Un énooooooorme MERCI pour toutes les gentilles reviews qui m'ont vraiment fait chaud au coeur ! Je ne m'attendais pas à un tel élan d'enthousiasme !
Bon alors, vous vous souvenez ? De l'électricité dans l'air, une once d'audace, beaucoup de passions refoulées, des mains baladeuses... et une p***** de sonnerie de téléphone.
La suite... et malheureusement aussi la fin.
La sonnerie du téléphone déchira leur ciel.
Un sursaut commun brisa toute la magie de l'instant. Ils revinrent brutalement, trop brutalement dans la réalité. Jack desserra spontanément son étreinte, permettant à Sam de se dégager de ses bras.
Sans un regard pour son partenaire, rajustant ses vêtements et ses cheveux, elle se glissa vers le téléphone et le bascula sur messagerie.
"Sam ? Tu es là ? … Bon, c'était Mark. Je pensais que tu étais chez toi, je voulais simplement te prévenir que je ne pourrais pas passer te voir, comme promis. Beth a rendez-vous au cinéma avec une amie, et je dois faire le taxi. Demain, peut-être. Je t'appellerai de toute façon. Je t'embrasse. Prends soin de toi."
Sam n'avait pas bougé.
Arc-boutée sur le comptoir, les mains plaquées sur la pierre froide, elle gardait farouchement son regard fixé au sol.
Il fallait qu'elle reprenne ses esprits, il fallait qu'elle calme les battements de son cœur, qu'elle se rassemble. Les images de ce qu'ils venaient de faire — de ce qu'ils avaient osé faire — se bousculaient dans son cerveau, qui tentait désespérément de maîtriser ce flux désordonné de sensations qui s'était emparé de tout son être.
Elle n'avait pas la force de lever les yeux vers lui. De peur d'y lire le reproche, la colère, ou pire, le remords qui devait le ronger en cet instant, alors que c'était elle, Sam, qui avait initié ce jeu dangereux. Elle ne supporterait pas de le voir culpabiliser, alors qu'il n'avait fait que céder à l'appel pressant de son désir à elle. De son égoïsme. Comment avait-elle pu en arriver là ? Elle essayait, tant bien que mal, de démêler la confusion des sens qui l'assaillait.
Le visage de son père vint se substituer un instant aux autres pièces du puzzle.
Souvenir fulgurant.
Ses derniers mots sonnaient encore à son oreille. L'avait-il vraiment voulu ? Avait-il réellement désiré qu'elle tente sa chance, au risque en péril leur équilibre à tous deux, voire leur carrière, en agissant ainsi ?
Mais elle devait enfin admettre que la raison était du côté de Jacob. Qu'est-ce que Jack avait encore à perdre ? Pas grand'chose : l'essentiel de sa carrière était derrière lui, et il venait d'achever probablement les plus belles années de sa vie en quittant SG-1. Quant à elle… Elle s'était trop longtemps interdit de respirer librement sous prétexte de préserver sa fichue carrière. Au diable sa carrière. Elle voulait vivre. Elle voulait exister. Et cela ne pouvait manifestement pas se faire sans lui. Sans celui qui se tenait là, à quelques mètres.
Jack s'était assis au bord du canapé.
Loin.
Le plus loin possible.
Mains croisées, les avant-bras appuyés sur ses cuisses.
Tête baissée.
Comme si un poids énorme venait de lui tomber sur les épaules. Presque aussi terrible à porter que l'annonce de l'anéantissement imminent de la Terre par les Goa'ulds.
L'accablement se faisait plus lourd de seconde en seconde. A mesure qu'il prenait conscience de ce qu'il avait fait, il passait de la consternation à la douleur. Il s'enfouit le visage dans ses mains, comme pour chasser ces images troublantes de Sam qui continuaient à le harceler.
Mais la douceur de sa peau persistait sur ses doigts.
Le goût de ses baisers demeurait encore vif sur sa langue.
Et son parfum s'entêtait dans ses narines.
Rien ne parvenait à calmer ses nerfs. Sa volonté propre n'y suffisait plus.
Pour qui se prenait-il ? De quel droit pouvait-il disposer ainsi de Carter ? D'accord, c'est elle qui avait lancé les hostilités. Mais bon sang, pourquoi ne l'avait-il pas repoussée, comme il l'avait fait depuis toutes ces années ? Pourquoi avait-il cédé justement maintenant ? Alors qu'elle était sur le point de se marier ? Il se détestait. Il se haïssait pour ce moment de faiblesse. Il se dégoûtait lui-même. Et se rendait compte, avec amertume, qu'en agissant ainsi, il n'était pas digne d'elle. Il ne l'avait probablement jamais été. Comment pourrait-il la regarder en face désormais ? Comment pourrait-elle ne pas lui en vouloir ?
