De retour de 20 jours sans le net... j'ai un peu avancé S&S ! Allelujah et cris de joie, ça avance tout doucement mais sûrement XD

Chapitre ultra-pas-corrigé... avec sûrement des coquilles, mais cette avancée était tellement inattendue qu'il vaut mieux que je la poste de suite, histoire de ne pas être tentée de la modifier. Toutes mes excuses si la syntaxe et l'orthographe vous fichent la migraine. J'ai honte.

*~oOo~*

Chapitre 04

Premier Temps

[KOKIA – KARMA (less vocal)]

*~oOo~*

La feuille d'un vert soutenu glissait dans l'air, tombait sur sa main puis flottait de nouveau et retrouvait immanquablement la paume du jeune homme. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était plus attardé à l'ombre de cet arbre. Un pommier. Simplement décoratif, trônant seul au milieu du jardin de verdure, il avait pour unique mais singulière particularité d'être stérile. Irrémédiablement. Les saisons passaient, il perdait ses feuilles, hibernait, puis se réveillait dans une explosion de pétales blancs, semblables à des flocons de neige qui s'échouaient sur l'herbe, pour finalement se revêtir de vert et ne jamais donner de fruit. Parfaitement sain, il était un mystère pour les résidents.

ChangMin sursauta au contact humide, froid et chaud à la fois, contre ses doigts tenant la feuille. Une large truffe sombre reniflait suspicieusement ce qu'il avait dans la main. Reconnaissant le nouveau venu, le jeune homme sourit et ouvrit ses mains, présentant la feuille. Les pupilles pourpres et fendues de l'énorme félin la lorgnèrent puis celui-ci détourna la tête, guère intéressé par un végétal. ChangMin tapota le sommet du crâne de l'animal, souriant.

« Ça ne vaut pas une belle pièce de viande, n'est-ce pas ? railla-t-il. »

D'un coup de sa large patte, le félin bien plus gros qu'un tigre ou un lion, fit tomber la feuille et la piétina sans pitié, tout en conservant une certaine grâce innée. Le pelage gris perlé de l'animal luisait sous les rayons du soleil ; sa tête ronde se baissa près de l'herbe et ses yeux parurent inspecter attentivement l'état de la feuille. Du moins ce qu'il en restait après pareil traitement. Un coup de griffe supplémentaire la réduisit à l'état de miettes et de bouillie. Satisfait du résultat, il s'installa, tel un sphinx, face au jeune homme qui secoua la tête, amusé. Il se mit sur les genoux et attrapa le collier en cuir rouge de l'animal avant de lui gratter méticuleusement sous la gueule. Le félin grogna bienheureusement et ronronna.

« Tu vas me manquer, princesse, murmura-t-il. »

L'animal gronda sourdement et posa sa gueule sur l'épaule du jeune homme. De sa vie – pourtant si longue qu'elle lui paraissait parfois n'avoir jamais eu premiers jours – il n'avait jamais conversé de la sorte avec une créature autrement que humaine. La femelle était bien plus qu'un simple félin apprivoisé un peu plus intelligent que ses congénères sauvages ; elle possédait un esprit fin tout aussi complexe qu'un individu vivant en société, instaurant des civilisations, des lois… si les premiers temps, être le seul à s'exprimer à haute voix lui paraissait ridicule, le félin devint un interlocuteur à part entière, compréhensif, doté d'une profonde sagesse, d'un humour particulier et d'un côté enfantin qui en faisait une personnalité attachante.

La femelle s'écarta légèrement et le bouscula ; mais sa force était telle qu'elle le jeta pratiquement à terre. Profitant de la situation, elle s'installa tranquillement sur lui, pattes simplement posées sur ses épaules, l'empêchant de bouger, comme un prédateur garderait près de lui une proie qu'il ne partagerait avec personne. ChangMin s'interrogea un instant si elle l'avait déjà considérée comme tel. Mais le regard pourpre qu'il croisa, fit disparaître cette pensée. Tristesse, résignation, encouragement, espoir. Tout ira bien, lui assurait-elle.

« Si seulement tu pouvais avoir raison, soupira le jeune homme.

- Tu sais pourquoi cet arbre ne donne jamais de fruit ? s'enquit une petite voix. »

Le jeune homme releva la tête comme il put, tandis que la femelle ne daigna pas regarder la nouvelle venue.

