Master & Slave

Couple principal: Ichigo Kurosaki x Sosuke Aizen
Disclaimer:
Les personnages tirés de Bleach ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété absolue de Tite Kubo. Les autres en revanche... sont à moi!
Bêta-Lecture:
Merci à Priscilla, Joell et Kamui ainsi que Lumeha pour leurs commentaires et avis!

~[...]~

Très bien, me revoilà pour la dernière ligne droite et non des moindres, le fameux livre III.
N'hésitez pas à me faire des retours, je prends toutes les remarques.


Réponses à la review anonyme:

Lile: J'ai été un peu plus rapide cette fois, non? non? *tousse* Merci pour tes encouragements. Je terminerai! ouais!

Je crois avoir répondu à toutes les reviews, si ce n'est pas le cas je m'excuse platement (n'hésitez pas à me taper sur les doigts)
Merci pour vos reviews, votre présence. J'espère que ce chapitre vous plaira!


Livre III - Cartes sur table
Chapitre 1

- … et voilà pour les informations essentielles de la journée. Nous sommes le quinze juillet. Il est maintenant sept heures et demie et on continue tout de suite notre programme avec la question du jour. N'oubliez pas que vous pouvez participer en nous appelant, notre standardiste se fera un plaisir de vous accorder un peu de temps d'antenne. Pour discuter avec nous aujourd'hui je vous présente notre invitée spéciale, il s'agit de l'économiste Mizuki Shimizu qui a bien voulu répondre à nos questions. Bonjour Mizuki.

- Bonjour à vous Daisuke.
-
Alors... Vous allez forcément nous parler de cette petite révolution qui se passe actuellement dans notre pays. Cette révolution qui a commencé il y a presque dix mois maintenant avec les résultats des élections législatives qui sont venus totalement bouleverser la politique du pays puisqu'une partie des sièges a été raflée par des petits partis.
- Tout à fait, depuis peu on entend de nouvelles voix, qui se sont transformées en de nouveaux partis qui comptent de plus en plus d'adhérants. Autant dire qu'ils entendent bien faire savoir qu'ils sont là et laisser leurs empreintes dans le pays. Ce qu'il y a de frappant c'est qu'ils sont en totale contradiction avec les politiques déjà bien ancrées dans notre système, on voit notamment apparaître de plus en plus souvent des propositions en faveur d'une modification du système d'esclavage.
- J'ai cru comprendre qu'il était question d'alléger et diminuer le nombre d'esclaves dans les magasins et chez les particuliers, voire d'évoquer leur libération totale.

~[...]~

Cela faisait déjà plusieurs fois qu'il frappait à la porte sans obtenir de réponse. C'est alors que les deux voix des journalistes lui étaient parvenues, étouffées par la cloison en bois. Attiré, Sosuke poussa doucement la porte et s'aventura dans la pièce. Son attention se posa immédiatement sur le seul signe d'activité de la pièce, celle qui justifiait son intrusion: le radio réveil qui venait de se déclencher il y avait quelques secondes et qui diffusait les dernières nouvelles. Le temps de saisir le sujet de discussion, il s'en désintéressa.

Lentement, son regard glissa sur le lit à proximité, où le propriétaire des lieux était allongé, le drap enroulé autour de la taille et des jambes, les mèches orange étalées sur l'oreiller. Il fit quelques pas sur le côté tandis qu'il notait également que le jeune homme était allongé sur le ventre. Un de ses bras pendait dans le vide. Il laissa échapper un soupir, vérifia une nouvelle fois l'heure puis se rapprocha pour pouvoir lui secouer légèrement l'épaule. Aucune réaction.

