Salutations, lecteurs de tout poil ! Me voici, malade comme un chien et séchant déjà les cours, avec le premier chapitre d'une traduction. La fiction originale s'appelle Follow You, et LiteraryBeauty en est sa talentueuse auteur. Elle se compose de trois très longues parties que j'ai préféré couper en deux, ce qui donnera six chapitres. Je compte publier tous les 10, 20 et 30 du mois, et le deuxième chapitre est déjà entièrement traduit alors je devrai pouvoir m'y tenir !
Avertissement : Je préfère prévenir à l'avance, cette fiction est très dure, et comporte pas mal de scènes de sexe non consentant (bien que cela reste assez soft, il me semble) et d'avilissement. Elle est très sombre et assez dérangeante, mais ce n'est pas une deathfic. Je la trouve vraiment intéressante d'un point de vue psychologique, et particulièrement bien écrite dans sa version originale, ce qui ne gâche rien, mais il est certain qu'elle ne plaira pas à tout le monde (les avis divergeaient déjà en anglais), alors si vous ne le sentez pas, à votre guise.
Disclaimer : Les personnages et le monde magique sont à J.K.R, l'histoire est à LiteraryBeauty, et seule la traduction est de moi (j'ai aussi demandé quelques conseils à Netellafim, pour être tout à fait honnête : merci à toi !).
Résumé complet : La nécessité a terni l'auréole du Trio de Gryffondors. Publiquement acceptés en tant que Juge, Jury et Bourreau, Harry, Hermione et Ron gouvernent le monde magique. Draco Malfoy se retrouve à la merci du Juge en personne – mais, alors qu'il aurait du mourir, sa punition se révèle bien plus humiliante. Comment Draco survivra-t-il en tant qu'animal de compagnie du plus célèbre « héros » au monde, et que va-t-il se passer quand cette relation strictement définie deviendra encore plus compliquée ?
Première Partie (1/2)
« La potion, le sortilège, ou le maléfice ? »
Draco repoussa au fin fond de son esprit la douleur provoquée par sa chute brutale sur le plancher afin de prendre sa décision. Attendre trop longtemps pour donner sa réponse n'augurait que des répercussions douloureuses.
Le maléfice ne pouvait être qu'un Impardonnable. Il les soupçonnait de vouloir s'amuser avec les deux sorts les moins puissants. Le Sortilège de la Mort était une porte de sortie. Très peu devaient être ceux à choisir cette option. Ils pensaient tous pouvoir trouver un moyen, s'évader, vivre.
D'après ce que pouvait en juger Draco, ils s'étaient tous trompés. Ils avaient tous disparus.
Malgré tout, il ne comptait pas choisir le maléfice.
Le sortilège pouvait être n'importe quoi. Il n'y avait aucune raison de penser qu'il ne serait pas douloureux ou mauvais pour la simple raison que c'était un sortilège, et pas un maléfice. La plupart des gens devaient sans doute le choisir, ce devait donc être la chose la plus épouvantable et atroce inventée par le trio.
Restait donc la potion. Draco savait que les potions pouvaient aller de la guérison à l'horreur, et tout ce qui trouvait entre les deux. La potion relevait de la torture mentale. La boire revenait à jouer un rôle actif dans sa propre chute. D'où la différence entre se faire tuer et se tuer soi-même. Même sans aucune échappatoire, la majorité préférait se faire tuer. Ils étaient ainsi dégagés de toute responsabilité, et pensaient avoir fait tout ce qui était en leur pouvoir.
« Potion, » dit-il, reconnaissant à peine sa propre voix.
Weasley ricana, mais Potter le fixa curieusement, ses yeux verts plissés dans une tentative de deviner le cheminement de ses pensées. Granger se contentait de le regarder durement.
Elle tendit à Potter une fiole d'un liquide mousseux et noir, sans quitter Draco des yeux.
« Tu te crois malin, » le railla Weasley en lui tournant autour. Draco se tendit pour tenter de lui faire un croche-patte – comme une dernière rébellion, et sans aucun doute, ce serait la dernière – mais ses mains étaient attachées derrière son dos et maintenues au-dessus de sa tête, la corde passant autour de son cou. Il n'avait pas dormi depuis deux jours ses liens rendaient la chose impossible. A chaque fois qu'il commençait à s'endormir, ses bras se relâchaient et il s'étranglait.
