Disclaimer: Les persos ne nous appartiennent pas!

Œuvre, oui, parce que c'est une œuvre XD co-écrite avec Ann O'Neem! Un petit délire qui se transforme en fanfiction!

Bonne lecture à tous ! ^^


Le miroir de l'âme

Chapitre 1

Les oiseaux chantaient ce matin-là. Le soleil venait à peine de se lever. Les doux rayons orangés du soleil recouvraient Tsuna qui écoutait à travers ses yeux clos les trilles des oiseaux, serein. Contemplant le monde de couleurs explosives derrière ses paupières, il ignora tant bien que mal les douleurs que les coups des enfants avaient provoquées sur son corps et tendit l'oreille pour mieux entendre le chant particulier d'une alouette.

- Herbivore, fit une voix grave tandis qu'un pied le heurtait sans douceur mais sans violence dans les côtes. Il est interdit de dormir sur la bordure du fleuve.

- Bonjour à toi aussi Kyoya, souffla le châtain en entrouvrant légèrement ses yeux ambrés.

- Hn, répondit le jeune Hibari.

Tsuna se leva tout en s'étirant. Il laissa échapper une légère grimace avant de lancer un sourire pour la cacher. Kyoya s'était déjà éloigné et marchait droit devant. Tsuna ignora les petites douleurs de-ci de-là et suivit docilement le garçon.

- Où est Hibird? Surveillance?

- Hn.

- Tu le fais trop travailler. Il mange bien au moins?

- Hn.

- Je vois. Tant mieux.

Tsuna avait rattrapé Kyoya et ils marchèrent côte à côte. Un peu plus loin, plus haut dans le ciel, un petit oiseau jaune chantait l'hymne du collège de Namimori. Ils cheminèrent en silence et arrivèrent rapidement au quartier résidentiel où vivait le petit châtain. Ce dernier salua poliment le brun et s'en alla.

Une fois certain que son «ami» ne pouvait plus le voir, Tsuna baissa sa main. Le sourire généreux qui avait été jusque là sur ses lèvres s'effaça alors que ses yeux si chaleureux de couleur caramel devinrent soudainement glacés avec une étincelle dangereuse qui luisait.

- Je suis de retour, murmura Tsuna en entrant dans la maison.

Seul le silence lui répondit. Le petit châtain soupira faiblement et enleva son manteau. Il alla ensuite l'accrocher sur la paterne correspondante et observa les chaussures qui se trouvaient dans le genkan. Il était presque vide. Il n'y avait que des paires enfantines et pas une seule taille adulte.

- J'imagine qu'aujourd'hui aussi…susurra-t-il en fermant douloureusement ses yeux tandis qu'une expression de lassitude qui n'aurait pas du être sur ses traits juvéniles apparaissait.

Tsuna traversa le couloir devant lui et entra dans le salon. L'enfant, à peine âgé d'une dizaine d'années, fouilla dans l'un des tiroirs d'une petite commode. Il en sortit une enveloppe taille standard de couleur violette, assez épaisse. Il effectua ensuite une petite pression sur les côtés et le rabat sauta pour en dévoiler le contenu. Le châtain l'observa sans émotion: une liasse de billets. Puis, il piocha quelques billets et referma grossièrement la fente. Il replaça ensuite l'enveloppe parmi des centaines d'autres de multiple couleur dans le tiroir.

- Que vais-je manger ce soir? Murmura l'enfant en enfilant à nouveau son manteau. Des sushis peut-être?

Une fois dehors, Tsuna prit un air plus enfantin et parcourait les rues en jouant par-ci par-là avec des cailloux ou autre chose de ce genre là. Il arriva devant le restaurant de sushi Yamamoto et y entra.

- Take-chan?

- Oh! Mais c'est le p'tit Tsuna!

- Bonjour, Oji-san.

Tsuna pénétra calmement dans le restaurant et referma la porte coulissante. Le petit garçon balaya la salle d'un regard rapide. Ce n'était pas encore l'heure de pointe mais mieux valait se placer en retrait. Il s'installa dans un coin quand un bruit de pas familier lui annonça que son ami Takeshi descendait.

- Yo! Tsuna!

- Bonjour, Take-chan!

- Tu viens manger ici?

- Hai~ J'ai dit à mes parents que je voulais jouer avec toi.

Le père de Takeshi, Yamamoto Tsuyoshi, s'inquiétait un peu pour le gamin. Quels genres de parents laisseraient leurs enfants manger seuls dans un restaurant? Enfin, si jamais les enfants jouaient trop et que la nuit s'était avancée, le petit pouvait toujours rester pour la nuit ou bien, il le raccompagnerait lui-même. Mais pas la peine de s'inquiéter. Ce n'était encore jamais arrivé. Et sans doute, ça n'arrivera pas de sitôt. Le petit Tsunayoshi était très consciencieux. Les parents du jeune garçon devaient être fortement occupés. Puis, une pensée le traversa. Il se frotta le menton. Avait-il seulement déjà vu ses parents?

- Tsuna! Pour un client aussi fidèle que toi, je te fais une petite ristourne. T'en penses quoi? Tu pourras choisir le dessert que tu veux.

- Super! Merci beaucoup Oji-san!

Durant le repas, Tsuna discuta joyeusement de tout et de rien avec Takeshi. C'était rafraîchissant de les voir ensemble aussi innocent. Puis, lorsque le petit châtain eut fini son copieux repas, il remercia avec sa timidité habituelle la famille Yamamoto et s'en alla. Tsuyoshi regarda avec inquiétude la porte qui se refermait derrière le seul véritable ami de son fils et sentit son cœur se serrer. Quelque chose n'allait pas avec Sawada Tsunayoshi.

Tsuna marchait calmement dans les rues nocturnes de Namimori, profitant de son calme et de sa sérénité pour flâner, lorsqu'un bruit de pas lents résonna dans son dos. Un léger frisson lui parcourut l'échine et il resserra les pans de sa veste molletonnée contre son torse. Le châtain accéléra le pas, prêt à courir à tout instant. Il écarquilla les yeux en entendant cette même personne en faire de même. Pourquoi cela devait-il être ce soir? Se lamenta alors l'enfant en commençant à courir. Pourquoi un soir où il était encore endolori par les coups de ses camarades de classe?

