Ré-édition d'une fiction en cours d'écriture.

Pour ceux qui suivent déjà la fiction. Je vous invite à lire de nouveau les premiers chapitres. Quelques légères modifications ont pu être apportées, notamment en matière de concordance des temps même si ce n'est pas encore parfait, j'ai espoir que ça facilite la lecture. J'ai sciemment laissé les numérotations de chapitres.

Ne vous étonnez pas des caractères peu fidèles aux personnages de base, j'ai choisi d'exacerber les traits caractéristiques de chacun avec une touche d'humour. C'est moins le cas sur les derniers chapitres à mon sens.

Je n'ai pas abandonné cette fiction. Le temps manque cruellement et je profite du confinement pour avancer dans tous mes projets. Le prochain chapitre est en cours de finalisation. Il sera posté d'ici 15 jours maximum.

Je vous souhaite une bonne lecture et vous prête une oreille attentive =)

M. Fox

Chapter 1: Chapter 1

Je lançais un coup œil à ces foutus cornichons de septième année, tous aussi idiots les uns que les autres. Balayant d'emblée l'assemblée hétéroclite penchée sur leurs chaudrons, je réprimai un soupir. Londubat faisait encore des siennes. En un mouvement rapide, la potion ratée du dit Londubat s'évanouit en un instant. Un léger tremblement, je décidais de lui enlever 5 points pour avoir fait la preuve flagrante de son incompétence...encore !

— Miss Granger, je crains fort que votre camarade ne gagne pas en intelligence si vous vous évertuez à lui parler sans cesse !

— Je voulais juste l'aider, monsieur ! murmura-t-elle en tournant 3 fois sa potion dans le sens des aiguilles d'une montre.

— Épargner lui votre verbiage, vous nous feriez tous le plus grand bien !

N'avait-elle pas compris après toutes ces années que si elle ne laissait pas ses camarades faire, jamais ils n'évolueraient dans leurs pratiques ? J'aperçus l'expression outrée de Potter et espérait secrètement qu'il ouvre la bouche pour une fois. Ce qu'il sembla vouloir faire lorsqu'un mouvement étrange dans l'air m'interpella. Je fis taire toutes protestations. Weasley sursauta semblant lui aussi s'être aperçu de la chose ce qui m'aurait inspiré nombres de réflexions si le mouvement n'avait pas fini par se répéter attirant l'attention de tous. Enfin, après quelques secondes le phénomène se stabilisa.

POV HG

Une fillette était apparue, juste là, devant mes yeux, elle fit un tour sur elle-même et posa son regard sur notre professeur de potions qui leva un sourcil interrogateur.

— Monsieur Malefoy, pourriez-vous aller chercher le directeur, je vous prie ? Lança-t-il sans se défaire de son flegme habituel.

La petite fille pencha la tête sur le côté et posa les mains sur ses hanches fixant toujours Rogue.

— C'est pas marrant ! s'écria-t-elle avant de tourner de nouveau sur elle-même.

Ron me regarda et lui demanda la mine déconfite ce qui n'était pas marrant, s'attirant un regard noir de la part du maitre-potionniste.

— Les blagues de papy !

Rogue eut une grimace agacée avant de se pincer l'arête du nez, signe de son impatience.

— Et peut-on savoir comment vous vous appelez et ce que vous faites ici jeune fille ?

Elle fit face à Rogue, sa figure se décomposant au fur et à mesure qu'elle tournait sur elle-même, paniquée. Elle s'approcha de lui, brandit son petit poing serré et le frappa faisant reculer d'un pas ledit professeur.

— C'est pas marrant ! Répéta-t-elle plus fort.

Rogue la prit par les épaules et l'éloigna le plus loin possible, c'est-à-dire a porté de bras et la fillette redoubla l'intensité de ses pleurs avant d'essayer de courir vers lui. Elle avait l'air de ne pas comprendre la situation et j'entendis quelques murmures franchir les lèvres de Parvatil et Padma. La petite fille finit par s'asseoir sur le sol tout en continuant de pleurer. C'est le moment que choisit Drago pour revenir avec Dumbledore. La petite tourna le regard vers eux et fonça droit sur le directeur. Rogue l'attrapa par le bras pour la retenir et la fillette le regarda méchamment, un regard digne de lui d'ailleurs, puis elle se mit a crier !

— Pourquoi t'es méchant avec moi Papa ? Je vais le dire a maman que...

Rogue l'avait lâché comme s'il s'agissait d'un monstre particulièrement répugnant. Elle s'effondra littéralement sur le sol et se cogna le genou ce qui eut pour effet de la faire taire, elle tourna les yeux vers Dumbledore.

— Tu m'avais dit qu'il fallait pas jouer avec ça, que c'était une blague, mais c'est pas une blague marrante !

Au tour de Dumbledore de paraître déconcerté. Il entreprit de venir relever la petite en jetant un regard interrogateur à Rogue.

— Elle est apparue en un instant, je vous assure que j'ignore qui elle est !

La petite regarda Rogue comme si elle venait de recevoir une gifle particulièrement foudroyante et ses yeux s'embuèrent de nouveau.

— Pourquoi Papa me reconnait plus ? Demanda-t-elle au directeur.

Celui-ci secoua la tête et elle parut lui en vouloir de n'avoir aucune réponse a lui apporter ! Il ouvrit la bouche et déclara calmement que le cour de Potion était finit pour aujourd'hui. Des murmures s'élevèrent dans la salle alors que nous rangions nos affaires et Dumbledore demanda à Rogue de le suivre dans son bureau. Je tournais la tête vers lui et il me jeta un regard indéchiffrable, dénué d'émotions. Je priais sincèrement pour que la gamine ait perdu momentanément l'esprit. Alors que nous nous apprêtions à sortir, Dumbledore adressa quelques paroles à Harry et la fillette leva sa tête qu'elle avait gardée désespérément enfouie dans l'épaule du directeur.

— Tonton il est là ?

Harry s'arrêta sur le champ et Ron pouffa.

— Harry, connais-tu cette enfant ?

Harry secoua la tête et la petite s'agita dans les bras de Dumbledore qui la relâcha. C'est alors qu'elle s'approcha de moi et me regarda d'un air triste.

— Toi maman tu me connais hein ?

Ron m'attrapa par le bras pour me faire sortir de la classe, Rogue avait blêmi tandis que Harry et Dumbledore me regardaient attendant presque un assentiment. Ron essayait de me tirer hors de la salle de classe. Nous étions tous parvenus à la même conclusion. Si Rogue était présenté comme le père de la petite et moi sa mère, cela signifiait donc que…

Un rire incongru passa la barrière de mes lèvres, les paroles de cette petite étaient tout bonnement invraisemblables. Il est vrai que je trouvais que le professeur Rogue était quelqu'un d'intelligent. Mais, de là à me prêter une quelconque relation avec lui !

Dumbledore s'éclaircit la voix attirant de nouveau l'attention de l'enfant qui menaçait de se mettre à pleurer.

— Miss Granger, Monsieur Potter et Monsieur Weasley, je pense qu'il serait préférable que vous nous suiviez le professeur Rogue et moi !

Harry hocha la tête et s'engouffra dans le couloir suivi de Dumbledore et de Rogue qui passa à côté de moi en me regardant d'un air terrifiant. Je fermais la marche avec Ron qui me tirait par le bras. J'étais totalement perdue, qu'est-ce que s'était que cette blague de mauvais gout ?

— Mione, c'est quoi cette histoire de papa, maman avec Rogue ? murmura-t-il

— Je n'en sais rien ! Répondis — je sur le même ton

— Tu connais cette gosse ?

Je secouais la tête en restant prostré dans mes pensées. Venait-elle d'un genre de monde parallèle ? Ou était-ce une farce horrible de quiconque me voulait du mal ? Nous venions tout juste d'en finir avec Voldemort, est-il possible de passer une année tranquille dans cette école.

— Tu...euh...tu ne me trompe pas avec Rogue hein ?

— Ronald ! Comment peux-tu dire ça, tu sais bien que je t'aime non ?

— Oui, mais la petite a dit que...enfin pour être Papa, maman il faut bien que...

— Arrête un peu, tu parles comme un gosse ! Je ne te trompe pas, avec personne...et je n'ai aucunement l'intention de m'enfuir avec Rogue, aucune personne saine d'esprit n'aurait idée de fonder une famille ou d'avoir une relation amoureuse avec lui ! Même s'il est lavé de tous soupçons grâce à Harry, il n'en reste pas moins l'homme le plus terne et exécrable au monde !

Ron parut soulagé et attrapa ma main pour se satisfaire dans ces idées quand nous arrivions dans le bureau de Dumbledore. Je ne me souvenais pas avoir passé la gargouille, mais notre conversation semble avoir était suivie par Rogue et Harry. Dumbledore lui, tenait la petite par la main et celle-ci jetais de fréquents regards a mon égard et a celle de Rogue. Elle fronça les sourcils lorsqu'elle vit que Ron me tenait la main et s'assied sur les genoux du directeur lorsqu'il prit place à son bureau.

— Très bien, est-ce que tu peux me dire comment tu es arrivé dans la salle de classe, ma belle ?

Elle acquiesça avant de froncer les sourcils. Elle avait un petit nez très mignon, deux jolies fossettes, des yeux sombres ainsi que de longs cheveux châtains et raides. Je ne lui trouvais aucune ressemblance avec ma personne. Il y avait bien quelque chose dans ses mimiques qui me faisaient penser à mon professeur. Rien de flagrant, cette gamine pouvait être à tout le monde !

— J'étais chez toi, je jouais avec les potions, t'as dit de toucher a rien pendant que t'allais voir papa alors j'ai touillé la potion et t'es revenu t'as ajouté quelque chose j'ai encore touillé comme papa et je suis arrivée ici !

Il fronça les sourcils à son tour.

— Tu ne remarques rien de particulier chez papa ? Il a changé ?

Elle regarda Rogue, puis chacun d'entre nous avant de laisser échapper une exclamation.

— Tout le monde est comme sur les photos chez tonton Harry, quand il était à l'école avec maman !

— Tu es née en quelle année ? demanda Harry

Elle réfléchit un instant avant de nous donner la réponse. Dans cinq ans donc, elle montra à Dumbledore avec ses doigts qu'elle avait 4 ans. La chose me parut encore plus improbable, dans 5 ans, j'étais censée être avec Rogue et avoir une petite fille avec lui, c'est ça ? C'est ce moment-là que choisit Ron pour poser une question qui provoqua un blanc mémorable.

— Est-ce que tes parents vivent ensemble ? dit-il abruptement.

La petite lui fit de gros yeux avant d'interroger Dumbledore du regard.

— Tu n'aurais pas pu choisir un autre moment ? murmurais-je méchamment

— Mione, si cette gamine dit vrai, ça veut dire que dans les cinq années à venir, tu vas te taper Rogue ! répliqua-t-il en colère. Je préfère qu'elle me dise que tu ne vis pas en plus avec lui, j'aime encore mieux croire que tu m'as trompé ou qu'il t'ai lancé un sort...je ne veux pas croire que tu puisses me quitter pour lui !

Un ange passa, Harry faisait la navette entre Rogue et Dumbledore comme lors d'un match de tennis et Ron broyait littéralement ma main.

— Monsieur Weasley, vous feriez mieux d'aller prendre un thé en cuisine, cela vous détendra, je crois savoir que nous venons d'en recevoir une caisse entière, Winky se fera une joie de vous en servir ! lui intima le directeur.

Mon petit ami vira au rouge pivoine et regarda Rogue qui demeurait étonnamment calme puis il tourna la tête vers la fillette qui jouait avec un objet étrange sur le bureau de Dumbledore.

— Elle ne te ressemble pas, elle n'a pas tes yeux ...il faut qu'elle le prouve, qu'elle prouve que toi et lui vous êtes ses parents !

La petite sursauta et Rogue parut plus enclin à montrer qu'il était présent en sortant de son coin pour écouter la conversation. Voilà pourquoi il ne disait rien, pourquoi il se moquait des insinuations de la gamine, il n'y croyait pas lui non plus. Seul le reste des gens qui se trouvaient là semblaient gober les élucubrations de cette petite.

— Très bien, avant que je ne t'explique ce qu'il se passe avec ton papa et ta maman, il faut que tu répondes à une question tu veux bien ?

Elle hocha la tête captivée par la voix douceâtre de Dumbledore.

— Est ce que tu pourrais me dire un secret sur tes parents, quelque chose que très peu de gens connaissent ?

Elle pencha la tête pour réfléchir avant de hocher la tête.

— Maman elle gronde tout le temps papa parce qu'il ne veut pas renvoyer Winky, mais papa dit que Winky ne veut pas partir. Alors maman elle écrit des lettres au ministère pour que les elfes puissent être libre ! Et papa me donne tout le temps du lait au chocolat avant de dormir, il a dit que c'était un secret !

Harry étouffa un rire, je l'interrogeais du regard et il répondit en souriant.

— Winky, tu ne te souviens pas d'elle ? Dobby nous l'a présentée !

— Bien sûr que je me souviens d'elle, Harry, mais je ne vois pas…

— Winky est devenue l'elfe de maison du professeur Rogue depuis peu ! continua Dumbledore un nouvel éclat dans les yeux.

Rogue avait froncé les sourcils, il ne comprenait pas plus que moi en quoi cela pouvait prouvé quoi que ce soit.

— Hermione est à la tête de la SALE, un genre de société protectrice des elfes de maison, elle veut que tous les elfes, maltraités surtout, comme Dobby puisent être libre !

Mon professeur se tourna vers moi, me toisant comme si j'étais une sombre idiote d'avoir crée une telle entité.

— Miss Granger, les elfes de maisons sont liés par de la magie très puissante et ancienne, s'ils étaient tous libres, ils mourraient, car ils seraient dans l'incapacité de pérenniser leur espèce ! Ils sont nés pour servir, sont élevés pour cela, ils ne peuvent rien faire d'autre et ils sont heureux de le faire, une faible minorité est maltraitée, et parfois, ils s'infligent eux-mêmes ces traitements. Ils sont protégés, peut-être pas par des lois comme chez les moldus, mais le ministère veille !

Je regardais Rogue bouche bée, je n'ai pas souvenir qu'il m'ait autant parlé, même quand nous étions à l'ordre !

— Grand-père, t'as dit que tu m'expliquerais, tu m'expliques ?

Au tour de Dumbledore de hocher la tête, mes jambes commençaient à fatiguer et je m'installais sur une chaise à côté d'Harry, Rogue retourna s'appuyer contre le mur.

— Est-ce que tes parents t'ont déjà expliqué comment ils s'étaient rencontrés ?

— À l'école !

— La potion que tu t'amusais à fabriquer avec moi t'a fait une très très mauvaise blague, ma puce, elle t'a envoyé dans le passé, quand papa et maman se sont rencontrés !

— Quand ils sont devenus amoureux ? Dit-elle en fronçant les sourcils.

— Un peu avant je pense.

Ses yeux s'embuèrent de nouveau.

— Alors papa et maman ils me connaissent pas ?

— Pas encore, mais ne t'inquiètes pas, on va trouver le moyen de te ramener avec ton vrai papa et ta vraie maman, d'accord ?

— Personne me connaît?dit elle en retenant difficilement ses larmes.

— Eh bien, si tu commençais par nous dire ton nom ? Comme ça on te connaîtra aussi !

— Louanne ! dit-elle entre deux hoquets.

— Très bien Louanne, pour le moment tu vas aller avec tonton Harry pour aller voir le professeur Macgonagall ! Harry, il faudrait que tu expliques la situation, je dois discuter un instant avec Miss Granger et le professeur Rogue.

Il acquiesça et attrapa la petite par la main pour l'entrainer dehors, je me tournais ensuite vers Dumbledore qui invita Rogue à s'asseoir près de lui.

POV SS

Cette histoire prenait une ampleur alarmante. Je n'étais pas particulièrement convaincu par les dires de cette gamine, le fait est que ces explications n'étaient pas cohérentes. Je coulais un regard vers Granger qui se tordait les mains. Albus s'éclaircit la voix et nous proposa un rafraichissement, Granger accepta l'offre et je ne pris même pas la peine de lui répondre, nous n'étions pas là pour prendre le thé tout de même !

