Dernier chapitre, fin de l'histoire...

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Jour XXXIV

- Tu n'es pas allé voir Hermione ? demande doucement Snape, qui se tient debout derrière le dos de Harry.

Le jeune homme tourne doucement la tête dans sa direction et un triste sourire, beaucoup trop ironique, apparaît sur ses lèvres le temps d'une seconde. Il hoche la tête négativement, et retourne à la contemplation du paysage qui se dessine devant ses yeux. Il adore cette falaise. Il n'arrive même plus à s'en passer. D'ici, il voit l'océan, à perte de vue, et il peut s'oublier dans le tonnerre des vagues.

-Je suppose que tu savais que je ne pouvais pas mourir ? – demande tout à coup le jeune homme, replongeant l'homme en noir dans des pensées plus sombres.

-Disons plutôt que je me doutais que dans ton cas, ça ne fonctionnerait pas. Ta magie est trop puissante pour ça. Elle te protège malgré toi, même de toi même.

Un air de regret semble tapisser les paroles de Severus, et Harry, bien qu'il ne demande rien, imagine que l'homme ne sait que trop bien de quoi il parle.

-C'est toujours là Sev- murmure-t-il alors– c'est toujours là. Les cris, les morts, et la douleur. Je n'arrive pas à les faire partir.

L'homme en noir se perd lui aussi dans la vue magnifique qui s'offre à lui. Puis il murmure à son tour :

- Il n'y a rien de plus à voir ici. Retourne vivre ta vie.

La sécheresse de ses mots atteint Harry comme une pierre qu'il aurait reçue en pleine tête. Il réalise que Snape a raison : il n'y a rien ici, mais c'est pourtant la seule chose qu'il a l'impression d'avoir. Il attrape un caillou et le serre de toutes ses forces dans sa paume droite, jusqu'à ce qu'une légère douleur l'atteigne.

Mais le jeune homme se détend ; Severus s'est assis derrière lui, et l'enserre désormais de ses bras. La main de l'homme en noir vient saisir la sienne, et le force à lâcher le petit caillou qui lacerait sa paume. Il souffle au creux de son oreille des propos durs, avec pourtant une douceur étonnante :

-Tu ne pourras jamais oublier tout ça Harry. Les morts, la guerre, la douleur. Ça ne partira pas. C'est en toi, et tu dois l'accepter.

Alors le jeune homme s'appuie un peu plus sur le torse de son ainé. Il sait qu'il a raison. Il ne pourra pas toujours rester ici, au bord de cette falaise. Il faudra qu'il rebrousse chemin et retourne vivre dans le monde qui est le sien. Il devra revoir ses amis, il devra parler, rire et pleurer. Et le temps, peut-être, atténuera la douleur qui le ronge, et le laissera tranquillement savourer ces instants.

J'ai cessé de vouloir trouver une raison de vivre. J'ai décidé de vivre, simplement, car je ne veux pas mourir. Chaque jour, je fais courir mes doigts sur les fines lignes qui recouvrent mes avant-bras. Il m'arrive encore de les retracer, lentement. Revoir le sang couler me permet parfois de respirer quand les nuits suffocantes me semblent encore trop longues. Mais désormais je ne veux pas mourir, j'ai refermé le puits, car je lève mon regard, et c'est dans ses yeux que je me perds.

FIN