CHAPITRE XXI

« Rachel ? Elle est où ? » La panique commençait à la gagner. Elle sentit ses bras puissants l'enlacer un peu plus, l'empêchant de fuir.

« Je l'ai mise dans son parc, elle a tout ce qu'il lui faut. Elle peut rester un peu seule, pendant que je m'occupe de ton cas. » Sur ce, il la poussa légèrement, la bloquant entre lui et le mur de faïence.

Elle se laissa faire, visiblement rassurée. Il repartit à l'assaut de son corps.

Après un séjour au paradis sucré de ses lèvres, direction la montagne. Sa peau avait un arrière-goût d'amande douce qui n'était pas pour lui déplaire. Il s'évertua à la combler, mordillant, embrassant, suçotant les zones les plus sensibles de sa poitrine. Rapidement, son souffle devint court, ses gémissements de nouveau audible. Il se redressa et l'embrassa. Il ouvrit furtivement les yeux. Ses traits reflétaient la luxure et le désir le plus total. Et il devait bien avouer qu'il n'était pas de marbre. En fait si... il agrippa sa maitresse par les fesses et tenta de la soulever. Elle ne se laissa pas faire, ouvrant les yeux et plantant son regard azur dans le sien. Elle avait quelque chose d'espiègle en elle. Et il savait qu'il allait en faire les frais.

Elle le poussa, le bloquant contre la paroi opposée de la douche. De par sa petite taille, elle n'eut aucun mal à embrasser son cou, puis son torse. Et elle continua en descendant de plus en plus bas. Arrivée à hauteur de son tatouage, elle y donna un grand coup de langue, remontant tout le long de la marque noire. Il agrippa fortement son épaule, se sentant défaillir sous ses assauts. Elle leva la tête vers lui, lui fit un clin d'œil et continua à descendre. Toujours plus bas. « Oh » gémit-il quand elle l'enveloppa de sa bouche. Le mélange de l'eau tiède ruisselant sur son corps et de ses lèvres bouillantes l'amenait petit à petit vers le Nirvana. Il n'allait pas tenir bien longtemps et il le savait. Il la saisit par les bras et la força à revenir à lui.

Aussitôt, il la plaqua de nouveau contre l'une des parois de la douche. Elle étouffa un petit cri de douleur. Son dos était entré en contact avec la barre de maintien. Saisissant l'opportunité, il la souleva, l'asseyant partiellement sur l'objet. Il redoubla de passion et de douceur dans ses baisers comme dans ses caresses. Et dans un élan d'ardeur, il écarta ses jambes et se plaça entre elles. Il la titilla quelques instants, voulant être sûr qu'elle était prête. Ses gémissements suppliants et sa façon de lui agripper les fesses, approchant tant qu'elle pouvait son bassin du sien, ne laissaient aucun doute sur ses intentions. Alors, doucement, il s'insinua en elle. Elle laissa aussitôt échapper un long râle rauque. Il la regarda intensément. L'avait-il blessé ?

Loin de là ! La bouche entre ouverte, les yeux mi-clos, les traits légèrement crispés, elle laissa passer un nouveau soupir. C'était... c'était... au-delà de toute description. La chaleur l'avait soudainement envahi. Le plaisir pur et intense dès le tout premier mouvement. Cette sensation... elle avait l'impression que sa sensibilité était décuplée. Elle pouvait sentir chaque centimètre de lui, chaque ondulation, chaque oscillation. Une pensée vint alors brouiller son esprit. Comment se faisait-il qu'elle n'ait jamais ressenti ça ? Cette extase de le sentir en elle. Pleinement, totalement.

« Merde ». Gémit-elle en posant sa tête au-dessus de la sienne. Assise sur la barre, elle avait gagné en hauteur. « Merde ! » murmura-t-elle plus fort.

« Je ne te savais pas si, aaaah, si vulgaire. » Balbutia-t-il contre ses seins. Il la sentit saisir ses cheveux. Agripper serait plus juste. Il leva la tête vers elle.

« La capote. » Dit-elle entre deux coups de reins.

Tout s'expliquait ! Cette immense sensation de chaleur. Ce bien-être, cette extase ! Cette sensation de liberté. Le bonheur d'apprécier chacun de ses mouvements, pouvoir ressentir la vibration des soupirs. Et cette moiteur autour de lui. Tout s'expliquait.