— J'ai dans un premier temps une question à vous poser, il tourna le regard vers moi, ne prenez pas la mouche, je vous demande cela pour la postérité !

Je levais vers lui un regard interrogateur et Granger avait décidé de contempler sa tasse de plus près.

— Y a-t-il quelque chose qui vaudrait la peine d'être connu dans vos relations ?

— Je vous demande pardon ? m'exclamais je

— Severus, il faut juste que je sache si...

— Albus, vous me connaissez, j'ai de l'éthique, je suis compétent, ce n'est pas une môme qui doit remettre cela en cause !

— Cette enfant Severus ! Reprit il en haussant le ton, ne ment pas, elle n'a pas de barrière mentale, elle dit la vérité ! Et je dois savoir si vous me cachez une quelconque relation.

— Je — ne-couche-pas-avec-mes-élèves-professeur. Surtout pas avec Granger ! Déclarais je en articulant bien ma phrase, cette école devenait un vrai foutoir si même Albus doutait de mon intégrité.

— Miss Granger ?

Celle-ci secoua la tête ayant rougi sous l'accusation. Bien sûr que non il ne se passait rien avec cette agaçante je sais tout, je n'étais pas fou tout de même ! Si je devais avoir une quelconque relation avec une élève, quitte à choisir je prendrais une Serpentard ! Je secouais la tête, estomaqué par les pensées qui venaient de traverser mon esprit. J'entendis Granger énoncer la possibilité d'un monde parallèle.

— Granger, on ne peut pas à l'aide d'une potion passer d'un monde à l'autre ! Répondis je tacite.

— Donc elle vient bien du futur?demanda-t-elle dans un murmure presque inaudible

— Je suis sûr et certain que c'est le cas Miss Granger ! lui répondit Albus

Elle souffla un bon coup et regarda celui-ci dans les yeux.

— Qu'est-ce qui va se passer alors ? Pour elle ?

Albus se leva et commença a faire les cent pas, réfléchissant à toute allure.

— Cette petite est trop jeune encore pour se souvenir d'absolument tout ce qu'elle a pu mettre dans sa potion, même si elle possède je n'en doute pas une vive intelligence !

— Albus vous ne...

— Severus, c'est le seul moyen !

Granger nous regardait à tour de rôle ne comprenant plus rien à la situation.

— Miss Granger, imaginez un peu que vous ayez une enfant qui se retrouve projetée dans le passé, que feriez-vous ?

Elle fronça les sourcils avant d'ouvrir grand les yeux, elle expira alors effrayée.

— Vous allez attendre que ses parents viennent la chercher ?

Il hocha la tête et je me levais à mon tour ne tenant plus en place, c'est impossible, je ne vais pas attendre qu'une telle chose arrive !

— Vous avez perdu l'esprit, vous imaginez un peu les conséquences que cela engendrerait ?

— Severus, mon garçon. L'arrivée de Louanne est déjà en soit un grand chamboulement !

Je me pinçais l'arrête du nez, ce n'était pas possible ! C'est un cauchemar, merlin, sortez-moi de là !

— Je ne pense pas que cela prenne énormément de temps, vos deux esprits assemblés doivent faire des éclats !

— Je vous en pris Albus ! grognais-je agacé

— Faites-vous à l'idée mon garçon, dans les cinq années à venir vos rapports avec Miss Granger auront changés !

Cinq ans, bon dieu, qu'avait il bien pu se passer pour que mes rapports avec Miss je sais tout deviennent si abominables ? Elle devait en être arrivée aux mêmes divergences que moi puisqu'elle blêmit d'un seul coup.

— Pour le moment, je pense qu'il serait préférable que Louanne reste avec moi, je lui demanderais d'être discrète, elle mangera à la table des professeurs. Lorsque vous vous sentirez prête Miss Granger, et vous aussi Severus, vous pourrez venir la voir !

Granger hocha la tête et se prit le droit de sortir, certainement pour courir après Weasley. Albus me regarda alors sérieusement et déclara.

— Ne te refuse pas le bonheur Severus !

— De quoi parlez-vous ? Lui assénais je d'une voix claquante.

— Je te connais, dit-il dans un soupir, depuis Lily, tu as totalement abandonné l'idée de tomber de nouveaux amoureux ! La guerre est finie, je ne te pousse à rien, mais penses-y, tu as apporté ta contribution au monde sorcier, pense à toi désormais !

Je ne pris pas la peine de répondre et sortais en claquant la porte pour lui faire part de cette réalité ; Severus Rogue n'est plus depuis très longtemps un homme de sentiment et il le sait !

POV HG

Dès que j'étais parvenue à sortir du bureau du directeur, j'étais partie en direction de ma chambre de préfet. Rogue, même s'il avait été moins virulent que ce à quoi je m'attendais avait montré son désaccord, ses réticences et son avis sur l'arrivée de la petite. Il n'y croyait pas, tout comme moi. Et désormais, il fallait que j'aille retrouver Ron. Je poussais un soupir en m'allongeant sur le canapé, Drago Malefoy passa sa tête dans l'entrebâillement de la porte et me salua rapidement. Nos rapports avaient évolué depuis la fin de la guerre, Harry et Ron pouvaient le saluer quelquefois, mais le plus souvent, nous nous contentions de nos chambres de préfets pour discuter. Il s'était révélé calme, attentif, de bons conseils et très amusant, la compétition entre maisons n'aidant pas, nous nous étions trompés durant sept années. J'ouvrais de nouveau les yeux. Sur Rogue aussi nous nous étions trompés, alors, se pouvait-il que nos rapports évoluent ? Je secouais la tête, ma vieille tu deviens complètement tarée. Drago revient un sourire aguicheur suspendu a ses lèvres, vous pouvez me croire, celui-ci voulait des infos croustillantes. Il s'assit sur mes jambes me tirant un cri de douleur et demandant de but en blanc.

— La gamine, c'est vraiment celle de Rogue ? Ne dis pas que tu n'en sais rien, je sais de source sûre que tu étais avec Potter et ton cher et tendre chez Dumbledore !

Il m'asséna un sourire Colgate, il était le neveu de Rogue, je pouvais lui dire non ?

— Demande-lui toi-même !

— Je le connais depuis tout gamin, et il ne m'a jamais parlé d'une enfant cachée et je ne l'ai jamais vu avec une femme ! Je croyais qu'il me faisait confiance ! Dit-il en perdant le sourire.

— Va le voir alors !

Il se leva et partit sans un mot. Je poussais un nouveau soupir et me résolus moi aussi à aller affronter Ron. Lorsqu'ils me virent revenir, un sourire éclaira les visages d'Harry et Ginny enlacés sur le canapé. Ron me toisa méchamment et fit semblant de regarder par la fenêtre. Harry avait déjà tout dit à Ginny et je leur donnais la fin de l'entrevue sur un plateau, je suis sûre que je peux leur faire confiance, l'affaire ne dépassera pas mon cercle d'amis !

— Ron, tu veux bien me parler s'il te plaît.

Il tourna la tête vers moi et sous le regard d'Harry hocha la tête. Il me suivit dans le dédale du château, nous étions parvenus en haut de la tour d'astronomie. Il mit ses mains dans les poches et me regarda en face.

— Alors ? Tu comptes me quitter pour ce...on lui a sauvé la vie...PUTAIN ! J'ai sauvé la vie d'un homme qui va coucher avec toi et que tu vas aimer !

Ma main tressauta sous l'effet d'un tic nerveux et je me remémorais la scène qui s'était déroulé sous nos yeux le soir de la guerre, le soir ou Rogue a bien failli mourir ! Nous avions fini par revenir sur nos pas avec Ginny et Ron. Après que Ginny m'ait dit qu'il respirait encore faiblement. J'ai tout tenté pour le sauver. Allant même, après lui avoir fait avaler un tas de potions a lui administrer les gestes de premier secours moldu. Je me souviendrais toujours de la force avec laquelle il tenait ma main murmurant des choses incompréhensibles, s'accrochant à la vie comme il pouvait. Il ne nous avez pas reconnu perdu dans les délires psychotropes d'un mourant.

— Ron ! dis je sans relever le ton avec lequel il venait de s'adresser à moi. Je ne vais pas et je ne veux pas te quitter, je t'aime et tu le sais très bien !

— À quoi ça sert de sortir ensemble si je sais que tu vas finir par me quitter ! réplique-t-il en hurlant

— Tu pourrais au moins profiter, tout va bien entre nous et nous ne sommes même pas sûrs que cette histoire va se répéter ! Tous les voyages dans le temps ont une incidence, celui-ci ne déroge pas à la règle !

— Oui, mais peut-être que je n'ai pas envie de me battre pour une cause perdue !

— Tu veux dire que notre histoire est une cause perdue ?

— Mione, ne pleure pas, je t'en prie !

— TU TE FICHE DE MOI, TU ME DIS QUE TU NE VEUX PAS TE BATTRE POUR MOI, COMMENT VEUX-TU QUE JE RÉAGISSE ?

Il secoua la tête avant de commencer à partir.

— Tu t'en vas comme ça ? Dis je d'une voix aiguë

— Tu as entendu, je suis « tonton Ron » ! dit-il avant de me planter là.

Chapter 2: Chapter 2

POV HG

Je ne m'étais pas démontée, je n'étais plus une enfant. J'avais ravalé ma fierté et étais retourné dans ma chambre avant le dîner. Une fois sur mon lit, je n'avais pas pu résister et je m'étais mise à pleurer tout mon saoul. Comment pouvait-il me quitter pour un truc aussi idiot ? Si ça se trouve, cette gamine est victime d'un sort de confusion. J'avais entendu la porte claquer, Drago était rentré et je pense qu'il venait de s'enfermer lui aussi dans sa chambre. Je passais par la salle de bain pour me rafraichir et quand j'ouvrais la porte, Drago se tenait là. Face à moi, appuyé contre le chambranle de sa porte. Il avait le visage fermé.

— Il t'a raconté ?

Il hocha la tête et je déglutis.

— Et alors ?

Il s'avança doucement vers moi et fit quelque chose qu'il n'avait jamais fait auparavant, il prit mon visage entre ses mains et déposa un baiser sur mon front.

— Il n'en croit pas un mot, il dénigre, il est en colère et il en veut à Dumbledore. Mais je vais te dire, moi j'y crois. Je sais que c'est dingue, mais j'y crois, je ne sais pas ce qu'il va se passer en cinq ans, mais je t'assure une chose Hermione Granger, tu as tout mon soutien, et je veux que tu me dises si Rogue t'en fais baver ! Parce que crois-moi, il va t'en faire voir de toutes les couleurs tant qu'il n'aura pas de preuve tangible !

— Et c'est quoi pour toi une preuve tangible Drago ? Parce que moi non plus je n'y crois pas !

Il me sourit de nouveau avant de déclarer :

— L'arrivée d'un Rogue et d'une Hermione venant du futur ! Crois-moi, j'attends ça avec impatience !

Je ne pus m'empêcher de sourire devant tant de volonté, Drago Malefoy était imprévisible ! Je regardais ma montre avant de me faire entrainer par un teigneux blond hors de la chambre commune que nous partagions. Il m'amena jusqu'à la grande salle et me lâcha avant d'entrer, il me fit un clin d'œil qui m'arracha un sourire. Des tas de murmures parcouraient les tablées, je repérais très vite Ginny et m'assis face à elle.

— Où est Harry ?

— Il cherche Ron ! Dit-elle en haussant les épaules.

Je m'enfermais dans le mutisme ne voulant pas lui révéler maintenant que je n'étais plus avec Ron. Ça faisait trop d'information en une journée, trop de choses à assimiler, à digérer. Je tournais la tête vers la table des professeurs, Rogue était absent et la fillette trônait sur les genoux de Dumbledore.

— Il a dit que c'était sa petite fille ! Murmura Ginny. Et elle est calme depuis le début du repas, elle parle avec Macgonagall.

J'avais hoché la tête, j'étais fatigué de cette journée horriblement irréelle. Et pourtant, j'allais devoir vivre avec ça jusqu'à ce que les parents de la gamine fassent leur apparition. Quand il eut fini de manger, Drago fit un petit détour et me souffla un « bon boulot » à l'oreille. Harry et Ron n'étaient toujours pas là et cela me rassura. Je n'avais pas envie d'affronter maintenant les regards emplis de pitié des Gryffondors.

— Gin', j'ai mon tour de patrouille à prévoir avec Drago, on se voit demain au déjeuner d'accord ?

Elle hocha la tête et me souhaita une bonne nuit.

POV SS

J'avais fini par regagner mes appartements. Albus m'avait envoyé un hibou pour me dire que la gamine était signalée comme étant sa petite fille et qu'exceptionnellement. Comme il n'avait pas prévu l'arrivée de la petite et qu'il avait un rendez-vous qu'il ne voulait pas reporter, demain matin je devrais accueillir cette mioche durant mes cours. Et les septièmes années avaient cours avec moi le lendemain. Je secouais la tête, il ferait toujours les choses comme il le souhaiterait. Je m'emparais d'une bouteille de whisky pur feu et ne pris pas la peine de prendre un verre pour le boire. Ce soir, je n'avais pas envie d'être dans la retenue.

Lorsque j'ouvrais les yeux le lendemain, un mal de tête minime avait envahi mon cerveau brumeux. J'avalais un verre d'eau avant d'aller prendre une douche, la chose faite, je me rendais dans la grande salle pour déjeuner et réquisitionner la gamine. En arrivant, j'ai tout de suite remarqué l'enfant assise sur les genoux du garde-chasse qui s'occupait de la rendre la moins discrète possible. Beaucoup de têtes étaient tournées vers elle et cela ne semblait pas inquiéter Dumbledore qui souriait.

— Bonjour Severus ! me salua-t-il

— Professeur ! dis je en hochant la tête.

— Louanne est déjà au courant, elle vous accompagnera dès la fin de votre repas et vous pourrez de nouveau me la confier ce midi !

— Très bien, j'espère qu'elle saura se montrer plus tempérée qu'en ce moment !

— Oh, ne faites pas le rabat-joie, elle n'a que quatre ans ! Elle a la vie devant elle, laissez-la s'amuser !

Je lâchais un soupir agacé et jette un œil aux élèves les plus matinaux qui sortaient doucement de leur sommeil. Un détail conséquent me sauta alors aux yeux, Drago et Miss je sais tout mangeait ensemble. J'avais bien remarqué que depuis la fin de la guerre l'animosité s'était énormément réduite entre les maisons, surtout entre Gryffondor et Serpentard, mais je ne savais pas que l'affaire avait pris tant d'ampleur ! Drago tourna un instant la tête vers moi et un sourire fendit son visage, jamais je n'aurais dû lui faire part de cette histoire, car, j'avais bien compris que pour lui cette histoire était véridique. Il se comportait comme Dumbledore avec moi. Granger lui dit quelque chose qui le fit rire avant de s'en aller, il prit sa suite quelques instants plus tard.

POV HG

J'étais en train de courir avec Drago dans l'escalier qui menait aux cachots. Si nous ne nous dépêchions pas, nous arriverons en retard à coup sûr et Rogue ne me laisserait pas m'en sortir sans m'avoir auparavant humilié !

— Dépêche-toi ! Cria Drago, ils sont en train d'entrer !

Je resserrais ma prise sur mon sac et accélère la cadence m'octroyant un déchirant poing de côté !

Je pénétrais dans la salle in extremis et m'effondrai littéralement sur ma chaise aux côtés de Ron !

— Miss Granger, je ne me rappelle pas vous avoir autorisé à vous asseoir, 5 points en moins pour Gryffondor, levez-vous !

Harry et Ron échangèrent un regard désespéré et Rogue nous demanda de nous asseoir. Ron ne semblait pas m'en vouloir. Il paraissait même normal, comme si nous n'avions pas rompu la veille, comme s'il n'avait jamais appris que j'allais peut-être avoir un avenir en commun avec notre cher professeur de potions. C'est alors que je vis Drago me faire de faibles signes dans le rang à côté de moi, je tournais la tête discrètement vers lui tout en l'interrogeant du regard. Il me fit un signe de tête en direction du bureau de Rogue et je remarquais alors la présence de la gamine, tranquillement assise sur sa chaise. Elle jetait quelques regards sur les élèves tout en continuant de faire des gribouillages sur un parchemin. Je tournais de nouveau la tête vers mon colocataire avant de hausser les épaules. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle pouvait bien faire ici et je m'en contrefiche à dire vrai. Je ne pense pas que soudainement Rogue ait cru à cette histoire et qu'il ait décidé d'accueillir la petite avec lui durant ses cours. Cela devait être encore un coup du directeur, j'avais appris au fil des ans qu'il aimait beaucoup s'occuper des affaires d'autrui.

