Ce chapitre est un essai sur un couple qui ne bénéficie pas d'une grande popularité, je parle du couple Envy x Winry. Ecrire sur eux n'est pas évident, je dois donc vous prévenir que les caractères risquent de ne pas coller à ceux du manga - c'est même plus que probable. Autre chose, j'utilise certains termes de l'univers de Fullmetal Alchemist en anglais, ayant lu le manga dans cette langue je suis plus à l'aise avec eux.

Voilà, j'espère que même si vous n'aimez pas trop ce couple, ce début d'histoire vous plaira. Donnez-moi votre avis et Bonne Lecture !

Quand le voile se lève

Chapitre I

Il serrait les poings, se contrôlant pour ne pas la frapper. Il devait la surveiller, juste la surveiller, ne pas la toucher, c'était les ordres, il devait les suivre, il les suivait -presque- toujours. Contrairement aux autres humains, elle ne s'était pas laissée submergée par la peur enfin, pas totalement. Une lueur de défi brillait dans son regard malgré la précarité de sa situation. Ligotée à une chaise, elle ne pouvait exécuter aucun mouvement, et pourtant elle lui tenait tête. Il serra les poings un peu plus fort. Il détestait le regard qu'elle posait sur lui, comme si elle, cet être insignifiant, lui était supérieure. Et comme si cela ne suffisait pas, elle ne cessait de s'inquiéter pour la peau de l'avorton et son armure de frère.

- Où sont Ed et Al? S'il leur arrive quelque chose, je jure que je...

- Mais tu vas la fermer oui! la coupa-t-il sèchement.

Le regard de la jeune fille ne se durcit que plus. Elle n'aimait pas qu'on lui crie dessus, elle ne le supportait pas. Grand-mère Pinako était la seule dont elle acceptait les remontrances et encore, ce n'était pas une vérité absolue.

- Où sont-ils? répéta-t-elle.

Malgré l'air sévère qu'elle affichait, elle craignait que sa voix ne trahisse ses vrais sentiments. La peur engourdissait ses membres plus que les liens. Les larmes qu'elle retenait depuis son réveil menaçaient de couler. Elle enfonça ses ongles dans sa chair non, elle ne lui ferait pas le plaisir de se décomposer devant lui.

- Ils vont bien au moins?

S'il voulait qu'elle cesse ses questions, il n'avait qu'à lui répondre. Ce n'était pas si compliqué. Elle ferma les paupières l'espace d'un bref instant. Elle avait d'abord cru faire un cauchemar, mais ses poignets et chevilles étaient bel et bien liés par des cordes rugueuses. Elle ne pouvait pas imagier cela avec autant de réalisme. Puis elle avait aperçu son ravisseur et la dangerosité de sa situation l'avait frappée de plein fouet. A peine plus grand qu'Edward, des cheveux verts, des yeux violets, des habits noirs – ne couvrant qu'un tiers de son corps, un tatouage sur la cuisse gauche. Etrange, complètement étrange. Mais rien de tout cela ne la stupéfiait plus que le dégoût qu'elle lisait dans ses yeux, les fixer sans ciller était une véritable épreuve. Ce qu'ils reflétaient lui donnait l'impression d'être répugnante, repoussante, horrible, une erreur de la nature même.

- Alors?

- Tu la fermes jamais, hein?

- Pourquoi est-ce que je suis ici?

Il soupira devant tant d'obstination.

- Alors? Pourquoi je suis ici? demanda-t-elle encore une fois.

Exaspéré, il écrasa son pied contre le sol et quitta la pièce sans un mot. Elle n'appela pas après lui, trop ahurie par le trou qu'avait créé son action. Bon sang, dans quoi était-elle engagée et surtout, contre qui?


- Interdiction de la toucher. Si elle meurt, c'est notre moyen de pression sur Fullmetal qui disparaît.

- De simples égratignures ne vont pas la tuer.

