Disclaimer: Tous les personnages appartiennent à Stephenie Meyer.
Note de l'auteure: Me revoici avec la suite de « Mariage Traître ». Un grand merci pour vos reviews qui ne cessent pas, elles me font infiniment plaisir. Je n'ai pas pu y répondre lors des dernières semaines mais je le ferai maintenant. Je suis complètement ensevelie par les devoirs et l'étude, fin d'année oblige. Mais je vous aime quand même. Merci d'être encore là. :)
Si ce n'était de la peur, nous serions tous des êtres courageux. Nous aurions tous cette passion infinie pour nous forcer à nous lever debout et à affirmer qui nous sommes. Mais la passion est synonyme de souffrance immense. Aimer au point de se couper soi-même la gorge, aimer à en oublier notre âme au tournant d'un élan amoureux. Il y a des sentiments plus doux et moins grotesques. La passion anime le regard, la passion détruit la notion de crainte. Nous n'avons peurs de rien quand nous aimons à en mourir.
Le vent caressait nos cheveux, enivrant d'odeurs épicées le lieu magique qui s'ouvrait sous nos yeux. Une beauté infinie était dépeinte pour nous, nous qui avions vécu l'Enfer tout comme le bonheur. La forêt n'avait plus de secret pour Jacob, puisqu'il y avait vécu toute sa vie mais moi, j'avais encore cette innocence empreinte de magie des amateurs, ceux qui n'avaient pas encore été initiés au charme complet des boisées. Je m'accrochais à la main brune de mon ami comme à une bouée. Il était le maître des lieux, le guide, celui qui saurait me protéger. Car la peur empreignait ma vie de plus en plus. Je ne trouvais de plaisir en rien d'autre que les rêves de mon ancienne vie ou le rire du loup-garou. Le Quileute avait toujours su trouver les mots justes pour m faire sourire et jamais dans ma vie je n'en avais eu autant besoin que maintenant.
« Tu n'étais pas obligée de m'accompagner, fit Jacob d'un ton de voix sombre.
-Si tu tenais à être seul, tu n'avais qu'à le dire.
-Ce n'est pas ce que je dis mais c'est dangereux.
-J'ai confiance en toi.
-Ce n'est plus qu'une question de confiance. Victoria traîne, elle continue de vivre et on ne sait plus quoi faire pour essayer de la tuer. »
Le mot tuer me glaça le sang. Je ne sus que dire pour paraître blasée. Mon regard était infesté de larmes, mon front de sueurs froides et je peinais à tenir debout tant la noirceur environnante me faisait craindre les ombres alentour. Heureusement, mon ami le remarqua et changea aussitôt d'attitude. Pour se rattraper, Jacob posa sa main contre mon dos où une nouvelle chaleur se nicha.
« Désolé. Je m'inquiète parce que... J'ai un sale caractère de chien et je déteste me faire battre une fille.
-Monsieur Black est un macho en plus! m'écriai-je à la blague en lui balançant un coup de poing rapide sur l'épaule. Et en plus, il se fait démolir par sa meilleure amie. Pauvre, pauvre Monsieur Black.
-Tu vas voir ce qu'il te dit Monsieur Black! »
Nous nous mîmes à courir rapidement entre les bosquets et les arbres, esquivant les racines puis trébuchant sur les pierres. Mais nos rires nous faisaient oublier toute douleur, toute crainte. L'instant était parfait pour une rigolade comme avant, comme quand Edward s'était effacé pour me laisser mourir de chagrin. Dire que aujourd'hui, il m'effrayait à un point tel que je ne voulais plus revoir son visage dans mes pensées. Ses traits à eux seuls me faisaient craindre le monde environnant. Pourquoi avait-il choisi de devenir un monstre de jalousie? Je ne pourrais le dire mais pour l'instant, je n'osais y penser, préférant me tourner vers la vue éblouissante du sourire de Jacob. Sous la lune, son visage en entier semblait renaître de ses cendres. Il était magnifique.
Je m'arrêtai subitement et mon loup-garou d'ami en fut surpris. Lui aussi freina, tendant le bras pour me retenir, croyant que je subissais un malaise ou un étourdissement.
« Qu'est-ce qu'il y a Bella?