— La potion du jour est inscrite au tableau, les ingrédients sont dans la réserve, vous avez deux heures ! Je ne veux entendre aucun bruit et ne tolérerai aucun incident.

Un léger brouhaha s'en suivit durant lequel les différents binômes allaient chercher les ingrédients indispensables à la confection de leur potion. Je soupirais en voyant que Ron ne faisait pas mine de se lever pour y aller comme il en avait l'habitude auparavant, les choses avaient fini par changer finalement ! Après être allée chercher tous les ingrédients nécessaires, je m'installais de nouveau à côté de Ron qui avait commencé par réduire en poudre la pierre de lune. La potion nécessite un cycle lunaire entier avant d'achever sa préparation, nous passerions donc plus d'un mois dessus. Je poussais un soupir et posais ma cuillère en bois sur le côté, en attendant les dix minutes de pause nécessaires à l'ébullition de notre potion, et tournais la tête vers mon ex petit ami.

— Tu as aussi décidé de ne plus me parler ? Lui murmurais je

— Tu peux me passer l'aposphédre s'il te plaît ?

— Ron ! m'exclamais je outrée de son comportement

– Ce n'est pas le moment Hermione !

— Tu ne m'as pas parlé depuis hier après-midi...tu as voulu rompre Ron, ça m'a fait un choc, laisse-moi au moins rester ton amie !

— Laisse-moi le temps de m'y faire. Murmura-t-il peiné.

J'acquiesçais avant de m'asseoir sur mon tabouret, il restait encore cinq minutes environ avant d'ajouter la poudre d'aposphédre. Je regardais Ron, c'est lui qui me quitte et c'est encore à moi de lui laisser du temps ! Je sentis un regard posé sur moi et levais la tête, la gamine était en train de m'observer. Son regard me mit mal à l'aise et je tournais donc les yeux vers Drago. Arrivé à la même phase de la potion, il était occupé à observer Rogue réprimander Neville. Harry, assit au premier rang avec ce dernier était penché sur son chaudron et touillé sa potion avec un manque d'ardeur évidente. Celle-ci dégageait des fumées bleuâtres, autant dire qu'elle était totalement ratée !

— Encore une fois, Messieurs Potter et Londubat font perdre 20 points à leur maison, on dirait que détruire un mage noir ne vous a apporté que la célébrité Potter !

Une ambiance pesante s'abattit sur la salle de classe déjà silencieuse, Harry regardait Rogue avec aplomb et celui-ci se détourna de lui pour fondre sur Zabini qui n'osa pas le regarder en face. Tout le monde savait désormais l'implication qu'avait eue Rogue durant cette bataille. Son rôle d'espion auprès de Voldemort, au service de Dumbledore, pourquoi il s'était engagé dans cette mission qui s'était avérée presque suicidaire sans mon aide et celle de Ron.

— Miss Granger, qu'attendez-vous pour tourner cette potion trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre avant de la mettre en stase ? Auriez-vous perdu toute capacité intellectuelle durant cette bataille vous aussi ?

Je rougis violemment avant de m'emparer de ma cuillère. Ron marmonna quelque chose, ce qui ne sembla pas avoir échappé aux oreilles de notre professeur.

— Plaît-il ? Dit-il avant de croiser les bras face à Ron

— Elle n'a perdu aucune capacité durant cette bataille et vous devriez lui en être reconnaissant !

Rogue s'approcha un peu plus de nous, une lueur de colère dans les yeux. Mes mains tremblaient et je mettais rapidement ma potion en stase avant de poser ma main sur le bras de mon ami.

— Ron je t'en pris tais-toi ! Murmurais je

— Granger, il ne me semble pas que l'on vous ait demandé votre participation, exprimez donc votre point de vue Weasley, je suis sûr que cela se révélera extrêmement intéressant ! M'apostropha-t-il .

Ron avait commencé à ranger ses affaires bien qu'il reste une demi-heure de cours. Il passa son sac sur son dos avant de me lancer un regard désolé, je fermais les yeux en inspirant doucement. Mon ami se dégagea de mon emprise avant de faire face à Rogue une expression de dégout empreinte sur le visage.

— Si Hermione était devenue idiote comme vous semblez le croire durant la bataille, vous ne seriez pas là pour en témoigner !

Des murmures avaient commencé à briser la quiétude du lieu et tout ce que je souhaitais, c'était de m'enfuir le plus vite possible de cette salle de cours. Quitter Poudlard peut-être ?

— Que voulez-vous dire par là ? Dit Rogue en se penchant sur Ron

— Vous croyez vraiment vous en être sorti tout seul cette nuit dans la cabane hurlante ? Nous étions là lorsque le serpent vous a attaqué, débita-t-il à toute vitesse devant un Rogue qui se décomposait au fur et à mesure de ces paroles, Hermione a voulu vous retrouver pour tenter de vous sauver...elle n'aurait pas du si vous voulez mon avis ! Et elle a réussi, vous vous rendez compte, une élève idiote a réussi à vous sauver d'une morsure mortelle !

— Ça suffit Ron, je crois que tu peux arrêter là ! Souffla Harry.

Ron retrouva un peu de contenance et me murmura qu'il fallait que les gens sachent avant de partir, Harry le suivit de quelques secondes.

— Le cour est terminé, Monsieur Malefoy, restez ! Déclara Rogue d'un ton sans réplique.

POV SS

Après avoir confié la mioche à mon filleul, j'étais retourné m'asseoir à mon bureau, reprenant mes droits sur mon territoire. Je jetais un coup œil au parchemin qu'elle avait rempli d'arabesques qui devaient certainement représenter quelque chose pour elle, mais qui ne signifiaient rien pour moi.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, fixant sans la voir la place de cette insupportable Miss Je sais tout ! Weasley a agi comme un idiot sur cette affaire. Apparemment, personne ne voulait que je sache que c'était Granger m'avait sauvé. Potter avait eu au moins l'ingénieuse idée de faire taire ce scélérat avant qu'il n'aille révéler qu'il croyait que je sortais avec Granger ! Avec Granger, sincèrement ? Pourquoi cette gamine était-elle arrivée ici ? Pourquoi à cette époque, après la fin de la guerre ? Et pourquoi diable, Dumbledore la croyait elle ? N'était-il pas censé être un être raisonnable ? Nous aurions dû confiner cette mioche dans une chambre en attendant de savoir qui elle était ! Si ça se trouve, avec toutes les cellules de mangemorts qui se trouvaient dans le coin à attendre leur vengeance, elle était une enfant du diable ! Un genre de mini mangemort qui débarque pour nous infiltrer, découvrir nos failles et faire entrer ensuite ses parents eux aussi mangemorts !

Par Merlin, la stupidité de Londubat a déteint sur moi, Dumbledore le saurait si cette enfant était malveillante, il savait toujours ce genre chose.

Je me pinçais l'arrête du nez me remémorant cette fameuse nuit où j'ai failli une fois de plus trépasser ! C'est comme si la mort elle-même ne voulait pas de moi. Après que Potter se soit penché sur moi et croyant que mes forces m'abandonnaient, je lui avais donné mes souvenirs, mes passions, je lui avais révélé tout ce que personne ne soupçonnait, et il s'en était acquitté. Il avait fait éclater la vérité, mais ce fut bien après cette nuit ! Alors que je pensais que j'allais mourir, j'avais senti des présences, jamais je n'aurais cru que cela puisse être Potter et ses acolytes qui revenaient à la charge ! J'avais entendu des cris, des ordres et des mains avaient servi de compressions contre ma gorge. Ensuite, la fièvre du venin avait fini par me faire délirer, je ne me souvenais de rien, juste quelques bribes de sensations !

Granger m'a sauvé la vie !

Je tapais du poing sur la table dans un mouvement de rage, pourquoi cette idiote m'avait-elle sauvé ? Croyait-elle vraiment que je voulais vivre après tout ce que j'avais déjà vécu ? Ma vie n'a jamais été heureuse. Elle s'est toujours résumé à un vrai cauchemar, et ce depuis mon enfance, pourquoi est ce que je voudrais encore vivre ? Comment avait-elle pu décider de mon sort ? Elle n'avait pas le droit, elle ne me connaît pas, et elle ne me connaîtra jamais, comment avait-elle pu faire le choix de me sauver ?

Il était plus de midi désormais, il fallait que j'aille me montrer au repas, pour ne pas que ces cornichons croient que cette histoire m'affecte. Je soupirais de nouveau avant de me lever, dans un mouvement de colère je claquais la porte de ma salle de classe et montais d'un pas rageur les escaliers qui me mèneraient à la grande salle.

POV HG

Dès que j'entrais dans la grande salle, nombre de regards me transpercèrent ! J'aurais voulu être une souris ou mieux être invisible, oui, oui, j'aurais adoré être invisible ! Pouvoir me soustraire aux regards du reste du monde, Ron était assis face à Harry et lorsqu'il me vit, son expression changea du tout au tout. Il sembla d'abord agacé de ma présence et ensuite il dut remarquer ma gêne, car il baissa le regard pour s'intéresser à son assiette. La rumeur qui disait que nous n'étions plus ensemble avait finit par circuler. J'avais déjà eu le droit à ce qu'il me semblait des condoléances de la part de Parvatil et Padma et Ginny me demandait sans cesse comment j'allais en me disant que de toute manière son frère n'était pas fait pour moi. Rogue n'était pas présent, ce qui ne m'empêcha pas de déglutir en jetant un œil à son siège vide. Un autre coup d'œil à la table des Serpentards m'informa du fait que Drago lui aussi n'était toujours pas là, je poussais un soupir avant d'oser aller me placer aux côtés de mes amis. Les murmures avaient fini par redevenir des conversations d'un niveau sonore moins gênant pour moi et Neville commença à me parler d'une nouvelle plante dont il venait de faire l'acquisition. J'écoutais ses paroles sans vraiment les entendre, le grincement d'une porte à ma gauche retenait déjà depuis plus de dix minutes mon attention. Je savais que c'était Rogue, des regards et des murmures pitoyables faisaient depuis ce laps de temps beaucoup de bruit autour de moi. Neville me jeta un regard compatissant avant de reprendre sur un sujet encore plus houleux en présence de Ron.

— Rogue était pire que d'habitude ce matin !

— Tu veux dire pire que lorsqu'il prend un ton vraiment flippant pour nous dire à quel point il nous hait ? Pire que lorsqu'il nous vide nos chaudrons sans raison ? s'exclama Cormac McLaggen

Quelques rires fusèrent et Ron lui aussi s'autorisa à sourire.

— Je ne sais pas quelle mouche a piqué Dumbledore pour confier une enfant à quelqu'un d'aussi mauvais ! s'insurgea Andrew Kirke notre batteur

— Je crois que Dumbledore sait que Rogue n'oserait rien envers sa petite fille, il serait plutôt mal non ? Ajouta Alicia Spinnet

— Tu m'étonnes oui ! Dis Andrew en rigolant

— Je ne savais pas que Dumbledore avait une petite fille ! Déclara Neville

— C'est parce qu'il n'en a pas ! s'exclama Dean Thomas qui venait de nous rejoindre. Je sais de source sûre que Dumbledore n'a jamais eu d'enfant, alors de là à avoir une petite fille, je crois qu'on se moque juste de nous ! Non, non, la vraie question est de savoir qui est cette gosse !

Un silence s'installa durant lequel nombre de Gryffondor tournèrent la tête vers la petite qui ayant finit de manger boudée en regardant par moment Rogue qui restait de marbre face à ce comportement. Il faisait comme si cette petite n'était pas là, je pense, comme moi...j'essayais d'y penser le moins possible, de faire l'impasse sur cet événement qui semblait intéresser bon nombre d'élèves.

Soudainement, Dean vint se mettre face à moi arrachant un cri de douleur à Harry qu'il venait de pousser.

— Miss Granger, il semblerait que vous nous cachiez des choses ! dit-il d'un ton qui me rappela vaguement Fred et Georges Weasley lorsqu'ils se lançaient dans une inquisition digne de Salem.

Lavande se rapprocha, au final quelqu'un avait fini par m'interroger sur ce fait, je lançais un regard peu amène à Ron qui ne sembla qu'à moitié gêné par sa déclaration du matin.

— Je ne pense pas que ce soit le moment Dean !

— Allez ! Tout le monde sait de toute manière autant avoir la vraie version non ? Ou des rumeurs pourraient circuler !

— Serait-ce une menace ? Demanda Ron qui malgré tout paraissait être toujours aussi protecteur avec moi.

— Tout doux, Weasley, ce n'est plus ta copine que je sache ? Laisse-la se débrouiller comme une grande !

Et sans que j'aie pu prévoir ce qui allait se passer, je vis le poing de Ron atterrir sur le visage encore souriant de Dean, le calme avait envahi la grande salle et tout le monde semblait attendre la suite des événements. Dean se releva alors que je retenais Ron tant bien que mal, j'entendais une chaise racler le sol un peu plus loin et c'est en tenant sa main contre son nez que Dean regarda Ron d'un air dégouté.

— T'es devenu complètement dingue Weasley, c'est parce que tu ne supportais pas qu'elle ait sauvé la vie de Rogue que tu l'as quitté, c'est ça ? T'es vraiment qu'un pauvre con, c'est toi qui as tout dit !

Et c'est sur ces dires qu'il s'en alla laissant un Ron fulminant dans mes bras, les pas du professeur MacGonagall résonnaient sur le sol de la grande salle, on sentait dans sa démarche qu'elle était hors d'elle.

— Ron ! Murmurais je

Ma voix sembla le faire sortir de sa torpeur, il se dégagea de ma poigne me crachant à la figure un « fous-moi la paix » avant de quitter la grande salle. Le professeur MacGonagall était arrivé à la hauteur d'Harry et l'interrogeait d'une voix ferme sur ce qu'il venait de se dérouler. Ginny posa sa main sur mon épaule et dans un mouvement lent, je la retirais remarquant à l'instant les larmes qui roulaient sur mes joues. Je m'essuyais d'un revers de manche, si jamais je trouvais Ron dans l'après-midi je vous jure qu'il aurait la douleur de recevoir mon poing lui aussi ! J'avalais une grande bouffée d'air avant de quitter la grande salle à mon tour, la tête haute.

POV SS

Malgré ma réticence à me montrer lors du repas de midi dans la grande salle, je n'avais pas été déçu du spectacle ! La gamine avait été restituée à Dumbledore et c'est dans un silence quasi religieux que j'avais dû prendre place à table. Je pense que ces murmures étaient dus à l'intervention grotesque de Weasley lors de mon cours. Je le cherchais du regard en parcourant la table des Gryffondors, il était entouré de ses deux amis et d'un nombre important de Gryffondor. En général, ils mangeaient en petit nombre, se contentant de petits groupes divers de conversations. Mais aujourd'hui c'était différent, les répliques semblaient fuser de divers endroits agrémentant une conversation houleuse. Les conversations avaient repris un rythme normal depuis quelques instants, je tournais la tête vers la table des Serpentards, Drago discutait tranquillement avec Blaise et Pansy tout en jetant divers regards vers Granger.

Il agissait avec elle de manière étrange, ils se sont conduits en ennemi durant des années et désormais ils sont quasiment inséparables, il se conduit avec elle comme un grand frère le ferait avec sa sœur. Je suis bien placé pour savoir qu'il a toujours nourri le souhait d'avoir un frère ou une sœur dont il pourrait s'occuper, mais je n'aurais jamais cru qu'il aurait pu placer sa confiance et son dévouement à Granger. Elle semblait faire de même avec lui et depuis, le début de cette histoire ils semblaient être encore plus proches, il la rassurait et elle se laissait faire sans répliquer. Je buvais une gorgée d'eau avant de lancer un regard peu amène à la gamine que Dumbledore avait pris soin de placer à mes côtés. Elle n'avait quasiment pas touché à son assiette et me jetait des regards noirs.

