CHAPITRE 77 : Requiem pour un épilogue

« Le polynectar Harry ! s'écria Hermione. Quand on était en deuxième année tu ne te souviens pas ? »

Nous sommes tous réunis au Terrier, installés dans des fauteuils et des canapés et nous dégustons un délicieux gâteaux aux poires.

« Mais voyons, complète Ron en riant, Hermione à moitié transformée en chat.

_ Merci Ron, répond mon parrain, je me souviens parfaitement. Mais je ne vois juste pas le rapport entre les sortilèges de dégénémachin et le polynectar.

_ Eh bien quand Lockhart m'avait fait le mot pour obtenir le livre et que j'ai eu accès à la réserve, je n'ai pas pu m'empêcher d'en feuilleter quelques-uns en cours de route. Et il y avait eu ce passage justement. Alors quand Teddy m'en a parlé, je me suis souvenue que j'avais déjà vu ce livre. C'est bête hein ? Parce que finalement je savais depuis le début où trouver la solution.

_ Il y a quand même eu pas mal de temps d'écoulé entre ta deuxième année et maintenant, suggère Rose qui ne se lasse pas de cette histoire et surtout de son happy end.

_ Oui eh bien jeune fille tu sauras que je n'oublie jamais rien ! C'est pas faute de te le répéter depuis toujours pourtant. »

Des éclats de rire éclatent un peu partout autour de la table. Nous sommes tous sereins et heureux. Et aujourd'hui, nous avons beaucoup de choses à fêter.

J'attrape par la main ma petite fille qui joue à courir derrière Poireau, le chat que nous venons d'adopter. Et je dépose un baiser sur son front. Elle glousse de bonheur. De tout ça, de tout ce cauchemar, elle n'a gardé aucun souvenir et ça me rassure.

Dans les jours qui ont suivi sa guérison, j'ai fini par avouer à Victoire que Layamon l'avait utilisée pour ses idées néo-Mangemorts. Je lui ai tout raconté, de la façon la plus neutre possible. Ça a été difficile pour elle et même si j'étais là pour l'aider à surmonter cette épreuve, je sais qu'elle a eu beaucoup de mal à passer le cap. Elle s'est faite aider par un psychomage. Le docteur McMillan. J'ai entendu parler de lui, il paraît qu'il est très bien. Il a beaucoup aidé Victoire. Et le mois dernier, nous avons pu nous marier.

Layamon est à Azkaban maintenant où il va purger sa peine pour le restant de ses jours. L'atrocité de ce qu'il a commis nous assure qu'il n'obtiendra jamais de grâce. Il est prévu qu'il reçoive bientôt le baiser du Détraqueur. Victoire ne veut pas en entendre parler, moi j'ai demandé à Harry de me tenir néanmoins au courant. Je n'ai pas envie qu'il puisse s'en sortir et qu'il nous fasse encore du mal, à ma famille, à moi aussi. Aria s'est très bien remise et c'est tout ce qui compte.

Le professeur Vector, lui, a disparu dans la nature. Lorsque Layamon a donné les noms de tous les Mangemorts qui constituaient son réseau, il y avait le sien. Le salaud agissait en taupe et a essayé de nous faire croire qu'il agissait pour notre bien. Par contre, celui d'Isobail n'a pas été cité. C'est, je crois, le seul point sur lequel je me suis réellement trompé. Je lui ai présenté mes excuses et elle les a accepté. Nous sommes restés amis. Enfin plus ou moins. Le jour de mon mariage, elle est venue me féliciter et embrasser Victoire mais ses yeux brillaient de larmes. Et je suis prêt à donner ma main au dragon que ce n'était pas des larmes de joie.

Et puis il y a moi. J'avais promis à Phil Crivey d'aider son fils, hospitalisé dans un institut moldu. J'ai obtenu de Pathos l'autorisation de le faire rapatrier sur Sainte Mangouste. Après m'avoir vendu aux Mangemorts, elle a cherché plus à ou moins à expier sa faute et pendant plus d'un mois, j'ai obtenu d'elle tout ce que je désirais. Avant que le naturel ne revienne au galop et qu'elle ne recommence à m'insulter et à me torturer. Tant pis, ça ne me fait plus aussi mal maintenant. Je crois que j'ai frôlé de trop près la mort pour me permettre de me miner encore pour elle.

Victoire avait raison, j'ai beaucoup changé. Je suis devenu un homme. Il est temps n'est-ce pas ?

Quoi qu'il en soit, Dennis Crivey est en bonne voie pour la guérison. Il a quitté son état catatonique et il commence à nouveau à parler. Il n'utilise encore que des mots simples mais c'est une bonne chose. Il guérira, j'en suis convaincu. J'ai travaillé d'arrache-pied avec lui. Je me suis débattu pour l'aider à surmonter l'ampleur de son traumatisme. Et j'ai fait d'excellentes découvertes sur la mémoire humaine. Mes travaux m'ont valu les honneurs de la direction de Sainte Mangouste et mon diplôme de médicomage.

