Ave lectrices, celle qui a complètement raté la fin du chapitre précédent vous salue !

Je vous présente mes plus plates excuses pour la confusion créée, je m'autocongratule pour cette palme de l'epic fail ! ^^ Mon dieu, me pardonnerez-vous d'avoir si mal écrit cette fin de chapitre ? Le "Je vais rester" signifiait "Je vais rester avec toi". Affligeant, hein ? Cette grande leçon d'humilité me fait vous supplier d'accepter mes plus... humbles excuses.

J'espère que cette (longue) fin me fera remonter d'un millimètre dans le peu d'estime qu'il vous reste pour la pauvre Dämon que je suis ! Sachez que j'ai finalement opté pour ma fin alternative en guise d'offrande. =)

Un immense merci tout de même à paffi, seirarah, Sweetylove30, Jade212000, Totorsg, filament-de-lune, krolinette et MarshxMallow. ^^

Enjoy: Oui, c'est officiel, la fin est magistralement un raté. Historique ! lol J'espère me rattraper un peu avec ce chapitre, mais le pire est déjà fait je le crains ! ^^ Merci tout de même =)

dawnie: Oh je suis navrée! :) J'espère que les différentes confrontation Jeff ou Jane colleront à peu près à ton point de vue. et merci :)

helena jane: Longue fin ça sera ! =) Oh et "Rees" c'est le surnom que donne Tommy à Lisbon dans la saison 4. J'avoue c'était confus comme fin. Désolée :/ Mais merci quand même ! =)

FewTime: C'est une façon intéressante de commencer une review par "ce n'est pas ma review" lol Je tiens à dire que ma maman a lu les reviews et en lisant les tiennes, elle s'est tournée vers moi et m'a dit cash "T'as vraiment foiré là". Et elle a pas tort! ^^ La réponse sera dans le "long" chapitre final que voilà. =) Pour revenir à mon raté, il n'y a logiquement pas d'espoir à la fin du chapitre. Ma logique a été nullissime et je vous ai toutes embrouillées. J'en suis très humblement désolée! :( Il fallait bien comprendre "je vais rester avec toi". J'espère que tu me pardonneras ? :/ J'ai choisi la fin alternative en pensant à ton coeur ! Du reste, merci. :)

MadMouse: Je suis contente que le bout en plus t'ait plu. =) Il a été sujet à confusion, j'ai très mal écrit (une leçon d'humilité! lol) et le fait que Lisbon choisisse Jeff est devenu flou. :/ Long chapitre ce sera, mais je reviens vite avec d'autres histoires si tu le souhaites. =) Merci beaucoup en tout cas. :)


Chapitre 11: Le Début:

"There are homecomings without home."

Derek Walcott, Homecoming: Anse La Ray

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Lorsque Rigsby quitta l'habitacle de sa voiture, il remarqua que June était installée à la fenêtre de leur chambre. Il fronça les sourcils et se dépêcha de rentrer.

Abandonnant clefs, porte-document, et chaussures, il prit la direction de leur chambre à l'étage.

Il retrouva June vêtue de l'une de ses chemises, occupée à gommer énergiquement quelque chose sur son calepin. Une ride inquiète se forma sur le front de Rigsby alors qu'il s'approchait. Elle ne sembla pas le remarquer, emportée par sa frénésie.

-J'aimais bien ce dessin, déplora-t-il à côté d'elle.

-Tu dis n'importe quoi, marmotta-t-elle sans lever les yeux. Ce dessin est nul, il n'y a aucune perspective, aucune profondeur. Même une maîtresse de maternelle n'en voudrait pas.

-A ce point ? ironisa-t-il. Fais voir...

-Non, protesta-t-elle en dérobant le calepin.

-J'ai compris, soupira-t-il. Qu'est-ce qu'il y a ?

-Rien du tout.

Elle évita son regard et reprit son calepin pour recommencer son esquisse.

