Bonus en vrac

Endless Sorrow (Piano) – Nubuo Uematsu

Heu, je ne sais pas trop. Je relis régulièrement cette fic dont je suis extrêmement fière, et j'aimerais bien écrire plus sur l'univers d'Ocarina of Time, mais après cette histoire, j'ai la sensation d'avoir dit tout ce que j'avais à dire, de ne plus rien pouvoir ajouter sans la ternir. Mais ce coup-ci j'avais vraiment les doigts qui démangeaient, donc j'ai sorti des petits morceaux de texte pour le plaisir... Nous sommes donc trois ou quatre ans après son écriture et j'ai sans doute changé de style, alors ne vous forcez pas à lire si vous préférez garder Awakening comme au premier jour ^^

J'ai écrit ça aujourd'hui, je sais que c'est léger mais c'est du bonus après tout. Vous en aurez encore un peu - après tout, c'est de relire vos commentaires adorables qui m'a donné envie d'en rajouter un peu... vous êtes au moins quatre à vouloir une suite !

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- Sheik ?

- Hum ?

- Tu dors ?

- Hummm.

- Je me demandais... comment tu faisais.

Le Sheikah ouvrit un œil pour hausser un sourcil en direction de Link. Celui-ci semblait mal à l'aise.

- Pour me faire l'amour comme ça, dans ce corps d'homme... alors que tu as une conscience féminine.

Soupir. C'était bien l'heure de parler de ça.

- Je suis Zelda autant que je suis Sheik, mais sous ses traits, je me sens différent, finit-il par répondre. Je serais bien incapable de parler de moi en temps que Zelda, de dire « je » en pensant au féminin.

- Tellement différent que... enfin, je veux dire, on... nous... voilà, quoi...

- Ça ne me dérange pas d'être un homme pour toi, si c'est ce à quoi tu penses. Loin de là.

Il y eut un silence maladroit. Sheik poussa un nouveau soupir et finit par se redresser, prenant appui sur un coude pour regarder son amant.

- Par contre, ça m'a toujours énormément impressionné que toi, tu ne sois pas plus dérangé que ça. Tu sais que je pourrais reprendre apparence féminine pour toi.

- Oui, je sais... mais après avoir aimé en premier ton... côté masculin... enfin, ça ferait bizarre. La même personne mais pas le même sexe, ni la même apparence... c'est vraiment perturbant.

- Je suis désolé, souffla Sheik.

Il aurait évidemment préféré faire tout ceci dans les règles de l'art, avec les rôles que Zelda avait imaginé à l'origine, plutôt que d'avoir du masquer son identité et jusqu'à son sexe à celui qu'il aimait le plus au monde... mais c'était tellement risqué à ce moment - et le Royaume d'Hyrule était en jeu, qui ne souffrait d'aucune négligence. Il y avait tellement de choses qu'il regrettait.

- Pour répondre à ta question, c'est facile pour moi. Je me laisse aller, je laisse mon corps d'homme prendre le dessus, et j'en jouis autant que si j'étais né homme. Ça paraît simplement... naturel.

Il fit une pause, déglutit, et finit par ajouter :

- Et... Zelda est, heu, vierge. Je veux dire, maintenant, je sais comment ça fait de... d'être pris par un homme... mais en tant qu'homme. Je ne pense pas que cela affecte mon corps de femme, alors... Enfin, tu n'es pas ma première conquête, ça c'est sûr, mais... j'ai toujours fait cela en tant que Sheik. Je suis plus libre de mes mouvements, alors que quand on est une princesse... c'est comme si ta vertu appartenait à ton royaume. Enfin, heureusement que j'ai Sheik.

Comme Link le regardait avec des yeux ronds dans la pénombre, le Sheikah se mordit les lèvres. Jusqu'où pouvait-il parler de ces deux modes de vie, de ces deux corps, à celui qui partageait sa couche chaque soir depuis la défaite de Ganondorf ? Lui non plus ne se voyait pas tellement se donner à Link en tant que femme, mais... parfois, il aurait aimé essayer. Inévitablement, viendrait un jour où il faudrait peut-être se marier, donner un héritier au trône. Et ce ne serait peut-être pas Link.

