Disclaimer

Je ne possède en rien les personnages du Mentalistes, je n'en retire aucun bénéfice si ce n'est le plaisir d'écrire.

Commentaire

De retour, pour une nouvelle enquête qui, j'espère vous plaira.

Je remercie toutes celles et tous ceux qui sont passés par les textes précédents. N'hésitez pas à laisser un petit mot, ça fait plaisir et ça motive...

Donc, le texte prend en compte ce qu'il s'est passé dans "En plein coeur" et continue sur la lancée : Lisbon et Jane sont ensembles, Van Pelt et Rigsby itou...

Je dis cela pour mettre de côté les OS qui sont plus des parenthèses, des "variations sur le même t'aime" (comme dit "l'autre") : on a l'impression à chacun de mes OS que Jane et Lisbon s'embrassent pour la première fois!

Vous trouverez Hightower vache... Il en faut bien un...

Enjoy!


J'aurais pas dû… fff… J'aurais pas dû… fff… J'aurais pas dû prendre ce troisième donut… fff… Wayne… t'es trop gourmand…

Le sang fouettait les tempes de Wayne Rigsby, son cœur battait en cadence, au rythme des enjambées du policier.

Lève, les jambes… fff… lève ces foutues jambes et garde les coudes au corps…

Il se rappelait chaque conseil que son instructeur lui avait donné à l'époque où il faisait des semi-marathons. Dans des cas comme celui-là, lorsqu'il poursuivait un truand, cela lui permettait bizarrement de rester focalisé sur sa cible.

Il montait haut les genoux et se faufilait entre les passants. Il ne perdait pas de vue le mec devant lui qui semblait survoler le trottoir.

Rigsby se sentit un peu vieux le temps de quelques secondes. Il y a de cela cinq ans, il aurait rattrapé le gusse en moins de temps qu'il ne lui en aurait fallu pour le dire… aujourd'hui, s'il voyait qu'il gagnait du terrain, c'était plus difficile.

Avec Van Pelt, ils avaient quitté le diner où ils avaient pris le petit déjeuner pour se rendre au CBI. En chemin, ils avaient surpris un flagrant délit : un type venait de braquer un drugstore. Et voilà comment, à 8h40, on se retrouve à courir dans les rues de Sacramento en costume deux pièces.

Van Pelt avait pris une rue parallèle, en espérant pouvoir couper la course du voleur quelques blocs plus loin.

Peine perdue. Le mec filait et s'esquivait au moindre croisement.

La course durait depuis dix bonnes minutes et Rigsby espérait secrètement qu'il allait trouver une solution rapidement. Le type allait se faire renverser, trébucher ou perdre de façon inexpliquée du terrain. Mais rien n'arrivait. Promis, dorénavant le soir, il mangera light.

Il y a des journées qui commencent mal parfois.

Il s'engagea dans une ruelle et vit le voleur qui essayait de grimper une haute palissade en bois. C'était, là, la chance de le choper.

Haletant, essayant de reprendre son souffle, Rigsby se lança dans les jambes de son adversaire, le récupérant au moment où celui-ci aller passer par-dessus la palissade.

.

Ils dégringolent au sol, Rigsby assène un coup de poing au visage du voleur qui lui répond par un coup de pied dans le tibia doublé d'une droite dans la joue. Le policier, légèrement groggy, fait deux pas en arrière mais trouve l'esprit de dégainer et de braquer son arme.

- CBI ! Ne bouge plus ! Tu es en état d'arrestation!

C'est un adolescent qui se lève. Il porte un jean et une veste de survêtement dont il a rabattu la capuche et où il a plongé une main.

- Fais pas le con… lève tes mains, je veux voir tes mains !

Malgré les injonctions du policier, le voleur fait un pas en avant.

.

- Wayne !

Van Pelt arrivait en courant dans son dos.

- Tout va bien !

