Parole de l'auteur : et voilà, ceci est le dernier chapitre qui va clôturer cette histoire (ouf!) Que dire après tout ça ? Et bien, je vous avouerais que ça a été une expérience très intéressante. Pourquoi ? Parce que c'est la première fois que je parviens à finir une fic qui rencontre si peu de succès. Et je peux vous dire que ça n'a pas été facile, par moments j'avais envie de tout laisser tomber et passer à autre chose. Si j'ai pu mener cette aventure jusqu'à la fin, c'est essentiellement grâce aux différentes personnes qui m'ont soutenue depuis le début. C'est pour ceux-là, que j'écris maintenant.
Réponse aux reviews anonymes :
Mama : merci pour ta review et pour tes compliments très motivants. Un problème avec les enfants ? Pas tout fait, c'est avec mes héros que j'ai un problème : plus je m'attache à un personnage, plus je le fais souffrir. Mais si j'ai tué Simon et Noami, c'est aussi pour savoir jusqu'où j'avais réussi à vous les faire aimer. Moi aussi j'ai pleuré la première fois que j'ai imaginé la scène de leur mort. J'en ai été sciée : ça ne m'était jamais arrivé, même dans Cas de Peste qui est cent fois pire !
Sinon, pour répondre à ta question sur leur mort : la vérité, c'est qu'ils ne sont jamais retournés au manoir : lorsque Simon a retrouvé Naomi, il est resté auprès d'elle et il s'est endormi avant de la rejoindre. On peut dire qu'en fait, c'est elle qui est allée le chercher. Voilà pour la petite histoire.
Allez, merci de m'avoir lue et bonne lecture.
Ani Black : coucou, voici donc enfin la suite tant attendue. J'espère que cela te plaira.
Bisous et bonne lecture.
Emma : hello, merci pour ton petit mot de sympathie, mes partiels se sont bien passés, j'ai obtenu mon semestre (ouf!) J'espère bien que vous avez déprimé avec moi, après touuuuuuuuuut ce que j'ai fait pour vous, bande de monstres ! XD Rassure-toi, ce chapitre-là est le dernier et je vous ai mitonné une petite fin qui… oups ! J'ai failli lâcher le morceau. Enfin tu m'en diras des nouvelles. ;-) Bonne lecture.
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Quatre saisons
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Le retour de la boucle
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Trois ans.
Cela faisait à peu près trois ans que la guerre était terminée en Angleterre. Il avait fallu beaucoup de temps pour les populations sorcières et moldues de s'habituer à cohabiter ouvertement. Quelques sorciers avaient protesté, ne comprenant pas pourquoi on ne distribuait pas simplement des sortilèges d'amnésie pour « régler le problème ». À dire vrai, cette idée en avait chatouillé l'esprit de beaucoup mais il avait fallu la bannir parce qu'il y avait trop de témoins pour qu'on se contentât de jeter des oubliettes à tour de bras. Ou alors c'était la planète entière qu'il fallait ratissée si l'on voulait replonger le monde sorcier dans l'anonymat.
Plutôt que d'en arriver à cette extrémité, les gouvernements moldu et sorcier avaient choisi l'option plus raisonnable de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Une nouvelle constitution fut rédigée : l'ancien parlement bicaméral moldu ainsi que le Magenmagot jugés caducs furent dissous. On forma à la place un nouveau parlement composé de députés sorciers et moldus, auxquels était confié le pouvoir législatif. À la tête, un ministre né-moldu qui détenait le pouvoir exécutif, était élu par les citoyens. Une poignées d'hommes politiques étaient choisis par les députés pour diriger les branches essentielles à la bonne marche de l'État.*
D'autre part, on accueillit à bras ouverts la famille royale. C'était un point où curieusement, tout le monde s'était accordé, ne voulant surtout pas perdre leur plus prestigieux ornement d'antichambre de Westminster.
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Au sein d'une prestigieuse rue de Londres, un homme attendait nerveusement dans le vestibule de la demeure imposante où il avait rendez-vous avec son futur avocat. Cet homme, Andrew Gibbs, était le chef d'une entreprise de nanotechnologie, spécialisée dans la fabrication de puces électroniques extrêmement performantes, destinées à intégrer entre autres des systèmes de sécurité, d'identification et de stockage de données. L'activité marchait si bien que plusieurs de ses partenaires économiques lui avaient conseillé de l'accroître en développant d'autres unités dans le pays et à l'étranger.
Après plusieurs semaines de négociations et de travail avec ses associés, l'homme était finalement parvenu à rassembler les fonds nécessaires pour monter deux succursales, l'une près de Bruxelles et l'autre dans un village situé peu avant la frontière de l'Écosse. Au début, tout s'était bien passé, le directeur avait obtenu l'accord (et même la bénédiction) des administrations locales. En tant qu'homme d'expérience, il s'était attendu à affronter quelques aléas.
Seulement, les problèmes ne vinrent pas de là où il les attendait.
Alors qu'il pensait que l'exportation en Belgique allait forcément entraîner quelques complications, au moins logistiques, on lui rapporta bientôt que l'établissement du nord rencontrait de sérieuses difficultés. Il apparaissait que la nuit, alors que le chantier était plus vulnérable, de jeunes délinquants s'y infiltraient et détruisaient tout sur leur passage pour bloquer l'avancement de la construction. À long terme, le retard que ces voyous provoquaient, pouvait devenir extrêmement handicapant. En outre, Gibbs avait avancé trop d'argent sur ce projet pour reculer désormais.
C'était pourquoi il se trouvait aujourd'hui dans ce riche cabinet d'avocat, pour exiger qu'une enquête soit faite et que les forces de l'ordre se déplacent pour protéger la zone jusqu'à la fin des travaux.
« Monsieur Gibbs ? Demanda une voix un peu rêche.
L'homme fut tiré de ses pensées par l'arrivée d'une dame d'environ soixante ans qui le regardait impassiblement. Adrew Gibbs se racla la gorge et répondit poliment :
-Oui, c'est moi. Bonjour madame.
-Bonjour, répondit-elle un peu décontenancée. Monsieur Malefoy a terminé sa réunion et va vous recevoir. Si vous voulez bien me suivre… »
Le quadragénaire hocha la tête et emboîta le pas de la secrétaire.
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Deux jours plus tard, Tonks atterrit dans le petit village de C… dans la zone où se trouvait le fameux chantier à problème.
C'était le cœur de l'hiver. En regardant un peu autour d'elle, elle se demanda si l'aspect du paysage devait se refléter sur l'humeur des gens. En direction du sud, une vaste plaine d'un vert terne se confondait au loin avec le brouillard environnant. Vers le nord, on distinguait vaguement le début des montagnes d'Écosse, voilées elles aussi par une chape de brume. Le ciel d'un gris bouseux annonçait des orages proches qui cependant ne se pressaient pas d'éclater. L'air même qu'on respirait pleurait l'humidité presque autant que l'ennui.
La jeune femme fut bientôt rejointe par Harry Potter, le Survivant et plus jeune Auror-en-Chef depuis trente ans de son état. Tonks quant à elle, avait également évolué dans sa position au ministère et était devenue inspecteur chargé d'enquête. Harry et elle formaient une fameuse équipe, souvent réquisitionnée pour des affaires autrement plus intéressantes. Seulement, n'ayant aucune urgence à régler dans l'immédiat, ils s'étaient tous les deux portés volontaires. D'une part parce que cela les changeait un peu de leur routine.
Et d'autre part parce que cela leur donnait une occasion en or de rendre visite à une amie chère.
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« Pardon ? Jeta Andrew Gibbs avec incrédulité. Comment ça ils ne veulent pas ?
-Cela paraît assez clair, non ? Railla Tonks.
-Tonks ! Fit Harry sur un ton de reproche.
-Je vous en prie Miss Tonks, intervint posément Malefoy. Monsieur Gibbs, j'ai le regret en effet de vous annoncer que la majorité des habitants de C… n'est pas favorable à votre projet.
-M-Mais pourquoi ? S'exclama le malheureux en montant dans les aigus. Ce n'est pas une construction qui pourrait créer de la nuisance comme… je ne sais pas moi, une ligne de train, une centrale nucléaire ou un aéroport. Au contraire, ce projet est une bénédiction pour les habitants de ce village. Le taux de chômage y est d'au moins douze pour cent. De plus en plus d'habitants sont obligés de déménager pour trouver du travail. Alors non, je ne comprends pas.
-Peut-être qu'ils craignent que cela ne gâche le paysage, pouffa encore la jeune femme.
-Tonks ! La réprimanda encore Harry.
-Oh ! Si on ne peut plus plaisanter, dit-elle en haussant les épaules.
-Cela n'a rien de drôle Miss Tonks, éructa le chef d'entreprise. Vous ne saisissez pas la gravité de la situation ! J'ai engagé beaucoup d'argent dans ce projet et s'il n'aboutit pas, je perdrai tout, ce qui serait une catastrophe pour mes affaires. Je serais peut-être obligé d'aller jusqu'au licenciement de mes salariés actuels, c'est cela que vous voulez peut-être ?
-Du calme ! Trancha encore une fois l'avocat. Tout ceci ne nous aide en rien. Voyons plutôt ce que l'on peut faire pour résoudre ce problème.
-Mobilisez la police et les Aurors ! Exigea Gibbs. Faîtes arrêter ces délinquants! En prison, peut-être qu'ils apprendront enfin à réfléchir. Au moins laisseront-ils en paix les honnêtes gens.
Harry posa une main ferme sur le bras de Tonks pour l'empêcher de se jeter sur l'homme stressé. Heureusement, l'avocat tempéra encore une fois les occupants de la pièce :
-Monsieur Gibbs, je me dois de vous rappeler que ce n'est pas à vous de décider si les forces d'ordres doivent être sollicitées. Quant aux coupables, nous n'avons pas assez d'indices pour les identifier. Toutefois, je vous promets qu'une enquête sera ouverte. Nous essaierons de discuter également avec les habitants. Mieux vaut régler tout cela à l'amiable, cela nous évitera des dépenses aussi considérables qu'inutiles.
Andrew Gibbs hocha la tête, toute sa courtoisie retrouvée et répondit simplement :
-Entièrement d'accord avec vous Monsieur Malefoy. Je vous laisse régler cela à votre idée. Cependant si vous tardez trop, je me verrai contraint de déposer plainte contre X. Je ne peux pas me permettre de mettre en danger la vie de mon entreprise et le sort de mes salariés.
