Disclaimer : J'avais envie de boucler cette histoire, et d'écrire des scènes de cul… :) Ultime clin d'œil à Madame de La Fayette dans la dernière scène (et dans le titre).
Rating : M
Genre : Drame, Romance, Érotique
Avertissement 1 : Fin fidèle au roman + tout pareil que dans les deux OS précédents en plus développé, donc au programme (pas nécessairement dans l'ordre) : lemon Harry/Draco, pas mal de Seamus/Dean, flashbacks sur Seamus/Anthony/Ginny, regards entre Harry et Ginny, gossip, peut-être du Katie/Leanne, etc.
Avertissement 2 : L'ordre chronologique est passé à la trappe. Et je saute allègrement d'un point de vue à un autre sans transitions… Ça me paraît beaucoup moins facile à suivre que les deux premiers OS, mais j'arrive pas à faire mieux, alors je sais pas… Bonne lecture ? J'espère que ça vous plaira ! Donnez-moi votre avis :)
BO : Serge Gainsbourg – Valse de Melody ; Lana del Rey – Young and Beautiful ; (BO de Gatsby) ou rien.
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La Magnificence
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Le Directeur les avait invités à s'asseoir dans les fauteuils qui se trouvaient devant son bureau, et leur avait proposé du thé. Ses mains croisées, son calme, son air grave, son regard – Pansy l'aurait tué. Blaise restait silencieux. Harry gardait obstinément la tête baissée sous le regard de Weasley. Après quelques secondes de silence, Dumbledore prit la parole :
« Je vous ai convoqués pour parler de la mort de M. Malfoy. »
« Si je vous ai convoqués, c'est qu'il y a des choses qu'en tant que ses amis proches, je pense qu'il faut que vous sachiez. »
Pansy faillit de nouveau éclater – amis proches ? ces deux-là ?
« Même s'il semble avoir mis fin à ses jours de son propre chef, M. Malfoy est en quelque sorte une nouvelle victime de Voldemort… »
…
Dean ne savait pas quoi faire de ses mains, mais ça allait. Seamus le serrait fort et il pouvait sentir le bout de son nez et ses lèvres effleurer son cou, son épaule, rester à la limite de son col. Puis Seamus remonta doucement et sembla attendre ; Dean fermait les yeux.
Ils s'embrassèrent de nouveau. C'était bizarre, mais lent, il pouvait prendre le temps de découvrir la sensation de la bouche de Seamus contre la sienne, sa langue, il aimait sa langue. Il y avait quelque chose de physique. S'il se concentrait sur le physique il pouvait oublier un peu le concept « c'est mon meilleur ami que j'embrasse et ça ne peut pas être juste un délire » ; mais Seamus interrompit leur baiser pour souffler son prénom, Dean l'embrassa de nouveau, Seamus fut pris d'un frisson, il voulait parler – « non » pensa Dean, « attends, pas tout de suite », ils s'embrassèrent et les mains de Seamus se refermèrent sur le tissu de ses vêtements dans son dos pour l'attirer contre lui de tout son long ; Dean eut besoin de reprendre son souffle à ce contact, ils étaient en train de s'exciter, c'était… il ne savait pas trop quoi en penser…
Seamus avait la tête qui tournait. Il voulait lui dire qu'il était complètement obsédé par lui et qu'il avait peur, qu'il ne voulait pas tout foutre en l'air. Mais il n'en revenait pas. Le visage de Dean était là, tout près du sien, le corps de Dean était juste sous ses mains, mais jamais il n'avait embrassé quelqu'un avec autant d'hésitations dans la tête. Il avait envie de se toucher, de le toucher et de jouir, mais avait peur de faire n'importe quoi. Il fallait qu'il lui dise. Il repensait à sa black du Poudlard Express et comme ça avait été génial, de s'appuyer sur tous les murs des toilettes du train en marche pour trouver des angles, et comme ça avait été tellement Dean à ce moment-là, rien qu'un substitut de Dean, n'importe quoi – il sourit :
« Dean…
- Quoi…
- Je suis super excité…
Dean déglutit.
- Je sais.
Ils n'avaient pas ouvert les yeux et restaient collés l'un à l'autre sans trop bouger, pour ne pas avoir à se regarder en face.
« Qu'est-ce qu'on fait ? » demanda l'un des deux.
Dean se résigna à ouvrir les yeux et regarda le sol distraitement, trouvant le pied du lit.
« Harry et Ron sont au bureau de Dumbledore ?
- Ouais », acquiesça Dean dans un souffle et instinctivement il voulait tenir Seamus contre lui ; Seamus ne voulait plus le lâcher.
La mort de Malfoy restait entre eux comme un spectre, qui leur échappait un peu – que s'était-il vraiment passé… ? Dean croisa furtivement le regard de Seamus et Seamus décida de ne plus penser : il dit :
« On se cache dans un placard, on verrouille la porte du dortoir, on se vautre sur ton lit ou on court très loin ?
