Auteur : Crazyitachi-la-malade-de-Shaka~
Disclaimer : A Tite Kubo sauf les idées que je défendrai chèrement si besoin, et Suzanne Vega, pour les non anglophones, recommandations vives d'user de google trad!
Rating : M jusqu'à la fin parce que ce sont des thèmes durs (enfants battus notamment) et parce que je l'emmerde le monde des Bisounours. (YAOI plus tard et je dis bien yaoi, pas de shôta)
Certains auront déjà lu ce one-shot dans BcOrange, désolée, mais passage obligé !
Certains auront aussi remarqué que j'ai posté une autre nouvelle histoire aujourd'hui... J'arrivais pas à me décider! (promis j'irai pas à trois en même temps! six why not hum...)
Certains savent aussi que les fics sont supprimées les unes après les autres, hé bah je continuerai d'écrire envers et contre tout, na d'abord.
Bonne lecture!
Luka
Chapitre 1
Le garçon regardait par la fenêtre, pensif. Il n'avait pas le regard rêveur d'un enfant normal d'environ quatorze ans, il avait un regard dur. Un regard profond et dur où perçait la douleur. Mais elle était si bien cachée par l'agressivité qu'on pouvait se dire qu'on l'avait imaginée.
Il était dans une voiture, assis à l'arrière, seul. A l'avant, un homme conduisait. Il avait des cheveux d'un brun chaud, qui tombaient sur son visage. Une paire de lunette était posée sur le tableau de bord. Cet homme, c'était l'assistant social.
Le garçon tendit l'oreille et écouta la musique qui passait à la radio. C'était plutôt doux. Pourquoi ? L'homme avait peur qu'il ne se mette à tout détruire ? Le plus jeune capta quelques paroles et fronça les sourcils.
« My name is Luka…I live on the second floor. I live upstairs from you. Yes I think you've seen me before… »
Il concentra son regard sur le paysage, essayant d'ignorer la musique, mais les mots continuaient de tourner autour de lui. Il connaissait cette musique, il en comprenait les paroles et le sens. Il comprenait tout ça très bien, d'expérience.
« If you hear something late at night, some kind of trouble, some kind of fight… Just don't ask me what it was… »
Des bruits étranges la nuit… Il voyait ce grand homme si fort qui levait le bras, une ceinture à la main. Et le coup qui partait. Les cris qui résonnaient jusqu'à lui scier les oreilles, et il se rendait compte que c'était lui qui criait. Les objets qu'on lance vers lui. Les poings serrés qui le caressent comme des balles de revolver.
« Just don't ask me what it was, just don't ask me what it was. »
Au volant, l'homme aux cheveux bruns jeta un coup d'œil au rétroviseur, observant l'enfant dans le reflet. Cet enfant n'avait pas bonne figure. On voyait des bleus à la base de son cou, ses manches trois-quarts cachaient à peine ses poignets enserrés d'épaisses marques rouges. Mais un regard… Un regard qui disait tout. Des yeux bleu électrique vivaces. Il était l'archétype même de celui qui se savait abandonné du ciel et qui, bravade ultime, continuait de vivre de sa seule force pour lui-même.
L'assistant social esquissa un léger sourire vainqueur mais qui n'était pas moqueur. Il reposa ses yeux sur la route et attendit patiemment, ne se souciant pas d'engager la conversation.
« Yes I think I'm okay. I walked into the door again. If you ask that what I'll say. »
Le garçon eut une moue agacée. Tous ces gens qui croyaient être des sauveurs. Tous ces gens qui le regardaient avec pitié et l'appelaient 'pauvre petit'. Ce n'étaient pas eux qui auraient été voir ce qui se passait réellement. Ce n'était jamais eux qui poussaient la porte, tard le soir, quand ils entendaient crier. Alors oui, il s'était juste cogné dans la porte. Il ne trompait personne mais de toute manière…
« It's not your business anyway. I guess I'd like to be alone, with nothing broken, nothing thrown. »
Et sa mère qui criait sans s'arrêter. Son père qui continuait de frapper, aussi bien elle que lui. Et pour quoi au final ? Il regarda ses mains, couvertes de traces bleuâtres légèrement jaunissantes. Tout ça pour qu'elle crève… Et l'arme par terre, couverte de sang dans une main sans vie. Une mare de sang, et lui au milieu qui ne bougeait pas. Lui au milieu qui ne pouvait pas bouger. Comprendre était différent d'agir. Depuis qu'il était petit, c'était comme ça.
« With nothing broken, nothing thrown… Just don't ask me how I am. Just don't ask me how I am… They only hit until you cry, after that, you don't ask why.