Il releva lentement la tête, se passant les mains sur le visage, tentant de retrouver un semblant de lucidité. La mâchoire désespérément crispée, il fixa durement le sol devant ses pieds, comme s'il voulait s'y engloutir à jamais.
Sam s'était approchée.
Elle resta un instant debout, immobile.
Silencieuse.
Elle finit par s'asseoir elle aussi au bord du canapé.
A l'autre bout.
Osant à peine respirer.
Elle sentait son cœur battre intensément à l'idée de ce qui pourrait suivre. Ils ne pouvaient pas se quitter sur cette tension malsaine. Elle voyait bien que sa rage le rongeait petit à petit. Et c'était à elle de briser la glace, puisque c'était elle qui l'avait fait la première fois, et qui les avaient amenés là où ils étaient maintenant. Embourbés dans leur gêne. Mais, tout en le regardant de temps à autre, elle ne savait par où commencer. Elle laissa échapper un léger soupir de culpabilité.
« Mon Général… »
« Jack. » Il laissa quelques secondes de silence s'installer entre eux, puis enchaîna :
« Après ce qui s'est passé, on peut peut-être laisser tomber les grades, non ? Ca avait l'air de vous peser, d'après ce que vous m'avez dit tout à l'heure. »
Sam perçut clairement l'animosité dans le ton de son supérieur. Elle prit pourtant le parti de l'ignorer, et soupira à nouveau, ne sachant comment dire ce que son cœur serré avait à dire.
Et puis elle se jeta à l'eau. Ils ne pouvaient pas en rester là. Ca ne pouvait pas finir comme ça.
« J'ai besoin de savoir où je vais. Où nous allons. Tous les deux. »
Il ne répondit pas tout de suite.
Il pesait silencieusement ses mots.
La voix rauque, il passa outre la retenue et la distance habituelles. Elles n'étaient plus de mise maintenant.
« Je ne sais pas moi-même où je dois vraiment aller. Je n'ai aucun droit de te retenir, de t'obliger à rester alors que tu peux faire ta vie ailleurs. Avec quelqu'un qui peut construire sa vie avec toi. »
"Peut". Pas "veut". Elle nota la différence. Mépris pour celui qui se contentait de "pouvoir" sans vouloir. Ou jalousie pour celui qui aurait cette chance. Cela ne fit que renforcer son égarement : est-ce que cela signifiait que lui voulait construire sa vie avec elle, mais ne pouvait pas ? Lui qui la tutoyait désormais, soulignant ouvertement l'intimité qui les liait ?
Elle fut soulagée et terrorisée tout à la fois.
Soulagée de cet aveu, de ce qu'il confessait à demi-mots : ainsi il tenait encore à elle. Il ne refuserait pas d'aller plus loin s'il en avait la latitude.
Mais terrorisée aussi de la certitude qu'il semblait avoir qu'il constituait une entrave à son bonheur ; de la peur latente qu'il exprimait de ne pas être à la hauteur.
Elle sentit alors plus vivement que jamais qu'elle se trouvait, qu'ils se trouvaient au dernier carrefour de la route. C'était le choix ultime qui leur était donné de faire en cet instant. Elle ne pouvait plus se tromper. Elle ne devait plus se tromper. Mais elle était incapable d'y voir suffisamment clair pour se déterminer à avancer. Même si tous ses sens lui criaient de poursuivre le chemin entamé un peu plus tôt. Elle se sentait totalement perdue, parce qu'elle le voyait perdu. Ils devaient faire ce choix ensemble.
« Jack… »
Elle chercha ses mots. Hésita sur la formulation.
« Je ne sais plus si c'est le meilleur choix à faire, mais… Je ne peux pas la construire sans toi. Je ne peux pas construire ma vie sans toi. »
Les épaules de Jack s'affaissèrent un peu plus. Cette vérité était-elle trop lourde à porter pour lui ?
Elle chassa les derniers filaments de doute qui flottaient dans son esprit et poursuivit :
« Je ne peux même la construire qu'avec toi. Même mon père l'avait compris. Il a encore essayé de me le faire admettre avant de mourir. »
Jack n'avait pas bougé. La tête basse, toujours rentrée dans les épaules, il encaissait la vérité. Ou la savourait, peut-être. Elle n'en sut rien.
« J'ai rompu avec Pete. »
Frémissement imperceptible.
Il ferma les yeux.
Les mots de Sam firent brusquement s'envoler ce poids mort qu'il portait sur le cœur.