~[...]~

- C'est un nouveau mode de pensée. On pourrait croire à une nouvelle mode quelconque, mais c'est quelque chose qui rencontre de plus en plus de succès et de voix. Au point qu'on commence à en discuter et à envisager sérieusement la question. Bref, ça devient suffisamment important pour influer sur notre quotidien.
- Cela signifie que nous allons bientôt voir les choses changer ?
- Eh bien… Pas exactement. Ne vous inquiétez pas, il y a peu de chance que demain on demande à tous les maîtres d'enlever les colliers de leurs esclaves et de les mettre à la porte. En admettant qu'il y ait une réelle volonté de notre nation pour faire cesser ce système, on ne peut sérieusement envisager de tout couper du jour au lendemain. Il faut penser aux éventuelles conséquences que cela peut avoir.
- Vous pensez à tous les emplois que ce marché crée ? Moi en tout cas c'est bien à ça que je pense en premier.
- Oui, entre autre. Il ne faut pas oublier que c'est toute une chaîne dont il est question ici. De nos traqueurs et gardiens qui sont loin de tout jusqu'aux vendeurs dans les magasins qui sont proches de chez vous. Que feront tous ces gens si leurs emplois disparaissaient du jour au lendemain ? Surtout que ce sont souvent des gens qui ne pourront jamais se réinsérer. Elles ont fait toute leur vie dedans et je pense qu'il leur serait très difficile de s'imaginer faire autre chose.
- Ces personnes se retrouveraient donc sans revenus et sans occupation, je ne veux même pas l'imaginer. La situation est-elle si désespérée ? Ne pourrait-on pas leur accorder un revenu même minime ou quelque chose du même genre ?

~[...]~

Depuis un an qu'il était revenu dans la famille Kurosaki, - dont il avait pu constater à quel point la branche principale avait été considérablement réduite ces dernières années - il avait appris que si Ichigo était parfaitement capable de se lever très tôt, il adorait également traîner au lit (les réveils matinaux de son père n'auront pas réussi à faire disparaître cette tendance). Réveillé vers les coups des six heures du matin mais ne se levant réellement qu'entre huit et neuf heures. Il fuyait le côté administration qui lui tendait une embuscade tous les matins pour s'accorder un peu de temps à lui. Que faisait-il pendant ce laps de temps. Il écoutait la radio. Comme maintenant. Et depuis quelques mois, il lui avait pris l'habitude de venir s'asseoir à côté et d'écouter l'appareil en attendant que le jeune homme veuille bien se bouger un peu. Il avait compris qu'une respiration aussi silencieuse signifiait qu'il était bel et bien réveillé. Ça, et l'air renfrogné habituel qu'il n'avait pas quand il dormait réellement.

Il se souvenait qu'au début, Ichigo était sur ses gardes, prêt à réagir au moindre mouvement trop brusque de sa part. Il avait préféré mettre ça sur le compte des anciennes habitudes héritées d'Isshin, même si cela datait, plutôt que sur le fait qu'il se méfait de lui. Avec tout ce qu'il faisait pour regagner la confiance de l'adolescent - ha, non, plus vraiment adolescent, n'est-ce pas ? - Ce serait malheureux d'avoir si peu de résultat au bout d'un an.

Il décida par conséquent de ravaler la réflexion qui commençait à lui brûler les lèvres, alors qu'il continuait de détailler la silhouette immobile enfouie sous les couvertures.

S'il y avait bien une chose qu'il détestait plus que tout le reste, c'était d'être ignoré.

~[...]~

- Si l'économie de notre pays était meilleure, on pourrait éventuellement songer à une solution comme celle-ci. Mais ce n'est pas le cas. En admettant cela, il faudrait trouver l'argent pour offrir une telle aide et je doute que notre gouvernement puisse assurer une telle perte chaque année, en plus des autres.
- Surtout quand on sait que le chômage est en hausse ces derniers temps.
- C'est sûr que cela ne va pas améliorer les chiffres et la situation. Vous savez, l'argument principal utilisé est celui que l'on enlève toute liberté à ces hommes et femmes à laquelle ils ont autant droit que nous. Mais si vous y réfléchissez, vous réaliserez qu'ils n'en ont pas plus là d'où ils viennent. Les anciennes cités sont des lieux inhospitaliers, ce n'est pas pour rien que nous n'y allons plus et les traqueurs eux-mêmes y vont avec tout un attirail pour se protéger.
- C'est donc sur ce constat que nous allons vous demander de vous exprimer. Voici notre situation : A votre avis doit-on vraiment tenter de changer les choses ou considérez-vous que c'est une perte de temps inutile et qu'il n'y a pas lieu de changer quoi que ce soit ? Appelez-nous pour en discuter avec notre experte, nous accueillons tout de suite notre premier auditeur, allô ?
- Oui, allô…
- Dites-nous tout, qu'est-ce que vous pensez de la situation et de ce qu'a dit notre invitée?
- Alors pour ma part, je pense que...