Toutes les tortures n'étaient pas forcément sophistiquées.
« Tu pensais vraiment pouvoir faire évader quelqu'un sans qu'on ne s'en rende compte. » Weasley tapota la côte cassée de Draco du bout de sa botte éraflée. Le blond se concentra sur une tâche de sang au sol et absorba la douleur.
« Mais personne ne s'évade d'ici, » continua Weasley. Il se pencha sur lui et tira sur la corde qui le retenait, le soudain manque d'oxygène le forçant à lutter sans succès pour respirer. « Pas vrai Hermione ? »
Granger tenait un bloc-notes en bois démodé, et prenait des notes en observant cliniquement le corps de Draco. « Humm ? » répondit-elle distraitement. Elle regarda Weasley et sourit. « C'est vrai Ron. Personne ne s'évade. » Elle replongea dans ses notes et écrivit quelque chose quand la botte de Weasley percuta violemment le dos de Draco.
« Ca suffit, » intervint Potter, toujours assis sur son foutu trône. Bien que ce soit une banale chaise de salle-à-manger écartée de la table pour faire face à Draco, elle était en tout point semblable au trône sur lequel le Seigneur des Ténèbres lui-même s'était assis seulement quelques années auparavant.
« Mais, Harry, » pleurnicha Weasley en remettant Draco sur le dos, plaçant la corde de telle sorte que le blond devait se débattre simplement pour respirer. Il prit une grande inspiration éraillée alors que Potter secouait la tête en direction de son ami, et le roux souffla d'exaspération et sortit.
« Hermione, va rendre visite à Lucius Malfoy et dis-moi si notre invité ici présent a réussi à le voir. »
Granger hocha brièvement la tête et quitta la pièce par une autre porte, laissant Draco seul avec Potter, qui s'accroupit à ses côtés et écarta les mèches de cheveux sales de son visage.
« La potion est le meilleur choix, » lui apprit Potter sur le ton de la conversation, déplaçant Draco pour qu'il ne s'étouffe plus. Ses doigts s'égarèrent sur la lèvre fendue du blond il fixa ensuite la trace de sang sur sa main d'un air ravi. Draco ne réagit pas quand Potter porta le sang à sa bouche, mais il ne put s'empêcher de frissonner légèrement quand le brun lui lança un sourire éblouissant.
Même quand la baguette de Potter l'avait tailladé dans les toilettes, un millions d'années auparavant, Draco ne s'était jamais senti aussi terrifié qu'il ne l'était à présent, à la vue de ce sourire.
« Tu vois, » lui dit Potter en remettant Draco sur ses pieds. Il vacilla mais réussit à se maintenir debout. « La plupart des gens choisissent le sortilège. Ca paraît plutôt innocent pas vrai ? C'est tout le contraire. En fait, c'est un sort qui active une série d'autres sorts, qui dispensent tortures et mutilations durant un certain nombre de jours. Une création d'Hermione, évidemment. Elle a toujours été la plus intelligente de nous trois, même si elle n'aime pas trop quand quelqu'un choisit le sortilège. Elle quitte la pièce. Moi, ça ne me dérange pas. »
Potter mena Draco vers la porte par laquelle Weasley était sorti, et le blond se laissa faire à contrecœur, ses mouvements entravés par les liens.
« Quand ils choisissent le maléfice, c'est parce qu'ils savent qu'il n'y pas d'échappatoire. Ils ont entendu des rumeurs, ou pire, l'un d'entre nous a laissé échapper quelque chose. Quand il est clair que c'est le cas, on varie et on leur lance l'Imperium. Une fois, Ron a dit à un homme de ne plus se soulager. Il a mis un temps étonnamment long à mourir, et Ron n'a pas vraiment aimé nettoyé derrière, mais ça lui a donné une bonne leçon non ? »
Ils passèrent devant un certain nombre de portes avant que Potter n'ouvre la dernière à droite et n'indique à Draco d'entrer le premier.