Là-dessus, l'homme salua tout le monde et prit congé, sous le regard courroucé de Tonks. Celle-ci, une fois qu'il fut sorti, déplora :
-Je sens que cette affaire va être plus coriace que prévue.
-C'est vrai, approuva Harry. Surtout si tu continues à te montrer odieuse comme aujourd'hui.
Tonks baissa la tête, reconnaissant en elle-même qu'elle était allée trop loin. Pour ne pas risquer de s'enliser dans des excuses à n'en plus finir, Malefoy revint à leur affaire :
-Bon, ce n'est pas tout ça, mais nous avons du pain sur la planche. Plutôt que de convoquer le tribunal, je propose d'aller directement sur place pour connaître les raisons de l'opposition des habitants à ce projet. Gibbs a raison : les bénéfices qu'il apporterait à cette région sont trop grands pour qu'il puisse provoquer tant de mouvement défavorable sans un motif sérieux.
-Peut-être que cette réaction est due tout bêtement à un manque d'informations, suggéra Harry.
-Ce ne serait pas la première fois, fit observer judicieusement Tonks.
-De toutes les manières, il faut nous rendre rendre sur place pour nous renseigner, décréta l'avocat.
Harry se gratta la tête et s'excusa auprès de Malefoy en évitant soigneusement son regard.
-Écoute Malefoy, j'aurais bien accepté, seulement Tonks et moi avons des choses à faire dans les jours qui viennent. J'ai un rapport à faire en trois exemplaires sur ce trafic de motos volantes d'il y a une semaine. On pense avoir trouvé un lien avec un réseau plongé dans la contrefaçon.
-Et ça, c'est à moi de l'éclaircir, renchérit la jeune femme en rentrant dans son jeu. J'ai reçu un appel hier : on requiert mes services parce que les analyses magicochimiques des matériaux ont enfin donné leurs résultats.
-Je vois, opina Drago Malefoy. Cela signifie donc que si je veux ces renseignements, il va falloir que je fasse appel à quelqu'un d'autre.
Harry retint difficilement un mouvement d'exaspération mais pour une fois, Tonks se montra plus subtile que lui :
-Écoute Malefoy, ce n'est pas à moi de dicter ton rôle, mais à mon avis tu devrais t'y rendre toi-même pour mieux te rendre compte.
-Moi ? S'étonna-t-il.
-Oui, opina-t-elle. Les habitants ont tiré une drôle de tête en nous voyant, ils ont répondu à nos questions bien sûr, mais je pense que notre visite les a rendu méfiants. Forcément, ils ont vu que nous étions des flics. À l'avenir, je pense qu'ils seront moins réticents si c'est un… comment dire, un simple « civil » qui les interroge.
Malefoy hocha la tête. Discrètement, Harry hocha la tête en adressant un regard admiratif à Tonks, laquelle y répondit par un infime clin d'œil. Enfin, l'embobiné accepta. Comprenant que l'entretien était terminé, les deux comploteurs sortirent et échangèrent un regard triomphant. Une fois dehors, Tonks leva un poing au ciel, sous le regard amusé de son jeune ami. Puis reprenant son sérieux, elle l'interrogea anxieusement :
« Crois-tu qu'il a été dupe ?
-Dupe ou pas, notre entourloupe aura forcément éveillé sa curiosité, la rassura Harry. Même s'il a flairé le piège – d'ailleurs je dirais : surtout s'il l'a flairé – il plongera dedans, rien que pour savoir. »
Caché la fenêtre, Drago n'en voulut pas entendre davantage. Contrarié, il la referma pour couper le froid, se rassit derrière son bureau puis réfléchit. Au bout d'un moment, il secoua la tête en se traitant d'imbécile.
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Le lendemain, une pluie fine et glacée détrempait le sol boueux du village de C…
Rabattant la capuche, Drago Malefoy s'avança vers le lieu « à problèmes ». La zone, recouvrant environ deux milles mètres carré sur le terrain total, était occupée par les ouvriers et les maçons qui continuaient les travaux en dépit des obstacles. La construction avait à peine débuté, des ébauches de murs commençaient à pousser ici et là. On dénombrait environ une cinquantaine de travailleurs sur place.
Néanmoins, les différents actes de vandalisme avaient installé parmi les employés un climat de méfiance et de mauvaise humeur qui, à la longue, pouvait se montrer néfaste à l'avancement des travaux : on sentait que si les habitants éprouvaient de l'animosité pour ceux qui amenaient cette entreprise non désirée, le mécontentement allait aussi dans l'autre sens.
Se préparant d'avance à passer une journée aussi longue qu'ennuyeuse, Malefoy se dirigea vers les maçons qui le regardèrent aussitôt avec un mélange de curiosité et de défiance.
Oui, très longue.
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Vers quatre heures de l'après-midi, le supérieur et l'avocat discutaient encore alors qu'ils se dirigeaient vers le centre du village.
« Vous dîtes que les agressions qui ont été faites, portent à la fois des traces magiques et… moldues, c'est bien cela ? Récapitula Drago.
-Oui, acquiesça l'autre. Ce sont probablement des professionnels car nous n'avons jamais pu les pincer.
-Vous ne pensez pas qu'il puisse s'agir de jeunes désœuvrés idéalistes qui se battraient pour je ne sais quelle grande cause pavée de bonnes intentions comme il en fleurit au moins dix chaque année ? Plaisanta-t-il.
L'autre pouffa et hocha la tête d'un air faussement navré avant de répondre sur le même ton :
-Hélas non ! J'aurais bien aimé pourtant. Ces gens-là sont si imprégnés de leurs superbes idées qu'ils ne rêvent que de se faire ferrer pour mieux les braire. Au moins, ça aurait arrangé tout le monde.
Ils rirent tous les deux. Puis, reprenant son sans-froid, l'homme murmura :
-Malheureusement, j'ai peur que ce ne soit plus sérieux que ça : nous avons affaire à des gens bien organisés qui connaissent bien les tours de garde. Je soupçonne même la présence d'un animagus parmi eux.
-Tiens donc ! Qu'est-ce qui vous fait croire cela ?
-Et bien… nous avons relevé des empreintes étranges dans le sol. Malheureusement avec la tempête, elles ont été à moitié effacées. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'elles n'appartiennent pas à des pieds humains. D'autre part, l'aspect de certains dégâts, les traces de morsures que nous avons relevées sur le matériel… seule une grosse bête aurait pu les causer.
-Je vois, dit l'avocat en hochant la tête. Écoutez, revenez dans deux heures dans mon bureau à Londres. Je convoquerai l'Auror-en-Chef et ensemble, nous trouverons bien un plan pour capturer ces malfaiteurs. Pendant ce temps, je vais voir ce que je peux faire pour réconcilier les autochtones du coin avec cette malheureuse entreprise.
-Je préférerai huit heures si cela ne vous ennuie pas, objecta doucement son interlocuteur À six heures, je serai encore sur le chantier et à sept, avec ma famille.
-Va pour huit heures alors, se plia Malefoy.
-Très bien. Autre chose encore et je vous laisse : si voulez en savoir plus sur les inhabitants, adressez-vous au maire de la ville. Il paraît qu'il est très bien et qu'il a un bon contact avec eux
-Je verrai cela alors, merci du conseil, sourit l'autre. Au revoir Monsieur.
-À bientôt Monsieur Malefoy », le salua l'autre qui s'en retourna.
Resté seul, Malefoy se dirigea vers la grande place où étaient la mairie, la poste et quelques commerces. Au centre de l'avenue, trois arbres sombres et noueux rampaient vers le haut, tendant leurs branches vers le ciel comme s'il allait s'attendrir devant leur attitude suppliante. Arrivé devant la porte vitrée de la mairie, Drago eut la surprise de constater que c'était fermé. Le vendredi, les employés municipaux terminaient plus tôt.
Contrarié à l'idée de revenir le lendemain, Drago marcha au hasard des rues.
Au bout d'un moment, sans savoir comment il était arrivé là, il déboucha sur un carrefour étroit et bondé de monde : il y avaient beaucoup d'enfants avec leurs parents. Des piaillement aigus éclataient, recouverts de quelque invective lancée par un adulte. Alors le flâneur aperçut l'école qui se tenait à côté d'un parc et d'une poignée de maisons. Indifférents à la pétulance de leur marmaille, de nombreux parents bavardaient entre eux. Lassé par ce vacarme ambiant, Drago voulut faire volte-face et repartir quand soudain, il se figea net. Une sensation glacée lui mordit l'estomac.
De longs cheveux bruns ondulant légèrement sous la bise, coiffés au sommet d'un bonnet bleu et blanc. Des joues rosies par le gel, rehaussées par un sourire mutin creusant un coin de lune entre deux fossettes. Des mains vives et aériennes, qui se tendaient et s'animaient comme deux oiseaux blancs.
Au loin, un rire tinta. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que c'était son rire à elle.
Elle.
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Hermione discutait avec Leslie Callahan, la maîtresse des cinquièmes années, avec laquelle elle s'entendait très bien. C'était une jeune femme rousse, exubérante et dynamique qui lui rappelait étonnamment Ginny Weasley, surtout à la façon qu'elle avait de parler des hommes…
« Tu es sûre que tu ne peux pas te libérer Hermione ? Insista-t-elle encore. Ce sera cool, on va s'amuser.
-Pour la dixième fois : non, Leslie, souffla-t-elle. Un ami d'enfance vient de m'inviter à dîner, je ne peux décemment refuser, cela fait trois ans que nous ne nous sommes plus revus.
-C'est dommage, regretta son amie. En plus il y aura du mâle à cette soirée. Tout un tas de célibataire qui ne demandent qu'une chose : ne plus l'être l'espace d'une nuit.
-Je me trompe ou tu as un message à me faire passer ? Susurra Hermione en faisant mine de se vexer.
-Bah oui, se justifia Leslie sans saisir l'ironie. Déjà que tu ne sors pas beaucoup… »
Hermione haussa les épaules et se renfrogna, réellement cette fois-ci. N'étant point aussi bouchée, l'autre femme vit bien qu'elle ennuyait sa compagne et n'insista pas. Toutefois, comme son regard se portait vers la rue, elle vit un bel homme qu'elle ne connaissait pas, vêtu de façon très élégante qui semblait les dévorer du regard. Troublée, Leslie se retourna et jeta des coups d'œil à côté d'elle. Elle mit peu de temps à deviner à qui s'adressait cette admiration mystérieuse. Mais comme de bien entendu, la principale concernée, elle, n'avait strictement rien remarqué.
