Chapitre 37

Quand Naruto entra dans la chambre d'hôpital, la première chose qu'il vit fut Kiba assis sur le lit. Ce dernier eut une expression mi-agacée mi-coupable quand il les aperçut. Akamaru était assis à ses pieds et n'avait pas non plus l'air content. En s'avançant un peu plus, l'attention du blond fut immédiatement attirée par la femme qui se tenait au milieu de la pièce.

Les yeux de Tsunade étincelèrent en voyant Naruto. Ses bras restèrent croisés sur son impressionnante poitrine. Elle tapait du pied le sol froid, le claquement sec résonnait dans la pièce.

Le regard du jeune homme se porta ensuite sur Shizune qui se tenait à côté de Tsunade. Naruto ne put retenir l'appréhension qui monta en lui quand elle lui adressa un sourire de pitié. Il espéra sincèrement qu'elle n'était pas là pour un soutien médical car sinon, ce n'était pas bon signe.

Il gloussa nerveusement en se frottant la nuque. Il essayait de penser à la manière de ne pas énerver encore plus la formidable blonde devant lui. « Hey, Mamie…. »

Le regard de Tsunade se durcit et son sourcil tiqua.

Voyant l'expression du Hokage s'assombrir, Kiba s'éloigna un peu, rapidement suivi par Akamaru.

À côté de Naruto, Yuriko raffermit sa prise sur la main du jeune homme alors qu'elle regardait la femme qui le fusillait du regard avancer. Ses pas étaient colériques. Elle décroisa les bras et serra les poings.

« Naruto, je t'ai dit expressément qu'elle ne devait quitter l'hôpital sous aucun prétexte » commença Tsunade. Sa voix contenait à peine la colère qui menaçait d'exploser. « Et qu'est-ce que tu fais ? Tu la sors de ce putain d'hôpital sans permission. Est-ce que tu as une idée de ce que le Conseil pourrait te faire pour ça ? »

Ses mains tressautaient avec l'envie de l'étrangler. Naruto aurait pu s'en sortir mais il n'avait jamais appris à fermer sa gueule ou à garder ses opinions pour lui.

« J'étais avec elle et nous sommes juste allés manger des ramens. Ouais, je n'aurais pas dû l'emmener mais il ne s'est rien passé, pas vrai ? Alors ça devrait être bon... »

Kiba écarquilla grand les yeux d'horreur en regardant son capitaine pendant que Shizune se prenait la tête dans les mains. Même Akamaru eut un petit gémissement.

Tsunade étrécit un peu plus ses yeux dorés. « Quoi ? » demanda-t-elle lentement d'une voix dangereusement basse.

Naruto la regarda prudemment. « Je ne vois pas quel est le pro…. »

Le revers de la main qu'elle lui envoya l'atteint sous le menton et l'envoya voler dans le mur derrière lui avec tellement de force qu'il y fit un trou.

Naruto glissa le long du mur et atterrit sur les fesses. Ralenti par la douleur qui lui vrillait tout le dos, il leva la main pour frotter sa nuque qui pulsait violemment.

La pièce était complètement silencieuse.

Naruto la regarda, les sourcils froncés. Une goutte rouge s'écoula du coin de sa bouche. Puis il démontra tout ce qu'il lui restait à apprendre en termes d'instinct de survie.

« Putain, mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi, vieille bique ? Tu aurais pu me tuer ! » hurla-t-il, ce qui fit grincer des dents Kiba et Shizune.

« La ferme, gamin ! C'est ta faute ! » répondit Tsunade sur le même ton. Elle serra une fois de plus les poings.

« Mon cou me fait un mal de chien ! »

« Peut-être que ça t'apprendra à te taire ! »

Ils étaient tous les deux essoufflés, plus à cause de leurs hurlements que de la violence précédente.

Le regard de Kiba passait de l'un à l'autre. Il n'était pas sûr de pouvoir respirer, de peur d'attirer l'attention du Hokage.

Naruto l'affronta du regard une seconde de plus avant de détourner les yeux. « Vieille folle » grommela-t-il.