« La potion est un petit peu plus compliquée. Tu vas mourir, mais ce ne sera pas douloureux, et au moins, nous pourrons réutiliser tes organes. Accepter de prendre la potion revient à renoncer à ton propre corps. N'est-ce pas risible ? Tout ce qu'on fait ici est légal et totalement approuvé. A cause des résultats, tu vois. Mais on ne peut pas réutiliser ton corps sans ta permission. Alors en échange, on te laisse mourir sans souffrir. »
« Pourquoi ne pas donner la potion à tout le monde alors, si nous sommes si foutrement utiles ? »
« Parce que ce ne serait pas un choix, Draco. »
Entendre son nom de la bouche de Potter lui retourna l'estomac. Le brun le poussa jusqu'à ce qu'il atterrisse sur un sofa. En regardant autour de lui, Draco découvrit une sorte de boudoir. Les meubles étaient vieux et abîmés, les murs sombres et couverts de crasse. L'odeur de javel était trop forte, et il pouvait encore sentir les relents nauséabonds de sang.
Potter s'assit à côté de Draco, bien trop près pour que ce soit confortable – trop près pour que ça puisse être autre chose qu'inconfortable, vraiment.
« Quand Ron m'a dit que c'était toi qui était passé au travers des protections, ça ne m'a pas surpris. Je savais que tu finirais par venir, et tu ne m'as jamais déçu. Pas que j'ai jamais attendu grand-chose de toi. »
Draco détestait ce nouveau Potter trop sûr de lui. Il ne lui avait jamais fait peur avant – mais c'était en train de changer, et vite.
« Mais, ton père ? Je veux dire, vraiment. Trop prévisible. Sur tous les Mangemorts que nous avons ici, lui ? Il doit sûrement être le seul officiellement recherché par le Ministère – de tous nos… visiteurs, il sera le premier à partir. On attend juste le feu vert. »
« Tu as besoin d'une autorisation pour me tuer alors ? » Une lueur d'espoir subsistait, et Draco s'y accrochait comme il le pouvait.
Potter rit, d'un rire chaleureux, comme s'ils étaient de vieux amis en train de se remémorer un bon souvenir. « Non, vraiment, tu as merdé en venant ici. Tu t'es introduit chez moi – d'ailleurs, bienvenu au Square Grimmault. En faisant ça, tu m'as donné le droit de disposer de toi. Bien sûr, pour que ce soit vraiment le cas, il aurait fallut que je fasse quelque chose immédiatement… mais ce n'est pas comme si le Ministère allait enquêter sur moi pas vrai ? Ou sur ta mort, pour ce que ça vaut. En dépit de tout ça… » Potter agita la main, semblant désigner la maison, mais Draco savait qu'il parlait des tortures etdes meurtres. « … mes paroles sont toujours d'or. »
« Merde, très bien, j'ai compris Potter. J'ai été stupide. Tout d'abord, je n'avais pas la moindre putain d'idée que toi, la Belette et la Sang-de-Bourbe étiez des assassins à la solde du Ministère – si j'avais su… » Mais Draco n'acheva pas. Il s'en était douté. Ils s'en étaient tous doutés, les anciens Serpentards, les Mangemorts et leurs enfants.
« Si tu avais su, » continua doucement Potter, « tu aurais quand même tenté de sauver ton père. Je peux comprendre ça. Je peux même l'applaudir. Tes efforts étaient vains, mais tu as suivi ton cœur. » Il fouilla dans sa robe et en sortit une fiole. Draco remarqua que ce n'était pas la même que la substance noire que Granger lui avait donnée, mais de toute évidence, ce serait celle qui le tuerait.
Le fait que ça se fasse sans douleur ne le réconfortait pas.
Draco s'effondra. « Potter, je t'en prie, je ne dirai rien. Je vais juste partir. Je ne reviendrai pas. Tu peux me lancer un sort d'Oubliette, me faire oublier que je suis un sorcier, mais par Merlin ne… »
« Allons, chut, » dit Potter. Ses doigts étaient chauds quand ils touchèrent la joue de Draco. « Tu vaux mieux que ça. A présent, sois un bon garçon et ouvre la bouche. » Sa voix était calme, encourageante.
S'en voulant pour les larmes qui coulaient sur ses joues, et haïssant Potter pour son immonde fausse compassion, Draco se redressa et ouvrit la bouche.
La potion avait un goût horrible, et elle contenait un morceau solide, mais il l'avala entièrement, déglutissant pour se débarrasser du goût.