D'un léger coup de coude, elle héla discrètement son amie :
« Hermione, tourne-toi discrètement. Je crois qu'il y a un homme qui t'observe. »
Intriguée, la jeune femme obéit.
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Brusquement, le cœur de Drago rata un battement : comme si elle avait entendu ses pensées, elle tourna la tête pile dans sa direction et ses yeux le frappèrent de plein fouet.
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Alors le temps se suspendit.
Il ne resta que deux regards, soudés l'un à l'autre.
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« Hermione ? Demanda une voix fort lointaine.
L'interpelée cligna des yeux, reprit ses esprits mais se détourna trop vite, sans se rendre compte de l'image qu'elle renvoyait. Leslie fut aussitôt inquiète de son extrême pâleur et de son visage décomposé. Elle regarda avec suspicion par-dessus son épaule et constata avec étonnement que l'inconnu paraissait dans le même état que celui de Hermione. Comme son amie demeurait très affectée, elle voulut la secouer un peu :
-Hermione ! Hermione, ça va ?
Alors seulement, son amie retrouva sa maîtrise d'elle-même et put répondre :
-O-oui ça… ne t'inquiète pas.
D'une voix soupçonneuse, elle l'interrogea encore :
-Qui c'est ce type ? Tu le connais ?
Mais elle secoua la tête, comme pour dire ni oui ni non. À la place, elle répondit d'un ton absent :
-C'est… compliqué. Disons que cet homme fait partie de mon passé…que je souhaiterais oublier.
Leslie hocha la tête avec raideur, les lèvres pincées. Enfin, d'une voix lourde de menace, elle proposa à sa collègue :
-Tu veux que j'appelle la police ?
Mais Hermione fit « non » de la tête avec un petit rire.
-Tu voudrais appeler la police simplement parce qu'un homme me regarde un peu fixement ? Allons, inutile de faire une psychose pour si peu. Je ne pense pas qu'il me veuille du mal. Si la situation se corsait néanmoins, je saurais me défendre. J'ai appris du meilleur, ne l'oublie pas.
-C'est vrai, admit Leslie. Bon, et sinon pour ce soir, tu es vraiment sûre que… ? »
Hermione poussa un long soupir et lui jeta un regard excédé.
_.•'°'•._.•'°'•._.•'°'•._
Ce soir-là, elle fut la dernière à partir. Le soleil s'était couché depuis longtemps à l'horizon lorsque les lumières du rez-de-chaussée s'éteignirent enfin. Dehors, la place s'était vidée depuis longtemps. Fatiguée, Hermione consulta sa montre et fut soulagée en constatant qu'il n'était que sept heures. Elle avait encore une heure pour se détendre avant de se rendre chez Harry.
Prestement, elle referma la porte du bâtiment et se dirigea vers le portail. Se promener à cette heure-ci n'était peut-être pas une bonne idée, mais elle se sentait si agitée qu'elle éprouvait le besoin de marcher pour se remettre les idées en place. Elle referma également derrière elle la grille mais ses gestes étaient tellement saccadés que ses clefs lui échappèrent des mains et retombèrent sur le trottoir dans un cliquetis métallique. Hermione pesta silencieusement, ramassa son trousseau et parvint finalement à tourner le verrou.
Sa tâche terminée, elle ne se retourna pas tout de suite. Prenant une profonde inspiration, elle déclara très calmement :
« Je sais que tu es là Malefoy. »
Dissimulé dans l'ombre d'un arbre, Drago savait qu'il aurait été ridicule de jouer plus longtemps à cache-cache. Sans plus chercher à se faire discret, il sortit en pleine lumière et s'avança vers la silhouette féminine qui lui faisait dos. Ses pas claquèrent sourdement contre le bitume. Il s'arrêta à deux mètres d'elle et attendit qu'elle daignât se retourner, ce qu'elle fit enfin en le regardant avec la plus stricte neutralité. De fait que son visage était voilé par les ténèbres naissantes, on ne pouvait deviner ce qu'elle pensait. Prenant les devants, l'homme la salua en premier :
« Miss Granger.
La jeune femme ne réprima pas son sourire à l'entente de ce salut très formel. À son tout, elle formula avec un soupçon d'humour :
-Monsieur Malefoy.
Il régna un léger silence mais une fois de plus, ce fut Malefoy qui le rompit en énonçant indifféremment:
-Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes plus revus.
-En… en effet, bégaya-t-elle.
« Je rêve ou sa présence me rend nerveuse ? » Se morigéna-t-elle. Vexée de perdre tous ses moyens aussi stupidement, elle relança avec un détachement qui touchait presque à l'ennui :
-Et sinon, qu'est-ce que vous avez fait… après la guerre ?
-Oh, pas grand-chose, répondit-il sur le même ton. J'ai terminé mes études de droit cet année.
-En trois ans seulement ? Releva-t-elle avec incrédulité.
-J'avais déjà commencé la formation à la sortie de Poudlard mais pour les raisons que vous savez, j'ai dû m'interrompre au bout d'un an. Mais comme j'ai fait tous les efforts nécessaires pour ne par perdre le niveau, et même pour m'avancer, l'école a bien voulu me faire une faveur.
-Je vois, dit-elle sans faire de commentaire sur cette « faveur ».
Ayant assez de parler de lui, Malefoy lui demanda avec un intérêt poli :
-Et vous ? Qu'avez-vous fait durant ces trois années ?
-J'ai voyagé, répondit-elle évasivement.
-D'accord, acquiesça-t-il. Et quel est ce bâtiment duquel vous venez de sortir ? C'est un prolongement de l'école ?
-Non, pas vraiment, sourit-elle. C'est un orphelinat… d'environ trente pensionnaires.
-Très bien.
Il y eut un léger silence puis, se rappelant qu'elle avait sa soirée, Hemione rentra dans le vif du sujet :
-Pendant que j'y pense, vous aviez quelque chose à me demander en particulier ?
-Et bien… oui. J'enquête sur les faits-divers qui se sont déroulés sur le chantier de la future entreprise.
-Ah oui, reprit-elle en hochant la tête. J'espère que cette affaire sera vite réglée. Les gangsters ne sont pas très aimés par ici.
-Vraiment ? Fit-il en haussant un sourcil.
-Oui, et moi non plus je n'ai guère de sympathie pour eux. Je réprouve complètement ces méthodes stériles et je ne suis pas la seule. Ce genre de bravade n'aide personne et envenime la situation plus qu'autre chose.
-Oui j'imagine, dit-il en ne sachant plus quoi penser.
-Ceci dit, je n'approuve pas davantage l'implantation d'un aéroport si près des habitations humaines, poursuivit-elle sévèrement.
Cette réponse désarçonna Drago. D'une voix surprise, il jeta :
-Pardon ?
Mais Hermione se méprit sur le sens de cette question et se justifia sur son opposition au « projet » :
-Entendons-nous bien Monsieur Malefoy, je ne suis pas contre la construction d'un aéroport, loin de là. Mais il y a des normes en terme de sécurité et surtout de nuisance à respecter pour la construction de ce genre. Or ici, elles n'ont pas été respectées, c'est ça qui est inacceptable !
-Pas si vite ! La stoppa-t-il. De quel aéroport parlez-vous ?
-Mais… de celui qui est en train de se construire, précisa-t-elle aussi perplexe que lui. Le chantier qu'on dégradé récemment.
-Attends… Attendez Miss Granger… qui vous a raconté ça ? Il n'a jamais été question d'implanter un aéroport ici.
-Ah non ? Reprit-elle d'un ton doucereux. Et ceci ?
Elle sortit un journal de son sac, dont on voyait qu'il avait déjà été maintes fois consulté, l'ouvrit à une page précise et le planta sous son nez. Intrigué, Malefoy lui prit le quotidien sans un mot et le lut. Il s'agissait d'un simple article qui listait par catégorie les différentes entreprises qui devaient se fonder cette année-là. À la fin, il secoua la tête et souffla d'un ton désabusé :
-Ils se sont trompés : ils ont placé l'entreprise « PEM Gibbs » parmi les aéroports alors que c'est entreprise qui fabrique des puces électroniques.
Cette réponse plongea Hermione dans un grand embarras. Voyant qu'elle semblait mortifiée, l'homme lui annonça :
-J'étais justement venu aujourd'hui pour rencontrer le maire et éclaircir tout cela, mais je ne l'ai pas trouvé : la mairie est fermée. Mais vous est-ce que par hasard vous le connaitriez ?
Alors, avec un drôle de sourire, la jeune femme susurra :
-Oh oui. Je le connais même très bien.
Malefoy fronça les sourcils mais ne fit aucun commentaire. Néanmoins ce fut d'une voix un peu moins assurée qu'il lui recomanda :
-Bon, et bien quand vous le verrez, pourrez-vous lui dire que j'ai essayé de le voir aujourd'hui pour discuter des événements récents, mais que la mairie était fermée ?
-Ce n'est pas la peine, il est déjà au courant, le coupa-t-elle en riant légèrement.
-Ah… les nouvelles vont vite à ce que je vois, fit-il remarquer un peu agacé.
-Je ne vous le fais pas dire, répliqua-t-elle d'un ton malicieux.
-Bah, dans le fond ça m'arrange. Alors si vous le voyez, dîtes-lui plutôt que je souhaite le rencontrer le plus tôt possible pour régler ce problème.
-Cela aussi, il le sait déjà, rétorqua-t-elle.
Cette fois, Malefoy la fixa d'un air soupçonneux. Puis, maîtrisant à grand peine son impatience, il la fustigea:
-Bon, pourriez-vous me dire à quoi rime toute cette plaisanterie ?
-Ah Monsieur Malefoy ! Soupira-t-elle en hochant la tête. Vous n'avez pas encore compris ? C'est moi le maire.
Pour le coup, l'homme fut si surpris qu'il écarquilla les yeux. Ébahi, il s'exclama avec plus de franchise que de courtoisie :
-Toi ?
Faisant mine de s'offenser de son incrédulité, elle répéta d'un ton excessivement pompeux :
-Moi. »
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Une heure et demi plus tard, tout le monde se retrouva dans le bureau de Malefoy pour discuter du plan à mettre en place pour attraper les mauvais sujets. Il y avait l'avocat, Harry, Tonks le chef du chantier et Hermione. Tous les cinq mirent en place une stratégie. Le chef du chantier avait donné congé à ses hommes pour la nuit. Il n'y aurait ainsi aucune surveillance, ce qui endormirait peut-être la méfiance des bandits.
