Auteur : Akanezora
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient.
Rated : T
Genres : YAOI, romance, suspens.
Résumé : Naruto, 22 ans, est agent secret depuis qu'il est en âge de manier une arme. Un jour, il est envoyé en mission à Konoha, où il doit s'infiltrer sous couverture dans un lycée. Hébergé par un ex agent, il était loin d'imaginer que le petit frère de celui-ci lui donnerait la liberté qu'il n'a jamais eue. NaruSasu
Moonlight Shadow
Le soleil se couchait lentement à l'horizon, baignant le désert du Texas d'une agréable lumière rosée. Au loin, les ombres des cactus dansaient déjà contre le sable doré tandis que la température s'adoucissait considérablement. Bientôt il ferait trop froid pour rouler, et il faudrait trouver un endroit où passer la nuit. La Cadillac rouge ne demandait désormais plus qu'à se mettre à l'abris des intempéries.
Au volant de cette merveilleuse auto, une jeune femme rousse semblait anxieuse. Ne conduisant que d'une main, son autre bras appuyé sur la portière, elle lança un regard soucieux à son jeune fils assis à côté d'elle. Elle observa son visage fatigué, ses prunelles azures pleines d'innocence et ses cheveux blonds s'agiter au vent. Elle sourit alors malgré ses traits tirés, comme si c'était la dernière fois qu'elle voyait la bouille d'ange posée sur le siège passager.
Elle reporta alors ses yeux sur la route, bercée par le vieux tube grésillant de Bob Dylan qui jouait à la radio, lorsqu'elle aperçut un gros engin sombre dans son rétroviseur. La jeune mère fronça alors les sourcils, étonnée par la vitesse du bolide qui la suivait. Dans l'incompréhension, elle lança un dernier regard à son garçon, mais elle n'eut à peine le temps de réaliser, que déjà une grosse Berline noire aux vitres teintées vint lui barrer la route.
Paniquée, elle freina de toute urgence, retenant d'un bras son fils pour qu'il ne plonge pas en avant. Quant à elle, elle se cogna violemment l'arcade sourcilière contre le volant. Elle s'en retrouva quelque peu sonnée, n'entendant que vaguement la voix chagrinée de son fils qui l'appelait désespérément. Et lorsqu'enfin elle reprit tous ses esprits, un peu de sang au dessus de son œil, elle sursauta alors qu'un homme en complet noir se tenait bien droit devant son pare-brise.
- Tsunade-sama voudrait vous voir, posa l'homme d'une voix lente et distincte. Maintenant.
La jeune femme déglutit en jetant un œil furtif à la Berline noire.
- Je suis avec mon fils, répondit-elle le regard dur, essayant de dissuader l'homme de lui faire du mal devant son enfant.
Mais aucune expression ne vint entraver le visage neutre du gêneur, et la jeune mère s'affola lorsqu'elle le vit faire un geste comme s'il allait sortir quelque chose de la poche intérieure de sa veste. Elle agita ses mains pour l'empêcher de faire quoi que ce soit, comprenant qu'il avait une arme. L'homme se stoppa dans son geste et elle soupira de soulagement.
- Ecoute mon chéri, commença-t-elle en se tournant vers son fils. Maman revient bientôt, d'accord ?
Son enfant hocha la tête, et ses grands yeux bleus apeurés lui brisèrent le cœur. Elle se pencha un peu plus vers lui, afin que l'homme n'entende pas ses paroles.
- Et si jamais tu entends le moindre bruit, enfuis-toi et vas te cacher ! Tu as compris ?
A nouveau le blondinet acquiesça, et elle se recula alors pour sortir de la voiture, le cœur en miettes. Elle s'éloigna lentement du véhicule, l'homme à ses talons.
Et d'un coup, tout devint noir. Le monde sembla s'arrêter de tourner alors que plus un bruit ne se faisait entendre.
Et puis soudain, deux coups de feu brisèrent le silence de la nuit.
ooo
Naruto se réveilla en sursaut, le corps en sueur. Son soubresaut l'avait fait s'asseoir au beau milieu du matelas, les yeux écarquillés et le souffle court. Il sentait son cœur battre à s'en rompre le corps au fond de sa poitrine, ses mains crispées sur le drap blanc. Il avait fait un cauchemar.