« On s'en fout. » Marmonna-t-il en enfouissant son visage dans son cou. Le suçotant, le mordillant. Non, vraiment, il ne voulait pas s'arrêter. Et encore moins devoir se chapeauter. Il avait oublié ce qu'était faire l'amour au naturel. Sans barrière de latex. La dernière fois qu'il avait connu cela ? Il était encore en couple avec Stacy. C'était dire... non, avec les autres femmes, celles de passages autant que celles qu'il payait pour passer il avait été d'un sérieux à toute épreuve. Il ne craignait rien. Et vu le sérieux de dame Cuddy, il se doutait qu'il en était de même pour elle. Non, il ne voulait pas s'arrêter, pas maintenant.

« Non. » Gémit-elle. Elle aurait aimé s'en foutre. Pouvoir partager ce vrai corps à corps avec lui. Mais à présent qu'elle savait, elle ne pouvait plus en faire abstraction. « J'oublie sans arrêt ma pilule. » Murmura-t-elle, honteuse. Le rapport non protégé en lui même ne lui faisait pas vraiment peur. House voyait des prostituées, mais elle le pensait suffisamment intelligent pour ne pas compromettre sa santé. Et il n'avait jamais tiqué quand elle lui avait demandé de se couvrir. Et elle. Elle ne se souvenait même plus la dernière fois qu'elle n'avait pas eu à utiliser un préservatif. Dix ans, au minimum. Non, elle voulait continuer sur cette voie. Ces sensations décuplées. Elle se savait au bord de l'Éden, aux portes du Paradis. Mais, ces derniers temps, ces derniers jours, elle n'avait pas été très sérieuse avec son contraceptif. Et faire un enfant, maintenant, avec House... « Arrête » dit-elle, tout à fait non convaincante.

« Laisse-toi aller. » Exigea-t-il avant de saisir ses lèvres. Il voulait arrêter de penser, faire en sorte qu'elle arrête de penser à son tour et se concentrer sur l'instant présent. Il la sentit gémir sous sa bouche et intensifia ses va-et-vient. Il voulait absolument la combler avant de penser à comment ne pas la mettre enceinte. À son plus grand désarroi, elle ne se laissa pas faire.

Se tortillant, elle réussit à poser ses pieds sur les hanches de son amant et le repoussa en arrière. Il grogna de frustration et la fusilla du regard. Elle faisait ça pour leur bien, se rassura-t-elle. Elle coupa l'eau et ouvrit la porte de la douche. Elle sortit de la cabine sans prendre la peine de s'essuyer, laisser de l'eau dégouliner sur le sol. Elle ouvrit un tiroir de son placard et en sortit une petite boite. Elle tendit l'objet de la discorde à son amant qui s'obligea.

Une serviette s'abattit sur ses épaules, la prévenant du froid. Des mains fermes saisirent sa taille et la soulevèrent, l'asseyant sur le lavabo. Sans plus de préliminaires, il reprit sa position initiale. Seulement cette fois ça n'avait rien à voir. Le charme avait été rompu, tout comme ses bonnes dispositions. L'humeur coquine, envolée. Et puis cette sensation de frottement entre eux était limite désagréable. Elle ferma les yeux, s'appuyant sur ses poignets. Comment avait-elle pu être aux portes de l'orgasme quelques instants auparavant et se retrouver désormais à attendre que ça passe ? Non, vraiment c'était frustrant. Elle regarda autour d'elle. Concentrée sur tout sauf sur l'homme qui se mouvait en elle. La douche. Quelle bonne idée. Elle avait de nouveau l'impression d'avoir vingt ans. Forniquant dans toutes les pièces de la maison, testant, découvrant. Avide de sensation nouvelle. Elle aimait ça. Elle se sentait vraiment vivante, vraiment femme. La douche... elle se revit, agrippée sur la rambarde, bougeant en rythme avec lui, essayant d'étouffer ses gémissements de plaisir. Elle sourit. Merci le plombier ! Elle avait longtemps voulu enlever cette rambarde, installée par la précédente propriétaire, s'y cognant tous les matins en entrant dans la douche. Il lui avait déconseillé, lui expliquant qu'elle devrait refaire tout le carrelage, et par conséquent toute la tuyauterie. Jamais elle n'aurait imaginé qu'elle puisse lui être autant utile.

Il était énervé, frustré, dégouté! La totale. Elle était ailleurs, complètement désintéressée par ce qui se passait en elle. L'envie l'avait quitté en quittant la douche. Il aurait dû insister. Au moins la combler. Il s'en voulait. Il lui en voulait aussi. Que faire pour faire renaitre la flemme ? Il déposa quelques baisers dans son cou, sur le haut de ses seins. Elle s'avachit un peu plus sur le lavabo et tourna la tête vers la douche. Ce n'était pas gagné... il eut envie d'arrêter, d'abandonner. Mais l'égoïste qui était en lui se dit que ce n'était peut-être pas perdu pour tout le monde. Il entreprit alors de chercher une position, un rythme qui le satisfasse pour en finir au plus vite. Ça ne servait à rien de la faire languir, à part peut-être finir par la blesser.