Dean éclata de rire et se détacha de lui pour aller s'asseoir sur son lit, les coudes sur les genoux, se massant la nuque et le visage. Les yeux rivés au sol, il prit conscience de sa posture, de ses jambes légèrement écartées et de ce que Seamus pouvait faire, ce qu'il avait déjà plus ou moins fait, en fait, le soir du bal, quand ils étaient bourrés… Il pinça les lèvres et releva la tête, regardant Seamus droit dans les yeux.
Puis il lui tendit la main.
Seamus s'agenouilla entre ses jambes et l'enlaça. Ils s'embrassèrent avec beaucoup de langue parce que c'était bon et Dean sentait qu'il voulait avancer son bassin vers Seamus. Alors quand Seamus lui demanda sans détours s'il voulait qu'il le suce, Dean se surprit à dire « oui » d'une voix un peu trop mourante à son goût. Il s'allongea et ferma les yeux, souleva un peu les hanches pour baisser plus le pantalon et la langue de Seamus était géniale. C'était comme cette fille qu'il lui avait présentée cet automne, mais mieux. Il gémit. Puis il gémit encore et voulut prévenir Seamus mais celui-ci repoussa sa main et l'avala ; la voix de Dean était géniale. Il embrassa l'intérieur de sa cuisse dans un état second, une main sur son propre sexe qu'il sentait grincher sous son pantalon. Et s'il se branlait, là, le nez dans l'entrejambe de Dean ? Mmm…
Mais Dean se redressa sur ses coudes et, débraillé, se releva un peu, remonta ses fringues et se laissa glisser au sol au-dessus de Seamus pour l'embrasser ; mais il grimaça et interrompit le baiser aussitôt. Il se sentit con, parce que bien sûr que ce goût, c'était lui. C'était un peu dégueulasse. Seamus pouffa de rire.
« Oui, désolé, c'est crad. »
Dean enfouit son visage dans son cou et appliqua ses baisers affamés là, où l'odeur de peau légèrement moite était nettement, nettement plus appréciable. Il lui titilla l'oreille :
« Seamus…
- Mmm ?
- Je peux te branler ? »
Seamus eut un sourire en coin : « Ouais… »
Dean fut surpris d'aimer la sensation du sexe de Seamus dans sa main, de la main de Seamus crispée sur son épaule, et celle qui se refermait sur la sienne pour le faire accélérer, son souffle erratique et le « ah » étouffé lui firent comme un lavage de cerveau. Seamus rit en reprenant son souffle, Dean constatait les dégâts sur sa main, leurs vêtements, le sol – heureusement personne n'avait l'air de rentrer.
Quelques sorts de nettoyage et détours à la salle de bain plus tard, Dean se laissa tomber sur son lit et lâcha un « Seamus, ta gueule » lorsque celui-ci esquissa l'intention de parler.
…
« Ginny parle-moi »
Elle était roulée sur le côté et Hermione, assise sur le lit, près d'elle, lui touchait le bras. Elle enfouit un peu plus la tête sous son coude et se recroquevilla. Hermione soupira.
« Dumbledore a retrouvé Harry dans la Salle sur Demande. Il est avec Ron dans son bureau… »
Ginny avait les yeux ouverts et vides. Tout son esprit, comme son corps, s'était rigidifié et se focalisait sur les plis du drap qu'elle distinguait sur le lit d'à côté. Cela lui demandait un peu d'effort de regarder ; le minimum vital. Hermione finit par se taire, mais elle lui caressait l'épaule, et Ginny se rapprocha imperceptiblement, cherchant du réconfort ; mais elle ne pouvait pas parler.
« Tu ne veux pas descendre avec nous ? Tu n'es pas sortie de toute la journée… Il n'y a que Neville en bas, et quelques première année.
- Non. »
À n'y rien comprendre, dit Neville lorsque Hermione le rejoignit dans la salle commune. Hermione dit que si, elle pensait comprendre un peu, mais personne ne savait. Ron avait dit qu'il trouvait sa sœur bizarre depuis quelques semaines, il n'avait pas trop cherché, parce que l'histoire avec Katie l'avait un peu trop irrité. Mais Hermione, elle, commençait à faire des liens – quand Ginny était devenue soudain très blanche en apprenant la nouvelle du suicide de Malfoy. Quand elle avait demandé « et Harry ? » d'une voix faible et le fait qu'elle ne sortait plus de sa chambre. Le fait qu'avant que l'on apprenne tout ça, elle l'avait vue remonter dans la tour et traverser la salle commune pour regagner le dortoir des filles comme une automate, pas malade d'on ne sait quoi comme aujourd'hui mais préoccupée. Et Harry n'était pas remonté.
Elle avait hâte que Harry et Ron reviennent.
…
« Qu'est-ce que tu fais, Potter…
Une main est au creux de ses reins et l'autre entrelace ses doigts aux siens.
- Je danse, pourquoi ?
- Tu ne sais pas danser.
Il prend une expression mi-grimace mi-moue.
- C'est toi qui n'y mets pas du tien.
Leurs fronts se touchent presque et Draco pour le contredire lui vole un baiser, puis un autre, l'obligeant à lâcher sa main pour pouvoir passer les deux dans ses cheveux et l'embrasser à pleine bouche, pour lui montrer ; Harry sourit, ce con ; il garde une main ancrée sur sa nuque et descend l'autre sous ses fesses pour le plaquer contre lui. Il est excité. Draco voudrait le bouffer.