« Qu'est-ce que tu as dit ? »

Naruto lança un regard mauvais à Tsunade alors que celle-ci s'avançait vers lui, le poing déjà levé.

Pour être stoppé par une petite main pâle qui s'enroula autours du poignet puissant de Tsunade.

Les quatre occupants de la pièce se tournèrent vers la petite fille dont le regard était fixé sur Tsunade. Elle avait un air concentré alors qu'elle tenait le poignet avec une aisance apparente.

« Non. »

Ils faillirent ne pas entendre la syllabe murmurée. Un Naruto incrédule jeta un coup d'œil à une Tsunade ébahie avant de poser une main douce sur l'épaule de Yuriko.

« Hey, Yuriko, l'appela-t-il calmement. Ça va. »

La fillette fronça les sourcils de confusion et se tourna vers Naruto. Ses yeux verts voyagèrent sur le visage du blond avant de se concentrer sur la petite trace de sang.

« Mais tu saignes. » Elle leva des yeux perplexes sur lui.

Malgré la douleur qui lui traversait tout le dos, Naruto parvint à lui adresser un sourire sincère. « Hey, ça va… Elle me tape dessus parce qu'elle m'aime bien. La vieille peau est bizarre comme ça. »

Pendant quelques secondes, Yuriko ne fit que l'observer avec ses yeux étranges, puis elle regarda la main qui tenait toujours Tsunade et lâcha cette dernière.

Avant que quiconque n'ait pu ajouter quoi que ce soit, elle s'assit à côté de Naruto et croisa soigneusement ses mains sur ses genoux. Elle semblait totalement inconsciente du silence abasourdi qui remplissait la pièce.

Puis Akamaru quitta sa place aux pieds de Kiba, alla vers l'enfant et posa sa tête sur ses genoux.

Quand elle commença à caresser la tête du gros chien, cela sembla marquer la fin d'une dispute qui n'avait pas vraiment commencé.


Ses doigts fins remontèrent ses lunettes rondes sur son nez. La petite lumière émanant de la bougie qui éclairait la pièce se reflétait sur les verres lisses.

« Et bien ? » coassa une voix grinçante.

« Il semble que nous ayons mal calculé. Elle était à portée de Hyuuga et de Sasuke-kun mais elle n'a pas attaqué les deux fois où cela s'est produit. »

Des yeux cernés de violet se plissèrent.

Il releva et réajusta une nouvelle fois ses lunettes. La lumière cessa de se refléter sur ses verres, révélant des yeux gris intelligents mais insondables.

« L'équipe de Naruto-kun la surveille. Quelques fois, Sai prend également une garde. »

Les yeux de serpent se fermèrent et, une seconde plus tard, les lèvres cruelles s'étirèrent en un petit sourire. « Naruto-kun. Ce gamin… semble aimer se mettre en travers de mon chemin. »

« Que voulez-vous faire maintenant, Orochimaru-sama ? »


Takado secoua la tête alors qu'elle insufflait du chakra dans le cou couvert de bleus de Naruto. Il devrait vraiment apprendre à se taire. Ses yeux papillonnèrent vers la tête blonde penchée en avant pour lui faciliter l'accès.

« Tu devrais le savoir maintenant, Naruto » remarqua-t-elle alors qu'elle finissait de soigner ce qui n'était que des blessures mineures. Elle laissa ses mains retomber sur les épaules du blond. « Hokage-sama a mauvais caractère. »

Naruto ricana. Il releva la tête et la fit rouler doucement. « Ouais. »

En voyant sa réaction, Takado recula et repoussa une mèche rousse derrière son oreille. Elle secoua la tête en signe d'exaspération. Une exaspération que seul Naruto parvenait à provoquer.

« Naruto, commença-t-elle sévèrement, ce que tu as fait était sérieux. »

Naruto lui adressa un regard amusé. « Ne t'inquiète pas, elle ne peut pas me résister. Elle m'a déjà pardonné. »

« Mais ce n'est pas le problème… Le Conseil pourrait... »

« Je sais, je sais. »

A cette heure, Kiba était déjà parti. Bien que Takado soit là, Sai ne s'était toujours pas montré. Naruto était resté un peu plus longtemps quand sa coéquipière lui avait dit de ne pas bouger pour qu'elle puisse le soigner.