Elle se concentra sur ses souvenirs. La douche. Son fantasme se précisant, l'excitation revint peu à peu. Elle remua son bassin, cherchant à calquer ses mouvements et à trouver, peut-être, un peu de plaisir.

Il en avait marre. D'autant plus qu'à présent elle bougeait en rythme avec lui, comme pour lui dire, aller dépêche-toi. Première fois que ce serait aussi nul. Pour lui, comme pour toutes les femmes qu'il avait connues. Il s'appuya sur sa jambe valide, se mouvant en elle. Et alors qu'il ne s'y attendait plus, qu'il avait perdu tout espoir. Elle gémit. Un long soupir de plaisir, suivi aussitôt par des dizaines d'autres. Il ouvrit les yeux, surpris. Elle était appuyée sur ses coudes, totalement allongée sur le plan de travail, les yeux clos. Elle semblait emprise à une intense réflexion, plaisante méditation. Il se demanda ce qui pouvait bien autant l'attiser, espérant faire partie de ses pensées. Quoi qu'il en soit, cette fois, il n'allait pas laisser passer sa chance. Il glissa sa main sur son bas ventre, intensifiant le contact sur son clitoris. Il la vit se mordre les lèvres, et, quelques instants plus tard, prononcer quelques incohérences lui signifiant qu'il avait atteint son but. Il put alors penser à lui, et à son propre plaisir. Et la rejoint quelques instants plus tard dans les abysses de la luxure.

Il la contempla pendant qu'elle s'habillait, enfilant un pantalon de jazz et un t-shirt griffé AIDS, ça ne s'invente pas.

« T'es vraiment trop conne. » Il finit par lui dire, agacé.

Elle le regarda, pantoise. Quelle mouche avait bien pu le piquer, encore. « Pardon ? » parvint-elle à marmonner.

« Tu crois vraiment que tu risques de tomber enceinte ? » un léger énervement avait remplacé l'agacement.

« Maintenant, non. » Répondit-elle sur le même ton, ne sachant pas bien où il voulait en venir.

« Non mais je dis ça parce que, en tant que médecin, tu dois bien te douter que si tu n'es pas tombée enceinte en faisant des FIV, en soumettant ton corps à de très fortes doses d'hormones, il n'y a vraiment pas de risques que ça t'arrive comme ça. » Il y avait aussi un petit air de moquerie dans sa voix.

C'est à ça qu'il voulait en venir. Humiliation, déception. Quel connard. Il ne changerait donc jamais. Pas qu'elle avait envie d'un chamboulement total dans son comportement. Mais un peu moins de méchanceté gratuite ne serait pas de refus. « Tu es vraiment un gros con ! » se contenta-t-elle de lâcher. House était House, et elle devait apprendre à l'accepter tel quel. Et puis, au fond, il n'avait pas si tord que ça.

Il se rendit compte que ses propos étaient tout à fait inappropriés et à la limite de la méchanceté. S'excuser. Ils n'en étaient pas encore à ce stade. Il se contenta de changer de sujet de conversation, et de déposer un petit baiser sur ses lèvres.

« Alors, dis-moi, à quoi tu pensais tout à l'heure ? Sur le lavabo ? » Elle soupira. Acceptation. Résilience. Elle se tourna vers lui, un petit sourire en coin.

« Ça, mon Coco, vas falloir être vraiment très, très sage pour le savoir... ». Il était pardonné. Pour cette fois-ci.

« Mais tu étais où ? Et pourquoi t'as les cheveux mouillés ? » Demanda Wilson à son ami. Il s'attendait à le trouver dans le salon, avachi devant la télé. Mais rien, personne. Et là, il réapparaissait, sortant de nulle part.

« J'ai pris une douche. » Répondit simplement le diagnosticien en s'asseyant derrière la table déjà dressée.

« T'as pris une douche, chez Cuddy ? Comme ça ? » Le cancérologue était un peu suspicieux. Et franchement surpris.

« Ben oui. Tu sais, même si c'est une vraie mégère, doublée d'une vieille fille, elle a quand même l'eau courante. » Lui assura-t-il, en levant les épaules.