~[...]~

Il écouta la journaliste encourager les gens à téléphoner encore quelques secondes avant de se décider à tendre la main pour éteindre le réveil et couper net l'homme dans sa tirade sur le fait que la société fonctionnait très bien comme elle était et qu'il y avait plus important à penser que d'arranger la condition des esclaves. Alors seulement à ce moment-là, il entendit un grognement en provenance de sous les couvertures. D'un large mouvement de bras, Kurosaki les envoya voler au-dessus de sa tête.

Sosuke n'eut que le temps de tendre son bras pour empêcher le jeune homme gesticulant d'atteindre l'appareil et de le rallumer pour avoir le fin mot de l'histoire. Perturbé dans son avancée, Ichigo tenta de passer l'obstacle dans un grognement. Abandonnant au bout de quelques minutes, il préféra à la place s'étaler contre Aizen en représailles, lequel ne broncha pas.

- Tu n'as pas besoin d'écouter ces inepties, expliqua l'esclave devant le regard noir qu'il devinait sans peine.
- Mine de rien, écouter l'opinion publique c'est important, rétorqua Kurosaki d'un air agacé.
- Tu ne peux pas te fier à ça, ils ne présentent qu'une partie de la réalité, celle qu'ils veulent présenter et celle qui leur garantira la meilleure audience. Nous pouvons tous deux prédire ce qui va se dérouler et ce qui va se dire.
- Il n'empêche que si je peux écouter leurs arguments, je pourrais trouver comment les contrer plus tard. Parce que ça finira bien par m'être présenté, rétorqua le maître des lieux en une logique implacable.
- Fais plutôt confiance à tes hommes pour te ramener ce genre d'informations, s'exaspéra Aizen.

Ichigo grogna une nouvelle fois, un son qui se rapprochait davantage d'un faux désespoir que d'une réelle colère alors qu'il se laissait aller un peu plus, défaitiste. Sosuke le sentit bientôt passer ses bras autour de son ventre et le front se poser son épaule. Son premier réflexe fut de se raidir, par réflexe, avant de se détendre petit à petit en constatant qu'il n'y avait pas d'autre mouvement. Une… très sale habitude qui n'avait pas été très longue à montrer le bout de son nez. Pour le coup, même un an après il ne s'habituait toujours pas à ces contacts surprise.

- Un jour, il faudra que tu cesses de me contrarier dès le matin, lui parvint la voix à moitié étouffée de Kurosaki.

Il ne daigna pas répondre ni réagir alors que l'étreinte autour de sa taille se resserrait. Il devait quand même admettre que ces derniers mois, Kurosaki avait fait de sérieux efforts pour aller vers lui. Il y avait eu des tentatives, des deux côtés, pour retrouver quelque chose qui se rapprochait le plus de ce qu'était leur relation avant qu'ils ne se séparent. C'était encore un peu maladroit et gênant, le plus gros problème restant qu'Aizen avait du mal avec tous les contacts physiques, surtout poussés.

Il avait bien tenté de mentir au jeune homme comme il avait pu mentir à Hinamori lorsqu'il avait remarqué l'affection qu'elle lui portait : prendre sur lui pour se forcer et paraître le plus à l'aise possible dans les relations physiques et tolérer autant que possible une certaine proximité. Il avait peut-être oublié qu'Ichigo le connaissait et n'était pas dupe quant à ses méthodes. Ignorer sa gêne était plus facile pour le moment. Il avait besoin de ces contacts occasionnels.

Sosuke en revanche se passait volontiers de cette prétendue affection.

Enfin… Il avait déjà fait disparaître son ancien surnom, il n'allait pas trop en demander non plus.

Alors il subissait. En silence.

Il apprécia tout de même lorsque le contact cessa et que le propriétaire des lieux se redressa. Un peu moins cependant lorsque la radio retentit de nouveau dans la pièce, diffusant une musique quelconque. Il tourna la tête pour faire face au sourire victorieux d'Ichigo, celui-ci touchant encore l'appareil du bout de doigts. Il laissa échapper un soupir et secoua la tête. Il avait besoin d'une tasse de thé. Là. Tout de suite.

- Tu n'as pas oublié que tu as un rendez-vous ce matin, jugea-t-il bon de rappeler.
- Non, mais j'ai encore le temps, rétorqua le jeune homme en se redressant, son sourire envolé.
- Juste une petite demie heure, ironisa Aizen.
- Oui, c'est bien ce que je disais. Je suis largem... Aie! grogna Kurosaki, frottant sa tête à l'endroit où il avait été frappé.
- Va te préparer, s'exaspéra une nouvelle fois l'homme, en se relevant du lit.