Ses yeux s'adoucirent et il se retourna pour faire face à la jeune femme qui l'observait, les bras croisés sur son uniforme blanc.

« Je pense que la balade à Ichiraku a aidé. »

En entendant ça, Takado fit quelque chose qu'elle ne faisait pratiquement jamais et eut un reniflement moqueur. « Bien sûr. Tu as mangé des ramens. »

Naruto eut un grand sourire et se frotta la nuque d'un air penaud. Son sourire s'estompa un peu et son regard glissa par-dessus l'épaule de la rousse pour se concentrer sur la fillette sur le lit. Elle regardait Konoha, à moitié tournée vers eux.

« Non… ça a vraiment aidé » répéta-t-il plus doucement.

Il soupira, laissa tomber sa main et regarda Takado. Son sourire disparut quand il réalisa qu'il était temps pour lui d'y aller. D'y aller et de…

Sasuke.

Ses yeux s'assombrirent et son cœur battit fort dans sa poitrine.

Depuis qu'il était rentré avec Yuriko et qu'il s'était disputé avec la vieille, il n'y avait plus repensé. Il avait repoussé son anticipation et sa nervosité pour se concentrer sur ce qu'il se passait avec la petite. Mais maintenant… Maintenant, rien ne l'empêchait d'y penser.

Les yeux gris de Takado s'assombrirent un peu d'inquiétude quand elle vit le sourire s'estomper du visage de son ami.

« Naruto ? »

Il entendit la voix douce et inquiète de Takado et cligna des yeux comme s'il s'éclaircissait les idées avant de secouer la tête et de sourire.

« Ce n'est rien. Je ferais mieux d'y aller. » Il regarda la petite fille aux cheveux argentés avant de se diriger vers la porte. « Yuriko, je reviendrai demain, d'accord ? »

Naruto s'attendait à ce qu'elle le regarde et lui adresse son acquiescement sérieux habituel. Mais quand Yuriko se tourna, ses cheveux glissèrent vers l'avant pour couvrir ses yeux baissés et effleurèrent les mains pâles qui se tordaient l'une l'autre.

Cette action le fit s'avancer vers l'enfant en fronçant les sourcils d'inquiétude. « Yuriko… ? »

« Naruto…. » La petite voix était plus calme que d'habitude. Son ton avait quelque chose d'inconnu et fit s'arrêter le blond.

Il vit ses petites mains s'immobiliser. Son petit corps sembla se raidir, comme si elle se préparait à être attaquée. A part ça, rien d'autre ne changea et elle garda son regard concentré sur ses mains.

« Je peux rester ? »

Takado écarquilla les yeux quand elle entendit ces mots. Elle fixa la petite fille. Naruto n'était pas mieux.

Son corps sembla se figer alors que ces mots s'estompèrent dans le silence tendu. Pendant quelques secondes, il ne sut que penser ou faire alors qu'il la regardait.

Une semaine auparavant, elle avait été une enfant complètement différente et c'était évident qu'elle ne se sentait toujours pas à l'aise avec des personnes autres que celles qui l'avaient surveillée. Il y avait aussi le fait qu'elle soit un danger pour Sasuke et les Hyuuga mais… elle avait eu une ouverture franche avec Sasuke aujourd'hui. Et elle n'avait pas bougé d'un pouce.

Est-ce qu'elle le voulait vraiment ?

Yuriko sentit quelque chose dans sa poitrine se serrer quand il ne répondit pas. Est-ce que ça voulait dire qu'il ne voulait pas qu'elle reste ?

Elle essaya de prendre une profonde inspiration mais celle-ci se coinça dans sa gorge et un petit son étranglé lui échappa. Quelque chose piqua ses yeux et amplifia cette étrange sensation dans sa poitrine.

