Salut ! Cette histoire ne suit pas la logique des Horcruxes. Sirius et Dumby ne sont pas morts. Tout va bien. Pour l'instant.
Ce premier chapitre n'est qu'une mise en contexte. Les prochains chapitres ( déjà écrits en grande partie) se présenteront comme des 'Jours'.
Si vous aimez, faites-le moi savoir ! Bonne lecture.
Mes vêtements ne ressemblent plus à rien mais je suis là, je me prépare. Je sens tous leurs regards sur moi : les aurors, les mangemorts, mes amis, mes ennemis.
Dans les débris, le temps s'est arrêté. La bataille sanglante qui brisait les deux bords a cessé, comme d'un commun accord.
Tout est étrange. J'ai l'impression d'être le seul à avoir réellement peur.
Est-ce possible ?
J'avance dans la poussière. Ron et Hermione me regardent, pensifs.
Mais ma nuque me picote. Quelqu'un me regarde. Je me retourne et voit Tom, à une vingtaine de mètres de moi. La panique pure s'insinue dans mes veines.
Sirius est trop loin, aux côtés de Rémus. Dumbledore s'approche aussi mais il est loin, tellement loin.
Une goutte de sueur glisse le long de ma nuque.
Je me retourne vers mes amis et je leur chuchote, d'une voix que je sens bien trop désespérée :
- Il arrive ! Il n'y a personne d'important !
Voldemort s'approche et glisse une main sur mon épaule. Ma respiration s'arrête, et tout mon corps se crispe. Il approche son visage qui n'en est plus un près de mon oreille et me susurre:
- Es-tu important, toi, Harry ?
Je sens son rire moqueur me glacer le sang.
Je suis simplement perdu : Pourquoi donc personne ne réagit ? Ne peut-il pas me tuer là, tout simplement, et en finir ? Que font les autres?
La fine main cadavérique presse encore un peu plus mon épaule.
Je relève le regard : Hermione baisse la tête, et regarde ses mains, honteuse.
Ron se tortille, mal à l'aise. Alors je comprends.
Cette guerre est inutile : les mangemorts tués ne sont rien. Les aurors perdus ne valent rien.
Les amis sont impuissants, les ennemis inefficaces.
Cette guerre est inutile. Le seul combat qui importe est entre lui et moi.
Il en a toujours été ainsi. Ils se sont tous battus, pour me permettre de grandir un peu, m'affirmer, contrôler mes pouvoirs. Dumbledore n'a fait que reculer l'échéance. Je l'ai toujours su quelque part, mais à cet instant, la vérité tombe comme un lourd caillou dans mon estomac.
Ma main serre ma baguette avec plus de vigueur. Derrière moi, j'entends des pas qui se rapprochent.
Ils veulent et surtout Il veut un grand spectacle.
Le spectacle qui déterminera le futur de la société sorcière, qui déterminera de quel côté les acteurs quitteront la scène : côté cour, côté jardin. Tout dépend de Lui, tout dépend de moi.
Albus s'approche, contourne Tom et se place face à moi.
Il fixe Tom qui desserre alors lentement la prise qu'il a sur moi.
- C'est l'heure Albus, susurre-t-il entre ses lèvres fines.
- Oui Tom, c'est l'heure.
Dumbledore ne me regarde pas. Je suis coincé entre les deux plus puissants mages de l'Histoire.
Mais ce soir, le combat qui va éclater n'est pas pour eux. Il est entre lui et moi. Il semble que seul moi aie la possibilité de tuer cet être. C'est stupide. Mais il faut que le combat final débute, il faut une fin à cette histoire, quelle qu'en soit l'issue.
Alors Voldemort recule et Dumbledore pose son triste regard dans le mien.
J'y vois de la douleur, de la honte, de la tristesse. Mais j'y vois aussi une dernière lueur d'Espoir.
Je me détourne de lui. Je ne supporte plus l'espoir que je vois briller dans chacun de leurs yeux.
Si Tom joue cette comédie, c'est parce qu'il est trop fier, et bien trop orgueilleux. Il ne veut pas d'une demie-victoire. Il veut nous écraser, il veut sentir nos os se briser sous ses doigts livides.
Il veut prouver que je ne suis rien, et me tuer trop simplement briserait sa joie malsaine.
Il veut un grand combat, il veut se rire de moi et de nous tous.
J'aperçois Snape qui nous tourne autour ; il fait les cent pas, et a l'air nerveux.
Ce soir, je vais mourir. Je le sais, je le sens. Comment pourrait-il en aller autrement ?