Ichigo râla de plus belle mais finit par se décider à obéir. Il quitta son lit pour aller chercher quelques affaires avant de prendre la direction de la salle de bain.

- Tu sais, murmura-t-il alors qu'il farfouillait dans sa commode, je ne suis pas réellement pressé. J'ai beau batailler depuis quelques années, j'ai l'impression que les choses n'avancent pas.
- Ce n'est pas ce qu'ils disent, pourtant, lui répondit Sosuke en pointant l'appareil qui fournissait le bruit de fond.
- Oui mais… Je ne sais pas. On s'intéresse aux détails mais pas au problème même.
- Tu étais comme ça au début.

Kurosaki laissa échapper un vague "mmmh" pensif. Il quitta finalement la pièce quelques minutes plus tard, sous le regard inquisiteur d'Aizen. La porte de la salle d'eau fut refermée sans un bruit et l'homme resté seul en profita pour éteindre définitivement la radio pour avoir la paix. A peine quelques minutes plus tard, le silence de la pièce fut brutalement brisé par une sonnerie : le portable, laissé sur la table de chevet, vibrait. L'hésitation fut courte, il bifurqua pour pouvoir s'emparer de l'appareil et répondre sans prendre garde au nom qui s'affichait.

- Hey ! Toujours en vie ? résonna une voix désagréable à son oreille.

Aizen ne répondit pas tout de suite, venant se pincer l'arête du nez alors qu'il se retenait de raccrocher. Il préféra se réinstaller plus confortablement sur le matelas. Une voix qu'il connaissait très bien et qu'il ne supportait pas. Une voix qui s'impatienta de ne pas avoir de réponse après quelques secondes et qui commença à chantonner à l'autre bout du fil en continuant de parler en non-sens et absurdités. Oh il crut comprendre vaguement quelque chose à propos de se rendormir. Ce qui le poussa répondre, par automatisme.

- Je me souviens quand c'est moi qui subissait ça de bon matin. Pour un peu je dirai même que ça me manque, Hirako.

Il eut la satisfaction de faire cesser brutalement tout bruit de l'autre côté du combiné. Pendant une fraction de seconde seulement mais c'était toujours ça. Abandonné le ton amical et chaleureux pour un autre plus froid et agressif qui lui arracha un sourire alors qu'il commençait à jurer à l'autre bout du combiné. Cela faisait longtemps qu'il n'avait eu à faire avec son ancien "ami" (ami ! il s'était fait violence pour rester impassible lorsque ce mot était sorti de la bouche de Shinji, même prononcé avec ironie). ils s'étaient mutuellement ignorés lorsque le second esclave était venu quelques fois au manoir et il avait également littéralement fuit la petite peste dont il avait la garde et qui n'avait rien de plus pressé que de se coller à lui dès qu'elle le voyait… la digne fille de son père tiens.

Quoi qu'il se demandait à quel point son gardien ne lui avait pas soufflé l'idée, l'air de rien. A voir le grand sourire qu'il avait lorsqu'elle s'y amusait, il mettrait sa main à couper que oui.

- C'pas vrai, ma matinée démarrait si bien… soupira Hirako, faussement dramatique, Où est Ichigo?
- Indisponible pour le moment, se contenta-t-il de répondre, vague.
- Ne m'oblige pas à subir ta voix plus longtemps que nécessaire. Passe-le moi.
- Si c'est important tu peux me le dire, je passerai le message.
- Comme si j'avais la moindre confiance en toi.

Un sourire sarcastique étira les lèvres d'Aizen. Il était certain qu'il aurait trié les informations qu'on lui aurait donné. Et alors ? Il était là pour... donner un coup de main, pas pour jouer les secrétaires.

- Ce n'est pas comme si tu avais vraiment le choix, souligna-t-il.
- Tu crois ça ? Je retenterai ma chance jusqu'à avoir celui que je veux.
- Très bien. A la prochaine dans ce cas.