-You just don't argue anymore…
-Que dis-tu, Grimmjow? »
Le garçon dressa soudainement la tête vers l'homme. Après un court silence, il lâcha sèchement et sans la moindre douceur :
« Change, j'la déteste c'te chanson. »
L'homme sembla jauger son jeune interlocuteur un instant et changea la chaîne de radio. Il avait visé juste. Ce garçon était fort, l'envoyer dans les parcours normaux ne ferait que l'ennuyer, ou peut-être pire, briser cette étincelle de puissance.
« Très bien, je change.
-Tu peux pas m'laisser là, sur l'bord d'la route ?
-Pourquoi ça ?
-J'ai pas b'soin d'toi. J'veux personne, juste être tranquille. »
L'homme esquissa un sourire amusé.
« Tu verras, Grimmjow, c'est presque ce que tu vas avoir.
-Hein ?
-Je vais t'offrir l'indépendance, mais aussi un toit, des vêtements, à manger.
-J'veux pas qu'on m'fasse la charité.
-Tu as quatorze ans, de toute manière, tu n'auras aucun moyen de survivre plus d'une semaine. Si tu veux vivre plus longtemps, tu feras partie d'un gang ou tu deviendras une marchandise. »
Le garçon détourna le regard, agacé de savoir que cet homme avait raison. Il serra les poings et lâcha finalement :
« Comment t'as dit qu'tu t'appelais d'jà ?
-Aizen Sôsuke.
-Ah… »
Grimmjow soupira et se tut. Cette chanson, il l'avait dans la tête maintenant.
Aizen quitta son manoir tôt ce matin-là. Il avait un nouvel enfant à aller chercher et à accompagner dans les centres adéquats. L'homme était naturellement très conscient de ses capacités et il effectuait ce travail sans problème, ce qui lui laissait le temps de gérer, toujours sans bémol, de nombreuses affaires autour.
Son patrimoine était bien garni, son manoir entretenu correctement, sa vie parfaitement réglée et jamais la moindre anicroche ne se présentait. Il donnait l'apparence d'être un homme affable et particulièrement chaleureux, c'était pratique pour que les enfants se sentent en confiance.
Il ne faisait pas ce métier tellement par volonté de sauver de pauvres petits anges battus, non, il cherchait, dans tous les enfants qu'il voyait, ceux qui étaient différents, ceux qui avaient l'étincelle. Quand il en trouvait un, il le tirait plus ou moins de la spirale légale des familles d'accueil et le gardait avec lui, pour lui offrir le meilleur.
Grimmjow avait été de ceux-là, et Aizen ne s'était pas trompé. Grimmjow était unique.
L'homme étouffa un rire distingué en y repensant. Il prit la clé de sa voiture et sortit de sa propriété sans un mot. L'enregistrement radio était prêt, il restait à savoir de quel bois serait l'enfant qu'il irait chercher aujourd'hui. Il avait déjà une bonne idée, il ne lui manquait plus que la confirmation.
Arrivé au poste de police où le petit garçon attendait depuis trente minutes, il prit un instant pour l'observer. Il était petit, il avait huit ans. Il avait des cheveux courts, en bataille et d'un orange très pur, vif. Il était assis sur une chaise, recroquevillé sur lui-même. Il portait les traces de coups habituelles, mais il essayait de se les cacher avec ses habits, ce qui était plutôt bien réussi. Il portait un jean usé et un col roulé noir que les manches couvraient jusqu'à sa première phalange.
« Ichigo ? »
Le petit garçon leva la tête et se redressa d'un bond. Il acquiesça rapidement.
« Je suis Aizen Sôsuke, je vais t'emmener dans un foyer d'accueil. On t'a déjà tout expliqué ?
-Oui, Monsieur Aizen ! »
Ichigo semblait donner de toute sa personne pour paraître heureux. Il affichait un sourire presque sincère. Même dans ses yeux, on semblait voir une étincelle de joie. Mais écrasée par le poids du passé. Intéressant, pensa Aizen.
« Suis-moi, alors.
-Vous voulez que je prenne votre porte-document, Monsieur Aizen ? »
L'homme fronça les sourcils un instant. Ichigo paraissait trop serviable pour que ça soit honnête. Il soupira. Il était encore très jeune, il n'était pas aussi empli de haine que d'autres à quatorze ans qui voient leur père tuer leur mère avant de se suicider.
« Non, Ichigo, ça sera bon. »
Le petit garçon baissa les yeux, fébrile. Aizen avisa qu'il s'était tendu, comme préparé à recevoir un coup. Il soupira discrètement. Il voyait quel genre d'enfants battus il était. Il conduisit l'enfant jusqu'à sa voiture où il s'attacha seul rapidement. Il ne voulait surtout pas faire de vagues.