Harry veut reprendre le dessus sur le baiser ; Draco a l'air sévère alors que lui s'est bien amusé, une des meilleures soirées du monde, comme s'il tombait amoureux pour la première fois – Draco se presse contre lui et l'empêche de penser. Il s'assure d'un regard qu'ils sont seuls – comme si un regard suffisait pour verrouiller toutes les issues – ils sont dans le dortoir Serpentard, vide, il est encore relativement tôt pour une soirée de ce genre. Il entraîne Draco et se retrouve dos contre la porte de l'armoire, les mains sur les hanches de son « copain » qui lui murmure des horreurs dans l'oreille. C'est magnifique.
Harry écarte Draco pour lui déboutonner la chemise et plonger le nez dans son cou, embrasser sa clavicule et toucher sa peau, il n'en revient jamais de sa maigreur, de ses contours, de son absence de rien au niveau de la poitrine, il remonte les mains autour de sa nuque et l'embrasse ; Draco veut qu'il le prenne et il a très envie de faire l'amour. Alors il ouvre son pantalon, défait le sien, Draco se frotte contre lui et lèche son majeur, puis Harry enfonce ses doigts en lui, le montant de l'armoire lui rentre sous l'omoplate mais Draco contre lui lui fait du bien. Draco le caresse et le serre dans sa main et lui embrasse la tempe et lui mord l'oreille et s'accroche à ses cheveux, réclame un autre doigt mais il faudrait du lubrifiant.
Ils le cherchent dans le noir, Draco a éteint toutes les lumières et Harry l'éclaire d'un lumos. Ils manquent le lit, s'étalent par terre dans leurs habits et la descente de lit de travers. Draco halète, tient la queue de Harry tandis qu'il le prépare et Harry l'embrasse ; puis il se met sur le dos et gémit lorsqu'il sent le sexe le pénétrer, il le veut tout entier. Harry passe une main sur son épaule, il voudrait qu'il enlève sa chemise et pour une fois Draco ne se braque pas, il extirpe son bras droit de la manche et l'enroule autour d'Harry, cherche sa bouche, laisse échapper un cri lorsque Harry trouve son rythme ; il sent toute la peau d'Harry sous son bras nu et son autre main encore enfouie dans la manche s'agrippe.
Il lâche prise et se laisse faire, se caressant inconsciemment en phase avec les mouvements de Harry, son malaise reflue doucement, les échos du bal disparaissent, Harry le fait basculer, il tient juste assez longtemps pour entendre Harry partir le premier et ce n'est pas mal, de jouir en même temps ; oui, c'est bien ; et il entend leurs deux voix dans l'obscurité. Il est amoureux du souffle haché de Harry au-dessus de lui. Il se redresse sur un coude, lui chope la tête pour l'embrasser. Il veut mourir quand il se retire, mais le fait rouler sur le côté.
…
Seamus lança un regard interrogateur à Neville et Hermione en s'affalant sur le canapé de la salle commune. Toujours rien. Le silence revint. Le regard d'Hermione sur lui.
Puis Neville demanda : « Tu en penses quoi ? »
Seamus regarda Hermione et se sentit mal à l'aise :
« Je… comprends pas très bien, essaya-t-il. On ne sait même pas vraiment ce qui se passait entre eux (il grimace) mais… Vous imaginez un truc romantique vous ? Moi je pense que le crevard a juste pas supporté… Enfin… je pense que ça a un rapport avec la guerre… »
Hermione le regardait. Il pensa à Dean. Il aurait voulu parler à Ginny.
« Moi j'aimerais savoir ce que Harry a à voir là-dedans, dit Neville. Aux dernières nouvelles, ils étaient encore… ensemble. »
Hermione n'eut pas l'air d'accord. Elle pensait que Harry était devenu faux depuis qu'il avait repris le Quidditch, mais elle ne dit rien. Ils avaient déjà eu cette conversation hier, ce n'était pas la peine de la relancer.
Dean apparut dans l'escalier des dortoirs, l'air dans le pâté. Il vint s'asseoir dans le canapé où Seamus le regarda entièrement. Ses affaires étaient là depuis tout à l'heure : il rassembla sa plume, son parchemin, son livre et referma son sac avant de s'enfoncer dans les coussins et de regarder Seamus puis Hermione puis Neville.
« Tu as fini ton essai ? demanda Hermione, arrachant un rictus à ses trois camarades.
- Presque, répondit-il. Je terminerai ce soir. »
Seamus sourit niaisement et se cacha la bouche, Neville s'apprêta à faire une remarque mais le portrait s'ouvrit à ce moment-là et Harry entra dans la salle commune, suivi de Ron. Celui-ci prit son ami par l'épaule et le guida jusqu'au dortoir, jetant un regard dans la direction de ses camarades de classe. Hermione le rejoignit une seconde plus tard. Neville se replongea dans un manuel.
Dean soupira. Il n'allaient pas pouvoir remonter tout de suite…
…
« Tu veux que je te laisse tranquille ? demanda Ron. »
Harry fit « non » de la tête.