« Tu es un si bon garçon, » le berça Potter. Sa main caressait le visage du blond, son pouce essuyant les larmes.
Draco ne se détesta pas quand il se laissa aller au toucher de Potter, le dernier qu'il connaîtrait. Personne ne pourrait le juger pour s'être laissé aller de cette façon dans ses derniers moments. Il n'était tout simplement pas du genre à mourir au combat.
OoOoOoO
Mourir craignait vraiment. Tout d'abord, il avait d'horribles crampes dans les jambes et dans le dos, il pouvait à peine bouger, et il ne voyait strictement rien. D'accord, il n'avait pas vraiment été quelqu'un de bien dans sa vie, mais il ne méritait certainement pas une éternité d'inconfort.
Ouvrant douloureusement les yeux, Draco scruta les environs. Oh combien pittoresque – son au-delà était un putain de cachot. Au moins, il pouvait apprécier l'ironie.
« Tu devais vraiment être très fatigué, » fit une voix dans son dos.
Draco lutta pour bouger, mais un collier lourd et épais était attaché autour de son cou, relié à une très courte chaîne accrochée à un anneau dans le sol. Ses mains étaient toujours liées derrière son dos et ses jambes bloquées sous lui, de façon à ce qu'il ne puisse pas se redresser.
Il commençait à envisager le fait qu'il n'était peut-être pas mort, après tout. Connard de Potter.
« Qu'est-ce qui se passe ? » articula-t-il, la gorge desséchée. Il tourna lentement la tête de l'autre côté, sa colonne vertébrale protestant douloureusement à chaque centimètre. Il pouvait voir d'épaisses bottes noires et le bas d'un jean, mais rien d'autre.
« Il y a juste eu un petit changement de programme Draco. Ce n'est pas la première fois. Mais je vais sûrement devoir m'expliquer avec Hermione un peu plus tard. Rien que je ne puisse gérer, alors ne t'inquiète pas. »
Malgré lui, Draco renifla. Comme s'il se préoccupait des engueulades que la Sang-de-Bourbe pouvait dispenser à Potter.
« Comment se fait-il que je sois aussi chanceux ? » demanda Draco, imprégnant chaque mot d'un sarcasme qui ne profiterait certainement pas à sa situation. « Détache-moi, espèce de malade. »
« Et bien, tu as eu de la chance parce que j'ai vraiment aimé les larmes dans tes yeux pendant que tu suppliais pour vivre. Suppliais, Draco. Plus si fier maintenant hein ? »
Tremblant de dégoût devant la suffisance de Potter et son propre manque de combativité, à la fois mental et physique, Draco appuya son front contre le sol de pierre froide, ses yeux fermement clos. Pouvait-il vraiment se réjouir de ne pas être mort ?
« Enfin, ne commence pas à penser que je t'ai sauvé… Je sais que les gens comme toi peuvent tout mélanger à cause de la gratitude. Je ne l'ai pas fait par compassion, ni même parce que ton cul à l'air si foutrement étroit. »
Draco haleta alors que la botte noire voyageait de la plante de ses pieds jusqu'à ses fesses, titillant sa fente et le rendant pour la première fois conscient de sa nudité.
« Alors, pourquoi ? » coassa-t-il en tentant de se dérober.
« Parce que te voir pleurer une seule fois ne m'a pas suffit. J'en veux plus. C'est comme une putain de drogue. Je me sens planer quand ses grosses, épaisses larmes débordent de tes yeux effrayés. Je suis désolé de te dire que tu préféreras sans doute que je t'ai donné la potion d'Hermione plutôt que celle de ma réserve personnelle, au final. Mais même un serpent comme toi doit-être reconnaissant d'avoir une chance de vivre, même un semblant de vie, je me trompe ? »
Faible, dit son esprit. Sa faiblesse l'avait condamné à toutes sortes de tortures inconnues de la baguette de Potter. « Qu'est-ce qui t'es arrivé… Harry ? » demanda-t-il, utilisant son prénom dans l'espoir de susciter quelques réminiscences de l'ancien Potter. Ca ne marcha pas.