- Non, Envy. Winry Rockbell est un otage précieux. (Envy émit un grognement. Depuis quand les humains étaient-ils précieux?) Ne te défoule pas sur elle. C'est un ordre.

Envy raccrocha violemment. Il se sentait bouillir intérieurement. Wrath se ramollissait. Quelques ecchymoses lui permettraient de remettre cette humaine à sa place. Les paroles du Führer lui revinrent en mémoire «N'oublie pas de la nourrir surtout. Morte, elle ne nous sert à rien.» Envy se pinça l'arrête du nez. Ne pas la blesser, la nourrir, veiller sur elle, il était devenu une putain de baby-sitter.

La maison dans laquelle ils se trouvaient était inhabitée depuis plusieurs années, pouvait-il vraiment espérer trouver quelque chose qui ne soit pas périmé.

- Il a pas dit qu'elle devait pas être malade, grommela-t-il.

Il se dirigea vers l'ancienne cuisine dans l'espoir de trouver quelque chose, n'importe quoi, tant que cela pouvait passer pour de la nourriture. La pièce dans laquelle il pénétra était entièrement recouverte de poussière. Il n'y avait plus de réfrigérateur, ni de cuisinière. Quatre chaises entouraient une table en bois massif, les assises de deux d'entre elles étaient brisées, la table comportait de nombreuses entailles, comme si quelqu'un s'était acharné sur elle avec un couteau - aiguisé le couteau. Des placards, situés au-dessus de l'évier, et un buffet à trois portes complétaient la pièce. Envy décida de débuter ses recherches par le buffet. Il s'agenouilla et ouvrit les portes une par une, elles se brisèrent toutes dans ses mains. Il renifla dédaigneusement. Ces choses étaient comme les humains, faibles, inutiles, périssables... Ne trouvant rien qu'il puisse utiliser, il se dirigea vers les placards. Cette fois-ci, il saisit les poignées avec plus de délicatesse. Il se fichait de tout détruire, mais s'il devait rester dans ce taudis pendant quelques temps, autant qu'il ne le transforme pas en décharge.

- Il y a vraiment rien de rien. Merde! s'écria-t-il rageusement.

Il passa la main dans ses cheveux en soupirant. Il n'avait pas mille solutions. Il devait rejoindre le village pour acheter à manger. Il serra les dents. Ce à quoi il était réduit lui plaisait de moins en moins.

- Ils le paieront.


Depuis le départ du jeune homme, Winry gardait les yeux fermés. Elle sentait la fatigue prendre petit à petit le dessus sur sa volonté, mais si elle perdait conscience maintenant, se réveillerait-elle un jour? Jusqu'à présent, hormis les liens, rien ne lui avait été fait, elle était plus ou moins sauve. Comment pouvait-elle être sûre que cela allait continuer ainsi? Et s'il décidait de l'assassiner durant son sommeil? Et si... Elle se mordit violemment les lèvres, elle ne devait pas céder à la panique, cela ne la mènerait à rien. Elle devait rester forte, si ce n'était pour elle même, au moins pour ses amis d'enfance. Ils avaient dû passer par bien pire durant toutes ces années. Elle rouvrit les yeux, bien décidée à ne pas s'endormir.

- Si je savais où j'étais, ça pourrait déjà être pas mal, murmura-t-elle en étudiant ce qui l'entourait.