Il déglutit en reprenant à peu près contenance, alors qu'il laissait vagabonder son regard pour se resituer. Il était dans sa chambre, à l'agence. Les murs vierges qui l'entouraient apaisèrent progressivement son rythme cardiaque et bientôt il se laissa retomber en arrière, ses yeux céruléens fixés sur le plafond blanc.
Encore ce même cauchemar.
Voilà des années que ses nuits étaient hantées par ce mauvais rêve qu'il n'arrivait toujours pas à exorciser. Il s'y passait toujours la même chose, et il se finissait toujours de la même façon. Toujours ces deux même coups de feu qui lui donnaient des sueurs froides. Et comme à chaque fois qu'il en rêvait, l'angoisse venait indéniablement le ronger, le faisant se sentir inconfortable.
Sachant pertinemment qu'il ne pourrait se rendormir, il se leva lentement et se dirigea dans un renfoncement de la pièce où se trouvait une douche cachée par une moitié de mur. Il engouffra alors son corps moite sous l'eau gelée pour se remettre les idées en place. Il le fit sans même sourciller, habitué.
Après cela, il se vêtit d'un haut col roulé noir sans manche et enfila un pantalon mi-large en coton de même couleur avant de sortir de la pièce. Les couloirs des dortoirs étaient déserts ; il se permit donc de les arpenter, le pas trainant et la tête ailleurs. Il sortit du bâtiment, traversa la cour peu éclairée en cette nuit sans étoiles et rejoint l'aile principale de l'agence après avoir badgé son identité.
Quelques employés étaient encore présents dans les locaux et on le salua d'un signe de tête respectueux, mais personne n'osa demander pourquoi il se promenait en pleine nuit alors qu'il ne travaillait pas. Le jeune homme disparut bien vite dans un ascenseur pour que l'on ne remarque pas son air troublé, ses cheveux blonds dégoulinants encore contre ses vêtements. Et il se rendit sans une once d'hésitation dans le bureau de sa patronne, ouvrant la porte à la volée.
Somnolente sur son bureau, la femme sursauta violemment, comme un enfant pris la main dans le sac. Ses yeux noisettes s'accrochèrent à ceux azurés de Naruto après un instant de vague et elle arrangea ses cheveux blonds coiffés en deux couettes dans son dos.
- Je ne dormais pas, affirma-t-elle d'une voix dure, et Naruto ricana intérieurement.
Le jeune homme engouffra alors ses peines et ses tourments derrière un sourire espiègle. Il fit alors mine de rajuster son tee-shirt au niveau du col, et la femme comprit le message car elle remonta le sien pour camoufler un peu plus sa poitrine imposante, embarrassée.
- Hum, et sinon Naruto… que me vaut ta visite à…
Elle jeta un coup d'œil au cadran qui affichait l'heure posé sur un coin de son bureau ; faillit s'étouffer.
- Trois heures du matin ! s'esclaffa-t-elle, et le jeune homme crut voir une veine tressauter sur son front.
Il haussa simplement une épaule, prenant un certain plaisir à enrager sa chef.
- Je n'arrivais plus à dormir, expliqua-t-il l'air penaud, et il sentit une aura rageuse émaner de la femme. Vous n'auriez pas une petite mission à me confier, Tsunade-sama ?
Ladite Tsunade sembla tout à coup devenir sérieuse, toute trace d'énervement envolée. Elle joignit ses mains devant son visage, le regard grave, et Naruto haussa simplement un sourcil.
- Justement, je comptais t'en donner une demain à une heure un peu plus… elle hésita une seconde. Décente, disons.
Elle sortit un épais dossier d'un tiroir de son bureau et le posa face à elle, l'air sévère. Comme si ce dossier était d'une importance capitale. Alors Naruto tendit l'oreille et écouta attentivement les objectifs de sa mission.
Ce qu'il ne savait pas à ce moment-là , c'est qu'il s'agissait ici de la mission la plus importante qu'on ne lui ait jamais confiée. Celle qui bientôt changerait sa carrière, mais aussi sa vie entière.
ooo
Sa tête blonde posée contre la vitre, Naruto observait le paysage défiler sous ses yeux dans une moue déçue. En effet, en voyant l'air grave et concerné de sa patronne, il avait pensé que sa mission serait palpitante et regorgerait de dangers. Mais il n'en était rien. Il s'agissait en fait d'une banale mission d'infiltration.