-Tu peux arrêter de m'observer s'il te plaît ? Tu me déconcentres.

-Tant que tu ne m'auras pas dit ce qui ne va pas, tu as peu de chance que je quitte cette pièce, rétorqua-t-il.

-Bien, fais comme tu veux, bougonna-t-elle en se désintéressant de son sort.

Rigsby soupira mais ne bougea pas d'un pouce, habitué.

June ajouta quelques traits tremblants puis ratura le dessin dans un geste rageur, cassant la mine du crayon du même fait.

-D'accord, lâche ça June, intervint Rigsby en attrapant le calepin.

-Fiche-moi la paix Wayne ! hurla-t-elle en tentant de reprendre son bien. Va-t-en !

-Tu devrais te calmer...

-Non je ne me calmerai pas ! Alors va-t-en, va jouer ailleurs !

Il recula en lâchant le calepin, blessé, puis se recomposa.

-Bien, reste seule, siffla-t-il entre ses dents serrées. Ne m'attends pas ce soir.

Il tourna les talons et se dirigea vers la sortie. Il entendit du bruit derrière lui et la minute suivante il sentit les bras de June l'emprisonner. Il s'arrêta.

Elle posa son front contre son dos et laissa ses larmes lui échapper.

-Je le hais, gémit-elle, je le hais tellement...

Rigsby soupira et parvint à se tourner pour l'enlacer avec douceur. Il promena ses mains sur son dos puis en glissa une dans ses cheveux avant d'embrasser sa tempe dans un geste réconfortant.

-Il va partir hein ? déplora-t-il à mi-voix.

Elle acquiesça, incapable de parler.

-Il te l'a dit ?

-Non, souffla-t-elle, mais sa valise est prête, et... c'est dans son regard. Il se prépare. Il cherche ses mots... Cet enfoiré va repartir.

-C'est peut-être mieux comme ça, tenta-t-il. Lisbon ne peut pas vivre éternellement déchirée entre deux vies.

-Mais elle ne peut pas être heureuse non plus, pas après tout ça. Ça la détruira...

-C'est leur décision June, on doit l'accepter.

-Je refuse, d'accord ? s'agaça-t-elle. Elle... Je dois la protéger, tu comprends ?

-June, souffla-t-il en prenant son visage entre ses mains. Tu ne lui dois rien...

-Elle m'a sauvée la vie, trancha-t-elle, je lui dois tout. Elle m'a remise sur le droit chemin, elle t'a envoyé dans cette fichue prison quand tu n'y croyais plus, elle t'a couvert quand tu t'absentais pour venir me voir, elle a été présente à toutes les audiences, et elle m'a acceptée comme son amie malgré tout ce qu'elle savait sur moi. C'était la première fois qu'on faisait tout ça pour moi, elle est comme une sorte de soeur dont on m'aurait séparée à la naissance, tu comprends ? Il faut que tu comprennes Wayne, supplia-t-elle. Je ne veux pas la voir souffrir. Je veux qu'elle soit heureuse comme elle m'a permis de l'être avec toi.

-Tu ne peux pas empêcher Jane de partir, répondit-il à regret.

-Il me faut encore un peu de temps, juste un peu de temps. Je vais trouver quelque chose.

-Tu ne sais même pas si tu as ce temps.

-Je l'aurai, rétorqua-t-elle, résolue. Teresa Lisbon ne gâchera pas sa vie, sois-en assuré.

-Je t'aime, sourit-il en l'enlaçant.

-Moi aussi, souffla-t-elle en se blottissant contre lui.

-Et je ne pars pas.

Elle parvint à lui offrir un léger rire malgré tout.


Jeff attendit d'être sûr que Lisbon dorme pour se glisser hors du lit et redescendre. Il trouva Jane sur le canapé, comme il s'y était attendu.

-Je peux me joindre à vous ? s'enquit-il.

Jane acquiesça et s'écarta pour le laisser s'asseoir.