Le sens de ces paroles le frappa de plein fouet : il réalisa que le dernier obstacle tangible venait de s'évanouir. Le dernier prétexte aussi. Et que de sa réponse dépendrait leur avenir. Heureux ou malheureux.
Il se maudit intérieurement d'avoir douté de Sam. Evidemment. Evidemment qu'elle n'aurait pas franchi à ce point la ligne rouge si le bonheur de quelqu'un d'autre en dépendait encore ! Elle respectait trop les êtres pour les trahir ainsi. Pour se trahir elle-même. Et c'était cette force et cette droiture qu'il admirait et qu'il aimait en elle.
« Je suis lasse, Jack. Lasse d'hésiter. Lasse d'attendre. Et de remettre toujours à plus tard une relation que je ne suis même pas sûre de voir se concrétiser un jour. »
Il redressa la tête. Et appuya son menton sur ses mains jointes. Il était prêt à l'entendre.
« J'ai fait mon choix. Je ne reviendrai pas en arrière. »
Les souvenirs, les hallucinations qu'elle avait eues dans le nuage de gaz lui revinrent en mémoire. Elle n'en avait jamais parlé à personne.
« Quand j'étais coincée, là-haut… sur le Prométhée… Je t'ai vu. Je t'ai imaginé, pour être exacte. Mais tu semblais tellement réel. »
Elle ne s'était pas rendue compte qu'il avait lentement tourné la tête pour la regarder.
« Tu es apparu quand j'étais prête à baisser les bras. Et tu m'as ouvert les yeux. »
Leurs regards se croisèrent alors.
Le feu de leur désir mutuel s'était apaisé, et avait laissé place à une intensité nouvelle. Une absolue confiance qu'ils se portaient désormais l'un à l'autre. Une foi aveugle dans l'amour de l'autre. Une certitude inébranlable que l'autre lisait dans son cœur à livre ouvert, et qu'il était inutile désormais de se mentir sur la vérité de leurs sentiments.
« J'avais jeté mon dévolu sur toi pour me préserver, pour éviter d'être déçue ou blessée, puisque tu m'étais inaccessible. Tu m'as aidée à comprendre. »
Elle mit dans son regard toute la force et l'amour qu'elle était capable de lui offrir à ce moment.
« J'ai fait mon choix. Tu m'as permis de le faire. Tu m'as autorisée à assumer. Alors j'assume. Et je ne le regretterai jamais. »
Son ton assuré ne laissait plus aucun doute.
La réalité de ce qu'elle venait d'affirmer mit quelques secondes à se frayer un chemin dans le cerveau de Jack.
C'était trop beau pour être vrai. Quatre années d'auto-persuasion, de lutte pour canaliser, étouffer des sentiments interdits et se convaincre d'un avenir impossible, avaient presque eu raison de sa lucidité. Les mots de Sam avaient du mal à trouver un écho dans son cœur. Mais à force de se répercuter en lui, ils trouvèrent la faille. Et Jack se laissa lentement gagner par l'ivresse du soulagement.
Il n'était pas préparé à ça. Il n'avait pas eu le temps de s'armer et de blinder ses émotions. C'est totalement démuni, parfaitement vulnérable comme il ne l'avait jamais été depuis presque neuf ans, qu'il comprit et qu'il accepta la réalité. Leur réalité.
Les mots étaient bien évidemment en-deçà de tout ce qu'il éprouvait. Mais il devait lui rendre son aveu. Il devait saisir cette main qu'elle lui tendait. Il devait répondre à cette promesse irrévocable qu'elle venait de lui faire.
Il ouvrit son bras pour qu'elle vienne s'y blottir. L'invitation était sans équivoque.
C'était oui. Il ferait le chemin avec elle.
Jack entoura la jeune femme avec son autre bras, et la serra tendrement, mais intensément. Il voulait lui transmettre tout l'amour qui l'inondait en cet instant. Et elle se laissa bercer dans ce refuge, cet abri si attendu, si espéré, qu'elle avait enfin trouvé.
« Je ne le regretterai jamais non plus. » murmura-t-il en déposant un long baiser dans ses cheveux.
Il demeura le visage enfoui dans les boucles blondes.
« Kerry le savait. Tous l'avaient compris. »
Elle ferma les yeux, comme pour prolonger la saveur de cette confidence. Sa voix était chaude et rassurante.
« Bientôt. Bientôt, on ne s'empêchera plus de vivre. Je te le promets. »
Si Jack s'engageait ainsi, il tiendrait parole. Elle ne le savait que trop bien.
« Je n'ai que toi, moi aussi. Et j'ai pris ma décision, moi aussi. Je te demande juste de patienter encore un peu. »
Sa voix était toujours aussi caressante, et elle n'hésitait pas un seul instant à lâcher la vérité.
