Konbanwa!

Désolée de ce retard! J'ai un peu sous-estimé le nombre de page que mériterait cette fanfiction pour un dernier chapitre. Ainsi donc, au lieu des 5 pages prévus, c'est 15 que je vous sers. Ca a été un chapitre difficile à écrire car à chaque fois j'étais pas vraiment dans les conditions pour (mal de crâne, flemme etc...). Bon je l'ai relu plusieurs fois, des parties ont sauté, d'autres ont été rajoutées et je pense qu'au final il est potable. A vous de me dire si je me suis foirée pour cette fin! XD

Pas de résumé du précédent chapitre à cause de la première raison des mauvaises conditions citées précédemment. Juste deux mots qui devraient tout remettre en mémoire : un kiss. *petit rire*

Bonne lecture! ^^


Chapitre 6

Yûki accentua la pression de sa bouche sur celle de Kyô tout en léchant la lèvre inférieure du roux. Ses doigts tracèrent des lignes sinueuses sur les joues de son vis à vis, caresses douces et aériennes qui eurent le don de le faire frémir. Ces légers enhardirent Yûki et le poussèrent à entreprendre des cajoleries plus approfondies. Sa main droite descendit insidieusement sur le torse de Kyô, frôlant délibérément les boutons de chair et le nombril avant de progresser sur les hanches, d'atteindre la chute de rein et de se glisser sous le tee-shirt qui l'empêchait d'avoir un contact direct avec la peau onctueuse du maudit du chat. Le toucher de cette épiderme l'électrisa et il laissa échapper un gémissement de contentement. Sa main continua son voyage aguicheur et finit par ressortir du col du vêtement du roux. Ce fut à cet instant que Yûki manqua de perdre la tête.

En effet, Kyô venait de répondre à son baiser. Plutôt sauvagement d'ailleurs. Sa bouche s'était entrouverte, libérant par la même occasion une langue humide qui vint rejoindre la sienne avec un engouement qui envoya une décharge de plaisir à son entrejambe. Yûki nageait dans un plaisir jouissif et il lâcha un râle satisfait quand son vis à vis prit pleinement possession de sa bouche. Sa langue, toujours aussi entreprenante, vint en visiter l'intérieur, s'échinant à tâter toutes les parcelles de peau qu'elle pouvait atteindre. L'argenté s'enflamma et commença alors une étreinte endiablée, riche en frôlements et en succions.

La main droite de Yûki, jusque là restée figée par la fougue impétueuse du roux, se remit en action et c'est dans le but de soumettre qu'elle agrippa les cheveux de Kyô et qu'elle tira sa tête en arrière. Le propriétaire de la chevelure de feu étouffa un petit cri étonné qui fut rapidement remplacé par des halètements irréguliers et des soupirs dont la luxure affola le maudit de la souris. Celui ci se jeta sur le cou de son vis à vis et débuta des léchouilles affamées qui muèrent en baisers passionnés. Kyô gémissait sans retenue et lorsque l'argenté se mit à sucer sa peau caramel avec gourmandise, ses doigts s'emmêlèrent dans les mèches grises de celui qui lui procurait de tels délices.

Yûki adorait voir une personne aussi affirmée que Kyô dans une telle posture. Il se délectait de cette soumission avec laquelle le roux acceptait ses caresses. Il ferma les yeux en humant l'odeur affriolante qui imprégnait cette épiderme veloutée et un léger sourire naquit sur ses lèvres taquines. Il avait envie de Kyô. Beaucoup trop. Sa main gauche restée jusque là inactive sur la hanche de son vis à vis bougea lentement. Elle souleva le tee shirt et elle dessina de folâtres arabesques avant d'effleurer doucereusement le haut du jean puis la barrière du boxer. Yûki passa à l'attaque.

Sa bouche rougie par les baisers quitta la courbe sensuelle qu'elle léchait pour dévorer celle de Kyô tandis que sa main plongeait brusquement sous le sous-vêtement. Une jérémiade surprise s'échappa de la gorge du roux et sa respiration s'accéléra quand la main de son vis à vis pelota allègrement ses fesses. Yûki approfondit son baiser et sa main droite abandonna les cheveux de son vis à vis pour serpenter voluptueusement sur son dos. Il se colla à Kyô et commença à onduler, leurs virilités excitées se frottant à travers les tissus. Des gémissements étouffés résonnèrent dans la pièce et la main grivoise, qui profitait sans vergogne des globes de chair du maudit du chat, se déplaça plus bas, beaucoup plus bas, atteignant ainsi un endroit particulièrement sensible de l'anatomie de Kyô. La respiration de celui ci se bloqua lorsque des doigts coquins s'amusèrent à titiller cette zone. Des spasmes licencieux le parcoururent et il laissa la bouche de Yûki pour lâcher un râle plus profond.

L'argenté ondula frénétiquement contre le sexe dressé du roux, augmentant la chaleur de leurs ébats, tout en laissant un traînée de salive sur la mâchoire aux couleurs hâlées. Il se lécha la lèvre inférieure de concupiscence en songeant à ce qui allait bientôt arriver. Lui et Kyô. Kyô et lui. Lui en Kyô. Il reprit le baiser et la lubricité dilata ses yeux. Ils le furent encore plus lorsque les mains de son futur amant quittèrent ses mèches argentées pour se mouvoir plus bas. Quelques caresses hésitantes débutèrent et Yûki s'émut de la timidité de son cousin.

Mais tout fut brisé lorsqu'il sentit une petite poussée de ces mains sur son torse. Loin de le retenir, ces mains l'éloignaient volontairement de leur propriétaire. Leur échange se rompit et le maudit de la souris dévisagea longuement son vis à vis, l'incompréhension vrillant ses pupilles cendres. Kyô était haletant, fébrile et ses joues arboraient une jolie couleur carmine. Tout en lui quémandait de nouveaux contacts, de nouvelles caresses, de nouveaux baisers. Pourtant, il l'avait repoussé, Faiblement, mais il l'avait fait quand même.

