un rendez-vous ? Je dois m'occuper de quelqu'un cet après-midi.

- Oui ! Hm… un samedi, ça irait ?

- Samedi prochain ? Trois heures et demie ?

- Oui, parfait ! »

Il y eut comme un petit vrombissement. Le tatoueur sortit de sa poche un téléphone portable.

« Votre nom ?

- Millicent Bulstrode. »

Elle allait épeler mais il était déjà en train d'écrire, tout en ouvrant le clapet de son portable. Il se mit à parler, non pas en français, mais en anglais, ce qui les surpris.

« Ouais, allô ?

- Ryry, c'est moi. Je serai en retard ce soir, prépare le dîner !

- Okay. T'es libre samedi prochain ?

- Pourquoi ?

- Un client veut un professionnel.

- C'est un bourge ?

- Ouais.

- Dans l'après-midi, alors, je veux pas qu'il me casse les pieds le matin. »

Harry raccrocha et regarda son client casse-bonbon.

« Samedi prochain à la même heure, ça vous va ?

- Avec votre supérieur ?

- Ouais. Votre nom ?

- Terry Boot. »

Alors que Harry écrivait le nom, il se félicita de ne pas avoir sous-entendu que son supérieur était une femme, et pas des plus tendres. Elle ne supportait pas les chochottes qui ne se faisaient des tatouages que pour faire classe. Pour un amateur tel que ce gars-là, il aurait mieux fallu que ce soir Harry qui s'en occupe. Mais bon…

« Voilà, c'est fixé.

- Vous parliez anglais ? Demanda Hermione, décidément très curieuse.

- Je suis anglais. »

Nouveau sourire. Harry referma l'agenda et les étudiants purent partir. Millicent avait hâte d'être le samedi souvent. Personne n'adressa la parole de à Terry, qui s'était vraiment conduit, d'après les termes de Blaise, comme un con.

OoO

Troublé. Ouais, c'était le mot. Il se sentait troublé. C'était stupide, pourtant !

« Mon chéri ? Tu es rentré ?

- Oui, Maman. »

Sa mère apparut dans l'entrée. Draco l'embrassa sur les deux joues et répondit à ses diverses questions sur la journée qu'il venait de passer. Il demeurait calme et précis, même s'il n'avait qu'une envie : monter dans sa chambre et se jeter sur son lit.

C'est ce qu'il fit quand il put enfin échapper aux griffes de sa tendre mère. Il l'adorait, certes, mais il avait vraiment envie d'être seul. Il s'allongea donc sur son lit, croisa ses mains derrière sa tête et ferma les yeux.

Sa journée avait été d'une banalité affligeante. Elle aurait pu être intéressante s'il y avait au moins eu un cours avec le professeur Rogue, mais même pas, son cours avait été annulé. Il semblait appariement être malade, mais Draco avait du mal à imaginer son professeur coincé au lit avec une bouillotte sur la tête et un thermomètre dans la bouche. Surtout début septembre…

Il admirait profondément son professeur, avec qui il partageait une réelle complicité. Dès sa première année, il s'était rapproché de cet homme si froid au premier abord dont il avait apprécié le cynisme. Ils avaient toujours des conversations agréables et il se sentait compris. Ce n'était pas comme avec Blaise. Ce dernier était son ami, il avait son âge, et il partageait plus ou moins sa passion pour la médecine. Rogue était comme son maître, son guide.

Ce n'était pas pour autant qu'il n'appréciait pas Blaise, qui demeurait son meilleur ami. D'un autre côté, ses amis se comptaient sur les doigts d'une main : Blaise, Millicent et Hermione. Et dans la fac, seul Blaise était présent. Leurs différentes, physiques ou morales, les rapprochaient autant qu'elles les distinguaient. Certains étudiants ne comprenaient pas qu'il traîne avec ce black coureur de jupons. Tandis que d'autres ne saisissaient pas pourquoi Blaise traînait avec ce blondinet pédant et aussi froid qu'un glaçon.

Mais à vrai dire, ce n'était pas ni à Blaise, ni à Rogue que Draco pensait. Mais au tatoueur. Ce jeune tatoueur qu'ils avaient rencontrés quand Millicent avait voulu des renseignements pour son tatouage. Boot était secondaire, et bien qu'étant assez aristocratique, dans le sens aussi bien péjoratif que mélioratif, Draco avait trouvé sa remarque stupide. Il était évident que ce jeune tatoueur connaissait son travail. Il trouvait d'ailleurs un peu étrange qu'il n'ait pas répliqué, à la demande de Boot. Peut-être que le « professionnel » était… « spécial »…

Draco n'eut aucun mal pour se souvenir de son nom : Harry. Un nom simple, commun. Tout le contraire de la personne qu'ils avaient rencontrée. Le blond se souvint de ses yeux verts, un vert émeraude qu'il n'avait jamais rencontré auparavant. Une silhouette fine, des mains longues, un teint légèrement hâlé…

« Argh… »

Et le revoilà qui fantasmait. A cause d'un abruti de tatoueur au regard trop vert et au visage trop agréable à regarder. Il se détestait dans ces moments-là, vraiment.

Draco avait depuis longtemps remisé au placard son orgueil concernant sa sexualité : il était bisexuel, point barre, rien à rajouter. Il sortait des filles, plus rarement avec des garçons, mais ça ne durait jamais longtemps. Il lui arrivait de flasher sur une nana ou sur un gars, comme ça. Parfois, il se demandait vraiment ce qu'il leur trouvait. Parfois, il se disait qu'ils étaient parfaits. Et pourtant, il finissait toujours par tout arrêter…

Ses parents étaient au courant. D'abord, il en avait parlé à sa mère, d'après les conseils de Blaise. Narcissa avait mit un peu de temps à accepter, mais son fils était trop important pour elle. Elle avait exigé une seule chose, à l'époque : que son fils ne lui cache rien. Puis, il avait fallu en parler à son père, et cela n'avait pas été évident du tout. A vrai dire, Draco et Narcissa mirent trois moi à lui faire accepter l'idée que son fils pourrait faire sa vie avec un homme. Il avait à son tour exigé une chose : que son fils fasse de bonnes études.

Ainsi, le blond ne pouvait pas se plaindre d'être incompris : il se devait d'être sincère avec sa mère, et il ne se débrouillait pas trop mal, et de réussir d'un point de vue professionnel, ce qui était en bonne voie. La seule chose qui clochait, à vrai dire, c'était ses amours. Enfin, disons plutôt ses relations, car Draco se sentait attiré, voire même obsédé, mais il n'y avait jamais d'amour. Il était un peu comme Dom Juan, ressentant une vive passion qui finissait par d'éteindre, le jour où il avait accéder à ce qu'il désirait. Il n'était pas forcément question de sexe.

Enfin… Harry était un beau bosse qu'il ne reverrait sans doute qu'une fois ou deux, quand il accompagnerait Millicent, mais cela n'irait pas plus loin que quelques regards échangés. Il se sentait frémir à l'idée de revoir ces yeux émeraude, si intenses…


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !