Disclaimer: Rien ne m'appartient, je ne suis qu'une modeste emprunteuse des persos de J.K.

Couple: Sirius Black / Severus snape

Rated: M

Genre: Univers Alternatif

Note de l'auteur: Me revoilà avec une fic qui j'espère vous plaira. C'est la première fois que je m'essaie au SBSS et j'espère que vous ne serez pas déçus :) donc voilà, cette pitite fiction me tient assez à coeur, je m'y suis investie énormément.

Je tenais à remercie ma chère Didi Gemini qui m'aura soutenue pendant toute son écriture, elle a laissé un petit peu sa marque un peu partout, notamment dans le titre. Ne me demandez pas pourquoi CE titre en particulier, je ne saurais pas vous le dire XD tout ce que je sais c'est qu'après un délire, "Pretty blacky sevy" est resté :D

Donc voili voilou, pour ceux qui se poseraient la question de la publication, étant donné que la fic comptera neuf chapitres et un épilogue je pense poster toutes les deux à trois semaines.

Sur ce, bonne lecture


Chapitre 1


Le fin crachin qui s'abattait sur le terminal se transforma subitement en grosses gouttes de pluie, pas vraiment sympa comme entrée en matière après huit heures d'avion. Sirius repéra l'endroit où le taxi qui lui était réservé devait se trouver et courut pour réduire au plus vite la distance qui le séparait de la chaleur et du sec, l'averse qui se déversait à présent sur sa tête n'étant pas des plus agréables. Et ce chauffeur qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que de se garer le plus loin possible, de quoi lui laisser bien le temps de se mouiller... C'est les cheveux collés contre son front et son costume complètement ruiné qu'il s'engouffra dans le véhicule et qu'il annonça son adresse au chauffeur.

Son avion avait décollé avec une heure et demie de retard, colis suspect qu'ils lui avaient dit. Est-ce que les gens n'avaient que ça à faire que de laisser traîner leurs bagages dans les halls d'aéroport et de les oublier ? Il avait fallu faire venir l'équipe de déminage, et après avoir fait leur petit feu d'artifice avec la valise qui ne contenait en définitive que des habits et des affaires d'enfants, les autorités américaines avaient décidé de renforcer les contrôles. Additionné à une panne du réacteur découverte au dernier moment, on obtenait un bon retard qui embêtait tout le monde, et tant pis pour ceux qui avaient des correspondances.

Après avoir quitté l'autoroute et le périphérique, le taxi s'engagea dans les petites ruelles du douzième arrondissement de Paris pour finalement s'arrêter devant un immeuble plutôt moderne d ans le quartier de Bercy. L'homme descendit sur la route, tendit rapidement un pourboire au chauffeur et courut vers la porte d'entrée pour éviter de se mouiller encore plus même si ce n'était plus vraiment la peine.

Un code tapé sur le petit clavier, trois étages en ascenseur, la clé qui tourne dans la serrure et Sirius soupira de soulagement, il était enfin chez lui. Il suspendit sa veste, enleva ses chaussures et rejoignit le salon où il entendait le son étouffé de la télévision et y retrouva son meilleur ami qui tourna vers lui un sourire soulagé.

- Ton vol a eu du retard ?

- Comme d'habitude Remus, comment ça a été avec Harry ? Demanda t-il en désignant du menton le garçon profondément endormi sur le canapé.

- Plutôt bien, on s'est regardé le Seigneur des Anneaux, il s'est endormi pendant la bataille.

- Il aurait dû aller se coucher s'il avait sommeil

- Tu sais bien qu'il voulait t'attendre

Remus se leva et partit chercher une serviette dans la salle de bain qu'il tendit à son ami pour qu'il se sèche les cheveux.

- On dirait un chien mouillé comme ça, ria t-il, Sirius lui répondit en lui tirant la langue et commença à pester contre cette saleté de pluie qui avait trempé son costume Armani qui lui avait couté la peau du cul.

Alors qu'il revenait de sa chambre avec un pantalon de survêtement et un t-shirt secs son filleul s'éveilla doucement et sourit en voyant que son parrain était rentré. Ce dernier lui embrassa le haut du crâne pour lui dire bonsoir et l'envoya se coucher.

- Tu veux un thé Sirius ?

- Je veux bien, après j'irais au lit,

- T'as pas assez dormi dans l'avion ? Railla son ami

- Tu rigole ? Y avait une môme derrière moi qui arrêtait pas de chouiner, j'en pouvais plus, et tu crois que son daron lui aurait dit quelque chose ? Tu parles, il préférait faire du gringue à la femme d'à coté. Bref, tout ça pour dire que les dernières heures ont été longues. Bon sinon, vous avez fait quoi pendant deux jours ?

- J'ai tenu le café et Harry a été en cours et à son entraînement, rien de bien passionnant.

Sirius bailla de façon très peu glamour et but son thé en trois gorgées avant de dire bonne nuit à Remus et de trottiner vers sa chambre pour se plonger dans un sommeil réparateur.

- Harry, qu'est ce que c'est que ce bleu sur ta joue ?

- Rien, rien, t'inquiètes Siry

- Il s'est battu avec son grand ami Draco Malfoy

- Merci pour ta discrétion Remus, c'est sympa

- Bah, il aurait fini par le savoir de toute façon, y a la lettre de convocation avec ton prof principal dans la boîte aux lettres.

- Harry, je sais que c'est difficile, que ce Malfoy est un petit con, mais si tu pouvais éviter de te battre avec lui au lycée ça m'arrangerait, il me fait peur ton prof P. grommela Sirius dans son café

- ça c'est juste parce qu'il a une voix soporifique qui serait capable d'endormir un insomniaque, qu'il a le teint blanc comme un cadavre et que quand il n'est pas content de quelque chose il te rappelle ton père, à part ça je ne vois pas pourquoi tu as peur de lui

- Mais justement, j'ai l'impression que je suis dans le royaume des morts avec lui, ça me fait froid dans le dos à chaque fois. Tu veux savoir ma théorie ? A force de raconter aux élèves combien il y a eu de morts pendant les deux guerres mondiales il a oublié qu'on est au vingt-et-unième siècle.

- Mais oui, mais oui. On sait Sirius. Tu crois pas que ce serait une bonne idée de signer l'armistice avec Draco, Harry ?

- Mais Malfoy est une enflure, c'est pas comme si il le méritait pas, si tu connaissais son père tu comprendrais, répliqua Sirius. Tu l'as pas raté au moins Ryry ?

- On m'a arrêté avant

- Dommage

Remus leva les yeux au ciel en se disant que son meilleur ami n'avait pas plus d'âge mental que son filleul de quinze ans. Un vrai gamin. Il mit son bol sale dans le lave-vaisselle et attrapa sa veste.

- J'y vais, faut que j'aille au café

- Si tôt ?

- Je dois superviser un entretien d'embauche comme Ethan a démissionné

- Ok, je passerais dans la journée. Et toi Ryry tu fais quoi ?

- Ron et Hermione viennent ici, on verra si on sort ou pas

Sirius acquiesça et observa son filleul du coin de l'œil. Il avait bien grandi depuis le jour où il l'avait recueilli. Du haut de ses quinze ans, il commençait à avoir la silhouette d'un homme et il jurerait qu'il avait pris cinq centimètres depuis l'été. Son entraînement de Basket lui avait sculpté le corps et ses cheveux en bataille ainsi que ses yeux verts dans lesquels régnait une lueur malicieuse lui donnaient un air sympathique, enfantin, presque naïf et Sirius était sûr qu'il devait faire craquer les filles.

Il était fier de voir que l'enfant de cinq ans tremblant et apeuré qu'on lui avait amené dix ans plus tôt après que James et Lily Potter l'aient désigné comme tuteur en cas d'accident soit devenu un jeune homme comme ça. N'ayant pas eu la chance lui-même d'avoir des enfants, il considérait Harry comme son propre fils et ce dernier lui rendait plutôt bien.

Ils vivaient dans cet appartement du sud-est de Paris depuis maintenant sept ans et Harry s'était assez bien intégré à la société de la capitale. Ils s'étaient construit une petite vie à eux qui leur convenait bien, l'adolescent fréquentant le lycée du coin, ayant la plupart de ses amis dans le quartier, ils avaient leur petite routine, ponctuée par les voyages à l'étranger de Sirius à cause de son boulot, voyages qui duraient en général deux ou trois jours, cinq au maximum, a peine une ou deux fois par mois. Lors de ses déplacements, c'était Remus qui restait avec Harry, plus pour lui tenir compagnie que pour réellement s'occuper de lui.

Ce dernier tenait un petit café dans le 5ème arrondissement de la capitale, il le tenait de son père et l'avait aménagé à ses propres goûts à sa mort. Le quartier latin étant un endroit très fréquenté les affaires marchaient plutôt bien et il pouvait même se permettre d'embaucher à temps plein deux serveurs, et parfois Harry durant les vacances scolaires pour qu'il se fasse un peu d'argent de poche.

- ça va en cours en ce moment ?

- Mmh

- T'as décidé en quelle section tu veux t'orienter l'an prochain ?

- Tu le sais très bien Siry, j'hésite entre S et ES

- Tu as encore le temps de réfléchir

- Pas vraiment, je dois donner une réponse dans deux semaines. Mais de toute façon Madame Ombrage la prof de Physique s'opposera sûrement à mon passage en S vu mes notes, et en plus elle m'aime pas, alors que Macgo arrête pas de me dire que je doué en éco. Mais bon je sais pas…

- Ils font quoi Hermione et Ron ?

- Hermione va en S, tu penses. Ron va en ES, il aime pas les maths

Sirius hocha la tête, à son époque ses parents lui avaient dit « tu feras des études d'économie », il avait fait des études d'économie sans se poser de questions. Au final il avait un boulot qui lui rapportait assez pour avoir une vie confortable mais c'est vrai que si c'était à refaire, il réfléchirait à deux fois avant des se lancer là dedans. Non que son boulot fût inintéressant, mais c'était pas l'extase non plus. Alors pour Harry, il préférait que son filleul choisisse par lui-même ce qui l'intéressait, tout en restant derrière lui pour ne pas qu'il se plante.

- C'était bien les States ?

- Comme d'hab. On a passé notre temps en salle de réunion ou a l'hôtel à pioncer à cause du décalage horaire et finalement on a encore dû subir leurs manies de paranoïaques jusqu'à ce que l'avion décolle.

- Normal quoi

- Ouais normal

Sirius sourit à son filleul, qu'est ce qu'il les aimait ces matinées de week-end où ils buvaient leur petit déjeuner en parlant de tout et de rien, enfin surtout de rien, juste une matinée normale en somme. Mais c'était tellement mieux que prendre le petit déjeuner avec ses collègues en parlant de la dernière stratégie commerciale à adopter comme tous les jours de la semaine. En se levant dans l'optique de prendre sa douche, il s'arrêta pour ébouriffer affectueusement la chevelure corbeau qui lui rappelait tellement celle de son meilleur ami disparu.

ooo

Remus sortit de la bouche de métro et traversa la rue qui menait à son café, celui-ci se trouvait à peine à 100 mètres. Il passa par la porte arrière et se rendit dans la pièce qui servait à la fois de vestiaire, bureau, enfin tout et n'importe quoi, pour poser son manteau et son sac. Après avoir poussé un soupir à la vue de toute la paperasse dont il devait à tout prix s'occuper il se rendit dans la salle principale où Clément, son adjoint était déjà en train de disposer les tables.

La décoration était assez moderne, l'homme ayant voulu redonner une seconde jeunesse à cet endroit qu'il avait connu si sobre et dépourvu de personnalité. Il se rappelait encore le jour où Sirius avait débarqué pour la refaire, ce dernier voulant faire du café le paradis pour tous les amateurs de Rock avec des guitares sur les murs et des vinyles un peu partout. Remus avait fait la grimace mais avait été convaincu de faire des compromis. Ainsi, on trouvait une majorité de meubles en métal, les murs étaient de couleur rouge vif et son meilleur ami s'était occupé de les recouvrir de fresques abstraites avec de la peinture argentée et il lui avait même cédé quelques uns de ses précieux vinyles amassés pendant toute son adolescence. Mais pas de guitare avait dit Remus, il fallait pas pousser non plus. Les néons aux coins de la pièce éclairaient l'endroit d'une lumière blanche et douce et un peu plus loin on trouvait deux billards.

Le café était très populaire dans le quartier, autant pour les familles qui y venaient durant la journée, que pour les jeunes qui venaient le soir pour passer une bonne soirée entre potes.

Le patron attrapa un chiffon et passa un petit coup sur les tables rectangulaires tout en prenant des nouvelles de son employé.

- Alors Clément, comment ça s'est passé hier soir ?

- Y avait pas mal de monde alors c'était un peu le rush mais en général ça s'est pas mal passé, t'as trouvé quelqu'un pour remplacer Ethan ?

- J'ai un entretien dans une demi-heure, Sirius passera dans la journée pour donner un coup de main au bar alors tu pourras partir plus tôt

Clément hocha la tête avec un sourire. Depuis que son collègue avait quitté Paris pour emménager avec sa femme en Bretagne après leur mariage, lui et Remus tenaient seuls le café et une nouvelle aide serait bienvenue. Cette semaine son patron avait fait des journées de dix heures et lui-même n'était pas en reste. Il avait tenu seul les deux derniers soirs pour que Remus passe la soirée avec Harry et une soirée de libre ne serait pas de refus.

Malgré ces horaires assez difficiles, depuis cinq ans où il travaillait ici le jeune homme ne l'avait jamais regretté. Son patron était un homme au grand cœur et à présent un véritable ami, pareil pour Sirius et Harry qui passaient assez souvent. Lui qui avait arrêté ses études à dix-huit ans, fui ses parents pour venir s'installer dans la capitale et erré comme un désœuvré, la rencontre avec le brun avait été une seconde chance pour lui. Il lui avait donné du travail, avait cherché avec lui un appartement pour qu'il puisse se loger, en gros il lui avait permis de prendre un nouveau départ.

La petite sonnette de la porte d'entrée résonna et un homme d'environ trente-cinq ans entra. Clément s'approcha pour l'accueillir comme Remus était reparti vers la réserve pour rentrer les caisses que le livreur avait livrées le matin.

- Bonjour, je peux vous aider ? Normalement nous ne sommes pas encore ouverts mais…

- Je viens pour l'entretien d'embauche

- oh… attendez, je vais chercher le patron… Patron !!!! Ton entretien est arrivé !!!!

Le jeune homme sourit à l'inconnu habillé exclusivement de noir et sortit de la pièce pour chercher Remus qui n'avait rien entendu à cause du tintement des bouteilles de verre. Il le prévint et l'homme s'essuya les mains sur un torchon avant de sortir de la réserve. Quand il vit l'homme il lui sourit, sourire qui fut rapidement remplacé par de l'étonnement. Clément le remarqua et se tourna vers l'autre homme qui avait haussé les sourcils. Pas de doute, ces deux là se connaissaient. Le patron reprit vite ses esprits et serra la main à l'homme en noir avec un sourire gêné.

- Severus Snape, si je m'attendais à te revoir

- Lupin, quand on m'a proposé ce travail je ne m'attendais pas à tomber sur toi comme patron

Les deux hommes entrèrent dans le bureau de Remus et ce dernier présenta à Snape un siège pour s'assoir. Après un silence pesant il se décida à le rompre. On était à un entretien d'embauche après tout.

- Alors tu es intéressé par le poste de serveur ?

- Si embaucher ton pire ennemi du lycée ne t'embête pas

- J'ai bon espoir que les anciennes querelles ne refassent pas surface, après tout on a grandi depuis cette époque

- En effet

- Tu pourrais commencer quand ?

- Dès maintenant

- D'accord, alors pour tout ce qui concerne l'organisation, tu demanderas à clément, pour le salaire on commence par le SMIC et je t'augmenterai un peu plus tard. Pour les horaires j'espère que ça ne te fais pas peur de ne pas avoir d'emploi du temps fixe, en général on s'arrange à trois. Pour les habits, je suis pas très regardant, décontracté mais propre, si possible pantalon noir avec une chemise par-dessus mais après c'est toi qui vois, de toute façon tu auras un joli insigne à mettre, un joli sourire à la clientèle, de la politesse et ce sera parfait. Si ça te vas tu signe ici, énuméra le brun en lui tendant un contrat.

Severus lui lança un regard amusé par-dessus ses mèches noires et prit le stylo pour signer, de toute façon il avait besoin de ce boulot et il n'avait rien à perdre. Remus imprima rapidement un insigne avec son nom qui représentait également le nom de l'établissement : Supersonique, lui donna et lui dit d'aller voir Clément pour prendre toutes les directives et pouvoir ainsi ouvrir le café. Lupin se mit alors à remplir toute la paperasse de son bureau, n'osant imaginer la tête de son meilleur ami quand il saurait qui est le nouvel employé qu'il a trouvé.

ooo

Sirius fit la grimace en prenant le courrier sur le meuble de l'entrée. En effet il y en avait une du lycée d'Harry et il mettrait sa main àcouper qu'il était encore une fois convoqué chez ce monsieur Binns. Non qu'il le soit souvent mais c'était bien la seconde fois depuis septembre. Son filleul n'était pas violent, il avait des notes correctes sans trop se fouler, à part de quelques professeurs il était plutôt apprécié mais il y avait toujours une tache noire au tableau, et cette tache noire s'appelait Draco Malfoy. Depuis le collège les deux adolescents ne pouvaient pas se voir en peinture et quand ce petit con arrogant le provoquait un peu trop Harry craquait et il en résultait une bagarre.

La sonnette de la porte retentit et il l'ouvrit, découvrant alors Ron et Hermione, les deux meilleurs amis de son rejeton. Il fit la bise à la jeune fille et serra la main du rouquin qui devait bien faire quinze centimètres de plus que lui. Il n'arrêterait jamais de grandir celui là ? Au moins c'était pratique pour le basketball. Il avait l'habitude que l'appartement soit le quartier général des trois amis, depuis sept ans qu'ils étaient inséparables ils faisaient presque partie de la famille.

- Harry tu pourras dire à ton prof que lundi soir j'ai une réunion et qu'il faudrait reporter ce petit rendez-vous ? demanda t-il à son filleul une fois retourné dans la cuisine

- Siry, je vais me faire tuer si je lui dis ça

- Eh bien tu n'as qu'à lui dire que tout le monde n'a pas un aussi bon emploi du temps qu'un prof

- De quoi te faire encore plus haïr Sirius, railla Hermione en piochant dans le paquet de gâteaux posé devant elle

- Merci de ton soutien ma chérie, lui répondit-il avec un sourire charmeur qui la fit rougir

L'homme s'en alla avec un sourire victorieux aux lèvres, il était sûr que Ron avait fait les gros yeux comme à chaque fois. Qu'est ce qu'ils étaient drôles ces deux là à se tourner sans cesse autour sans jamais oser s'avouer leurs sentiments…

Sirius troqua son vieux survêtement contre un pantalon noir en jean et une chemise noire, coiffa sa chevelure brune qui lui tombait élégamment sur les épaules et prit sa veste en cuir, le vent froid de février s'engouffrant dans la chambre par la fenêtre ouverte pour aérer le rappelant à l'ordre.

- Je m'en vais les jeunes, vous comptez sortir ?

- On va peut-être passer aux halles, répondit son filleul

- Oublie pas tes clés, si besoin je suis au café et ne rentrez pas trop tard, t'as des leçons à réviser

Harry grogna pour la forme et promit que oui, il ferait ses exos de physique et il apprendrait son cours d'histoire. Bah oui, il fallait au moins qu'il décroche une bonne note au prochain contrôle pour que Binns ne soit pas trop de mauvaise humeur quand son parrain viendrait le voir.

Sirius descendit dans le garage son casque sous le bras et enfourcha sa moto pour rouler à travers les grandes avenues de Paris. En général il ne mettait pas plus d'un quart d'heure à rejoindre le café. Il venait souvent donner un petit coup de main le samedi quand il ne travaillait pas, une bonne occasion de passer du temps avec son meilleur ami qui passait sa semaine à servir des cafés et de la bière pendant que lui enchaînait les réunions marketing, stratégiques, ou commerciales aux quatre coins de l'Ile-de-France.

- Hey Sirius, comment tu vas ? L'accueillit clément tandis que l'homme d'affaire lui frappait dans la main

- Pas mal, je vois qu'il y a pas grand monde

- On est en heure creuse, ce midi on avait pas mal de gens mais ça reprendra vers quinze heure, t'inquiète pas on va te trouver du boulot

- Tu me sers une bière ?

- Sirius, profite pas de la gentillesse de Clément pour me vider mon stock de bière, déclara Remus en s'asseyant à ses coté sur les chaises hautes du bar. Faut que je te dise un truc Sir'

- Lupin je les mets où les bouteilles vides après…

Sirius se tourna vers la nouvelles voix qui venait de s'élever et ouvrit de grands yeux en découvrant son ancien ennemi qui arborait à présent une tête qui voulait dire « comment j'ai pu ne pas m'en douter ». Il fut le premier à retrouver ses esprits et posa la cagette qu'il portait sur le comptoir.

- Black, ferme la bouche on dirait un poisson

Sirius sembla se rendre compte que la tête devait sûrement lui donner un air stupide et se tourna vers son meilleur ami.

- Mumus, qu'est ce que Snape fait là ?

- Il travaille ici à présent.

Devant l'air horrifié du brun, le patron l'attrapa par le bras et l'entraîna vers son bureau sous l'œil amusé de Clément qui regardait un Severus qui secouait la tête de droite à gauche de lassitude en rangeant les bouteilles de bière.

- Sirius, tu crois pas que tu en fais un peu trop là ?

- Tu peux pas comprendre

- Je ne peux pas comprendre quoi ?

- Le voir là, comme ça, ça remue trop de choses

- Même après dix-sept ans ?

- Même après dix-sept ans.

- Je suis désolé Sirius, va falloir faire avec maintenant

Le brun mit sa tête entre ses mains et soupira. Remus s'en voulait de lui imposer ça mais de toute façon c'était trop tard et il faudrait bien un jour que son meilleur ami fasse face à ses vieux démons. Il s'accroupit pour avoir son visage au niveau du sien.

- Sirius faut que tu fasses quelque chose si ça te ronge encore depuis toutes ces années.

- Et qu'est ce que tu veux que je fasse ?

- Commence par essayer d'être ami avec lui et on avisera

Sirius hocha la tête et ils retournèrent tout les deux dans la salle où Severus se familiarisait avec la machine à café et l'appareil à bière.

- Patron y a le néon là bas qu'a lâché, le prévint Clément

- Je vais le changer, tu peux y aller, vas te reposer, t'as pas dû beaucoup dormir cette nuit

Son employé lui fit un sourire reconnaissant et salua tout le monde avant de filer pour rentrer chez lui. Remus partit dans la réserve à la recherche d'une ampoule neuve, découragé d'avance face à ce barda sans nom, laissant les deux anciens ennemis seuls au bar.

Severus sentait le regard du brun sur son dos alors qu'il servait un client. Retourné derrière le comptoir il se tourna vers lui.

- Alors Black, qu'est ce que tu deviens ?

- Je vis ma vie, rien de bien passionnant, et toi ? Comment t'es tu retrouvé à travailler pour Remus ?

- Le hasard, il me fallait un boulot, j'en ai trouvé un

- Quel coquin ce hasard… marmonna Sirius

Severus se leva pour donner l'addition à un client, puis ramena les verres utilisés pour les nettoyer. Son ancien ennemi sirotait sa bière les yeux dans le vague et l'homme en noir se dit qu'il avait bien changé. Ses yeux ne pétillaient plus comme autrefois quand il pensait à quel mauvais tour il pouvait bien jouer, il semblait avoir mûri tout en restant Sirius Black… avec quelques années de plus.

- Alors ? Je dois m'attendre à voir débarquer le reste des maraudeurs ?

- Ne crains rien, tu ne verras que Remus et moi

Le serveur fronça les sourcils, il sentait bien que c'était un sujet épineux alors il n'insista pas. Après tout c'était pas comme s'il en avait quelque chose à faire. Le silence se réinstalla sans qu'aucun des deux ne le brise et quand Remus revint en annonçant qu'il n'y avait plus d'ampoules pour néons dans la réserve, Sirius sauta sur l'occasion en disant qu'il allait en acheter au Darty du coin. Son meilleur ami soupira et se tourna vers Snape en souriant.

- Ça va, tu t'en sors ?

- Je sais pas si je vais tenir le rythme, un client par quart d'heure c'est dur quand même

Les sarcasmes, sa marque de fabrique. Le patron sourit, Severus avait dit cela sans méchanceté, un peu comme un clin d'œil.

- Tu habite où ? Ça te fait pas trop loin jusqu'ici ?

- J'ai un petit appart près de Saint Lazare, et le trajet me fait pas peur

- Tu as fait quoi toutes ces années ?

Le regard pénétrant que lui lança son employé lui fit comprendre qu'il ne saurait rien pour l'instant.

- Ok, pas de questions là-dessus

- Rien d'illégal si ça te rassure

- Je n'en doutais pas

- A peine, ricana son ancien camarade

- Quoi qu'il en soit j'espère que tu te plairas à travailler ici

La porte s'ouvrit et un groupe de trois adolescents entra. Remus s'avança pour les saluer. Severus lança un bref regard sur les nouveaux arrivants et l'un d'entre eux captura son attention. Il donna un trousseau de clés à son patron et ils s'en allèrent. Remus revint vers lui et posa le trousseau dans un coin et intercepta le regard de son employé sur l'adolescent et l'encouragea à poser La question.