Harry suggéra qu'ils devaient se rendre là-bas entre onze heures et minuit et demi, puisque cela semblait être dans cette tranche qu'étaient commis les délits. Le plan en lui-même était assez simple : se répartir sur toute la surface du terrain, caché par des sorts de désillusion, et attendre que les coupables apparaissent.
Malefoy déclara qu'il se chargerait de bâtir une enceinte anti-transplanage lorsque les délinquants arriveraient pour leur couper toute retraite. Tonks quant à elle, les informa qu'elle allait semer plusieurs capsules remplie de potion capable de briser toute forme d'enchantements afin d'obliger les sorciers à retrouver leur « forme » d'origine. Naturellement, les chasseurs ne devraient plus bouger jusqu'à l'arrivée du gibier.
Enfin Hermione contacta la police. Il fallait évidemment les prévenir de leur machination de cette nuit afin qu'ils puissent être prêts à intervenir en cas de pépin. Elle promit aux autres de garder son portable sur elle pour pouvoir les appeler à tout moment.
Ce dernier détail réglé, on arriva enfin à la partie la plus intéressante de la conversation : le menu de ce soir.
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Minuit.
Harry et sa bande étaient à leur poste depuis longtemps. Dans le ciel sans nuage, la lune avait presque atteint son dernier quartier. Malefoy la fixait d'un air absent. Tonks la contemplait avec mélancolie. Le chef du chantier la regardait avec indifférence, regrettant simplement la faible visibilité sur le terrain. Harry et Hermione quant à eux, ne la regardaient pas du tout, le premier étant trop occupé à surveiller les environs, et la seconde trop absorbée par ses ongles qu'elle rongeaient pour tromper son stress.
Soudain, il y eut un craquement, si infime qu'on ne l'aurait pas entendu, s'il n'avait pas été suivi par un hurlement d'épouvante :
« Au secours ! À moi ! »
C'était la voix de Malefoy. Sans réfléchir, Hermione qui était la plus proche fonça vers l'appel. Les capsules explosèrent sous ses pas, l'aspergeant du liquide, mais elle ne s'arrêtait pas. Elle arriva en peu de temps auprès de l'homme et le vit en proie à une sorte de quadrupède massif et velu. Plaqué à terre, le souffle coupé, Malefoy vit avec effroi le loup ouvrir sa gueule béante d'où luisaient des crocs dégoulinant de salive…
« Expelliarmus ! Rugit une voix au-dessus de lui.
Le monstre vola tout d'un coup loin de lui et Drago put retrouver une respiration normale. Promptement, il bondit sur ses pieds et vit Hermione qui se dirigeait vers lui, sans voir le loup se relever puis galoper vers elle. À cette vision, son sang ne fit qu'un tour. Très vite, il ramassa sa baguette et la pointa vers la créature en beuglant :
-Impedimenta ! »
La créature fut de nouveau déviée de sa trajectoire et poussa un grognement. Granger se retourna alors que le loup bondissait vers eux. Alors, la jeune femme se jeta contra son ancien ennemi pour l'écarter de la trajectoire de l'animal. Étourdi, le temps que le jeune homme reprît ses esprits, sa compagne avait brandi sa baguette et la pointait vers le colosse qui reprenait son élan. Alors, comprenant ce qu'elle attendait, Drago pointa sa baguette vers le loup et ils hurlèrent presque en même temps :
« Stupéfix ! »
L'effet des deux sorts combinés terrassa la bête féroce qui retomba sur une capsule piégée, laissant alors apparaître une forme sombre et indistincte. Soufflant et suant après l'effort, les deux guerriers s'aperçurent de leur position plus qu'ambiguë : Drago était renversé sur le dos alors qu'Hermione était à moitié affalée sur lui. Gênée, ce fut elle qui se releva la première, remerciant intérieurement l'heure tardive pour masquer ses joues qui devaient être en train de cuire. La voix de Harry les interpela tout d'un coup. Réussissant à cacher son trouble, Hermione lui répondit que tout allait bien et qu'ils pouvaient venir pour identifier le prisonnier.
Le jeune homme débarqua aussitôt, suivi de Tonks et du chef de chantier. Tous trois, en entendant les clameurs terribles de la bête et des deux jeunes gens, avaient aussitôt accouru pour leur venir en aide. Ils arrivèrent finalement auprès des combattants fourbus et s'enquirent immédiatement de leur état. Tous deux jurèrent leurs grands dieux qu'ils se portaient bien et qu'ils avaient neutraliser un loup alors que celui-ci les avait attaqués. Harry pensa aussitôt qu'il devait s'agir d'un loup-garou, mais Hermione objecta, rappelant que ce n'était pas la pleine lune.
Pour couper toute dispute et mettre tout le monde d'accord, Tonks eut la bonne idée de s'avancer vers l'endroit où était retombé l'agresseur puis d'utiliser sa baguette pour éclairer les lieux. Une expression étrange se peignit sur son visage lorsqu'elle vit enfin l'homme. Abasourdie, elle s'approcha d'elle et l'examina de près. Puis, elle murmura faiblement :
« Non !… Non, ce n'est pas possible.
-Qu'est-ce qu'il y a Tonks ? S'inquiéta Harry.
Elle haleta sous l'émotion et, d'une voix enrouée, elle affirma :
-C'est lui ! Je le reconnaitrais entre mille… Remus Lupin. »
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L'affaire mise au clair, il apparaissait que les dommages constatés avaient été causés par un loup-garou, et non par des animagus. Vers dix heures du matin, le responsable du chantier, l'avocat et le chef d'entreprise se réunirent pour discuter de ce qu'il convenait de faire à présent. Pour protéger Rémus Lupin, on raconta à Andrew Gibbs que les dommages avaient été causés par des bêtes sauvages. Pour ne pas le laisser dans l'angoisse, Drago Malefoy lui promit que des sorciers allaient assurer la protection du chantier.
Le loup-garou fut aussitôt transféré en service médical où les médicomages l'examinèrent pour trouver une explication à ce phénomène : comment la transformation avait-elle pu avoir lieu en dehors de la pleine lune ? Dans la salle d'attente de l'hôpital Sainte-Mangouste, Harry et Hermione tentaient depuis plusieurs heures de calmer une Tonks surexcitée, passant sans crier gare de la joie aux larmes, joignant parfois les deux.
« Il est revenu ! S'exclama-t-elle au moins pour la centième fois de la matinée.
-Oui, on sait Tonks, soupira Harry avec lassitude.
-Bous croyez qu'il voudra encore de moi ? Demanda-t-elle d'une voix aiguë.
-Cela va de soi, la rassura-t-il gentiment. Tu es une femme extraordinaire : courageuse comme une lionne et têtue comme cent mules. Cela m'étonnerait beaucoup qu'il te résiste.
Ce fut plus qu'Hermione n'était capable de supporter : incapable de comprendre comment Tonks pouvait être encore attachée à un type qui l'avait abandonnée sans remord, elle répliqua non sans brutalité :
-Moi ce qui m'étonne, c'est que tu veuilles encore de lui après ce qu'il t'a fait.
Harry lui jeta un regard de reproche qu'elle soutint sans ciller. En revanche, elle fut quelque peu remuée par les yeux furieux que la jeune femme darda vers elle. D'une voix retombée dans les pleurs, elle lui cracha :
-Ah vraiment ! Tu ne comprends pas ? Ça ne m'étonne pas du tout ! Tu n'as jamais rien compris à ces choses-là. Comment le pourrais-tu de toutes façons ? Ah ! Hermione ! Sainte Hermione ! La petite Miss-Parfaite est bien entendu au-dessus de ces problèmes bassement terrestres. A-t-elle seulement déjà aimé ? Sait-elle seulement ce que c'est que de souffrir ?
-Tonks, je t'en prie ! La supplia tout doucement Harry en voulant la prendre par les épaules.
Mais elle se dégagea brusquement de sa poigne en hurlant presque :
-Non ! Je ne me tairais pas ! Je l'aime Harry ! Tu entends ? Je l'aime à en mourir ! Qu'est-ce que ça peut me faire d'avoir attendu trois ans avant de le revoir ? Il est vivant ! Que m'importe le reste ? Tout ce qui compte, c'est qu'il soit enfin revenu. De toute façon s'il est parti, c'était pour me protéger. Je le connais mon Rémus, je sais comment il résonne : il s'imaginait qu'étant un loup-garou, il risquait de me blesser ou de me décevoir tôt ou tard. Mais maintenant qu'il est là, je m'occuperai de lui, je chasserai ces absurdités de sa tête et je me montrerai si insupportable qu'il sera bien obligé de me supporter.
Sa diatribe terminée, elle s'arrêta, rouge et haletant comme après un combat. Hermione quant à elle, avait blanchi et se pinçait les lèvres. Pour détendre l'atmosphère, Harry voulant lança une malheureuse vanne. Mais au moment où les mots sortaient de sa bouche, il les regretta presque sur-le-champ :
-Bah… au pire s'il est toujours réticent, tu pourras toujours lui faire du chantage sur ton fils. »
Tonks eut un faible sourire mais Hermione se releva brusquement et fonça à grands pas vers la sortie. Rougissant de sa gaffe, Harry s'excusa auprès de Tonks et courut à la suite de son amie dans l'intention de faire amende honorable, humblement s'il le fallait. En sortant dans la rue, il la retrouva heureusement à l'extérieur en train de regarder pensivement la pluie qui tombait. Le ciel était encore sombre, du fait de l'amas des nuages bloquant les rayons du soleil. Sans la brusquer, Harry posa simplement une main sur l'épaule de son amie. Elle ne broncha pas. Alors, d'une voix grave, il présenta ses excuses :
« Hermione… écoute, je suis désolé. Je ne pensais plus du tout à… ce que tu as vécu.
-Tout comme Tonks, commenta-t-elle avec apathie.
-Ne lui en veut pas, elle… elle ne pensait pas ce qu'elle disait.
-Bien sûr que si, rétorqua-t-elle sèchement. Si sa confession était fausse, si elle ne l'aimait pas aussi passionnément, elle ne l'aurait pas défendu avec autant de vigueur.