Sa course effrénée s'arrêta aux bords du fleuve, justement l'endroit où il avait échoué après les règlements de compte entre enfants de sa classe. Tsuna reprit son souffle et se retourna. Il suait à grosse goutte. Pas vraiment idéal juste après avoir mangé. Il contempla, bouche bée, l'homme qui le poursuivait depuis un moment. Tsuna recula d'un pas. Cet homme était tout vêtu de noir, jusqu'à avoir son visage masqué. Seuls ses yeux étaient reconnaissables. Ces derniers brillaient d'ailleurs avec un éclat familier.

Un assassin.

Les yeux caramel de l'enfant se rétrécirent. Encore un autre. Jamais ils ne se lassaient? Quand est-ce que cela allait se terminer? Tsuna abandonna son visage douloureux et le ferma complètement. Il ne devait rien laisser paraître. Il ne lui laisserait pas ce plaisir. L'enfant se redressa. Il devait faire vite et ne devait en aucun cas éveiller les soupçons du voisinage, sinon, eux aussi, serait en danger.

- Sawada Tsunayoshi.

- …

- Tu es mort!

L'assassin s'élança vers Tsunayoshi qui esquiva tant bien que mal ses attaques. Non seulement il n'était encore qu'un enfant, mais ses douleurs le tiraillaient. Mais il ne devait rien laisser transparaître. Il ne devait pas se montrer faible ou c'était la fin de tout. Sawada Tsunayoshi… Résiste…Résiste… Encore un peu. Les attaques se faisaient plus précises, plus tranchantes, plus meurtrières. Cela ne pouvait plus durer. Il devait faire quelque chose. Un nouvel éclat brilla dans ses yeux. Une volonté s'animait en lui.

- Fini de jouer, monsieur l'assassin.

Le tueur recula par prudence. Quelque chose avait changé chez sa proie ainsi que l'atmosphère qui l'entourait. Il avait une aura plus…dangereuse. Il resserra la prise de son arme. L'enfant n'avait plus cet air effrayé. Pourquoi? Le masque était tombé, sans oublier le fait qu'une fine flamme orangée s'était allumée sur son front.

- V-Vongola, murmura l'assassin en resserrant encore plus ses doigts autour de son couteau.

Tsuna renifla et éleva doucement ses mains en position défensive. Il avança son pied droit, fit un léger arc de cercle et tendit ses muscles. Le doute n'était plus permis. Le temps était compté.

- T-tu n'es qu'un enfant! S'exclama le tueur qui tenta de se calmer. Tu ne devrais même pas être au courant de la mafia! Ni être capable d'utiliser les flammes!

- Quoi… Ça? S'étonna faussement Tsuna en augmentant l'intensité des flammes.

Il plia plusieurs fois ses doigts, les flammes de son front s'étalant sur ses mains. Puis, l'enfant reprit froidement.

- Pas de chance pour toi, monsieur l'assassin, mais je sais le faire.

Le jeune garçon ne laissa pas l'homme riposter, préférant de loin passer tout de suite à l'action. Ses mains enflammées frappèrent habilement la nuque de l'assassin. Un craquement sec retentit dans l'air pur de la nuit. L'enfant souffla et ses flammes disparurent progressivement, avalées par les ténèbres. Il dirigea ensuite ses yeux encore orangés et froids vers la dépouille et fouilla les poches de sa victime, gardant tout ce qu'il y trouvait. Tsuna sortit ensuite de sa poche un téléphone et appela la seule personne qui saurait l'aider dans ces moments là.

- Kyoya, fit-il dès que son interlocuteur eut décroché. J'ai une scène à nettoyer et un corps à effacer.

- Hn. Cinq minutes.

Tsuna raccrocha et ferma ses yeux tout en soupirant. Il se pinça l'arête du nez et rouvrit ses yeux redevenus caramels. Il regarda de nouveau le corps sans vie étendu devant lui. Ce stupide assassin avait très clairement mentionné le monde de la mafia et les Vongola. C'était la première fois qu'un des hommes envoyés pour l'exterminer prononçait ces mots. Celui du jour était bien bavard. Sans doute était-ce une nouvelle recrue qu'on avait envoyée pour faire ses preuves. Pas de chance pour monsieur l'assassin, sa proie s'était révélée être son prédateur.

- Herbivore.

La voix de Kyoya le sortit de ses réflexions. Tsuna redressa sa tête tout en effaçant son visage de meurtrier. Il adressa un large sourire à son ami. Ce dernier l'ignora et alla aussitôt observer le cadavre. Il appréciait la précision du coup qui avait brisé la nuque de l'assassin. Le ménage n'en serait que plus facile.

- Herbivore, répéta Kyoya avec une voix plus sérieuse, tu devrais prévenir tes parents.

Tsuna haussa ses sourcils, profondément surpris. Avait-il bien entendu? Lui! Hibari Kyoya! Le démon de Namimori, à qui rien que le nom faisait trembler les voyous, lui avait conseillé de… de prévenir ses parents? Le châtain referma à nouveau ses yeux une seconde avant de les rouvrir. Il regarda son ami droit dans les yeux. Son sourire se fit plus doux, plus vrai. Les yeux gris du brun s'obscurcirent lorsqu'il vit le sourire de l'enfant en face de lui.

- Merci Kyoya, dit doucement Tsuna en s'inclinant avec respect, merci de t'inquiéter autant pour moi et pour tout ce que tu as fait. Mais je n'ai pas envie de les inquiéter inutilement. Puis il compléta mentalement. Sans oublier que je ne pourrais jamais les contacter.

Hibari bailla et haussa ses épaules. Il passa devant le châtain pour ramasser le cadavre. Après tout, pourquoi devait-il s'en soucier? Peu lui importait son état du moment que ce dernier allait à l'école et ne provoquait pas de raffut dans sa ville. Tsuna rentra chez lui tandis que le jeune préfet s'occupait du paquet encombrant. Il y en avait de plus en plus ces temps-ci. Une autre journée difficile s'annonçait. Il rentra chez lui, retira ses chaussures, les positionna bien et pénétra à l'intérieur de la maison.

- Je suis rentré.