-Alys m'a parlé de vous presque autant que Teresa l'avait fait, lança Jeff l'air de rien. Vous avez le don de vous faire aimer.

-Il faut croire, répondit Jane en haussant les épaules.

-Dommage que vous utilisiez ce don pour leur faire du mal.

-Je ne suis pas sûr de vous suivre.

-Oh je crois que vous me suivez plutôt bien en fait, rétorqua Jeff. Vous avez brisé le cœur de Teresa il y a cinq ans et vous vous appliquez à recommencer. Quel genre de psychopathe êtes-vous ?

-M'insulter soulagerait-il votre conscience ? ironisa Jane sans ciller alors même qu'une plaie béante se rouvrait à l'intérieur.

-Vous n'êtes qu'un sombre égoïste. Vous n'avez aucune idée de ce qu'elle a traversé, du mal que vous avez fait. Vous n'avez aucune idée des années que j'ai passé avec elle. Je l'ai accueillie contre moi, et je lui ai montré qu'elle pouvait encore être aimée. Je lui ai donné l'amour que vous vous aviez oublié quelque part dans votre égoïsme. J'ai parcouru son corps amaigri par la dépression, j'ai séché ses larmes même lorsqu'elles n'en finissaient plus de couler pour vous, j'ai embrassé ses lèvres que vous aviez oublié, j'ai aimé son odeur et voulu sécher sa douleur...

Il s'interrompit pour s'assurer que Jane ne perdait pas un élément de sa liste de griefs. Assuré par la mâchoire contractée de l'ancien consultant, il reprit plus calmement :

-Mais je n'étais pas vous, elle allait mourir avec moi... Parce qu'elle se faisait du mal en se réveillant contre moi alors que vous auriez dû être là. Parce que chacune de mes étreintes et de mes sourires ne recevaient qu'un pâle reflet de celle qu'elle avait été. Elle était malade finalement, malade de vous. Vous auriez pu aussi bien la tuer, peut-être aurait-elle eu la chance de ne pas souffrir autant... Mais vous, vous n'avez rien vu, trop occupé à aimer votre reflet ailleurs, trop habitué à ce qu'elle vous attende...

-Vous parlez de choses que vous ne comprenez pas, l'interrompit Jane d'une voix rauque, le regard fuyant.

-Ah oui ? Je ne sais rien d'elle, pourtant j'ai su la guérir de vous, il a suffi qu'un matin je l'aime assez fort pour lui murmurer de partir loin, de laisser derrière elle le fantôme pour retrouver une vie qu'elle avait trop longtemps mise de côté. J'ai murmuré les mots que vous auriez dû prononcer si l'amour que vous prétendez avoir pour elle avait existé un jour. Et ces mots me font encore mal, parce que je l'ai laissée me glisser entre les doigts. Et je l'ai aimée jusqu'à la dernière minute.

-Je l'aimerai jusqu'à la dernière seconde alors, répondit Jane en le regardant finalement dans les yeux.

-C'est une guerre que vous avez perdu il y a cinq ans Jane. Vous devez la laisser vivre, vous devez la laisser à sa famille. C'est sa seule chance de garder l'équilibre.

Cette fois, Jane ne répondit pas, le regard vissé sur la table basse.

Jeff soupira et se leva.

-Si vous ne le faîtes pas pour elle, faîtes-le au moins pour Alys, ajouta-t-il en s'éloignant. Elle a besoin d'une mère entière.

Jane garda le silence.


(Deux jours plus tard)

Jane observait Jeff et Alys jouer dans le jardin depuis un quart d'heure... Ou peut-être plus ?

Il n'aurait su dire d'où venait exactement l'oppression qu'il ressentait, mais quelque chose dans l'air lui disait qu'il était temps. Il était resté déjà bien trop longtemps pour une cause perdue, Lisbon ne partirait jamais avec lui. Elle allait rester, peu importe ce qu'il dirait, peu importe ce qu'il ferait, elle avait pris sa décision. C'était dans chacun de ses regards fuyants, dans chacun de ses gestes hésitants, dans chaque phrase qu'elle ne finirait jamais.