Aizen démarra et attendit quelques minutes avant de mettre la musique. Dès les premières phrases, Ichigo se raidit et fronça les sourcils. Aizen esquissa un sourire, cette expression était déjà plus naturelle pour l'enfant. Une forte tête malgré les apparences ?
« Some kind of fight…. Just don't ask me what it was. »
Le petit garçon essayait de se concentrer sur le paysage qui défilait. Peut-être n'entendrait-il plus cette chanson… Il la connaissait bien. Elle passait souvent à la radio en ce moment. Et en plus, il vivait au deuxième étage… Comme Luka…
« I think it's because I'm clumsy, I try not to talk to loud…»
Ichigo prit ses doigts dans ses mains, les tortillant nerveusement. Oui, il était maladroit, mais c'était pas vraiment de sa faute. Quand il préparait à manger pour son beau-père, il devait utiliser la grosse casserole, et monter aussi sur le tabouret pour arriver à hauteur du plan de travail. Et c'était vrai qu'il était tombé plusieurs fois, et il avait aussi cassé plusieurs verres, mais c'était pas facile de pouvoir tout faire avec un bras cassé.
« Maybe it's because I'm crazy, I try not to act to proud. »
Le garçon remua fébrilement les lèvres.
« Est-ce que vous… vous pourriez mettre autre chose, s'il vous plaît, Monsieur Aizen ? »
L'homme fit mine de ne pas avoir compris.
« Tu peux parler plus fort, Ichigo ? Je suis désolé, je n'ai pas entendu.
-Je… je n'aime pas cette chanson, vous pouvez en mettre une autre ?
-Pourquoi ? Elle est jolie, non ?
-Oui mais… je ne l'aime pas.
-Vraiment ?
-Changez s'il vous plaît ! »
Ichigo avait haussé la voix, aussitôt après, Aizen le vit se recroqueviller dans son siège, comme s'il savait ce qu'il avait provoqué. Il esquissa un sourire que son petit interlocuteur ne vit pas et reprit :
« Je change, ne t'inquiète pas.
-… Merci, Monsieur Aizen… »
Quand la voiture s'arrêta et qu'Aizen sortit, Ichigo se crispa de tout son long. L'homme s'approchait pour lui ouvrir la porte. Lui en voulait-il d'avoir haussé la voix tout à l'heure ? Certainement et il allait aussi le frapper et…
« Détend-toi, Ichigo. Je ne te frapperai pas. »
Une main passa dans les mèches orange. Ichigo se relaxa très légèrement et se dépêcha de se détacher et de sortir en avisant l'homme qui descendait. Il remarqua la grande maison.
« Je… Où allons-nous, Monsieur Aizen ? Je croyais que le foyer était… moins beau que ça… »
Aizen étouffa un rire qui glaça les sangs du plus jeune. Avait-il dit quelque chose de mal ? S'il riait, l'homme devait se moquer de lui et il allait ensuite le punir d'avoir dit une bêtise.
« Tu es adorable, Ichigo. »
Le petit garçon eut une moue inquiète en entendant le suffixe. Il ferma les yeux très fort quand une main s'approcha, mais elle ne fit que se poser dans son dos délicatement pour l'encourager à reprendre la marche.
« Tu vas devoir rester quelques jours chez moi, après, j'irai te déposer au foyer d'accueil. Il y a un peu trop de monde pour le moment là-bas. »
Ichigo acquiesça vigoureusement, comme s'il souhaitait que l'affaire soit vite finie et qu'on le laisse en paix. Il aurait bien aimé être tout seul et comme ça, personne ne le battrait et il serait tranquille…
« Viens. »
Arrivé dans le manoir, une jeune femme s'avança pour prendre le manteau d'Aizen. Ce dernier la laissa faire et il regarda Ichigo, pour lui dire de déposer son manteau. Il voulait le garder sur lui mais il n'osa pas se rebeller et l'enleva prestement pour ne pas agacer Aizen.
« Je dois aller travailler sur des papiers, Ichigo, si tu as besoin de quoique ce soit, Hinamori est là pour toi. »
La jeune femme des manteaux offrit un large sourire à Ichigo qui répondit poliment malgré l'inquiétude qui le rongeait. Quand Aizen disparut dans son bureau, il se retrouva seul avec la jeune femme.
« As-tu faim, Ichigo ? »
Le petit garçon mourait de faim, mais s'il disait oui, il craignait que cela ne dérange et qu'on le frappe.