Je n'eus pas la possibilité de m'étendre sur son comportement que le ton chez les Gryffondors avait atteint une octave de plus, Weasley asséna un magnifique crochet du droit à un Dean Thomas qui en tomba de son banc. S'il avait été à Serpentards je l'aurai presque félicité d'avoir agi de la sorte, un silence de mort s'était abattu sur la salle. Des paroles me concernant furent échangées, toujours la même histoire, Minerva s'était levée, certainement pour demander des comptes ! Drago avait le regard fixé sur Granger, s'apprêtant à intervenir s'il le fallait, et elle était occupé à réfléchir ou je ne sais quoi. La gamine avait commencé à s'agiter, Granger était en train de quitter la salle et tout le monde restait ici à écouter ce qui se tramait. Tout le monde se fiche de Granger qui s'enfuit, c'est l'occasion rêvée pour lui dire ce que je pense de ses actions.

POV HG

J'avais espéré que Ron soit resté dans les parages, mais ce ne fut pas le cas, il avait encore fuit, il faut toujours qu'il me jette des choses horribles en pleine figure pour ensuite s'enfuir. Cela faisait quelques minutes que je me baladais dans les couloirs du château, Harry non plus n'était pas venu, ni Drago d'ailleurs.

Un mal de tête du diable me vrillait les tempes, je m'asseyais sur le sol en me prenant la tête entre les mains. Nous avions enfin fini toutes ces histoires avec Voldemort, au bout de sept longues années nous avions fini, je croyais que j'allais enfin pouvoir vivre tranquillement, sans histoires, normalement. Et me voilà embarquée dans une histoire sans queue ni tête, avec une gamine qui raconte n'importe quoi et que la plupart des gens semblent croire. Pourtant tout avait bien commencé, j'étais avec Ron, nous n'avions plus à fuir la mort, nous commencions à passer notre dernière année à Poudlard, j'avais même commencé à prévoir mon avenir après Poudlard. La vie est injuste quelquefois.

J'étais resté encore un moment hébété de la tournure des choses avant d'oser me lever je tournais à l'angle de l'aile Est en direction de la tour des Gryffondors je tombais nez à nez avec la personne que j'avais le moins envie de voir cette année, j'ai nommé le professeur Rogue. Il me dévisagea un instant et j'avais la très nette sensation qu'il me cherchait depuis un moment déjà, je lâchais un soupir de frustration.

— Professeur ! Le saluais je poliment

Il eut un tic nerveux de la lèvre, un genre de rictus avant de me plaquer violemment contre le mur en me tenant à hauteur de bras. Le choc me coupa la respiration et il murmura rapidement près de mon visage de manière à m'effrayer encore plus.

— Granger, je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans cette cabane cette nuit-là, mais une chose est sûre, vous ne m'avez pas sauvé la vie d'accord ?

Je hochais la tête apeurée, j'avais la gorge nouée et les mains moites, il continua sur sa lancée.

— Vous ne m'avez jamais demandé mon avis si l'information de votre toutou se révélait exacte, je n'ai pas demandé à être sauvé...je ne voulais PAS être sauvé ! Vous n'aviez pas le droit de vous octroyer ce droit pauvre sotte ! Hurla-t-il à deux doigts de mon visage.

Je me plaquais le plus possible contre le mur de pierre et sous le coup du choc mes larmes redoublèrent. Il ne parut pas décontenancé, il avait l'air satisfait même et il me lâcha avant de commencer à partir. Je plaquais une main contre mon cœur comme pour en maitriser les battements, il n'avait pas le droit de me faire ça, pas le droit de me dire des choses pareilles.

— Je ne savais pas ! Sanglotais je. J'ignorais que vous vouliez mourir, je pensais juste faire mon devoir, faire quelque chose de bien !

Il se retourna avec, empreint sur le visage l'air le plus féroce qu'il m'eut été donné de lui voir. Je reculais de quelques pas, mais il n'avança pas, se contentant de me toiser de manière affreuse, comme si je n'étais qu'une moins que rien.

— Cessez donc de parler, épargnez-moi votre verbiage Granger, vous me dégoutez ! Vous pensez toujours bien faire, mais je vous conseille fortement d'arrêter...arrêter de vous croire intéressante, votre suffisance me répugne, vous vous pavanez avec Potter et Weasley comme si vous étiez des héros ! Mais je vais vous dire Granger, vous n'êtes rien, vous n'êtes bonne qu'à apprendre des livres par cœur et cette faculté mise à part une solide culture générale ne vous apportera rien ! Vous êtes pitoyable, je ne sais pas encore ce que signifie l'arrivée de cette gosse ici Miss Granger ! Dit-il en exécrant mon nom. Mais une chose est sûre, elle ment, n'ayez même pas l'affront de croire que vous êtes assez intéressante pour qu'un homme s'intéresse à vous, vous n'êtes qu'une gamine et vous le resterez toute votre vie. Vous ne représentez rien pour moi, j'attends même avec impatience votre départ de ce collège pour ne plus avoir à supporter votre suffisance ! Faites-vous petite Granger, minuscule parce que croyez-moi, je ne vous louperais pas s'il me venait à l'esprit de vous rendre la vie infernale !

Durant son discours j'avais fini par glisser sur le sol en proie à une crise de larmes d'une rare violence pour moi. Les mots qu'il avait à mon encontre étaient infondés, il déversait sur moi sa colère faisant, petit à petit, monter la mienne et toute la rancœur que j'avais envers lui, ces sept années où il m'a rabaissé, humilié était à cet instant à leur paroxysme, ne demandant qu'à se déverser de ma bouche, même contre ma volonté, il fallait aussi que je lui dise ma façon de penser.

— Je...je...je suis désolée ! hoquetais je entre deux sanglots. Désolée d'être si pitoyable,...vraiment désolée de ne pas être à votre hauteur ! crachais je. Mais vous n'êtes pas seul dans cette histoire et ne croyez pas un instant que l'idée que ce que cette gamine puisse dire trouverai une vérité pour moi...vous me répugnez vous aussi, ne croyez pas que je vous porte dans mon cœur, j'ai même l'affront de vous dire que vous êtes la personne que je respecte le moins en ce monde ! Et sachez que des hommes s'intéressent à moi, Ron a été le premier et le seul que j'ai jamais vraiment aimé...j'ai cru bien faire dans la cabane hurlante...parce que je suis quelqu'un d'honnête et j'ai des principes ...mais vous pouvez toujours vous tuez, vous ne nous manquerez pas le moins du monde !

Mon souffle était court, il dardait sur moi son regard le plus sombre et croisa les bras avant de souffler.

— Avez-vous fini de répandre votre venin Granger ?

Il était calme, trop calme, mais ça s'était tout Severus Rogue, il contrôle sans cesse ses émotions jugeant que ceux qui comme moi n'y parvenaient pas n'étaient que des gens faibles. Toujours dans le contrôle, dans la retenue.

— Je vais vous donner un conseil désormais Granger...DÉGAGEZ !

Je sursautais avant de me remettre sur pied et de foncer droit devant moi afin de mettre le plus de distance entre cet homme et moi. J'arrivais devant le portrait de la salle commune des préfets et y pénétrais en continuant de courir pour foncer directement m'allonger sur mon lit afin de ressasser les propos de Rogue. Comment certains peuvent-ils croire que cette gamine dit vrai ? Nous éprouvons l'un pour l'autre le plus grand ressentiment et une haine viscérale. Cela ne cessera donc jamais ? Toutes ces épreuves, tous ces sacrifices ? Ron était le seul qui comptait un tant soit peu pour moi, nous devions vivre ensemble, j'étais heureuse avec lui !

Chapter 3: Chapter 3

POV SS

J'étais retourné me terrer dans mes appartements, Granger avait cru pouvoir m'atteindre aussi facilement ? Une sombre idiote voila ce qu'elle est ! Je n'aurais même pas dû m'abaisser à aller la voir pour lui montrer mon ressentiment ! J'étais en vie à cause d'elle...diable, j'étais en vie ! Et que dire de cette vie, toujours plongée dans le noir, toujours a crié ma répugnance pour ce monde indigne ...ce monde de bassesses ! Weasley et elle avaient rompu, IL avait rompu à cause de cette sordide gamine. J'ai peut-être raison au final, cette gamine est le diable incarné. Elle s'immisce dans nos vies, elle a la prétention de tout chambouler, comme si elle en avait le droit. Ne parlons pas d'Albus qui a l'indécence de la croire, qui pense qu'un jour je serais capable d'aimer ! Et qu'est ce que m'a apporté l'amour dans le passé ? Regrets et souffrances, je ne suis pas un homme d'amour, non, je ne suis pas fait pour aimer. Encore moins pour pardonner, et croyez-moi, Granger n'aura jamais l'audace de pouvoir recevoir une grâce de ma part. Elle est la raison qui fait que je suis encore en vie, à attendre que la mort m'emporte le plus tôt possible ! Comment peuvent-ils imaginer ne serais ce qu'un instant que je suis capable encore d'aimer !? Mon quota d'amour est dépassé depuis bien longtemps ...jamais plus je ne serais capable d'aimer ! Je dénigre l'amour au plus haut point, lui et moi sommes incompatibles. Il ne faut pas croire que je vais commencer a jouer une scène de la belle et la bête pour leur donner raison ...qu'ils aillent aux diables !

POV HG

J'étais resté toute la soirée allongée sur mon lit à ressasser les paroles de Rogue...les yeux rivés sur le plafond, les larmes qui ne tarissent plus. Je hai cet homme, lui et son orgueil, sa fierté répugnante ! Quelle était la démarche de sa manœuvre abusive ? Si ce n'est de faire baisser mon estime de moi plus bas que terre ! Que croyait-il ? Que j'espérais au fond de moi passer le restant de mes jours a ses côtés ? Il se croit puissant, intouchable, mais je lui ai sauvé la vie, j'ai tout fait pour que cet homme que j'avais un jour pu élever à un rang supérieur au sien puisse continuer de vivre. J'ai pensé bien faire à ce moment précis de ma vie, j'avais fait resurgir la vie d'un homme accablé de remords. J'aurais dû m'abstenir, écouter Ron et sa peur...Qu'avais je eu en retour après tout ? Une pluie de remontrances dévastatrices. .. il ne m'a même pas remercié…

Je m'assis sur mon lit avant d'essuyer mes larmes, je lui aurait volontiers pardonné son orgueil s'il n'avait pas blessé le mien ! Je jetais un œil sur l'horloge accrochée au mur principal de la chambre, il était plus de deux heures du matin ! Excédé, je me levais pour aller prendre l'air...ce n'est pas cet homme qui allait me dicter ma façon de me conduire, je n'ai que faire de cette tempête de paroles, que valent elles venant d'un homme tel que lui ? Elles ne devraient pas avoir d'incidences sur moi, sur mon comportement, sur la façon dont je me vois. Je suis quelqu'un de bien, peu importe ce qu'il pourrait me dire. Je sortais en catimini de ma chambre, je mourais de faim. En descendant aux cuisines, je gardais les yeux fixés au sol avant de me reprendre ! Pourquoi ces mots me faisaient-ils si mal ? Le fait est qu'à un moment de ma vie, Rogue avait eu un bon effet sur moi...j'essayais toujours d'être la meilleure en potion pour qu'il avoue enfin que j'avais du talent. Je m'étais surpassé durant cette période, et j'avais eu l'inconscience de faire passer cet homme et son avis implacable avant tout le reste. Je savais ce que les autres professeurs pensaient de moi, mais Rogue non, et je voulais à tout prix que lui aussi voie que j'ai du talent. Qu'il admette enfin que je n'étais pas qu'une acharnée des livres, mais il n'avait eu que faire, il était le seul qui ne croyait pas en moi et pourtant c'est le seul que j'appréciai réellement. Pour moi, en nous assénant toujours ces répliques acerbes, il essayait juste de faire ressortir le meilleur de nous...que nous nous donnions corps et âme aux potions comme lui le faisait. Désormais je savais quelle idée il se faisait de moi, quelle opinion il avait, ce qu'il avait retenu de ces mois d'acharnement. Des pacotilles voilà tout, il ne pense rien de moi, rien de positif. Je crois même qu'à côté de moi Harry doit être au sommet de sa pyramide. Je souris à cette pensée avant de chatouiller la poire qui après un éclat de rire me fit pénétrer dans les cuisines. Je retins un hoquet de stupeur en voyant l'enfant attablé devant une coupelle de glace. Elle se tourna vers moi avant de lâcher sa cuillère.

Elle fit un mouvement vers moi avant que je ne l'arrête d'un sanglot. Se pouvait-il que toute cette histoire me poursuive toute ma vie ? Je ne voulais pas d'elle ce soir ni demain, je ne veux pas de cette calomnieuse dans ma vie. Sans que je puisse ne rien y faire, Dobby vint me rejoindre, j'avais tenté une évasion, mais le tableau s'était déjà refermé !

— Bonjour Miss, je savais que c'était-vous !

Je lui jetais un regard coulant avant qu'il ne continue.

— Monsieur Dumbledore a dit que seuls vous et Monsieur Rogue pouviez entrer lorsque Mademoiselle Louanne était là !

Dumbledore, encore une fois, encore lui, qui prenait apparemment un malin plaisir a me pouvait il laisser une enfant seule, aussi imprudente qu'elle était ? Dobby face à mon silence me prit la main pour m'asseoir devant elle, je me laissais faire, j'étais épuisé. La petite me regarda avant de tenter de me sourire, je lui rendais un regard noir avant qu'elle ne baisse la tête.

— Pourquoi tu es là ? Lui assénais je

— J'avais envie de manger une glace et papy a dit que je pouvais venir quand je voulais !

— Non ! Dis je plus durement. Pourquoi tu es là, ici, dans nos vies ! Qu'est-ce que tu viens faire ici ?

Elle détourna le regard avant de baisser la tête.

— J'ai pas fait exprès, c'est la potion…

— Quand on ne sait pas faire de potions, on ne touche pas aux potions, tes parents ne te l'ont pas dit ?

Mon ton avait encore pris un cran, elle se renfrogna encore sur sa chaise et Dobby se plaça derrière elle.

— Je suis sûr que Mademoiselle Louanne n'a pas fait attention Miss. Elle est si petite !

— Je ne t'ai rien demandé Dobby ! Claquais je

Il me regarda avant de poser la main sur la fillette.

— Il est tard mademoiselle Louanne, venez, il faut dormir !

La petite lui prit la main et ils s'engouffrèrent dans un passage qui devait certainement mener aux appartements du directeur. Quand ils disparurent, je me pris la tête entre les mains. J'étais d'une humeur exécrable ! Dobby apparut dans un « plop » avant de me regarder durement, cependant il ne dit rien, se contentant de m'apporter une assiette pleine de gâteau et une tasse de thé.

— Je suis sûr qu'une bonne tasse de thé vous fera du bien Miss !

Je hoche la tête avant d'entourer la tasse brulante entre mes mains. Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ? Je n'avais jamais rien fait de mauvais dans ma vie, j'ai toujours eu de bons résultats, j'ai agi comme une battante durant la guerre, j'ai sauvé la vie d'un homme...mais combien d'autres en avais-je tués ? Même si c'était pour le bien de tous, j'avais pris la vie de plusieurs hommes. J'avais volé la vie d'hommes impurs, certes ils étaient ignobles, mais dans ce cas, pourquoi avais-je sauvé Rogue ? Quand j'étais retourné dans la cabane, je ne savais pas encore que Rogue jouait un double jeu ! Se pouvait-il que mon Karma soit mauvais ?! Dans ce cas, on me punissait pour toutes ces morts, pour avoir mal agi. Était-ce possible ?

— Est-ce que Miss désire autre chose ?

Je secouais la tête en réprimant un nouvel assaut de larmes. Cette gamine même si elle mentait ne méritait pas d'être aussi rudement traitée. Étais je devenue si ignoble ? Moi qui autrefois défendais corps et âme les bonnes choses ? La guerre m'avait-elle changé ? Et ce changement est-il réversible ?

