Titre : Ivrognes

Auteur : Nandra-chan

Disclaimer : Les personnages de cette fic appartiennent à CLAMP

Note : Et voilà, Nandra, le Retour de la Vengance de la Fille Maudite. Bref, ça faisait très longtemps que je n'avais pas posté ici. Je suis contente de revenir un peu. Merci à toutes les gentilles personnes qui ont continué à me lire et à me laisser des reviews pendant que je n'étais pas là. J'ai vraiment apprécié. Et je n'ai pas répondu, oui ok, je suis vilaine, vous avez le droit de me taper. Et sinon, ce texte était à écrire en une heure, à partir du mot "ivrogne". J'espère qu'il vous plaira.

Pour me faire du bien ou du mal, on clique en bas au milieu et on écrit des choses dans le petit rectangle. On n'oublie pas de se loguer si on veut recevoir une réponse :)


Ivrognes

Assis en tailleur, les mains ouvertes posées sur les genoux, le dos droit, les yeux clos, Kurogane méditait. Seul le bruit de sa respiration, lente et ample, troublait le silence total du palais Shirasagi au cœur de la nuit. Son cœur battait au ralenti, et il se sentait parfaitement détendu, profondément serein, profitant sans se retenir de ce moment de relaxation totale. Quand soudain...

Un bruit léger vint troubler les eaux calmes de son esprit, comme un petit caillou jeté dans une mare. Ses paupières s'ouvrirent, mais il se retint de pousser un grognement. Il devait rester concentré, laisser glisser la perturbation sur lui sans lui donner de prise, ne pas se laisser distraire. Ce n'était sans doute qu'un chat de passage à la recherche d'une souris. Paisible, serein, détendu...

Le grattement se reproduisit. Et là, ça commençait à l'agacer. Il tendit l'oreille pour identifier l'origine de ce son importun, mais il n'y avait plus rien, seulement le silence. Il inspira à fond, expira, referma les yeux. Relaxe-toi, laisse aller...

Grat ! Grat !

"Mmmmfff ! Cette fois, ça commence à bien faire !" Kurogane bondit sur ses pieds ! Chat ou pas, souris ou pas, on allait voir ce qu'on allait voir ! On ne dérangeait pas un ninja en pleine séance de concentration ! Non mais oh ! Il se dirigea à grands pas vers la porte de la pièce, l'ouvrit brusquement, et... Quelqu'un avait dû laisser un chiot égaré sur le seuil de sa chambre. Un chiot blond, à la peau particulièrement pâle, ce soir, et dont l'œil valide était d'un bleu comme délavé, bien moins intense qu'à l'accoutumée. Sans parler de son sourire, tremblant, pitoyable... Il n'avait pas l'air bien, le mage, vraiment pas.

"Qu'est-ce que tu fous devant ma porte en pleine nuit ? râla quand même le guerrier.

- Je te dérange, Kuro-chan ?

- Je méditais.

- Ah," fit le magicien, d'un ton dépité."Je te dérange, donc." Sur ce coup-là, Kurogane se sentit quand même honteux. Fye n'était manifestement pas dans son assiette, il aurait peut-être pu se montrer moins grognon. Il fallait rattraper ça.

"Tu comptes entrer ? Ou tu préfères rester planté sur le pas de la porte ?" Il s'effaça pour laisser son blond compagnon pénétrer dans la chambre. Ce dernier passa devant lui comme une ombre, glissant sans bruit sur le sol, tel un fantôme terne. Il s'avança un peu, puis s'assit par terre sans un mot. Le ninja referma et vint s'installer en face de lui, puis attendit, mais rien ne se passa. Le mage restait là, à regarder le sol ou autre chose, les yeux dans le vague en fait. Pas vraiment décidé à donner le motif de sa visite, apparemment.

"Tu voulais quelque chose ? demanda le brun au bout d'un moment.

- Non, rien.

- Bah alors pourquoi t'es venu ?

- Pour rien. Je vais te laisser. Je ne veux pas t'ennuyer."

Il fit mine de se lever, mais le ninja le retint par la manche, pour l'obliger à rester assis. D'accord, si c'était comme ça, aux grands mots les grands remèdes. "Tu bouges pas de là. Je reviens."

Il sauta sur ses pieds, se dirigea vers un meuble, en sortit une bouteille, deux coupes, et revint se poser en face de son compagnon toujours muet, mais qui le regardait faire d'un œil curieux. Kurogane disposa les tasses sur le sol, et les remplit à ras bord de saké. Puis il tira de sa poche un petit paquet rectangulaire qu'il ouvrit, et en tira un jeu de cartes. "J'ai ramené ça d'un des mondes où on est passés. Tu sais jouer au poker, le mage ?" Fye lui fit un petit sourire presque joyeux, et un signe de tête affirmatif.

"Qu'est-ce qu'on mise ?" demanda-t-il.

- Le perdant boit son verre et celui de l'autre, cul sec.