« Parce qu'il n'a pas confiance en lui. »

Une jeune fille, adolescente, s'installa en tailleur, le dos contre le tronc du pommier. Les rayons du soleil filtraient à travers le feuillage et s'étalaient en tâches blanches sur les cheveux noirs tressés de la fille. Nonchalamment le félin se redressa sur ses pattes et alla s'allonger près d'elle de tout son long, truffe contre son genou. ChangMin s'assit.

« Tu insinues que je pars perdant avant même d'avoir essayé ? »

Elle haussa les épaules, les doigts recouverts de doigtiers en métal et laqués de bleu couraient sur le cuir du collier de sa compagne.

« Excuse-moi de douter un minimum d'y parvenir !

- Il est normal d'envisager toutes les éventualités, je ne le nie pas. Mais je te sens trop défaitiste.

- Parce qu'il n'y a pas d'autres éventualités en cas d'échec, trancha ChangMin.

- Essaye juste de croire un peu plus en ce que tu fais. »

L'entreprise était périlleuse, presque désespérée et impossible. JaeJoong avait déjà tué un nombre incalculable de personnes, et créé son Semeur à la façon des premiers Semeurs de Sang, des millénaires auparavant. Une pratique qui fut bannie puis perdue. JaeJoong avait désormais un des leurs sous son joug et suffisamment de puissance pour en former d'autres. Son choix pour l'identité du nouveau Faiseur de Promesses n'était pas dénué de sens, et signifiait clairement qu'il avait découvert que ChangMin avait survécu et qu'il le filait depuis quelques temps. Et pour cela, il le plaçait face au pire dilemme.

Deux âmes identiques dans la toile du Grand Univers ne pouvaient être toutes deux du même Monde de Promesses. La loi était ainsi, aucune exception ne serait faite si les Premiers découvraient sa présence. L'un d'eux devrait disparaître.

Pour le jeune homme, le choix était fait, mais il refusait d'y songer avant d'avoir pu rassembler ses amis et arrêter JaeJoong perdu dans sa folie. Le félin gronda soudain, l'arrachant de ses réflexions peu réjouissantes.

« Elle dit que vous y arriverez, expliqua la fille. Et il faut toujours croire ma grande ! »

ChangMin acquiesça, souriant, guère plus rassuré. Il avait toujours du mal à croire les augures, bonnes ou mauvaises, le fil des évènements étaient bien trop en mouvement pour se fixer plus d'une seconde et s'avérer exacts. Juste bonnes pour donner de l'espoir. Ce genre d'attention ne l'atteignait plus. Nouveau grondement, teinté d'exaspération.

« Elle dit que le *gamin* n'a pas tort en disant que tu réfléchis beaucoup trop en ligne droite, s'esclaffa l'adolescente. »

Le jeune homme eut un sourire de biais, un peu amusé, un peu moqueur, mais surtout amer… et ses amis qui n'avaient eu de cesse de lui lancer qu'il était le plus tordu de tout le groupe ! Apparemment pas assez pour ce monde.

« Désolé d'être… conventionnel.

- Oh mais il n'y a pas de mal ! Il paraît que tu fais des progrès, railla-t-elle. »

Le Semeur haussa les épaules. Il comprenait que toute évolution prenait du temps, des décennies s'il le fallait. Mais pour cette situation, il aurait voulu tout comprendre, dans son absolue totalité, de lui-même si cela était possible. Le laisser se lancer dans une telle entreprise en ne comprenant véritablement qu'une faible partie du problème, le laisser sceptique. L'on s'imaginait sûrement qu'il lèverait le voile d'incompréhension au fur et à mesure de sa progression. Mais oubliait-on les victimes que cette avancée en semi-aveugle provoquerait immanquablement ? Comment pouvait-on permettre cela ?

« Tu ne seras pas tout seul, tu sais ? le rassura la fille.

- Pas pour le moment…

- Mais quand vous serez tous ensemble, vous viendrez ici ? J'ai jamais vu tes amis et je ne peux pas quitter cet endroit ! Tu viendras ? »

ChangMin réfléchit un instant aux possibilités… puis sourit à l'enfant.

« Je te promets de revenir avec eux, affirma-t-il. »

La fille eut un large sourire, anticipant déjà la rencontre.

