Note de la traductrice : Voici la suite de "Shelter", cette traduction sera postée en plusieurs parties le temps que je puisse en terminer la relecture ;)
(Je préviens quand même que cette seconde partie sera plus abondante en détails que la précédente et vaut vraiment son rating...)

Pour lire la fic originale, ou laisser un message à Leslie Fish, c'est ici que ça se passe : http : / / www . ksarchive . com / viewstory . php ? sid = 691


Note de l'auteur : Cette histoire a originellement été publiée dans Obsc'zine #1, copyright 1977 par T'Kuhtian Press, Lori C-C, éditeur. "Poses" fût la suite de "Shelter", écrite à la base parce que de très nombreux fans m'ont écrit après que "Shelter" soit publié, demandant clairement : "Qu'est-il arrivé après qu'ils se soient réveillés ?" J'ai réalisé que je ne pouvais pas laisser Nos Héros dans cette situation, donc j'ai planché sur ce qu'il était arrivé - apparemment pour la satisfaction de tous.


Poses

De

Leslie Fish

"Au clair de la lune, on n'y voit qu'un peu.

On chercha la plume, on chercha le feu.

En cherchant d'la sorte je n'sais c'qu'on trouva,

Mais je sais qu'la porte sur eux se ferma. "

—Jean-Baptiste Lully, 1633-1687 CE

Le retour à la conscience se fit aussi lentement qu'une aube sur un monde brumeux, entraînant à sa suite deux impressions vagues – une de plaisir et une de douleur. La douleur provenait d'un battement léger sur le côté de sa tête, vibrant comme le son d'un tambour lointain au même rythme que son pouls. Le plaisir était plus tangible : un large poids chaud et confortable pressé contre et sur lui – sans le moindre doute un ami. Somnolent, Spock éloigna son esprit confus de la douleur, reprenant conscience, et le dirigea vers le contact réconfortant. C'était agréable d'être allongé là, ne pensant à rien, ne faisant rien, se gorgeant simplement de ce calme plaisir comme une plante baignant ses feuilles à la lumière du soleil…

Pas loin, un bruit. Bourdonnant, insistant, perçant à travers le doux brouillard comme la lumière indésirée d'un projecteur. Un souvenir indésiré identifia le son : un signal d'un communicateur d'urgence. Plus de bruits s'y ajoutèrent : les jurons brouillés, se bousculant et un peu indistincts d'une voix humaine. Il reconnut la voix de McCoy, approximativement à trois mètres de distance.

« Allo, Scotty ?... Bien… Oui, nous allons bien… Non, donnez-nous quelques minutes pour nous réveiller et rassembler nos équipements, et dîtes à l'infirmerie d'envoyer une équipe de brancardiers nous attendre dans la salle du téléporteur… Oh non, rien de ce genre, mais Spock a été légèrement blessé à la tête et je ne veux pas qu'il s'y rende lui-même. Nous autres n'avons que des égratignures et des bleus et… euh, nos vêtements sont assez déchirés, mais c'est tout… Bien sûr, je vous rappellerai lorsque nous serons prêts. McCoy, terminé. »

Spock resta immobile, à présent totalement réveillé, analysant tout cela. Ses souvenirs commençaient à s'éclaircir. Oui – le vol, le dysfonctionnement de la navette, le crash… A part cela, il n'y avait que l'obscurité et des impressions confuses. Quelque chose dans leur nature le fit frissonner, sachant qu'il ne voudrait pas étudier cela de plus près. Crash ? Blessure à la tête ? Perte de conscience certainement, mais quoi d'autre ? D'étranges sensations… Il remua un peu, essayant de s'orienter, et senti la texture satinée des couvertures du pack d'urgence l'entourant et la pression continue d'un corps proche et endormi. Pour la première fois, il commença à se poser des questions à ce propos. Qui ? Pourquoi ? Qu'était-il arrivé ? Prudemment, il ouvrit les yeux.