« … Non, je n'ai pas faim, Madame Hinamori…
-Tu peux m'appeler Momo, tu sais !
-Oui, Momo…
-Est-ce que tu veux quelque chose ?
-Je voudrais savoir… Où elle est la salle de bain ? »
Ichigo cherchait à trouver le moyen de s'éclipser. Il devait se cacher quelque part jusqu'à ce qu'on l'appelle. Pour le ménage, pour préparer à manger, ou peut-être pour qu'on puisse se défouler…
« Juste là, au fond du couloir à droite. »
Le petit garçon acquiesça et courut vers l'endroit indiqué, mais il ne tourna pas à droite. Au lieu de ça, il prit un autre chemin pour s'éloigner de cette jeune femme et d'Aizen. Il ne voulait surtout pas les déranger. Il trouva un coin près d'une fenêtre et il s'y assit, se cachant plus ou moins avec les rideaux.
Quelques minutes plus tard, il entendit des bruits de pas. Ça se rapprochait de lui, à coup sûr, c'était Aizen. Il avait dû faire quelque chose de mal et l'homme venait le punir. Ichigo se recroquevilla sur lui-même et couvrit sa tête de ses bras. Les pas se rapprochèrent et s'arrêtèrent. Puis, ils reprirent et s'éloignèrent.
Le petit garçon redressa la tête et aperçut quelqu'un sortir par la porte : il avait des cheveux bleu. Cela l'avait frappé parce que lui, son beau-père le battait souvent parce qu'il disait que ses cheveux orange c'était n'importe quoi. Des cheveux bleus, ça devait être pareil, non ? Il était peut-être quelqu'un comme lui ?
Aussi discrètement qu'il le pouvait, l'enfant se releva et suivit l'homme aux cheveux bleus. Il était très grand, presque autant qu'Aizen, mais il était beaucoup plus costaud. Il frappait sans doute plus fort alors. Ichigo se raidit à cette pensée et commença à s'inquiéter. S'il agaçait l'homme, il finirait sûrement dans un sale état. Il voulut se retourner pour partir rapidement mais on l'interpela :
« Hé, ça va, gamin ? »
Ichigo se raidit, mort d'inquiétude. Il garda bien les yeux baissés et se courba poliment pour saluer l'homme.
« Je suis désolé de vous avoir dérangé, Monsieur… »
L'homme écarquilla les yeux, un peu surpris. C'était une blague ?
« Pourquoi tu m'dérangerais ?
-Je… Parce que je suis là et… »
Ichigo était confus. Il n'osait pas lever les yeux.
« Tu t'appelles comment ? »
L'enfant tripotait ses mains nerveusement.
« I-Ichigo, Monsieur… Mais ce n'est pas utile de dire à mon beau-père que je vous ai dérangé, il… il est mort et…
-Moi c'est Grimmjow. »
Le susnommé essayait de ne pas laisser sa mâchoire tomber à chaque fois qu'Ichigo disait quelque chose. Il en avait vu pas mal des enfants battus, plusieurs étaient passé à la maison depuis qu'Aizen l'avait adopté. En six ans, il avait vu tous les types. Mais celui d'Ichigo était différent, inquiétant. Il approcha sa main du garçon qui leva ses bras pour protéger son visage.
« Hé, te bile pas, Ichi, j'te veux pas d'mal. »
Grimmjow n'avait pas pour habitude d'être doux avec les enfants qu'Aizen ramenait. Souvent, ils étaient coincés dans les jupes d'Hinamori qu'ils trouvaient douce et compagnie. Les fortes têtes étaient plutôt du genre à attirer l'attention d'Aizen. Lui, il les ignorait simplement. Il posa sa main dans les cheveux orange et les frotta doucement.
« Ichigo, ça veut dire 'fraise', non ?
-Ça veut d'abord dire 'le protecteur' ! »
Ichigo plaqua soudain sa main sur sa bouche, se rendant compte de sa bêtise. Il avait osé répondre à un homme qui était très fort. Il allait sûrement lui en vouloir et un coup de poing de sa part devait être très douloureux.
« Désolé Monsieur Grimmjow, je… je ne voulais pas dire ça, je… »
Grimmjow soupira et glissa sa main sur la joue ronde.
« J't'ai dit de pas te biler. Je te ferai aucun mal.
-… Oui, Monsieur Grimmjow…
-Tu peux m'appeler Grimm tout court, t'sais.
-… D'accord…
-On t'a déjà dit qu'on te ferait pas de mal ?
-Oui.
-Qui ?