-C'est…

- Oui, le fils de James

- Mais Black m'a dit que je ne verrais aucun autre maraudeur

- C'est le cas, Sirius est son tuteur, d'ailleurs cet abruti avait oublié ses clés chez lui, je ne m'étonne pas que tu ais vu la ressemblance

- C'est le portrait craché de son père

- Avec les yeux de sa mère

Snape l'observa avec une lueur curieuse dans ses yeux noirs, pas une curiosité mal placée, juste savoir ce qui est arrivé à des anciens camarades, sans pour autant oser en demander plus.

- James et Lily ont eu un accident il y a dix ans qui leur a été fatal, Sirius a été nommé tuteur légal

- Je suis désolé, je n'aimais pas beaucoup Potter, ok je le détestais, mais je ne voulais pas sa mort, ni celle de Lily d'ailleurs

- C'est du passé tout ça, la vie suit son cours, même si ils nous manquent

Remus alla prendre les commandes d'un groupe de femmes qui venait d'entrer au moment où Sirius rentra la mine joyeuse, content d'avoir trouvé les ampoules, et c'est tout fier qu'il tendit l'emballage à son meilleur ami.

- Ryry est venu, il t'as rapporté tes clés que t'avais oublié

Sirius fronça les sourcils et eu un regard rapide pour l'homme en noir qui s'occupait des quatre cafés commandés, Remus haussa des épaules voulant dire que oui il l'avait vu, oui il avait fait le rapprochement mais qu'il n'y avait pas de quoi s'en faire, après tout, c'était inévitable.

L'homme d'affaire retourna à sa place sur les chaises en hauteur et détailla son ancien camarade de classe. Dans ses souvenirs Snape était un adolescent passant son temps tout seul, un sale caractère et un physique peu avantageux. Devant ses yeux, l'adolescent était à présent un homme, les épaules carrées, plutôt grand, des vêtements noirs allant avec ses cheveux noués élégamment au dessus de sa tête et ses yeux de la même couleur. Son nez était toujours aussi pointu, son teint toujours blanc, pas un bel homme mais à travers son regard on pouvait sentir qu'il savait ce qu'il voulait, qu'il était fier et qu'on ne pouvait pas le mener en bateau comme bon nous semblait. Ce simple point le rendait séduisant aux yeux de Sirius.

- T'es marié ?

- Quoi ? Severus concentré sur sa tâche avait sursauté à la question inattendue.

- Je te demande si tu es marié

- Non pourquoi ?

- Un copine ?

- C'est quoi ces questions ?

- Juste pour savoir

- Pour savoir… Non, non, je suis célibataire

- Moi aussi

- Grand bien te fasse Black, railla Snape, mais tu m'as quand même habitué à avoir une petite dizaine de groupies à tes pieds juste en claquant des doigts

- Je m'en suis vite lassé

- Non, sérieux ? Où est passé le vrai Sirius Black ? Je veux qu'on me rembourse là, ya erreur sur la marchandise

- Très drôle

- bon, ça vous dirait pas de vous bouger un peu ? La salle commence à se remplir et je vais pas tout faire tout seul.

Sirius partit prendre les commandes pendant que Severus restait au bar pour préparer les breuvages sur des plateaux que les deux amis amenaient. Ils s'exécutèrent de cette façon jusqu'à la fermeture prévue à environ vingt-deux heures trente.

ooo

Severus s'affala sur son canapé, complètement crevé. Son chat l'accueillit en se frottant doucement contre ses jambes en ronronnant et l'homme le prix délicatement dans ses bras pour l'amener à la cuisine où il lui remplit sa gamelle de croquettes.

S'il avait su qu'en l'espace de quelques heures il serait replongé si brutalement dans ses années lycée… Peut-être qu'au final ce n'était pas une si mauvaise chose, les deux hommes qu'il avait retrouvés dix-sept ans après n'étaient pas les ados arrogants qu'il avait connus et ils n'en étaient que moins désagréables.

De toute façon il était revenu à Paris pour ça, arrêter de fuir. Ces nombreuses années passées à l'étranger lui avaient amené beaucoup, peu de gens pouvaient se vanter d'avoir été dans autant de pays, mais au final son chez lui c'était ici. Il y était né, y avait grandi, toujours en solitaire mais c'était toujours ça.

A la mort de sa mère, à la suite d'un coup de trop de son père, il en était arrivé à détester cette ville qui lui rappelait tout ce qu'il était, ou plutôt n'était pas. Son paternel croupissait en prison depuis bien longtemps, il faudrait qu'il voie un jour s'il n'était pas mort, dans ses souvenirs il en avait pris pour vingt ans, pour meurtre et violence sur sa femme pendant de nombreuses années. Il n'était pas vraiment pressé non plus.

Il se mit en caleçon et s'effondra sur son lit sans prendre la peine de passer un pyjama et il s'endormit presque aussitôt, le chat calé contre son flanc pour rechercher la chaleur.

Severus fut réveillé par la voix d'une femme qui pestait contre ces célibataires incapables de ranger quoi que ce soit, nan mais c'était pas possible y en avait vraiment partout… L'homme attrapa le premier oreiller qu'il eut sous la main et l'écrasa sur sa tête pour ne plus avoir à entendre cette emmerdeuse. Même pas moyen d'être tranquille un dimanche matin.

- Severus !!!! Réveille-toi, tout de suite !!!

L'homme bondit de son lit, et avança d'un pas rageur vers le salon.

- Narcissa, je peux savoir ce que tu fous ici, un dimanche matin, à même pas neuf heures ?

- Mais qu'est ce que c'est que cette tenue Severus ?

- Je suis chez moi à ce que je sache, j'ai encore le droit d'être habillé comme je le souhaite, et même à poil si j'en ai envie.

- Ça va, pas la peine d'être grossier, je suis venu te dire que Lucius t'as trouvé un boulot et que tu dois être à l'agence le plus tôt possible, alors vas t'habiller tout de suite

- C'est pas la peine

- Puis-je savoir pourquoi ?

- Parce que j'en ai déjà trouvé du boulot, je suis serveur dans un café

La femme le regarda comme s'il avait dit une ineptie puis éclata d'un rire cristallin.

- Severus tu me feras toujours rire. Dieu te garde d'avoir une idée pareille un jour.

Le brun lui fit comprendre d'un regard qu'il était parfaitement sérieux et mit la machine à café en marche avant de s'assoir à la table de la cuisine. Narcissa le suivit en pinçant les lèvres.