Les yeux de Yûki étaient toujours plongés dans ceux de Kyô et ils décelaient dans ceux ci un désir intense, similaire au sien. En regardant avec plus d'attention, l'argenté découvrit deux sentiments qui, loin de l'attendrir, l'énervèrent soudainement. Deux sentiments qui portaient le nom de confusion et de peur. Une confusion violente et un effroi grandissant qui flouaient et envahissaient les orbes rubis à une vitesse affolante. Bientôt Yûki ne put supporter cette vue sans rien dire et il siffla d'une voix contenue :

« Qu'est ce qu'il y a? »

« ... »

« Pourquoi tu... »

Il s'interrompit brusquement en voyant que Kyô refusait désormais de croiser son regard.

C'était un acte qu'il n'avait jamais eu dans le passé. Quelque que soit la situation, Kyô n'avait jamais battu en retraite face à sa colère. Il y avait toujours fait face, lui rendant sa rage au centuple et le défiant de toute sa hauteur. Or, aujourd'hui, il faisait tout le contraire. Ces yeux fuyants dirigés vers le sol pouvaient même être considérés comme un aveu de défaite. C'était comme si le roux se soumettait volontairement à lui. Si cet abandon lui avait plu quelques instants auparavant, il soulevait désormais un incendie de malveillance en lui. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti une émotion aussi négative. Il avait envie de le blesser. Il avait envie de lui faire du mal. Et ce, dans un seul but : qu'il relève les yeux. Même si c'était pour le regarder avec mépris, avec dégoût ou avec horreur. Après son ignorance, ces yeux perdus et apeurés étaient la dernière chose qu'il voulait.

C'était trop... anormal? Pouvait-il encore se vanter d'être dans la normalité après ces deux mois passés à tolérer Kyô? Non. Il avait parfois agi en totale contradiction avec lui même sans que cela ne le rebute ou ne le révulse vraiment. Il en avait été de même pour Kyô qui, même s'il avait conservé son sale caractère, s'était adouci au point que leur fréquence de combats s'était franchement amoindrie. Alors quoi? Si déjà, ils n'agissaient plus comme ils l'auraient fait il y a de cela quelques mois, en quoi ces yeux hagards et effrayés pouvaient-ils être anormaux? Après tout ne venait-il pas d'embrasser celui qu'il avait toujours méprisé? Ne venait-il pas de caresser celui qu'il avait toujours essayé de mettre plus bas que terre? Dans de telles conditions, en quoi le rejet était-il anormal? En rien. Cependant, il dérangeait profondément Yûki. Il n'aimait pas ça.

En un geste violent, il empoigna rudement la mâchoire de Kyô qu'il orienta de façon à ce qu'ils puissent se regarder dans le blanc des yeux. Ses mots résonnèrent sèchement lorsqu'il demanda :

« Pourquoi tu ne me regardes pas? Pourquoi tu évites mon regard? »

Aucune réponse ne voulut sortir de la bouche du roux. La mine de Yûki se durcit et un froid glacial teintait ses propos lorsqu'il questionna :

« Tu regrettes? »

La rougeur prononcée que prit le visage de Kyô après cette question lui donna la réponse.

Une avalanche d'émotions s'abattit sur Yûki. Un joyeux capharnaüm régnait en lui. Il ne pouvait dire quel sentiment primait, tant ceux ci prenaient chacun leur tour l'ascendant. Il pouvait quand même distinguer une colère brûlante, une culpabilité ténue, une déception profonde mais aussi... une tristesse et un douleur abjectes. Abjectes car leur présence laissait suggérer que peut être, il ne ressentait pas uniquement du désir pour Kyô. Abjectes car elles laissaient entendre que pour lui, Kyô avait assez d'importance pour que son rejet le blesse.

Il se sentait mal mais il n'en laissa rien paraître. Seule sa colère avait été autorisée à se manifester et elle se déchaîna :

« Je ne suis pas le seul fautif de cette situation. TU as répondu à mon baiser. Tu étais libre de me repousser. Au lieu de ça, tu m'as laissé te toucher et tu as participé! »

« Je- »

« Que comptes-tu faire maintenant Kyô? Je t'ai embrassé et à vrai dire j'en ai encore envie. »

« ... »

« J'ai envie de toi. J'ai envie de te sentir, de mêler me doigts à tes cheveux, de me perdre dans ton odeur, j'ai envie de t'embrasser, de promener mes mains sur toutes les parcelles de ta peau, j'ai envie... J'ai envie de te faire l'amour. »

Et en même temps qu'il faisait cette déclaration, un pan de sa vie s'acheva.

Il était était fini le temps où il ne savait pas mettre de nom sur les mots. Il était fini le temps où il maintenait encore une mince voile sur ses sentiments. Il avait cru qu'il était plus honnête envers lui-même depuis qu'il supportait Kyô. Ce n'était pas faux. Mais ce n'était pas entièrement vrai non plus. La dernière cécité qu'il s'était inconsciemment imposé venait de disparaître, rongée par la vérité. Le raz de marée venait d'être baptisé. Désormais il répondait au nom d'« Amour fou ». Amour fou... Et alors qu'il regardait Kyô, Yûki ne put plus nier l'évidence.

Il se mordit la lèvre inférieure. Le roux n'avait toujours rien dit. Son expression n'avait pas changé malgré les paroles qu'il avait prononcées précédemment. Le maudit de la souris eut l'impression qu'une étreinte vive était en train de broyer son coeur. Il avait l'impression qu'une boule douloureuse s'échinait à obstruer sa gorge. Une chaleur inconvenante se promenait dans son ventre alors que malgré lui ses yeux s'embuaient. Il venait de faire une déclaration enflammée à Kyô et celui ci n'avait même pas réagi. C'était comme si ses mots n'avaient eu aucun impact. Il ressentait ce silence comme un dénigrement de ses sentiments. Il avait l'impression que le roux ne leur accordant pas assez de crédit pour mériter une quelconque attention. Ça faisait mal. Mais ça pourrait être pire. Ça pourrait être beaucoup pire.

Une crainte sourde naquit en Yûki, le faisant déglutir difficilement. Sa voix était singulièrement basse lorsqu'il murmura :

« Tu peux ne pas me répondre mais sache une chose : le silence t'est proscrit. Tu peux faire ce que tu veux sauf m'ignorer. »

Le maudit du chat demeura cloîtré dans son absence de paroles. Yûki lui lança un dernier regard avec de quitter la pièce en jurant. C'était officiel, désormais il détestait cette cuisine.