Riant tout seul, le brun s'assit sur une chaise. Draco pouvait seulement voir le bas de son corps, dans sa position fœtale, mais chaque chaise était un trône pour Potter. Ses jambes étaient écartées et il se tenait voûté. Il tapait sa baguette contre sa cuisse. « Qu'est-ce qui nous arrive à tous ? » demanda-t-il sans attendre de réponse. Il fit un large mouvement de baguette et le blond se crispa. « On m'a placé dans une position de pouvoir. On m'a donné carte blanche. J'ai entraîné mes amis avec moi. Désormais… désormais, on contrôle tout. »
« Le Ministre, » Draco articula d'une voix rauque, se rappelant les élections de l'année précédente. Elles étaient presque annuelles depuis la fin de la guerre. Lui-même ne votait pas. Ils étaient presque tous des Sang-de-Bourbe de toute façon.
« Le Ministre n'est rien qu'un pantin prêt à tout pour entrer dans mes bonnes grâce. Mais ce n'est pas de ça dont nous devons parler, n'est-ce pas Draco ? »
Il resta silencieux si longtemps que le blond commença à suspecter qu'il attendait une réponse. « Non… ? »
« Non, » confirma Potter. « Nous sommes ici pour parler de toi. »
« Est-ce que tu pourrais me détacher ? Si je dois être le sujet de la conversation, je devrais au moins pouvoir être en position d'y participer. » Il prenait un risque et il le savait, mais son corps tout entier était tendu et gelé, et il ne pouvait pas vraiment enrober sa demande, surtout sans savoir ce que Potter avait en tête.
« J'adorerai pouvoir te détacher, mais il n'y a pas vraiment de confiance entre nous. » Sa voix semblait songeuse, comme s'il offrait à Draco la chance de proposer une solution.
« Laisse mes mains liées. Bordel, attache-moi dans une différente position. Laisse-moi juste bouger. »
Potter ne répondit pas. Au bout d'un moment, en un mouvement atroce et fulgurant, ses liens se détendirent pour se resserrer aussitôt, différemment, nouant ses mains devant lui, puis levant ses bras au-dessus de sa tête, le remettant sur ses pieds. Ses mains liées se fixèrent au plafond et Draco du se tenir sur la pointe des pieds pour ne pas pendre dans le vide.
« C'est mieux ? » La voix du brun était rieuse.
« Beaucoup mieux, » aboya Draco. Il n'arrivait pas à décider quelle position était la pire, mais au moins il pouvait voir Potter, même si ce n'était pas vraiment rassurant. Le brun était l'image même de l'insouciance nonchalante. Son manque total de peur ou d'intérêt pour lui le faisait grincer des dents. A une époque, les yeux de Potter brillaient de rage et de méfiance quand il le regardait. Aujourd'hui, son regard sur la silhouette nue de Draco était simplement indulgent.
« Draco Malfoy, » commença-t-il, se levant et marchant autour du blond en cercles irréguliers. « Vous êtes informellement accusé de violation de domicile, tentative de kidnapping, obstruction aux affaires du Ministère, complot en vue d'une trahison, sédition, et agression à l'encontre d'un bourreau du Ministère. »
« Agression ? Bourreau ? » Draco se tordit le cou pour suivre Potter des yeux tandis qu'il continuait ses cercles autour de lui.
« Tu as réussi à balancer quelques coups à Ron je crois ? » La voix de Potter était pleine d'assurance, mais contenait tout de même une pointe de sarcasme. « Ronald Weasley, Bourreau. C'était une blague au début, juste un titre provisoire pendant qu'ils créaient un nouveau département juste pour nous. Hermione Granger, Jury. »
« Harry Potter, Juge, » chuchota Draco, réalisant peu à peu. C'était bien trop de pouvoir. Le Ministre devait être complètement fou pour ne pas voir ce qui se passait.
« Ca en jette pas vrai ? » La main du brun toucha l'épaule de Draco, et il se recula avec force, seulement pour se retrouver les pieds ballottant au-dessus du sol. Potter le stabilisa et fit glisser sa main le long de son dos, ses phalanges effleurant presque tendrement les fesses de Draco.
