A dix-sept ans, Louis Weasley avait beaucoup de succès auprès de la gent féminine.

Cela n'était guère étonnant. De tous ceux qui portaient le nom « Weasley » à Poudlard, il était de loin le mieux gâté par Dame Nature. Ses traits étaient fins et délicats, ses yeux d'un bleu aussi clair que le plus beau des cieux d'été, ses cheveux d'un blond hésitant entre cendré et vénitien et sa bouche aux lèvres rosées et pleines était à elle seule l'objet de nombreux phantasmes des filles de l'école. Louis était un très beau garçon, qui avait su prendre le meilleur de son père et sa mère pour être l'homme idéal de la quasi-totalité de l'école.

En plus de son physique, Louis était pour toutes ces filles l'un des garçons les plus énigmatiques que quelqu'un puisse rencontrer. Malgré son imposante famille, il était très solitaire et réservé. Il n'était pas rare de le croiser seul, la tête baissée et le regard fuyant. Loin de décourager les nombreuses admiratrices du jeune homme, cette attitude lui conférait aux yeux des filles de Poudlard un aura de mystère certain et très attractif.

Et puis la mère de Louis était Française, il était donc évident pour les adolescentes en quête d'un Prince Charmant que Louis serait l'homme idéal pour ce rôle : ne disait-on pas que la France était le pays du romantisme et de l'amour ? Beaucoup s'imaginaient dans les bras de Louis. Il leur les couvrirait de fleurs et de compliments, et il leur réciterait de la poésie moldue française avant, pendant et après l'amour. Parce qu'il saurait être un vrai chevalier servant, lui, pas comme ses cousins un peu trop bêtes, James et Fred.

Alors elles faisaient tout pour attirer son attention. Cela allait de lui sourire dès que l'occasion se présentait à s'asseoir à sa table lorsqu'il étudiait à la bibliothèque en passant par le complimenter dès qu'il obtenait une bonne note à un examen - ce qui arrivait très souvent, Louis n'avait pas été réparti à Serdaigle pour rien. Louis trouvait fréquemment des petits mots doux dans ses affaires et il n'était pas rare qu'une chouette ou un hibou lui apporte une lettre d'amour au petit-déjeuner.

Oui, c'était certain, Louis Weasley avait beaucoup de succès auprès de la gent féminine. Le seul petit problème, c'était que la gent féminine n'avait absolument aucun succès auprès de Louis Weasley.

Non pas qu'il n'ait pas essayé. Louis avait déjà embrassé quelques filles et s'il n'avait pas trouvé l'expérience traumatisante, il n'avait pas non plus senti dans son estomac voler les papillons dont tous les romans d'amour de ses deux grandes sœurs parlaient toujours. Pire encore, quand il s'était imaginé aller plus loin qu'un simple baiser avec une des trois filles qu'il avait embrassées, il se sentit étrangement très mal à l'aise.

Louis avait analysé la situation et ses sentiments et réactions pendant des années, et il était arrivé il y a quelques mois à peine à la conclusion qu'il était irrémédiablement gay. Cela faisait donc quelques mois que Louis vivait dans l'angoisse permanente que quelqu'un arrive à la même conclusion que lui et ne découvre son secret.

Personne ne devait savoir. Pas ses amis, qui ne comprendraient pas et qui auraient peur. Pas ses cousins, qui n'y croiraient pas ou qui se moqueraient de lui. Pas ses parents, qui auraient honte ou qui seraient déçus de ne pas avoir un fils normal. Louis ne pouvait pas leur en vouloir. Lui-même, il avait à la fois honte et peur, quand il y pensait. Tout aurait été tellement plus simple si les papillons, il les avait eus en embrassant Sarah, Jessica et Maud, et non pas en regardant Tim, Geoffrey ou Anthony.

Mais ce genre de chose ne se contrôlaient pas et ne se contrôleraient sans aucun doute jamais, et Louis continuerait à regarder passer les garçons en taisant le fait qu'il les trouvait beaux et qu'il aurait eu envie de les embrasser.

Malheureusement pour Louis, son secret n'allait pas le rester très longtemps…