-Je ne parlais pas de ça, mais de ce qu'elle t'a dit avant, contra-t-il avec beaucoup de patience.
-Bah ! Au fond peu importe, je me fiche de ses insultes, j'en ai déjà tellement reçues de ce genre que je ne les entends plus. Et puis, si elle se sent capable de pardonner à Rémus, libre à elle ! Elle peut bien venir me faire la leçon, je m'en moque. Elle ne sait rien… elle n'a pas subi le quart de ce que j'ai vécu chez lui.
Harry ne répondit pas et se balança d'avant en arrière, l'air un peu mal-à-l'aise. Enfin, d'une voix gênée, il changea de sujet :
-Et sinon… est-ce que tu viendras demain à la conférence de l'entreprise ?
Cette fois, elle poussa un soupir franchement exaspéré :
-Harry ! Je te signale que c'est moi qui ai lancé l'initiative de cette conférence. Je suis le maire de C… je suis donc un peu tenue de présence. »
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Lorsque Harry rentra chez lui, il ne se doutait du bouleversement qui l'attendait. Luna était déjà rentrée et s'était allongée sur le canapé pour dormir. S'approchant discrètement d'elle, l'homme l'embrassa sur la tempe. La jeune femme broncha légèrement mais comme elle ne dormait pas complètement, elle tourna la tête vers lui et battit des paupières. Alors Harry vit tout de suite dans son regard que quelque chose avait changé. Ses yeux étaient si dilatés qu'ils en étaient presque noirs, et une étincelle indescriptible brillait au fond de ses prunelles. D'une voix encore un peu engourdie, elle lui murmura avec un sourire étrange :
« Harry !
-Oui ? Répondit-il sur le même ton.
-Quel terrible réveil, se plaignit-elle. Je faisais un rêve merveilleux
Habitué à excentricité de sa fiancée, Harry ne fit que rire doucement et lui demanda avec une fausse compassion :
-Ah ! Et quel était ce rêve ?
Le regard de Luna devint rêveur. Elle murmura :
-J'ai rêvé… que des Demetrios voletaient jusqu'à moi et… m'annonçaient… que j'attendais un enfant. Mais sais-tu ce qui était le plus étonnant ?
Non, il ne le savait pas. Il ne voyait pas ce qu'il pouvait y avoir plus d'incroyable que cela.
-Ces Demetrios, susurra-t-elle, étaient très particuliers : ils avaient ton visage.
Ah, effectivement, vu comme ça…
-Je crois que c'est un signe, poursuivit-elle en le regardant d'un air exalté. J'ai compris ce que les Demetrios ont voulu me faire comprendre : j'ai envie d'un enfant de toi.
D'une voix rauque, Harry déclara spontanément :
-Tu l'auras. »
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Le lendemain après-midi, Andrew Gibbs se déplaça en personne dans la petite salle des fêtes où avait lieu la conférence. Il y avait beaucoup de monde mais une majorité de vieux. Brièvement, Hermione leur présenta le chef d'entreprise et leur expliqua en deux mots en quoi consistait l'activité de l'entreprise qui se montait près du village. Une fois que les habitants furent rassurés qu'il ne s'agissait ni d'un aéroport, ni d'une centrale nucléaire, ils furent tout à fait tranquilles et écoutèrent distraitement le discours de Gibbs en affichant un air soit neutre, soit emprunt d'une paisible approbation.
Enfin, une heure plus tard, la véritable réconciliation eut lieu lorsque l'apéritif eu lieu au buffet.
Le gens se servirent, proposèrent poliment de servir leurs voisins et de fil en aiguille, la bonne humeur s'installa. Gibbs lui-même se trouva des affinités parmi les habitants et, lorsque Drago regarda de son côté, l'homme se tenait les côtes de rire, les joues rosies par le champagne. Potter quant à lui, discutait avec quelques aurors qui s'étaient déplacés. Tonks, accaparée par l'arrivée récente de son ex-fiancé, était naturellement aux abonnés absents. Enfin Granger… était seule, les yeux dans le vague, tenant dans une main son gobelet de champagne et l'autre triturant une montre en argent qui ornait son poignet, le seul bijou qu'elle portait.
L'homme l'observa quelques instants puis, sans un mot, il s'approcha d'elle.
« Belle soirée n'est-pas ?
Hermione sursauta et afficha un air confus. Malefoy se tenait juste devant elle, la regardant d'un air impénétrable. Peu habituée à se laisser surprendre, elle répliqua un peu brutalement :
-Oui certes.
Il eut un léger sourire indéchiffrable, puis entama :
-Je ne crois pas vous avoir encore félicitée pour ce discours dont vous nous avait régalé les oreilles tout à l'heure !
La jeune femme était trop fine pour ne pas saisir l'ironie subtile qui se cachait derrière cette phrase. Retrouvant sa verve et on sourire, elle répondit sur le même ton :
-Quelle charmante intention de votre part ! Si mes discours vous captivent autant, venez donc assister à nos réunions municipales. Vos oreilles seront comblées au-delà de toute espérance.
Malefoy eut un petit rire et secoua la tête puis, d'une voix redevenue sérieuse, il lui confessa :
-Non, je vous charriais. Très sincèrement, j'ai été impressionné par le lien que vous entretenez avec les citoyens de C… j'ai remarqué que quand vous parliez, ils étaient… comment dire, suspendus à vos lèvres.
Et comme il disait cela, il jeta un coup d'œil appuyé sur lesdites lèvres. Rosissant légèrement, Hermione but une gorgée de champagne pour reprendre contenance. Son nez prenait des couleurs charmantes avec l'alcool. D'une voix suffisamment maîtrisée, elle changea de sujet en balançant la première idée qui lui venait à l'esprit :
-Vous êtes très élégant ce soir. Je ne m'étais pas encore aperçue que vous portiez un complet moldu.
Malefoy ne fit que sourire en argumentant :
-Oui. J'ai beau être sorcier, je reconnais que les moldus ont une bonne longueur d'avance sur nous en ce qui concerne le style vestimentaire. Leurs tenues de soirée ont cent fois plus de classe que les nôtres. Certaines mettent remarquablement en valeur les courbes du corps. »
Derechef Hermione se sentit mal-à-l'aise sous le regard de l'homme qui semblait percer à travers ses inhibitions. Pour la conférence, elle avait fait un effort d'élégance en choisissant une robe noire qui retombaient à ses pieds en plis vaporeux et dont le décolleté en trapèze rehaussait l'éclat de sa gorge nacrée. Pour protéger ses épaules et des bras nus contre la fraîcheur, elle les avait enroulés dans un châle noir arachnéen, parsemé de fils d'argent qui scintillaient comme autant de reflets dans un océan. Ses cheveux laissés libres suffisaient à couvrir sa nuque.
Soudain, elle eut trop chaud malgré la légèreté de sa tenue. Oh ! Pourquoi la rendait-il si fébrile ? Elle reposa subitement son verre et se dirigea vers la sortie, sans un regard pour l'homme qu'elle plantait là. Elle arriva très vite dans le hall d'entrée et le traversa sans un regard en arrière. Ce fut son erreur, car à peine fut-elle arrivée à l'extérieur, que deux deux mains la saisirent brusquement par les épaules et l'obligèrent à se retourner. Elle dut faire face au visage de Malefoy qui la questionna durement :
« Où alliez-vous ainsi ? »
La proximité de leurs corps était affreusement gênante pour tous les deux. L'air devint moite autour d'eux et fut bientôt empli de leurs respirations saccadées. Transie par une émotion indescriptible, Hermione vira au cramoisi et demeura incapable de répondre, ne sachant que faire entre rester ou partir. Les mains de l'homme se firent alors plus possessives et pétrirent sa chair douloureusement tandis qu'il murmurait avec le martyr d'une passion impossible à cacher :
« Hermione… »
Émue, elle ouvrit la bouche. Tout se passa très vite. Ses lèvres furent aussitôt happées par celles de Drago. Étourdie par le flot de sensations qui l'envahirent, elle en oublia de se débattre et ne broncha pas lorsque les mains de l'homme descendirent dangereusement et la rapprochèrent de lui…
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Alors que ses collègues étaient pris en pleine discussion, Harry se rendit compte tout à coup que Hermione avait disparu. Puis en regardant autour de lui, il vit que Malefoy était également absent. Mû par un mauvais pressentiment, le Survivant prit à son tour la direction de la sortie. Comme il arrivait dans le hall, il vit que la porte menant à l'extérieur était entrouverte mais n'eut pas le temps de l'atteindre.
CLAC !
C'était Hermione qui venait de rentrer, après avoir violemment battu la porte derrière elle. D'un seul coup d'œil, Harry vit aussitôt que ça n'allait pas : rouge et ébouriffée comme si elle venait de courir un marathon, elle abordait un air hagard qui le glaça : la dernière fois qu'il l'avait vue afficher une telle expression, c'était trois ans auparavant lorsqu'il l'avait récupérée chez Malefoy après le désastre, les yeux éteints, le cœur brisé et la vie en lambeaux. D'une voix soucieuse, il l'appela aussitôt :
« Hermione, tout va bien ?
Alors brusquement, la jeune femme craqua et fondit en larmes.
-Ô Harry ! S'étrangla-t-elle.
Éberlué, Harry la reçut dans ses bras alors que ses jambes la lâchèrent. D'un ton menaçant, il gronda :
-C'est Malefoy n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'il t'a encore fait ?
-Non ! Gémit-t-elle en secouant la tête. Ce n'est pas sa faute… ce n'est pas lui, c'est… c'est moi.
-Comment ça ? Explique-toi ! » Dit-il un peu refroidi.
Mais comme elle continuait de sangloter, il s'écarta d'elle et lui laissa un peu de temps pour se remettre. Finalement, par à-coups, elle lui raconta toute l'histoire : qu'après une conversation un peu ambivalente, Malefoy l'avait suivie alors qu'elle se rendait dehors. Et là, après une brève altercation, ils s'étaient embrassés. Jugeant par l'état dans lequel elle se trouvait maintenant, Harry crut avec indignation qu'il l'avait forcée et brutalisée. Cependant à sa grande confusion, elle lui avoua que ce n'était pas le cas, mais que peu après, de vieux souvenirs ressurgirent dans sa tête comme des cauchemars. Emportée par la panique et par sa lutte intime, elle l'avait repoussé et giflé.