Du haut de ses vingt-deux ans, il devait se faire passer pour un gosse de dix-huit ans en dernière année de lycée. Il allait se faire héberger dans une famille qui accueillait les jeunes en difficulté sociale, devant mimer être l'un d'eux : puis il allait empêcher dans la plus grande discrétion les mécréants soupçonnés d'opérer dans ce lycée et il repartirait ni vu ni connu. Fin de l'histoire. La routine, en somme.
Complètement déçu et désespéré, Naruto soupira en geignant comme un enfant lorsque le train s'arrêta à la gare où il devait descendre. Il empoigna son sac d'affaires qu'il balança nonchalamment sur une épaule, rajusta ses vêtements de « jeune » qu'il se voyait obligé de porter et se dirigea vers la sortie du wagon.
Il mit à peine un pied sur le quai que la lumière du soleil des derniers jours d'aout vint éblouir son visage. Aveuglé, il plissa les paupières pour y voir plus clair. Et quelques pas plus tard, il aperçut un homme en chemisette blanche tenir une pancarte ou était inscrit « Uzumaki Naruto ».
Il s'approcha alors, apercevant déjà de loin de longs cheveux ébènes attachés en une queue tombante dans le dos, quelques mèches virevoltant au gré de la brise. Et c'est en plissant un peu les yeux qu'un rictus amusé se dessina au coin de ses lèvres.
- Uchiwa-san ! rit-il, de sa voix grave et forte. Si je m'attendais à ça !
Debout devant lui, le visage neutre et les yeux cernés, se tenait l'ex agent Uchiwa Itachi, autrefois le meilleur de sa division. A l'époque, certains avaient même parlé de « génie », jusqu'à ce qu'il déserte pour une raison restée dans l'ombre. Fidèle à lui-même, celui-ci ne lui fit qu'un mince sourire de reconnaissance en baissant sa pancarte, et Naruto fut forcé de constater qu'il n'avait absolument pas changé.
- Tu as fait bon voyage ? demanda ledit Uchiwa, plus par politesse que par réel intérêt.
Le grand blond sourit de toutes ses dents en acquiesçant, ravi de revoir l'un de ses aînés. Il rajusta son sac à son épaule, emboîta le pas à Uchiwa Itachi qui quittait le quai. En sortant de la gare, Naruto promena son regard un peu partout. C'était la première fois qu'il mettait les pieds à Konoha et il était bien curieux de savoir à quoi ressemblait cette ville aussi isolée. Il découvrit une longue allée ensoleillée qui longeait la gare, bordée de population qui grouillait dans tous les sens. De petits immeubles bordaient le trottoir d'en face où de grandes vitrines à l'effigie de Fast Food et de magasins étaient entreposée. Il en fut assez impressionné ; il s'était attendu à un petit village de campagne.
Arrivé sur un parking, Itachi sortit ses clés de voiture. Et lorsque Naruto repéra celle de son aîné, il poussa un sifflement d'admiration.
- Quel bijou ! s'exclama-t-il, sous le charme. Une Audi A5, le rêve !
La voiture noire brillait de mille feux sous ce soleil d'été. Ils s'installèrent à l'intérieur, et Naruto crut rêver lorsque son fessier atteignit le cuir du siège. Passionné d'automobile depuis l'enfance, les beaux spécimens le mettaient souvent dans tous ses états. Mais Itachi ne broncha pas, se contenta de le mener jusqu'à son domicile. Durant l'attente d'un feu rouge, le blond se tourna vers son aîné, gêné de son mutisme.
- C'est drôle, non ? engagea-t-il. Que parmi toutes les familles d'accueil, ce soit chez vous que j'atterrisse.
Son vis-à-vis ne détourna pas les yeux de la route, passa au feu vert.
- Crois-tu réellement que ce soit une coïncidence ? lui répondit la voix naturellement froide d'Itachi.
Naruto leva un sourcil, l'air idiot.
- Crois-tu réellement que j'accueille des jeunes en difficulté sociale ? continua le plus âgé, lui lançant un furtif regard cette fois-ci.