« Alors, que veux-tu de moi ? Je n'ai aucune information, je n'ai pas d'argent… » Draco grinça des dents en se confessant, mais il avait besoin de savoir exactement ce que cherchait Potter pour le manipuler au mieux. Son plan pour trouver son père avait échoué son plan d'urgence, après s'être fait capturé, n'incluait pas vraiment le fait d'être attaché nu devant Harry Potter.
« Tu penses vraiment avoir quelque chose à offrir ? » lui demanda Potter, se tenant à nouveau en face de Draco, les bras croisés sur son torse. « Tu penses avoir quelque chose que je ne pourrai obtenir de personne d'autre ? »
Bien que survivre soit une priorité dans son esprit, quelque chose chez Potter l'avait toujours fait sortir de ses gonds. « Tout chez moi te fait défaut. »
Au grand étonnement de Draco, Potter rit. « Eh bien, il y a là matière à réflexion. Je verrai si tu as quelque chose de plus intéressant à dire dans quelques heures. Bon courage. »
Potter le dépassa et Draco se contorsionna pour regarder derrière lui, juste à temps pour voir le brun disparaître derrière une porte. « Et merde, » gémit-il. Il aurait du savoir que ses insultes insignifiantes étaient comparables à un couteau en plastique à côté du sort Mortel de Potter. Il ne pouvait même pas l'érafler, tandis que l'autre pouvait le détruire sous n'importe quel angle.
Peu de temps après qu'il se fut retrouvé seul, les lumières de la pièce diminuèrent lentement, jusqu'à ce qu'il soit entouré de ténèbres. Ne plus pouvoir se concentrer sur quelque chose rendit son équilibre plus précaire, et il se balança d'avant en arrière, ses orteils glissant contre le sol de pierre.
Pendant un instant de lucidité saisissante, Draco réalisa que s'il voulait rester en vie – ce qui était le cas – il allait devoir faire tout ce que Potter dirait. Ca lui demanderait beaucoup d'effort, et un bon jeu d'acteur, mais il était doué pour ça. Toute sa vie lui avait servi d'apprentissage, après tout.
Et l'homme qui lui avait appris tout ce qu'il savait sur les demi-vérités et les omissions était quelque part dans le même bâtiment que lui. Draco avait été à deux doigts de le trouver, il en était persuadé. Il voulait seulement lui apprendre que Narcissa n'était plus de ce monde. Lucius méritait au moins de le savoir. Lui-même ne serait jamais capable de lui pardonner d'avoir entraîné sa famille dans sa chute, mais il était toujours son père, et il avait le droit de faire le deuil de sa femme.
Incapable de croire que Narcissa avait prémédité son overdose de potion de sommeil, Draco maintenait que le dosage avait était faussé, mal préparé, incorrectement mesuré. Elle était rendue folle d'angoisse par la perte de son mari, la perte de sa maison et de son argent. Il lui restait Draco mais… il avait l'habitude de ne pas être assez.
L'attente sembla durer des heures, et si les mots qu'avaient lancés Potter en partant étaient exacts, ce n'était pas qu'une impression. Malgré tout, Draco put finalement entendre la porte s'ouvrir derrière lui.
« Harry aimerait savoir si tu as quelque chose à lui dire. » La voix de Granger était claire et forte. D'après le rai de lumière dans son dos, elle se tenait sans doute debout sur le seuil de la pièce.
« Rien, » murmura Draco d'une voix cassée, le simple fait de remuer les lèvres et sentir sa gorge vibrer envoyant de nouvelles vagues de douleur à travers son corps. Il s'était cru engourdi, mais n'était même pas aussi chanceux.
Granger soupira. « Il sera déçu d'entendre ça. »
« Non ! » Draco essaya de se retourner pour lui faire face. « Je voulais dire… Je n'ai rien. Rien à offrir. Dis-lui. »
Au lieu d'une réponse, il entendit la porte claquer. A son grand soulagement, les torches se rallumèrent et il fut finalement capable de se stabiliser. Malheureusement, il pouvait aussi voir les minces filets de sang dû aux chaînes qui coulaient sur son bras. S'il réussissait à…
Draco secoua la tête. Raisonner de cette façon était ridicule. Il n'était pas en position de menacer Potter. Il était complètement à sa merci. S'il frappait, il serait frappé. Fin de l'histoire.
Résigné, il étudia le mur devant lui, essayant de retenir ses larmes de douleur et d'impuissance.