Seul le silence lui répondit. Tsuna soupira et monta à l'étage. Il entra dans sa salle de bain. Après tout, le garçon avait besoin d'une bonne douche. Ses vêtements étaient sales. Heureusement que cette fois-ci, il n'y avait pas de sang. L'enfant en avait déjà rencontré des plus coriaces et des combats bien plus sanglants. Le châtain se déshabilla devant un grand miroir et observa son corps. Il n'avait que dix ans, alors pourquoi? Il était à la fois petit et faible mais paradoxalement incroyablement fort. Et si jamais cette force se retournait un jour contre des innocents, que ferait-il?

Son corps était recouvert d'hématome. C'était la cruelle trace de ce qu'il avait vécu, la trace des coups qu'il avait reçu des autres enfants. C'était la preuve de son existence parmi les enfants de son âge. Il devait être fort. Tsuna détailla ses blessures. Les bleus, c'étaient les enfants de son âge. Par contre, les entailles qui avaient déjà cicatrisé un peu partout, c'était de la part des adultes, ou plutôt, de ces maudits assassins. Tsuna soupira et entra dans son bain. Il soupira d'aise. Il ferait mieux de se dépêcher. Cela ne servait à rien d'observer son corps jour après jour. A chaque blessure et bleu qui disparaissait, de nouveaux les remplaçaient. Inlassablement. Tel était son cycle de vie. Si ses amis n'avaient pas été là, sans doute, lui non plus n'aurait plus été là.

Tsuna se frappa doucement les joues pour faire partir ses idées noires. Il plongea ensuite son petit corps d'enfant dans la baignoire. Il y resta quelques secondes puis remonta à la surface en inspirant bruyamment. Tout allait bien. Il était en vie. Il était fort. Il continuerait de gagner. Il restera invaincu. Il ne se laissera jamais faire. Après ces quelques pensées, il sortit de l'eau pour se sécher. Un petit sourire se traça sur ses lèvres en repensant à Kyoya. Si jamais il avait le malheur d'arriver en retard le lendemain matin, il ne donnerait pas cher de sa peau. Tsuna alla se coucher, se reposant dans une nuit noire, sans bruits et sans rêves.

Lorsque le réveil sonna le lendemain matin, la seule réaction que cela provoqua chez le châtain fut un grognement de déplaisir. Un coussin volant heurta le réveil, ce qui le fit taire définitivement. Plusieurs minutes passèrent, baignées dans la félicité de reprendre son repos, quand la réalisation de l'heure qu'il était frappa violemment Tsuna.

- HIIEEE! Je suis en retard, piailla-t-il en s'habillant à toute vitesse.

L'enfant sortit de sa maison sans prendre de petit-déjeuner. Il courut dans les rues paisibles de Namimori pour arriver à son école primaire et fut accueillit au portail par le visage contrarié de Kyoya. Ce dernier avait l'air plutôt ennuyé de constater que le châtain était arrivé à l'heure. Le presque retardataire lui lança un petit sourire désolé avant de foncer en classe.

La journée se passa ensuite assez normalement. Tsuna se faisait maltraiter par les jeunes de sa classe. Yamamoto, qui était dans une autre classe, le rejoignit à la pause pour partager son bentô avec lui. Le châtain n'avait malheureusement pas eu le temps de s'en préparer un et Kyoya se ramena pour goûter les sushis du jeune baseballeur. La journée fut de loin paisible et ordinaire. Une fois la fin des cours arrivée, Tsuna se dépêcha de rentrer chez lui.

- Je suis de retour, fit-il doucement.

Comme d'habitude, personne ne lui répondit. Seul le silence et la solitude lui tinrent compagnie depuis quelque temps déjà. Il soupira doucement en déposant son cartable à l'entrée. Il enleva ses chaussures et récupéra son cartable. Puis, il fit ses devoirs sur la table haute du salon, balançant ses petits pieds dans le vide sur sa chaise bien trop haute. Une fois terminée, il ouvrit son frigo. Contemplant le réfrigérateur vide, Tsuna fronça ses sourcils avec ennui. Il décida alors de sortir faire quelques courses.

Une enveloppe violette dans sa poche, il se rendit au conbini du coin et examina attentivement les briques de lait ainsi que les plats préparés. Une fois avec assez de ravitaillement pour affronter la semaine qui suivait, le petit châtain sortit de la boutique et se figea en sentant une aura agressive.

- Kufufu~ c'est donc cet avorton que je dois abattre pour faire mes preuves?

Tsuna se retourna brusquement, faisant face à un enfant de son âge. Non…de l'âge de Kyoya pour être exact. Le petit garçon recula. Non… Pas en plein jour. Non! Le châtain se retourna et observa le soleil couchant. La nuit approchait à petit pas. Mais pas encore assez pour passer inaperçu. L'enfant recula encore tandis que l'ennemi avançait d'un pas, le visage orné d'un large sourire. Tsuna le l'aimait pas. Il avait un mauvais pressentiment.

Soudain, le plus jeune tourna le dos à son adversaire et se mit à courir. Il fut rapidement suivit par le jeune garçon aux yeux vairons. Les adultes qu'il passait, qu'il bousculait, penseraient sans doute à des gamins bruyants jouant à chat, ou une autre bêtise de ce genre. Bien sûr… C'était évident! Il ne fallait jamais accorder sa confiance à l'un de ces adultes, jamais. Ces êtres ordinaires ne se rendaient même pas compte de l'intensité de l'animosité de cet enfant à son égard?

Il ne fallait surtout pas impliquer des civils. Tsuna empruntait des petits passages, des parcours aussi bien faciles que difficilement praticables. Deux attaques en deux jours seulement. C'était beaucoup. Ses ennemis s'impatienteraient-ils? D'habitude, il avait au moins quelques jours de répit devant lui. Deux commanditaires différents? Il aurait du rester sur ses gardes. Il courait sans s'arrêter. Il ne devait surtout pas s'arrêter. Il était toujours Dame-Tsuna en plein jour. Aucun des gens aux alentours ne devaient le savoir. Il ne pouvait pas se battre. Si jamais il croisait ses «camarades» de classe, ils devaient penser qu'il se faisait martyriser par un autre élève, tout simplement. Comment faire pour s'en sortir? Puis, Tsuna vit une petite boule jaune voler bien haut dans le ciel, poussant la chansonnette. Il jeta un regard derrière lui. Le garçon arrivait à suivre son rythme effréné.