La voiture se stoppa dans une ruelle, au pied d'un immeuble. Itachi enclencha le frein à main, coupa le moteur.
- C'est une requête de Tsunade-sama, éclaircit-il.
Il retira les clés et s'apprêta à ouvrir la portière lorsqu'une dernière fois, il se tourna vers Naruto.
- Quelle est ta couverture, pour cette mission ? s'informa-t-il.
Le visage de Naruto reprit un air sérieux, parce qu'il ne plaisantait jamais avec une mission, quand bien même s'il la trouvait simple ou ennuyeuse.
- Je suis Uzumaki Naruto, et j'ai dix-neuf ans. Je n'ai jamais connu mes parents et j'ai vécu entre les familles d'accueil et la rue.
Itachi le toisa un instant, se dit que cette couverture n'était pas si loin de la réalité, finalement. Mais il ne pipa mot et acquiesça d'un hochement de tête avant de sortir de la voiture. Naruto le suivit, son sac d'affaires à la main et ils s'engouffrèrent ensemble dans l'immeuble. Arrivés sur le palier peu éclairé de l'appartement, le plus âgé s'arrêta, la main sur la poignée.
- Tu dois rester sous couverture, même ici, fit-il calmement. Mon petit frère vit ici aussi, et il est hors de question qu'il apprenne quoi que ce soit à propos de ta mission ou bien même de l'agence.
Il fit une pause, toisant le blond de son regard noir.
- Me suis-je bien fait comprendre ?
Naruto acquiesça en silence, et Itachi le fit entrer. Le premier fut surpris par la sobriété des lieux. L'entrée débouchait sur un salon plutôt spacieux et lumineux, dans les tons boisés, relié à une cuisine américaine. L'espace et les meubles en bois vernis laissait sentir une certaine odeur de richesse, un certain design. Mais malgré cette classe qui ressortait de cette perfection sans faille, le manque de décoration personnelle interpella Naruto. Pas un cadre décoratif, pas un bouquet de fleurs ni même une photo de famille ornait les grands murs peints en blanc. Comme si les habitants de cet appartement s'empêchaient de s'y attacher, comme s'ils s'apprêtaient à quitter les lieux.
Il continua de s'avancer à la suite d'Itachi, laissant traîner son regard ici et là, lorsqu'il remarqua quelqu'un accoudé au comptoir de la cuisine, penché au-dessus de ce qui semblait être un bouquin. A la vue des quelques mèches aussi noires que le plumage d'un corbeau qui lui cachaient le visage, Naruto n'eut aucun mal faire le lien avec Itachi. Il s'agissait forcément de son petit frère.
- Sasuke, appela Itachi. Je te présente Naruto, c'est lui qui vivra avec nous pendant quelques temps.
Itachi avait laisser croire à son petit frère, qu'en effet, ils accueilleraient un jeune en difficulté sociale jusqu'à la fin de l'année scolaire. Et bien qu'il n'était pas ravi de partager son domicile avec un total inconnu, Sasuke n'avait eu d'autre choix que d'accepter.
- Salut, grommela-t-il sans lever les yeux de son bouquin.
Il souffla, comme si la présence de son grand frère et de l'étranger l'agaçait au plus haut point.
- J'ai pas le temps, fit-il en mimant un mouvement de vent avec sa main.
Itachi eut l'air quelque peu embarrassé par l'attitude de son frère. Mais Naruto, lui, haussa un sourcil, son sac d'affaires toujours à la main. Ce gamin semblait si arrogant que sa première impression lui resta en travers de la gorge. Et comme il n'avait jamais eu sa langue dans sa poche, il ne put s'empêcher de répliquer.
- Ce n'est pas vraiment de temps dont tu manques apparemment, commença-t-il, acerbe. C'est plutôt de bonnes manières.