Il claqua la porte d'entrée, ses yeux cendres rivés au sol avant de s'éloigner. Il avait besoin de prendre l'air.

Il était parti. Yûki n'arrivait pas à y croire. Pourtant les faits étaient là, indéniables et irréfutables : aucune de ses affaires n'étaient là. Il avait vérifié plusieurs fois. Il avait fait toutes les pièces de la maison. Sans succès. La vérité s'imposait à lui : Kyô avait profité de son absence pour faire ses bagages et s'en aller. Ça ne pouvait pas être une blague car Kyô ne se serait pas abaissé à une plaisanterie d'aussi mauvais goût.

L'argenté aurait aimé se raccrocher à cette idée mais le silence étouffant de l'habitation se chargeait bien de lui mettre du plomb dans la cervelle. C'était insupportable.

Kyô était parti. Il était parti. Il était... parti? Une douleur fulgurante le transperça. Kyô était parti. Ça signifiait qu'il ne pouvait pas supporter sa présence. Ça impliquait qu'il ait préféré le fuir plutôt que d'être continuellement confronté à lui. Ça voulait dire que la seule idée qu'il recommence ses baisers lui déplaisait et qu'il... qu'il ne l'aimait pas. Pire que tout, ce fut ce constat qui tua Yûki. Une lame chauffée à blanc qu'on aurait enfoncé dans son ventre n'aurait pas fait plus mal. Ses jambes le lâchèrent, sa vue se brouilla. Kyô n'était plus là.

Yûki tenta de retenir ses larmes. En vain. Celles ci dégringolèrent lentement sur ses joues en une chute irrémédiable. Et lorsqu'elles s'écrasèrent au sol, mourant sur la surface plane du plancher, un hurlement déchirant leur rendit hommage. Cependant il fallait bien que ces pleurs déchirants s'arrête. Lorsqu'il ne put plus pleurer vint le besoin de comprendre. Il se doutait déjà pas mal de la raison pour laquelle le maudit du chat était parti aussi soudainement mais il avait besoin de l'entendre de ses propres oreilles.

Se redressant lourdement sur ses deux jambes, Yûki passa une main fébrile sur les restes liquides de son désarroi. Et maintenant quoi? Certes, il fallait qu'il retrouve Kyô pour qu'ils aient un discussion mais où le chercher? Où pouvait-il bien être parti? L'argenté réfléchit longuement sur la question mais il n'en trouva aucune réponse. La douleur sourde du départ de son aimé le troublait trop pour qu'il puisse parvenir à rassembler correctement ses pensées. La crise de larmes qu'il avait eu quelques instants plus tôt n'aidait pas non plus en ce sens car une fatigue neurasthénique se refermait progressivement sur lui.

Yûki sentait une torpeur mélancolique envahir chaque parcelle de son corps, le rendant somnolant et abattu. Il avait si envie de dormir tout d'un coup. Indubitablement, sans qu'il ne puisse l'en empêcher, la recherche de Kyô s'éloigna de ses aspirations. Effleurer le paradis, reconnaître qu'il aimait, être cruellement déçu, être imprégné d'une rage aigre et agoniser sous la souffrance, le tout en moins de vingt-quatre heures, c'était beaucoup trop. Son corps était épuisé par une telle kyrielle d'émotions. Et même si des questions toutes plus alarmantes les unes que les autres l'assaillaient – Et s'il avait quitté la ville? – , il finit par franchir le seuil de sa chambre. Quelques secondes plus tard, il s'effondra sur son lit. Un sommeil coupable ne tarda pas à le faucher.

En se rendant en cours le lendemain, Yûki fut soulagé lorsqu'en sortant d'un de ses cours, il entraperçut Kyô qui venait dans sa direction. Son coeur fit un bond dans sa poitrine et un frisson d'appréhension le traversa. Qu'allait-il lui dire? Allait-il lui faire part de la raison de son départ? Lui dirait-il qu'il... Les interrogations de l'argenté s'arrêtèrent brusquement. Kyô venait de passer à côté de lui sans un regard. En agissant ainsi, il faisait abstraction de ses mots.

Sache que le silence t'est proscrit.

Ce que Yûki avait toujours craint était arrivé. Son cousin l'ignorait. Il faisait comme si il n'existait pas. Une affliction aiguë agressa son coeur, le cognant et le martelant comme l'aurait fait un marteau piqueur. L'argenté souffla doucement pour reprendre un semblant de consistance. Car malgré la douleur d'être devenu transparent aux yeux du roux, il était rassuré. Son cousin avait seulement quitté le domicile de Shigure, pas la ville. Momiji le délivra d'un grand poids lorsqu'il l'informa, quelques heures plus tard, que depuis la veille, le maudit du chat logeait chez son père adoptif, Kazuma Sôma. Le blond tenta bien évidemment de lui soutirer la raison de cette installation mais l'argenté, rasséréné par cette nouvelle, ne lui répondit pas. En comprenant qu'il n'obtiendrait rien de lui, Momiji avait abandonné, le laissant à ses pensées.

Yûki prit la décision de se rendre au domicile de Kazuma pour tirer les choses au clair dès la fin des cours. Son envie de comprendre ne s'était pas atténuée et il redoutait autant qu'il attendait cet entretien.

A peine la fin des cours annoncée, il se hâta de quitter l'établissement. Kyô finissait plus tôt aujourd'hui et il devait déjà être chez son maître. L'argenté hâta son pas. Il courait presque. N'y tenant plus, il entama un sprint qui lui valut quelques regards interloqués auxquels il ne fit pas attention. A l'allure à laquelle il allait, il arriva relativement rapidement devant la maison de son ancien maître en arts martiaux. Essoufflé, il inspira de longues bouffées d'air frais afin de se calmer. Une fois que ce fut effectif, hésitant, il pressa la sonnette. Quelques instants plus tard, il entendit des pas étouffés qui s'approchaient de la porte. Il retint sa respiration alors que sa fréquence cardiaque prenait de la vitesse.

