Bonjour à toi, ami lecteur égaré ou curieux!

Tel qu'à peu près promis, me revoici pour une fic longue =)

Cette histoire concerne les quatre personnages de Harry Potter qui me font le plus tourner les rouages du cerveau: Severus et Tobias Snape, Regulus et Sirius Black. Dans la mesure où Regulus est vivant, cette fic est un AU, oui (je n'allais pas le zombifier, quand même!)

Je n'ai pas croisé de fanfics avec ces personnages sur le fandom francophone, ni anglophone d'ailleurs. Mais l'idée refusait de me lâcher, du coup... J'espère qu'elle vous intéressera et que ce prologue vous mettra en appétit!

(Oui, j'ai publié par erreur sur le mauvais compte, à priori. Mea culpa pour le dérangement.)

Bonne lecture!


9 novembre 1982
Spinner's End

Tobias poussa un profond soupir, les yeux fermés, en massant sa nuque à deux mains, tentant sans grand succès d'en diminuer la tension. Il se redressa lentement de sa chaise, abandonnant son travail sur la table de la cuisine pour aller prendre une bière dans le frigo en frottant ses yeux fatigués. Inutile de se forcer, il n'arriverait plus à grand chose ce soir-là... Son état de comptes attendrait encore quelques jours qu'il soit plus en forme. Autant attendre quelques siècles, ironisa une petite voix dans son esprit qu'il décida d'ignorer.

Il se laissa lourdement tomber dans un fauteuil devant la télé, comme incapable de soutenir son propre poids, et déboucha mécaniquement sa bouteille avec les dents. Il tendit le bout du pied jusqu'à appuyer sur le bouton de la télévision et tomba, logique oblige à cette heure-ci, sur les informations du milieu de la nuit.

Il écouta d'une oreille désintéressée les dernières décisions du gouvernement jusqu'à ce que les battements de son cœur s'accélèrent légèrement quand les mots « étrange » et « Écosse » se retrouvèrent dans la même phrase. Il monta le son, machinalement, presque inconsciemment.

-...Un curieux incident en effet, expliquait la présentatrice d'un air grave, alors que quatre policiers ont dû être transférés de toute urgence à l'hôpital pour soigner des blessures graves d'origine mystérieuse.

Le titre « Victimes de l'explosion d'un entrepôt d'Epsilon : les médecins confus » s'effaça un bref instant pour afficher les photos mal cadrées d'une équipe médicale d'urgence transportant des civières.

-En effet, poursuivit la jeune femme, en dépit du fait que les quatre victimes ont été retrouvées sur les lieux de l'explosion, toute aussi inexplicable, ce midi, d'un entrepôt abandonné, deux des policiers présentent de graves coupures que les médecins ne parviennent pas à expliquer, aucune arme recensée actuellement n'étant capable de créer des blessures si nettes et si profondes. L'état des victimes est encore instable.

« Les deux autres policiers ont été blessés dans des circonstances encore plus inexplicables : si elles ne présentent aucune trace de violence physique, les deux victimes semblent dans un état de nervosité extrême, tremblant de façon incontrôlable de la tête aux pieds. Le médecin en chef de l'hôpital, Mr Dawlish, a expliqué qu'il pouvait s'agir d'une réaction de panique particulièrement violente. Il avance la théorie d'un animal sauvage et inconnu des autorités. La police cherche toujours activement des indices. Toute personne détenant des informations...

Tobias serra les lèvres, le visage blême. Mystérieux. Inexplicable. Aucune trace. Le mot sorcier s'ajoutait à cette liste comme une pure logique. Et le nom de Severus suivait automatiquement.

Le moldu serra les dents avec un ressentiment amer et éteignit brusquement le poste, le cœur serré une énième fois malgré lui.

C'était une foutue mauvaise soirée, comme elles se faisaient de plus en plus nombreuses ces temps derniers.

Severus.

Cinq ans que son fils unique n'avait donné aucune nouvelle. Cinq putains d'années, depuis que l'autre était revenu pour ses dernières vacances scolaires, toujours aussi arrogant, toujours aussi silencieux, toujours aussi méprisant depuis l'ombre où il se terrait avec ses fichus bouquins, à le regarder de haut, à le considérer de loin, à le provoquer du bout des lèvres, à lui faire perdre le contrôle de ses nerfs comme un jeu et à tout remettre sur son dos...

Et quand le dernier jour de l'été venu, il avait osé, ce petit imbécile. Il lui avait jeté un foutu sortilège. Dans le dos, comme le lâche qu'il était. Tobias n'avait jamais été aussi furieux de son existence -paralysé, incapable du plus petit mouvement, outre de suivre le gamin des yeux alors que celui-ci lui montrait avec une insolence toute particulière le tatouage qu'il s'était fait faire sur le bras, en lui expliquant qu'il appartenait à une espèce de bande de rue dont il n'avait rien compris, en lui disant qu'il avait pitié de lui au nom de sa fichue mère endormie dans la pièce d'à côté, en lui sifflant de ne jamais se trouver sur son chemin, parce que les gens de son espèce seraient bientôt choses du passé et qu'il ne lui ferait pas de cadeau.

Et puis l'autre l'avait regardé un moment, avec un dégoût profond, et il avait fichu le camp. Tobias avait repris le contrôle de son corps au claquement de la porte; mais le temps de réagir, Severus n'était plus nulle part en vue. Il ne l'avait pas cherché bien loin. Qu'il aille se faire pendre ailleurs.

Ensuite, Eileen avait fondu en larmes en apprenant que son gamin était probablement un espèce de junkie mafieux version magicien d'Oz, et elle s'était laissée dépérir malgré lui pour claquer deux ans plus tard. Le laissant foutument seul dans cette baraque trop isolée.