Et l'esclave raccrocha sans attendre de réponse, reposant l'appareil à sa place précédente avant de poser les mains un peu derrière lui sur le matelas. L'idée d'attendre le jeune homme n'était pas très tentante à ses yeux, mais il n'avait que peu d'autre option. Peut-être avait-il le temps pour une dernière tasse de son breuvage favori avant qu'ils ne doivent partir, afin de pouvoir affirmer que cette journée commençait vraiment bien.

- C'était qui?

Aizen tourna la tête pour observer Ichigo qui venait de débouler de la salle de bain, une serviette autour de la taille et trempé de la tête au pied, visiblement affolé. Habitué au fait que son esclave s'amuse à répondre aux appels quand il n'était pas assez rapide pour atteindre le combiné, au point qu'il ne s'en offusquait même plus (il avait simplement appris à lui subtiliser l'appareil). Sosuke resta silencieux un moment et finit par hausser les épaules.

- Personne d'important.

L'air du jeune homme se fit blasé en une fraction de seconde alors qu'il devinait dans les grandes lignes ce qui avait pu se passer. Il secoua la tête avant de repartir à sa tâche première, en marmonnant quelque chose d'incompréhensible.

- Vous êtes désespérant tous les deux, fut tout ce que put comprendre Aizen avant que la porte ne se referme à nouveau.

~[...]~

Les portes de la voiture se refermèrent sur eux, alors que le chauffeur marchait pour reprendre sa place et démarrer le véhicule en destination du centre-ville. L'ambiance dans l'habitacle était calme et sérieuse : Aizen assis contre la portière, jambes et bras croisés et les yeux à demi fermés. Ichigo installé de l'autre côté, le regard perdu sur un point quelconque de l'écran de son appareil portable. Si aucune parole n'était échangée entre les deux hommes, le regard marron de Sosuke avait glissé dans la direction du jeune homme et n'avait pas décroché depuis. L'un de ses poings posé contre ses lèvres, son autre main tapotait sur le clavier. Parfois il s'arrêtait et ses yeux se fermaient un instant avant qu'il ne recommence son manège.

Il le laissa faire pendant la première partie du trajet, sans constater de grands changements dans l'attitude de Kurosaki. Finalement poussé par la curiosité et l'ennui, il se rapprocha jusqu'à pouvoir observer ce qui captivait autant l'attention d'Ichigo. Un compte rendu des évènements qui s'étaient déroulé ces dernières semaines, au sein même de la famille. Ah oui… Il se souvenait de ça. Probablement la raison de l'élan affectif de ce matin.

Au même moment un sursaut lui indiqua que l'autre homme venait de se rendre compte de sa présence.

- Qu'est-ce qui te chagrine ?
- Rien, c'est juste… C'est sans importance.

Il y avait un bon mois de cela, Shiro lui avait indiqué que les branches auxiliaires de la famille Kurosaki commençaient à grogner contre la principale, au point que des complots se formaient dans son dos (Sosuke n'avait pu s'empêcher de faire le parallèle avec les Quincy). En cause ses choix politiques bien entendu, qui étaient sujet à discussions, débats et désaccords depuis la première fois qu'il en avait fait part, même si la raison officielle évoquée était que les plus anciens estimaient qu'Ichigo était trop jeune pour savoir correctement diriger l'empire que représentait la famille, son précédent chef étant mort trop tôt.

Isshin avait de toute manière toujours beaucoup trop couvé ses enfants, au détriment de leur éducation, sur ce qu'il fallait faire ou non, et quels étaient les meilleurs choix pour s'assurer que la puissance de la famille du centre resterait la même ou s'agrandirait encore un peu plus. Kurosaki avait évité de justesse d'être évincé (il pouvait en cela remercier également ses parents qui avaient fortifié la branche principale et diminué l'importance des plus petites) et détenait désormais le nom de tous ceux et celles qui visaient à prendre sa place ou avaient participé à cette tentative de l'écarter.

Une liste sacrément longue, quand on y pensait. Il y avait une bonne vingtaine de noms affichés à l'écran en ce moment, et ce n'en était qu'une partie. Qui aurait cru que cette famille avait un tel arbre généalogique.

C'était pour cela qu'il piquait du nez toutes les cinq minutes. Cette nuit Il avait dû dormir... oh quoi, quelques heures à peine ? C'était Aizen qui l'avait ramassé très tôt lorsqu'Ichigo s'était littéralement endormi sur son bureau. C'était à ce moment-là qu'il avait été mis au courant de ce qui se tramait d'ailleurs. Il s'était bien dit que son attitude des derniers jours était étrange. Foutu gamin et ses manies de tout garder pour lui.