« Yuriko. »

Elle releva prudemment les yeux et le regarda de derrière ses mèches argentées. Ses doigts se serrèrent sur sa poitrine. Elle découvrit Naruto qui l'observait gravement. Puis tout en elle s'apaisa quand il lui sourit chaleureusement.


Tsunade soupira en s'appuyant contre le dossier de sa chaise. Elle laissa tomber le stylo honni sur le bureau.

Elle détestait l'admettre mais elle se sentait un peu coupable d'avoir perdu son sang-froid avec Naruto. Normalement, elle n'aurait pas laissé la situation dégénérer… Pas autant en tout cas. Mais ce qui lui avait fait complètement perdre son calme, c'était qu'en ce moment ni elle ni Naruto ne pouvait se permettre de se mettre le Conseil à dos.

Malgré tout, ça avait été satisfaisant de voir ce gamin arrogant voler contre le mur. Elle eut un sourire satisfait.

« Bien fait pour lui » ricana-t-elle.

Ce qui l'avait surprise avait été la réaction de la fillette face à l'attaque contre Naruto. Elle l'avait protégé.

Comme si ses pensées l'avaient fait venir, elle sentit le puissant chakra familier se déverser par sa fenêtre. Son sourcil tiqua.

« Gamin, après ce qui s'est passé aujourd'hui, tu aurais pu choisir de regagner mes faveurs et entrer par la porte » siffla-t-elle, ne s'embêtant même pas à regarder le jeune homme qui était sans doute assis sur le rebord de sa fenêtre.

Naruto eut un reniflement moqueur. Il tournait le dos à Tsunade et était effectivement assis sur la fenêtre, les jambes à l'extérieur. Ses mains étaient posées sur le béton du rebord et ses yeux restaient fixés sur les visages des cinq Hokages sculptés dans la montagne.

« Qu'est-ce que tu veux maintenant ? Tu m'as donné assez de migraines pour une journée » demanda-t-elle en se levant.

Elle croisa les bras et avança vers lui.

Naruto ne parla que quand il sentit sa présence derrière lui.

« Elle a demandé si elle pouvait rester. »

Tsunade resta silencieuse. Son regard suivi celui de son ami et s'attarda sur les deux premiers visages sculptés.

« Je vois » dit-elle après quelques secondes.

« Est-ce que le Conseil le permettra ? » demanda Naruto, baissant le regard pour observer la route en contrebas.

Il suivit des yeux les corps qui se mouvaient en attendant sa réponse.

Tsunade soupira et posa une main sur la tête blonde, l'ébouriffant.

« Je peux m'occuper du Conseil. »

Naruto acquiesça. « C'est bien, parce que je veux qu'elle reste. »

Tsunade eut un sourire narquois et laissa retomber sa main. « Ouais, je sais, gamin. »

Naruto la regarda par-dessus son épaule. L'inquiétude dessinait des rides sur son front. « Et sa maladie ? »

Le sourire de Tsunade se fit supérieur. « Tu penses que je ne peux pas battre ce bâtard serpent à son propre jeu ? »

Naruto ricana et détourna le regard. « Alors je suppose que c'est tout. » Son expression s'adoucit et il se remit à observer les gens en contrebas.

C'était une chose de moins à s'occuper. Du moins pour le moment. Il n'était pas sûr qu'Orochimaru laisse juste tomber. Mais après s'être assuré que Yuriko irait bien, il pouvait se concentrer sur la seule chose qu'il devait encore régler.

Les cheveux sur sa nuque se dressèrent à cette simple idée. En pensant à lui.

« Merci mamie » murmura-t-il doucement.

Tsunade ne répondit pas. Elle s'appuya contre le mur et continua de regarder la montagne Hokage alors que Naruto disparaissait.

Ce garçon avait vraiment un talent spécial.

Ses yeux glissèrent vers le visage si semblable à celui de son interlocuteur récent et un sourire étira ses lèvres.

Quelqu'un là-haut devait vraiment se sentir fier.


Et toujours merci à Alcine pour sa relecture.