La porte finit par s'ouvrir et Yûki se traita d'idiot d'avoir stressé autant. C'était Kazuma qui lui avait ouvert. Il masqua sa déception comme il put tandis que l'homme le saluait. Il en fit de même avant de demander avec courtoisie :

« Excusez moi, j'aimerais, si possible, parler à Kyô. »

Son interlocuteur eut une mine navrée en répondant :

« Malheureusement il n'est pas là. Il est rentré il y a de cela une heure, a déposé ses affaires et est reparti. »

« Ah... »

Yûki eut eut un sourire contrit. Il avait un mauvais pressentiment. Il articula :

« Et vous n'avez aucune idée de l'endroit où il a pu aller? Il n'a donné aucune indication? »

« Non et je me suis bien gardé de lui poser des questions. Après tout il va sur ses vingt ans. »

« Vous avez raison. Excusez moi du dérangement. Je vais y aller. »

« Tu ne veux pas rentrer un moment? Ça fait longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de te voir Yûki-kun. »

« Ce sera pour un autre fois Kazuma sensei. Je dois vraiment y aller.

L'homme lui jeta un regard dubitatif avant de lui adresser un sourire doux. Yûki y répondit, lui murmura un vague au revoir qui lui fut rendu en écho, avant de faire volte face et de s'éloigner. Il avait un curieux sentiment.

L'argenté retenta sa chance trois jours plus tard pour se faire éconduire de la même façon. Son pressentiment se renforça. Ce ne fut qu'à sa troisième visite qu'il comprit la raison de son existence.

Son ancien maître l'invita à entrer et il accepta cette fois ci. A peine pénétra t-il dans le salon qu'un trouble ébranlant se jeta sur lui. La pièce embaumait l'odeur de Kyô. Partout et avec une telle force qu'il ne fit aucun doute que celui ci était passé là récemment. Très récemment. Yûki se retourna subrepticement vers l'hôte de la maison qui, à son expression confuse, saisit qu'il avait découvert le pot aux roses. Kazuma poussa un léger soupir avant de lui intimer l'ordre de s'asseoir. Le maudit de la souris s'exécuta sans mot dire tout en ne lâchant pas des yeux l'homme qui était considéré, à juste titre, comme le père adoptif de Kyô. Celui ci commença d'une voix grave :

« Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Kyô est bel et bien dans cette maison. »

La réaction de Yûki fut vive. Il bondit sur ses pieds et c'est d'un ton fébrile qu'il demanda :

« Je peux aller le voir? »

« Non. »

La réponse de Kazuma avait fusé avec la vélocité d'une balle tirée d'un fusil, résonnant comme une sentence irrévocable et indiscutable. Yûki se figea quelques secondes avant d'hurler presque, un désespoir poignant imprégnant chacune de ses syllabes :

« Pourquoi? Je dois lui parler! Je dois lui expliquer pourquoi j'ai- »

« Il ne veut pas te voir. »

Une tristesse abrupte fracassa le coeur de Yûki, le laissant en miettes. Ses yeux se mirent à briller et il cloua son regard au sol. La boule qui s'était formée dans sa gorge fragilisa ses paroles et c'est d'une voix presque chevrotante qu'il bredouilla :

« Il... Il vous a parlé de ce... de ce qui est arrivé? »

« Non. Mais il était bouleversé. Assez pour que j'accède à la requête qu'il m'a adressée. »

« Celle de... de ne pas me laisser la possibilité de le voir c'est ça? »

« Oui. J'aurais préféré te le dire dès le départ mais d'après Kyô, tu n'aurais été que plus déterminé à le voir. »

« Et il avait raison. Ce... Ce crétin me connaît bien. »

« ... »

« Kazuma sensei, sauf votre respect, et même si vous voulez le bien de Kyô, je ne compte pas abandonner. Si ce n'est pas ici, je trouverai bien un autre endroit où il sera obligé de me parler. Je ne peux pas accepter ce silence qu'il m'impose. Je ne peux pas nous laisser dans cette situation. C'est... c'est invivable. »

Le maître en arts martiaux le dévisagea longuement avant de soupirer.

« Votre relation n'a jamais été simple. Pourtant, d'après les dires de Tohru, elle avait l'air de s'être améliorée. »

« C'était le cas. Malheureusement je suis assez doué pour me mettre des oeillères et lorsqu'elles ont sauté, j'ai agi en égoïste sans penser aux conséquences de mes actes. C'est tout. »

Le maudit de la souris eut un pauvre sourire qui émut le propriétaire de la maison. Celui ci se demanda pour la énième fois ce qui avait bien pu se passer entre le jeune homme et son fils adoptif. Il n'aurait aucune réponse de Kyô car celui ci refusait obstinément de lui en parler. Quant à Yûki, à part ce qu'il venait de déclarer, il ne dirait rien de plus. L'homme ajusta la manche de son kimono avant de prononcer ces mots :

« Quoi qu'il en soit, tu comprends bien que je ne peux pas t'aider. »

« Oui, ne vous inquiétez pas, ça ira. »

Sur ces dernières paroles, Yûki se leva. Il s'excusa puis quitta l'habitation après de sobres au revoirs, jetant tout de même en passant un coup d'oeil vers le large escalier en bois qui menait aux chambres.

Kazuma referma la porte derrière lui. Quelques secondes plus tard, Kyô descendit les escaliers que son cousin avait regardé puis se dirigea vers la cuisine où il se servit un verre d'eau. Son père adoptif, qui l'avait suivi sans rien dire, ouvrit la bouche pour poser une question dont il connaissait pourtant la réponse :

« Tu as entendu? »

Le roux finit son verre avant de murmurer ;

« ... Oui. »

« Et alors? Que comptes tu faire? »

« Rien. »

Kazuma ne souffla mot. Kyô lava son verre et quitta la pièce. Le bruit de ses pas résonna dans la maison sans que le maître en arts martiaux ne tente de le retenir. Son aide n'était visiblement pas la bienvenue...

Yûki essaya plusieurs fois par la suite d'aborder Kyô à l'université puiqu'apparamment, cela ne serait jamais possible à son lieu d'habitation. Malheureusement pour lui, le maudit du chat connaissait son emploi du temps aussi bien qu'il connaissait le sien. Il l'évitait donc avec une habilité qui progressivement, fit naître une rage folle en lui. Une irrépressible envie de frapper tout ce qui lui tombait à portée de main grandit en lui et il devint irascible, faisant même fuir Momiji qui s'abstenait depuis de l'aborder.