La pièce dans laquelle elle se trouvait était sans nul doute une chambre. 'A été plutôt', se corrigea-t-elle. De son ancienne fonction ne témoignaient plus qu'un sommier en mauvais état, une table de chevet bancale, et une armoire sans porte. L'endroit lui parut sordide. Une épaisse couche de poussière en recouvrait les moindres recoins. Des araignées avaient installé leurs quartiers un peu partout, leurs toiles pendaient du plafond, s'étendaient jusqu'au sol et s'étiraient par delà les quelques meubles. Les trous dans les plinthes étaient certainement l'œuvre de souris, peut-être même de rats pour les plus gros. Winry frissonna. Elle n'aimait ni les araignées, ni les souris et encore moins les rats. Mais ce n'était pas la présence de ces bestioles qui l'inquiétait le plus. Elle pouvait toujours les écraser, les envoyer balader d'un coup de pied, pas lui. Lui, elle ne pouvait pas lutter de cette manière, elle pouvait l'assurer sans même avoir essayé. Le trou qui subsistait dans le plancher confirmait ses pensées. Il n'avait pas eu l'air de se forcer pour le former non, c'était sa force naturelle, ou presque. En le voyant, elle avait eu l'impression qu'il se retenait pour ne pas totalement détruire le sol. Son regard était captivé par les planches brisées. Le bois était pourri, abandonné depuis trop longtemps, des insectes grouillaient parmi les fissures, des clous apparaissaient de-ci, de-là, tordus, rouillés. Absorbée dans sa contemplation, elle n'entendit pas les pas dans l'escalier, ni le grincement de la porte, elle ne le vit pas non plus s'approcher d'elle, et se rendit compte de sa présence uniquement lorsqu'il la gifla violemment.

- T'es devenue sourde ou quoi!

La surprise passée, elle le fusilla du regard. De quel droit la giflait-il ainsi!

- T'as pas trouvé d'autres solutions! hurla-t-elle pour toute réponse.

Durant un instant il ne sut quoi répliquer. Elle l'avait tutoyé sans aucune gêne, elle s'était adressée à lui si familièrement qu'il se sentit trembler de colère.

- Tu te prends pour qui, gronda-t-il en rapprochant son visage du sien, tu te prends pour qui pour me parler de la sorte? Je pourrais te tuer d'une simple pichenette.

- Et bien fais le, le défia-t-elle.

Elle fut soudainement projetée contre le sol. Son crâne heurta le plancher avec violence, ses mains furent écrasées par son propre poids et celui de la chaise. La douleur fulgurante qui l'envahit lui coupa le souffle. Des larmes se mirent à rouler librement sur ses joues. Elle avait mal et ne pouvait rien faire contre.

Envy la fixait sans ciller. Il s'était laissé entrainé par sa colère, sa frustration. La voir étalée sur le sol, en pleurs, gémissant de douleur, ne changeait en rien ses sentiments, cela ne lui procurait aucun plaisir. Il était toujours en colère, toujours frustré par sa situation actuelle. « Interdiction de la toucher. », avait dit Wrath. Envy renifla avec dédain. Lentement, il s'approcha de sa victime dont les larmes ne tarissaient pas.

Il dénoua les liens. Elle roula sur le côté. Son premier réflexe, malgré la peine, fut de remuer ses membres afin de constater les dégâts. Ses jambes étaient intactes, ses poignets sûrement foulés, la plaie de son crâne saignait, elle pouvait le sentir, elle ne tarderait pas à perdre connaissance.

- Tu vas crever si tu ne fais rien, dit simplement Envy.

Winry eut envie de rire. Oui, à ce rythme, elle allait crever, seule dans une baraque lugubre avec, pour seul compagnon, un être vivant qui n'était – elle en était sûre – pas humain. Grand-mère Pinako se retrouverait seule avec Den, Edward et Alphonse lui en voudraient certainement, mais elle ne serait plus un poids pour eux. Elle n'était pas idiote, elle savait qu'ils étaient engagés dans des histoires dangereuses et, qu'en tant qu'amie, elle pouvait très bien être un moyen de pression. D'ailleurs, c'était sûrement sa position actuelle enfin, avant qu'elle ne se retrouve à agoniser sur le plancher.

- Je sais, répondit-elle difficilement.

Quelque chose changea dans le regard d'Envy. Elle n'eut cependant pas le loisir de s'interroger sur ce changement. Sa vision se brouillait ainsi que son esprit. Un voile noir s'abattit finalement sur elle.

TBC