« Je risque de te poser des questions. »
La porte s'entrouvrit et l'œil d'Hermione apparut dans l'entrebâillement. Ron lui fit signe d'entrer. Elle referma derrière elle.
Harry s'était assis sur son lit et leur tournait le dos. Ron lui résuma la situation : Dumbledore avait des preuves que Draco était impliqué dans un plan de Voldemort pour punir sa famille, qu'il avait reçu la Marque des Ténèbres, et que tout tournait autour de ça.
« Mais comment Harry… fit-elle dans un souffle.
« J'en sais rien » fit-il en écarquillant les yeux.
Hermione alla s'asseoir à côté de son ami d'un air décidé :
« Harry. »
« Harry, dit-elle gentiment, je sais que tu n'as rien voulu nous dire jusqu'à présent, mais j'aimerais qu'on en parle maintenant. Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu ne nous as jamais rien dit ? »
Ron s'adossa au mur, près de la fenêtre. Harry s'enfonça dans le montant du baldaquin.
« Je l'aimais pas. »
Ron respira profondément. Évidemment qu'il l'aimait pas. Lui non plus ne l'aimait pas. Pourquoi il a fait tout ce cirque alors ? Attends, comment ça il l'aimait pas…
« J'ai jamais vu la marque. Je l'ai jamais vue. J'ai envie de le buter. Je suis qu'un enfoiré.
- Vous n'avez jamais…
- Si ! mais, ah putain…
Il remonta ses genoux et s'enfouit la tête sous les bras, les doigts agrippant ses cheveux.
- C'est ma faute.
- Harry…
- Qu'est-ce que tu crois que ça me fait ? s'emporta-t-il tout d'un coup. J'ai fricoté avec un Mangemort pendant plusieurs mois – plusieurs MOIS ! – et j'ai rien vu, et je suis en train de revoir tout à coup des tonnes de choses auxquelles j'aurais dû faire attention et s'il est mort c'est ma faute et il va me hanter maintenant et je me dis aussi qu'il est mieux là où il est, que s'il était pas mort ça changerait rien, et je comprends rien, rien, rien ! J'ai envie de gerber…
Hermione le serra dans ses bras et il se mit à respirer très fort.
- Ce n'est pas de ta faute. C'est pour ça que Dumbledore nous a convoqués…
- Si. C'était fini, mais il fallait que je lui parle. Si j'étais arrivé plus tôt…
Mais non ça n'aurait rien changé, se dit-il. Ils auraient parlé et puis quoi ? Il aurait avoué à Draco quoi ? Il voulait juste se débarrasser de ce sentiment de l'avoir trahi mais. C'est lui qui l'aurait trouvé. Il aurait aimé le voir. Ç'aurait été pire. S'il s'était tué quand même. Il voulait que Draco lui dise lui même qu'il était Mangemort. Il le dégoûtait. Il se dégoûtait. Le corps était encore quelque part dans une salle attenante à l'infirmerie, il ne voulait pas aller le voir…
…
Blaise s'en doutait, mais elle savait au fond – si elle avait ouvert les yeux, fait attention… Mais malgré l'agitation du Ministère, malgré les meurtres, les « disparitions », même si elle ne croyait pas un mot des pages naïves, bouchées, pleines de poudre de La Gazette, elle voulait poursuivre sa scolarité à Poudlard, que le monde fasse son train sans elle, sans eux, mais comment, alors qu'en grandissant elle prenait conscience des mots employés par les parents de Draco, les siens, ceux de Crabbe et Goyle et Nott, comment avait-elle pu croire qu'ils seraient épargnés ? C'était toujours la faute de Potter. C'était la faute de Draco de s'être entiché de lui. C'était sa faute à elle de ne rien contrôler, même si la pression de la guerre la dépassait, même si elle avait toujours vécu dans cette ombre, toujours su que ça éclaterait, le meurtre de leur immortalité était intolérable.
Et Potter, s'il avait su…
Il aurait dû le savoir.
…
Hermione sortit du dortoir des garçons un peu frustrée, et plus inquiète que jamais. Ça ne présageait rien de bon. Neville était toujours dans la salle commune et aucune apparition de Ginny. Elle ne savait plus s'il fallait aller la tirer de la chambre, lui raconter, si c'était lié, peut-être que le mieux c'était d'attendre et de s'inquiéter d'abord de la guerre.
Ils se turent lorsque Leanne traversa la pièce, sans doute pour aller travailler.
Sans Katie.
…
Un hibou toqua à la fenêtre. Il toqua encore et Ginny finit par se secouer et se redresser pour aller lui ouvrir. C'était pour elle apparemment, vu l'insistance de l'oiseau. Elle déplia le morceau de parchemin.
C'était Dean. « Est-ce que je peux te parler ? Je suis à la volière. C'est à propos de Seamus. »
Elle soupira, attrapa vivement une plume dans son sac et retourna le parchemin.
« Non. »
Puis elle jeta le parchemin.
…
Ils avaient installé deux matelas par terre et sirotaient des bièraubeurre en se reluquant mutuellement.
« Vous avez déjà couché ensemble ? demanda Anthony d'un ton badin.