POV SS

J'avais réussi à m'endormir, comme d'habitude, mais vers 3 heures du matin, ma conscience avait fini par me rattraper. L'insomnie avait été brusque, plus aucun moyen de me rendormir, même une potion de sommeil n'y faisait rien. Je n'avais alors pas bougé de mon lit, m'exhortant à croire que c'était le seul remède. Au bout d'un certain temps, c'est la colère qui m'envahit ! Comment se pouvait-il que je me laisse distraire par de telles foutaises ? J'étais exaspéré de mon comportement, je devais arrêter l'ampleur de cette situation ! Je m'étais levé et avais commencer a faire les cent pas dans le salon, comment faire ? Comment renvoyer cette gamine, comment lui faire avouer la vérité ?

Au bout de deux heures de réflexions, une idée avait commencé à germer, mais je l'efface bien vite de mon esprit. Ce plan serait tout bonnement inimaginable, et même Albus ne prendrait pas le risque de s'y atteler. Je m'asseyais à même le sol, le dos contre la porte avant de me cacher le visage à l'aide de mes mains. La seule personne capable de m'aider serait Granger, et je pense fortement qu'après notre rencontre d'hier elle ne veuille même plus se rendre à mes cours. Non, il faudrait trouver autre chose. Rien que l'idée de s'allier avec Granger me donnait la nausée, idée répugnante, je ne m'abaisserais pas à un tel comportement. La fatigue m'envahit d'un coup et je basculais la tête en arrière, ce n'était pas le moment de s'endormir ! Je me levais alors et m'assurai qu'aucune émotion ne transparaît de mon visage avant d'ouvrir ma porte pour me rendre dans la grande salle.

J'avais repris les cours depuis plus d'une heure et l'idée de revoir Londubat et Granger dans la même salle me plombait déjà le moral. Sans parler de Potter et de Drago qui croyaient dur comme fer à l'histoire abracadabrante. Quand la sonnerie retentit, je m'attendais à toutes sortes de bêtises que pouvaient accomplir les Gryffondors, mais pas à ce point. Ce que je vis allait au-delà du raisonnable et l'irrationalité ne sied pas particulièrement à Granger. Car, ce n'est pas seule qu'elle arriva à Dix heures, la gamine était scotchée à son sac, se cramponnant à elle comme à une boue de sauvetage ! Je jetais un œil affolé à Granger afin d'essayer de capter un semblant de ses pensées, mais un regard vide d'émotions me fit face. Je me tournais alors vers le tableau en agitant ma baguette, les instructions s'affichèrent, lisibles et parfaitement compréhensibles sur la matière verte. Granger avait pris place au fond de la salle, seule...son comportement stupide n'avait pas lieu d'être, étais-ce une sorte de rébellion à mon encontre pour l'avoir si brusquement malmené la veille, essayait-elle de se rendre intéressante, maligne ? Ou cela signifiait-il qu'elle avait rallié le point de vue opposé au mien !? Non, non, cela ne pouvait être la raison, car ça signifierait qu'elle se rattache au fait qu'elle et moi puissions avoir un avenir en commun, et cela j'en suis sûr, elle ne pourrait jamais y croire, et moi non plus. Dans ce cas, qu'elles sont les raisons qui la poussent à prendre cette menteuse sous son aile ! Albus devait savoir, il savait forcément, peut être était il lui même l'instigateur de cette situation grotesque.

— Miss Granger, vous a-t-on informé que cette école n'était nullement une crèche ? La prochaine fois, vous me verrez contraint de reléguer vos envies d'enfanter au second plan ! Une gamine n'a aucunement sa place dans mon cours...de ce fait votre présence est aussi facultative !

Un tic nerveux agita ses lèvres lorsque j'eus fini de parler, sa main se crispa sur le manche de son couteau et ses jointures devinrent plus pâles que le visage de Potter. Cependant elle ne dit rien, se contentant de respirer un grand coup et sans accorder un regard à la fillette repartie de plus belle dans la confection de sa potion me réduisant au silence. Son manège dura le temps du cours et dès que la sonnerie retentit, elle s'empara de son sac et s'enfuit littéralement de mon cours. La gamine n'avait pas tardé à la suivre, suivit de Potter qui apparemment s'occupait d'elle plus que Granger. Ce fut alors avec une rapidité que je ne me connaissais pas que je me rendis moi-même dans la grande salle, Minerva n'étant pas encore présente, je m'emparais de sa place vide au côté du directeur. Celui-ci me jeta un regard amusé avant de se servir à boire.

— Je vous sers Severus ? Me dit-il d'un ton mielleux, comme s'il ignorait les raisons de mon comportement.

— Qu'avez-vous dit à Granger pour qu'elle prenne cette gnase ?!

Tout en me servant un verre d'hydromel, il me répondit jetant un œil à sa protégée.

— C'est elle qui est venue me voir ce matin, je n'ai pas bien compris ses raisons...elle m'a parlé d'un rachat de conscience, de karma...le fait est qu'elle ait voulu s'occuper d'elle aujourd'hui. Comment aurais je pu m'y soustraire ?

— J'ose espérer que vous ne faites pas d'erreur avec cette fillette Albus, cela pourrait avoir des conséquences regrettables !

Il ne prit pas en compte ma remarque et s'autorisa à jeter de nouveau un œil sur l'étrange couple que forme Granger et cette fille. Minerva arriva enfin et eut un moment d'arrêt à mes côtés. Je m'apprêtais a lui asséner une réplique cinglante, lorsque je remarquais que quelque chose m'irritai dans son comportement. Elle me regardait avec méfiance, Albus se tourna alors vers elle et lui demanda ce qui n'allait pas. Elle commença par jeter un regard affolé en direction de la table des Gryffondors avant de me regarder puis de s'adresser au directeur.

— Eh bien, en me rendant ici, j'ai croisé un couple que je qualifierais d'improbable...

— Abrégez donc nos souffrances Minerva, l'hésitation n'a pas les meilleures applications sur vous ! Déclarais-je, cinglant.

— Vous et Miss Granger Severus, je vous ai croisé vous et Miss Granger !

— Je crains fortement que vous ne soyez atteinte de troubles visuels puisque je suis ici depuis le début du repas !

Elle regarda Albus qui avait rassemblé ses couverts prêts à partir, son comportement ne m'aida guère, il avait compris quelque chose que je n'avais pas encore eu le loisir de saisir.

— Je leur ai dit de vous attendre dans votre bureau Monsieur, dit-elle à Albus, pour qu'il n'y ait pas d'esclandre.

Il lui sourit avant de hocher la tête et de se lever, elle s'apprêtait à prendre sa suite.

— Quelqu'un aurait-il l'amabilité de me faire part de la situation, ou dois-je vous suivre ?!

— Miss Granger est déjà partie Minerva, pourriez-vous aller la chercher avec la petite ? Severus, j'ai bien peur que toutes vos prédictions funestes ne soient fausses, il semblerait bien que les parents de Louanne soient arrivés !

Chapter 4: Chapter 4

POV SS

Je longeais le couloir me menant au bureau de Dumbledore en compagnie de ce dernier. Je n'avais pas ouvert la bouche depuis que nous avions quitté la grande salle. Comment cela avait-il pu arriver ? Se pouvait-il que le couple qui était là-haut et qui semble-t-il, corrobore les dires de la fillette soit l'image de ma propre personne et de celle de Miss Granger ? Quel tour était en train de se jouer ici, quel genre d'imposture ? Minerva avait tord de croire que l'apparition de ces deux énergumènes aller me faire passer de leur côté, au contraire. Ma volonté de croire à un énorme canular se trouvait renforcée.

C'est sans que je m'en rende compte qu'Albus m'ouvrir la porte de son bureau et m'invita à y pénétrer le premier. Aussitôt, je remarquais la jeune femme assise face au bureau du directeur, elle tourna le visage vers moi et je ne pus que remarquer la ressemblance avec Granger. Quoique, ses traits étaient vieillit, dissimulation possible par de nombreux sortilèges et de maintes potions. Il en allait de même pour l'homme qui avait revêt mon apparence, là encore, habile charme, étonnement bien exécuté ! Mais Severus Rogue n'est pas un homme que l'on berne facilement, c'est donc, sans quelconques salutations que j'allais me placer directement dans un coin reculé du bureau afin de faire ce qui me sied le mieux : observer !

La femme qui se faisait passer pour Granger tourna le regard vers son compagnon et celui-ci lui sourit calmement. Tous deux semblaient, il est vrai attendre quelque chose. Certainement que tout le monde tombe dans le panneau ! Je relevais le menton en signe de défi, jamais cette aberration ne se produirait ! Il est de mon devoir de faire qu'Albus ouvre enfin les yeux. Celui-ci d'ailleurs après avoir fermé la porte de son bureau se dirigea vers la personne la plus proche de lui, cette femme. Il la salua chaleureusement et l'homme s'approcha à son tour afin de serrer la main du vieil homme. Les yeux du directeur étaient brillants, il ne semblait même pas prendre de distance, la situation était acquise pour lui. Une nouvelle vague de rage m'envahit et je gardais résolument mon intention de rester ici, lorsque le regard de la jeune femme se posa sur moi je lui retourner un regard noir.

— Severus enfin, venait donc saluer nos invités ! me dit Albus doucement, comme si j'étais un animal qu'il fallait apprivoiser.

— Ne comptez pas sur moi pour entrer dans cette histoire Monsieur ! Dis je mâchoire serrée.

L'homme qui avait le culot de se faire passer pour moi eut alors l'audace de répondre.

— Ne vous inquiétez pas Albus, j'aurais réagi de la même sorte ! Nous savons très bien que toute cette histoire peut paraître grotesque...

— Grotesque ! GROTESQUE ! Hurlais je. Cette histoire est la pire calomnie qu'il m'ait été donné d'entendre et ne croyez pas me fourvoyer ! Finis je par murmurer.

En disant ces mots, j'avais fini par m'avancer vers ce duo improbable quand un coup discret fut apposé sur la porte.

— Entrer donc Minerva !

C'est alors que Minerva entra, la gamine passa en tête de convoi pour aller se jeter en pleurant dans les bras de la jeune femme. Le couple s'était alors réuni autour de la petite, l'entourant d'un amour intarissable. Un amour que je ne possédais pas, même un fou l'aurait vu. Ce fut à ce moment-là que je remarquais la présence de Granger. Elle semblait hypnotisée par la scène qui se déroulé devant nous, je la vis déglutir avant de faire un pas en arrière, elle tourna alors la tête dans ma direction et je remarquais alors toute la détresse qui avait pris part en elle.

POV HG

Lorsque j'étais entré dans le bureau du directeur, je savais à quoi m'attendre. Le professeur McGonagall m'avait expliqué. Mais je ne m'étais pas attendue à me trouver face à une copie quasiment conforme du professeur Rogue et de moi-même. Un frisson de peur m'avait alors envahi, me prenant de la tête au pied et entrainant une accélération quasi surhumaine de mon cœur. Je détournais alors la tête de cette scène folle et croissez le regard de Rogue. Celui-ci semblait fou de rage. Cependant, il ne me fit aucune remarque, se contentant d'observer mon comportement, comme s'il cherchait quelque chose, comme s'il devait prouver quelque chose, et une seconde encore j'eus peur qu'il ne déchaine sa haine contre moi. Je me sentais petite, une fourmi, je me sentais faible. Je pris alors conscience d'une chose, je ne suis rien face à cet homme. J'avais la sensation que s'il le souhaitait, il me détruirait comme un vulgaire véracrasse.

— Miss Granger, quel plaisir de vous revoir ! s'exclama alors le directeur .Comment allez-vous ?

Je ne pus articuler aucun mot, me contentant de faire la navette entre lui et Rogue.

— Cesser donc d'agir comme une gamine puérile et pleurnicharde Granger ! s'exclama le maitre en potion.

Je sentais les larmes poindre, je ne savais plus quoi penser, quoi faire, se pouvait-il que...

— NON ! Hurla soudain Rogue.

La fureur avait de nouveau empli ses traits et je frissonnais de nouveau. Il lissait en moi. Il utilisait l'occlumencie sur moi. Il ne pouvait que ressentir ma détresse. Sans que je le vit venir, il s'empara de mon bras qu'il serra jusqu'à m'en faire mal, comme pour me faire comprendre la réalité des choses. Le bureau était silencieux désormais, tout le monde nous observer, qu'attend-il de moi ? Ses yeux alors me dirent ce que je voulais savoir, il utilisa le même procédé pour me faire entendre ses pensées.

— Ne rentrez pas dans leur jeu sombre idiote, c'est tout ce qu'ils veulent ! C'est moi que vous deviez croire, rappelez-vous ce que je vous ai dit l'autre nuit ! Cela vous semble grotesque à vous aussi ! Comment pouvait vous ne serai-ce que l'espace d'une seconde croire que vous puissiez devenir une amante potentielle pour moi Granger !

Sa voix était dans ma tête, mordante, déversant un poison mortel dans mes veines, me paralysant en totalité. Il me l'avait déjà dit ça, il m'avait déjà fait comprendre qu'un homme ne pourrait jamais s'intéresser à moi. Que j'étais futile d'y croire. Cependant, j'entendais clairement autre chose dans ce message, il voulait que je sois en quelque sorte une alliée, que je reste de son côté ! Il était parti...j'étais désormais de nouveau seule dans ma tête, seule la douleur cuisante de mon bras me disait que je n'avais pas imaginé cette conversation.

— Severus, lâchez là ! Vous lui faites mal ! s'exclama McGonagall.

Il parut alors revenir a lui, me lâcha et fit quelques pas en arrière avant de m'ordonner de sortir.

— Severus, voyons, Miss Granger a autant le droit que vous d'être ici, cette histoire la concerne aussi ! Déclara Dumbledore

— Ce n'est qu'une gamine Albus, une petite sotte qui se croit plus importante que le reste du monde. Mais je le répète Granger, VOUS n'êtes pas indispensable ! Railla-t-il

Les larmes avaient de nouveau commencé a rouler sur mes joues, je me sentais une moins que rien, cet homme avait le moyen de me rabaisser plus bas que terre. Il savait parfaitement ce qu'il me disait, il en avait pleinement conscience. J'entendais qu'une dispute avait commencé à éclater dans le fond de la salle, mais je ne me concentre que sur lui. Sur cet homme, sur sa voix, je ne pouvais plus me détacher de lui, ces paroles étaient cinglantes, elles me faisaient du mal, mais je ne pouvais que l'écouter !

— DÉGAGEZ GRANGER ! SORTEZ D'ICI ! Hurla-t-il en déversant encore une fois sur moi toute la rage que je lui inspirais.

Je le pris au mot, effrayée par ses mots et m'enfuie du bureau sans demander mon reste. Je m'étais alors précipité dans la seule pièce qui aujourd'hui encore pourrait me donner ce que je souhaitais : paix et tranquillité. C'est sans la moindre délicatesse que j'entrais dans mes appartements de préfète en chef. Drago n'était pas là, il avait certainement cours ! Je m'allongeais alors sur mon lit et m'y prostré pour le reste de la journée, je n'avais cessé de trembler, mon corps refusait de m'obéir. Pourquoi avais-je la nette impression de n'être qu'une larve ces derniers temps ?

POV SS

Ma colère était retombée dès que Granger se fut enfuie. J'avais pour ma part aussi décidé de quitter cette pièce, mais Albus m'arrêta d'un regard.

— Qu'y a-t-il encore, vous allez me reprocher mon manque d'affection ? M'assommer de vos remontrances ridicules qui n'auront aucun effet sur moi, me dire qu'un autre enfant est venu du passé et qu'il est le fils d'un autre élève ?

— Severus, je t'en prie, imagine ne serais ce qu'une seconde l'état d'inconfort dans lequel tu as pu mettre Miss Granger ! Ce n'est pas à toi de décider de son sort, il me semble ! Dit-il d'un ton plus dur. Elle est ton élève, ton devoir est de la protéger et non de la faire fuir ainsi et c'est à moi de décider si sa présence est requise et elle l'était Severus !

— C'en est assez ! Clamais je la voix rauque. Ces histoires ne sont que des balivernes, un peu de potion, beaucoup de métamorphose...je vous ai prévenu Albus, je saurais faire la lumière sur cette histoire ! Je n'ai pas le choix, c'est à moi de vous prouver que vous avez tort pour une fois ! OUVREZ LES YEUX ENFIN ! Je suis incapable de faire ce genre de choses et vous le savez bien ! Finis je par murmurer avant de tourner les talons.