Rigsby ne lâcha le jeune homme qu'un dixième de seconde, ce qu'il mit à profit pour plonger à son tour dans le ventre du policier. Ils se retrouvèrent encore une fois au sol. Rigsby perdit son arme, tombant à quelques centimètres d'eux.

L'adolescent avait ses mains autour du cou de Rigsby et serrait le plus fort qu'il pouvait.

Rigsby suffoquait, son arme lui avait échappé, il n'arrivait pas à la retrouver et pourtant il tâtait le sol furieusement à sa recherche.

- WAYNE !

Van Pelt avait accourue. Lorsqu'elle fut assez près du jeune homme, elle lança instinctivement sa jambe qui finit directement dans la mâchoire de l'agresseur.

Un bruit sourd s'échappa de la tête de l'adolescent, un craquement du tréfond du crâne. Il lâcha Rigsby, se redressa légèrement, fit un pas ou deux, titubant, en arrière et leva ses yeux sur Van Pelt. Par réflexe, pour l'éloigner de Rigsby qui crachait et toussait en essayant de se relever, elle poussa le jeune homme loin d'eux avec ses deux mains.

Il sembla faire un vol plané de plusieurs mètres et vint s'écraser contre la palissade.

Un râle sortit de sa bouche, ses yeux tournèrent au blanc et il vint tomber à genoux, le corps penché en arrière, la tête contre le bois qu'il avait essayé d'enjamber quelques minutes plus tôt.

Il ne bougeait plus.

Au bout de l'allée quelques sirènes et des voitures de police s'approchaient.

Rigsby se redressa, toussa encore un peu, Van Pelt l'aidant à se mettre sur ses jambes. Il s'approcha du jeune homme et tâta son pouls.

Un masque tomba sur le visage du policier. Il se tourna alors vers Van Pelt et d'une voix blanche annonça.

- Il mort, Grace.

La jeune femme n'en croyait pas ses oreilles.

- Que… quoi ? Non, il n'est pas mort… il est dans les vapes… c'est tout…

Elle s'approcha à son tour et mis ses doigts au niveau de la carotide.

Rien.

Il y a des journées, comme çà, où ça commence mal. Des journées de chiotte.

.

oOo

.

- Je crois que vous vous fichez de moi !

Hightower avait dit cela comme une évidence. Ce n'était pas une question, ni une affirmation. Il n'y avait même pas de la colère. C'était un constat.

Elle avait devant elle l'équipe de Lisbon, en rang, devant son bureau.

La police avait pris les déclarations de Rigsby et Van Pelt dans lesquelles ils expliquaient l'état de légitime défense manifeste dans lequel ils s'étaient trouvés. Ils avaient essayé d'être le plus clair possible sur le déroulement des évènements. Ils étaient tombés sur des collègues compréhensifs et patients. Rigsby avait rapidement vu un médecin avant que sa joue ne tourne au violet et ne gonfle légèrement.

Puis l'info était remontée jusque très haut puis était redescendue jusque chez Hightower. En bout de course, elle avait écopé de toute la rage et la frustration de ses supérieurs.

- Je crois que c'est ça… vous vous fichez de moi…

- Madame, commença Van Pelt, je vous assure que nous avons utilisé la force strictement nécessaire à l'arresta…

Hightower avait levé la main en signe d'arrêt.

- Agent Van Pelt ? Le médecin a déterminé que le jeune homme a eu la mâchoire fracturée par un coup de pied et, à l'arrière, un traumatisme crânien dû à un choc violent et soudain… Sont-ce là les marques d'une « force strictement nécessaire » ?

- Il était en train d'étrangler Way… l'agent Rigsby… Madame…

- Vous aviez une arme… ce qui, selon la procédure, est un instrument dissuasif largement suffisant au contrôle de n'importe quel suspect…

- L'homme était particulièrement agressif et déterminé, madame. Vous faut-il une preuve ? Demanda Rigsby qui, lorsqu'il dégagea son cou, portait deux traces pourpres en guise d'écharpe.