- Pourquoi tu hésites, il n'y a pas trente-six solutions.
- Je t'en prie… La famille est déjà suffisamment affaiblie depuis quelques temps, je ne peux pas me permettre de perdre davantage de membres. Je veux juste…
- Mais tu ne peux pas non plus te permettre d'avoir de potentiels traîtres dans tes rangs. S'ils l'ont fait une fois, ils recommenceront.

Le regard d'Ichigo glissa dans sa direction. Sosuke ne put s'empêcher de lui renvoyer un léger sourire.

- Oui, je parle en toute connaissance de cause, s'amusa-t-il.
- Tu sais que ça ne joue pas en ta faveur ce genre de réflexion.
- Je ne vois pas pourquoi. Je n'ai pas souvenir de t'avoir trahi. A aucun moment.
- Shinji ne serait pas du même avis, souffla Kurosaki en se concentrant de nouveau sur l'écran.
- Arrête de parler de lui. Ce n'est qu'un idiot, maugréa Aizen en retour.

Le jeune homme laissa échapper un ricanement alors que l'esclave levait les yeux au ciel. Il s'éloigna de nouveau, se calant dans le coin. Maudit soit le jeune homme qui semblait prendre un malin plaisir à rappeler l'existence d'Hirako à son bon souvenir pour souligner à quel point ils étaient différents dans leurs manières de faire et de penser. Et encore heureux d'ailleurs.

- De toute façon, le problème est déjà réglé, avoua-t-il de manière trop légère, avant de reprendre devant l'air interdit d'Ichigo : Ce matin ils ont dû partir pour un endroit où ils ne dérangeront plus personne.
- Quoi ? Tu as quoi ? explosa le chef de famille, en réalisant que l'autre homme était peut être sérieux.

Le sourire calme de Sosuke fut la seule réaction à l'air totalement indigné du jeune homme. C'était une douce vengeance. Il allait peut être taire que ce n'était pas la première fois qu'il se prêtait à cet exercice. C'était jusque-là resté secondaire, des choses assez simples, assez insignifiantes pour rester inaperçues ou passer dans le flot d'informations que le jeune homme traitait chaque jour. Mais ça, c'était autre chose.

- Nous savons tous les deux que tu es trop gentil. Si je ne l'avais pas fait, tu ne te serais jamais décidé et ils auraient pu recommencer en toute tranquillité.
- Tu les as envoyés où, au juste ? fit Ichigo en ignorant la pique à son égard.
- Ne te fais pas plus bête que tu ne l'es. Il n'y a pas beaucoup de possibilités.

Kurosaki ne trouvait pas ça drôle. Mais vraiment pas du tout. Le problème étant, en plus d'avoir quelqu'un qui prenait les décisions dans son dos, que l'autre homme ne voyait apparemment pas le problème dans ses actions. En réalité Aizen savait simplement qu'il faisait le meilleur choix (du moins le meilleur choix à ses yeux) et qu'il n'aurait pas à s'inquiéter des retombées. Il était sérieux quand il disait qu'Ichigo était trop gentil. Vraiment trop gentil.

- Vois le bon côté des choses : Ils resteront vivants. Et quand tu les retrouveras ils auront changé d'avis sur la situation. Je suis sûr qu'ils te suivront aveuglément.
- Je n'arrive pas à croire que…

Avec un lourd soupir, le jeune homme se passa une main sur le visage avant de se renfrogner pour le reste du voyage. Sa main partie à la recherche de son téléphone portable sur lequel il se mit à pianoter frénétiquement, soudain crispé et stressé. Sosuke ne jugea pas bon d'aller le titiller davantage et tourna la tête pour regarder le paysage défiler jusqu'à ce que la voiture ne rentre dans un parking souterrain où elle s'arrêta. Les deux hommes sortirent et l'esclave n'eut le temps de faire que quelques pas avant de se retrouver face à un Ichigo passablement agacé et vaguement menaçant.

- Si tu recommences, je n'aurai aucun regret à te catapulter en bas pour la seconde fois, tu iras les rejoindre comme ça, siffla-t-il avant de se détourner sans lui laisser le loisir de répondre.