Drago l'avait immédiatement relâchée et lui avait jeté un regard terrible. Mais loin d'insister, il avait retrouvé toute sa civilité et s'était excusé auprès d'elle d'un ton glacial avant de repartir sans se retourner. Bouleversée, elle était retournée à l'intérieur sans trop savoir où elle allait, et ce fut à ce moment que Harry l'avait retrouvé. Celui-ci avait écouté patiemment son récit sans l'interrompre. Voyant qu'elle avait fini, d'une voix compatissante, il lui parla:
« D'accord, je comprends mieux. Je suis désolé de ce qui t'est arrivé Hermione, et…
La jeune femme croyait avec terreur qu'il allait lui annoncer sa ferme intention de la venger, ce fut pourquoi sa réponse la choqua autant :
-… sache que je ne tiens pas à excuser Malefoy.
-Toi ? Couina-t-elle. Et pourquoi voudrais-tu l'excuser Harry Potter ? Il y a quelques années, tu aurais été le premier à vouloir lui démolir le portrait s'il avait levé le doigt sur moi.
-Oui, mais les temps ont changé Hermione, tout le monde a changé, avança-t-il précautionneusement.
-Changé ou pas, je ne peux pas me résoudre à aimer l'homme qui a ruiné la vie de Luna, la mienne et celle de dizaines d'autres jeunes femmes anonymes, cracha-t-elle.
Atrocement gêné, Harry se dandina sur place puis, décidant qu'il n'avait pas le droit de la laisser plus longtemps dans l'ignorance, il déclara piteusement :
-Hermione… il y a quelque chose que je ne t'ai jamais dite à propos de Malefoy. Je suis désolé de ne pas t'en avoir parlé avant, mais… enfin je t'expliquerai tout ça dans le même temps. Je sais qu'en plus, c'est une période difficile pour toi tu peux me haïr si tu veux. Tout ce que je te demande, c'est de me laisser parler jusqu'au bout. »
Intriguée, elle hocha la tête, alors il entama le récit des événements pénibles de Noël dernier. Il lui raconta tout d'abord l'épisode où Malefoy avait permis aux résistants moldus de s'enfuir des cachots de Voldemort.
Trois ans plus tôt :
Harry et ses compagnons marchaient silencieusement derrière Malefoy qui était venu les faire sortir de leurs cages. Quelques minutes plutôt, la venue de ce Mangemort seul avait éveillé leur méfiance. Et lorsque celui-ci avait ouvert leur prison une par une, puis leur avait fait signe de le suivre sur la pointe des pieds, personne n'avait suivi. Malefoy avait presque dû les menacer pour leur faire comprendre qu'il voulait simplement leur permettre de s'échapper. Après avoir franchi quelques couloirs, et monter plusieurs escaliers étroits, il leur désigna une porte qui devait les mener directement dans une ruelle de Londres. Il l'ouvrit en premier et s'écarta pour les laisser passer.
Les moldus s'engagèrent les premiers. À la fin, il ne resta plus que le Survivant et son ancien rival. Comme l'autre ne bougeait pas, Malefoy le bouscula un peu sèchement :
« Et bien qu'est-ce que tu attends Potter ? Que je vienne te prendre par la main ?
Avec hésitation, Harry le pria simplement :
-Ai-je droit à une question ?
L'ancien Serpentard souffla avec exaspération avant de maugréer :
-Dépêche-toi !
Cela tint en un mot :
-Pourquoi ?
Malefoy le toisa alors d'un air étrangement rêveur et répondit d'un ton très bas, parlant plus pour lui-même que pour son interlocuteur :
-Pour elle. »
Et sur cette réponse énigmatique, il s'en fut.
Arrivé à ce point-là de son histoire, Harry se prit la tête entre les mains. Et dire qu'au début, il avait cru que Malefoy parlait de Luna, pas de Hermione ! Risquant machinalement un coup d'œil vers sa meilleure amie, il fut terrifiés par les ravages que sa négligence avait entraînés : devant lui, Hermione perdu ses couleurs et le toisait comme si elle ne le reconnaissait pas. Profitant de son état de choc, il lui narra la vérité à propos de Luna, comment il l'avait sauvée des griffes de Deborah, puis celles de Voldemort en faisant semblant de la tuer. Maladroitement, il tenta de s'expliquer sur les raisons qui le poussaient à défendre son vieil ennemi :
« Aujourd'hui, Luna est en vie, nous sommes en couple et elle a enfin réussi à tourner la page. Si nous sommes heureux aujourd'hui, c'est principalement grâce à lui. Ce serait profondément injuste de…
-Assez ! Hurla-t-elle soudain en le coupant.
Harry s'interrompit aussitôt. Bien lui en prit. Blême et tremblant de tous ses membres, Hermione était si près d'exploser qu'elle devina en un éclair qu'elle ne pourrait pas se maîtriser à temps. D'eux-même, les mots fusèrent de sa bouche comme des gerbes de lave d'un volcan :
-Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Répond-moi espèce de saligaud ! Comment as-tu pu me cacher une chose pareille ?
Il tenta misérablement :
-Je suis dés…
-Ah non ! S'écria-t-elle en grimpant au fausset. Ne me dis pas que tu es désolé alors que tu viens de m'annoncer que tu vivais le plus grand bonheur du monde grâce à Malefoy. Tu n'es pas du tout désolé. Tu te fous pas mal de ce que je pense ou de ce que je ressens, et il en a toujours été ainsi. Harry Potter, le Survivant, beaucoup trop grand et trop important pour se soucier du monde mesquin et vulgaire qui l'entoure !
Derechef, Harry voulut se défendre :
-Hé ! C'est faux, je n'ai jamais…
-Tais-toi ! Aboya-t-elle encore plus fort. Je ne veux plus t'entendre ! Tes mensonges et ta vie absolument parfaite, tu peux te les garder. Je vomis sur ton bonheur égoïste et sur la prétendue justice que tu rends à Malefoy en daignant raconter la vérité à ton amie trois ans après. En tous cas j'espère que tu as bien profité de cette soirée parce que c'est la dernière fois de ta vie que tu vois mon visage. Pour ma part je t'ai déjà trop vu et j'espère bien ne plus jamais te rencontrer. Tu me dégoûtes ! »
Et sur ces derniers mots affectueux, Hermione ouvrit la porte et retourna dehors. On entendit bientôt le craquement caractéristique d'un transplanage.
Hébété, Harry resta longtemps planté là. Il n'avait même pas essayer de la retenir.
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Une demi-heure plus tard, l'ermite tentait tant bien que mal de réconforter la jeune femme échouée sur un banc.
Plus tôt dans la soirée, alors qu'il ranimait quelques chandelles qui montraient des signes de faiblesse, le vieux fut brutalement arraché de sa pieuse besogne par un grand fracas retentissant au fond de l'église. En se retournant, il eut la surprise de voir débarquer une jeune femme qui courait dans sa direction comme une possédée. Cependant avant qu'il ne pût poser la moindre question, ses yeux la reconnurent sitôt qu'elle fût dans la lumière. C'était celle qui revenait le voir tous les ans : Hermione Granger.
Il vit immédiatement à son air que quelque chose n'allait pas. Mais il n'eut pas besoin de l'interroger : elle parla d'elle-même, évoquant la pire trahison dont elle venait d'être victime. D'une phrase pleine de douce persuasion, il l'encouragea à s'expliquer sur ce qui venait de lui arriver. D'une voix absente, elle lui raconta la conversation houleuse qu'elle avait eue avec Harry. À la fin, elle craqua avant d'avoir pu poser les deniers mots et éclata en sanglots. Compatissant, l'homme l'avait aidée à s'asseoir et avait passé un bras autour de ses épaules en attendant l'accalmie.
Finalement, les pleurs s'espacèrent. Alors l'ermite parla, de sa voix toujours pleine de sagesse :
« Si cruelle que soit cette épreuve, vous pouvez au moins en tirez une certitude positive : cet homme est digne de votre amour.
Hermione le regarda en plissant des yeux, sans comprendre
-Harry ? Lança-t-elle d'un ton incertain.
-Mais non, l'autre : Drago Malefoy, la corrigea-t-il avec un brin de condescendance.
-Quoi ? Non ! Se défendit-elle un peu trop vite. Non, vous vous trompez, je ne l'aime pas.
Le vieil homme n'insista pas. À la place, il la considéra posément, sans la lâcher des yeux. Nerveusement, Hermione fut la première à détourner le regard. Puis elle jeta d'un ton cassant :
-Ne me regardez pas ainsi. Je vous répète que je ne l'aime pas.
Puis d'ajouter avec plus de résignation que de conviction :
-Je ne peux pas.
Alors le sage la questionna, imperturbable :
-Pourquoi ne pouvez-vous pas l'aimez ?
-Parce que… j'ai été son esclave… pendant la guerre. Et il a fait de ma vie… un enfer, lâcha-t-elle d'une voix enrouée.
-Je comprends, dit-il en hochant la tête. Mais considérant ce que vous venez d'apprendre, sur tout ce qu'il a accompli pour vos amis et pour vous, ne pensez-vous pas que lui aussi mérite d'être pardonné ?
Accablé par la justesse de cette déclaration, Hermione se prit la tête entre les mains et balbutia :
-Ce n'est pas si simple ! Ô mon père, si vous saviez… si vous saviez ce qu'il m'a fait. Il n'est pas un seul supplice qui m'ait été épargné !
Mais le curé la regarda simplement avec pitié. Puis, sans un mot, il ramena son regard vers le mur où était suspendue une petite croix sur laquelle était accroché le Christ supplicié. Puis, d'une voix emplie d'une infinie tristesse, il murmura :
-Et Lui ? Quel supplice Lui a-t-on épargné ? »
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Beaucoup plus tard, sans son bureau, Drago Malefoy classait ses dossiers comme il le faisait toujours lorsqu'il était énervé. Il en était au moins à son dixième registre et son cinquième café lorsque soudain, sa secrétaire Madame Woods, toqua à sa porte et l'informa de sa voix sèche :
« Monsieur Malefoy je vous informe que je vais partir. Par contre, je voulais vous prévenir qu'il y a une espèce de folle devant votre maison qui ne cesse de toquer à la porte depuis une demi-heure. Je lui ai dis de partir mais elle a refusé Dois-je appeler les aurors ?
Grognant, le jeune homme faillit répondre « oui », mais éprouvant brusquement le besoin de se défouler, il répliqua plutôt :
-Non, vous pouvez rentrer chez vous. Je vais m'en occuper moi-même.
