Je sais, je sais, pardon. Je suis une extrême grosse flemmarde, et dès qu'une tuile m'arrive, je deviens incapable d'écrire ! Pour vous faire patienter et me faire pardonner, un petit lime en one-shot. J'espère que vous aimerez, et bonne soirée ! Merci à Ariane, ma bêta-lectrice qui ne connaît même pas encore la série, mais qui a voulu lire (oui, juste parce que c'était un lime, hahahahaha hm).
Thème 1 – Regarde-moi
« Nezumi, regarde-moi. »
L'interpellé soupire, se détourne. Il révise son texte pour ce soir, et ne veut pas être distrait. C'est vrai, quoi. La représentation du jeudi, elle est à lui. C'est lui qui choisit son texte, lui qui domine toute la soirée. Et ce soir, c'est encore plus sacré. C'est Shakespeare. Alors non, il ne veut pas obéir au petit prince naïf.
Ledit petit prince naïf se rapproche, et sans le voir, il l'entend. Il le sent. Shion boude, n'aime pas être ignoré, alors il embête Tsukiyo par dépit. Nezumi sourit, se plonge dans son texte, l'oublie.
Il est quelque peu surpris, Nezumi, car ce soir Shion n'est pas venu le voir. Pourtant le jeudi c'est sacré. Non pas qu'il tienne à la présence du jeune garçon – si, il y tient, mais l'avouer serait admettre qu'il a perdu – mais quand même, quelques minutes de plus de Nezumi, qui s'en passerait ?
Hamlet l'informe qu'il a boudé toute la soirée, Shion, et qu'il n'a rien mangé en plus de ça. Il s'est juste assis sur le lit, a agrippé un pan du drap et l'a juste serré entre ses doigts fins. Rien d'autre. Hamlet ne peut pas lui décrire les yeux dans le vide et les soupirs. Mais ce n'est pas l'affaire de Nezumi. Ce soir il a brillé, et que cela plaise à Shion ou non, il a récolté beaucoup de sous. Peut-être que manger le déridera ?
Et puis après tout, pourquoi boude-t-il autant ? Il l'a regardé, le Shion, il l'a regardé. Ils ne se regardent jamais au même moment, voilà tout. Et surtout, Nezumi n'aime pas recevoir des ordres d'un petit prince naïf.
« Non, regarde-moi, moi, pas mes cheveux. »
« Non, regarde-moi, moi, pas la marque sur ma joue. »
« Nezumi, regarde-moi. »
De rage, Nezumi l'a regardé. Bien en face. Il aurait pu le détruire avec ses yeux gris foudroyants, mais rien n'y faisait. Oui, il le regarde, et c'est cela qui compte pour Shion. Ne pas oublier qu'il existe, merci. Être d'égal à égal.
Nezumi voit rouge et son corps se tend dangereusement, Shion recule d'instinct.
Il ne peut rien dire lorsque son pull vole à travers la pièce, ébouriffant au passage ses cheveux blancs brillants, lorsque les boutons de sa chemise sautent pour dévoiler son torse peu musclé. A peine un gémissement étouffé lorsqu'une main brutale détache sa ceinture, sans faire grands cas du corps raidi de Shion. Ses propres bras n'essaient même pas de repousser Nezumi c'est impossible, vu ses maigres forces et, vraisemblablement, sa faible volonté. Shion ne connaît pas le désir, ou plutôt il ne le connaissait pas jusqu'à maintenant. Il se contentait de déblatérer de belles paroles très embarrassantes, et dont il comprend enfin le sens aujourd'hui. Ses pommettes s'embrasent, et il étouffe un petit soupir lascif en sentant la paume de Nezumi descendre son pantalon sur ses cuisses.
Il se laisse glisser sur le lit. La pulpe de ses doigts effleure à peine la peau du jeune homme brun, il tremble presque, craignant de violer un corps sacré. Il sursaute lorsqu'il atteint la brûlure dans son dos. Nezumi lâche un léger grognement Shion est bien trop inexpérimenté pour savoir si c'est du plaisir ou une ancienne souffrance. Il s'y risque encore, excité par la langue de Nezumi dans son cou. Les dents du Rat répliquent en se plantant dans son omoplate, assez fort pour que Shion arque son corps de douleur mais enfonce ses ongles dans la brûlure. Un râle s'échappe de la gorge de son sauveur, qui soudain lève les yeux vers Shion, et colle son bassin lentement au sien.