- Jamais, répondit Ginny, et Seamus confirma d'un signe de tête.
Ils sourirent.
- Bizarre. Pourquoi ?
Haussement d'épaule.
- Elle sortait avec mon meilleur ami. Y'avait une sorte de tabou.
- Et le tabou est levé maintenant ?
- C'est pas pareil… On ne va pas vraiment coucher ensemble. Je ne suis qu'un accessoire ici.
Anthony éclata de rire et Ginny lui donna un coup de pied à distance.
- T'es con.
- J'espère que t'es rentable comme accessoire, vieux.
- C'est ce qu'il dit, répondit Ginny. J'ai hâte de le voir à l'œuvre.
- Ouais, tu veux juste voir ton mec se faire baiser par une pointure.
- Mmm… » fit Ginny et elle se tortilla sur place, se mordant les lèvres. Anthony prit une nouvelle gorgée, déjà presque au bout de sa bière.
- Tu verras, elle est chaude.
- J'en doute pas.
Ginny plongea un regard de braise dans celui de son copain.
- Et tu as déjà couché avec un mec ? poursuivit Anthony.
- J'avoue que non. Mais ça m'intéresse.
- Hmm, fit Anthony pensivement. Moi non plus, juste fricoté un peu avec un pote après le Quidditch, et avec un gode pour essayer. Tu sais faire quand même ?
- Oui, oui », répondit Seamus distraitement. Il ne soutint pas le regard d'Anthony et parcourut plutôt son corps du regard, s'attardant sur son entrejambe et ses hanches pour mieux se représenter les choses – il avait l'air plutôt bien foutu, Ginny avait bon goût.
Ginny s'amusait comme une petite folle.
- Tu aimes regarder ?
La question d'Anthony était adressée à Seamus. Le Poufsouffle avait posé sa bouteille et se mouvait vers sa copine comme un fauve. Ginny posa sa bouteille et s'allongea sur le matelas, la tête vers Seamus. Anthony mordit entre ses seins par jeu puis l'embrassa, déboutonnant son pantalon d'une main habituée. Ginny releva une jambe et étendit l'autre, un peu écartée, faisait glisser sa jupe sur sa peau. Il se redressa et se dévêtit entièrement, ne gardant que son boxer à travers lequel Seamus put avoir un aperçu du matériel. Le Poufsouffle s'intéressa aux cuisses qui apparaissaient en dessous de la jupe d'uniforme.
« Droit au but, dit-elle en gloussant. »
Seamus ne put détacher ses yeux de l'air prédateur et expert d'Anthony qui embrassait et mordillait les cuisses blanches de sa copine et descendait enfouir son nez sous la jupe en lui écartant la jambe. Il enleva la culotte assez vite et Ginny émit un petit gémissement intéressé quand il sortit sans doute sa langue – la jupe cachait les détails à Seamus. Il reprit une gorgée de bière et frotta sa main (moite) sur sa cuisse, détaillant le corps d'Anthony tandis que la voix de Ginny murmurait des choses. La chemise du Poufsouffle glissait. Alors qu'il fixait la chute de rein qui s'offrait à son regard, les mains de Ginny vinrent s'emparer du bord du sous-vêtement pour l'enlever.
« Recule-toi Antho… haleta-t-elle
Ils ajustèrent leur position.
- han, oui… »
Seamus avait chaud. Il eut envie de déboutonner le chemisier de Ginny un peu et de toucher les jambes d'Anthony. Ginny lâcha le sexe excité pour faire signe à Seamus de toucher Anthony. Il s'approcha et parcourut la cuisse du garçon de toute la main. Il y avait une main de Ginny autour des hanches ; après avoir massé expérimentalement une des fesses, il introduisit un doigt. Anthony eut un sursaut et gémit. Seamus enfonça un peu plus. Trois, quatre respirations et la voix frémissante d'Anthony lui dit qu'il pouvait y aller un peu plus fort, qu'il y avait du lubrifiant dans la table de chevet, mettre genre deux doigts… Ouais. Comme ça.
Ginny dut jouir car Seamus l'entendit gémir un peu plus fort autour du sexe d'Anthony et il vit ses hanches se tordre du coin l'oeil… Le temps qu'il fouille fébrilement la table de chevet, le couple se détacha et bascula sur le côté.
…
« Ginny ! »
Elle tourna la tête et Luna et elle ralentirent le pas. Dean arriva rapidement à leur hauteur.
« Qu'est-ce qu'il y a, demanda la rouquine, un peu sèchement.
Le garçon avait l'air embarrassé ; il avait encore une marque de coup sur la joue, et Ginny se surprit à vouloir en faire un symbole. Il jeta un regard vers Luna et celle-ci s'apprêta à s'avancer en cours pour les laisser mais son amie l'a retint.
« Je peux te parler ? demanda Dean.
- De quoi.