Alors aujourd'hui, nous sommes au Terrier. Le soleil brille à l'extérieur. Il ne fait pas encore très chaud mais au moins il ne pleut pas. C'est une journée agréable, marquée par la bonne humeur et par une parfaite ambiance de famille. Aujourd'hui je fête deux choses : mon anniversaire et mon arrivée prématurée au poste de médicomage titulaire. Pour le plus grand bonheur de ma grand-mère Molly, j'ai été déclaré il y a peu plus jeune médicomage du Royaume-Uni, peut-être même d'Europe selon Hermione. C'est peut-être idiot mais l'idée qu'il y ait maintenant à Sainte Mangouste un bureau avec mon nom écrit sur la porte m'emplit tous les jours de fierté. Et depuis quelques jours, c'est avec un large sourire aux lèvres que je me couche le soir.

Seuls quelques points n'ont pas changé. Ma grand-mère Androméda par exemple, toujours aussi perdue dans les méandres de son propre esprit. Malgré l'acharnement de l'équipe qui travaille avec elle, il n'y a aucune amélioration et en un an, elle ne m'a jamais reparlé lucidement. Pas même lorsque je lui ai présenté Aria, ni lorsque je lui ai annoncé mon mariage ou l'obtention de mon diplôme. J'ai bon espoir qu'elle ait tout de même entendu mais je pense que je me jette dans la poudre aux yeux. Et puis il y a James aussi. Pour le plus grand malheur de ses parents, il est toujours aussi inconstant. Il écume les concerts dans lesquels il aime provoquer des bagarres. Lui et sa petite-amie envisagent de s'installer ensemble à Londres et tout le monde s'en inquiète. James ? Prendre soin de lui-même ? Non, impossible.

Ma grand-mère me coupe dans mes réflexions en revenant de la cuisine avec une nouvelle bouteille de champagne des elfes. Je constate qu'elle n'a pas lésiné sur la qualité. Je crois qu'il ne se fait rien de mieux. Elle remplit tous les verres. Seule Victoire n'a pas encore touché au sien. Elle envoie un clin d'œil à ma grand-mère qui lui répond de la même façon. Ces deux-là savent quelque chose et je sens que c'est quelque chose d'important.

« Vous croyez qu'on ne vous a pas vu ? dis-je sur un ton faussement vexé. Vous nous faites des cachotteries ! »

Victoire éclate de rire. Elle prend ma main, embrasse mes doigts. Elle est rayonnante. Elle a l'air heureuse. Après l'horrible dépression qu'elle a traversé en apprenant la trahison de celui qu'elle avait aimé en France, c'est agréable de la voir rire et sourire à nouveau. Elle est juste heureuse et c'est pour moi le plus important.

Elle se lève, me caresse la joue.

« Levez vos verres, dit-elle, parce que d'ici sept mois, un nouveau petit Lupin va naître. »

Elle appuie ses dires en posant ses mains sur son ventre.

« La nouvelle est tombée la semaine dernière, Teddy et moi allons avoir un bébé. »

Aria pousse un cri de joie et se remet à courir derrière le pauvre Poireau qui miaule de dépit. Je crois qu'il aimerait bien approcher un peu du gâteau. Mes oncles et tantes applaudissent, on vient embrasser Victoire et me féliciter, on me tape sur l'épaule. Je suis sonné. Un bébé, nous allons avoir un bébé.

Lorsqu'elle vient m'embrasser sur la joue, Fleur, la mère de Victoire, a un large sourire.

« Et cette fois, dit-elle, choisissez donc un nom un peu moins difficile à porter. Songe un peu à ta mère qui doit déjà avoir envie de t'étrangler. »

Elle éclate de rire et m'ébouriffe les cheveux. Je les aplatis du plat de la main. Il doivent changer de couleur à toute vitesse à l'heure qu'il est. Sauf une mèche, une seule, juste là où ma tête à frappé l'une des marches un soir et où plus aucune couleur n'apparaît jamais, comme un souvenir, un témoin muet de ce qui est un jour arrivé.


Merci à toutes et à tous de m'avoir suivi tout au long de cette histoire, malgré les faux bonds que je vous ai fait entre deux (toutes mes excuses, sans rancune hein ?). J'ai été ravi de lire vos impressions et vos encouragements, vos remarques aussi qui m'aident à progresser dans l'écriture. Requiem est donc maintenant terminé, j'espère que la fic vous a plu, j'espère vous retrouver un jour sur une autre histoire, l'une des miennes, l'une des vôtres peut-être aussi, si le temps cesse de me faire défaut.

A bientôt et bonne chasse à la lecture à toutes et à tous.

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