Sam sentait son cœur se dissoudre, sans plus de résistance, à entendre ces mots qu'elle avait pensé ne jamais pouvoir recevoir de sa part. Il poursuivit, sur le même ton, avec la même force, inarrêtable.
« Tu es ma vie, Sam. Et je vouerai la mienne à faire ton bonheur. Je sais que ton père l'aurait souhaité aussi. »
Elle serra fort les paupières. Des larmes silencieuses s'échappèrent des yeux clos de la jeune femme.
Elle remerciait intérieurement son père d'avoir vu si juste, et de l'avoir poussée dans ses derniers retranchements. Elle lui offrit alors en pensée toute cette vague de sérénité, ces secondes d'extase et de bien-être qu'elle n'attendait plus, et qui l'inondaient avec délice alors que Jack parlait à voix basse.
Comme s'il avait senti cette prière muette, il resserra son étreinte. Et enfouit son visage dans le cou de Sam. Son refuge à lui, son abri.
A cet instant, ils se sentirent à l'unisson. Tous deux apaisés. Tous deux sereins. Tous deux confiants.
Ils savaient désormais ce qu'il en était. Plus d'interdits, plus de non-dits, juste une plénitude totale, et cette certitude indéfectible : celle de vivre l'un pour l'autre, comme ils s'étaient toujours défendus de le faire, ou même d'y penser.
« Compteras-tu te munir du nécessaire contre les moustiques, Daniel Jackson ? »
Une étrange inquiétude irradiait de la voix de Teal'c.
Daniel ne put s'empêcher de sourire. Son ami avait semblé profondément traumatisé de sa première expérience au chalet de Jack. Teal'c n'avait pas de produit et n'aurait probablement pas le temps de s'en procurer avant de partir. L'invitation de Jack avait été si soudaine… Ils devaient tous embarquer ce soir. Et cette fois, Sam était de la partie. Daniel s'en réjouissait.
Il posa une main rassurante sur le bras du Jaffa :
« Ne t'en fais pas. Un archéologue aussi baroudeur et délicat que moi a toujours tout ce qu'il faut sur lui ! »
Teal'c approuva et le remercia d'un signe de tête.
Ils devaient retrouver Jack devant l'ascenseur.
Il paraissait heureux ce matin. La présence de Sam y était-elle pour quelque chose ? Daniel soupçonnait un changement dans leur relation. Les sourires francs entre ses deux amis s'étaient multipliés ces derniers jours, et plus rien ne subsistait de la gêne ou de la tension qui régnait depuis un certain temps dès qu'ils se retrouvaient dans la même pièce. Décidément, il aurait toujours du mal à comprendre ces changements d'humeur si particuliers !
Jack tourna le coin du couloir en sifflotant et interrompit brutalement les réflexions de Daniel.
« Hey, les amis, parés pour le grand départ ? Daniel, content de venir découvrir mon coin de paradis ? »
« Mis à part le fait que Teal'c me séquestrera à l'arrivée pour obtenir la totalité de ma crème anti-moustiques, disons que… oui. Ca fera du bien de changer d'air. »
Jack lui lança un regard soupçonneux, surpris qu'il ne partage pas plus que cela son enthousiasme débordant qu'il croyait pourtant si communicatif.
Il n'eut pas le temps de répliquer que Sam fit à son tour son apparition. En tenue décontractée, un peu échevelée d'avoir couru pour ne pas être en retard, elle était ravissante. Jack ne put résister à l'envie de laisser son regard s'attarder un peu plus longtemps que de coutume sur ses jolies courbes et ses yeux pétillants.
Ils échangèrent un bref coup d'œil.
« Vous cédez enfin à l'envie de vous initier à la pêche, Carter ? » lança-t-il d'un ton un peu trop enjoué et moqueur.
Un immense sourire fendit le visage de la jeune femme, qui baissa brièvement la tête pour cacher sa gêne complice. Elle la redressa brusquement pour planter ses yeux bleus dans ceux de son supérieur :
« Volontiers, mais tout dépend de ce que vous me proposez de pêcher, monsieur… »
Daniel regarda au plafond, et Jack leva les sourcils d'un air faussement interrogateur. Ce fut sa seule réponse avant qu'ils ne s'engouffrent tous ensemble dans l'ascenseur qui venait d'ouvrir ses portes.
Voilà, c'est fini, à vos claviers !
Je remercie d'avance pour toutes les reviews, quelles qu'elles soient, qui viendront à la suite de cette fic et auxquelles je ne pourrais pas forcément répondre... J'espère que vous aurez tous (euh, pardon, toutes...^^) passé de bons petits moments au long de ces quatre chapitres!