Elle cherchait la meilleure façon de lui dire qu'elle en avait fini avec lui. Et toux deux savaient très bien qu'au fond, il n'y avait jamais de meilleure façon.

Il était revenu en pensant rentrer chez lui, mais il n'avait eu que l'illusion d'un foyer, l'illusion d'une famille, et un souvenir pour idéal. Il avait trop longtemps vécu avec l'idée qu'elle l'attendrait, il avait oublié de considérer toutes les possibilités, et pour la seconde fois de sa vie : il avait perdu.

D'ici quelques jours, il n'y aurait plus de Jeff, plus de James, plus de visites inattendues au CBI, plus de sourires rayonnants de la part de VanPelt, plus d'admiration de la part de Garrett, plus de discussions silencieuses avec Cho, plus de plaisanteries douteuses pour Rigsby, plus de batailles d'esprit avec June, plus de promenades interminables avec Alys… Et plus de Lisbon. D'ici quelques jours, il allait partir. Elle allait rester.

Il ne savait pas encore exactement la date, il savait juste que ça ne prendrait guère plus d'une semaine. Le temps de se faire plus de mal que de bien, le temps de se faire à l'idée d'une disparition pour de bon.

Il n'y aurait plus de retour, puisqu'il n'était plus chez lui.

Jeff parvint à attraper Alys et elle éclata de rire, se laissant porter à bout de bras, tourbillonnant dans les airs en riant. Jeff la maintint à bout de bras au-dessus de lui et ils se fixèrent un instant en souriant, puis il la fit redescendre contre lui et embrassa sa joue.

Alys rayonnait.

Jane fut sorti de sa rêverie par la porte d'entrée et il tourna la tête pour voir Lisbon déposer ses affaires négligemment, plongée dans sa lecture du courrier. Elle lui lança un bonjour discret, sans lever les yeux d'une lettre apparemment passionnante.

Jane fit aller son regard de l'extérieur où père et fille jouaient, à Lisbon qui se tenait dans l'encadrement du salon. Il se décolla de son point d'observation et marcha droit sur elle pour lui voler le baiser le plus étourdissant qui soit.

Lorsqu'il la relâcha, elle le dévisagea sans comprendre, entre le choc et une émotion incertaine.

-J'ai assez fait semblant dans ma vie, répondit-il à sa question muette. Ne nie rien, tu t'es accrochée machinalement à ma veste, ajouta-t-il non sans moquerie dans la voix.

Elle baissa les yeux entre eux et vit qu'en effet, elle avait lâchée le courrier pour attraper les pans de veste de Jane. Elle rougit légèrement et le relâcha.

-C'était déplacé, marmotta-t-elle finalement.

-Ne me fais pas la morale maintenant, rétorqua-t-il en se penchant vers elle.

-Jane… gémit-elle en se penchant en arrière pour l'éviter.

-Tu comptes rester de toute façon, souffla-t-il.

Il lut dans ses yeux quelque chose se déclencher, et l'espace d'un court moment, il y vit la douleur qu'elle tentait d'enfouir.

L'instant suivant, il ne voyait plus rien, et elle l'embrassait.

Il répondit avec ferveur, glissant ses mains sur elle pour la rapprocher toujours plus, comme pour qu'elle se fonde en lui, comme pour qu'elle n'ait plus jamais à le quitter. Elle rompit le baiser et se blottit contre lui, enfouissant son visage dans son cou pour y reprendre le contrôle de ses yeux inondés.

-Tu m'as dit que je pouvais te faire rester, souffla-t-elle.

-Pas comme ça, répondit-il tristement.

-Mais je veux que tu restes.

-Ça ne suffit pas, tu le sais.