- …
- Écoute, débrouille-toi Dean, moi j'en peux plus. »
…
Seamus ne pleurait jamais. Ou plutôt il n'avait jamais pleuré, jamais eu l'occasion de pleurer, jamais eu l'impression d'imploser comme ça, ne s'était jamais senti perdu, obnubilé par quelqu'un et par la peur de… juste peur. Il avait détruit quelque chose entre lui et Dean et il ne supportait pas cette tension glaciale et ces non-dits. Il aurait pu comprendre à demi-mot, mais ce n'était pas ça. Il fallait qu'ils en parlent, il fallait qu'il sache que Dean ne le méprisait pas, même s'ils ne se parlaient plus après, il fallait au moins que Dean l'accepte, un peu, pas qu'il fasse l'aveugle obstiné le connard comme il le faisait en ce moment – Katie Bell, sérieux ! –
Il fallait qu'il fasse quelque chose. Il avait froid. Ça lui apprendrait à sortir dans le parc sans son manteau. En plus, il devait sûrement être tard – ça faisait des siècles qu'il était là, la marque de ses mains imprimée sur son visage et la lèvre toute pelée – et il allait se faire engueuler par un prof ou un préfet s'il rentrait. Mais il ne voulait pas remonter au dortoir.
Il avait sa montre dans sa poche. 21h10, c'était encore raisonnable. Il se leva et hoqueta sous le choc de ses jambes courbaturées, transies par l'humidité de l'herbe. S'essuyant le visage en pestant, il retourna au château ; ses pas le portèrent à la salle d'étude du deuxième étage où il trouva quelques septième et cinquième année en pleines révisions des examens. Il y avait cette fille qui devait être dans la classe d'Anthony ; il l'avait vue discuter avec lui à table un jour.
Excuse-moi, je cherche Anthony Rickett, est-ce que par hasard tu sais où il est ?
Elle ne savait pas, mais un de ses voisins de table cherchait un prétexte pour cesser de travailler et retourner à leur salle commune. Il pouvait regarder s'il y était. – Ok.
Seamus suivit le Poufsouffle en marchant quelques pas derrière lui. Il attendit patiemment à l'angle du couloir qu'il disparaisse dans la maison et revienne, le regard fixé sur le tableau de la corbeille de fruits qui menait aux cuisines. Il devait être dans un bel état. Tant pis. Tout le monde savait qu'Anthony et Ginny avaient rompu, et que Ginny et lui étaient plutôt proches ; s'il était en mode commérage, il s'inventerait une histoire de triangle amoureux sexy et houleux.
Ce fut Anthony qui apparut. Il dévisagea Seamus d'un œil circonspect. Puis, après quelques secondes de silence, il demanda :
« Tu veux une bièraubeurre ? »
Cela eut le mérite de faire sourire Seamus. Il haussa les épaules et Anthony se dirigea rapidement vers les cuisines, y entra et en ressortit avec une grimace contrariée. Il dit « Attends. » Il retourna dans la maison de Poufsouffle et en ressortit quelques minutes plus tard, les deux mains profondément dans les poches et l'air nettement plus satisfait.
« Allez viens, Pur-Feu au bord du lac. »
Seamus grimaça à l'idée de ressortir – il venait à peine de décongeler – mais bon.
Quelques gorgées de Pur-Feu plus tard, on ne se rendait plus compte du froid.
« Tu sais ce qui arrive à Ginny ? demanda le Poufsouffle au bout d'un moment.
- … Pas vraiment.
- On se parle toujours mais elle est distante. Elle est sortie avec le mec à qui t'as parlé tout à l'heure, tu sais ?
- Ah oui, pouffa Seamus en secouant la tête. J'avais oublié que c'était lui. Le mec avec qui elle est allée au bal ?
- Il est sympa mais franchement…
- Ouais.
- Enfin bref, on a rompu et elle a couché avec lui une ou deux fois mais on se parlait toujours bien. Enfin elle… parce que moi je l'aurais bouffée. Et puis du jour au lendemain, je sais pas… Elle m'évite quand on se croise.
Seamus ne dit rien. Puis :
- T'étais amoureux d'elle ?
Anthony sembla surpris de la question mais y réfléchit un instant.
- Un peu, j'imagine. Mais c'est pas la fin du monde alors j'imagine que c'est juste parce qu'on baisait bien.
Seamus se cacha la tête dans les bras. Anthony lui tendit la flasque de Pur-Feu avec un regard interrogateur. Seamus inspira profondément et se redressa pour en descendre une gorgée.
- Toi, t'aimes trop les mecs pour être amoureux d'elle, dit Anthony.
- Si tu savais…
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu veux baiser ?
Seamus fit non de la tête.
- Je pense pas que ça aide.
- Mais si…
Et il glissa la main sous la robe de sorcier de son camarade et descendit le long de son dos. Seamus le repoussa d'un coup d'épaule avec un fossile de sourire.
- C'est pas drôle.