- Ça en fait des paroles pour mon mystérieux gardien dans l'ombre ! finit par dire le Hylien en souriant.

- C'est toi qui a cet effet sur ledit gardien, Héros du Temps.

Ils restèrent silencieux un moment.

- Je me suis haï de t'avoir trompé, reprit-il. De plus en plus à mesure que tu te rapprochais du temple du temps... et quand j'ai vu tes yeux lorsque tu as compris...

- N'en parlons plus, coupa Link. Ce n'était drôle ni pour toi, ni pour moi, mais ce qui est fait est fait, et puis nous sommes là maintenant, tous les deux.

- Oui... c'est ce qui compte.

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- Sheik ?

- Hum ?

- Tu dors ?

- Hummm.

- Le jour ne va pas tarder à se lever... nous devrions nous mettre en route. Il y a encore du chemin à parcourir.

Le Sheikah lui tourna son dos nu. La perspective de revoir Hyrule après en avoir été chassé ne lui souriait pas, mais elle souriait encore moins à Link qui s'en était volontairement exilé. Après toutes ces années, Zelda l'avait sans doute oublié – enfin, leur aventure, pas le sauveur d'Hyrule, sûrement pas plus que les sept sages. Il ne voulait pas penser à ce que ça avait du être pour elle, et il tremblait à l'idée de la revoir, mais il se sentait attiré vers Hyrule, aimanté, conduit, une sensation qu'il avait plusieurs fois ressentie pendant son périple pour éveiller les sages, et qu'il avait fini par surnommer l'instinct du héros. Il devait y retourner. Sept ans après le retour dans le passé, il devait bien ça à la princesse héritière aux côtés de qui il avait tant vécu.

Il tendit la main pour effleurer les côtes de Sheik qui se dessinaient sous la peau. Malgré sa force physique, et sa masse musculaire nerveuse, il restait si fin... le Sheikah tressaillit, mais ne bougea pas. Des côtes, les doigts de Link passèrent aux hanches. Il aimait cet endroit, la courbe du bassin, si douce, qui contrastait tant avec le reste du corps félin de son compagnon. Il avait la peau si lisse...

- Je te préviens, je me rendors.

- Non, c'est bon, j'arrête, fit Link en riant et en se levant.

Il tâtonna dans la semi obscurité de leur tente pour trouver ses vêtements, et commença à s'équiper. Le bouclier Hylien qu'il mit à l'épaule n'était pas le même que celui qui l'avait accompagné à l'origine, mais il lui était maintenant tout aussi précieux – et il était d'ailleurs aussi abîmé que son prédécesseur. Il avait changé d'épée pas moins de cinq fois depuis son départ, et la lame qu'il utilisait à présent ne lui convenait toujours pas, malgré le prix qu'il y avait mis. Aucune ne soutenait la comparaison avec l'arme légendaire d'Hyrule. Il ne s'en était jamais ouvert à Sheik, qui se moquait de son incapacité à choisir une épée qui lui convienne. Y repenser lui remettait en tête l'absence de Navi, qui l'avait abandonné une fois l'épée sacrée remise en place. C'était toujours aussi dur, un manque poignant qu'il ressentait dans ses tripes. On avait beau dire, il était bien Kokiri, rien ne changerait cela.

Epona trottina vers eux lorsqu'elle vit émerger Link de la tente, entraînant dans son sillage le coursier doré de Sheik. Il avait fini par se résigner à se procurer un cheval devant le refus absolu de Link de se séparer de sa jument, et avait été obligé de briser le mythe des Sheikahs qui vont à pied dans l'ombre : et sur cette monture, impossible de le rater. Dans la pénombre ou sous un ciel orageux, le cheval avait la même teinte beige indéfinissable que les vêtements de son maître, mais qu'un rayon de soleil l'éclaire, et il étincelait. Lorsque le Sheikah eut terminé de fixer sur son corps toutes ses armes, ils plièrent la tente, la sanglèrent sur les chevaux et se mirent en route.