- Hibird! Hibird!

Tsuna cria à pleins poumons vers l'oiseau dans le ciel. Mukuro regarda sa future victime comme si elle était folle. Il ne devait pas se déconcentrer. Mais pourquoi devait-il le tuer pour faire ses preuves? Le jeune garçon ne devait pas être si fort pour demander de l'aide à un simple oiseau. Franchement, où était l'intérêt de tuer un simple gamin? Misérable.

- Herbivore! Herbivore! Hibari! Hibari! Herbivore!

Hibird disparut de son champ de vision. Bien. Le signal était lancé. Mais parviendrait-il à tenir le coup sans riposter? Il devait aller encore plus vite. Soit Kyoya arrivait d'abord pour le sauver. Soit la nuit tombait d'abord et il attaquait le jeune assassin. Alors? Lequel arrivera en premier? Il espérait de tout cœur qu'il n'ait pas à éliminer cet enfant.

Soudain, un mur se retrouva devant le châtain. Il ne pouvait plus freiner ni tourner. Ce dernier ferma ses yeux tout en fonçant directement dedans. Il attendait le choc qui ne vint pas et rouvrit ses yeux pour maintenir sa vitesse maximale. Il était passé au travers du mur. Il entendit le rire étrange de l'enfant qui le poursuivait.

- Kufufu~ tu sais donc voir à travers les illusions… Te tuer sera vraiment plaisant…

Un craquement résonna dans le dos de Tsuna et s'arrêta net. Une petite boule de plumes jaunes vives se posa dans les cheveux du jeune garçon qui sourit. Seulement, à la place du sourire timide que Dame-Tsuna faisait à longueur de journée, celui-ci n'aurait pas dépareillé sur un requin.

Son sourire était le même que celui d'un prédateur qui venait d'encercler sa proie.

Un raclement de métal sur le sol attira l'attention de l'enfant assassin. L'assassin se retourna juste au moment où un tuyau de construction fut lancé au niveau de sa tête.

- Oya? C'est passé de près, commenta l'enfant alors qu'une brume indigo l'entourait pour le protéger.

- Hn, répondit calmement le nouveau venu, s'avançant dans la ruelle sombre où s'étaient terrés les deux enfants. Je ne te raterais plus.

Les yeux ambrés de Tsuna s'écarquillèrent lorsqu'il remarqua par dessus l'épaule de son ami fanatique de discipline que le soleil s'était presque entièrement couché. Le temps était compté. Il priait pour que cette boule de lumière s'éteigne et plonge la ville dans l'obscurité.

- Encore quelques secondes, murmura le petit châtain en serrant ses doigts nerveusement.

Plus que quelques secondes et il pourrait lui venir en aide. Il tripota nerveusement ses doigts. Il reporta son regard sur les deux enfants qui se jugeaient du regard.

- Kufufu~ rit le jeune assassin en apparaissant soudainement derrière Kyoya, tu n'as pas l'air d'un garde du corps engagé par les Vongola. Qui es-tu?

- Hibari Kyoya, répliqua simplement le brun en utilisant son tuyau pour attaquer l'ennemi.

Ce dernier évita sans problème l'attaque et rit sombrement pendant que l'autre jeune continuait à essayer de lui porter un coup. Tsuna les observa en silence. Une évidence lui sauta aux yeux. Kyoya n'avait pas ses tonfas avec lui. Comme ses armes pesaient trop lourd et étaient difficiles à cacher dans ses vêtements enfantins, il était obligé de les transporter dans une petite valise. Et cette dernière ne se trouvait nulle part en vue…

- Hibari! Herbivore! piailla Hibird qui était toujours sur sa tête. Hibari!

- Hibird, cria le châtain en prenant le canari dans ses mains jointes. Va chercher les tonfas, d'accord?

L'oiseau sembla comprendre ce que disait le jeune humain car il s'envola aussitôt les mots prononcés. Tsuna le suivit à la trace et arriva devant un attroupement de jeunes qui contemplaient un groupe de voyous assommés placé en forme de pyramide. Le petit châtain aperçut, pas loin de la montagne, la fameuse valise contenant les tonfas recherchés. Il l'a prit dans ses bras, poussant une exclamation de surprise face au poids de cette dernière. Comment pouvait-on se battre avec? D'ailleurs, il avait trébuché sans tomber sous la surprise des poids. Tsuna réajusta sa prise et continua sa course folle contre la montre. Il rejoignit les deux enfants qui se battaient toujours dans la ruelle. Kyoya semblait plus désavantagé que l'autre sans son arme fétiche. Le châtain lança les tonfas en direction du brun qui sourit.

- Je vais te mordre à mort, susurra-t-il avec une voix mortellement sérieuse.

Pourquoi était-ce aujourd'hui que le soleil mettait autant de temps à se coucher? Depuis le temps que Tsuna le fixait, il n'avait pas bougé. Pourtant, il avait fait une course entre deux regards. Il regarda son ami se battre contre l'assassin du jour. Kyoya semblait beaucoup s'amuser, comme à chaque fois qu'il se battait. Il était clairement plus à l'aise avec ses tonfas. C'était bien son arme fétiche. Tsuna était émerveillé face à leur combat. Celui-ci était d'une telle intensité. Quand à l'autre enfant, il possédait un trident et matérialisait des illusions. Mais Kyoya n'en avait cure, tout ce qui lui importait c'était de le «mordre à mort».

- Tu te défends pas mal, pour un ananas.

- Kufufu~ Puisque tu m'as donné ton nom, l'ananas te fera l'honneur de dire le sien. Rokudo Mukuro.

Soudain, Tsuna se rendit compte qu'il faisait nuit noire. Il avait été tellement absorbé par les échanges qu'il n'y prêtait plus attention. À présent, il pouvait y aller. Tsuna se concentra et appela ses flammes quand Kyoya atterrit juste devant lui, en position défensive. Le châtain interrompit le processus, surpris.

- Herbivore. C'est mon combat.