Les heures passèrent, les journées s'égrenèrent, les semaines s'écoulèrent et rien ne changea.

Cinq mois jour pour jour après le départ de Kyô, Tohru passa lui laisser quelques gâteaux qu'elle avait fait. Elle se heurta à un mur de mauvaise humeur qu'elle ne put abattre malgré sa bonne volonté. Et consciemment ou pas, elle fit pire lorsque, alors qu'elle s'en allait, elle dit :

« Ah! N'oublie pas d'acheter quelque chose pour la fête d'anniversaire de Kyô samedi prochain! »

« ... »

« Yûki kun ça va? »

Le dénommé se reprit et marmonna d'un faux ton enjoué :

« Oui, ne t'inquiète pas. »

« ... Bon ben, porte toi bien et à samedi! »

« D'accord. »

Une fois partie, Yûki donna un coup de pied rageur dans l'écran de la télévision qui faillit tomber sous la violence du choc. Alors comme ça Kyô fêtait son anniversaire et il ne l'avait pas invité? En même temps, étant donné son souhait de ne plus le voir c'était tout à fait normal. Lui même, totalement obnubilé par son désir d'approcher le roux, avait totalement oublié que celui ci allait avoir ses vingt ans. C'était pathétique pour quelqu'un qui se targuait de l'aimer comme un fou.

Yûki soupira. Juste avant de grimacer. Il n'était pas invité... Il avait mal. Encore. Plus le temps passait, plus il désespérait de voir ses tentatives d'approche couronnées de succès. Ça faisait déjà cinq mois. Cinq longs mois sans avoir de contact avec son cousin. C'était trop. Il n'arrivait plus à pleurer. Et il ne savait si c'était un bien ou un mal. La présence de Kyô lui manquait affreusement et la solitude le pesait. L'autre en avait d'ailleurs profité pour quitter le trou où il se terrait pour le tourmenter de plus belle. Ses mots faisaient plus mal qu'auparavant car désormais, ils touchaient de près son amour pour son crétin de roux qui s'était barré comme un voleur.

L'argenté se sentait lentement mais sûrement retomber dans ses travers. Déjà, les murs qu'il avait détruit en se laissant avoir par les affres de ses sentiments se reconstruisaient lentement, tout comme ils l'avaient fait quand Tohru avait quitté le domicile de Shigure. Il ne voulait pas que tout redevienne comme avant. Il ne voulait plus cauchemarder sur l'enfer qu'il avait vécu lorsqu'enfant, Akito l'avait enfermé dans cette pièce noire. Cette pièce noire où il s'était perdu, où il s'était blessé et où il avait versé des larmes de désespoir tachées par le sang qui s'écoulait de ses membres meurtris par les coups.

Yûki ferma les yeux. Il était fatigué de tout ça. Et tout d'un coup, il eut très envie d'abandonner. Cela faisait cinq mois qu'il cherchait à voir son aimé. Cinq mois d'incompréhension et de rage. Il en avait marre de faire tous ces efforts. La confusion régnait en lui alors que les mêmes questions tournoyaient sans cesse dans sa tête. N'était-ce pas Kyô qui avait dit qu'il avait besoin de son attention? N'était-ce pas Kyô qui avait avoué aimer qu'il le regarde? Pourquoi l'ignorait-il alors de cette manière?

Yûki était las. Et même si son coeur lui hurlait de continuer à s'acharner, sa raison elle le poussait à abandonner. Le temps de la résignation était peut-être venu. Car c'était trop. C'était beaucoup trop pour lui.

A partir de ce jour là, l'argenté ne chercha plus à entrer en contact avec son cousin. Une partie de lui l'incitait toujours à rechercher un contact entre eux mais désormais, il tâchait de ne plus l'écouter. Il tomba dans une apathie qu'il ne tenta pas de repousser. Ses yeux ne brillaient plus, ils étaient désormais d'éternelles cendres éteintes, aucun brasier ne couvant sous celles ci. Momiji revint lui parler même s'il ne répondait en général que par monosyllabe. Le blond observait avec impuissance sa décadence, ne pouvant lui tirer de sourires. Et même s'il n'en avait pas l'air, Yûki essayait de remonter la pente. La vie continuait.

Deux jours après sa résignation, le jeune homme put noter un curieux phénomène. La première fois qu'il avait eu lieu, il avait manqué de défaillir, n'arrivant pas à y croire. Il avait pensé qu'il avait été victime d'une hallucination et en conséquence, il avait repoussé l'évènement loin dans sa mémoire.

Or, celui ci s'était reproduit. De plus en plus fréquemment. Au point que Yûki ne pouvait plus nier sa présence. Une formidable lueur d'espoir était née en lui. Pourtant il n'avait pas changé d'attitude. Il craignait qu'en le faisant, le phénomène n'ait plus lieu.

La semaine de cours s'acheva et arriva le samedi. Le jour de l'anniversaire de Kyô.

Ce jour là, Yûki se réveilla plus tard qu'il ne le faisait habituellement. Et alors qu'il préparait son petit-déjeuner il eut un déclic. Ce à quoi il venait de penser expliquerait pas mal de choses mais il n'osait y croire. Tout en lui criait à l'acceptation de ses hypothèses et c'est malgré lui que la gerbe d'espoir qui avait grandi en lui tout au long de la semaine s'épaissit et se propagea en lui comme un feu ardent. Il resta un long moment perdu dans ses pensées avant de s'activer à faire autre chose.

Les heures se succédèrent rapidement. La nuit tomba et Yûki n'avait toujours pas réussi à éteindre l'espérance qui animait ses pupilles métalliques. Il mangea rapidement une pizza qu'il s'était commandé avant de monter sur le toit où il s'étendit en soupirant. Ses yeux se fermèrent et il se détendit sous la brise fraîche de la nuit. Il n'eut pas conscience de s'endormir.