-Jane…

-Teresa, l'arrêta-t-il en se décalant juste assez pour coller leurs fronts. Tu as une famille ici, et même si Jeff et toi ce n'est pas un conte de fée, ça reste une vie de famille sûre, tu es aimée ici, TEA tu te souviens ? Je t'ai écartée du droit chemin une fois, je ne referai pas cette erreur.

-Tu as une vie ici, tenta-t-elle.

-Je n'ai que toi ici, je n'ai que toi qui me retiennes, et ça ne durera pas. J'avais tort, ta place n'est pas avec moi. Et tu avais raison, c'était un beau rêve… Mais faisons face tous les deux une dernière fois d'accord ? Il vaut mieux que cette fois je parte vraiment pour ton bien et non pour le mien.

Elle nia vigoureusement sans un mot et il posa ses mains sur ses joues pour la calmer doucement.

-Ça va aller, murmura-t-il. Ta vie sera belle quoi que tu en penses pour le moment. Qui sait ? Peut-être que lorsque je serai parti pour de bon, tu diras enfin oui à Jeff ? June peut te donner des conseils maintenant.

-Ne fais pas ça, parvint-elle à le supplier.

-Schhh… souffla-t-il en lui souriant. Tout ira bien, je te le promets.

-Non, protesta-t-elle, non rien n'ira b...

Il l'embrassa pour la faire taire, et fut déchiré de constater qu'elle lui répondit en y mêlant ses larmes.

-Tomber amoureux de toi est la plus belle ânerie que j'ai pu faire, murmura-t-il à son oreille.

-Qu'est-ce que je devrai dire ? ironisa-t-elle en enroulant ses bras autour de sa taille.

Il acquiesça puis déposa un baiser sur sa tempe avant de l'enlacer plus étroitement. Ils restèrent longuement dans cette position, silencieux, ne faisant qu'un.

-Est-ce que tu peux..? chuchota-t-elle finalement sans parvenir à finir sa phrase.

-Tout ira bien, la rassura-t-il.

-Merci.

Elle se résolut à le relâcher et ils reprirent leurs distances. Quelque chose s'était brisé quelque part dans leurs regards emplis de regret.

Dehors, les rires de Jeff et Alys résonnaient.

...

-June ? s'étonna Jeff en voyant la blonde descendre de la voiture de Rigsby.

-Je ne reste pas longtemps, expliqua-t-elle. On peut parler un instant ?

Il fronça les sourcils, surpris, puis acquiesça, intrigué. Elle désigna le banc installé au bord de la pelouse et il lui emboîta le pas.

-Je vais voi' maman, lança Alys en retournant à l'intérieur.

-Elle est perspicace pour son âge, sourit June en s'asseyant.

-Parfois trop à notre goût, répondit Jeff dans un léger sourire. De quoi tu voulais me parler ?

-De Lisbon, répondit-elle dans une moue navrée.

-Oh.

June soupira et rassembla ses pensées un moment, les yeux perdus du côté du SUV où Rigsby l'attendait.

-Jane va partir bientôt, déclara-t-elle finalement. Et nous savons tous deux l'effet que ça aura sur Lisbon.

-Rien d'insurmontable, répondit Jeff.

-Si justement, le contredit-elle. Tu n'es pas si aveugle Jeff, tu sais que ça va la détruire. Beaucoup plus que la première fois.

-Mais...

-Écoute-moi, tu protesteras après, le coupa-t-elle. Il est une part de sa vie, et peut-être même une part d'elle. Tu sais, cet espèce d'amour idiot qu'on trouve dans les romances, celui qu'on n'oublie jamais quoi qu'il arrive, celui qui nous détruit au fil des jours ? Eh bien, Jane et Lisbon sont exactement ce genre d'idiots. Elle l'aime, il l'aime, et tout ça vire au drame un peu trop à mon goût. Je sais que c'est beaucoup demandé, même plutôt déplacé, et surtout injuste pour toi, mais il faut que tu la laisses partir Jeff. Il faut qu'elle le retienne ou elle le regrettera toute sa vie. Et avec le temps, tu le regretteras toi aussi, crois-moi.