-… Mon beau-père si… si je faisais bien le ménage, la vaisselle, à manger et la lessive, il disait qu'il me frapperait pas…
-Et c'était vrai ?
-… Non. Mais je continuais à faire ce qu'il voulait, hein ! »
Ichigo était presque fier de pouvoir dire qu'il obéissait malgré tout à quelqu'un qui ne tenait pas parole. Grimmjow eut une moue légèrement attristé et continua :
« Et on t'a déjà promis quelque chose ?
-… Oui. Mon beau-père me promettait que si je… que si je cassais quelque chose, que si j'étais pas obéissant ou que si j'étais pas sage, il me frapperait… »
Le plus âgé fronça les sourcils.
« Je vais te faire une promesse spéciale. Je te promets que personne ne te frappera. Et y'a pas de si. Même si tu casses quelque chose, personne te frappera. Tu feras ni la lessive, ni la vaisselle ou j'sais pas quoi, et je te promets que personne ne te frappera. Tu peux en être sûr. »
Ichigo lança un regard inquiet à Grimmjow. Quelque chose semblait le tracasser.
« Mais… je fais quoi alors, moi ? »
Grimmjow ne se laissa pas désarçonner. Il ne savait pas tellement pourquoi, mais ce petit garçon l'attirait. Rien de louche, évidemment, mais il le trouvait captivant. Il irradiait d'une sorte de charisme encore à l'état de bourgeon et on n'avait qu'une envie : l'aider.
« On va discuter. J'vais t'montrer tout ce qu'on peut faire ici. On a pas mal de jeux, tu sais. »
Ichigo acquiesça. Il suivit docilement Grimmjow quand il se remit à marcher. Ils arrivèrent dans une pièce qui ressemblait à un salon mais en plus personnalisé. Il y avait une télé, un canapé et d'autres portes qui devaient mener à une chambre peut-être. Ichigo avança fébrilement dans la pièce alors que Grimmjow alla s'asseoir sur le canapé.
« Tu veux pas v'nir ? »
Le petit garçon baissa les yeux et se força à avancer. Grimmjow remarqua cela.
« Qu'est-ce qui y'a ?
-Je… Je veux pas faire ça… »
Grimmjow fronça les sourcils. Que voulait dire Ichigo par 'ça' ?
« Tu veux pas t'asseoir ?
-Non, je… Je veux pas le faire… S'il vous plaît… »
Grimmjow serra les poings.
« Ton beau-père faisait quoi avec toi ?
-… Il disait que… que si j'étais sage il… me ferait pas mal… Qu'il serait plus doux…
-Et c'était quoi ? Dis-moi. »
Le petit garçon baissa les yeux, tortillant son t-shirt.
« Il… voulait que j'enlève mes habits et… après, il… »
Ichigo se tut, interrompu. Grimmjow venait de se lever et s'approchait de lui. Il prit peur et se protégea le visage.
« Non non ! Je vais le faire, promis ! Me frappez pas ! »
Grimmjow s'arrêta un moment, le regard douloureux. Il s'approcha finalement et attrapa Ichigo qu'il prit contre lui. Il retourna s'asseoir sur le canapé, l'enfant contre lui. Il le serrait fort pour qu'il se débatte moins et, quand il sembla avoir abandonné, Grimmjow murmura :
« Si j'te dis 'être en sécurité', tu comprends quoi, Ichi ? »
Le petit garçon se raidit. Il avait son visage contre le torse de l'homme. C'était différent de son beau-père. Ce dernier sentait mauvais et était gros. Grimmjow était fort et sentait bien meilleur. Et puis, il était beaucoup plus doux que son beau-père. Ses mains étaient grandes et chaudes.
« Dis-moi, je ne te ferai rien. Tu as vu ? Je ne t'ai pas frappé, je ne vais pas le faire, je te tiens juste contre moi.»
L'homme essayait d'articuler un peu mieux, pour faire comprendre au plus jeune le fond de sa pensée.
« Etre en sécurité, c'est quoi pour toi ? »
Ichigo sentit une main passer dans ses cheveux et masser son crâne. L'autre bras était serré autour de lui, le réchauffant.
« Je…
-Je t'écoute.
-C'est ça… »
Grimmjow hocha la tête, il sentit le plus jeune bouger et s'installer mieux. Son visage était dans le creux de son cou et ses mains accrochées à sa chemise. L'homme bougea sa main dans le dos en mouvements circulaires, pour réchauffer encore un peu l'enfant.
« C'est quoi ?
-C'est… comme ça… Toi qui… me fais un câlin… »
Grimmjow esquissa un furtif sourire et murmura :
« Alors tu peux te reposer, maintenant, Little Berry. »
Ichigo s'écarta un peu et regarda Grimmjow, étonné.