Au départ, il ne vit rien sauf l'obscurité amenuisé par la lueur rougeâtre. Sa vue s'ajusta, se concentra, et il vit qu'il était dans une petite grotte – certains de ces rochers luisaient de cette façon singulière propre à un tir de phaser. Contre cette toile de fond, McCoy se déplaçait, à peine plus visible qu'une simple silhouette, ramassant le matériel dispersé et grommelant faiblement. Rien de vraiment inattendu de ce côté-là. Lentement, retenant son souffle, Spock se tourna pour regarder ce poids chaud suspicieux reposant sur lui.

Il vit Kirk endormi, sa tête ébouriffée appuyée sur son épaule.

Jim ? Quoi ? Comment ? Quelque chose clochait, sans aucun doute. Pourquoi est-il couché sur moi comme cela ? Ou est sa tunique ? Et la mienne ? Est-il blessé ? Spock commença à se dégager de cette vague étreinte mais Kirk s'agita et murmura doucement dans son sommeil, et resserra son emprise. Spock resta immobile, sourcils levés, et analysa cette action clairement étrange. Tout ce qu'il pouvait en conclure était que quelque chose d'important s'était produit durant ces heures obscures entre le crash et ce réveil. Il essaya de se le remémorer mais la douleur lancinante dans sa tête empira, et il décida de reporter à plus tard l'analyse de ce point précis de sa recherche. Peut-être d'autres indices… Prudemment, prenant soin de ne pas déranger Kirk, il glissa sa main sous les couvertures et chercha après des traces de blessures.

La première chose qu'il découvrit fût qu'ils étaient tous les deux presque nus. Déconcerté, il passa sa main sur la hanche de Kirk, essayant de trouver un vêtement. L'absence de tuniques et de bottes, il pouvait le comprendre, mais pourquoi le pantalon de son uniforme descendait à mi-hauteur de ses cuisses, et pourquoi, autant qu'il pouvait le constater, celui de Kirk avait été arraché ? Farouchement arraché, conclut-il tandis que ses doigts rencontraient la fin effilochée d'une ceinture déchirée. Je suis la seule personne présente avec assez de force pour déchirer une ceinture en cuir… L'appréhension envoya un frisson dans sa colonne vertébrale, difficilement contrôlable. J'étais à moitié conscient, au mieux… L'ai-je blessé ? Sérieusement inquiet cette fois, il glissa sa main entre leur ventre pressé étroitement et estima les dommages. Presque aussitôt, il trouva quelque chose d'alarmant.

Visqueux… ?

Ca ne pouvait pas être de la sueur ; ça devait être du sang. Se demandant avec colère comment McCoy pouvait ne pas avoir remarqué une telle preuve de dommage, Spock s'écarta prudemment et laissa ses doigts explorer l'abdomen de Kirk, le haut de ses cuisses, ses parties génitales et eut à peine le temps de s'assurer qu'il n'y avait aucune lésion externe. Kirk se tendit, soupira et s'appuya durement contre lui, piégeant habilement la main de Spock contre son aine.

Spock se tint parfaitement immobile, l'esprit agité, se demandant ce qui avait causé cette réaction et comment il pouvait se sortir de cette position horriblement embarrassante sans réveiller le capitaine. Puis Kirk tourna légèrement la tête, murmura quelque chose d'incompréhensible, et embrassa l'épaule de Spock. Spock frissonna au contact, étonné de ses effets et de sa propre sensibilité. Mais il n'avait pas le temps d'analyser ces réactions ; une autre réaction avait lieu. L'organe tenu dans sa poigne involontaire s'engorgeait, se rigidifiait, grossissait pour remplir sa main et s'étendre au-delà. Durant un instant, tout ce à quoi Spock pût penser était à quel point la taille de cette chose devait être importante lorsqu'elle était pleinement dressée et alors un léger 'clic' de reconnaissance lui dit que cela, d'une certaine manière, il l'avait déjà appris. Mais comment pourrais-je le savoir, se demanda-t-il franchement. Et pourquoi réagit-il comme cela ? Dans son sommeil… Il rêve sûrement… et de quelqu'un d'autre. Les rêves sont incontrôlables-