« Et puis tu pourras leur présenter notre grande amie ! »

Elle posa brutalement sa main décorée sur le sommet du crâne du félin qui sursauta, cruellement arraché de sa torpeur, et cilla, quelque peu désorienté. Pour se faire pardonner, l'enfant chouchouta la femelle vexée, tentant de lui faire oublier sa bévue. ChangMin ne put réprimer un rire face à la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Lui qui croyait quitter cet endroit sans se retourner… sans songer y retourner… Il regretterait ces moments.

*~oOo~*

« Quand comptez-vous repartir ? s'enquit YooChun.

- Dans la nuit… annonça YunHo. »

YooChun leva un sourcil, sceptique, puis secoua la tête. Trop tôt. Il fallait d'abord qu'il leur montrât comment faire, qu'ils puissent comprendre et le faire eux-mêmes.

« Et où ? insista-t-il.

- … un des Sanctuaires, en attendant de savoir où le chercher. »

Il pinça les lèvres, montrant de nouveau son désaccord. Après ce qu'il avait découvert, il ne faisait plus confiance en leurs Refuges. Seules quelques rares lieux avaient encore sa grâce.

« Il y a de la place pour trois, ici, vous pouvez rester autant de temps que vous voulez, déclara-t-il. De toutes façons, si vous voulez que je vienne, il va vous falloir une rééducation complète ! Il n'est pas question que l'on se tue à petit feu à chercher JaeJoong dans tout l'Univers ! »

Menton levé, visage fermé, bras croisés… la proposition n'était pas négociable et YooChun y tenait. YunHo et JunSu échangèrent un regard, quelque peu perdus par la soudaine autorité de leur ami, puis un sourire s'esquissa doucement.

« Si tu le dis, lança YunHo. À vos ordres, chef ! »

YooChun tiqua à la réaction de son ami, puis se rendit compte de son attitude inédite envers les deux jeunes hommes. Il se détendit.

« Désolé… l'habitude… »

Ces derniers mois l'avaient obligé à changer radicalement de comportement, à acquérir une certaine autorité qu'il ne se connaissait pas.

« C'est… vraiment urgent et vital pour vous…

- Ne t'inquiète pas, va ! coupa YunHo, amusé. On a bien compris. Il faut se préparer eu mieux pour la suite, et ce que tu proposes est la première et la meilleure des choses à faire. »

YooChun acquiesça d'un vague mouvement de tête. Son regard se posa sur JunSu semblant perdu dans un fatras de pensées qui l'emmenaient bien loin d'eux.

Il avait parfaitement ressentit le trouble du jeune homme dès qu'il l'avait aperçu dans la ruelle. YooChun avait choisi de feindre l'ignorance, rendant par la même les retrouvailles moins éprouvantes. Aurait-il eu plus de temps et été prévenu à l'avance de l'arrivée de ses amis, qu'il n'aurait pas été mieux préparé. Faire comme si de rien n'était, fut son premier réflexe, qui s'avéra aussitôt salutaire. Inconsciemment, ils avaient remis à plus tard toute discussion.

Tous deux s'en voulaient douloureusement et tentaient piètrement de se persuader du bien fondé de leur choix, et que c'était mieux ainsi. Il fallait que YooChun tint encore un peu… rien qu'un peu. Mais certaines habitudes avaient la vie dure.

« SuSu ! héla-t-il, amusé par son sursaut. Où as-tu atterri ? »

JunSu eut un vague sourire et passa une main sur le visage, revenu à la réalité et au présent.

« Aux Premiers Temps, marmonna-t-il.

- C'est beaucoup trop loin, commenta YooChun, laconique.

- Parle pour toi ! »

YunHo secoua la tête… le sujet préféré de taquineries des deux jeunes hommes était de trouver lequel d'entre eux était le plus âgé. Si JunSu était devenu un Semeur très tôt dans sa vie et YooChun un peu plus tard, ce dernier le fut à une époque à peine plus ancienne, équilibrant ainsi les comptes. C'était stupide, immature, certes, mais YunHo avait toujours adoré les voir fouiller et piocher dans leur passé mutuel pour ressortir quelque évènements chaque fois plus ancien que le précédent. L'on perdait bien vite la mémoire d'une vie avant son existence de Faiseur de Promesse, et la retrouver tenait de la gageure, un défi lancé à l'Histoire. Ainsi, YooChun et JunSu étaient remontés à près de mille sept cents ans chacun. Cependant YunHo n'avait jamais saisi s'ils luttaient pour affirmer leur ancienneté ou au contraire, tentaient de se rajeunir. A la lumière des révélations de YooChun, le jeune homme se demandait quelle tournure prendrait leur jeu.