-Euh, rien... Je viens de réaliser quelque chose de stupide. »
Il soupira d'aise, aussitôt rassuré.
« C'est quoi? s'enquit-il en riant.
-Une idiotie de fille, ça te regarde pas Jacob.
-Voyons donc. Bella, la Bella que je connais depuis l'époque des châteaux de sable, cette Bella là serait gênée avec moi?
-Non! Arrête espèce de loup-garou plein de poils!
-Les joues rouges ça te va tellement bien en plus. »
Je l'assenai d'un violent regard noir puis croisai mes bras, adoptant l'attitude de la parfaite boudeuse. Mon ami traversa les quelques mètres nous séparant pour me serrer contre lui de toute la force de ses deux bras. Je me sentis enveloppée, comme dans un cocon de bien-être.
« J'ai vraiment de la misère à te comprendre parfois, Bella. On dirait qu'on vieillit et que le temps nous sépare.
-Non... On change et mon devient matures. C'est tout.
-Pas assez matures, je crois... »
Ne comprenant pas où il voulait en venir, je me dégageai légèrement, cherchant à croiser son regard pour comprendre ce qu'il entendait par là. Ce fut un mouvement de trop. Un quart de seconde après, ses deux mains gagnèrent mes côtes et entamèrent une chorégraphie de chatouillement des plus parfaite. Je me débattais, je hurlais, rien à faire, mon ami ne me lâcha pas. Après quelques instants, pourtant, mes défenses se vidèrent puis je me mis à rire. Presque comme une hystérique. Ma voix coulait entre les arbres, entachant la silence brumeux de cette nuit d'été. J'étais bien. Simplement heureuse, sans questionnement majeur ni mélodrame. Jacob éclata de rire lui aussi et nous passâmes aussitôt pour les deux adolescents retardés de service, des jeunes qui profitent de la rue selon leur vision en n'ayant que faire des autres. Lorsqu'il cessa son manège, je me collai contre lui, quêtant une chaleur réconfortante pour ne pas éteindre tout de suite mon bonheur. Le froid avait le don de ternir mes sentiments quand j'étais en sa compagnie.
« Il faudrait pas oublier de chercher la rose, murmurai-je en lui souriant intensément.
-C'est vrai. Ça m'était presque sorti de l'esprit. »
Avec douceur, il me déposa au sol. Je me sentais comme une princesse retenue par son prince. La fin d'un lien et c'était la chute. À se rattacher aussi violemment à quelqu'un, on ne pouvait qu'avoir mal. Jacob prit de nouveau possession de ma main et me mena dans les sentiers battus, un peu plus loin. Je n'avais jamais mis les pieds aussi creux dans la forêt. Je ne connaissais plus les lieux, perdant tous points de repères. La mousse s'étalait encore d'avantage contre l'écorce ici et je me dis qu'il devait y avoir eu beaucoup de conflits en cet endroit. Une sorte d'aura étrange entourait nos deux corps. Je me sentais mal à l'aise d'y mettre le pied. C'est Jacob qui répondit partiellement à mes questions.
« Ça me fait toujours bizarre de venir ici... On y pratiquait les sacrifices auparavant, quand nous n'avions pas encore acquis grande connaissance des buveurs de sang. On égorgeait des animaux, parfois des loups-garous en priant pour mieux connaître ces ennemis invincibles qui nous attaquaient.
-Je me sens... entourée.
-C'est normal. Certains aînés disent que les fantômes des sacrifiés rôdent encore autour, quand les nuits sont froides, très froides.
-Quand il y a des vampires, donc...
-Si tu le vois ainsi, oui. En effet. »
Je me sentis aussitôt frigorifiée. Était-ce la présence de Victoria que les sacrifiés ressentaient ou étais-je la seule à prendre peur aussi facilement? J'approchai d'avantage de mon ami, suivant exactement la moulure de ses pas pour ne pas dévier et tomber dans une embuscade quelconque. J'en venais vraiment à croire que nous serions attaqués sous peu... La suite du voyage se fit dans le silence, tous deux nous ne ressentions pas le besoin d'émettre la moindre parole. En fait, je claquais intérieurement des dents, gelée et tétanisée à l'idée des monstres dissimulés un peu partout. C'est à peu près à cet instant qu'un souffle glacial vint quêter ma nuque, caressant ma peau et m'inondant d'une anxiété incontrôlée. Je me mis à gémir, des sanglots de peur faisant surface en mon regard. Je cherchai les yeux de Jacob mais il ne me regardait plus, occupé à inspecter les lieux.