« Je te regarde. Tu le sens, je te regarde. Je te regarde, je te regarde tout le temps. »
Tout en lui parlant, collant encore ses hanches à celle de l'exilé, il se relève un peu et enlève son éternel châle.
« Si tu veux que je m'arrête, c'est maintenant.
- Non... Continue...
- Tu vas arrêter de me faire chier, comme ça, ricane Nezumi, faisant grogner Shion. »
Sa veste, son pull et ses chaussures prennent le même chemin. Shion soupire, gémit, à la fois gêné et exalté par le flot de nouvelles sensations qui court dans ses veines. Il s'agrippe à Nezumi, halète, se cambre pour mieux sentir la peau nue de son amant contre lui. Nezumi se fait reptile, il se transforme en prêtre qui retrace le serpent sacré sur le corps de Shion. Sa langue est mutine, dévie parfois du chemin pour pousser Shion à sa première extase. Il est magnifique, d'une telle pureté que Nezumi en regrette presque son éternelle naïveté il voudrait presque faire un commentaire désobligeant sur la ligne de ses cuisses fuselées, sa silhouette aussi gracile que celle d'une femme, mais sa verve s'arrête dans sa gorge. Il ne peut pas, en est incapable. Shion est un ange déchu, d'une rare et intense beauté, et Nezumi ne peut plus contenir le désir brut qui l'envahit, qui tombe comme une chape de plomb sur sa nuque. Elle ploie, sa bouche s'ouvre, sa langue accueille la fragrance la plus intime du jeune homme aux cheveux blancs. Les doigts de Shion se perdent dans ses cheveux, comme si chaque parcelle de peau articulation os cellule lui crient de ne pas s'arrêter, surtout, continue, je t'en prie, je t'en prie, Nezumi...
Nezumi n'entend presque rien, relève la tête pour capturer violemment la bouche son amant, le soumettre, le faire taire, le regarder happer de l'air, désespérément. Puis se calmer, presque, pousser un soupir impudique en s'étirant un peu plus, ravi de sentir les yeux gris de Nezumi sur son corps. Le serpent carmin se meut comme un appel à la luxure.
Nezumi et Shion. Le ventre qui se crispe lorsque Nezumi le pénètre. L'inconfort et la douleur, vite oubliés par le regard de Nezumi qui est merveilleusement rassurant il ne lui fera pas mal, et si c'est si bon que ça d'être en lui, il pourrait endurer ça jusqu'à la fin de sa vie. Sur cette pensée, toute souffrance le quitte, et le plaisir le fige, il sent ses os s'entrechoquer, il ferme les yeux, l'orgasme est proche, et Nezumi glisse brutalement en lui, mu par un désir et un plaisir toujours grandissant. La courbe de mon bien-être est exponentielle pendant le sexe, se surprend à penser Shion. L'instant d'après, la jouissance les foudroie. C'est comme boire la tasse sous l'eau, être aveuglé par une lumière trop vive, sentir tous ses muscles se contracter ils se disloquent et c'est tant mieux. Nezumi se retire en silence d'entre les cuisses ouvertes de Shion. Ils ne parlent pas, de toute façon, parler n'a aucun intérêt pour l'instant. Ils se fixent, laissant des gouttes de sueur rouler le long de leur front ou de leur torse. Shion se relève lentement, toujours sans dire un mot, emprisonne le corps de Nezumi dans ses bras, l'embrasse chastement. Ce dernier lâche un rire surpris.
« Pour quoi c'était, ça ? Encore un baiser d'adieu ?
- Non... Un baiser de remerciement. »
Le jeune homme brun esquisse un sourire qui creuse une fossette adorable au coin de sa bouche. Shion se garde bien de la lui faire remarquer, et se contente de baisser les yeux, rougissant à vue d'œil. Nezumi sait la véritable signification de ce baiser. Ils se recouchent, remettent consciencieusement la fine couverture sur leurs corps nus. Le corps de Shion exhale une chaleur divine, les doigts de Nezumi reposent sur la marque serpentaire qui coupe la nuque de son amant tout les amène à dormir, mais ils se regardent.
Ils se regardent, ils sont vivants. Rien n'était plus beau que cette constatation.
The End ~