- Mais, Kyo-

- Herbivore!

Le ton était sans appel. Tsuna baissa ses mains. Il devait faire confiance à son ami. Il était fort. Très fort. Ainsi, l'enfant resta simple spectateur du combat. Une fois Hibari Kyoya sérieux, plus rien ne pouvait plus l'arrêtait. Pas même lui. Il ne pouvait plus rien faire pour cet garçon. Mukuro n'avait plus aucune chance d'échapper à la soif de sang d'Hibari Kyoya.

- Je vais te mordre à mort.

- Kufufu~ J'attends de voir cela, ma chère alouette.

Les deux enfants continuèrent de se battre. Encore et encore. Coups après coups. Refusant la défaite. Leur volonté de vaincre était plus forte que tout.

Tsuna les regardait. Il était témoin de leur volonté et n'avait pas le droit d'intervenir.

Le temps passa et les deux combattants ne devinrent plus qu'un amas de chairs sanguinolentes sous son regard attentif. Tsuna ne put retenir un léger grognement, à peine perceptible, lorsqu'il remarqua que Kyoya ne bougeait plus qu'à grande peine. Sa volonté inhumaine forçait son corps brisé à bouger. De l'autre côté, le garçon nommé Mukuro n'était pas en meilleur état que le préfet et ses illusions commençaient à faiblir. Ils étaient essoufflés et respiraient à grande peine. Puis, sous une impulsion synchronisée, les deux combattants se jetèrent l'un sur l'autre dans un dernier cri de rage pour asséner l'ultime assaut. Mais la fatigue et le manque de précision firent que ces enfants ratèrent tous deux leur coup et tombèrent à genoux sur le sol goudronné. Tsuna soupira et s'approcha doucement de son ami. Ce dernier avait les yeux mi-clos et respirait très difficilement, ses mains encore crispées sur ses tonfas.

- Laisse-moi continuer, murmura Tsuna en s'accroupissant devant l'enfant aux cheveux noirs.

Les yeux gris flashèrent avec un éclat menaçant et le petit châtain soupira à nouveau. Pourquoi Kyoya devait-il être si strict concernant ses combats? Lui et sa foutue fierté. Toujours quelque chose à redire. Un écho de gémissement retentit dans le dos du châtain et il se retourna pour contempler l'illusionniste qui essayait sans grand succès de se relever.

- Suffit, siffla Tsuna en se mettant entre les deux combattants à terre. Le combat s'arrête ici.

- Ou quoi?, demanda Mukuro en s'appuyant sur son trident pour se lever. Tu me tueras?

Les yeux caramel virèrent à l'orange dans la seconde tandis que l'illusionniste riait sombrement. Une aura froide, voir glaciale l'entourait, faisant contraste à la couleur si chaleureuse de ses flammes.

- Je n'en attendais pas moins du futur héritier des Vongola, ricana ce dernier en admirant l'enfant maigrichon au front enflammés et aux yeux inhumains. Vas-y, tue-moi.

L'action s'était passée en moins d'une seconde. Mukuro cilla, essayant encore de comprendre ce qui se passait. Tsuna s'était avancé vers lui et l'avait saisi par la gorge. Malgré sa petite taille, il avait pu le soulever. Les doigts crispés sur sa chair se mirent à chauffer et une plainte s'échappa ses lèvres obstinément closes jusqu'à ce qu'il sentit sa peau brûler sous le toucher ardent du châtain. Puis, l'enfant le relâcha et recula, rejoignant Kyoya qui respirait bruyamment au sol. Tsuna prit un bras et le passa autour de son cou pour ensuite le prendre sur son dos.

- Ceci est avertissement, lança-t-il à Mukuro sans le regarder. Si jamais tu reviens pour me tuer, je finirais ce que j'ai commencé aujourd'hui.

Sur ces sombres mots, il s'en alla, Kyoya sur son dos et sans un regard en arrière. Mukuro caressa doucement sa peau boursouflée et une illusion se posa sur celle-ci pour la guérir. Un sourire fleurit progressivement sur ses lèvres et il se mit à rire lentement. Son rire forcit et bien vite des larmes d'hilarité coulèrent le long de ses joues enfantines.

- Kufufu~ Les Vongola ne savent pas dans quoi ils se sont mis! Cet enfant apportera leur destruction! Kufufu~

Un peu plus loin, où seuls quelques faibles échos de rire retentirent, Tsuna avançait doucement avec Kyoya contre lui. Une petite boule jaune qui s'était éloignée un temps revient avec force.

- Herbivore! Herbivore!

Hibird se posa sur la chevelure de Tsuna et s'y installa bien confortablement. C'était bien fatiguant de venir en aide à ses enfants. De temps à autre, Tsuna s'arrêta pour réinstaller le blessé sur son dos. Heureusement, il faisait encore nuit noire à cette heure-ci. Le combat avait tellement duré que le matin risquait de se pointer d'un moment à un autre.

- Herbivore. Lâche-moi.

- Ou je me fais mordre à mort?

Tsuna sourit faiblement tandis qu'il réinstallait Kyoya. Celui-ci n'avait même plus la force de se dégager. Si seulement il n'avait pas eu à impliquer son ami dans ces sales histoires. Il rêvait d'une vie tranquille et sans problème. Mais l'enfant le savait, ce n'était qu'une utopie. Tsuna ramena Kyoya chez lui et entra dans la grande maison de style japonaise. Il fit coulisser la porte avant de la refermer habilement avec le pied pour ensuite commencer à se déchausser tout en aidant le brun à en faire de même. Le châtain rangerait leurs souliers correctement plus tard.

- Désolé du dérangement.

Personne ne lui répondit. Comme chez lui, pensa-t-il. Tsuna pénétra dans la maison et chercha la chambre de son ami. Il n'avait pas souvent eu l'occasion de venir s'amuser ici mais il se rappelait plus ou moins où était orientée la chambre recherchée. Par contre, le garçon allait avoir besoin d'indication pour trouver les toilettes et la salle de bain.

- Service de nuit? demanda soudainement le châtain.

- Hn.