Lorsqu'il se réveilla, ce fut pour apercevoir une silhouette assise à côté de lui. Et pour la première fois depuis six mois, Yûki sourit. Un sourire profondément heureux. Un sourire où toute la joie qu'il ressentait était perceptible. Un sourire soulagé. Un sourire de ceux qu'on oublie jamais tant il est beau. Des orbes rubis vinrent croiser les siennes et il se sentit revivre sous ce regard ardent. Il l'avait tant attendu. Il eut envie de pleurer. Les larmes n'attendirent pas son autorisation pour forcer la barrière de ses yeux. Il les essuya vivement avant de se redresser et de murmurer d'une voix tremblante :

« Je savais... que tu viendrais. »

« ... »

« Désolé de pleurer comme ça c'est- »

« Excuse moi. »

Yûki observa ce visage hâlé éclairé par les faibles rayons de la lune. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vu d'aussi près. Un besoin soudain de le toucher le heurta et c'est presque en transe qu'il leva une main hésitante à son encontre. Une main qu'il retira vivement lorsqu'il prit conscience de ce qu'il allait faire. Il ne devait pas refaire la même bêtise. Kyô avait observé ses agissements en silence. Yûki se sentait brûler sous cette lave en fusion. Il déglutit avant de demander :

« Pourquoi? »

« Tu sais très bien pourquoi. Je t'ai ignoré pendant cinq mois mois. J'ai tout fait pour ne pas te voir. »

« ... »

Le maudit de la souris détourna son regard qu'il porta sur son environnement proche. L'air se rafraîchissait sans pour autant qu'il ait froid. Il entendait au loin les battements d'ailes des chauves souris, et les effluves denses de la végétation l'entouraient dans un cocon protecteur. Yûki se sentait bien. Ses paupières se fermèrent un instant tandis qu'il humait consciencieusement la senteur musquée et enivrante de Kyô. Il lui avait vraiment manqué. Le silence s'éternisa et ce fut finalement l'argenté qui le rompit en disant :

« Ton départ... Ce n'est pas uniquement à cause de moi hein? »

« ... »

« Ta malédiction a aussi influé, non? »

Les traits de Kyô s'animèrent sous la surprise. Il bredouilla :

« Co-Comment tu as su? »

Yûki prit son temps pour répondre.

« Je... A vrai dire, je n'ai eu cette idée que ce matin lorsque... je me suis rendu compte qu'aujourd'hui tu fêtais tes vingt ans. Sachant que cet age scelle pour nous, maudits du Juniishi, la fin de notre malédiction, j'ai pensé que peut être... »

« Tu as raison. Et ça t'a suffi pour que tu- »

« Non. »

C'est à ce moment que l'argenté tourna ses yeux vers Kyô qui n'avait jamais cessé de le regarder depuis son réveil. Celui ci fut frappé de plein fouet par l'intensité des orbes grises. Yûki le regardait comme si... Comme si il était la personne la plus importante pour lui. Son coeur battit la chamade et il fut complètement retourné lorsqu'il entendit ces bredouillements :

« Je... J'ai remarqué que tu me regardais. A partir du moment où j'ai arrêté de te poursuivre, tu as commencé à.. à réapparaître devant moi. Tu passais à côté de moi alors que... tu ne l'aurais jamais fait auparavant vu que tu ne.. voulais pas me voir. Je me suis dit que peut être... Peut être que mes regards sur toi t'importaient encore. Et donc... »

Il ne finit pas sa phrase. Il avait peur que ses mots ne brusquent Kyô. Et il ne voulait absolument pas que le roux reparte.

Ses pupilles cendres interrogèrent le maudit du chat qui, pour le coup, prit une adorable teinte rouge. Yûki se sentit rougir à son tour mais il ne tenta pas de se soustraire aux orbes volcaniques qui le dévisageaient avec surprise.

« Je croyais que j'avais été... discret. »

« ... »

L'argenté éclata de rire. Assez soudainement pour que Kyô en sursaute de surprise. Juste avant de se mettre à bouder de façon très « mature ». Yûki qui avait observé le manège rigola encore plus fort au point d'en avoir les larmes aux yeux. Lorsqu'il se fut calmé il demanda d'un ton ironique qu'il n'avait pas eu depuis pas mal de temps :

« Toi? Discret? »

« Ouais, bon c'est bon! Arrête de te foutre de moi! »

« Désolé mais ça fait tellement longtemps que- »

Il s'interrompit. L'ambiance venait de redevenir grave. Ne sachant que sortir comme banalités, Yûki se laissa simplement porter par ce qu'il ressentait :

Il murmura d'une voix basse :

« Tu... Tu m'as manqué. »

Kyô ne répondit pas et Yûki crut qu'il l'avait froissé. Il se reprit rapidement :

« Non! J'ai rien dit! Fais comme si t'avais rien entendu! Je- »

« Toi aussi. »

« ... »

« Toi aussi tu m'as manqué. »

Yûki s'éclaircit la gorge avant de questionner d'une voix malgré lui accusatrice :

« Mais alors pourquoi tu n'es pas venu me voir? Pourquoi tu m'as ignoré ainsi! Ta malédiction a du- »

« Je me sentais indigne de toi. »

La stupéfaction fut pendant un long moment le seul sentiment qui teinta le visage de Yûki. Il se retint de poser des questions. Il savait que c'était le moment de vérité. Pour confirmer cette certitude, Kyô continua :

« Je... depuis la manifestation de ma malédiction, je me sens sale. J'ai l'impression que je ne suis digne de personne. Je n'ai pas trop de problèmes quand il s'agit de mes amis mais dans d'autres cas... Yûki j'ai déjà eu des petites amies. »

« ... »

L'argenté fit abstraction de la jalousie que suscita cette déclaration. Il s'emmura dans son silence et attendit que Kyô veuille bien reprendre.