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Impa rajusta ses kunais croisés dans son dos, tirant distraitement dessus pour vérifier qu'ils ne bougeaient pas, un geste machinal que son ascension au titre de sage n'avait pas modifié. Sa puissance s'était considérablement accrue malgré son âge, mais la force n'est rien sans la maîtrise, et s'il y avait bien un Sheikah qui ne relâcherait plus jamais sa garde, c'était elle. C'est ainsi que ses sens aiguisés l'avertirent de l'indésirable. Il était extrêmement discret, mais Impa connaissait chaque frottement, chaque grincement de sa demeure, et celui-ci n'en faisait pas partie. Silencieuse comme un chat, elle glissa contre un mur, sous le bruit qu'elle avait entendu. Manifestement, l'intrus connaissait l'entrée du toit. Elle ne l'utilisait pourtant presque plus... avait-elle été négligente ?

La trappe s'ouvrit sans émettre de son et fut poussée de côté. Une forme agile atterrit sans bruit, droit sur le tapis qui servait justement à étouffer les sons... et aussitôt, se redressa et se figea, un kunai sous la gorge.

- Pour l'amour de Nayru, Impa !

- Nabooru !

Stupéfaite, la vieille nourrice recula, mais sans baisser sa garde pour autant.

- Tu n'es jamais venue ici auparavant. Dis-moi, qu'as-tu envoyé Link chercher dans le temple du désert ?

- Les fichus gants de force ! C'est moi, tu l'aurais vu sinon !

- Si je possédais le quart de la puissance magique de la princesse, peut-être... thé, infusion ? répondit Impa en rengainant ses armes. La Gerudo éclata de rire.

- Comme je m'y attendais en venant ici ! Menacée de mort, puis on m'offre le thé ! Aux épices, s'il te plaît, choisis pour moi - tant que c'est fort.

Nabooru prit ses aises dans un fauteuil, observant l'intérieur de la maison avec intérêt. Elle s'attarda sur les nombreuses armes et cartes accrochées au mur en haut de la mezzanine, ne fit aucun commentaire sur la vache qui ruminait tranquillement, couchée et somnolente dans sa cage, tapota du pied et afficha un sourire satisfait en entendant le son creux qui remontait du sol. Impa revint vers elle avec deux tasses fumantes et la voleuse lui fit un grand sourire.

- Alors, le voilà ce fameux sous-sol où le Héros du Temps et la princesse sous ses traits masculins de Sheikah ont joyeusement...

Le visage de la sage de l'ombre avait instantanément viré au cramoisi et elle coupa précipitamment la parole à Nabooru.

- Peut-on savoir comment tu connais l'existence de ce sous-sol ? Tu n'étais pas encore devenue sage à ce moment-là ! Et la trappe du toit ? Et par les déesses, qu'est-ce que tu fabriques chez moi ?

La Gerudo prit le temps de boire une gorgée de thé brûlant avant de répondre.

- Bah ! C'est ça que tu appelles « fort » ? Mais ça a bon goût... et toi, tu as oublié de regarder ton calendrier, ces derniers temps.

- Oh non. Je sais exactement quel jour sera demain. Mais ça n'explique rien.

- Tu ne le sens pas ? Les Sheikahs alors... nous ne sommes pas si semblables que ça. Vous êtes au service de la famille royale, mais seulement les muscles, hein... !

- La magie n'a jamais été un don Sheikah, répondit Impa qui commençait à perdre patience devant cette fichue sauvageonne du désert.

Celle-ci lui adressa un sourire comme si elle devinait ses pensées – ce qui était peut-être le cas : après tout, elle était la sage de l'esprit... elle posa sa tasse vide sur la petit table devant elle et croisa les bras, prenant un air sérieux qui tranchait totalement avec sa personnalité habituelle.

- Il approche d'Hyrule. Doucement mais sûrement, il revient nous rappeler le passé à tous.

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A suivre...