- Madame… reprit Lisbon. Mes agents sont intervenus sur un flagrant délit, ils ont pris en chasse le suspect qui les a agressé en retour. Ils se sont défendus. Allez-vous les blâmer pour avoir fait leur travail ? C'est la réalité du terrain que nous avons sous les yeux, Madame. Vous croyez que lorsque quelqu'un braque un drugstore dès 8h00 du matin… vous croyez que cette personne va se laisser arrêter par la police ? Elle est désespérée, voilà ce qu'elle est, et elle tentera le tout pour le tout… et si elle doit tuer, elle tuera.

- Agent Lisbon ? Vous allez me faire pleurer... Vous pensez sincèrement que votre discours… que jouer les Inspecteur Harry

- Madame, avec tout le respect que je vous dois, je ne considère pas que Van Pelt aie joué les inspecteurs Harry, comme vous dites…

- Je ne sais pas ce qui me retient de tous vous mettre à pied – souffla Hightower pour elle-même…. Lisbon, moi, je vous dis que ce n'est pas avec ces affaires là que l'image de la police…

- Oh… alors c'est çà ?

La voix de Jane semblait amusée. Il était resté en retrait, assis nonchalamment sur le canapé blanc qui trônait dans le bureau du grand chef. Il se leva.

- Jane… Quand je voudrais vous parler… Commença Hightower.

- Je sais, je sais… vous m'enverrez des fleurs…

- Pas des fleurs, mais un coup de téléphone… au Gouverneur, par exemple…

- Allez-y… fit Jane en s'approchant du téléphone et décrochant le combiné. Allez-y, je vous en prie…

Hightower sembla hésitante. Jane en profita.

- Vous avez peut-être oublié son numéro… attendez…

D'une main habile et rapide, Jane composa un numéro et attendit. On répondit à l'autre bout du fil.

- Allo? Gouverneur ? … Patrick Jane… Comment allez-vous ?

Hightower sembla se liquéfier sur place au grand amusement secret du reste de l'équipe. Juste ce qu'il lui fallait.

Patrick Jane conversait, parlait de golf et d'élections, assurant le Gouverneur de tout son soutien et, bien entendu, de son vote. De ses yeux, il interrogeait Hightower sur la possibilité de lui passer son interlocuteur. Inconsciemment, elle faisait non de la tête. Patrick Jane avait gagné la bataille de l'intimidation.

- … Ah, au fait Gouverneur… l'Agent Hightower… oui, Madeleine… Elle vous passe toutes ses amitiés… c'est ça… je n'y manquerais pas… Au revoir M. le Gouverneur…

Il raccrocha avec un sourire.

- Le Gouverneur vous passe son bonjour… Madeleine…

- Jane… La colère pointait chez Hightower…

Jane redevint sérieux. Il regarda Hightower dans les yeux.

- Vous savez très bien que vous ne pouvez pas mettre tout le monde à pied… commença-t-il. Alors, Question ? Pourquoi ? Réponse ? Parce que se sont the finest, la crème de la crème, que vous avez là, avec cette équipe… dans quelques années, lorsque vous aurez obtenu ce poste de procureur dont vous rêvez… C'est Lisbon qui sera dans votre fauteuil… Vous pouvez me croire... Van Pelt a acquis plus d'expérience depuis ses débuts que n'importe quel flic dans toute sa carrière… Rigsby est un des meilleurs policiers avec qui j'ai travaillé… Quant à Cho… C'est Cho… avez-vous besoin d'un autre argument ? Et moi… ce n'est pas un secret, je serai mieux hors de cette équipe… pour des raisons personnelles… - il jeta un rapide coup d'œil à Lisbon - Ne me dites pas que vous êtes prête à sacrifier la fidélité de vos troupes pour des calculs bassement politiques… L'image de la police, elle rend soucieux les ronds de cuir, pas les vrais flics…

Il alla se rasseoir sur le canapé, content de son effet. Dans le bureau, il flottait dans l'air un mélange de gêne et de revanche.