Je ne suis plus un enfant, certes : mon corps s'est allongé, épaissi, et l'on devine aisément la détermination qui luit dans mes yeux verts et transpire dans mes poings serrés.
J'ai été entrainé, j'ai été brisé. On m'a montré la douleur, on m'a montré la force.
J'ai encaissé, en silence. Même s'il n'y a aucune chance, je dois me montrer digne, et fier moi aussi.
Je n'ai pas choisi, on me l'a imposé. Quelle importance désormais.
Alors je me retourne et attrape la veste que l'on me tend. Ce sera long, douloureux, insoutenable certainement, et tout ça pour rien. Mais j'aurais essayé. Un rire sort de ma gorge. Un rire glacé, à la hauteur du sien. Je marche en silence. Tom m'attend, là, sur ce grand terrain vague qui autrefois, il y tellement longtemps me semble-t-il, était le stade de Quidditch.
Les mangemorts sont là, derrière leur maître. Ils sont passifs. Les plus fervents à la Cause semblent inquiets. Qu'ils sont stupides. Cette inquiétude est vaine. Tom va tout détruire sur son passage : moi, eux, le monde. Personne ne dit rien tandis que j'avance vers une mort certaine; personne n'en a le courage. Briser le silence à cet instant serait insensé et ne changerait rien.
Je sens toute la fierté que mon parrain a pour moi. Mais lui non plus ne dit rien. Il tremble, mais ne dit rien. J'entends Hermione commencer à pleurer. Hermione. Non. Je ne dois plus penser.
Je dois avancer. Alors j'avance, et je me place à une dizaine de mètres face à Voldemort.
Il me sourit. C'est bien le seul qui se le permet. Alors, aimable, comme on me l'a appris, je lui souris en retour et je vais même jusqu'à incliner un peu la tête.
Tom, dans ce jeu, n'est plus le seul salaud. Tout le monde a perdu son âme dans cette guerre, et les corps qui jonchent le sol ne semblent plus appartenir à un quelconque clan.
Alors j'y mets toute mon âme, toute ma force et ma détermination. Moi aussi je suis devenu un monstre. Moi aussi, j'ai tué, torturé, joué de magie noire. Mais là, ce n'est plus une vengeance. Là, c'est l'issue d'un chaos qui dure depuis bien trop longtemps.
Joueur, Tom répond à ma fausse désinvolture et hoche la tête en retour.
Nos baguettes se lèvent en même temps, lentement, sans précipitation.
Une bourrasque de vent me soulève le coeur et nos lèvres, à l'unisson, chuchotent nos promesses.
Le sort s'élance de ma baguette à une vitesse ahurissante. Mon sort noir de l'impuissance se heurte au sien, celui de la douleur. Ainsi, Tom veut s'amuser.
- Perdere !
- Inferis !
Mais les sorts, bien trop puissants, ne se heurtent pas bien longtemps et foncent vers leurs proies.
Tom encaisse, se penche en avant. Le sort atteint son but mais il le rejette comme on bouscule un passant. Moi, je me plie sous la douleur suffocante, mais je ne romps pas. Comme on me l'a appris, comme on m'a forcé à l'apprendre. Mon corps est compressé dans un étau puissant, mais je me redresse et l'expulse de toute ma rage.
L'air devient lourd et j'entends raisonner le rire gras des mangemorts. L'air devient âpre et j'entends les cris de mes amis, et la peur de mes mentors. Le sort ne fonctionne pas, il semble impossible de lui arracher ses pouvoirs. Il est un monstre, un monstre puissant. Je le sais, mais son rire glacé m'en persuade complètement. Un nouveau sort jaillit de la baguette adverse. Je ne tente même pas de me protéger. Je sais que ma seule chance est dans la rage, et la douleur. C'est en souffrant que je dois le vaincre. C'est ma douleur qui forcera mon désir de vengeance. Des lames tranchantes semblent briser mon corps mais je ne tombe pas, je serre les dents, les poings. Du sang suinte sur ma nuque. Non. Je résiste et le laisse rire et apprécier le spectacle.
La puissance du sort s'amenuise pour disparaître finalement. Il ne me laissera pas mourir si facilement. Il veut voir la supplication dans mon regard. Chose qu'il n'aura pas. Ma dignité est la seule chose qu'il ne pourra me voler, ma fierté est la seule chose qu'il ne pourra m'arracher.
Tom fait quelques pas en avant, légèrement courbé. Je l'imite. Le véritable duel commence. Nous nous sommes testés. Nous connaissons tous deux nos forces. Moi, je connais aussi mes faiblesses.