Une fois, une seule fois, il avait cru entrapercevoir le gamin. Au cimetière. Mais il ne pouvait en être sûr. Et parce qu'il détestait douter, supposer, ne pas comprendre, Tobias avait décidé qu'il avait simplement imaginé le nez crochu de son fils dans cette journée pluvieuse de mars. Après tout, il n'en avait plus rien à foutre... n'est-ce pas?

Et ainsi... ainsi, Severus pouvait être mort depuis cinq années, il n'en aurait pas su davantage.

Il aurait aussi pu être la cause de cet événement « mystérieux » d'un entrepôt explosé. Lui ou ses mafiosi dégénérés.

Il pouvait aussi s'être sagement rangé avec son idiote rousse, vivre paisiblement à quelques kilomètres à peine d'ici, lui avoir fait des petits-enfants qu'il ne rencontrerait jamais...

Tobias pinça les lèvres, agacé par le tour de ses propres réflexions, et finit par se lever pour aller chercher ce qui restait de whisky dans les placards vides de sa cuisine. Il déboucha la bouteille avec les dents et prit deux grandes gorgées, ne grimaçant même plus au goût détestable de l'alcool fort, se complaisant au contraire dans l'amertume mêlée de la boisson et de ses pensées.

Pensées détestablement pragmatiques: Il était d'un pathétisme remarquable.

Seul, dans sa cuisine, à vider des bouteilles d'alcool trop fort en pensant à son gamin, à la mère de celui-ci, à se demander où est-ce qu'il avait pris le mauvais tournant.

Encore.

Il ferma les yeux avec lassitude et referma la bouteille, bien décidé à aller dormir avant que ses pensées ne prennent un tour de plus en plus détestable. Il avait à peine fait un pas en direction des escaliers qu'un son soudain, juste derrière la porte, le fit sursauter et s'immobiliser, l'oreille aux aguets. Il y eut quelques secondes de silence, et le bruit se reproduit: un craquement soudain, sec, semblable à celui d'une branche qui se cassait.

Indéniable. Impossible que ce son là soit sorti de son imagination. Il fronça les sourcils et fit quelques pas de loup en direction de la porte, attrapant au passage un large couteau de cuisine sur la table. Il n'était pas effrayé, non -il n'était pas homme à s'effrayer pour un bruit au milieu de la nuit.
Mais il n'allait pas aller dormir sans voir de quoi il était question.

Des voix étouffées, très basses, lui parvinrent alors qu'il s'approchait de la porte. Inquiètes. Pressées. Deux, au moins. Il y avait quelqu'un derrière chez lui. Cambriolage? Ici, à Spinner's End? Il retint un rire moqueur à la perspective. Qui serait assez stupide?

Un gémissement se fit entendre, coupant aussitôt les voix des deux autres et faisant froncer davantage encore les sourcils à Tobias. Il y eut un instant de silence, avant que les deux autres ne reprennent encore plus vite, nerveuses.

Tobias réfléchit brièvement, ses neurones un peu moins rapides que d'ordinaire à cause de l'alcool, aussi peu qu'il en ait bu. Ce craquement et ce gémissement couplé aux deux voix pouvaient indiquer qu'on tabassait quelqu'un devant sa porte, non? Il était hors de question que ça se passe chez lui. Ils feraient ça ailleurs. Il avait suffisamment de problèmes avec la police locale comme ça, avec ses arrestations répétées pour « ivresse sur la voie publique »... Il devait renvoyer les gêneurs ailleurs, qu'il ne soit pas accusé d'une complicité pour quelque chose qu'il n'avait pas encore fait. Peu importe qui étaient ces types, ils allaient foutre le camp de chez lui. En temps normal, il aurait pu avoir pitié du pauvre gars probablement amoché sur son perron, mais là, ce soir? Il n'en avait tout simplement rien à foutre. Tant pis pour lui.

Le couteau toujours serré dans une main et son questionnement réglé, Tobias sortit sans hésitation de la maison, menaçant, prêt à hurler convenablement sur les jeunes imbéciles qui croyaient que sa cour était un endroit où tabasser impunément. Nul doute que les gamins du quartier qui s'étaient aventurés jusque là ne tarderaient pas à foutre le camp en le voyant là: il avait encore une certaine réputation dans le quartier, après tout. Il n'en était pas fier tout les jours, et il n'était pas tous les jours sûr de la mériter. Mais là...

Il alluma donc d'un geste l'interrupteur qui actionnait la lumière derrière la maison, un "Qu'est-ce que vous foutez, hein?" sur les lèvres. Un cri qui ne devait jamais être entendu, restant muettement figé sur les lèvres de Tobias à la vue des capes -des capes!- des indésirables.

Des sorciers. Il y avait trois putains de sorciers maculés de rouge -de sang, siffla automatiquement son esprit- dans sa cour! Il eut un geste de recul instinctif, les idées de mafieux magiques encore plantés dans son esprit, avant d'écarquiller les yeux en apercevant plus clairement le visage de l'un des intrus qui avait relevé les yeux pour le dévisager, non sans une certaine terreur. Les yeux en question étaient noirs. Très noirs. Au-dessus d'un nez tordu parfaitement reconnaissable malgré le sang qui tâchait son visage.

-...Severus... Bredouilla le père de celui-ci, incrédule.

Pour toute réponse, le nommé eut un geste de recul, visiblement paniqué et éprouvé. Il n'eut pas même le temps de faire un pas en arrière qu'il s'écroulait, inconscient.


...Tsintsiiiiiin!

Prologue, donc. *Tend la main* Une review, siouplé! À vot' bon coeur!