Les parents de Kyoya travaillaient souvent de nuit, comme s'ils laissaient à leur fils l'honneur et la responsabilité de faire régner la justice à Namimori le jour. Une famille entière accro à la discipline. De quoi avoir peur. S'ils savaient qu'il le faisait travailler la nuit aussi, surtout ces derniers temps, Tsuna ne donnerait pas cher de sa peau. Sans doute serait-il mordu à mort par les parents aussi bien que par le fils. Le châtain déposa Kyoya dans un coin sur le tatami. Il commença à fouiller la chambre sous les grognements du brun. Ne trouvant pas ce qu'il recherchait, le jeune réveilla l'oiseau sur sa tête.

- Hibird, trousse à pharmacie.

Fraîchement réveillé, Hibird battit des ailes et s'envola dans la maison. Tsuna courut pour rattraper l'oiseau et revenir avec une énorme trousse dans les bras.

- Interdiction de courir dans les couloirs. Tu seras mordu à mort pour cela.

- Hai, hai.

Kyoya le menaçait juste pour la forme. Tsuna arrivait, à peu près, à faire la différence entre ce que le brun disait pour la forme et ce qu'il disait quand il était sérieux. Le jeune Hibari avait déjà du mal à s'asseoir tout seul. Enfin…il avait légèrement récupéré sur son dos mais combattre aussi longtemps pour un enfant n'était pas la meilleure des solutions, surtout en pleine nuit.

- J'aurai juré que tu avais une trousse personnelle dans ta chambre.

Tsuna déshabilla doucement Kyoya, évitant les frottements trop brusque et commença à le soigner. Hibird, fatigué de sa nuit de garde, entra dans sa cage et se reposa. Les deux enfants le regardèrent s'endormir immédiatement, attendris, jusqu'à ce que Tsuna fasse un petit faux mouvement qui rappela la douleur au brun. Celui-ci lui envoya son regard si spécial qui rappelait celui d'un tueur à gage avant de soupirer. Une fois les soins achevés, le châtain sortit le futon du placard et y installa son ami.

- Je dois aller faire ma ronde.

- Hors de question!

Tsuna força le manieur de tonfas à rester allongé au lit, quitte à le faire souffrir un peu en appuyant sur une blessure.

De la patience. Plus que quelques heures avant le début des cours.

- Dors. Il ne faudrait pas arriver en retard à l'école.

- Parle pour toi, herbivore.

Le châtain laissa échapper un petit rire doublé d'un sourire qui convainquit le carnivore à rester au lit. Mais pour quelques heures seulement. Juste le temps de récupérer un peu pour pouvoir le mordre à mort pour avoir couru dans le couloir à l'intérieur de sa maison. Tsuna quitta la maison en prenant bien soin de refermer la porte derrière lui.

Une fois la porte refermée, son sourire disparut et ses yeux ambrés se tournèrent vers le sommet d'un arbre assez haut à sa gauche. Un froissement se fit entendre et une silhouette descendit gracieusement du végétal pour s'incliner devant le petit garçon.

- Tsunayoshi, murmura le nouveau venu en gardant sa posture révérencieuse. Je vois que vous êtes toujours aussi occupé.

- Tsunomichi, salua Tsuna avec une voix mesurée. Que fais-tu ici?

- Je viens m'enquérir votre réponse, répondit le dénommé Tsunomichi en gardant son sourire énigmatique sur les lèvres. Allez-vous enfin accepter notre offre?

Le petit châtain secoua doucement sa tête. Il en avait assez de tout cela.

- Je ne sais toujours pas, susurra-t-il en fermant avec fatigue ses yeux.

- Je vois, murmura l'homme en se redressant pour examiner sa montre. Je repasserais un autre jour pour entendre votre réponse définitive. Cependant, cher Tsunayoshi, un jour, vous devrez vous décider et choisir votre camp. Un autre de vos proches pourrait en souffrir…

Tsuna garda les yeux fermés et hocha sa tête tristement. Il le savait. Trop bien même. Depuis ce jour où sa mère avait été visée par les attaques de ces assassins, il avait été courant. Un jour, il aurait à se décider et il partirait de Namimori. Mais son côté encore infantile ne pouvait se résoudre à quitter sa chère ville natale. Il ne voulait pas faire ses adieux, à Yamamoto et son père, à Kyoya et Hibird… Non, pas encore.

Tsuna rouvrit ses yeux ambrés et remarqua sans surprise que l'homme qui se faisait appeler Tsunomichi avait disparu sans laisser de traces. Inutile de le chercher. Comme à chaque fois qu'il apparaissait dans sa vie, le mystérieux individu s'était évaporé tout aussi vite. L'enfant haussa ses épaules et réprima un bâillement tout en se dirigeant vers sa maison. Il ouvrit doucement la porte en contempla le pallier vide.

- Je suis rentré.

Écoutant le silence pesant qui régnait dans la maison, le petit châtain se rendit dans le salon et saisit son cartable contenant ses devoirs. Il prit ensuite une douche rapide et rangea ses achats qu'il n'avait pas oubliés malgré toutes ces péripéties. Tsuna mangea son petit-déjeuner et regarda l'horloge. Plus que deux heures avant le début des cours. Il bailla bruyamment. Le châtain se coucha, éreinté, sur le canapé devant la télévision sans oublier de régler son réveil, afin qu'il sonne une heure plus tard. Il se laissa ensuite sombrer dans les bras de Morphée. Enfin du repos.

Des nuées de brume indigo apparurent progressivement dans le salon et une silhouette enfantine en sortit. Le nouveau venu s'approcha de l'enfant endormi et lui caressa doucement la joue.

- Voici donc le pion qui me permettra de me défaire enfin du monde de la Mafia, murmura-t-il en contemplant le visage paisible de l'endormi.

Tsuna ouvrit soudainement les yeux en se redressa. Il se mit en garde. Il regarda tout autour de lui. Personne. Étrange. Il aurait pourtant juré qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la salle. Tsuna baissa un peu sa garde après avoir vu qu'il n'y avait personne et regarda son réveil. Plus qu'une demi-heure. Il soupira. Cela ne servait plus à rien de se rendormir mis à part le fatiguer encore plus qu'il ne l'était déjà. Un nouveau soupir. Il se prépara au départ. Et après tout, arriver tôt à l'école une fois de temps en temps, ça pouvait être plaisant.