Il lève lentement le bras vers ma direction et je m'effondre à genoux : il entre dans mon esprit, me souille et me propose une fin différente, une fin qui me permettrait de me relever et de me placer à ses côtés, à sa droite, et même plus si je le souhaite. Mes tempes semblent opprimées et mon coeur tambourine dangereusement. Il me susurre des mots que seul mon esprit peut entendre:
- Joins-toi à Moi Harry, je t'offre ce choix. Tu n'as pas à jouer le héros. Tu n'y es pas obligé.
Inconsciemment, mes mains agrippent mes cheveux. Je veux le repousser. On m'a entrainé pour ça. Mais quel entrainement permet d'être de taille à affronter le Lord Noir ? Quel apprentissage peut préparer à ça ?
- Tu peux faire un choix Harry. Ce qu'on ne t'a jamais donné. Joins-toi à moi et je t'épargnerai toute cette douleur inutile. Joins-toi à moi et je pourrais même faire en sorte d'épargner quelques uns de tes camarades..
Quelqu'un hurle. Je me rends compte que c'est moi. Alors je fais une dernière chose.
Je repousse le serpent qui hante mon esprit avec une force que je ne me connaissais pas. Il faut croire que les cas extrêmes provoquent des réactions inattendues.
J'entends des sursauts dans l'assemblée mais je n'y prête pas attention. Je me relève le plus dignement possible. Et je plante mon regard dans ses fentes obscures.
- Tue-moi Tom.
- Rejoins-moi ! Crie-t-il alors, comme exaspéré par les cris d'un gosse capricieux.
- Jamais.
Tom fulmine. Il semble être en transe. Cet homme n'accepte pas la frustration, il ne supporte pas qu'on lui refuse quoi que ce soit. Il siffle entre ses dents jaunies :
- Dies Irae !
Le sort de torture se dirige vers moi, comme au ralenti. Mais je ne bouge pas. On m'a appris la rapidité. On m'a appris les réflexes. On m'a appris la colère.
Mais rien de ce qu'on m'a appris ne pouvait me préparer à ça.
Alors je ne bouge pas et le sort continue sa folle trajectoire. Je ne tremble pas. Je suis simplement résigné et j'accepte l'échec. On m'a dit '' Dulce et Decorum est pro patria mori¹''. Alors je sens la douceur de mon sacrifice inutile. Alors je sens la bonté de ma vaine tentative. J'ai essayé de suivre ma destinée, j'ai tenté d'être leur Élu et de leur rendre leur liberté. Mais je ne peux simplement pas le faire, je ne suis pas à la hauteur. Je sens la résignation courir dans mes veines.
Et le sort frappe. Des exclamations, des cris de surprise. Je ne ressens pas de douleur particulière, je ne me suis même pas effondré ; je suis seulement soufflé. Je lève alors les yeux : Tom gémit, à même le sol. Son masque de Monstre tombe lentement : il est un Homme. Un homme qui souffre. Des plaies sanglantes parsèment son corps. Il tremble et crache.
Je suis complètement absorbé par ce que je vois. Lord Voldemort, gémissant de douleur sous les coups de son propre sort. Je ne m'attarde pas à cette contemplation. Déjà, il se relève et la haine que son âme renferme est maintenant bien visible :
- Qu'as-tu fait, immonde bâtard ?
Je lui souris en réponse. Il ne me rend pas mon sourire. Il tremble encore, de rage cette fois. Il ne supporte pas la situation. Il se demande certainement comment un môme peut lui avoir fait ça. Ses traits hideux laissent entrevoir sa détermination : il doit montrer qu'il est supérieur, il doit montrer qu'il est le maître. Et rapidement ; le jeu ne l'amuse plus. Alors il s'approche de moi. Il va me tuer. Tout de suite, sans plus d'histoire, et alors, quand mon cadavre rejoindra ceux qui recouvrent déjà le front, la guerre reprendra. Inutile, vaine. Tom n'est plus qu'à cinq mètres de moi. La chance que j'ai eue ne se reproduira certainement pas. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Studieux jusque dans mes dernières secondes, je murmure, assez fort cependant pour qu'il l'entende :
- Ducunt volontem fata, Nolentem trahunt ².
Tom enfonce le bout de sa baguette à l'endroit même de ma cicatrice. Je ne riposte pas. Je le fixe et attends mon trépas. Il n'est visiblement pas sûr de lui, car le sort impardonnable sonne comme un murmure ;
- Avada Kedavra
Alors des cris, des hurlements. De la rage, de la haine.
Et je tombe.
OoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo
Non loin de là, Snape s'écroula aussi.
Mais personne n'y prêta attention. Le chaos recommença. Les barrières anti-transplannage étaient tombées depuis longtemps. La plupart des mangemorts se volatilisèrent.