- Ça me va."

Pendant le premier quart d'heure, ce fut relativement calme. Les parties s'enchaînaient gentiment, on buvait, en alternance. Kurogane était plutôt content de lui, il menait au score, et les joues blêmes du magicien avaient repris un peu de couleur, son sourire s'élargissait, et il commençait à raconter quelques bêtises, signe que le moral revenait.

Les quinze minutes suivantes, le ninja était vraiment heureux ! Les cartes étaient avec lui, il avait emporté victoire sur victoire, et le blond commençait à en tenir une bonne. Il rigolait un peu pour rien et racontait un tas de conneries plus grosses les unes que les autres, tout allait bien.

Mais la chance est une maîtresse capricieuse, et le Fye une créature fourbe qui a plus d'un tour dans son sac, et tout à coup, la belle mécanique du succès se dérégla. Kurogane commença à perdre, et plus il essayait de se refaire, plus il s'enfonçait ! Et bien sûr, le magicien en profitait à mort, ce sale petit... "Tricheur !

- Kuro-chan ?

- T'as triché, là, je t'ai vu !

- Mais non mais pas du tout !

- Si, si , t'as triché ! T'avais mis une carte dans ta manche !

- Quelle manche ?" C'est vrai ça, quelle manche ? Fye était en t-shirt, il n'avait pas de manche.

"La manche de... ton pantalon !" Le blond éclata de rire.

"Si je ne te connaissais pas si bien, Kuro-sama, je dirais que tu es de mauvaise foi !

- Moi ! De mauvaise foi ! Non mais tu rigoles ? C'est l'hôpital qui se fout de la chiraté !

- Charité !

- C'est ce que j'ai dit !

- Non, tu as dit "chiraté".

- Chiraté toi-même !

- Kuro-chan, corrige-moi si je me trompe, mais je crois que tu es bourré.

- Moi ! Bourré ! Alors là, ça m'étonnerait", ricana le ninja.

Enfin si, en fait, il avait bien l'impression d'être un peu bourré. Les murs de sa chambre tournaient très lentement autour de lui. Non que ce fut désagréable, mais c'était quand même un peu perturbant. Enfin, ça s'arrangerait sûrement s'il buvait un coup, c'était un simple vertige. Un peu d'alcool fort allait faire passer tout ça !

Mais quand il prit la bouteille et la pencha au-dessus de sa coupe, une seule petite, minable goutte en tomba. "Ben merde... Y en a plus." Il rampa à quatre pattes jusqu'au meuble, angoissé, tout à coup. Mais ô bonheur ! Que voyait-il là, sur l'étagère ? Une autre bouteille ! Quel petit veinard il faisait, quand même !

La partie reprit de plus belle.

oO0Oo

La princesse Tomoyo ouvrit les yeux. Quelque chose avait troublé son sommeil. Un bruit ? Non. On chantait. Quelqu'un, dans les jardins, chantait à tue-tête, et pas très juste en plus. Elle regarda l'heure : 3H00 du matin. Allons bon.

Il n'était pas de bon ton pour une jeune femme de sa condition de râler, mais tout de même, là, il y avait un peu d'abus. Elle se leva en grommelant, enfila un peignoir, et sortit sur la terrasse. Sa chambre, de plain-pied, donnait sur les jardins. La première chose qu'elle constata fut qu'il faisait un froid polaire ! Et la deuxième, qu'elle n'était pas la seule à avoir été dérangée. Amaterasu était là aussi, la mine grognonne, et Sôma regardait quelque chose dans le parc, l'air congestionné. La jeune prêtresse connaissait bien cette expression réprobatrice sur le visage de son amie. C'était la tête qu'elle faisait toujours quand elle en avait après... Kurogane !

Prise d'un horrible soupçon, Tomoyo reporta à son tour son attention sur le jardin. Eh ben oui, évidemment ! Même au clair de lune, on ne pouvait manquer de reconnaître les silhouettes des deux zigottos qui se couraient après, pieds et torse nus dans la neige ! Le blond devant, galopant comme un lapin et riant ou chantant, le brun courant à sa suite en rageant, sabre au clair, et, d'après ce qu'on pouvait entendre des vociférations, la diction pas très nette.

La princesse poussa un long, très long, très profond soupir. Elle resserra les pans de son peignoir, tourna les talons, et retourna se coucher, en grommelant quelque chose que ses compagnes n'entendirent pas bien - et heureusement, car ce n'était pas très royal -, mais qui commençait par "Je vais me les faire" et qui finissait par "ces deux abrutis d'ivrognes".

Dans le jardin, Fye et Kurogane s'arrêtèrent au pied d'un arbre, pris d'une subite crise d'éternuements.

"Quelqu'un dit du mal de nous, Kuro-chan" fit le blond avec un gros sourire.

"Tant mieux", répondit le brun.

Ils se regardèrent, longuement, les yeux dans les yeux, et éclatèrent de rire.