Jane avait mis les pieds dans le plat mais avec classe. Comme à son habitude.

Hightower se tut quelques instants, en regardant Lisbon, Van Pelt, Rigsby et Cho…

Elle souffla et ouvrit un dossier avant de lâcher froidement.

- Je n'ai pas d'autre options, étant donné qu'une enquête vient d'être ouverte sur le déroulement des faits, que de suspendre l'agent Grace Van Pelt de ses fonctions…

Van Pelt reçut la nouvelle comme un coup de poing dans l'estomac. Des larmes apparurent à ses yeux.

- … Agent Van Pelt ? Vous êtes suspendue officiellement à partir de cet entretien – elle regarda sa montre et nota quelque chose dans le dossier –. Vous gardez votre solde, à ce stade, vous n'êtes soupçonnée d'aucune faute de quelque nature que se soit. Je vous demanderais de me rendre votre plaque et votre arme.

L'équipe s'approcha pour faire corps autour de Van Pelt, pour lui signaler qu'elle pouvait compter sur eux. Elle s'exécuta, tentant de retenir les larmes qui se pressaient à ses yeux, et sortit du bureau sans rien dire.

Alors que le reste de l'équipe allait sortir à son tour, Hightower ajouta.

- Lisbon ? Rigsby ? Que ce soit clair entre nous… je ne crois pas à un mauvais geste volontaire de la part de Van Pelt, avec l'intention de tuer, mais plutôt à celui d'une femme… qui a eu peur pour quelqu'un à qui elle tient… Vous comprenez ? ... Et çà, c'est une question qu'il va falloir tirer au clair… entre nous… et certaines décisions devront encore être prises… et il faudra que cela soit la dernière fois…

- Oui madame, fit Lisbon… Merci, madame…

Le groupe sortit. Jane le suivait lorsqu'il fut rappelé par Hightower.

Elle le regardait fixement avec des yeux brûlants, une sourire carnassier aux lèvres. Il se demanda si elle allait d'abord l'étriper avant de lui arracher la tête ou si elle opterait pour l'inverse. Il se dit que la première solution serait sans aucun doute la plus douloureuse et probablement celle que choisirait Hightower... A part qu'elle ne le fasse écarteler entre plus...

- J'ai apprécié votre tour de force, avec le Gouverneur… Fit Hightower. Vous vouliez me montrer que vous étiez intouchable ? C'est fait… j'ai bien pris note…

- Je…

- Chuuuutt… écoutez-moi bien, Patrick Jane – La voix de Hightower était douce et calme – je ne peux rien contre vous, c'est un fait… mais, jusqu'à preuve du contraire, eux –et elle fit un signe en direction du groupe qui s'était formé autour de Van Pelt – je peux leur faire mal… très mal… C'est bizarre comme vous n'imprimez jamais ce qu'on vous dit?

- Ce ne serait pas des menaces, par hasard ?

Hightower se leva. Elle épousseta la veste de son ensemble d'une poussière imaginaire, remis en place un cadre photo et rangea un stylo.

- Nooon, pas des menaces… c'est illégal, les menaces, vous le savez bien… disons que c'est juste un... conseil… Jane, arrêtez de faire le con et de jouer au plus malin… et une dernière chose… je croyais avoir été claire mais puisque vous ne parlez par le Hightower, je vais vous traduire : pas de fricotage entre vous et Lisbon… Van Pelt et Rigsby, on verra plus tard...

Ils se regardaient droit dans les yeux. Ils se défiaient du regard, comme deux boxeurs en phase d'observation. Jane tira son large sourire. Il était temps de désamorcer la situation. enfin... façon de parler...

- Vous savez, Madeleine… dit Jane. Vous devriez prendre plus de temps pour rencontrer des gens qui vous apprécieraient… Il doit bien y en avoir un, là, dehors…

- Sortez…

- Je suis persuadé que vous avez les pieds froids, c'est pour çà… fit Jane en s'échappant par la porte.

- SORTEZ !