Tout le long du chemin, Tsuna avait eu l'impression la désagréable sensation d'être suivi. La présence se faisait tantôt sentir, tantôt pas. Il avait un doute. Ce n'était pas un débutant mais la maîtrise n'était pas encore parfaite. Arrivé devant l'école, Tsuna eu la mauvaise surprise de voir Kyoya déjà à son poste. Décidément, rien n'allait ce matin.

- K-

- Herbivore.

Tsuna vit qu'il y avait d'autres membres du comité à côté. Il se mit alors à chuchoter pour qu'il n'y ait que son ami qui l'entendre.

- Tu aurais du rester couché!

- …

Tsuna soupira. À tous les coups, son ami irait à nouveau dormir sur le toit de l'école. Mais à quoi lui servait-il donc à ce feignant de se rendre en cours? Et dire que si c'était lui qui séchait, il aurait droit à son coup spécial de la morsure à mort. Un nouveau soupir. Ils se faisaient nombreux ces temps-ci. Le châtain fit signe à son ami qu'il allait en classe et entra dans le bâtiment.

Une fois dans la classe, Tsuna s'installa à sa place. De là, il avait une vue sur le terrain de sport. Il y vit alors Takeshi qui jouait au baseball. Lui aussi venait tôt à l'école. Le garçon se coucha sur sa table, la tête posée dans ses bras croisés. Encore heureux que celui-ci ne soit pas impliqué aux combats et aux Vongola. Encore, il pouvait l'accepter pour Kyoya, et de toute façon, il n'avait rien à lui dire. Ce carnivore était tellement obsédé des combats qu'il s'y impliquerait même si lui n'était pas concerné. Mais le baseballeur lui, n'en savait rien. Ignorant de tout. Il ne saurait pas se défendre. Perdu dans ses pensées, la classe se remplit peu à peu, formant un bruit de fond loin d'être désagréable. Soudain, Tsuna ressentit la présence. Il se leva brusquement, arrêtant les discussions aux alentours. Il ne vit rien. Puis, d'énormes éclats de rire explosèrent dans la salle.

- Bah alors, Dame-Tsuna? T'as vu un fantôme ou quoi?

Ce que les enfants pouvaient être cruels. Il se rassit silencieusement. Oui, à l'école, il était dame-Tsuna et rien d'autre. Dame… Tsuna… La cloche sonna et le professeur entra.

- Je vais vous présenter un nouvel élève. Il est votre aîné d'une année mais étant donné qu'il a été très longtemps malade, on a du le placer dans votre classe.

Le nouvel élève entra. Des murmures fusèrent, plus du côté des filles intéressées que des garçons mécontents. Encore un garçon dans la classe. Tsuna releva la tête et dès qu'il vit l'élève, ses yeux s'agrandirent. Tout mais pas ça.

- Kufufu~ Je m'appelle Rokudo Mukuro. Enchanté.

- Bien, Mukuro-kun, déclara le professeur en posant une main sur l'épaule du nouvel élève, ne remarquant pas la grimace de dégoût de celui-ci. Tu peux aller t'asseoir à côté de Tsuna. Sawada-kun, lève-toi pour qu'il puisse te voir.

Tsuna s'empressa d'obéir aux ordres mais il tremblait. Tant que ses jambes s'emmêlèrent, ce qui fit tomber son pupitre, causant des rires moqueurs des enfants de sa classe. Mukuro contempla le tout en silence et s'approcha du châtain inoffensif, un petit sourire entendu aux lèvres. Tsuna l'ignora du mieux qu'il pouvait et tenta même de suivre les cours. Cependant, alors que leur professeur marmonnait des mathématiques, provoquant de ce fait l'état comateux des élèves de sa classe, une main caressa la joue du châtain. Celui-ci sursauta en poussant un petit cri strident.

- Sawada, déclara hargneusement le professeur, Si mes cours t'ennuient, tu n'as qu'à aller dans le couloir!

- Mais, tenta de protester l'enfant.

- Dehors!

Il obéit, ses épaules baissées et le dos courbé. Il sortit de la classe sous les rires des enfants pendant que Mukuro le regardait faire, ses yeux dépareillés brillant avec un éclat sombre.

- Sawada Tsunayoshi, fit une voix grave.

Tsuna sursauta et se retourna pour voir le visage mature de Kusakabe, le fidèle second de Kyoya.

- Que faites-vous dans le couloir durant les heures de cours? Demanda le second.

- J'ai été chassé, admit le châtain avec un air piteux. Comment va Kyoya?

- Il dort, révéla Kusakabe avec un petit sourire. Merci pour vous être occupé de lui.

Tsuna secoua sa tête. Il n'avait pas à être remercié alors qu'il était le coupable des blessures du brun.

- Kusakabe-san, murmura-t-il en regardant avec un air extrêmement sérieux, pourriez-vous avertir Kyoya? C'est important. Son ennemi de la veille a été transféré dans ma classe.

Kusakabe hocha sa tête et fit aussitôt volte-face pour aller transmettre le message. Tsuna soupira avec soulagement et ferma ses yeux. Lorsqu'il les rouvrit, le garçon eut la surprise de sa vie.

- Ce n'est pas gentil de ta part, Sawada Tsunayoshi, murmura le nouvel élève en s'approchant de son visage. Me juger sans même avoir essayé de comprendre la raison de ma présence dans cette école…

- Qu-

Tsuna glissa sur sa propre chaussure et atterrit par terre, s'étalant élégamment. Mukuro lui tendit la main pour l'aider mais Tsuna n'avait pas confiance en lui. Il ne savait pas s'il poursuivait le même but que la veille, ou bien, aurait-il retourné sa veste? Impossible. Une fois rentré dans le milieu, qu'on soit un enfant ou pas, impossible d'y échapper. C'était une chose dont il était sûr et que jamais il n'oublierait. Au moins, l'illusionniste ne pouvait rien faire dans une école, n'est-ce pas? Tsuna prit la main de Mukuro qui l'aida à se relever.

- Kufufu~ Tu devrais te montrer plus prudent.

- Tu ne ferais rien à l'école.

- Oya? Et d'où te viens cette confiance?

- De nulle part.