Les aurors rentrèrent en duels contre ceux qui restaient, trop effrayés à l'idée que leur Maître ait disparu : il allait certainement se relever. Il fallait se battre pour lui.
Belatrix se mit à courir. Elle s'effondra sur le torse de Tom. Mais celui-ci n'émit aucun sifflement, aucun mouvement ne vint briser sa quiétude. Elle fut rapidement encerclée par les aurors. Sirius, tremblant, pointa sa baguette sur sa poitrine:
- Relève-toi, sale pute ! Relève-toi ! Ton Maître est mort !
Belatrix releva les yeux vers son cousin. Ses mains étaient moites, sa respiration saccadée. Elle pointa sa baguette en direction de Sirius mais les aurors furent plus rapides qu'elle et elle s'écroula, ligotée par des liens invisibles.
Les partisans de la Cause avaient presque tous pris la fuite. Il était désormais l'heure du bilan.
Voldemort avait rendu l'âme mais le bonheur était absent. Des morts, un nombre incalculable de morts. La victoire avait un goût amer et métallique ; un goût de sang.
- Par Merlin ! Il respire ! Harry respire ! DIRECTEUR !
Hermione s'égosillait. À genoux près du corps de son ami, elle tâtait un semblant de pouls sur la carotide de ce dernier. Les choses se précipitèrent.
- Hermione, ce n'est pas possible, il.. commença péniblement le vieil Homme.
- Touchez-vous même ! Hurla-t-elle.
- Merlin, Oui. Oui ! - La main toujours posée sur le corps du jeune homme, il soupira. Une larme coula le long de la joue du vieux directeur - Il faut l'emmener à l'intérieur. Sirius !
Black s'avança et fit basculer le corps de son filleul dans ses bras. Il ne voulait pas y croire. Ce serait le perdre une deuxième fois. Non, il n'y croirait que quand il verrait Harry ouvrir les yeux et réclamer un verre de scotch, comme avant. Docile, Sirius disparut par l'immense porte de l'École, désormais en lambeaux. Dehors, les choses s'agitaient : le Ministre était contacté, les corps sans vie rassemblés, les blessés rapatriés vers Sainte Mangouste et les hôpitaux disponibles. Les journalistes affluaient, et des éditions spéciales furent immédiatement publiées.
LA GAZETTE
Le Lord Déchu !
Ce soir, 31 juillet à 20H45, la nouvelle a éclaté :
le jeune héros de la nation sorcière,
Harry Potter, tout juste 17 ans, a vaincu le Lord Noir, Voldemort,
soit Tom Elvis Jedusor.
Les informations qui nous parviennent sont confuses
et parfois contradictoires.
La plupart des mangemorts se seraient
enfuis suite à la déchéance de leur Maître.
40 d'entre eux auraient été tués sur le champ de bataille,
Poudlard-même, l'école de sorcellerie qui accueillait
il y a peu encore les enfants sorciers de tout le pays.
Une vingtaine d'autres mangemorts auraient été
capturés ( dont la célèbre Belatrix Lestrange ferait partie)
et seraient actuellement sous la surveillance d'aurors aguerris.
Dans le communiqué que les aurors ont fourni à la presse, il est indiqué que
les mangemorts capturés ne porteraient plus la terrible
marque des ténèbres; celle-ci aurait comme disparu.
Les corps des mangemorts ayant péri seront examinés
afin de vérifier si le phénomène s'est également produit pour eux.
Cette constatation va rendre plus difficile le travail de
recherche des mangemorts en fuite, c'est certain.
Mais alors que les aurors appellent toujours à la prudence,
Le bilan est lourd : le nombre de morts avoisinerait la centaine
sur ce seul champ de bataille.
Une question reste en suspens et coupe le souffle au monde sorcier :
Qu'en est-il pour le jeune Harry Potter ?
Sa vie ne tiendrait actuellement qu'à un fil.
Le ''Survivant'' survivra-t-il encore une fois ?
La société sorcière rend hommage, dans tous les cas,
à ce jeune héros qui a sauvé notre Monde.
Les informations arriveront peu à peu et la Gazette
vous tiendra naturellement au courant de l'avancée des choses.
Le Ministre prononcera certainement un discours
dans les heures qui suivent.
En attendant, une chose est sûre : la Victoire
sur le côté sombre a été remportée.
L'Heure est à la fête et à la célébration.
¹ : Expression latine signifiant : il est doux et glorieux de mourir pour sa patrie
² : Expression latine signifiant : le destin porte ceux qui l'acceptent et lynche ceux qui le refusent