Juste à ce moment-là, un autre souvenir reprit sa place. Spock ferma les yeux et prit en compte un autre facteur. Est-il le seul à avoir rêvé ? La nuit dernière… Ai-je rêvé ? … ?Il pouvait se souvenir de ce rêve récurent, ce cauchemar honteux, trop bien ; il en avait rêvé de manière répétée durant le dernier mois, et connaissait ce dont il traitait du début à la fin. C'était la fin qui l'avait toujours laissé perplexe : cette étrange impression de fondre dans les bras de Kirk, de fusionner avec son esprit et son corps consentants, et cet insaisissable accomplissement doux et violent qu'il ne pouvait pas définir. Qu'est-ce que c'était, et que cela voulait-il dire ? Essayant de surmonter la douleur battant dans son crâne, Spock devint lentement et horriblement certain qu'il avait encore eu à vivre ce rêve, juste cette nuit, alors qu'il n'avait pas été décemment seul. Jim était-il éveillé à ce moment-là ? A-t-il entendu, vu… ? S'il vous plaît, non ! Mais si… Très bien, supposons le pire. Conclusion pessimiste : s'il a surpris… Mais il existait une contradiction flagrante entre cette hypothèse et les faits reconnus. Embarras, retrait poli, taquinerie, même aux réprimandes il pouvait s'y attendre, mais pas cette insistante… étreinte. Et certainement pas cette enthousiaste excitation ! Que s'est-il passé ? Que s'est-il réellement passé ? Je DOIS m'en souvenir ! Sa tête lui faisait horriblement mal.

McCoy s'approcha, délibérément silencieux, serra l'épaule de Kirk et le secoua gentiment. « Jim, » chuchota-t-il. « Hey, Jim, réveillez-vous. Le vaisseau est là, et nous devons nous préparer à partir. »

Kirk recula et soupira, et lentement leva la tête. « Si tôt ? » marmonna-t-il.

« Tôt ? Ha ! Vous avez dormi pendant presque huit heures. Allez, Belle au bois dormant ; les doux rêves doivent finir par se terminer. »

« Euh… ouais. »

Kirk bougea légèrement sous les couvertures, visiblement prenant conscience de sa situation physique. Spock garda les yeux fermé, restant immobile, respirant à peine, écoutant McCoy s'éloigner. C'était difficile de ne pas frissonner tandis qu'il sentait Kirk retirer lentement son bras enroulé autour de sa poitrine et s'extraire prudemment hors des couvertures. Pas le temps, aucune chance de se retirer. Spock se tortilla intérieurement quand la main de Kirk descendit vers son ventre, rencontra le bras piégé du vulcain, et finalement découvrit la main irréfutablement coupable. A cet instant, Spock pensa à une douzaine de souhaits impossibles : qu'il ait été de l'autre côté de la galaxie, qu'il n'ait jamais vu ou entendu parler de l'Enterprise, qu'il n'ait jamais quitté Vulcain, qu'il ne soit jamais né… Et puis il réalisa que Kirk touchait aussi son propre organe indéniablement gonflé. Reste calme, se dit Spock à lui-même. Contrôle. La panique est inutile. Ne bouge pas. Reste calme… Il entendit distinctement Kirk laisser échapper un doux soupir de regret tant qu'il s'écartait. De regret ? Le doux tapotement sur son bras supposément endormi le confirma. Quoi ? Il-Pourquoi ? Je ne peux pas analyser-contrôle ! Contrôle… Il serra les dents et s'occupa l'esprit avec des tables de multiplications. Ses oreilles continuèrent à être submergées de données.