Et voilà, ce serait probablement la seule chose qu'il récolterait de son acte. Des menaces mais rien de plus. Bah, ça confirmait simplement ce qu'il disait un peu plus tôt pas vrai ? Vu les conséquences affreuses auxquelles il devait faire face, il était certain qu'il ne mettrait plus son nez dans les affaires de son cadet. Il ne put s'empêcher de ricaner, ce qui lui valut d'être fusillé du regard.

En retrait, le chauffeur les regarda s'en aller et secoua doucement la tête. Voilà un bien étrange duo qu'il regardait s'éloigner d'un pas rapide alors que lui devait rester à les attendre. Mais bon, depuis les quelques années qu'il était au service de la famille Kurosaki, il devait bien admettre que quelque chose avait changé depuis le retour de cet esclave dans l'attitude du chef de famille. Un certain entrain qu'il avait perdu ces dernières années. Alors, même si les manières n'étaient pas très orthodoxes, ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose, qu'il soit revenu.

~[...]~

- Tu vas passer ta journée à me bouder? soupira-t-il.

Pas de réponse, sans aucune surprise. Il fit la moue, mais ne se découragea pas. Il pouvait continuer à parler tout seul. Ce n'était pas comme si ça le dérangeait outre mesure. Croisant les bras sur son torse, il se remit dans une position un poil plus confortable.

- Tu as passé l'âge d'être aussi puéril, souligna-t-il, faussement agacé.

Toujours aucun mot en retour. Il refusait d'abandonner pour autant devant l'air fermé du jeune homme. Ce dernier s'était tassé dans un coin de l'habitacle, ses mains collées serrées au téléphone qu'il gardait depuis tout à l'heure.

- D'ailleurs, si je ne dis pas de bêtises, c'est ton anniversaire aujourd'hui.
- Si tu oses me sortir que ce que tu as fait est un cadeau...

Ha ! Enfin. C'est qu'il avait presque commencé à perdre espoir. Maintenant qu'ils étaient bloqués dans l'ascenseur, il patientait comme il pouvait en attendant d'arriver à destination. Son objectif du moment était de faire réagir Ichigo, qui s'était enfermé dans un mutisme contrarié suite à la petite nouvelle de tout à l'heure.

- Je suis désolé ? tenta-t-il, même si les deux savaient qu'il n'en pensait pas un mot.

Il fut de nouveau ignoré. Le jeune homme avait composé pour la énième fois le numéro qu'il tentait de joindre, afin de réussir à contacter il ne savait qui pour faire annuler son ordre. Il avait eu beau lui indiquer que c'était une mauvaise idée parce qu'il serait vu comme changeant d'avis, ce qui n'était pas à son avantage, mais il s'en moquait visiblement. C'était plus pour ne pas lui laisser le dernier mot qu'autre chose... Et aussi parce qu'il était convaincu que ses membres étaient utiles et qu'il ne devait pas les exiler. Ichigo aurait été contre l'exil de qui que ce soit de toute façon. Quel dommage que la personne qu'il cherchait à joindre ne réponde pas. Il abandonna lorsque la petite sonnerie retentit et que les portes s'ouvrirent sur un petit laboratoire.

Sous le regard amusé d'Aizen, Ichigo traça son chemin en ignorant la personne faisant office de secrétaire (qui ne put s'empêcher de laisser échapper une exclamation indignée) pour pénétrer directement dans la pièce principale où se trouvaient tous les chercheurs et la personne qu'il désirait voir.

Le directeur des recherches scientifiques dans le domaine médical, un homme qu'il avait déjà pu croiser à de nombreuses reprises dans le passé, mais dont il avait très peu de souvenir. Celui dont il avait appris qu'il était l'esclave de son père seulement peu de temps après la mort de celui-ci. Homme qui lui adressa un léger sourire bienveillant quand il le vit débarquer comme une furie sur son lieu de travail sans se soucier ou être inquiété une seule seconde de son état d'esprit. Contrairement au reste de l'équipe qui interrompit son travail pour les observer, il se contenta de placer un éventail devant son visage.

Kisuke Urahara.


On commence doucement, mais ce "livre" promet quand même moins de blabla et plus d'actions. (ha, et des chapitres sans doute plus longs)
...Dans quoi je me suis embarquée sérieusement? ;-;

Merci d'avoir lu, je vous donne rendez-vous au prochaine chapitre!