Tsuna se replaça en position du puni, dos contre le mur. Rien ne pouvait lui affirmer que Mukuro ne ferait rien durant les heures scolaires, mais qui se jetterait dans la gueule du loup tout de suite après un match nul? Kyoya était dans cette école et il était pratiquement sûr que celui-ci ne resterait pas sur un match inachevé. Le fait qu'il ait faillit le tuer jouait aussi dans les paramètres. N'était-ce pas assez pour dissuader quiconque de réitérer un combat?

- Tu n'es pas en cours?

- Oya, on s'inquiète?

- Je suis le seul expulsé.

- Herbivore.

Kyoya s'approchait. Il avança d'un pas lent dans le couloir. Ses chaussons résonnaient et diminuait inexorablement la distance entre eux.

- Que fais-tu à traîner dehors durant les heures de cours?

- Dehors à cause de ce pervers qui se permet de me tripoter en cours. Mais lui n'a rien à faire dans le couloir.

Kyoya sourit à Mukuro pour montrer sa soif de combat. Il allait enfin pouvoir terminer ce qu'il n'avait pas terminé la veille. Le jeune fonça sur le nouvel élève qui l'arrêta.

- Pas aujourd'hui, mon alouette en sucre, dit-il avec une intonation joueuse. Je suis en train de récupérer de notre petit… jeu.

Kyoya grogna et rabattit ses bras sur son torse pour ensuite contempler avec ennui le corps avachi au sol de Tsuna qui n'avait pas sourcillé alors que les deux jeunes avaient failli en venir aux mains devant lui.

- Herbivore, suis-moi.

- Tsuna redressa sa tête et la secoua doucement.

- Pas en journée, fit-il entre ses dents serrées.

Hibari fronça ses sourcils et saisit brusquement le bras du châtain pour l'entraîner à sa suite. Mukuro les suivit un peu plus loin, un sourire intrigué aux lèvres. Les trois enfants pénétrèrent dans la salle de réunion de l'école primaire et Kyoya ferma sèchement la porte derrière lui. L'illusionniste alla s'asseoir sur une des chaises sans demander à qui que ce soit la permission et observa avec amusement l'air ennuyé de Tsuna. Ça se voyait que ce dernier n'avait pas du tout envie d'être présent. Ce fait amusa le nouvel élève. Les sourcils du châtain étaient froncés et son doux sourire habituel s'était transformé, de façon assez mignonne, en un pincement de lèvres crispées.

Kyoya alla s'asseoir à son tour sur un des canapés et força Tsuna à s'installer à ses côtés. Le châtain se figea lorsque la main du brun prit la sienne. Il commença cependant à se détendre quand les doigts de l'enfant, réputé pour être le protecteur de Namimori, caressèrent doucement sa main.

- Oya! S'exclama subitement Mukuro, avec un large sourire aux lèvres. Seriez-vous ensemble malgré votre jeune âge? Kufufu~ que les enfants sont précoces de nos jours…

- Kyoya se raidit, ses doigts caressant toujours la peau du châtain, et un sourire entendu s'étala sur ses lèvres pâles.

- Jaloux, l'ananas?, demanda-t-il en s'appuyant sur le corps de Tsuna.

Celui-ci leva ses yeux au ciel et laissa faire son ami. Kyoya avait toujours été ainsi. Les mœurs ne l'importaient guère et si le jeune Hibari aimait caresser ses mains, le châtain le laisserait faire. Il ne faisait rien de mal. Et puis après tout, il était le seul que Kyoya considérait suffisamment fort pour agir ainsi.

- Kufufu~ rit Mukuro joyeusement, tu aimerais?

- Bon dieu, se lamenta mentalement Tsuna, bougeant légèrement pour s'habituer au poids de la tête de Kyoya sur son épaule, qu'ils arrêtent de se tourner autour et qu'ils aillent droit au but!

L'illusionniste sembla entendre ses plaintes mentales et ses yeux rouge et bleu se plissèrent pendant qu'il contemplait avec un air sérieux le corps frêle du châtain.

- Que sais-tu des Vongola, Tsunayoshi?

Les yeux bruns du jeune s'écarquillèrent et il arrondit ses lèvres sous la surprise.

- J-

- Je ne te croirais pas si tu me dis que tu ne sais rien.

Tsuna se tut. Kyoya lui caressait toujours la main. C'était fou ce que ce geste l'apaisait.

- Tu ne me penses pas assez stupide pour livrer des informations sur les Vongola.

- Oya? C'est donc que tu en détiens certain.

Touché. Il regarda ailleurs, légèrement honteux. Pourquoi les mains de Kyoya étaient si grande comparé aux siennes? Tsuna toussa pour essayer de se concentrer sur la discussion en cours et non sur le massage franchement divin qu'il recevait des mains du brun.

Il retourna son regard vers Mukuro. Décidément, il n'était vraiment pas doué pour mentir. La dissimulation comptait-elle comme une forme de mensonge? Tsuna ne dit plus rien. Kyoya lui-même ne devait connaître cette famille que de nom, sans pour autant en savoir plus. Pourquoi s'acharnait-on toujours sur lui, hein? Le silence fut brisé par Hibird qui entra dans la pièce et qui se nicha dans la chevelure de Tsuna. Il soupira. Tel maître, tel oiseau.

- Kufufu~ Tu les attires tous on dirait.

- Pourquoi t'intéresser aux Vongola?, demanda le châtain en ignorant le sous-entendu de l'illusionniste. De quelle famille viens-tu?

- Qui sait.

- C'est la mafia. T'es au courant? Une fois rentrée dedans tu…

- Je veux m'en défaire. Par tous les moyens. Même si pour cela, je dois te tuer.

Il était sérieux. Il était sincère. Il ne mentait pas. Ses yeux ne mentaient pas. Kyoya avait arrêté depuis un moment de lui caresser la main et Tsuna le regretta car il en avait besoin pour rester calme. Se défaire de la mafia? Impossible. Même lui, qui n'était pas encore totalement entré à l'intérieur, était engloutit par cet univers de force. Comment se défaire de cette famille?

- Qu'attends-tu de moi? Que je meurs?

- Kufufu~ Mais quel vision de moi as-tu?

- …

- Je veux juste me servir de ton corps.


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