« Mon pantalon ! Bon Dieu, Bones, je ne peux pas être téléporté dans cet état ! »

« Enroulez une des couvertures autour de vous. Elle ne lui manquera pas. »

Des bruissements tandis que Kirk se penchait et tirait doucement sur les couvertures. Spock ouvrit un œil de moins d'un millimètre et jeta un bref coup d'œil. Durant un instant, il vit Kirk dans toute sa glorieuse nudité, et eut la confirmation qu'il n'y avait pas de sang sur lui. Mais visqueux…

Spock ferma à nouveau son œil et se concentra avec acharnement. Je dois savoir ! Ignorant la douleur lancinante dans sa tête, il plongea dans l'état de légère méditation permettant d'accéder à la mémoire et se créa un chemin vers ces impressions confuses. Le rêve… et il était là… et j'ai dit… Oh, j'ai tout dit ! La honte le submergea, le brûlant comme un acide glacé, mais il se força à continuer, se souvenant de chaque mot passionné horriblement accablant. J'ai dit cela ! Et il… Oh, Jim… Cette incroyable acceptation, cette indulgence, cette volonté à descendre dans les abysses de ces émotions d'une voracité irréfléchie – comment avait-il pu faire cela ? « Comment pouvez-vous être si courageux ? » J'ai dit ces mots. Et puis… Et puis une alarme mentale sonna, définitivement un avertissement, de l'appréhension, et la réalisation que s'il allait plus loin il pourrait découvrir quelque chose de terrible, qu'un piège pourrait irrévocablement se refermer sur lui. Il s'arrêta, se demanda ce qu'il avait pu faire qui soit pire que cette épouvantable perte de contrôle, que cette folle confession de sentiments, que cette flagrante violation de tout ce qui était vulcain. Pas un meurtre ni une blessure, alors qu'est-ce que ça lui laissait ?

Comme pour lui répondre, un battement fit trembler son aine. Etrange… suis-je blessé à cet endroit ? Il tourna sa main vide et se tâta. Ce qu'il trouva était définitivement anormal : les pétales protecteurs étaient assouplis et à moitié ouverts, les deux vrilles étaient partiellement tendues, le membre rétractile était pratiquement sorti et l'appareil entier était hypersensible et… visqueux. Durant un instant, il fût trop étourdi pour analyser cela. Ses doigts continuèrent de caresser par automatisme l'indéniable évidence, envoyant de douces sensations de vibrations vers son cerveau paralysé, ouvrant doucement les portes vers le dernier effroyable souvenir.

La fin du rêve : fondant et se mêlant. Sang bouillonnant rapide et urgent. Le désir infini, exigeant. Toucher. Pression. Un corps de chair dur flamboyant sous moi – Sa voix criant – Une explosion bouillonnante et étourdissante-Non ! Non ! Non ! Je n'ai pas fait ça ! S'il vous plaît, non ! Dîtes-moi que je n'ai pas fait ça ! Non !

« Bones, que- »

« Il reprend conscience. Faîtes-moi un peu de lumière. »

La lumière violente d'une lampe d'urgence perça à travers ses yeux fermés. Spock roula sa tête d'un côté à l'autre, essayant de lui échapper. Quelque part à proximité un tricordeur bipait. Une voix familière marmonnait, « Oh-oh, problème. » Une main pressa son épaule, l'amenant à prendre pleinement conscience de son environnement.

« Spock, j'ai quelques antidouleurs. En voulez-vous ? »

« Oui ! Oui ! » Faîtes que ça s'arrête ! Faîtes que ça disparaisse !

L'hypospray siffla contre son épaule. Le silence béni se propagea à travers son corps engourdi et atteignit son esprit avec ses doigts froids. Il soupira de soulagement et retomba dans le doux cocon de tissu, satisfait pour le moment de juste être calmé.

« Bones, quel est le problème avec lui ? » La voix inquiète de Kirk passa à travers le brouillard.

« Hmmm, un problème à la tête, » répondit McCoy. « Nous ferions mieux de retourner à la maison. »

« D'accord, » accepta Kirk, cliquant sur les boutons du communicateur. « Scotty, téléportez-nous. »

Je ne devrais pas être vu dans cet état… pensa Spock. Tandis que le bourdonnement du téléporteur débutait, il vida délibérément son esprit et tomba dans le salutaire oubli du sommeil.

A suivre...