Minerva m'adressa un regard que je qualifierais d'empli de pitié avant de me laisser la voie libre. Granger est trop jeune, elle ne connaît pas encore tous les tributs de la magie, mais moi, je le sais, je sais que tout cela pue le mensonge. Comment avait-elle pu penser, ne serait-ce qu'un instant...comment avait-elle pu fléchir à ce point ? Il fallait qu'elle sorte, pour que son cerveau ne connaisse pas le même sort que celui d'albus, il ne fallait en aucun cas qu'elle ne se fourvoie. Je suis incapable d'aimer, je ne m'aime pas moi-même alors comment peuvent-ils envisager que je puisse aimer l'un de mes pairs ?

Albus avait tord lui aussi, il n'avait pas le droit de me faire de tels reproches, si j'ai fait sortir Granger s'était pour une bonne raison et elle le savait ! Il n'a pas le droit de croire en cela, mais il aime beaucoup trop l'espoir ! Il est désormais d'ordre prioritaire que je lui prouve la vérité, il est le seul qui me comprenne, il n'a pas le droit de me tourner le dos. De plus, je suis sûr que Granger n'a pas besoin de protection, elle a aidé à vaincre le seigneur des ténèbres ou non ? Elle est assez forte pour se moquer de ma façon de penser...voilà que je m'inquiète pour sa santé morale désormais ! Qu'elle aille au diable avec Potter et Weasley, me sauver la vie, mais pour qui se prenait-elle ? Dieu ? Il était aussi de mon devoir de la faire redescendre de son nuage. Elle n'a pas le droit de vie et de mort, ce n'est qu'une insupportable je sais tout, orgueilleuse et prétentieuse. Je lui ferais vomir son courage de stupide Gryffondor !

POV HG

J'ai la sensation que cela fait des mois que je suis prostré sur mon lit, mais cela ne fait que trois jours. Drago est venu cogner à ma porte un nombre incalculable de fois, j'ai arrêté de compter. Des tas de gens sont venus pour me faire sortir, mais je n'ai pas envie. Le professeur MacGonagall est venu aussi avec Dumbledore, ils m'ont parlé à travers la porte...de Rogue, de ce sale type ! J'ai placé un sort d'insonorisation autour de moi. Le seul qui ai réussi a entrer fut Dobby, il m'apporte à manger et range une chambre déjà impeccable. Je crois qu'il a peur pour moi, il me donne des nouvelles de « dehors », chaque fois il ne repart que lorsqu'il m'a vu mangé un peu, avec un grand sourire il revient le lendemain.

Et puis un jour, j'avais eu une sorte de déclic, je m'étais levée aux aurores et avais décidé de faire le pied de grue devant les cachots. Huit heures avaient sonné, un groupe de deuxième année était entré dans sa salle de cours, certains m'avaient bousculé, mais je n'en avais pas prit cure. Après tout, je n'étais pas censé être dans ce couloir, pas à cette heure, pas en pyjama. Je jetais un coup d'œil à mes habits, j'étais encore une sorte de zombie, sortant doucement de sa torpeur. Rogue n'était pas apparu et le doute m'assaillit, avait je le droit d'agir de la sorte ? Pouvais je entrer et faire ce que j'avais a faire ? Parce que Rogue n'avait lui pas le droit de me traiter de cette manière, je n'étais plus une enfant, il n'avait pas le droit d'agir a ma place, pas le droit de me faire me sentir comme ça. Il fallait que cela cesse, maintenant !

D'un pas ferme, j'entrais dans les cachots, un frisson me stoppa sur place, tous les regards convergeaient vers moi. J'étais une distraction, quelque chose qui n'allait pas dans le décor sombre de cet être infâme professeur...ce mot me tira une grimace, un sentiment inqualifiable m'envahit. Il n'était pas un professeur, plus maintenant, désormais il n'était qu'un homme, rongé pas la haine.

— Miss Granger, dois je réitérer ma question ? Que faites-vous ici dans cette tenue plus que déplacé ? Sa voix était sifflante, je sentais sa haine venir à moi, s'insinuant dans mon esprit. Jamais plus il ne pourrait agir de la sorte avec moi.

J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortais, je m'éclaircit la voie avant de m'adresser a lui d'une manière que j'aurais souhaitée plus stable.

— J'avais...quelque chose à vous dire !

Il soupira avant de croiser les bras.

— Et cette chose n'aurais pas plus attendre notre cours de cet après-midi ?! Êtes-vous venue vous excuser de votre comportement insolent de ces trois derniers jours ?

— Pas vraiment non !

Cette fois ma voie transpirée de sarcasme, l'effet obtenu sur Rogue fut un contentement perceptible suivit d'un regard incandescent. Je fermais les yeux lorsqu'il me demanda de lui dire ce que j'avais d'aussi important a lui témoigner ci tôt et c'est en serrant les poings que je déclamais :

— Vous n'êtes qu'un con Rogue !

J'ouvris les yeux et le vis serrer la mâchoire, je savais que je le regretterais tôt ou tard, mais le sentiment de bonheur et de soulagement qui découlait de ces simples mots aurait pu me satisfaire pour une vie entière. Sans attendre de réplique cinglante, je faisais demi-tour et me rendais tranquillement dans mes appartements. Drago écarquilla les yeux lorsqu'il me vit entrer. Il m'attendait, je crois.

— Hermione, ça va ? Tu étais où ?

— Ça va, ne t'inquiète pas, j'étais partie voir Rogue.

Une lueur d'inquiétude passa dans son regard.

— Et ?

— Ça fait un bien fou ! M'exclamais-je avant de rire.

Chapter 5: Chapter 5

POV SS :

J'avais rapidement repris mon cours en main, retiré un nombre incalculable de points durant cette journée. Granger avait enfin fini de s'apitoyer sur son sort, il lui avait fallu trois jours pour définitivement statuer sur mon cas : j'étais un con ! Elle avait au moins eu le mérite d'y avoir réfléchi plus longuement que la majeure partie des gens.

Ces trois derniers jours m'avaient épuisé moralement. Après que Granger se soit enfuie du bureau de Dumbledore, j'étais moi-même retourné me terrer dans mes cachots. Ce fut Drago qui me tint au courant de l'évolution de la situation. Albus avait installé la fausse famille Rogue venant du futur dans des appartements privés où l'on cherche une solution pour le moment introuvable à leurs renvois de cette époque. Mon aide n'avait pas été requise pour le moment, Albus me donnait « le temps de m'habituer à cette situation ». Dès le lendemain, je m'étais aperçu que Granger n'avait pas daigné se rendre à mon cours. Drago là encore m'avait expliqué qu'elle s'était enfermée dans ses appartements et qu'elle ne voulait plus en sortir. La gamine quant à elle continuait d'assister aux repas dans la grande salle, j'avais alors remarqué qu'elle semblait chercher Granger du regard. Que lui voulait-elle ?

Je repensais à l'irruption matinale de Granger dans mon cours et je ne pus empêcher un léger sourire. Je crois bien que c'est la première fois qu'elle me dit le fond de sa pensée. Elle avait toujours eu trop peur pour le faire auparavant. Cependant, j'avais beau me creuser les méninges, je ne voyais absolument pas quelle punition j'allais pouvoir lui infliger ! Albus ne voulait plus que j'envoie mes élèves à Rusard, car celui-ci perdait de plus en plus l'esprit. Je ne me voyais absolument pas prendre en charge cette élève, au fond, je savais bien que j'étais beaucoup trop dur envers elle, et je ne pouvais m'empêcher d'être brutal avec elle ces derniers temps, une solution unique s'imposa alors à moi, la forêt interdite ! J'envoyais une missive au garde-chasse pour le prévenir que ce soir même, il aurait une élève à entrainer dans les bois pour une quelconque tâche. Il pouvait lui faire dompter des hérissons sauvages je m'en moquais.

J'eus l'esprit apaisé après cette décision, c'est donc de bonne humeur que je franchis la porte de la grande salle à dix-neuf heures. Quand Granger reçut sa convocation pour le soir même, elle tenta de tourner le regard vers moi, certainement pour me prouver son dégout de ma personne quand une paire de petits bras vint s'enrouler autour de sa taille.

POV HG :

J'avais raconté à Drago ce que j'avais fait à l'instant et il secoua la tête tout en soupirant avant de déclarer que son parrain et moi-même étions des causes perdues.

— Tu sais qu'il va te donner une retenue Hermione ! J'espère juste que tu ne t'en mordras pas les doigts.

— Drago, je viens tout juste de comprendre que Rogue n'a pas le droit me traiter aussi durement ! J'ai beau ressasser mon comportement envers lui, je n'ai rien fait de mal. C'est lui qui a un problème avec moi, il fallait bien que quelqu'un lui disse qui il était.

— Ne t'inquiète pas, il est assez grand pour se détester lui-même, mais tu aurais peut-être dû attendre qu'il soit seul plutôt que de l'humilier devant sa classe ! Vous traversez une période délicate en ce moment avec cette histoire de future famille heureuse, je le comprends, tout le monde ici le comprend, fait juste attention de ne pas te perdre en route Granger. Il fut un temps où tu aurais cherché à comprendre son comportement avant de l'humilier ainsi, ça ne te ressemble pas !

Drago me serra la main avant de retourner en cour, voilà qu'il me mettait de nouveau dans l'embarras. Une culpabilité sournoise s'insinua en moi, il avait raison, jamais je n'aurais agi de la sorte avant. Je pense que Rogue n'a pas à me traiter de la sorte, mais il a vécu des choses dans sa vie qui ont fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. Je n'avais pas à me rabaisser de la sorte afin de me sentir mieux. Je ne me sentais définitivement pas mieux de lui avoir parlé de la sorte devant ses élèves, défiant son autorité alors que j'aurais pu attendre un autre moment pour le faire. Je souhaitais apaiser sa colère envers l'univers tout entier. Il fallait qu'il comprenne que les gens n'étaient définitivement pas tous des imbéciles. Ma rancune avait retrouvé un palier décent. Si je souhaitais en finir une bonne fois pour toutes avec Rogue et cette histoire, il allait falloir que je fasse ce que je ne voulais absolument pas entreprendre avec cet homme aigri. Il fallait que je comprenne qui était réellement Severus Rogue, ensuite, j'anticiperais.

Ma journée avait filé à toute vitesse, j'avais assisté à tous mes cours sans encombre. Ron avait fini par me parler de nouveau et ça me faisait un bien fou, j'étais sur mon petit nuage. Détendue après m'être retrouvée, après avoir pris une décision concernant Rogue. Au repas du soir, je reçus une missive m'indiquant la nature de ma retenue pour manquement au respect. Une tournée de rodage dans la forêt interdite, j'avais voulu lever les yeux vers Rogue pour lui faire comprendre que ça ne me faisait aucunement peur, j'avais déjà pénétré à de nombreuses reprises dans la forêt interdite. Mais, une petite paire de bras me détourna de cette mission.

— Coucou ! S'écria une petite voix joyeusement.

Harry tourna la tête vers la table des professeurs, mais je lui indiquais que tout allait bien.

— Bonjour, Louanne, tu n'es pas avec tes parents ? Demandais je calmement.

Elle secoua la tête énergiquement avant de sauter sur le banc à mes côtés et de se servir dans mon assiette sans plus de cérémonie. J'avais aussi pris ma décision par rapport à toute cette mascarade. Les parents de la fillette avaient beau être doués pour le camouflage. Je faisais confiance à Dumbledore, il sait toujours comment réagir. Peut être a-t-il ses raisons de croire à cette histoire, mais la petite n'avait que quatre ans, elle ne pouvait pas sciemment nous berner. J'avais choisi de laisser Dumbledore gérer la chose comme il le souhaitait, sans pour autant prendre part à ces foutaises.

— Maman veut plus que je fasse des potions...alors je suis venu voir papy ! Mais je t'ai trouvé toi. Dit-elle en souriant.

Je hochais la tête avant de porter mon regard sur Rogue, il me regardait nerveusement. Allait-il de nouveau venir me sermonner violemment ? Je haussais les sourcils en guise de défis avant de reporter mon attention sur Ginny qui s'occupait de distraire la petite. Ma retenue était dans une demi-heure, je décidais d'en finir avec mon repas pour aller me préparer, la fillette avait fini par retourner avec Dumbledore.

Une fois dans mes appartements, j'enfilais ma cape la plus chaude ainsi que des vêtements moldus. Sortir dans l'uniforme de Poudlard pour se rendre dans la forêt interdite était suicidaire pour lesdits vêtements. J'avais décidé de me rendre en avance chez Hagrid et en chemin, je croisais Rogue. Nous nous étions tous deux ralentis avant la confrontation qui ne vient pas. Il s'était contenté de me fixer, sans aucune émotion apparente.

POV SS :

Granger avait acceptée sa retenue sans ciller, je me demandais ce que la gamine avait bien pu lui raconter durant le repas. Je venais de la croiser avant qu'elle n'emprunte la grande porte pour s'engouffrer dans le froid mordant qui avait peu à peu pris place. Elle m'avait semblé sereine, en accord avec elle-même, comme si elle avait pris une grande décision dont l'issue était inévitable. J'étais resté figé devant la porte quelques secondes avant de pouvoir bouger de nouveau.

De retour dans mon bureau, j'avais entrepris de corriger un tas de copie qui s'entassait depuis peu. Demain nous étions enfin en week-end, pour satisfaire aux exigences du directeur qui ne voulait pas de non-sens. Je me retrouvais obligé d'étudier dans mon coin une potion permettant le renvoi des trois usurpateurs dans le futur. Bien que cela me rebutait au plus haut point, une excitation grimpée en moi, j'étais excité à l'idée de pouvoir faire de nouvelles expériences, et ça, Albus le savait bien. D'une manière ou d'une autre, dès que ces trois-là seraient partis, tout ira pour le mieux. Ils auraient enfin la réponse qu'ils attendent tous, dans cinq ans, Granger et moi ne nous adresserons même pas la parole. Elle sera loin d'ici avec sa famille de mini Weasley. Un tic nerveux agita mon visage à cette idée et je fixais un point face à moi. Depuis quand le fait d'imaginer Granger avec quelqu'un me faisait-il tiquer ? Voilà que cette immondice d'histoire grotesque me montait aussi au cerveau. Je me servais un whisky pur feu, puis un second et d'autres encore.

Vers minuit, un bruit assoupissant résonna dans mon étage. Je me levais péniblement et tapais dans une bouteille au sol, une seconde vide au trois quarts était posée sur mon bureau. Je ne pensais pas avoir bu autant. Un gout pâteux dans ma bouche m'indiqua que décidément oui, j'avais trop bu. Des voix s'élevaient dans le couloir censé être vide et je reconnus la démarche du garde-chasse. D'un coup de baguette, je nettoyais mon bureau des preuves de ma lâcheté. Ma tête me vrillait beaucoup trop. Deux coups qui auraient pu arracher ma porte de ses gonds me firent réagir plus vite. J'ouvrais ma porte et la vue qui s'offrait alors à moi me donna la nausée. Le manteau du garde-chasse était couvert de sang, une peur sourde prit place en moi et je scrutais son dos, il marchait vite, mais Granger ne se trouvait pas dans son sillage. Seul Albus et Minerva arrivaient en marchant rapidement. Mes oreilles bourdonnèrent un moment et je ne compris pas un mot de ce qu'Hagrid put me dire. Où était Granger, pourquoi était-il couvert de sang ?

— Severus ? Dumbledore me secoua par le bras, ce qui me fit réagir.

— Où est Granger ? Elle était en retenue ! M'exclamais je.

Hagrid laissa échapper un long râle de tristesse. Minerva me regarda férocement.

— Miss Granger à disparue Severus, il faut sonder la forêt interdite immédiatement ! Mettez votre cape et suivez-nous ! M'ordonna-t-elle .

— Comment cela est-il possible ? Dis je ma voix montant d'une octave. Vous étiez censé la surveiller ! Le garde-chasse baissa la tête.

— Severus, il faut y aller, je vous explique la situation sur le chemin. Me dit doucement Albus.