Naruto ne vit pas la surprise d'Itachi, trop occupé à fixer l'adolescent. Ce fut au tour de celui-ci d'hausser un sourcil dédaigneux, et dans une lenteur incroyable, il se tourna vers le blond, le fusillant de son regard le plus noir. Naruto put alors apercevoir son visage fin, sa peau opaline. Et même si ça lui arracherait sûrement la bouche de dire cela, il devait avouer que ledit Sasuke avait une plastique des plus parfaites. Avec ses yeux de jais, son nez droit et ses quelques mèches rebelles qui retombaient en cascade sur son visage, il devait sûrement être très convoité. Mais il n'en fut pas impressionné. Le regard noir de ce mioche ne le fit même pas frémir, et c'est avec un plaisir malsain qu'il le soutint. Mais Itachi préféra sûrement arrêter l'échange avant que cela ne dégénère.
- Je vais te montrer ta chambre, Naruto, fit-il dans un geste qui l'intimait à le suivre.
Jusqu'au dernier moment, Naruto soutint le regard de l'adolescent avant de s'engouffrer dans un couloir, emboitant le pas à Itachi. Ils prirent la dernière porte à droite, et le blond découvrit une chambre spacieuse et, tout comme le reste de l'appartement, impersonnelle. Mais il ne s'en formalisa pas, sa chambre à l'agence aussi était ainsi. Itachi lui intima alors de se reposer, et, étant aujourd'hui infirmier de nuit, l'informa qu'il devrait bientôt partir pour son travail. Mais avant de refermer la porte en laissant Naruto seul dans la pièce, il se retourna une dernière fois.
- Naruto, écoute… commença-t-il, semblant hésitant. Je me souviens de toi comme quelqu'un de plutôt ouvert, alors j'ose espérer que si je te dis que Sasuke a…
Il hésita, sembla chercher ses mots.
- Un petit-ami, marmonna-t-il finalement, avant de reprendre d'une voix normale. Cela ne te choque pas trop ?
Naruto aurait pu parier qu'avec une allure aussi androgyne, Sasuke préférait les hommes. Il haussa alors un sourcil, puis une épaule. Il s'en fichait éperdument.
- Bien, acquiesça Itachi, l'air soulagé. Je te le demande parce qu'il n'est pas rare que son petit-ami vienne dormir ici puisque je travaille de nuit désormais.
Naruto hocha la tête, un peu désintéressé par la conversation. Sasuke faisait ce qu'il voulait, il n'en avait cure. Et puis c'était les derniers jours des vacances d'été, il était normal d'en profiter. Alors après un dernier regard, Itachi quitta la chambre et le blond se libéra enfin de son sac encombrant qu'il déposa au pied du lit double. Il fit rapidement le tour de la chambre ; un lit, un bureau, une armoire et une table de chevet. La porte-fenêtre donnait sur un petit balcon. Une chambre d'hôte, en somme.
Il s'étira alors, faisant craquer son dos, et décida de se reposer. Il partit fermer les rideaux épais, retira ses vêtements avant d'enfiler un simple pantalon de sport en molleton et se laissa retomber lourdement sur le lit.
Naruto se laissa alors envahir par la pénombre, sentit son corps se détendre. Il n'avait pas eu le temps de dormir depuis qu'il s'était réveillé dans la nuit suite à son cauchemar, à l'agence. Il devait être environ dix-sept heures, mais déjà le sommeil le gagnait. Il repensait à sa journée, calé entre plusieurs coussins moelleux, et surtout à Itachi. Son aîné n'avait vraiment pas changé, mais il trouvait étrange que Tsunade-sama ait convié un ex-agent à cette mission. Ce n'était pas dans ses façons de faire.
Mais bientôt, il n'y pensa plus, et sans même le remarquer, son corps finit par sombrer.
ooo
Naruto émit une plainte endormie, alors que des éclats de voix le tiraient peu à peu de son sommeil. Grommelant, il se frotta mollement les yeux d'une main lourde, s'étira comme un chat. Embrumé, il se leva difficilement alors qu'une dispute semblait battre son plein quelque part dans l'appartement. Il enfila son tee-shirt qu'il avait négligemment jeté au sol quelques heures plus tôt, remarqua qu'il faisait déjà nuit noire dehors et sortit de la chambre.
Il n'eut aucun mal à retrouver les voix qui hurlaient, le guidant jusqu'au salon où il retrouva le gosse arrogant et un autre garçon aux longs cheveux bruns. Il ne le voyait que de dos. Naruto resta alors appuyé contre le chambranle de la porte, la tête lourde de sommeil, écoutant distraitement les jeunes hommes se crêper le chignon à propos d'une certaine Sakura.