Du coin de l'œil, il les voyait éviter l'un l'autre de croiser leurs regard plus longtemps que de raison. Ils faisaient peine à voir. YunHo avait envie de leur demandé, ici et maintenant, toute diplomatie abandonnée aux orties, ce qu'ils avaient bien pu retirer de bien à cet exil forcé. La décontraction de YooChun sonnait faux, mais semblait rassurer et convenir à JunSu.

Pas à YunHo.

Il y avait trop de réserves, trop de… politiquement correct, là où YooChun lancerait des piques provocantes comme il en avait le secret, et JunSu y répondrait impulsivement. YunHo eut soudain l'impression de comprendre ce qui se tramait, du moins en surface. Ils étaient… en deuil, et faisaient tout pour respecter celui de quelqu'un d'autre. Lui. YunHo les traita mentalement d'idiots, si cela devait s'avérer exact.

« Reviens vite, j'ai envie de vous emmener faire un tour dehors. Les Jugements sont finis pour aujourd'hui, ça devient un peu plus fréquentable. J'attendais l'après-midi pour sortir du camp… »

JunSu acquiesça en silence.

« C'est intéressant ? interrogea YunHo.

- Très ! Surtout les Arènes. »

La grimace de JunSu, bien que discrète, n'échappa pas à YunHo qui préféra ne pas relever. Il en avait plus qu'assez de réfléchir sur leur cas. Mieux valait les ignorer, pour le moment. Plus tard, il exigerait des explications, et les plus claires seraient les bienvenues.

*~oOo~*

Depuis que l'incendie dévorant tout son être s'était apaisé, il n'avait cessé de délirer. Plongé dans un univers où se mêlait souvenirs, cauchemars et hallucinations, il ne parvenait plus à distinguer la réalité du rêve. Un autre feu l'avait embrasé, intérieur, transformant lentement chaque parcelle de son corps, son âme. De temps à autres, il lui semblait ouvrir les yeux sur le monde réel, tout aussi cauchemardesque que ses rêves, et voyait les contours flous d'une forme penchée sur lui. A travers le voile rouge de la fièvre, il percevait *sa* voix ô combien douce mais mortelle. Durant ces rares instants de lucidité, il s'était aperçu qu'il occupait un lit, dans une chambre noyée d'une pénombre angoissante.

Sa vie n'était plus qu'une succession de visions horribles entrecoupées de brefs réveils. Des heures, des jours, des semaines, défilèrent sûrement, il ne pouvait l'affirmer.

Puis la fièvre se calma, toujours présente, sourde, mais son esprit s'allégea, ses idées s'éclaircirent doucement. Il prit alors conscience de ce qui l'entourait. La chambre ne lui fut pas plus accueillante, mais il remarqua une table de nuit non loin de son regard. Un verre d'eau y était posé, et une lampe de chevet. La fièvre avait assécher sa gorge qui lui paraissait tel du papier froissé. La vue du liquide translucide, très certainement frais, raviva brusquement cette impression.

« Je commençais à craindre que tu ne sortirais jamais de ton délire. »

La voix honnie s'éleva dans la pièce. Il eut tout juste la force de détourner la tête lorsqu'il s'approcha de lui. JaeJoong s'empara du verre et le porta à hauteur du regard du jeune homme. Un bref instant, l'adolescent fut tenté de prendre le verre et d'en vider le contenu, tant sa soif lui était devenue insupportable. Mais venant de lui, cela ne pouvait être que poison. JaeJoong eut un ricanement moqueur.

« Ce n'est que de l'eau… si j'avais voulu ta mort, tu ne serai pas ici. »

Le garçon ne bougea pas, le regard rivé sur la fenêtre aux volets clos. JaeJoong reposa le verre sur la table.