Anthony lui jeta un regard appuyé et repassa un bras autour des épaules de Seamus. Celui-ci reprit une gorgée de Pur-Feu avant de retourner soutenir le regard de son ami ; puis, laissant échapper un soupir, il se pencha vers lui et réclama sa bouche. Ça faisait du bien, c'était mieux que de simplement recoucher avec une de ses ex, parce que ça demandait trop d'effort et ça n'était plus du tout pareil – avec Anthony au moins il savait que tous ses penchants étaient connus et qu'il pouvait se laisser aller, que même si Anthony aimait l'idée de coucher avec un mec par simple goût de la déviance et rien de plus, il ne le méprisait pas. Et puis ce n'était pas mal, ce goût de Whisky et cette joute de langues lascive ; il appréciait surtout le parfum, le goût des hormones mâles, ça le rassurait, ça lui plaisait. La main du garçon sur sa joue aussi. Son cerveau embrumé convoqua l'image de ses deux mains refermées l'une autour d'un balai et l'autre du gourdin de batteur, les couleurs de l'uniforme de Quidditch, et cela le fit sourire. S'il ne pensait pas trop à Dean.
Il se détacha d'Anthony :
« J'ai envie de baiser maintenant, geignit-il dans un souffle, mais pas avec toi mon chou.
- Pas de problème mon canard, répondit Anthony dans un souffle également, avec une moue parodique – limite s'il ne lui faisait pas un baiser esquimau.
Seamus l'embrassa de nouveau puis se redressa définitivement et retourna à la bouteille de Pur-Feu.
« Ça t'embête pas si je descends tout ?
- Si. Prends ce que tu veux mais laisse m'en un peu. Je suis pas assez sobre pour la soirée. »
…
Katie s'était emmitouflée dans une lourde écharpe et un manteau de laine ; elle n'avait laissé que ses mains à l'air cru d'hiver, voulant voler, mais interdite de Quidditch jusqu'à nouvel ordre. Elle allait devenir folle. Il ne faisait pas très beau, mais le froid, l'engourdissement pénible de ses doigts prévenaient ses colères.
Depuis un cauchemar qu'elle avait fait au début de l'année, elle avait peur : quelqu'un lui jetait un Imperius, elle ne pouvait rien faire, elle avait de longs trous de mémoire ; elle portait au directeur un paquet enveloppé dans une matière spéciale, qu'elle voulait donner, qu'elle voulait garder tout contre elle ; lorsqu'elle posait la main dessus, elle mourait.
Elle détestait Dean de toute son âme. Il était beau, il s'était servi d'elle, elle ne l'avait jamais aimé. Elle avait cru brièvement que les choses auraient pu s'arranger ; quand il était venu la trouver à Pré-au-lard, elle avait cru que, si elle rentrait au château avec lui, rien de la guerre ne l'atteindrait.
Mais c'était Ginny qu'elle voulait, et ce n'était déjà plus Ginny.
« Katie » —Leanne s'assoit à côté d'elle.
« Tu devrais mettre des gants. Si tu te fais des engelures tu ne pourras vraiment plus jouer. »
Leanne la connaît. Leanne sait. Elle ne peut plus remettre les pieds à la tour, où tous ses secrets ont été découverts. Ici, dans le froid, peut-être qu'elle peut se transformer. En attendant, ne rien avouer à Leanne, ne pas avouer ses faiblesses et ces monstres sous sa peau qui lui font honte ; préserver le peu qu'il lui reste – si jamais elle la perdait ?
« Ecoute, ce n'est pas grave, on va s'en sortir, même si tu ne fais pas de brillante carrière internationale, même si je ne deviens pas le plus grand médicomage du monde, moi je sais ce que tu vaux et tu vaux mieux que ça… »
Elle ne se sentait pas assez forte pour l'entendre. Il lui fallait plus de temps…
…
Dean ne peut s'empêcher de sourire contre son mur, après le vacarme sourd et l'odeur basique de la volière ; il voudrait la prendre dans ses bras pour la remercier, s'excuser, pardonner, s'assurer que tout allait être parfait – mais ce n'est pas si simple. Ginny est un effroyable mur de douleur quand elle lui parle. Elle voudrait retourner à la Tour ou dans le hall, voir Seamus. Elle ne l'engueule même pas d'avoir si mal traité Katie. D'ailleurs Katie n'existe pas. Katie mérite que l'on disparaisse.
Elle est livide comme si elle n'avait pas dormi ni mangé depuis plusieurs jours ; il ne l'avait pas croisée depuis le dernier match. Il s'en va, de peur de se voir gâcher le peu de bonheur moral qu'il a réussi à trouver.
…
Draco était encore en bas, dans une salle de l'infirmerie. Harry avait pris sa cape d'invisibilité et avait fini par descendre. Mais quand il y était arrivé, il n'avait rien trouvé. Il avait parcouru toute la longueur de la salle, jusqu'au fond où il y avait deux chambres de quarantaine, mais de voir tous ces lits vides et ces rideaux blancs ouverts autour de lui l'avait de nouveau rempli de ce sentiment d'arriver bien après la bataille.
Comment avait-on pu les laisser le reprendre ? Dans son esprit, il poussait la porte et le trouvait allongé là, mort ou dans le coma, le visage fermé… il n'arrivait pas à se représenter son visage. Il faisait trop chaud. Il se rassit dans son lit du 4, Privet Drive, rassemblant ses genoux et repoussant rageusement le drap. Il se prit la tête dans les mains. Il pouvait s'imaginer Draco assis à côté de lui, les jambes étendues sur les draps dans un de ses pantalons impeccables, les chaussures noires sur le tissu bleu pâle.