-Et si elle ne veut pas le retenir ? Et si elle voulait rester ici sans lui ?

-Tu y crois vraiment ? souffla-t-elle dans un sourire désolé.

-Elle a vécu cinq ans sans lui, contra-t-il.

-Elle a vécu deux mois avec lui. C'est bien assez, crois-moi.

Jeff fit mine d'ajouter quelque chose mais se ravisa, plongé dans ses pensées. June soupira et posa une main douce sur son épaule.

-Je ne te demande pas de sortir de sa vie, le rassura-t-elle, elle a encore besoin de toi. Je te demande juste de lui sauver la vie, de vous sauver la vie. Réfléchis-y, d'accord ?

Il acquiesça vaguement, déconnecté de la réalité. June lui adressa un autre sourire désolé puis se leva et rejoignit Rigsby.

Elle espérait que Jeff ferait le reste.


-C'est pas une g'enouille ! rit Alys en pointant du doigt le livre d'histoire au-dessus d'elle. C'est un c'apaud.

-Tu es sûre ? s'enquit Jane en faisant mine d'examiner le livre de plus près.

-T'y connais 'ien, protesta-t-elle. Dans les histoi'es, y a pas de g'enouille, c'est des c'apaud qui sont des p'inces en fait.

-Tu crois ?

-Ouiiii ! répondit-elle avec enthousiasme. Tu continues un peu l'histoi'e s'il te p'ait ?

Il accepta en souriant et replaça le livre au-dessus de leurs têtes, s'en tenant à la version du crapaud. Il sentit Alys se blottir un peu plus contre lui et son cœur se serra. Elle allait lui manquer infiniment. Autant que sa mère.

Il mit fin à l'histoire au plus grand désarroi de sa jeune amie. Il replaça le livre sur la table de chevet mais resta étendue sur le lit avec Alys.

-Ton père pourra te lire la suite demain, je lui dirai où on s'est arrêté, d'accord ? proposa-t-il.

-Pou'quoi pas toi ? s'étonna-t-elle en levant son bout de nez vers lui.

-Parce que je pars demain, avoua-t-il d'une voix légèrement éraillée.

-Tu vas où ?

-Je ne sais pas encore, reconnut-il.

Elle sembla sceptique et il se sentit obligé d'aller jusqu'au bout de son aveu :

-On ne se reverra peut-être pas.

-Pou'quoi ?

Il fut tenté de répondre que c'était compliqué mais il ne se le serait jamais pardonné.

-Parce que je fais du mal à ta maman en restant.

-Mais elle est pas t'ès contente quand t'es pas ici, contra-t-elle.

-Ça ira mieux quand je serai reparti. Tu retrouveras ta maman rien que pour toi, et tu verras plus James.

-Mais j'veux pas tu pa'tes, protesta Alys sans pouvoir retenir ses larmes.

Il soupira et l'enlaça, déposant un baiser sur son front.

-Tu regarderas les étoiles, j'y serai.

-Promis ?

-Promis, murmura-t-il.

-Mais tu se'as plus là du tout ? Plus jamais ?

-Plus jamais, confirma-t-il avec la sensation qu'il s'arrachait le cœur.

-C'est nul, protesta-t-elle en luttant contre de nouvelles larmes.

-Je penserai souvent à toi, je t'enverrai des cartes, comme celles que j'envoyais à ta maman. Et on se parlera peut-être au téléphone, ça t'irait ?

Alys acquiesça en reniflant, luttant contre ses larmes, puis leur cédant pour les enfouir dans son cou.

-J'veux pas tu pa'tes, insista-t-elle. T,E,A.

-Tu es aimée toi aussi Alys, murmura-t-il en luttant contre ses propres larmes.