- Mon pauvre ami, tu es complètement fou, je t'offre une chance d'avoir un métier qui te permettra de vivre une vie confortable et toi tu préfère jouer au garçon de café

- C'est exactement ça, lui répondit l'homme en baillant d'une manière fort peu élégante.

- Alors tu refuses ?

- Tu diras à Lucius qu'il est bien gentil mais j'ai envie de vivre ma vie comme je l'entends, j'en ai marre de courir le monde, marre de ses affaires pas claires, j'ai envie d'une vie simple et tant pis si je peux pas m'acheter une piscine ou le dernier plasma du marché.

- Mais…

- Pas de mais, j'ai décidé que ce serait comme ça, j'ai trente-cinq ans, je suis encore capable de décider de ce qui est bon pour moi.

Narcissa regarda son ami et comprit qu'il était sérieux. Depuis toutes les années où elle le connaissait elle avait au moins compris une chose, Severus Snape faisait ce qu'il avait décidé et pas autre chose. Elle s'assit sur la chaise à ses cotés et lui caressa la joue pour lui faire comprendre qu'elle n'insisterait pas et il lui répondit par un sourire.

- Bon, eh bien je vais annoncer la nouvelle à Lucius, ne t'étonne pas s'il essaie de te dissuader de ta décision, il ne veut que ton bien rappelle toi. Passe à la maison quand le cœur t'en dira, Draco aimerait bien voir son parrain de temps en temps. Et puis en passant, fais un peu de ménage ici, ça sent le mammouth.

Après lui avoir fait deux gros baisers sur chaque joue, elle le laissa seul en pleine méditation sur sa tasse de café. Après avoir bu le liquide amer il avait déjà les idées plus claires et regarda autour de lui, en effet Narcissa avait raison, son appartement était un vrai foutoir.

Au cours de la matinée, les journaux de petites annonces furent jetés sans regret, les cartons furent enfin déballés sur les étagères et dans les armoires, l'aspirateur fut passé dans toutes les pièces, et tout ça à grand renfort de « Nausicaa arrête de traîner dans mes jambes » et de « Non, l'aspirateur n'est pas un nouveau jouet » froidement déclarés au chat noir qui avait décidé de profiter un maximum de son maître tout en découvrant que si on mettait la patte sous l'aspirateur, eh ben ça aspirait. Tout en brossant pour la cinquième fois le canapé en tissus sur lequel Nausicaa venait à nouveau de se frotter en essayant d'attraper les cheveux lâchés de Severus avec ses pattes, celui-ci se demanda pourquoi il avait fallu qu'il tombe sur un chat aussi joueur et affectueux. Les chats n'étaient pas censés être indépendants et paresseux ? C'était à n'y rien comprendre.

Nausicaa lui avait été offert par la propriétaire de l'appartement qu'il louait à Saint-Pétersbourg, elle lui avait dit qu'elle se désolait de le voir seule et qu'au moins avec un chat il aurait de la compagnie. Une brave femme mais tout de même un peu collante. Et puis ce chat arrêtait pas de ronronner, et pas seulement quand il voyait à manger ou qu'on le caressait, à peine Severus rentrait t-il dans l'appartement que la tronçonneuse était en marche. Bon, il s'en plaignait beaucoup mais il devait bien avouer qu'il commençait à s'y attacher à cette boule de poil qui grossissait à vue d'œil passant de l'état de chaton à matou.

C'est avec un bon traité de chimie et Nausicaa sur les genoux à réclamer des papouilles qu'il passa la journée, la première où il était enfin serein. Il avait un boulot, il était chez lui, tout allait pour le mieux.

ooo

- Il est où Harry ?

- A une rencontre amicale de basket

- Il aime ça le basket, tout à fait son père au même âge.

- Pitié qu'il me dise pas qu'il veut devenir basketteur pro, je veux pas avoir des cheveux blancs avant l'âge

- Tiens, t'en aurais pas un là ? Mince Sir' t'en a un sur la tempe

- Quoi ????? C'est pas vrai, ça peut pas être vrai !!!! Mumus c'est pas bien de te foutre de moi

Remus éclata de rire en voyant le soulagement de son meilleur ami en voyant dans le miroir de l'entrée que non, il n'avait aucun cheveu blanc et qu'il était toujours aussi jeune. Son filleul étant de sortie, Sirius avait demandé l'asile à son ami pour la journée, il n'aimait pas rester tout seul, et puis lui le basket c'était pas sa tasse de thé. Les matchs officiels ok, mais les rencontres amicales il laissait ça à Hermione qui venait pour encourager son rouquin d'amour.

- Alors Mumus, quand est ce que tu nous présente une jolie fille avec qui tu auras de jolis enfants ?

- Tu peux bien parler, toi aussi t'es célibataire

- Mais on parle pas de moi, on parle de toi là

- Et bien on va changer pour une fois. Tu sais ce que tu vas faire ?

- Faire pour quoi ?

- Bah pour Snape

Sirius manqua de recracher la gorgée de café qu'il venait de prendre et son ami leva les yeux au ciel.

- Pourquoi tu crois que je vais faire quelque chose ?

- Je ne sais pas, peut-être parce que depuis le jour où tu t'es rendu compte que si tu lui cherchais la merde au lycée c'était parce que tu éprouvais des sentiments pour lui et tu ne l'as pas oublié depuis, que hier quand tu le matais alors qu'il faisait le café tu te disais « mais quel charisme, il est trop bô », ou alors parce que tu n'as jamais réussi à rester avec quelqu'un plus de quelques mois sans que ça coince de ton coté niveau sentiments et que tu rêvais secrètement de le revoir sans pour autant oser le rechercher pour lui faire une déclaration enflammée ?

- T'en rajoute pas un peu ?

- Ok j'exagère. N'empêche que hier tu le matais sans vergogne, et que je suis sûr qu'il te plait.

- C'est vrai qu'il est séduisant à sa manière

- Oui, vraiment à sa manière… ricana Lupin

- On t'a pas sonné, toi et James avez toujours eu quelque chose à redire à mes gouts de toute façon.

- Mais on les a toujours respectés si tu te souviens bien. Et ne nie pas que cette attirance pour Snape n'est pas nouvelle.