-Comme vous voudrez », répondit-elle.
Drago se leva et sortit de son bureau. Promptement, il descendit les marches de son escalier de marbre et marcha à grands pas vers la porte qu'il ouvrit violemment. En voyant tout d'un coup qui se trouvait là, tout son énervement se dégonfla d'un seul coup comme un ballon de baudruche. D'une voix abasourdie, il s'exclama :
-Granger !
C'était bien elle. Elle était toujours en robe de soirée mais ses cheveux s'étaient ébouriffés comme si elle avait couru. D'une voix altérée qu'il ne lui connaissait pas, elle le supplia presque :
-Puis-je entrer ? »
La situation était si absurde, que Malefoy oublia sa rancune et s'écarta pour qu'elle puisse entrer. Sans un mot, il la conduisit à l'étage. Arrivé dans son bureau, il prit brusquement conscience de la réalité et se demanda avec irritation pourquoi il ne l'avait pas envoyée promener. Après tout, ils n'avaient plus rien à se dire, n'est-ce pas ? D'un ton hargneux, il l'interrogea sans faux-semblant ni formule de politesse. Il ne cherchait même plus à dissimuler son hostilité :
« Qu'est-ce que tu veux ?
Hermione se tortilla sur place, un air torturé passant sur son visage, mais qui ne lui inspira aucune pitié. Plus de question de l'aider cette fois-ci : si elle voulait qu'ils parlent, ce serait à elle de faire le premier pas. Par chance, elle le fit : prenant son courage à deux mains, elle balbutia :
-Je… je suis venue pour m'excuser.
Aucune réaction. Il la regardait toujours, le visage fermé et les bras croisés. Intimidée, elle crut devoir l'éclairer sur sa démarche :
-Harry m'a avoué seulement ce soir le rôle que tu as joué pendant la guerre : il m'a dit que tu avais protégé Luna contre Voldemort, et que tu lui avais permis de s'enfuir la nuit où il a été capturé. Je comprends à quel point j'ai été injuste. Si tu savais comme je m'en veux à présent. J'aimerais tellement savoir quoi faire pour me racheter.
-Ça suffit ! Coupa-t-il sèchement, incapable d'en entendre davantage.
Choquée, elle regarda de ses grands yeux pleins d'incompréhension et de désespoir. À ce moment, il haït presque ce regard qui le suppliait avec une candeur agaçante. D'une voix cruelle, il lui assena :
-Écoute-moi bien Granger, sache que si tu es venue avec la seule intention de présenter tes pauvres excuses, tu peux repartir tout de suite. Je contrefiche de tes regrets, de tes pleurnicheries et de ta misérable gratitude. Ce n'est pas ça que j'attends de toi et tu le sais très bien. Alors si c'est tout ce que tu avais à me dire, va-t-en.
Assommée par ces accusations, Hermione ne bougea pas d'un pouce et le fixa comme s'il était devenu un étranger. Doucement, il répéta :
-Tu ne m'as pas entendu ? Ou es-tu devenue si stupide que tu ne m'as pas compris ? Je t'ai dit de partir.
Ses traits frémirent, elle ouvrit la bouche, puis la referma, indécise sur ce qu'elle devait faire. Soupirant, il alla lui-même vers la porte, l'ouvrit et l'enjoignit avec une courtoisie glaciale :
-Veuillez quitter ce bureau Miss Granger.
Et comme elle ne réagissait toujours pas, il tonna brusquement :
-Dégage ! »
Lentement, toujours de cet air sonné, Hermione bougea et se dirigea vers la sortie. Mais avant de passer l'embrasure, elle se tourna vers l'homme qui la regardait avec mépris. Alors toute sa rage explosa d'un coup.
CLAC !
Surpris, Malefoy n'avait pas eu le temps de lever le bras pour se protéger de la gifle. Furieusement, la jeune femme se jeta sur lui et martela son torse de ses poings fragiles. Il recula et tenta de se protéger mais ne rendit pas les coups parce qu'elle ne lui faisait aucun mal. Elle le frappa ainsi cinq fois puis, vidée de ses forces, se laissa tomber lourdement par terre en enroulant ses bras autour de son corps comme pour l'empêcher de se disloquer. Terrassée par une souffrance qui la dépassait, elle commença à éprouver de la difficulté à respirer.
Elle sentit plus qu'elle ne vit Malefoy s'agenouiller et se pencher vers elle. Relevant la tête, elle vit qu'il la regardait avec une attention presque farouche. Ses yeux habituellement gris clair avaient viré au noir. Brusquement, sans comprendre d'où lui venait cet élan, Hermione se redressa légèrement et rompit les derniers centimètres qui la séparaient de lui en entourant son cou de ses bras. Loin de la repousser, l'homme encercla ses bras dans son dos et la cala lui même contre son épaule. Puis, avidement, il partit à la découverte de ce corps dont il avait été cruellement sevré pendant trois années entières.
Lorsqu'elle sentit sa bouche se plaquer contre sa gorge et l'embrasser voracement, Hermione ferma les yeux et poussa un soupir de bien-être. D'instinct, elle rejeta sa tête en arrière lorsqu'il remonta le long de son cou en le parsemant de baisers voraces. Il n'était pas tendre, mais elle s'en moquait, c'était très bien ainsi, elle ne voulait pas perdre de temps en prévenances inutiles à l'heure de leurs retrouvailles. Ses mains caressèrent avidement ce corps d'homme qu'elle n'avait plus touché depuis trois ans.
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Au petit matin, lorsque Hermione reprit conscience, la première chose qui la frappa, ce fut les courbatures qui l'élancèrent dans la nuque, sur les épaules et tout le long du dos. Grognant légèrement, elle eut du mal à se mettre en position assise. Lorsqu'elle put au moins prendre appui sur ses mains, elle souffla bruyamment. À côté d'elle, Malefoy, perturbé par son agitation, se réveilla et jura :
« Bon dieu ! Qu'est-ce qui se passe ?
D'un ton faussement énervé, elle répliqua :
-Qu'est-ce qui se passe ? Oh ! Trois fois rien : j'ai juste l'impression d'avoir été passée au rouleau-compresseur toute la nuit.
-Au quoi ? Coassa-t-il.
-Une machine moldue dans laquelle il vaut mieux ne jamais se retrouver.
Fatigué par son bavardage, Drago bâilla :
-Tu ferais mieux de te recoucher au lieu de dire des âneries.
-Ah non ! Ça, certainement pas ! Trancha-t-elle d'un ton boudeur. Je te préviens tout de suite, il est hors de question que je reste allongée sur ce tapis. Mon dos m'informe qu'il ne tiendra pas une minute de plus. »
Tout d'un coup, l'homme se sentit bête. D'un ton affable, il la pria de le suivre et une minute plus tard, ils arrivèrent dans les appartements privés où vivait Drago. Contrairement à la façon dont il avait toujours vécu, c'est pièces étaient simples et sans fioritures. La chambre elle-même ne contenait que le strict nécessaire, le seul luxe qu'il s'était offert, était le grand lit (et ce n'était certes pas Hermione qui allait l'en blâmer). Profitant du week-end qui s'annonçait radieux, les deux amants échangèrent quelques mots pour rattraper le temps perdu.
La jeune femme raconta donc ses voyages : elle s'était rendue d'abord rendue au Maroc, en Inde, puis au Japon, en Australie, et avait terminé son périple au Chili.
« Jusqu'en Australie ? l'interrompit-il d'un air sidéré. Tu as fêté Noël à la plage alors !
-Non, je ne restais jamais pendant les fêtes de fin d'année. À Noël, je suis toujours revenue en Angleterre pour… saluer l'ermite.
-Ah bon ? Il ne m'a jamais parlé de toi pourtant, fit-il remarquer en fronçant les sourcils.
-Oui, c'est moi qui le lui ai demandé : je ne voulais pas qu'on sache où j'étais. J'avais besoin de cette rupture, se justifia-t-elle à mi-voix.
Malefoy hocha la tête en signe de compréhension, puis revint sur son parcours :
-En tous cas tu as dû en voir des choses passionnantes. Est-ce que par hasard au Maroc, tu aurais visité un endroit qui s'appelle…
-Je t'arrête tout de suite Drago : je n'ai fait aucune virée touristique, le coupa-t-elle d'une voix très douce. Je n'ai pas visité de monuments, ce n'était pas le but de ces voyages.
Il la regarda, intrigué, puis demanda de but en blanc :
-Et bien qu'est-ce que c'était alors ?
-Je voulais voir le monde et je l'ai vu : j'ai confronté ma misère à celle des autres, je me suis liée d'amitié avec toute sorte de gens et j'ai appris des tas de choses. Mais la meilleure leçon que j'ai tiré de mon vagabondage, c'est qu'on peut toujours trouver plus malheureux que soit. En Angleterre, je dépérissais parce que je ne savais rien et pensais savoir tout. Aujourd'hui, je n'en sais guère plus, mais j'en ai au moins pris conscience.
Drago acquiesça silencieusement. Enfin elle acheva :
-Et puis je suis revenue, comme tu le sais. Deux amis rencontrés au cours de mes étapes, m'ont suivie et ensemble, nous avons fondé l'orphelinat.
-D'accord.
-Et puis toi ?
-Moi ? Et bien après la guerre, comme tu t'en doute, le pays était au bord de la banqueroute. Alors pour ne pas risquer de sombrer avec lui, j'ai versé des fonds à diverses entreprises moldues et sorcières pour aider à relancer l'économie. J'ai presque tout semé en parrainage et rénovation. J'ai aussi rasé ce qu'il restait du manoir Malefoy et j'ai revendu le terrain à une entreprise qui fabrique des thermocouples – ne me demande pas ce que c'est, je n'ai jamais rien compris au jargon scientifique de moldu.
-C'est très généreux de ta part, sourit-elle.
-Merci. Et puis, avec l'argent de la vente, j'ai repris mes études de droit là où je les avais arrêtées. Cependant, compte tenu des bases que j'avais accumulé pendant la guerre, ils m'ont fait sauter une année.
-Comment se fait-il que tu aies acquis tant de connaissances ?
-Et bien, c'est tout simplement après mon mariage avec Deborah, répondit-il sombrement. Comme je ne pouvais pas divorcer publiquement de la femme que Voldemort m'avait imposée, j'ai épluché tout le code civil et pénal pour voir s'il existait le moindre décret qui m'aurait permis de la répudier sans me salir.