« Mais pourquoi chez elle ? Ça ne pouvait pas attendre que tu rentres chez toi ? »

Il avait oublié à quel point il pouvait être pénible avec ses questions et ses suppositions. Il allait devoir changer de sujet, et vite. Mais avant, il lui répondit : « Ben non. Je m'emmerdais. Sa télé est en panne. Et j'avais mal à la jambe. » En tout cas, s'il n'avait pas mal avant, à présent la douleur ne pouvait plus passer inaperçue. Trop de sport aquatique. Il vit la culpabilité naitre sur le visage de son ami. Parfait !

« Comment ça, ma télé est en panne ? » demanda Cuddy en entrant dans le salon, Rachel dans ses bras. Wilson regarda avec attention ses cheveux également mouillés.

« Vous avez les cheveux mouillés. » Constata un Wilson perdu.

« Vous être vraiment trop fort, James. » Rigola la directrice. « J'ai même un scoop pour vous, l'eau, ça mouille. » Dit-elle en se penchant vers lui, posant une main sur son épaule, une petite moue sur le visage.

« Et même que le feu, ça brule ! » renchérit House, taquin.

« Oui, je sais et les oiseaux volent dans le ciel, patati, patata. » Répondit Wilson, énervé. « Vous étiez sous la douche ensemble ? » finit-il par demander, de but en blanc.

« Mais bien sûr... et la marmotte... » Répondit la directrice en souriant. Au fond d'elle, l'inquiétude grandissait. Durant trop d'années, il avait appris à les décoder, House et elle. Il allait les démasquer, c'était couru d'avance.

« Alors, comment ? » demanda-t-il en tapant du pied, leur montrant son impatience.

« Comment ? J'ai amené Rachel au bain. Pendant que je l'habillais, House s'est douché. Ce qui n'était pas un luxe, croyez-moi. » Elle en rajouta un peu, voulant rester crédible. « Et quand il est sorti, il l'a surveillé pendant que j'y allais à mon tour. Rien de bien mystérieux. » Énonça-t-elle.

« Tu as surveillé Rachel ? » s'écria l'oncologue, les yeux manquant de lui sortir des orbites.

Elle avait voulu la jouer fine, mais c'était sans compter le sens de l'observation de ce bon vieux Jimmy. Il se pencha vers son ami, prêt à rattraper le coup. « Alors surtout ne le dit pas à Maman Cuddy, mais j'ai mis le monstre dans son parc et j'ai piqué un somme dans le rocking-chair. Mais hé, pas un mot. » Fit-il en pressant son index sur ses lèvres. Wilson sourit amplement, il paraissait commencer à les croire. Mais rien n'était jamais gagné d'avance avec lui.

« Et au fait, ma télé ? En panne ? » Demanda Lisa, changeant stratégiquement de sujet.

Ouf, sauvé par le... par la directrice ! « Eh oui, ma brave dame. C'est tout gris tout partout ! Nada sur toutes les chaines. » Répondit-il en désignant l'objet de malheur.

« Ah. J'ai dû oublier de renouveler mon abonnement au câble. » Dit-elle de façon nonchalante, en se dirigeant vers la cuisine. House la regarda, ahuri, comment pouvait-on oublier ce genre de chose ?

Le repas se passa plutôt bien. House avait raconté leur semaine avec tout le sarcasme qu'on lui connait. S'étendant sur la phobie de l'eau de la directrice. La soirée au karaoké, ainsi que celle à la boite de nuit. Il s'amusa même à raconter les malheurs du pauvre Taub maintenu éveillé par les ébats de Fore-teen. Il avait juste omis de préciser qu'il en avait fait autant la nuit suivante. En fait, il avait tout particulièrement omis de raconter ses bons moments avec sa compagne. Son ami semblait enchanté par son récit. Et sa maitresse, elle, contemplait sa fille dormir dans ses bras. Oui, c'était une bonne soirée, comme il les aimait. Un peu de médisance, un brin de sarcasme, juste ce qu'il faut de mensonges et un bon diner. Et la présence de ses deux amis.

Une fois leur souper finit, les hommes félicitèrent la bonne idée qu'avait eue leur supérieure en proposant ce voyage, et ils partirent. Wilson avait dû adhérer à son récit, car il ne lui posa aucune autre question durant leur trajet, se contentant de raconter son week-end à lui avec Rachel. Il le déposa chez lui et partit. Ce que l'oncologue ne sut pas, c'est que son ami enfourcha aussitôt sa moto et repartit d'où il venait. Bien décidé à passer la nuit avec la femme qu'il aimait et à ne plus la quitter.