« Mais ça s'est toujours mal fini. Quand elles commençaient à s'attacher, j'avais moins envie de les voir. Et quand elles me faisaient des déclarations enflammées j'avais juste envie de fuir. Je finissais toujours pas les quitter en arguant que je ne les méritais pas. »

« Dans ce cas là, pourquoi est ce que tu ne t'es pas éloigné de.. de moi plus tôt. Pourquoi est-ce-que c'est seulement quand je t'ai.. quand je t'ai touché que tu es parti? »

« Toi c'est pas pareil. Je n'avais jamais envisagé d'avoir une quelconque relation avec toi. Tu étais mon rival et celui que je détestais point barre. Quand tu as proposé qu'on se tolère, j'ai un peu paniqué. Mais bon... Je me suis dit qu'il n'y avait, à la longue, aucun risque, à part celui qu'on devienne ami. Mais ça, comme je te l'ai dit, je peux encore gérer. On s'est rapproché et je me sentais bien avec toi. Lorsque Momiji m'a dit qu'on ressemblait à un vieux couple j'ai pas fait attention et- »

« Attends. Momiji t'a dit ça? »

« Ouais. Le jour où on a invité les autres à ton festin culinaire... »

« Ah... Ce festin culinaire... »

Kyô ricana en jetant un coup d'oeil moqueur à Yûki. Celui ci lui mit une petite tape sur la tête avant de lui demander de poursuivre. Le roux reprit :

« Je disais que j'ai pas fait attention à ce que Momiji m'a dit. On a continué à se rapprocher et plus le temps passait, plus j'en apprenais sur toi. Au point de connaître tes petites habitudes. Tiens par exemple. Tu savais que lorsque tu étais préoccupé tu avais tendance à tapoter toutes les surfaces qui entraient en contact avec ta main? »

« ...Non. »

« Ou encore que lorsque tu avais mal tu jurais comme un charretier? Et que le contenu de tes insultes révèle ton degré de douleur? »

« Non je n'avais pas fait attention. »

« Y'a encore tout un tas de petits trucs comme ça que j'ai remarqué et j'ai fini par me poser des questions quand je me suis rendu compte que je mémorisais tes manies. Le besoin obsédant que j'ai que tu fasses attention à moi m'a aussi intrigué. Et c'est lorsque j'ai pris conscience des regards que tu me lançais lorsqu'on faisait la cuisine que j'ai réalisé. J'ai compris que ce que je ressentais pour toi n'était peut être pas aussi amical que je le pensais. J'ai commencé à paniquer mais j'ai continué à agir normalement. J'étais complètement confus et en même temps j'adorais que tu me regardes comme tu le faisais. J'adorais percevoir ton trouble lorsque je m'approchais de toi. J'adorais entendre ta respiration s'accélérer lorsque je passais mes bras autour de toi pour te montrer quelque chose. C'était grisant. »

« Tu... TU LE FAISAIS EXPRÈS! »

« ... »

Yûki assena une autre claque à Kyô qui ne put empêcher un gémissement de douleur de franchir ses lèvres. L'argenté le foudroya du regard en articulant :

« Purée! Tu sais pas à quel point j'ai pu te maudire de me faire ressentir tous ces trucs! Jusqu'au bout tu me feras chier c'est ça? »

« Hey! Te plains pas! Je sais que t'appréciais! »

Le maudit de la souris ne prononça mot mais le fard qu'il piqua le trahit. Kyô eut un sourire attendri avant de dire :

« J'avoue. Je le faisais exprès. Mais Yûki, franchement, je ne savais même pas pourquoi j'aimais te troubler comme ça. Je... J'étais moi même complètement perdu. C'est seulement le jour où tu m'as touché que... »

« J'ai craqué, je suis désolé. J'étais vraiment à bout. Tu parlais si bas. Ça me... Je me suis laissé submerger et j'ai foncé sur toi comme un affamé qui- »

« Si tu ne l'avais pas fait, j'aurais pas compris. A la seconde même où tu m'a embrassé, je me suis senti plus sale que jamais. J'ai vraiment eu l'impression de te salir. Mais en même temps j'ai eu le désir fou de répondre à tes baisers. Ce que j'ai fait. J'étais tiraillé entre mon désir et mon dégoût de moi même. J'étais en feu et je n'avais qu'une envie, celle que tu continues de me toucher comme tu le faisais. J'avais envie de toi. »

La fréquence cardiaque de Yûki s'accéléra. Un feu ardent s'alluma en lui. Une incandescence de celles qui signifiait qu'il allait bientôt perdre la tête. Car ce que Kyô disait impliquait beaucoup de choses. Des choses qu'il avait voulues et qu'il avait espérées avec tant de désespoir qu'il avait fini par les considérer comme des fantasmes. Ses yeux commençaient à se dilater et c'est avec difficulté qu'il se contint. Il se mordit la lèvre nerveusement en détournant les yeux. Sa voix était rauque lorsqu'il articula :

« Alors si tu t'es arrêté c'est parce que- »

« J'ai réalisé qu'éprouver un tel dégoût de moi même signifiait que j'avais des sentiments très profonds pour toi. Le seul qui pouvait correspondre était l'amour. J'ai eu peur. Non seulement j'ai eu l'impression que je ne te méritais pas, mais j'ai aussi eu peur. Peur parce que tu étais un homme et que jusqu'à présent je n'avais jamais manifesté aucun intérêt pour les personnes du même sexe que moi. Et peur parce que tu étais Yûki Sôma, mon ennemi depuis toujours. »

« ... Donc... Tu n'as pas été- »

« J'ai eu envie de toi. Si y'avait pas eu cette foutue malédiction et cette peur, je me serais abandonné à toi sans hésitation. J'avais confiance en toi et c'est toujours le cas. »

« ... »

« Après t'avoir repoussé j'ai eu besoin de prendre du recul pour réfléchir. Je ne serais jamais à arrivé à le faire si j'étais resté vivre avec toi. Et même si je savais que j'allais te faire mal, j'ai commencé à t'éviter. J'ai été égoïste parce que paradoxalement, je me sentais très bien loin de toi. Le fait que me cherches avec autant d'acharnement me rassurait et je pouvais réfléchir à ma probable homosexualité sans m'inquiéter. »

« ... »

« Je pense que je serais resté encore deux ou trois mois sans te parler si tu n'avais pas arrêté de me chercher. Quand j'ai remarqué que tu ne me regardais plus, j'ai pris conscience de la cruauté de mes actes. Et mon anniversaire m'a alors paru comme étant une libération. J'allais être débarrassé de cette malédiction. Quant à mon homosexualité.. Et bien, à part toi, les autres mecs ne me faisaient aucun effet. Alors bon... »

Yûki ne dit rien. Kyô le regarda avec anxiété. Il s'était attendu à tout sauf à ce silence. L'argenté l'observait sans mot dire, ses yeux cendres certes rivés aux siens mais pensifs. Alors que Kyô allait s'enquérir de l'avis du maudit de la souris, celui ci se jeta furieusement sur ses lèvres.