« Little quoi ?
-Ichigo, c'est strawberry. J'prends juste Berry, et je rajoute Little parce que t'es p'tit. »
L'enfant fronça les sourcils, mais il était aussi étonné. Agréablement étonné.
« T'aimes pas ?
-… Si… »
Ichigo secoua la tête avant de se blottir contre Grimmjow de nouveau.
« Tu as froid, Little Berry ?
-Non.
-Tu trembles et tu as la chair de poule…
-J'ai pas froid…
-Pourquoi tu dis pas ce que tu penses ?
-Si… si je t'embête avec ça tu vas te fâcher… »
Grimmjow soupira.
« J'me fâcherai pas pour ça. Et même, si on s'fâche, on te frappera jamais, Ichi. Jamais. »
Le petit garçon sembla se détendre.
« Alors je… j'ai froid, Grimmjow… et j'ai très faim aussi… »
L'homme étouffa un rire, attendri. Il se redressa, Ichigo toujours dans ses bras, et se dirigea vers la penderie de sa chambre.
« Mes habits sont tous trop grands, Hinamori et toi irez en acheter plus tard.
-Non…
-Quoi ?
-Je veux rester avec toi.
-Avec moi ?
-T'es gentil. Je veux que tu restes avec moi… »
Grimmjow ricana discrètement. Ichigo reprenait un peu du poil de la bête. Il mettrait sûrement du temps avant de s'affirmer, mais c'était un bon début.
« Okay, Little Berry. On reste tous les deux. En attendant… »
Grimmjow sortit une veste de son placard.
« C'trois fois trop grand mais bon, ça t'réchauffera d'jà un peu.
-Merci… »
L'homme descendit aux cuisines, il n'y avait personne. Il déposa Ichigo à table mais le petit garçon se précipita pour faire à manger.
« Pas touche, gamin, la cuisine, c'est dangereux. Tu risques de te faire mal. »
Ichigo s'arrêta. Il s'était déjà brûlé plusieurs fois, il savait ce que c'était.
« Je… Je peux t'aider alors ? »
Grimmjow prit un air faussement agacé.
« Ouais, ça m'paraît bien. »
Un peu plus tard, assis à table, Ichigo attendait que Grimmjow commence à manger avant d'attaquer son assiette. Il finit en moins de cinq minutes. Quand Grimmjow remarqua les yeux ambre qui fixaient la casserole, il lança :
« T'en r'veux ? »
Ichigo baissa les yeux un instant, incertain, puis, il regarda la casserole et déclara un peu timidement :
« Je veux bien oui, s'il te plaît…
-Hé, Ichi, hésite pas. Sôsuke est bourré d'argent. C'est pas deux cuillères de pâte qui vont le ruiner.
-O-Oui… J'ai compris.
-C'est bien. »
Une fois sa deuxième assiette terminée, Ichigo se mit à dévisager Grimmjow, croyant que ce dernier ne le remarquait pas puisqu'il mangeait. Grimmjow avait l'air très fort. Ichigo supposait qu'il devait faire un métier génial, comme pompier ou policier. Ou peut-être agent secret. Il avait la classe.
« Little Berry, t'as quel âge au fait ?
-Hein ? Ah ! Euh, huit ans ! Depuis deux jours !
-Tu les fais pas dis donc.
-On m'a dit que c'était parce que j'étais asiatique, je fais beaucoup plus jeune que mon âge et puis je suis pas très grand. Mon beau-père, il disait tout le temps qu'il aimait ça parce que j'avais la peau plus douce et j'étais plus joli… »
Le regard de Grimmjow se durcit, n'aimant pas la connotation.
« T'es beau comme gamin, c'est sûr.
-Et toi ?
-Moi ? J'ai 2O ans. Bientôt 21.
-T'es grand… »
L'homme s'amusa du murmure d'émerveillement mais il n'eut pas le loisir de s'étendre qu'un cri de surprise le dérangeait.
« Grimmjow ! Excusez-moi, je ne savais pas que vous étiez là avec Ichigo ! »
Hinamori venait d'entrer et s'était figée à l'entrée. Le petit garçon se tendit un peu et lança un regard inquiet à celui qu'il idéalisait déjà comme l'homme parfait.
« J'mange avec Ichigo, tu vois. Rien d'méchant. »
La jeune femme semblait choquée. Grimmjow avait un sale caractère, elle avait parfois du mal à lui parler sans le mettre en colère. Alors qu'un petit garçon battu, qui semblait si timide, puisse négocier avec la bête du manoir ! C'était impressionnant.