Il y eut un léger moment de gêne, puis Hermione se risqua :
-Drago… je suis consciente que que ce sont des mauvais souvenirs mais… j'ai besoin de comprendre… Comment se fait-il… que vous n'ayez pas eu d'enfant ? Est-ce que Deborah était stérile ?
-Je n'en sais rien, admit-il avec un rictus blasé. Je ne l'ai jamais touchée. Jamais.
-Mais pourquoi… je sais bien que vous ne vous aimiez pas mais… si tu as eu toutes ces mudains… quel était le problème avec Deborah ? Pourquoi refusais-tu de la toucher ?
-Moi je n'y suis pour rien, se défendit-il. C'était elle qui ne voulait pas.
Et devant ses yeux arrondis comme des soucoupes, il développa :
-Le soir même de nos noces, elle s'est claquemurée dans sa chambre en prétendant que nous ne devions consommer notre mariage à aucun prix. Elle a juré ses grands qu'elle se tuerait et ferait sauter le manoir si je posais un doigt sur elle.
Hermione ne commenta pas, elle comprenait trop bien la réaction de Deborah, pour avoir elle-même rêvé de meurtre et de suicide qu'elle lorsque Drago l'avait tenue à sa merci. Devinant ses pensées, celui-ci l'attrapa par les épaules et la serra étroitement contre lui. Heureuse et détendue, Hermione se laissa bercer en même temps qu'il la réconfortait :
-Ne pense plus à tout cela Hermione. C'est du passé, je ne laisserais pas Deborah, elle morte, gâcher encore nos vies.
-Non ! Protesta-t-elle. Tu ne comprends pas! J'ai besoin d'en savoir plus, j'ai besoin de comprendre quelles ont été les causes qui m'ont amenée dans cette prison. Pourquoi s'est-elle refusée à toi ? C'est incompréhensible, avec sa manie de vouloir absolument un héritier, d'où qu'il vienne.
-Elle était déjà folle lorsque nous nous étions mariés : elle prétendait qu'une créature de la nuit l'avait visité dans ses songes et l'avait avertie que si elle se donnait à moi, de grands malheurs s'abattraient sur nos deux têtes. J'avoue qu'après qu'elle m'ait raconté ça, ça m'a beaucoup refroidi. J'ai préféré la laisser tranquille. Au fond, ça m'arrangeait car sans enfant, j'aurais peut-être eu une chance de prouver que nous n'avons jamais consommé notre union et ainsi, j'aurais pu la chasser en toute impunité. Voldemort était certes très puissant, mais il ne pouvait pas décemment s'opposer à une loi vieille de plus de trois siècles.
-Mais ça n'a pas marché, déduisit-elle lentement.
-Non, car Deborah a trouvé la parade : elle ne voulait sans doute pas retourner chez son « père adoptif » car elle a utilisé un des codes qui autorise un sorcier marié avec une femme stérile, à choisir ses héritiers parmi ses enfants illégitimes à condition que cela soit fait dans la plus grande discrétion. Ah ! Sur ce coup-là, elle a été très forte : si je m'attaquais à elle, elle pouvait très bien justifier l'absence de maternité par sa stérilité. Et avec l'appui de son « protecteur », tout le monde m'aurait donné tort même les sangs-purs, acheva-t-il avec amertume.
-Je comprends.
Puis, se rappelant soudain d'une chose, elle reprit encore d'une voix bouleversée :
-Mais au fait… cette « créature de la nuit » qui l'a visitée pendant ses songes, tu ne trouves pas ça étrange ?
-Si, approuva-t-il. Je sais à quoi tu penses, et je le soupçonne aussi : le génie. Je pense maintenant qu'il n'est pas étranger à sa folie. Quoiqu'il en soit, je suis bien content qu'il ait disparu de nos vies.
Hermione ne sourit point. Son visage prit une expression douloureuse et elle baissa la tête. Drago comprit qu'à ce moment, tous deux pensaient à la même chose. D'une toute petite voix, elle dit simplement :
-Elle me manque tellement. »
L'homme resserra ses bras autour d'elle dans une étreinte protectrice. À cet instant, il se félicitait de ce qu'elle eût la tête reposé contre son cou, de ce fait, elle ne pouvait voir son visage. En lui-même Drago se maudissait : aurait-il un jour le courage de lui dire la vérité, cette atroce vérité qu'il avait apprise lorsque le génie était venu lui rendre sa dernière visite il y a trois, et qu'il n'avait jamais osé raconter à personne, sauf à Potter ? Il se souvenait encore de sa réaction après qu'il eût tout avoué : le Survivant avait tout d'abord refusé de le croire mais, en voyant la tête de son interlocuteur, il avait manqué de s'évanouir, puis avait reconnu lui-même qu'il ne savait pas trop ce qu'il convenait de faire, surtout vis-à-vis de Luna.
Au final, il avait décidé de ne rien dire à Luna. La vérité lui avait presque littéralement retourné l'estomac, alors imaginer la réaction de la jeune femme en l'apprenant… non, il n'avait rien dit et ne dirait rien.
Au final, Drago convint lui aussi que c'était la seule solution. « Pardonne-moi Hermione, soupira-t-il en lui-même. Mais je ne peux pas faire ça. Cela te tuerait. »
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Début octobre, vingt-quatre ans plus tôt :
Il était tard. L'air était frais dans le petit village de P… Dans les rues désertes, une silhouette se faufilait entre les différentes boutiques et bars miteux, laissés à l'abandon pour la plupart. Al, parce que c'était bien lui, avançait sans se retourner, entortillé dans un manteaux râpeux et sombre. Cela faisait maintenant tant de fois qu'il empruntait ce chemin, qu'il ne prêtait plus la moindre attention aux enseignes, ni au décor sinistre qui l'entourait. Ses pensées erraient ailleurs : il se demandait si un jour ces humains seraient assez forts pour briser le cycle.
Que Rogue ait cru pouvoir le manipuler avec ses pitoyables envoûtements pour le forcer à protéger Hermione Granger et aider Harry Potter, touchait au ridicule. C'était plutôt lui, le maître des potions, qui se faisait totalement manipuler. Il n'était qu'un jouet, et n'en n'avait même pas conscience.
Quant aux autres, que ce fût Harry, Drago ou bien Hermione, ils étaient bien tous les mêmes : des naïfs, incapables d'admettre que parfois, rêve et réalité pouvaient se confondre, tout comme la vie et la mort – lorsqu'on se trouvait entre les deux – des sots enfin qui après tant de preuves, refusaient toujours d'admettre son existence. Les amoureux étaient peut-être les pires, si aveugles et si repliés sur eux-même, que le génie avait dû aller jusqu'à torturer la petite Lisbeth pour les rapprocher.
Au fond, les seuls dignes d'estime selon lui, étaient Luna ainsi que les deux petits anges qui avaient traversé leurs vies avec la chaleur et la fugacité d'une étoile filante : Simon et Naomi.
Au fond, c'était eux qui auraient dû survivre. Malheureusement, son pouvoir était limité : ne pouvant les sauver, tout ce qu'il avait pu faire c'était leur accorder le Cadeau des Âmes Perdues : endormis tous les deux, ils avaient vécu ensemble leur dernier rêve.
Quant à Deborah…
Le génie fut soudain arrivé à destination, alors promptement, il sortit le paquet qu'il portait sous sa cape et chuchota d'une voix pleine de remords :
« Pardonne-moi une fois encore Lisbeth. Mais je n'ai pas le pouvoir de défaire ce qui a été fait. »
Et, sur ces paroles énigmatiques, il déposa le bébé au pied des grilles de l'orphelinat. Tout en poussant un gros soupir, il sortit de sa poche une gourmette rose qu'on donnait à la naissance, puis l'attacha au poignet du bébé ensommeillé. Enfin, sur l'espace vide, il inscrivit en lettres cursives : « Deborah Jedusort. »
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*« On forma à la place un nouveau parlement monocaméral (…) pour diriger les branches essentielles à la bonne marche de l'État » Ce système ressemble évidemment beaucoup au modèle français. Mais je précise que si j'ai choisi ce modèle, ce n'est pas parce que je le juge meilleur que le gouvernement d'Angleterre, mais parce que c'est celui que je connais le mieux. Je ne suis pas assez documentée sur les différentes politique étrangères pour m'inspirer du système traditionnel anglais.
Et oui, je vous avais promis une fin heureuse… mais pour Drago et Hermione seulement. Le reste, j'en fais ce que je veux, na !
Et non, je n'ai pas fait de lemon. Que voulez-vous, les lemons, ça se mérite ! Et puis je n'aime pas trop en écrire comme vous le savez.
Ensuite, pour ceux qui ne comprendraient pas la fin, je vais vous faire une petite frise chronologique en espérant que ça rendra les choses plus claires:
1 ) Début octobre 1981 (bon sang, je déteste avoir recours aux années) : le génie dépose une petite fille provenant du futur (qui se révèle être l'enfant de Drago Malefoy et Luna Lovegood) devant un orphelinat et la baptise Deborah Jedusort. Ne pouvant déterminer sa date de naissance, les moldus lui donneront celle correspondant au jour où ils l'ont trouvée.
2 ) 31 octobre : Voldemort est vaincu par Harry Potter, nourrisson de son état.
3 ) 14 ans plus tard, Voldemort est ressuscité. L'été de l'année suivant, il récupère "Deborah Jedusort" dont il apprend l'existence par hasard.
4 ) Deux ans plus tard, Deborah-Lisbeth contrainte et forcée, est mariée à son propre père (donc Drago Malefoy) contraint et forcé, sans qu'aucun ne le sache.
5 ) L'hiver qui suit voit la défaite de l'Ordre du Phénix et sonne le glas pour les moldus. Quelques semaines après, Luna Lovegood est réduite en esclavage au service de la famille Malefoy. Elle met au monde la même année en décembre une petite fille prénommée Lisbeth, avant d'être chassée en France.
6 ) Quelques mois plus tard, Hermione est capturée et amenée au manoir.
7 ) Après de nombreuses sombres machinations, le génie parvient à récupérer Lisbeth - alors âgée d'un an - remonte dans le passé jusqu'en 1981 puis dépose le bébé devant le même orphelinat, démarrant ainsi un nouveau cycle.
Voilà, j'espère maintenant que ce sera clair pour tout le monde. Merci de m'avoir lue jusqu'au bout et bonne continuation à tous.