Mais alors que Sasuke allait une nouvelle fois attaquer celui qui devait être son petit-ami, il leva les yeux et tomba sur Naruto qui croisait les bras sur son torse, l'air un peu ailleurs. Son regard plein de haine sembla se durcir encore plus à la vue du blond.
- Qu'est-ce que tu regardes, toi ? cracha-t-il, et Naruto réalisa qu'il s'adressait à lui.
Le blond se gratta l'arrière du crâne, mi-amusé, mi-blasé, alors que le garçon aux cheveux longs se tournait dans sa direction.
- C'est qui ? demanda celui-ci à l'adresse de Sasuke.
Naruto s'avança vers lui, lui tendit la main.
- Naruto, enchanté.
Mais le jeune homme ne bougea pas, le toisant simplement de ses yeux de nacre. Naruto retira sa main, agacé. Un rien pouvait l'irriter au réveil.
- Dis-donc, vous ne connaissez pas la politesse dans ce coin paumé ? lança-t-il, sarcastique.
Il y eut un moment de flottement pendant lequel Naruto battit en retraite vers sa désormais chambre. Mais ce ne fut que pour prendre un paquet de chips, car il revint dans le salon, s'asseyant sur le canapé tout en grignotant. Et bientôt, la dispute entre les deux adolescents reprit de plus belle. Naruto y assistait comme il aurait assister à un film au cinéma.
- Je te déteste, Neji ! cria Sasuke, et Naruto crut entendre sa voix tressauter. Comment t'as pu me faire ça ! Tu m'avais promis de ne pas recommencer !
Naruto prit une poignée de chips qu'il fourra dans sa bouche, vit Sasuke essuyer une larme de rage qui coulait sur sa joue.
- N'en fais pas toute une histoire ! se défendit ledit Neji. Sakura c'est juste une couverture ! Je ne veux pas que tout le lycée sache que je sors avec toi !
Sasuke s'appuya sur le comptoir de la cuisine américaine, une main cachant ses yeux. Il pleurait. Les dernières paroles de Neji semblaient l'avoir achevé.
- Dégage, murmura Sasuke.
Neji fronça les sourcils. Naruto engloutit une nouvelle fournée de chips.
- Dégage, je te dis ! répéta Sasuke en criant, le regard empli de rage.
Son petit-ami sursauta avant de lever les yeux au ciel. Il ne se fit pas prier, récupéra sa veste à l'entrée et sortit de l'appartement en claquant la porte. Et Sasuke craqua, accoudé au comptoir, il commença à sangloter sous les yeux de Naruto. Celui-ci ne sut pas vraiment comment réagir. D'un côté, la bonne morale voudrait qu'il fasse en sorte de le consoler. De l'autre, Sasuke l'agaçait, et il n'en avait rien à faire des amourettes d'un gosse. Il décida finalement de ne rien faire, et alluma la télévision.
Bientôt, l'adolescent partit s'enfermer dans sa chambre où il y pleura un long moment. Et lorsqu'il revint au salon, vers une heure du matin, Naruto n'avait pas bougé du canapé, plongé dans la télé. Sasuke vint s'assoir à côté de lui, posa un cendrier sur la table basse devant eux et s'alluma une cigarette.
- Ton frère sait que tu fumes ? interrogea Naruto, intrigué.
- Il ne le saura pas, si tu ne lui dis pas, répondit l'adolescent du tac au tac.
Naruto souffla, exaspéré. Ce gosse allait finir dans le mur avant la fin de sa mission. Et dire qu'il devait cohabiter avec lui, quelle poisse !
A la télé, il repassait un vieux classique des années 90, et Naruto décida de changer de chaîne quand il vit que Sasuke commençait à s'intéresser au film. Il retint un sourire quand il l'entendit grogner. Il était depuis bien longtemps passé maître dans l'art d'embêter le monde. Peut-être était-ce son côté grand enfant qui voulait cela.
Sasuke écrasa son mégot dans le cendrier, et en changeant une nouvelle fois de chaîne, Naruto tomba sur un concert d'AC/DC. Il sourit franchement, ce groupe le mettait de bonne humeur. Il commença à chantonner, emporté par la mélodie. Mais quelle fut sa surprise lorsqu'il entendit l'adolescent chanter du bout des lèvres aussi.