« Je… vais vous laisser alors. Bon appétit ! »
Quand elle partit, Ichigo regardait la porte, perplexe. Il frissonna et remit la veste de Grimmjow. Les manches dépassaient ses doigts de trente bons centimètres, il nageait dedans. Il mit la capuche qui lui tomba jusqu'au nez. Il agita les bras, comme un fantôme, et rit doucement.
« T'apprends à nager, Little Berry ?
-Je crois oui…
-J'vais essayer de t'trouver une couverture en laine, ça sera mieux quand même.
-Mais je l'aime bien cette veste, moi !
-C'est trop grand.
-Mais elle sent bon ! »
Grimmjow se tut un instant avant d'éclater de rire. Il frotta la tête de l'enfant affectueusement et ajouta :
« Garde-la, alors ! J'te l'offre.
-Merci ! »
Ichigo semblait sur un petit nuage. Grimmjow le regardait attentivement. Ichigo était très gamin, même pour huit ans. Il était probablement traumatisé et perdu. Il suffisait de voir son comportement. Il effectuait des tâches ménagères d'adulte déjà mais il s'amusait d'une veste trop longue. Peut-être ne savait-il pas lui-même s'il était un enfant ou un adulte. Grimmjow soupira.
Lui, il n'avait jamais eu l'occasion de se poser la question. A quatorze ans, il avait déjà perdu son enfance. Il essaierait de sauver ce qui restait à Ichigo.
Un peu plus tard, ils étaient dans un salon, sur un canapé très confortable. Ichigo avait une couverture sur lui pour lui tenir chaud et il était assis tout contre Grimmjow qui regardait une émission à la télé. Il n'avait pas réussi à faire choisir l'enfant, il était encore trop effacé. Mais il n'avait pas hésité à se blottir contre lui.
« Tout va bien, Little Berry ?
-Oui, Grimmjow.
-Tant mieux.
-Dis… Est-ce que… ton père il… »
Grimmjow s'arrêta un court instant de caresser les cheveux et reprit lentement.
« Nan, c'était pas pareil qu'toi.
-Ah…
-J'ai pas eu de beau-père comme toi, c'était mon vrai père. Il nous frappait tout le temps ma mère et moi. Elle faisait pas grand-chose pour m'aider… Et ça, d'puis qu'j'étais tout p'tit. Quand j'avais quatorze ans, il a tué ma mère et s'est tué ensuite. »
Ichigo se redressa doucement pour regarder Grimmjow, l'air sérieux. Il se mit sur les genoux et essaya de l'entourer de ses petits bras.
« Qu'est-ce que tu fais, Little Berry ?
-Je… Je vais te guérir, Grimmjow ! »
L'homme haussa un sourcil, amusé.
« Ah ? »
Grimmjow affichait un air tendre. Ce petit bout pressait son visage contre son cœur.
« Okay, Little Berry, mais tu devrais pas penser à toi avant ? »
L'enfant se détacha et hocha la tête.
« Je… je veux pas que ceux que j'aime aient mal…
-Tu m'aimes ?
-T'es gentil avec moi, alors je… »
Ichigo sursauta quand on toqua à la porte. Il se retourna vivement et vit Aizen. Il se crispa, inquiet.
« Hey, Little Berry, je t'ai dit quoi déjà ?
-Que… que personne ne me frappera…
-Ouais, exact. Et Sôsuke aussi. »
Aizen observa cela silencieusement et s'avança dans le salon.
« Je peux m'asseoir à côté de toi, Ichigo ? »
L'enfant se détacha de Grimmjow et s'assit à côté de lui, acquiesçant silencieusement. Il était un peu nerveux mais il sentait la grande main de Grimmjow caresser ses cheveux.
« J'ai eu un appel du foyer. »
Ichigo blêmit. Il devait partir ? Il regarda Grimmjow et lança :
« Je veux pas partir ! »
Aizen ouvrit légèrement les yeux, surpris. Grimmjow affichait un air amusé.
« Je dois rester parce que j'ai promis à Grimmjow que je le guérirai ! »
Grimmjow éclata de rire et frotta affectueusement les cheveux orange. Aizen se passa une main sur le visage, amusé. Il posa sa main sur l'épaule d'Ichigo et le regarda dans les yeux.
« Tu es sûr ? »
Ichigo serra les poings.
« Oui !
-Très bien. Tu es le bienvenu chez moi alors, Ichigo. Tu peux vivre ici aussi longtemps que tu veux.
