Chapitre 12 : Protège-moi de moi-même

Lorsque j'ouvre les yeux, je me rappelle de mon rêve, dans les moindres détails.

Je n'hésite qu'une seconde avant de retirer les deux pendentifs de mon cou. J'ai une matinée de libre, avant mon premier cours de potion avec les sixièmes années et donc, le temps d'aller faire un tour au chemin de Traverse.

Je me lève, décidé.

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Je prends une grande inspiration avant d'entrer dans la salle de cours. Les élèves sont déjà installés. Je me dirige vers le devant de la classe. Je remarque, au passage, qu'Hermione évite soigneusement de croiser mon regard.

« Silence » je murmure.

« Quelqu'un, pourrait-il me donner les propriétés du cristal de Sélénite ? » je demande, en regardant Hermione dans les yeux.

Celle-ci lève les yeux vers moi, stupéfaite, alors que plusieurs mains se lèvent.

Hermione garde la main baissée.

Lève la main, petite idiote ! Tu ne me faciliteras pas la tâche, à ce que je vois.

« Mlle Granger, vous ne savez pas ? »

« Si, professeur. »

« Eh bien, qu'est-ce que vous attendez pour répondre ? »

« La pierre de Sélénite est utilisée pour sa transparence dans la potion d'invisibilité, pour ses propriétés calmantes et elle semble avoir un effet sédatif. »

« Réponse inexacte, Mlle Granger. Et pour m'avoir fait perdre mon temps, vous viendrez en retenue avec moi, ce soir à 19h pile. Soyez à l'heure. »

Toute la classe laisse échapper des murmures stupéfaits. Tandis qu'Hermione me regarde, les yeux ronds.

« Silence ! » j'aboie. « Ouvrez la page 244 de votre manuel ! »

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Le reste de ma journée passe à une lenteur si surnaturelle que je contrôle ma montre sans cesse pour vérifier qu'elle ne s'est pas arrêtée.

Lorsque 19h arrive enfin, je suis si nerveux que j'hésite à prendre une potion calmante. Mais j'ai besoin d'être conscient pour ce qui va suivre.

« Entrez » je murmure avec impatience, avant même qu'elle ne frappe à la porte.

Elle s'exécute.

« Bonsoir, Mlle Granger. »

« Bonsoir, professeur » répond t-elle, les yeux écarquillés.

« J'attendais mieux de vous, Granger, votre réponse en classe, toute à l'heure, était inacceptable ! »

« Ah bon ? » murmure t-elle, stupéfaite.

« Si je vous le dis. »

Elle secoue la tête.

« Puis-je vous demander ce qu'elle avait d'inacceptable, professeur ? »

« Vous avez omis la propriété principale de la Sélénite. Celle de faire partager les rêves. »

« Je ne pensais pas que vous vouliez que je m'attarde sur cet aspect » dit-elle, en me jetant un regard qu'on réserve en général à un malade mental.

Surtout, ne pas sourire !

« Vous pensiez mal. Sachez que j'attends désormais un peu plus de jugeote de mon assistante ! »

« Pardon ! »

« Avec quel mot avez-vous de la difficulté, Granger, 'assistante' ou 'jugeote' ? » je demande.

« Euh… Assistante ? »

« N'ai-je pas mentionné que j'acceptais votre généreuse offre de me servir d'assistante ? »

« Non. »

« Oups… ça a dû me sortir de la tête. »

« Professeur, est-ce que, par hasard, vous seriez en train de vous fichez de moi ? » demande-t-elle

« Pas du tout, pourquoi dites-vous cela ? »

« C'est que, la dernière fois, j'ai cru remarquer que vous étiez plutôt opposé à cette idée. »

« J'ai reconsidéré votre offre. Je me suis habitué à vos fredonnements, si bien qu'il m'est désormais impossible de vivre sans. »

« Inutile de préciser que tout ceci restera sur un plan purement professionnel » dis-je.

Granger hoche gravement la tête.

« Vous pouvez disposez, Mlle Granger, nous nous reverrons demain matin pour discuter des modalités. »

« Oui, professeur » dit Hermione, en se levant et en se dirigeant vers la porte.

« Oh, attendez Granger, je crois que j'ai oublié un détail. »

Celle-ci se retourne vers moi, intriguée.

« Je crois que ceci vous appartient » dis-je, en lui tendant un petit coffret en acajou.

Hermione secoue la tête.

« Non, professeur, vous faites erreur. »

Soupir.

« Pas ce coffret, crétine, ce qu'il y a à l'intérieur. »

Hermione se décide à saisir le coffret et le regarde d'un air hypnotisé.

« Est-ce que vous comptez l'ouvrir avant la semaine prochaine ? »

Hermione hoche la tête et s'exécute.

Elle ouvre le coffret et écarquille les yeux, lorsqu'elle découvre le pendentif de Sélénite que j'ai fait sertir à une chaînette en or gris.

Elle me jette un coup d'œil, stupéfait. Je sors, nonchalamment, de ma chemise, l'exacte réplique de son pendentif, accroché à mon cou.

« Oh… professeur » murmure-t-elle, avant d'éclater en sanglot.

!

« Que vous arrive t-il, Mlle Granger ? » je demande, déconcerté.

Celle-ci ne me répond pas et continue de pleurer à chaudes larmes.

« Hermione ? » je murmure, paniqué.

« Pardon professeur. » répond-t-elle, entre deux sanglots. « C'est juste… que ce pendentif… est exactement… ce dont j'avais besoin. »

« Alors, vous êtes contente ? » je demande, sceptique.

« Oui, très ! » s'exclame-t-elle, en pleurant de plus belle.

Je secoue la tête. Décidément, les femmes sont des êtres étranges…

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Je me retrouve au bord d'un lac.

« Alors, Severus, tu t'es bien amusé à mes dépends ? » me reproche Hermione, en s'approchant de moi pour me planter son index dans le ventre.

Aïe.

« Oui. »

« Ce n'était pas très charitable. »

« Non. »

« Severus ! »

« Je te signale, que je n'ai fait que te rendre la monnaie de ta pièce, Mlle la manipulatrice. »

« J'étais bien obligé de te protéger de toi-même » dit-elle, en haussant les épaules.

Très juste.

« Et je suppose que je dois te remercier ? » je demande, en haussant un sourcil.

« Et comment ! »

« Merci » je murmure d'un ton inaudible.

« Pardon ? Je n'ai rien entendu. »

« Merci, Hermione, de m'avoir protégé de moi-même. »

« De rien, ce fut un plaisir » dit-elle, en m'adressant un sourire

Je hausse un sourcil.

« Enfin, dans l'ensemble » avoue-t-elle.

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.

« Je ne crois pas t'avoir jamais vu rire, avant » murmure-t-elle, fascinée.

« Peut-être qu'il n'y avait pas de quoi » dis-je, en caressant sa joue.

« Severus, qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ? »

« Disons, que j'ai examiné mes nombreuses options, et que j'ai choisi la moins pire » dis-je, sourire en coin.

« Quel flatteur, tu fais, Severus. »

« Qu'aimerais-tu que je te dise ? Que ma vie sans toi serait insupportable et vide de sens ? Que tu es mon seul espoir ? Que la seule façon pour moi d'être heureux serait de partager ma vie avec toi ? » je demande.

« Oui… Ce serait un bon début » dit-elle, avec un énorme sourire.

« Très bien, dans ce cas, il ne me reste plus qu'à …. » je murmure à quelques centimètres de ses lèvres, avant de l'embrasser désespérément.

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FIN