Puis, un craquement. Je hurlai, lâchant la main du Quileute pour me retourner en tous sens. Il n'y avait rien. Que des ombres. Que du vent. Des milliers de souffles qui me frôlaient. Une peur envahissante guettait ma crise de nerf. J'eus envie de m'enfuir mais était clouée sur place. C'est alors qu'une forme fondit sur moi, donnant un coup de pied contre mon faible abdomen et m'envoyant valser contre le tronc noueux d'un arbre. Le noir se fit devant mes yeux, effaçant toute pensée cohérente. J'entendis un aboiement puis une transformation. Des crocs vibraient en s'entrechoquant, des insultes se répercutant en langues étrangères. Je ne comprenais plus ce qui se passait.
Je dus tendre la main vers le vide car une griffe quelconque - ou était-ce des dents? - vint m'écorcher au sang, inondant de rouge mes pantalons blancs serrés délavés. Je poussai un hurlement. Le temps sembla s'arrêter. Puis des sauts, des coups, des cris. Je n'osai plus réfléchir, je perdais trop de liquide. Le monde devint blanc, noir, puis bigarré, je m'évanouis.
Un souffle me caressait la joue, des doigts brûlants palpaient ma peau. J'ouvris les yeux, croisant le regard inquiet de mon meilleur ami. Je tentai de sourire mais ne parvint qu'à laisser échapper un râle. Il déposa sa main contre ma bouche, me signalant de me taire. Moi qui n'en faisait toujours qu'à ma tête... Je laissai retomber mon crâne contre ce qui s'apparentait étrangement à une roche mousseuse, tendre, puis dans un dernier soupir, fis savoir l'horreur que je m'inspirais d'avoir perdu conscience. Jacob eut un petit rire faible, maigre comme la mort, que je ne reconnus pas. Il ne venait pas de ses tripes, ne signifiait rien. Je me sentis délaissée, oubliée au fond du bois aux côtés d'un être qui se faisait passer pour mon ami. Je le vis s'allonger à mes côtés, le regard pointé vers le ciel et les lèvres entrouvertes. Cherchait-il ses mots? Je me permis une respiration lente et normale, attendant qu'il me raconte tout ce que j'avais manqué.
« J'ai blessé Victoria. Elle s'est enfuie en claudiquant un peu de la jambe droite. J'ignorais que c'était possible de leur faire mal ainsi, ce n'est sans doute que temporaire mais je crois que c'est déjà mieux que rien. »
Dans ma tête, j'imaginais de belles collines où il ferait toujours soleil.
« J'ai tellement eu peur Bella. J'ai cru que tu allais y laisser ton dernier souffle, que tu te perdrais parmi l'âme de ces sacrifiés, à te confondre au-travers de leurs anciennes vies. J'ai cru que je te perdrais. Bella... L'idée de ne plus jamais rire avec toi m'a anéanti. Seulement de voir un futur sans ton sourire... Je crois que j'aurais pu sombrer. Sans toi c'est... C'est froid. C'est mort. »
Pourquoi est-ce que cela me faisait du bien?
« Tu m'as déjà dit que je te rendais heureuse mais tu n'as jamais compris que tu faisais aussi partie de mon bonheur. Tu es celle que je vois en songe. Je... Je m'emporte encore. Excuse-moi. »
Le grognement qui s'échappa de sa bouche ressemblait tant à un sanglot... Alors malgré les innombrables douleurs me lancinant le corps, je me rapprochai de lui, tendis les bras pour encercler son cou et déposai mes lèvres contre les siennes. Je ressentis alors une étrange impression d'unicité. Un sentiment de bonheur qui comblait toutes les failles de mon malheur.
Merci encore une fois pour les reviews que vous me laisserez. Je ne peux vous dire à quel point elles me font plaisir. Merci de continuer de me lire et... J'espère que cette suite vous plaît, haha. :) Donnez-moi votre avis, c'est important!