Il s'endormit avec Alys cette nuit-là.

Lisbon ne put se résoudre à le réveiller lorsqu'elle les trouva. Elle éteignit la lumière puis quitta la pièce, le cœur un peu plus brisé.


Jane avait toujours détesté les adieux. Il n'avait jamais été fait pour ces longs au revoir, ces promesses vaines, ces à jamais pour toujours. Il ne maîtrisait pas ce domaine, et il détestait ne pas maîtriser quelque chose. Il y avait bien assez de choses qui avait échappé à son contrôle ces derniers temps.

Alors il s'était contenté d'un tour en DS. Il était allé au CBI saluer Grace, Cho et Garrett, puis il était passé chez June et Rigsby. June l'avait giflé avant de l'étouffer dans une étreinte où elle l'avait insulté copieusement. Il n'avait pas eu le cœur à en rire.

Puis il était passé saluer James, histoire de retarder les derniers de la liste.

Jeff ne lui adressa pas un regard, assis sur le canapé, plongé dans ses pensées. Alys, en larmes, s'agrippa à lui en le suppliant de ne pas la laisser seule. Il encaissa chaque blâme au cœur, il chassa les larmes qu'il aurait voulu verser pour elle, puis lui souhaita la plus merveilleuse des vies, à défaut de trouver de quoi se graver dans sa mémoire enfantine.

Alys accepta de rester à l'intérieur alors que sa mère raccompagnait Jane à l'extérieur.

-J'ai comme un air de déjà-vu, parvint-elle à ironiser malgré la boule dans sa gorge.

-Ne te fais pas plus de mal, trancha-t-il. Vis, et fais-le bien, d'accord ?

-T'as jamais rien compris, hein ? déplora-t-elle dans un soupir. Je ne veux pas que tu partes. Tu détruis encore tout sur ton passage.

-Fais semblant pendant quelques temps, le reste se fera seul.

-Idiot, souffla-t-elle en secouant la tête.

Il força un sourire puis se pencha vers elle pour l'embrasser furtivement.

-Prends soin de toi Teresa.

Elle lui fit signe de partir, la gorge trop nouée, les yeux occupés à ne pas pleurer.

Lorsqu'il tourna les talons, il la sentit lâcher prise et laisser les larmes s'échapper une dernière fois. Il lutta à chaque seconde qui les éloignait pour ne pas faire demi-tour.

Il hésita avant de monter dans le taxi qui l'emmènerait à l'aéroport, comme s'il espérait que finalement elle le retiendrait.

Elle en fut incapable, et le taxi disparut au coin de la rue quelques instants plus tard.


Lisbon rentra en s'essuyant nerveusement les yeux puis fouilla ses poches de manteau à la recherche d'un mouchoir. Elle y trouva un bout de papier cartonné qui n'y était pas quelques minutes plus tôt. Elle sortit une carte postale de Sacramento et retint un sanglot à grande peine.

Alys se jeta dans ses jambes en pleurant le départ de son grand ami. Lisbon ne sembla pas vraiment la remarquer, les mains tremblantes, le souffle court, elle retourna la carte pour lire.

« Tu avais raison, une carte de Sacramento manquait à ta collection. Je crois qu'elle la clôt plutôt bien, qu'en dis-tu ? Sois heureuse Teresa.

TEA,

Jane »

Lorsqu'elle leva les yeux, elle croisa le regard désolé de Jeff qui s'était approché. Elle s'excusa silencieusement mais il lui fit signe que ce n'était pas la peine, posant une main douce sur sa joue humide.

-Tu l'aimes, non ?

Elle acquiesça malgré elle, malgré lui, malgré tout.

-Alors qu'est-ce que tu fais encore ici ? souffla-t-il douloureusement.

-Je...

-Tu gâches ta vie Teresa, la coupa-t-il. Rattrape-la, rattrape-le.