D'un coup de baguette, ma cape apparut sur mes épaules et je m'engouffrais dans le couloir glacial, Albus à mes côtés.

— Miss Granger était comme vous le savez avec Hagrid pour sa ronde quotidienne. Un centaure les aidait dans cette tâche, une des créatures de la forêt avait été blessée récemment et Hagrid prenait soin d'elle depuis déjà une semaine. Ce soir était le dernier soir avant le rétablissement complet de la bête. Un soin de routine, sauf que, cette nuit la bête c'est affolé, Miss Granger a été légèrement blessée et tous sont partis à la recherche de la bête. Miss Granger n'est jamais reparue au rendez-vous convenu !

J'avais accéléré le pas depuis un moment et nous étions à l'orée du bois, un vent froid venait renforcer un air déjà glacial. L'alcool avait fini son effet sur moi, l'étourdissement n'était plus que mineur. Tout le long du chemin, j'avais maugréé sur le comportement dangereux du garde-chasse d'avoir laissé Granger seule. La forêt interdite était dangereuse, il le savait bien non ? Nous étions parvenus au dernier endroit où Granger avait été vue.

— Séparons-nous, nous auront plus de champ d'action Severus, suivais l'itinéraire de Miss Granger. Minerva faites de même et partez sur votre gauche dès que vous le jugerez opportun. Hagrid et moi partons de l'autre coté, peut être est-elle parvenue a retroussé chemin ! Déclara Dumbledore. Jetez des étincelles rouges dès que vous l'aurez retrouvé !

Je resserrais ma cape autour de mon cou. La nuit était vraiment glaciale.

— Vous allez bien Severus, vous semblez mécontent ?

— Minerva, quelquefois vous posez des questions vraiment stupides, en avez vous conscience ?!

— Miss Granger est une grande fille, elle sait se défendre, elle a participé à la guerre en grande partie. De plus elle est extrêmement intelligente, nul doute qu'elle ne soit saine et sauve à nous attendre sagement. Elle est juste perdue.

— Elle est dans la forêt interdite, vous trouvez ça rassurant peut-être ?! Clamais je vivement.

— Si je ne vous connaissais pas Severus, je serais tentée de dire que vous êtes inquiet pour elle !

Elle tourna sur sa gauche pour ne pas entendre ma réponse et s'enfonça dans les bois sur ma gauche.

POV HG

Ma blessure n'était pas minime tout compte fait. J'avais cru que cette bête étrange m'avait infligé une égratignure, mais l'égratignure s'était transformée en plaie béante au fil des heures. Nous ne connaissions pas cette créature, nous ne pouvions pas savoir. J'avais marché longtemps, je crois, ma magie s'était amoindrie en même temps que mon sang s'écoulait de cette horrible plaie qui s'étendait de mon oreille droite jusqu'en bas de mon bras droit. J'avais perdu ma baguette et j'étais tombée au fond d'un petit trou au pied d'un arbre, je n'avais plus de force.

Je ne sentais plus mes membres, j'étais transie de froid sans moyens de me réchauffer. Plus aucune once de magie ne s'écoulait de mon corps désormais. Je fixais la marre de sang qui avait depuis un moment commencée à nourrir le sol terreux. La tête tournée vers les étoiles, la bouche entrouverte, mon seul regret est de ne pas avoir percé à jour le caractère de Rogue. Un rire amer s'échappa de mes lèvres en même temps qu'un filet de sang. Le futur était vraiment faux, jamais je n'aurais d'enfant avec Severus Rogue. Un sourire barra mon visage alors que je faisais ce constat joyeux puis la peur m'envahit.

Je n'avais pas envie de mourir, je n'avais encore rien connu de la vie, de l'amour. Il avait eu raison, aucun homme ne voulait de moi, même Ron s'est détourné. Une larme roula sur ma joue et d'autres suivirent. Un bruissement anormal me força a bouger la tête d'un centimètre, la bête venait-elle achevait son œuvre ?

Non, c'était Severus Rogue qui se tenait face à moi, je portais une nouvelle fois mon visage face à la lune et mes larmes redoublèrent d'intensité. Aucun son ne sortit de sa bouche. Des étincelles rouges telles, un feu d'artifice m'offrait un spectacle salvateur.

POV SS :

J'avais la sensation de marcher depuis des heures, peut-être était-ce le cas ? Je n'avais aucune notion du temps, mes pieds étaient gelés, mais je continuais d'avancer. Granger n'avait pas pu s'évaporer de la sorte ! Une inquiétude grandissante prenait place en moi en même temps que les minutes s'égrainer. Une lueur faible attira mon attention au sol, j'avais ma baguette avant de m'emparer de celle de Granger. La buée matinale avait déjà recouvert son manche et je plaçais la baguette désormais éteinte dans la même main que celle tenant ma propre baguette.

— Allez ma jolie, montre-moi ou se trouve ta maitresse ! Murmurais je

C'est alors qu'une douce chaleur monta dans ma main, la baguette m'obéissait, chatoyant dans ma main pour me guider à Granger. Le phénomène était inédit, jamais je n'avais vu une baguette obéir à quelqu'un d'autre que son maitre. Après quelques minutes, je tombais sur un petit talus caché dans les fourrés. Je me laissais glisser le long de celui-ci et atterrit au pied d'un arbre. Granger était là, le visage baigné de larmes, pâle comme la mort, une plaie béante sur le côté droit de son corps déversant une quantité fluide de son sang. Elle avait tourné le visage vers moi et ses larmes ont doublé, elle a tourné le visage face au ciel. Un pincement au cœur, c'est à ce moment-là que je pris conscience que j'avais été trop dur avec elle ces derniers temps. Rien n'était de sa faute. Elle ne voulait même pas me regarder en face. Je lançais un sort de stase sur son corps pour éviter qu'elle ne perde plus de sang et dans la foulée envoyer une gerbe rouge dans le ciel pour prévenir les autres. Désormais, je devais la ramener au château.

J'aurais pu la faire léviter facilement, mais j'en fis autrement. Je m'agenouillais à ses côtés et lui murmurais doucement.

— Granger, je vais vous porter d'accord ? J'ai mis votre corps en stase, vous ne perdrez plus de sang. Acceptez-vous que je vous prenne dans mes bras ? Demandais je péniblement.

Elle tourna son visage vers moi avant de cligner des yeux deux fois et de pleurer de plus belle. Aucun son ne franchissait ses lèvres. C'est avec une grande précaution que je passais l'une de mes mains derrière sa tête et l'autre derrière ses genoux avant de la soulever. Je sentis sa respiration se couper lorsqu'elle posa sa tête contre mon torse. Cette proximité me mettait mal à l'aise. Elle avait ramené ses bras sur son ventre et avait le visage tourné vers moi. J'aurais souhaité lui demander de cesser de pleurer, mais j'eus peur qu'elle l'interprète mal.

— Vous aviez raison Granger, je ne suis qu'un con ! Déclarais je faiblement.

Elle fronça les sourcils et s'humecta les lèvres.

— Pourquoi ? Murmura-t-elle douloureusement.

Je voyais sa poitrine se soulever difficilement. Ses larmes s'étaient taries et je tenais ma baguette face à moi pour éclairer le chemin. J'évitais son regard avant de répondre.

— Je n'aurais jamais dû vous traiter de la sorte, les événements qui ont eu lieu récemment ne sont en aucun cas de votre faute.

Elle fit alors un geste qui me stoppa dans mon élan, elle posa sa main contre ma joue avant de sourire faiblement.

— Qui êtes-vous professeur Rogue ?

Sans que je sache pourquoi, une larme glissa sur ma propre joue. Granger l'essuya et sa main retomba mollement sur mon torse. Elle m'offrit un dernier sourire avant de fermer les yeux, elle s'était endormie. Je continuais mon chemin en courant à moitié. Le visage fermé, les yeux fixés sur la porte du château que j'apercevais au loin, je murmurais doucement à la nuit une promesse que je m'engageais à tenir.

— Je ferais tout pour que vous me souriiez encore comme cela Granger, sans équivoque, je veux mériter vos sourires.

Chapter 6: Chapter 6

POV HG

Des bruits indistincts se faisaient entendre, l'odeur de désinfectant m'emplissait les narines et ma tête me faisait un mal de tous les dieux. Qu'est-ce que je faisais à l'infirmerie ?

On avait entouré mon lit de rideaux. En essayant de sortir d'ici, mon corps se déroba sous mon propre poids. Une douleur cinglante m'arrachait le côté droit et un cri de souffrance franchi mes lèvres. Je me prosternais au pied de mon lit en passant une main fraiche sur mes plaies. Qu'est-ce qui avait bien pu m'infliger une douleur pareille ?

— Miss Granger, il vous faut garder le lit encore un moment ! M'invectiva Md Pomfresh en pénétrant derrière les rideaux bleus.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Lui demandais-je pendant qu'elle m'aidait à remonter sur mon lit.

Elle posa une main sur mon front avant de me donner une potion calmante.

— Vous avez subi un choc léger, une créature de la forêt interdite vous a attaquée. J'ai toujours dit au professeur Dumbledore qu'il fallait arrêter d'envoyer les élèves là-bas.

— Pendant ma retenue avec Hagrid ?

Elle me tapota la main et prit un air rassurant. Elle vérifia mes bandages, une cicatrice parfaite avait pris place sur mon flanc droit, s'étendant de mon bras pour s'estomper à la base de mon cou.

— Vous avez eu de la chance, quand le professeur Rogue vous a amené ici vous étiez frigorifiée, vous étiez à deux doigts d'y passer à mon avis.

Attendez, attendez, elle a bien dit le professeur Rogue ? C'est Rogue qui m'avait amené à l'infirmerie ? Je croyais que ce con prétentieux n'en avait rien à faire de moi ! L'air se fit soudain rance et une forte envie de vomir s'empara de moi. Md Pomfresh me tendit une autre potion qui m'offrit une nouvelle bouffée d'air.

— J'ai dû vous administrer plusieurs potions la nuit dernière, vous allez être nauséeuse un moment.

— Rogue ? Murmurais je plus pour moi que pour ma compagne du moment

— Oui Miss, le professeur Rogue, il était parti à votre recherche avec le professeur Dumbledore et le professeur Mc Gonagall. Il faut que j'aille les prévenir de votre réveil d'ailleurs, ne sortez pas, je reviens dans un instant.

Elle se déroba à ma vue et le cours de mes pensées s'emballa. Pourquoi était-ce Rogue qui était parti à ma recherche ? Avait-il eu ce qui semble être des remords parce que c'était lui qui m'avait infligé cette retenue ? Je levais les yeux au ciel avant de soupirer. J'allais devoir le remercier pour ça et rien que l'idée me donna une nouvelle vague de nausée qui s'estompa grâce à la potion que m'avait donné pom-pom.

POV SS

J'étais resté éveillé toute la nuit, j'avais rattrapé mes lectures en retard et l'insomnie ne m'avait toujours pas quittée. Je ne cessais de me remémorer les quelques paroles échangées avec Granger. Elle avait vu juste, j'étais un con !

Pourquoi est-ce que je m'en inquiétais, je n'arrive pas encore à mettre le doigt dessus. Elle avait paru si seule, si triste… tellement innocente. Je n'avais pas aimé la manière dont ces yeux m'avaient accusé cette nuit. Je n'avais pas aimé son regard triste et diable je m'étais surpris à aimer son sourire et la façon dont elle avait scruté mon visage à la recherche de réponse. Avant de pénétrer dans l'infirmerie, j'avais jugé préférable de lui effacer ses derniers souvenirs. Il ne fallait pas qu'elle se remémore mes derniers mots. Mon instant de faiblesse, elle était saine et sauve, c'est tour ce qui importe désormais.

Je tapais du poing sur la table avant de continuer à faire les cent pas. C'était impossible, aucune situation possible ne pouvait m'amener à cela. Personne au monde ne développe de sentiment à cette vitesse, c'était invraisemblable ! Ce devait encore être un tour de Dumbledore ! On ne tombe pas sous le charme de quelqu'un en une dizaine de secondes, il faut du temps pour ça, j'avais mis des mois à tomber sous le charme de Lily. Soit j'avais était victime d'un sort de confusion, soit je devenais complètement fou.

Un sursaut d'angoisse me vrilla un instant l'estomac quand des coups francs se firent entendre sur la porte menant à mes appartements. Je m'accordais quelques secondes avant de reprendre mes esprits. Personne ne devait surprendre ce moment de doute. Je respirais calmement avant de m'avancer et d'ouvrir la porte. Dumbledore se tenait là, il m'annonça gaiement que miss Granger était réveillée. Une sensation étrange s'installa en moi, un bourdonnement dans l'estomac qui me serra la gorge un instant et qui me fit me sentir plus léger, l'esprit serein.

Une sensation nouvelle qui dû se refléter sur mon visage.

— Severus, mon garçon, vous ne vous sentez pas bien ? Vous êtes pâle comme la mort !

— Je vais très bien, j'avais des copies à corriger, je manque de sommeil, voilà tout ! M'exclamais-je

— Je vous trouve bien tatillons ce matin, suivez-moi ! répondit-il gaiement

— Albus, vous ne croyez tout de même pas que je vais aller souhaiter le bonjour à Granger !

Cette idée, énoncée à voix haute, me parut tout à fait grotesque et mon collègue me sourit tendrement avant de répondre :

— C'est elle qui a demandé à te voir Severus. Elle a passé une soirée pénible, Pom-Pom me dit qu'elle ne se souvient de rien, certainement le choc. Suis moi mon garçon, je meurs de faim, le petit déjeuner ne va pas tarder à être servi, j'aimerais m'y rendre rapidement.

Une nouvelle sensation grandit en moi à l'annonce de cette nouvelle. Un monstre géant qui s'était emparé de mes entrailles et qui les tord dans tous les sens. Elle ne se souvenait de rien, étrangement, la nouvelle qui aurait dû me ravir me tourna un instant les sens. Je me pinçais l'arrête du nez et commençais à suivre Albus. Qu'est-ce que Granger pouvait bien vouloir de moi ?

La constatation de mon état ne fit qu'empirer quand j'aperçus Granger. Elle semblait minuscule dans son lit. Pomona s'était occupée de lui couvrir le bras droit et une partie du flanc de bandages, ce qui n'améliorer pas son apparence. Un malaise grandissait en moi et elle remarqua notre présence, elle sourit au directeur et daigna m'accorder un hochement de tête qui me mit dans une colère sourde. Elle demandait à me voir et m'accordait aussi peu d'importance qu'un véracrasse au fond d'un chaudron puant.

— Miss Granger, comment allez-vous ? S'enquit Albus.

Elle inclina la tête vers son lit avant de répondre qu'elle se sentait bien. Nous restions quelques instants à nous toiser et le directeur finit par prendre congé.

POV HG

Je ne savais pas comment m'y prendre avec lui. Il m'avait traité de la pire des manières ces derniers jours et, désormais, je devais lui présenter des remerciements. Choses qu'il n'avait par ailleurs même pas faites. Il avait tourné la tête vers le fond de l'infirmerie, Md Pomfresh était en train de ranger des fioles de potions. L'infirmerie était vide, je lissais mes draps du plat de la main avant de m'éclaircir la voix. Il se tourna de nouveau vers moi et je portais mon regard ailleurs que sur lui. Ce que j'étais sur le point de faire m'indispose à tout point de vue, mais mes parents m'avaient bien élevés, je ne flancherais pas sur mes principes.

— Professeur Rogue, je… je voulais vous remercier pour la nuit dernière. Md Pomfresh m'a dit que grâce à vous, j'avais la vie sauve et je vous en remercie.

Il resta stoïque et finit par prendre une grande inspiration, il croisa les bras et me toisa comme un adulte réprimande une enfant. Il porta sur moi un regard qui à cet instant me fit me sentir totalement idiote. Il releva la tête un peu plus et je crus apercevoir a cet instant une lueur de douceur passer dans son regard. Je secouais légèrement la tête avant de me reprendre, ce scélérat ne pouvait être capable de douceur.

— C'est tout ce que j'avais à vous dire, vous n'êtes pas obligé de rester professeur !