Intrigué, il tourna la tête vers lui. Sasuke semblait connaître les paroles par cœur. Il avait l'air serein, aucune ride formée par la haine ne venait gâcher sa beauté parfaite. Et Naruto se sentit légèrement troublé par cette vision, sans qu'il ne puisse l'expliquer.
- Tu connais AC/DC, toi ? questionna Naruto, voulant se défaire de son malaise. Tu remontes dans mon estime p'tit !
Il vit Sasuke sur le point de répliquer, agressif comme à son habitude, mais il sembla se raviser. Naruto vit son visage se radoucir.
- C'était le groupe préféré de mon père, annonça-t-il calmement. Je l'écoutais tout le temps pour me rapprocher de lui.
Le blond eut une seconde de réflexion, comprit que le père de l'Uchiwa n'était plus.
- Depuis quand ton père est-il… ? osa-t-il tout de même, sans pourtant aller jusqu'au bout de sa question.
Sasuke se passa une main sur le visage.
- Ca fait trois ans maintenant, commença-t-il d'une voix douce, et Naruto en déduisit que c'était sa voix naturelle lorsqu'il n'était pas en colère. J'avais quatorze ans lorsque mes parents sont morts.
Naruto le fixa longuement, sans rien dire. Lui aussi savait ce que c'était. Lui aussi avait perdu ses parents. Il n'ajouta donc rien, reporta son attention sur la télévision. Et ils restèrent ainsi, à chantonner doucement pendant une bonne demi-heure, jusqu'à ce que le blond ne sente que Sasuke s'était endormi.
Il l'observa dormir, silencieux. Avachi sur l'accoudoir du canapé, quelques mèches noires cachaient ses yeux rougis d'avoir pleuré. Sasuke dégageait tant d'innocence ; il semblait si fragile qu'à nouveau Naruto en fut troublé. Dans son travail, il lui était rarement donné de voir des visages aussi pur et inoffensif que celui du brun. Autour de lui, il n'entendait même plus le son de la télé, obnubilé par cette vision. Et sans qu'il ne put réellement l'expliquer, il fut touché par son innocence.
Cette innocence que lui-même n'avait jamais eue.
Commençant à être agacé par ses propres pensées, il retourna son attention sur le concert, et une idée germa dans sa tête. Il augmenta alors le son de la télé, un sourire sadique collé aux lèvres. Et lorsque le son eut atteint son maximum, Sasuke se réveilla en sursaut, une main sur le coeur.
- Mais t'es malade ! hurla-t-il, ce qui arracha un rire à Naruto.
Il baissa le son, s'esclaffant toujours alors que le brun bouillonnait de rage. Sasuke tenta de rester sur ses gardes, mais il finit par se rendormir, cette fois-ci avachi sur Naruto. Et Naruto en le regardant ne put que sourire tristement. Certes son innocence le touchait, mais il l'enviait aussi. Parce que jamais il ne saurait ce que c'est.
Il vérifia l'heure, décida qu'il était grand temps de se coucher. Il éteignit la télévision, la lumière de la pièce, essaya d'allonger plus ou moins confortablement l'adolescent sans le réveiller et vida par la fenêtre le cendrier que cet idiot avait oublié de vider. S'il ne voulait pas se faire attraper par son frère, qu'il prenne au moins ses précautions.
Une fois dans sa nouvelle chambre, Naruto pensa à amener une de ses vestes larges pour couvrir le frêle corps de Sasuke. Les nuits restaient fraîches en été, et même s'il se fichait des états d'âme de l'adolescent, il ne souhaitait pas non plus le retrouver malade.
Une fois le gosse recouvert de sa veste, il put enfin rejoindre son lit. Mais cette nuit-là, Naruto eut bien du mal à trouver le sommeil. Il repensait inlassablement à Sasuke, à cette vision qui l'avait tant troublé. Son cœur le tiraillait.
Ses souvenirs le hantaient.
ooo
Alors, qu'en pensez-vous ? C'est une histoire que je me plais à écrire, j'aimerai avoir vos avis. =)