Sirius haussa les épaules et contempla avec passion son café. Non, ce n'était pas vrai, ses meilleurs amis n'avaient pas toujours respectés ses gouts. Remus n'était pas au courant mais un jour il s'était lancé, il avait tout raconté à James, de son homosexualité à son attirance pour le garçon moche aux cheveux gras qui n'était pas capable de faire un seul sourire. James Potter avait été élevé dans une famille que l'on pourrait qualifier de conventionnelle, chaque chose à sa place et une place pour chaque chose. Et selon lui, un homme allait avec une femme, il ne pouvait pas en être autrement. Une dispute avait éclaté, James prenant mal le fait que son propre meilleur ami soit une tapette et Sirius étant déçu de sa réaction. Il avait eu droit à toute sorte d'insultes, lui brisant les unes après les autres le cœur et ils ne s'étaient plus reparlé pendant près d'un mois et demi. Remus ne pouvait pas être au courant de cette histoire car à l'époque il était parti pendant deux mois en Angleterre pour perfectionner son anglais, un petit séjour offert par ses parents pour le féliciter de l'obtention de son baccalauréat.

Durant le temps de leur dispute, Sirius s'était retrouvé seul, en colère mais également extrêmement triste, sans personne à qui parler. Il avait commencé une dépression, ses parents ne sachant plus quoi faire et de toute façon ce n'était pas comme s'ils en avaient vraiment quelque chose à faire, c'était sa crise d'adolescence, ça lui passerait, et au moins il restait calme à la maison plutôt qu'à passer son temps dehors avec ses amis douteux. C'est Regulus, son petit frère, alerté par le fait que son frère semblait maigrir à vue d'œil et ne sortait plus de sa chambre, qui se décida à agir et à aller parler au meilleur ami de son frère qui ne semblait plus donner de nouvelle.

James s'était décidé, il était venu voir Sirius, il lui avait fait des excuses, lui avait dit qu'il l'aimait comme un frère et qu'il acceptait ses choix si ça lui permettait de ne pas le perdre. Ils étaient restés de longues heures à s'expliquer, à pleurer, à s'excuser, à faire des compromis. James l'avait persuadé de se remettre à manger, il lui avait dit que même si ses choix étaient peu communs il n'était pas anormal et il était digne d'être aimé, ce dont Sirius lui avait avoué se douter de plus en plus. Leur amitié n'en était ressortie que plus forte bien que le sujet de l'homosexualité soit devenu tabou, sans parler de son attirance pour Snape qui n'avait même pas existé pour James qui ne voulait tout simplement plus entendre parler de ce « bâtard aux cheveux gras ».

Au retour de Remus, ils avaient fait la fête comme s'il ne s'était rien passé et la vie avait repris son cours, James sortait avec Lily Evans, Sirius sortait avec plusieurs filles mais aucune ne lui plaisait, elles étaient fades et il leur manquait quelque chose. Il n'osait pourtant pas sauter le pas et sortir avec des garçons, sentant que ce serait comme une trahison envers son meilleur ami.

A sa mort, tous avaient été très marqués et sans Remus et Harry, il ne serait plus là. Son ami l'avait secoué, il lui avait dit que les services sociaux lui reprendraient l'enfant s'il continuait à boire, que ce gosse avait besoin de quelqu'un sur qui compter, qu'il ne devait pas faillir à sa mission puisque James et Lily lui faisaient confiance. Alors il s'était secoué, ce jour là il avait vidé dans l'évier toutes les bouteilles d'alcool, il avait fait le ménage de font en combe et il avait été chercher Harry au foyer où il séjournait depuis l'accident et il lui avait construit une vie, sans chercher à remplacer ses parents, ça c'était pas possible, juste être là pour ce petit garçon qui en grandissant ressemblait de plus en plus à son père.

Une fois, il était rentré dans un bar gay et il avait fini dans la voiture d'un mec, comme il l'avait fait tant de fois mais avec des filles. Ils avaient été chez l'homme, ils s'étaient embrassés et avaient fini par coucher ensemble. Pendant l'acte Sirius n'avait cessé de penser qu'il était un traître, que James le mépriserait s'il était encore vivant et il se surprit à espérer cela, il espérait que James débarque, qu'il l'insulte, qu'il lui dise que c'était contre nature, qu'il le frappe même. Mais James ne débarqua pas, il était mort et Sirius pouvait coucher avec tous les hommes de la Terre il ne viendrait jamais l'arrêter. Malgré ces pensées désespérées, il avait aimé coucher avec cet homme et ne voulait plus se voiler la face, il était gay et vivrait avec, il s'était résigné à vivre d'une manière que son meilleur ami désapprouvait.

Alors il couchait à droite, à gauche, et ne se calma que quand il faillit vraiment perdre Harry à la suite d'une visite de l'assistante sociale. Heureusement Remus était avec Harry quand elle avait débarqué, n'ayant plus de nouvelles des deux garçons depuis un moment il était passé, oui Sirius n'était pas là mais il lui avait demandé de le garder quelques heures le temps de régler un problème au boulot. L'assistante sociale avait alors fait remarquer le manque de propreté de l'appartement et la bouteille de Whisky vide qui trainait sur la table de la cuisine. Ils avaient eu très peur cette fois là mais ils avaient réussi à garder Harry de justesse et Sirius s'était promis de ne plus se conduire comme ça. Il aurait des aventures mais rien qui nuirait à la vie d'Harry, ce gosse méritait d'être heureux, merde.

Au fil des années, il avait appris à vivre avec la douleur due à la perte de son ami. Il ne pouvait pas l'atténuer ni la faire disparaître, mais il la supportait. Il ne couchait plus par dépit, il avait même eu quelques relations plus sérieuses mais rien de bien approfondi, sa priorité c'était Harry.

- Comment tu peux deviner aussi bien ce que je pense, demanda t-il finalement

- Je te connais, je lis en toi comme dans un livre ouvert

- Soit, mais de toute façon, il n'est pas question que je m'amourache de Snape

- James ne serait pas contre, il ne voudrait que ton bonheur

- Qu'est ce que tu en sais ? Marmonna Sirius, et puis pourquoi ce serait James le problème ?

- Parce que tu ne veux pas le trahir, mais réfléchis, il est revenu à toi une fois, il le ferait autant de fois qu'il le faudrait.

Sirius fronça les sourcils montrant son incompréhension à son ami qui soupira.

- Parce que tu crois que je ne suis pas au courant de ce qui s'est passé pendant mon absence l'été de nos dix-huit ans ? James est venu m'en parler après que je lui ai fait part de mon inquiétude. Tu étais maigre comme un fil de fer et tu avais l'air tellement fatigué que tes yeux en étaient noirs quand je suis rentré.

- Tu savais ?