Il lui dirait « dégage » ; Draco s'éloignerait et irait calmement s'installer vers la fenêtre ou sur le petit bureau. Le Draco qu'il visualisait à présent était beaucoup plus silencieux que le vrai, beau dans la lumière de la rue – plus détendu bizarrement – comme s'il savait que c'était fini.
« S'il n'y avait pas eu ça, dit-il, ce qui s'est passé entre nous, j'aurais trouvé un plan. J'avais plusieurs plans. Mais je n'ai pas arrêté de les repousser… »
Harry croyait cette image de Draco. Il croyait aussi que s'il était arrivé plus tôt, les choses se seraient passées autrement.
« On n'aurait jamais pu être amis, dit Harry à voix basse. Ça a toujours été tout ou rien avec toi. »
Draco ne répondit pas. Sa présence ralentissait l'air de la chambre. Harry n'arrivait plus à respirer que lentement.
Il arrivait de moins en moins à le visualiser. Il se demanda s'il l'avait jamais vraiment regardé.
…
Mais juin passe, les examens, comme si un immense désastre avait dû se produire quelque part, au détour de mai, un désastre bien plus grand encore que la mort d'un élève qui, après tout, peut très bien n'être qu'une statistique à Poudlard ; mais l'équilibre s'est rompu et tout ce qui dépasse les limites des terres semble bien plus préoccupant que la cérémonie de fin d'année. Le Directeur est faible. Ginny ne cesse de fermer les yeux depuis ce jour-là. Un nœud d'une très grande importance se cache derrière tous ces décors. Harry va bientôt disparaître. Un autre étudiant est mort.
…
Ce n'est rien que la maison soit détruite. Dumbledore s'est fait lâchement assassiner au cours du mois de juillet, Malfoy n'est plus qu'une minuscule poussière qui n'a jamais, de toute façon, existé en dehors de sa scolarité à Poudlard – et c'était fini : Hedwige grillée comme un vulgaire pigeon de banlieue, et quelqu'un d'autre, pour lui – c'est presque indécent de poser le pied sur la terre ferme aux alentours du Terrier. S'il force, Draco reprend peu à peu forme dans sa tête quand il s'approche de la porte d'entrée. Ginny est là et l'évalue.
Il n'y a pas le temps de se soucier des amourettes. Ron, Hermione et lui ont résolu de partir, tôt ou tard, après le mariage de Bill, si tout parvient à se dérouler correctement, au moins jusque là.
Les costumes sont bien plus propres que lors du bal de Noël. Ils leur vont beaucoup mieux à tous que lors de ce bal dégueulasse de quatrième année, où ils ne rentraient même pas dans leurs corps. Hermione serre son petit sac à main contre elle mais parvient à sourire. Avec l'alcool, avec les regards échangés par Bill et Fleur quand ils prononcent leurs vœux, avec leur vrai bonheur qui s'étire sous les tentes de nuit, Harry parvient à repenser à ses beaux sentiments, même si par vagues le souvenir des regards angoissés de Draco revient. S'il n'y avait pas eu de guerre, rien, sans doute, n'aurait pu se passer ; s'il n'y avait pas eu la guerre, jamais il n'aurait pu espérer passer outre – avec l'hydromel, le bruit, la musique, la nuit derrière les tentes dressées dans le jardin des Weasley, il arrivait à transformer son remords extrême en une sorte de fidélité. S'il se réfugiait dans ce fantasme, il parviendrait à aller jusqu'au bout.
Mais voilà qu'une nouvelle valse s'entame et qu'une nouvelle fois leurs regards se croisent. Harry se prend les pieds dans une chaise en s'avançant enfin vers elle et un rire franc s'échappe de sa poitrine ; il ne sait pas danser, ils se contentent de placer leurs bras comme pour n'importe quel slow finalement, elle pose la tête sur son épaule et ferme les yeux pour éviter que des souvenirs remontent, même s'il lui a dit que la mort de Malfoy n'était pas liée à eux, pas directement… c'est pire…
Il n'y a pas particulièrement besoin de bouger – c'est le seul slow potable des Bizarr' Sisters. Si Harry ferme les yeux, il parvient à imaginer que c'est une scène de premier baiser – le front contre le front de Ginny, il sent son souffle chaud glisser sous son menton. Il lui explique très, très bas qu'ils ne peuvent pas se mettre ensemble ; et elle acquiesce tout aussi bas, dit que oui, sinon ils se mettraient, l'un comme l'autre, en danger : qu'il est l'« Élu », ça lui est très facile à dire – de beaux discours, tellement surfaits qu'ils ne lui coûtent rien. La paume de Harry est contre la sienne comme ils auraient peut-être dû danser plus tôt, avant Malfoy, en dehors de cette saleté de guerre qui menaçait.
Elle allait vivre, dans l'espoir que peut-être… même si Harry devait un jour l'oublier…
Elle allait vivre, oui, quoi qu'il arrive, avec le souvenir de Draco en elle pour qu'il ne meure jamais.
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« La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri second… »
Madame de La Fayette,
La Princesse de Clèves.