Elle sembla un moment vouloir protester puis elle posa une main sur la tête d'Alys pour l'inciter à la lâcher. Elle se baissa à sa hauteur et lui offrit un sourire doux, rassurant, avant de l'enlacer.

-Je reviens vite, d'accord ?

Alys hocha la tête positivement et Lisbon embrassa sa joue. Puis elle se leva, attrapa ses clefs de voiture et partit en courant.


Lisbon ne put s'empêcher d'espérer que, malgré son retard, l'avion de Jane n'ait pas décollé. Après tout, c'était comme ça que toutes les histoires d'Alys se terminaient. Il devait bien y avoir un peu de magie sur cette terre, une magie qui avait influencé tous ces auteurs de contes. Peut-être que lorsque de grandes décisions étaient prises, le temps s'arrêtait, les avions prenaient du retard sans le savoir, et les héros pouvaient vivre heureux. Peut-être qu'elle voulait bien croire à une deuxième chance après tout. Peut-être que cette fois serait la bonne.

Et au final, elle se fichait des raisons, pourvu qu'elle arrive à temps.

Elle fendit la foule dans le grand hall et observa les panneaux d'affichage, remerciant la curiosité malsaine qui l'avait poussée à regarder le billet d'avion. Lorsqu'elle trouva le vol en partance pour New-York, elle s'enfila dans les escalators et bouscula des inconnus de mauvais humeur pour gagner du temps, toujours plus de temps.

Si elle avait pu prendre du recul, elle se serait sans doute sentie ridicule, ridiculement amoureuse. Elle avait pourtant juré de ne jamais croire à un tel rêve, et elle était là, telle une ado amoureuse, à tenter de rattraper un avion. Où donc était passée la musique pleine d'espoir ? Où donc étaient les visages souriants des passants contents d'assister à cette scène hollywoodienne ? Pourquoi l'arrêtait-on pour un contrôle de sécurité ? Pourquoi la retardait-on pour une pièce au fond de sa poche ?

Elle parvint à la salle d'attente et la découvrit vide. Son cœur se serra et elle trottina jusqu'à l'hôtesse encore en poste vers les portes d'embarquement.

-Je dois parler à quelqu'un dans cet avion, articula-t-elle avec peine, essoufflée.

-Je crains que ce soit impossible, déplora l'hôtesse.

-Je vous en prie, c'est important, insista Lisbon en regrettant de n'avoir pas pris son badge avec elle.

-Je ne peux rien pour vous madame, l'avion a décollé, vérifiez par vous-même.

Lisbon se tourna vers l'immense baie vitrée et vit qu'il n'y avait aucun avion en contrebas. Il était parti. Encore. Définitivement.

Elle avait perdu. Son conte romantique avait pris la tournure d'un drame.


Lisbon revint le cœur en morceaux. Avec un peu de chance, ils s'éparpilleraient bientôt dans le vent qui venait de se lever. Peut-être que ça la soulagerait de la douleur d'avoir aimé en vain. Peut-être que ça la déchargerait de la futilité d'avoir un cœur entier.

Elle se décida à quitter la voiture et à réinstaller ses défenses contre le monde pour rentrer dans cette maison qui ne serait plus jamais la même.

Résignée à faire face, elle leva finalement les yeux, et son cœur s'arrêta soudainement, lui prouvant qu'il était encore là. Sur le perron, la promesse d'un avenir aussi différent que lumineux lui offrait un sourire timide, hésitant. Elle ne parvint pas à se retenir de courir pour arriver plus vite.

Elle était rentrée et elle venait de gagner sa place loin des larmes, à l'abri.

Parce qu'un jour de rires, elle était tombée pour lui.

FIN


Ahah, vous avez eu peur hein ? Eh bien moi aussi, cette fin n'est pas du tout celle que j'avais prévu. J'espère qu'elle vous plaira quand même. =)

Peut-être à bientôt. Du reste (et surtout) MERCI pour ce bout de chemin en votre compagnie. =)