La porte s'ouvrit à nouveau, et Draco sut immédiatement que c'était Potter. Il y avait quelque chose à propos de ses pas, lourds et mesurés, qui le dénonçait.
« Je savais que tu comprenais vite, » dit Potter, s'arrêtant une fois de plus en face de lui. Il y avait une nouvelle tâche de sang sur son jean, près de sa cheville. Draco blêmit.
« Pitié, » gémit-il. Comme il secouait la tête, il réalisa qu'il n'avait pas pu retenir ses larmes, en fin de compte. Ses joues étaient fraîches et humides.
Potter fit un pas en avant. Bien que Draco soit plus grand et ne se tienne sur la pointe des pieds, il y avait quelque chose de menaçant dans sa proximité. Il émanait de lui un pouvoir désagréable, moins sophistiqué que celui du Seigneur des Ténèbres, mais plus intense que celui de son père. Immédiat.
« Pitié quoi ? »
« Relâche-moi, » chuchota Draco, étouffant un sanglot. « Tu peux même me mettre avec mon père. Mais ne… ne me tues pas.
« J'ai déjà décidé de ne pas te tuer. » Le pouce du brun caressa sa joue, effleura une larme et vint frotter sa lèvre inférieure. « J'ai décidé de te garder. »
« Ici ? Tu vas me garder ici ? »
« Pas dans cette pièce, » répondit Potter avec un petit rire. « Mais, oui. Avec moi. Comme… un animal de compagnie, je suppose. »
Draco rit. Il le regretta aussitôt, mais c'était trop tard. Heureusement pour lui, Potter semblait juste amusé. « Tu ne peux pas me garder ici. »
« Bien sûr que si, » le contredit-il d'une voix peu concernée.
« On va se rendre compte de ma disparition. »
« Et tout le monde pensera 'bon débarras' tu ne crois pas ? Je peux tout aussi bien te garder que te tuer. Ce n'est pas à toi de décider, cependant. J'ai déjà fait mon choix. Ne me cause pas de problème. J'ai déjà du entendre les commentaires plutôt sonores d'Hermione sur la question, et je ne veux pas lui donner davantage de sujet de plainte. »
Les yeux de Draco s'écarquillèrent, abasourdi que Potter lui dise de ne pas rendre sa vie plus compliquée alors que, dans le même temps, il lui apprenait qu'il allait ruiner la sienne.
Potter le regarda patauger pendant un moment, sa tête penchée sur le côté et ses yeux verts étincelants. « Je tiens toujours ton père tu sais. Il est vivant. » Derrière le ton neutre, la menace était sous-jacente.
En tenant compte, Draco acquiesça et déglutit. « Tu le laisseras partir ? Si je promets de rester… de me laisser faire ? »
« Ce genre de marché implique ton consentement, tu en es conscient. Es-tu sûr de pouvoir vivre avec ça ? »
Non, répondit-il mentalement, sa fierté lui demandant déjà d'arrêter de supplier pour sa vie. Malgré tout, s'il répondait ça, ce n'était pas comme si Potter allait le laisser partir. Au moins de cette façon, il pouvait sauver son père, qui aurait encore le temps d'engendrer un autre héritier et de poursuivre la lignée des Malfoy. C'était la seule sorte de loyauté que Draco connaissait.
« Oui. »
Potter supprima l'espace entre eux. Sa confiance était presque terrifiante pour Draco, qui ne l'avait jamais vu au contrôle de cette façon. Avant, c'était une chose sur laquelle il pouvait compter – être capable de mettre le brun en rogne. Maintenant, rien de ce qu'il disait ne traversait la carapace de Potter, et ce sentiment d'insignifiance, d'impuissance, le rendait tendu et incertain.
Une main chaude se posa sur ses pectoraux, le pouce de Potter s'attardant sur son téton durcit. Draco n'avait pas réalisé combien il était gelé, sans source de chaleur pour point de comparaison. Il essaya de se dérober au toucher, mais ses bras semblaient prêts à se détacher de son corps, et il ne voulait pas perdre son équilibre précaire.
« Même avec toutes les choses… les horribles, sales, mauvaises choses que je peux – et que je vais – te faire… Tu acceptes quand même le marché ? » Potter sourit et pinça cruellement son téton.