« Je sais que tu me hais. Mais je ne m'inquiète pas. Tu changeras d'avis, tôt au tard, lui assura-t-il. Et tu me remercieras pour ce que je t'ai offert… »

JaeJoong attendit un instant avant de se redresser, voyant qu'il n'obtiendrais rien de plus de la part du garçon. Du bout des doigts, il effleura la dague étroitement sanglée à sa cuisse, et donc la garde luisait doucement, rougeoyante, palpitante. Le pouls était faible, à peine plus perceptible qu'un bruissement d'aile, mais table et prometteur. JaeJoong commençait cependant à douter que le nouveau-créé ne survive à sa blessure encore vive et béante sous l'épais bandage. S'il n'avait pas la volonté de résister, il s'éteindrait définitivement et la garde retrouverait sa teinte terne. Il avait suffisamment de réserves pour créer un autre Semeur à l'instar du premier, mais s'imaginer que tant d'efforts déployés finissent par s'avérer vain, le rebuter.

Un rictus étira ses lèvres… *le* connaissant, *il* n'abonnerait jamais sans s'être battu. Il pouvait compter sur *lui* à travers les univers, quel qu'il fût. Il quitta finalement la chambre, laissant l'adolescent en compagnie de sa conscience et sa fièvre.

Les délires reprirent de plus belle, lui retirant raison et réalité. La fièvre avait céder sa place à une douleur aliénante qui ne connaissait aucun répit. Il n'y avait ni obscurité, ni lumière, ni son… le monde avait disparu. Seulement son esprit déchiré en lambeaux roulés en boule autour d'un unique point qui constituait son univers, son cœur transpercé qui ne guérissait pas.

Un jour, il lui sembla sentir quelque chose de nouveau, d'unique. Une faible caresse, un souffle léger. Si la douleur et la plaie persistèrent, sa raison jusque là engourdie s'éveilla. Désorienté, il tenta de comprendre son environnement. Un silence ténu, oppressant, enserrait son être recroquevillé sur lui-même, protégeant son organe vital. Il entendit de nouveau… un murmure continu, coulant comme une cascade, apaisant, sécurisant. Il vit finalement un regard sombre, insondable mais chaleureux, rassurant. Le garçon s'accrocha désespérément à ces iris.

La silhouette passa une main sur le front du garçon. Après la fièvre dévorante, ce fut un froid glacial qui l'avait envahi. Elle s'empara de la couverture rejetée au pied du lit et la lui remonta jusqu'au menton. Dans la pénombre, elle prit le verre posé sur la table de chevet, de l'autre main lui souleva la tête et cala le verre contre ses lèvres, l'invitant à boire. Comme la première fois – il ne savait combien de temps s'était écoulé – il retrouva ses repères dans la chambre. Les volets étaient rabattus, la porte fermée, la table toujours près du regard. Il ne parvint cependant pas à distinguer les contours de l'ombre qui l'avait redressé et abreuvé. Il ne s'agissait pas de *lui*. L'inconnu dégageait une présence bien trop douce et apaisante. Le garçon le vit reposer le verre et prendre autre chose en main. Quelques chose d'où s'échappait une délicieuse chaleur. Son bras vient de nouveau se caler contre son dos, et on lui présenta le bord d'un bol contre ses lèvres.

« Tu dois te réchauffer, souffla l'inconnu. Bois ça… »

Le garçon s'exécuta. Le liquide chaud coula alors, revigorant tel un élixir de vie. La sensation de chaleur se répandit puis se dissipa. Il avala une nouvelle gorgée, plus empressée, se réchauffant et s'éveillant chaque fois un peu plus. Le bol se vida et disparut, et il fut allongé. Il frissonna, et tenta de ramener ses bras contre lui, mais une vive douleur le crispa aussitôt. Une main fit doucement pression sur son torse, non loin de la source de ses souffrances.

« Ne bouge pas… il faut que tu guérisses. Bas-toi, Max, comme tu le fais toujours. Tu ne dois pas le laisser gagner. Ne lui permets pas d'avoir une emprise sur toi. »

Une sourde torpeur s'empara de lui, bien trop rapidement pour être naturelle. Il enregistra distraitement les mots de l'inconnu avant de sombrer pour la première fois depuis le ciel seul savait quand, dans un véritable sommeil, réparateur.

*~oOo~*

A suivre…

Chapitre suivant : YooSu Hip Hip Hip Hourrah \O/ *écrase une larme d'émotions*