Un baiser passionné débuta, tout en fougue et en intensité. Leurs langues se retrouvèrent avec impulsivité, se mêlant dans des succions appuyées et des gémissements étouffés. Kyô soupira d'aise. Il s'était préparé à cet instant depuis si longtemps. Le moment où leurs bouches se dévoreraient comme des affamées avait joué encore et encore dans sa tête. Il frissonna d'envie en songeant à ce qui l'attendait et ses doigts parcoururent avidement le grain de peau de Yûki.

Ils remontaient insidieusement pour aller s'enfouir dans les mèches grises lorsque le baiser fut brutalement interrompu. Le maudit du chat ouvrit paresseusement les yeux qu'il avait auparavant fermés pour tomber dans un lac de métal fondu. Yûki le regardait encore ainsi. Comme s'il était tout pour lui. Kyô eut un sourire heureux qui s'agrandit lorsque un souffle chaud chatouilla le lobe de son oreille, lâchant dans un murmure presque inaudible :

« Je t'aime. »

Il flottait sur un petit nuage et s'apprêtait à prononcer une phrase du même type quand une baffe vigoureuse le secoua à tel point qu'il perdit son fil. Il écarquilla des yeux stupéfaits avant de questionner :

« Pourquoi tu- »

« Ça c'est pour l'attente que tu m'as fait vivre! On a pas idée de laisser la personne qu'on aime dans une telle tourmente! »

« Mais.. Je t'ai expliqué que- »

« Je comprends tout à fait! Mais tu l'as dit toi même! Si je n'avais pas abandonné l'idée de te parler, tu m'aurais encore fait patienter! Qui sait si j'aurais pas fini dans un hôpital pour dépressifs! »

« Mais- »

« A l'allure où j'allais, t'aurais même pu me trouver mort et desséché dans la putain de cuisine de merde que j'exècre depuis que t'es parti! »

Kyô était abasourdi. Depuis quand Yûki jurait-il ainsi? Il lui fit part de cette question :

« Depuis quand? Ton départ m'a complètement bousillé! Tu m'as déglingué! Comment veux tu que mes tics soient restés les mêmes! »

« Yûki... Calme toi! Tu n'es pas content que je sois là? C'est le plus important non? »

L'argenté se détendit d'un coup. Sa voix prit des accents langoureux lorsqu'il susurra :

« Oh si, je suis heureux. Vraiment. Je suis excité aussi. Au point de vouloir désespérément te faire l'amour là, tout de suite, sur ce toit, à la belle étoile... »

Kyô frissonna. L'étincelle de luxure qui brillait dans les pupilles de Yûki le faisaient se sentir tout chose. Il avait aussi l'impression de f aire face à un prédateur et d'être sa proie mais bon... Il jeta un regard enflammé à celui qui voulait visiblement le bouffer tout crû avant de chuchoter :

« Je... Je suis pas contre. »

Un long silence suivit. Kyô ne quittait pas son vis à vis des yeux. Vis à vis qui lui lança une oeillade carnassière avant de lâcher sa sentence. Terrible sentence d'ailleurs.

« Et bien tu n'auras rien! J'ai été capable de faire abstinence pendant près de cinq mois, usant et abusant de ma main droite en fantasmant sur toi! Ce n'est pas parce que tu es de retour que je vais me faire un plaisir de satisfaire tes envies! Je te toucherai quand je le déciderai! »

Un iceberg s'écrasa sur Kyô qui en blêmit d'étonnement. C'était quoi ça? Yûki continua, son timbre cependant plus doux :

« D'ici là, tu vas réapprendre gentiment mes manies, tu vas finir de m'enseigner la cuisine, on passera des moments ensemble, on s'embrassera, je te frapperai et si tu es bien gentil, je t'accorderai mon humble pardon. »

Kyô était estomaqué. Il le fut encore plus quand l'argenté, visiblement satisfait de son décret, le planta là en quittant le toit. Le roux resta figé quelques minutes avant de capter les tenants et les aboutissants de la décision de Yûki. Il n'avait rien contre la deuxième partie de sa déclaration qui incluait qu'ils reprennent leurs habitudes. Cependant il s'était suffisamment préparé pour refuser d'être ainsi éconduit dans le domaine sexuel. Il était hors de question que les rêves coquins où il était mis en scène avec l'argenté n'aboutissent pas dans les jours à venir! Même pas, dans la soirée à venir!

Yûki voulait reprendre les cours de cuisine? D'accord. Il allait satisfaire cette demande. Et foi de Kyô Sôma, il comptait bien débarrasser son aimé de la haine qu'il vouait à cet endroit! Ne disait-on pas qu'il fallait remplacer les mauvais souvenirs par de bons?

Kyô eut un petit sourire lorsqu'il entendit l'argenté gueuler plus bas qu'il n'avait pas le droit d'aller voir ailleurs. Les projets qu'il avait n'allaient de toute façon pas dans ce sens...

Fin


Voila pour ce dernier chapitre! Ma partie préférée est la fin. Je trouve que c'est ce qui est le mieux écrit dans tout ce chapitre... Bref voila quoi!

Cette fanfiction est sans conteste la dernière que j'écrirai dans le fandom Fruits Basket. Je n'ai plus trop d'inspiration de ce côté et puis la malédiction ça commence à me gonfler (On sent le mal de crane qui fait lâcher les boulons XD). Je pourrais faire un total UA ou même mieux : PUBLIER MA TOUTE PREMIERE DE PREMIERE DE PREMIERE FANFICTION. Écrite à l'age de 13 ans quand j'avais encore de l'innocence et de la bonne volonté! Ouais je suis tombé dessus récemment et j'ai été surprise parce qu'il me semblait pas que j'avais eu une aussi bonne idée (*se lance des fleurs*). Bon elle est pas yaoi mais le concept est vraiment... Ça me brancherait bien de la remastériser et de la poster... M'enfin, bon j'ai assez parlé (Quoique...). Je ne donne pas de dates pour ma prochaine publication. Si y'a rien qui arrive en juillet là, ce sera pas avant un bon moment. Je compte faire des mises à jours aussi, notamment pour "Contradictions" qui a besoin de recevoir quelques soins démélants et "Âmes Indéchiffrables" qui mériterait plutôt un bon décollage de paragraphe trop gros...

Allez à bientôt! ^^