Haletant, Draco lutta pour ne pas s'écarter trop violemment. La soumission – c'est ce qu'il voulait simuler. « Oui. »
Les doigts de Potter relâchèrent sa chair douloureuse et glissèrent sur son corps. Le cœur de Draco se serra. Quel genre de tortures le brun avait-il en tête ? La douleur n'avait jamais été son truc. Il glapit quand les doigts encerclèrent son sexe mou. Les yeux verts, plus brillants qu'ils n'auraient du l'être, ne quittèrent jamais les siens quand Potter le prit en main, avec une infinie patience, pour l'amener à un stade de semi-érection.
« Je n'aime pas passer de marché, » lui dit Potter, sa main le malaxant toujours, passant sur son prépuce et effleurant la tête de sa queue jusqu'à ce que Draco se cambre involontairement sous la caresse. « Je n'aime pas être redevable, ni me sentir obligé de faire quelque chose. Alors je ne vais pas accepter ta proposition. »
Maudit Potter ! Draco jura contre son corps traître. Il avait avoué sa faiblesse – Lucius – et maintenant le brun savait exactement comment le contraindre. Il en fit d'ailleurs une démonstration quelques secondes plus tard.
« Je vais te garder à mes côtés. Tu vas me servir et m'obéir. Si tu ne le fais pas, je te punirai. Si ta faute est impardonnable, je tuerai Lucius Malfoy. Ou je te forcerai à le tuer. Peu importe ce que je décide, ce sera atroce et ça te détruira. Tu acceptes ces conditions ? »
« Qu'est-ce qui se passe si je refuse ? » demanda Draco, obligeant sa voix à rester neutre, malgré sa queue gonflée et palpitante.
Potter le serra brutalement. « Aucun de vous deux ne vivra. »
Ce n'était pas un marché. Ce n'était pas un échange. C'était seulement… la seule option. Draco voulait vivre, évidemment – et il voulait que son père vive, lui aussi. Lucius Malfoy pouvait être tordu et cruel, mais il était encore et serait toujours le seul père de Draco. Il devait au moins sauver ça il n'avait plus rien d'autre.
La main de Potter se fit plus rapide, son poignet se contorsionnant pour accompagner ses caresses, sa paume frottant doucement la tête sensible du pénis de Draco. Ca faisait si longtemps qu'on ne l'avait pas touché si intimement. Potter semblait savoir exactement ce que Draco aimait, ce qui amènerait les réponses qu'il désirait.
Son orgasme repoussa les limites du plaisir jusque dans la douleur, accompagnant sa défaite. « Non, » gémit-il quand sa semence recouvrit la main de Potter. Sans la poigne du brun pour le retenir, il se serait balancé au bout de ses liens, mais Potter le soutint, lui murmurant des paroles rassurantes et lui répétant combien il était un bon garçon.
Draco avait envie de pleurer. Mais il l'avait déjà fait devant Potter, et voilà où ça l'avait mené – l'autre avait dit qu'il voulait le voir pleurer encore et encore. Maudit soit-il s'il devait faire plaisir à Potter de cette façon. La respiration tremblante, il rassembla les maigres fortes qui lui restaient et se tourna vers Potter. Nu et épuisé, transpirant et tendu, il ne faisait pas grande impression.
Potter gloussa et essuya sa main sur le ventre de Draco. Il se jeta un sort de nettoyage avant de se redresser pour admirer son travail. Draco tenta de soutenir son regard, mais après avoir remis sa vie entre ses mains, il ne lui restait plus grand-chose pour se battre.
« J'espère que tu ne perdras pas cette bataille, Draco, » lui dit Potter en souriant. Son prénom dans sa bouche sonnait comme une abomination. Comment quelqu'un destiné à être un héro pouvait-il finir si froid et cruel ?
« Compte là-dessus, » gronda Draco avec une férocité qu'il ne ressentait pas.
Au lieu de répondre, Potter le contourna, sa main s'attardant sur ce qu'il considérait indubitablement comme sa nouvelle propriété. Draco frissonna. Au bout d'un moment, le brun le laissa de nouveau seul, et à ce moment-là seulement, Draco autorisa les ténèbres à le consumer. Ce fut seulement là qu'il pleura.