- Bien sûr, d'ailleurs je me demandais sans cesse pourquoi tu t'obstinais à sortir avec ces greluches alors qu'elles ne t'attiraient pas pour deux balles. J'ai compris après que c'était pour ne pas que James te méprise une seconde fois.

- Tu as compris ça juste en me regardant ?

- Moui

- Tu m'impressionne.

- C'est vrai que j'ai été pas mal sur ce coup, ça va me regarde pas comme ça, je rigole. Bon, moi je te dis, arrête de te poser autant de questions, tu ne vas pas vivre toute ta vie en te demandant si James aurait approuvé ou non, trouve celui qui te rendra heureux et si c'est Snape bah tant mieux, il est plus sympa maintenant qu'au lycée et il te plait.

- Encore faudrait il que je lui plaise moi aussi, qu'il soit gay et qu'il ne voit pas en moi le petit connard arrogant que j'étais.

- Rappelle moi Qui pendant les soirées agit comme un aimant pour hommes et femmes juste en faisant un sourire charmeur ? Comment voudrais-tu ne pas lui plaire ? Pour le fait qu'il soit gay, t'inquiète, je l'ai assez surpris à mater les fesses de Lockart pendant le cours de sport pour ne pas me tromper, il joue dans ton équipe, et enfin, pour qu'il ne te voit plus comme un petit con arrogant, c'est simple, démontre lui le contraire.

- En bref ?

- Séduis-le

ooo

La semaine avait passé, Snape s'était habitué au café. Avec Lupin et Clément ils avaient organisé leurs horaires, s'arrangeant pour être toujours au moins deux, voire trois le soir quand il y avait affluence, sans pour autant y passer toute la journée.

Il s'était surpris à presque apprécier son ancien ennemi, son patron l'accueillant chaleureusement tous les jours, plaisantant avec lui, sans rancune ni rancœur par rapport aux événements passés. Et finalement, il était sûr que ce travail que Lucius lui avait trouvé ne lui aurait pas apporté autant de bien-être.

Vendredi soir, Severus restait au bar pendant que les deux autres servaient dans la salle. C'était une place qui lui convenait très bien, au moins il n'était pas obligé de se coller en permanence un sourire faux sur le visage. Quand il n'avait rien à faire il se laissait bercer par la musique douce qui s'élevait des enceintes derrière lui, Bob Dylan, Knocking On Heaven's Door s'il ne se trompait pas. Lupin lui avait expliqué que c'était Sirius qui créait les compilations qu'il passait ici. Il mettait surtout des classiques folks ou Rock, n'appréciant pas les derniers tubes de la radio qu'il jugeait peu originaux et plus commerciales qu'autre chose.

Alors qu'il servait une bière pression à un client du bout du comptoir, une nouvelle chanson plus entraînante commença et il se déhancha doucement au rythme de la musique, sans vraiment s'en rendre compte.

- Tu aimes Lynyrd Skynyrd ?

Il se tourna vers son interlocuteur et s'il fut surpris de se retrouver devant Black il n'en montra rien. Il attrapa une choppe et la remplit de bière avant de la tendre à l'homme d'affaire qui l'attrapa avec un sourire éclatant.

- Alors, ça te plait de travailler ici ?

- Ça va

- Pas trop durs les horaires ?

- Il faut ce qu'il faut

- Tu viendrais dîner avec moi un de ces soirs ?

Severus fronça les sourcils d'incompréhension et Sirius se sentit passé au scanner infrarouges, les yeux noirs de son vis-à-vis semblant apparemment rechercher ce qui s'était passé dans la tête de ce cabot pour qu'il lui fasse une proposition pareille.

- Y a pas de piège Snape

- J'ai du mal à saisir

- Bah c'est simple, je t'invite à dîner, tu réponds oui, et un de ces soirs on passe une bonne soirée, répondit Sirius avec un sourire enthousiaste un peu crispé

Le serveur le dévisageait toujours autant mais cette fois ci avec une lueur amusée dans les yeux.

- Tu demandes ça à un mec que tu as détesté pendant plus de sept ans ?

- On pourrait repartir sur de bonnes bases, commencer par être amis

- Commencer ? Et y'aurait quoi après ?

Sirius jura dans sa barbe et grommela un « je reviens » avant de quitter sa place pour partir à la chasse au Mumus. Il le trouva dans la réserve en train de se charger du ravitaillement de café, pestant contre un paquet de déca qui s'était fracassé au sol.

- Tiens, Sirius, tu viens donner un coup de main ?

- Remus ça craint

- Qu'est ce que t'as fait encore ?

- Je l'ai invité à dîner

- Et il a dit non ?

- Il a rien répondu…

- Met toi à sa place, son ancien ennemi lui balance ça de but en blanc, je comprends qu'il ait été étonné. Passes moi la balayette faut que je ramasse ce café, yen a partout…

- Qu'est ce que je dois faire Mumus ???

- Tu te démerde, je travaille moi. On verra tes affaires de cœur plus tard, et ne gêne pas mes employés dans leur travail.

Sirius s'en alla en grommelant, si même les amis le laissaient tomber, où allait le monde… Il rejoignit sa place au comptoir et attendit que Snape ait terminé de servir les nouveaux clients. Ce dernier le rejoignit quelques minutes plus tard, le visage inexpressif tellement snapien que le cœur de l'homme d'affaire fit un bond dans sa poitrine, ah souvenirs, souvenirs…

- Alors Lupin t'as donné plein de gentils conseils pour te sortir de la situation, déclara t-il pince sans rire.

- Que dalle, tu parles d'un ami…

Il rêvait ou le serveur venait d'esquisser un sourire sans sarcasme ni moquerie? Juste une petite traction des zygomatiques au coin des lèvres mais un sourire. C'était beau quand Snape souriait.

- Alors, tu accepte ?

- Si je ne te connaissais pas, je penserais que tu me propose un rencard.

- C'est un peu ça… marmonna Sirius plus pour lui-même que pour son interlocuteur

- Je croyais que ton genre c'était plutôt bombe à gros seins plutôt que pectoraux et service trois pièces.

- Faut croire que le temps m'a changé… Bon, tu décide quoi ?

- Peut-être une autre fois

- C'est un non ?

- Non, c'est un « redemande une autre fois et on verra », trancha Severus, faisant comprendre que la conversation était terminée, et il s'en alla servir les clients.

Sirius eut un sourire vainqueur que le serveur intercepta en levant les yeux au ciel, bah quoi ? Il avait pas dit oui mais il avait pas dit non non plus…


à suivre...


J'espère que ça vous a plu, à bientôt :p