-… Merci, Monsieur Aizen…
-Je t'expliquerai tout plus tard, mais je suppose que tu n'as pas envie que je devienne ton nouveau beau-père, non ? »
Ichigo fit non de la tête, l'air un peu blessé et sombre. Aizen lui fit relever le menton et le regarda profondément.
« Alors je serai ton oncle, cela te convient-il?
-Oncle Aizen ?
-Tu peux aussi m'appeler Sôsuke, maintenant.
-D'accord… »
Aizen se redressa, bien assis dans le canapé. Il souriait calmement.
« Bien, je vois que tu t'entends bien avec Grimmjow ?
-Oui ! Il m'a même offert une veste, regarde ! »
Ichigo sauta du lit et alla chercher la veste derrière le canapé. Les deux hommes le suivaient du regard.
« Regarde ! Elle est super jolie ! Et en plus, elle sent trop bon… »
L'enfant la garda contre lui.
« Il faudra pas la laver trop fort dans la machine, sinon, toute l'odeur va partir. Et faut aussi pas la mettre avec les autres couleurs, sinon le bleu va déteindre. »
Aizen fronça les sourcils. C'était ce qu'il avait cru comprendre. On n'avait pas inculqué à Ichigo la différence entre l'enfance et l'âge adulte. Il tâcherait de l'éduquer correctement. Il croisa le regard de Grimmjow.
« Tu es devenu bien doux, Grimmjow. »
Grimmjow leva les yeux au ciel et s'affala un peu plus dans le canapé. Il ramena le petit garçon à lui, passant un bras à son épaule. Ichigo ne bronchait pas, au contraire, il s'avérait qu'il était très câlin. Grimmjow aimait bien cet enfant, il avait envie de le garder près de lui sans jamais le lâcher d'une semelle.
« Hinamori était presque en état de choc tout à l'heure.
-Ah ? répondit Grimmjow. Qu'est-ce qu'elle a encore ?
-Elle ne t'a jamais vu aussi tendre avec quelqu'un. »
Ichigo dressa l'oreille.
« Grimmjow est pas gentil d'habitude ?
-Tu peux l'dire, Ichi ! J'suis qu'une sale panthère asociale ! »
L'enfant regarda Aizen, comme s'il cherchait du soutien. Il se retourna finalement et se blottit contre Grimmjow.
« Pour moi t'es un gros chat. Tout doux et qui tient chaud…
-Hé !
-Calme-toi, Grimmjow, regarde-le. »
Le bleuté baissa les yeux et se tut en voyant les paupières lourdes de l'enfant.
« Il n'a pas dormi depuis deux jours. Expliqua Aizen.
-… Il est trop mignon.
-Mais il a du caractère. Il m'a tout de suite attiré.
-Moi aussi. Ils t'ont dit quoi sur lui ?
-D'après ce que je sais, il est fils unique. Ses parents sont morts dans un accident et il a été placé dans une famille d'accueil à six ans. Il était régulièrement battu mais on disait qu'il était juste très maladroit. »
Grimmjow serra les dents, agacé et en colère.
« C'est pas tout.
-Comment ça ? demanda Aizen.
-Il m'a dit des choses sur son père, qui l'obligeait à le faire. »
Aizen haussa un sourcil.
« Il faut enlever ses habits, ça fait mal…
-C'est bon. Coupa l'homme. Je vois. »
Après un silence, il reprit.
« Tu vas t'occuper de lui, je suppose ?
-Ouais. »
Le brun acquiesça silencieusement et se leva pour s'en aller.
« Tu devrais aller le coucher.
-Hum. »
Quand il fut seul avec l'enfant endormi, Grimmjow esquissa un sourire. Il soupira.
« Me guérir… T'es trop mignon, Little Berry. »
Grimmjow se redressa et prit Ichigo dans ses bras délicatement. Il grogna un peu dans son sommeil mais ne se réveilla pas. Grimmjow rejoignit sa chambre et posa Ichigo sur le lit. Il lui enleva son jean et ses chaussettes, lui laissant son haut et il le couvrit de la couverture. Il remarqua que l'enfant ne lâchait pas la veste.
« Tss… C'ton doudou… »
Il déplia la veste et la mit à Ichigo, s'amusant un peu des vagues bruits contrariés. Il ferma le zip et lui passa la capuche après lui avoir caressé la joue et les cheveux pendant un moment. Il regarda l'enfant attraper le bout de la manche et la porter à ses lèvres. Comme un doudou. Grimmjow ne put s'empêcher de sourire. Il l'aimait trop ce gamin, et il était très pressé de le voir grandir.
S'il vous plaît, pas de questions sur la longueur (j'en sais rien) et ne parlez pas de shôta, je suis contre :)
Merci d'avoir lu!