Mon ton était sec et il fronça les sourcils, mécontent. À cet instant, les battants de l'infirmerie s'ouvrirent et l'instant d'après, le couple d'imposteurs fit son entrée. Un Severus Rogue et une Hermione Granger du futur ! Mon professeur tourna les talons après avoir regardé son double de manière peu charitable. Je sortais ma baguette et fermais les rideaux me protégeant du reste du monde d'un sort informulé. Dumbledore les laissait se balader dans le château à leur bon vouloir ? Un coup d'œil à l'horloge m'indiqua que le déjeuner n'allait pas tarder à être servi.

J'avais cru un instant que Rogue allait enfin s'excuser de son comportement avec moi, mais il ne l'a pas fait. Je souris en imaginant que la situation aurait pu être pire encore par la suite. J'entendis Md Pomfresh lâcher un juron avant de s'adresser à ses visiteurs. Elle leur dit qu'elle avait était prévenue par Dumbledore de leur venus et les invita à s'installer ce qu'ils firent non loin de mon lit. Le couple était assez proche pour que je puisse les entendre.

— Severus, veux-tu bien cesser de me tenir la main comme si j'étais une enfant !

J'entendis un grognement indistinct suivi d'un éclat de rire.

— Cesse d'être bougon, ma main ne va pas s'envoler !

— Si tu prenais au moins la peine de ne pas t'éparpiller durant tes recherches, cela ne se serait pas produit.

Je levais ma baguette de nouveau afin de lancer un asurdiato et stoppais mon geste, ils ne croyaient tout de même pas que j'allais me laisser avoir par leurs soi-disant chamailleries puériles.

— Retourne avec Louanne, je saurais retrouver mon chemin seule, elle est déjà assez perturbée comme ça.

Le reste de la conversation fut inaudible et la porte s'ouvrit de nouveau un instant plus tard, l'autre Rogue était parti.

— Je peux entrer ?

Un sursaut d'étonnement m'arracha un grognement de douleur. Cette femme s'adressait a moi. La soi-disant Hermione du futur. Le rideau qui entourer mon lit s'ouvrit doucement et je fronçais les sourcils. Elle me sourit doucement en passant la tête pour obtenir mon consentement et je fronçais les sourcils. Elle avança une main vers moi et me tendit une réplique exacte de ma propre baguette. Elle avait réussi à contrecarrer mon sort.

— Comment ? Murmurais-je estomaquée.

Elle déposa la jumelle de ma baguette sur mon lit et je m'en emparais. Un courant chaud remonta le long de mon bras. Les mêmes sensations qu'avec ma propre baguette. Je portais le bout de bois face à mon visage et je soufflais dessus, elle vibra intensément. La Hermione du futur hocha la tête avant de sourire, elle souffla à son tour sur la baguette et la vibration reprit. Je lui remis sa baguette entre les mains avant de la dévisager. Elle avait mes yeux, mon nez, quelques mèches blondes dans les cheveux. Elle les avait remontés en un chignon sauvage et un sourire bienveillant réchauffait son visage. Le même sourire que le mien.

Mal à l'aise, je me redressais dans mon lit pour m'asseoir plus confortablement. Son regard tomba sur mon bandage et elle souleva son propre pull. Une cicatrice semblable à la mienne lui barrait le côté droit du corps. Mon regard se porta sur sa main gauche qui était enflée, un rire lui échappa et elle fit quelques mouvements souples de sa baguette, la main reprit son aspect habituel.

— Pardonne-moi mes subterfuges, mais je n'aurais jamais pu venir te voir le cas échéant.

Madame Pomfresh s'avança vers nous, son regard se porta sur la main de sa patiente et elle poussa un soupir d'étonnement. Mon double du futur lui fit un sourire contrit avant de hausser les épaules. Dans un murmure scandalisé, Md Pomfresh regagna son bureau.

— Est-ce que tu me crois maintenant ? Est-ce que tu penses que toute cette histoire puisse être réelle ?

Je secouai énergiquement la tête. Un bourdonnement sourd me vrilla la tête.

— Je...je te crois quand tu dis que tu es moi...dans le futur. Quant au reste, ça me paraît invraisemblable !

Elle poussa un soupir résigné avant de poser sa main sur ma tête. Elle me tendit une flasque de potion que j'acceptais de boire, mon mal de tête baissa encore d'un cran.

POV SS

J'avais été rapidement congédié par Miss Granger et la sensation qui m'avait étreint le cœur était tout sauf naturelle. Elle n'avait pas souri, elle m'avait remercié puis congédié, elle s'était montrée froide, distante, presque insolente. Elle ne m'avait pas regardée.

Au final, je n'avais eu que la monnaie de ma pièce. Il était désormais l'heure du repas, mais je n'avais pas faim. Face à mon assiette, je réfléchissais de nouveau à ce qui m'étreignait le cœur, ce sentiment qui me semblait inédit. J'avais déjà ressenti ce genre de choses pour Lily. Mais la dimension ne semblait pas être la même pour Granger. J'avais l'impression que tout était brutal, décuplé. C'était comme si, la privation de ce sentiment depuis tellement de temps le faisait revenir plus fort encore.

J'en étais venu à la conclusion que cet amour pour elle était présent depuis déjà quelque temps, mais que je n'en prenais conscience pleinement qu'aujourd'hui.

Je repoussais mon assiette loin de moi, je ne pouvais décemment pas être tombé amoureux de Granger du jour au lendemain ! À moins que...quelqu'un ait pu me jeter un sort ? Me faire boire une potion à mon insu ? Je secouais la tête, un sort semblait plus probable. J'aurais décelé le gout d'une potion aisément. La question était désormais de savoir qui pouvait donc bien être à l'origine de ce sort. Je glissais mon regard sur chacune des tables rassemblaient ici. Aucuns de ses élèves n'aurait été capable de me lancer pareil sort. Mon regard tomba sur Weasley assis à côté de Potter et ma main se crispa sur ma baguette. Cet abruti de Weasley. Un mouvement attira mon regard à la table des Serpentards, ou plutôt un manque de mouvement. Drago avait le regard fixé sur moi, les sourcils froncés il semblait m'observer depuis un moment. Il leva les yeux plus grands lorsqu'il remarqua que je m'intéressais enfin a lui. Je compris le message et utilisais l'occlumencie afin d'établir le contact. La barrière mentale de Drago apparaissait comme un mur de glace, sous ma pression celui-ci sembla fondre et la voix claire de Drago résonna dans ma propre tête.

— Qu'est-ce que Weasley a fait ?

— Pardon ?

— À l'instant, tu viens de lancer un regard à Weasley...tu semblais...hors de toi !

— Tu te fais des idées Drago. C'est juste que son idiotie m'a de nouveau frappé lorsque je l'ai aperçu.

— Toi aussi tu te demandes pourquoi Hermione est sortie avec lui ?

Mon regard se fit plus dur, et Drago, fier de lui remit en place sa barrière mentale. Je me levais de table et dardais mon regard sur lui. Il me sourit avant de lever la tête plus haut, presque avec dédain. Je passais derrière lui et son rire cristallin me fit de nouveau serrer les poings. Drago avait le même « pouvoir » que Narcissa, il ressentait les choses avec une acuité rare.

Mes pas m'avaient porté jusqu'aux cachots, des éclats de voix me parvinrent et comme hypnotisé, je me surpris à frapper à la porte du fameux cachot. Celui qui contenait le faux couple futuriste. Rapidement, on m'ouvrit. Mon double me fit face. Un mouvement dans sa mâchoire me fit comprendre qu'il se retenait de rire.

— J'aurais pensé recevoir une visite bien plus tôt !

— J'aime à penser que je suis un homme imprévisible !

L'autre me sourit et d'un geste de la main m'invita à pénétrer dans le cachot.

— Nous serons seuls, si vous vous posez la question.

Sans apporter de réponse, j'observais la fumée qui s'échappait de la potion en stase. Mon souffle se fit plus rauque, l'odeur de la potion était âpre. L'air était chaud et lourd, je remarquais du coin de l'œil la cape de mon homologue posé sur le dossier d'une chaise. Une pile de livres et de parchemins étaient étalés sur la table dans l'angle et un parfum féminin embaumait l'air.

— Pourquoi étiez-vous aussi sûr de recevoir ma visite ?

Je me tournais vers la voix similaire à la mienne. IL était accoudé à la table où la potion se croisa les bras à ma manière et un tic vient remuer ses lèvres. Un sourire franc s'étira sur son visage et, même ainsi, je me retrouvais totalement en lui. Sa physionomie était identique à la mienne. Seule son aura semblait différente. Il était...calme, déstressé. Il finit par me répondre d'une voix posée :

— Parce que je me souviens du moment ou je suis tombé amoureux d'Hermione comme si c'était hier !

Ma surprise dut transparaître sur mon visage, car un éclat de rire agita mon moi futur. Un remords me prit et je me demandais pourquoi j'étais ici. Je n'avais jamais cru en cette histoire, pourquoi y croire maintenant ?

— La porte est grande ouverte si vous le souhaitez !

Le dos tourné a cet homme, mes yeux étaient posés sur la pile de parchemins sur le bureau, mon écriture y était, celle de Granger aussi. Son écriture fine et ronde, douce. Le geste qu'elle avait eu à mon égard la veille au soir me revint à l'esprit et je portais mes doigts à ma joue. Je savais pourquoi je voulais bien croire à toute cette histoire désormais.

— Je l'aime bien ! Murmurais-je

— Plus que n'importe quel autre homme au monde !

C'était étrange d'entendre votre propre voix vous répondre sans qu'elle sorte de vous-même. Je me tournais vers cette voix.

— Cela vous est arrivé n'est-ce pas ...dans votre passé ?

Il hocha la tête avant d'ouvrir de nouveau la bouche.

— Il m'est arrivé exactement la même chose, j'ai eu les mêmes pensées que vous, les mêmes doutes...les mêmes...révélations. C'est pourquoi je savais que vous alliez venir, j'ai fait la même chose il y a quelques années.

— Où est-elle ?

— À l'infirmerie, elle s'est blessée ce matin, nous nous sommes croisés.

— C'est si grave ?

J'avais froncé les sourcils, cette blessure m'avait semblé minime ce matin. Une simple brulure. Ça ne nécessitait pour moi aucune visite à l'infirmerie. Le Severus Rogue du futur m'observa un instant avant de sourire. Il secoua la tête avant de soupirer :

— Il semblerait que je sois toujours aussi crédule avec elle. Je pense qu'elle a inventé ce subterfuge afin d'aller discuter avec votre Hermione.

— Elle ne devait pas y aller ?

Il secoua de nouveau la tête et me répondit d'un ton qui s'était durci.

— Elle devait attendre encore quelque temps. Hermione s'est rendu compte beaucoup plus tard qu'elle avait des sentiments pour moi. Je ne veux pas que ma femme influence indirectement celle qui sera votre compagne.

Cette nouvelle assombrit un peu plus mon humeur et je décidais de me rendre à l'infirmerie. Mon homologue n'en prit pas rigueur et me laissa m'en aller.

POV HG

La Hermione du futur me semblait plus sûre d'elle, plus confiante. Elle avait pris une chaise et s'était posée à mon chevet. Nous étions restés là, à nous observer sans ciller. J'avais décliné le repas que Md Pomfesh m'avait apporté. La nausée me tenailla encore.

— Tu découvriras un jour que tout ce que tu penses de lui aujourd'hui n'est pas la vérité.

Elle attendait une réponse de ma part qui ne vint pas. Avoir déclaré que je la croyais pour ce futur qui m'attendait était déjà un grand pas. Lui dire que j'étais amoureuse de Rogue ou que je le serais un jour ou l'autre ne faisait qu'augmenter ma nausée. Avoir un enfant de lui me paraissait encore plus invraisemblable.

— Il est borné je te l'accorde, mais il est capable d'aimer beaucoup plus que ce que tu crois aujourd'hui. Il est l'homme qui m'a le plus aimé, celui qui m'a fait rire plus que Ron et Harry...il a une belle âme.

— C'est l'homme le plus exécrable qu'il m'ait été donné de connaître. Incapable de dire pardon, incapable de dire qu'il a pu se tromper. Il me hait...je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour toi, mais j'aime Ron. C'est lui que j'ai choisi...

— C'est ce que tu crois pour le moment. J'ai appris à connaître Severus Rogue, j'ai appris à l'aimer. J'ai aimé Ron, mais Severus est l'homme qui m'a fait découvrir ce que voulais vraiment dire aimer.

Je détournais le regard pour lui signifier que pour moi, la conversation était finie. Le temps était quelque chose de relatif, il pouvait être changé, ce qu'elle me disait n'avait aucune résonance en moi. Ron, même s'il ne le souhaite pas pour le moment est celui que j'aime, je sais que tôt ou tard, il reviendra vers moi. Nous pourrions reprendre l'histoire ou elle s'était arrêtée. Les Rogue et Hermione du futur rentreraient bientôt chez eux. Toute cette histoire serait loin de moi, ils pourront de leur côté vivre leur histoire. Je pourrais reprendre la mienne avec Ron.

— Je n'aurais pas dû venir ici, excuse moi de t'avoir dérangée. Je vais te laisser te reposer. Je...si tu as besoin de moi, fait le moi savoir.

Elle s'avança vers la sortie et au dernier moment se tourna vers moi, le regard brillant.

— Réfléchit y, ne perd pas ton temps a essayer de te convaincre que tu ne l'aimes pas...demande...demande-lui de te parler de Lily !

Sa voix se brisa sur ce nom. Je connaissais cette histoire grâce aux souvenirs que Rogue avait donné à Harry dans la cabane hurlante.

— Tu peux même aller parler au Severus que je connais, celui qui m'accompagne depuis des années. Il n'y verra aucun inconvénient !

C'est sur cette phrase qu'elle sortit de l'infirmerie. Elle semblait tellement convaincue qu'un jour je pourrais aimer cet homme que cela me fit de la peine pour elle. Ma gorge se bloqua sous l'effet des larmes qui me menaçaient et je retins un hoquet de surprise en voyant la porte s'ouvrir de nouveau.

Ma baguette, posé sur ma table de chevet étais hors d'atteinte. Je fermais les yeux en priant pour qu'il ne s'aperçoive pas de mon état. Mes prières ne furent pas exaucées, j'entendis son pas lourd, typique s'avancer vers moi. Je pris ma respiration avant de demander d'une voie sûre ce qu'il me voulait.

— Je...j'ai aperçu cette femme sortir de l'infirmerie, j'étais venu m'assurer qu'elle ne vous ait pas mis d'idées stupides en tête.

— Ne vous inquiétez pas monsieur, je ne vous porte toujours pas dans mon cœur ! Et ce ne sera pas le cas dans le futur, vous pouvez partit l'esprit serein !

J'ouvris les yeux pour guetter sa réaction, il observait mon visage d'une manière très insistante. Quelque chose semblait différent chez lui. Son regard était plus...doux. Le calme avant la tempête.

— Arrêtez de me regarder de cette manière ! Je vous assure que je n'ai rien cru de ce qu'elle m'a dit ! Comme vous me l'avez dit l'autre jour, un homme comme vous ne peut s'intéresser à une gamine dans mon genre, je suis futile !

Il sembla reprendre le dessus sur les émotions qui se disputaient en lui et tourna les talons sans m'adresser un mot de plus. Je soupirais de soulagement, je venais d'échapper à un nouvel esclandre.

Le sommeil avait été long à venir cette nuit-là, Harry et Ron étaient venus me rendre visite après leur journée de cour. Ils avaient eu l'autorisation de Dumbledore pour venir dîner avec moi. Lorsque Harry s'était levé pour partir, il avait jeté un coup d'œil à Ron et celui-ci avait hoché la tête. Harry m'avait embrassé avant de quitter la pièce. Ron avait baissé le regard sur ses pieds. Un mauvais pressentiment s'empara de moi et je baisse à mon tour les yeux sur mes couvertures.

— Qu'est ce que tu veux me dire Ron ?

Il s'éclaircit la voix, avant d'oser lever la tête vers moi, il me souleva le menton d'une main pour que je le regarde.

— Mione, regarde-moi...Je...j'ai invité Louise Quehenent à sortir avec moi, elle a accepté.

Les larmes que j'avais retenues tout à l'heure roulèrent sans discontinuer sur mes joues.

— Tu ne m'aimes plus ?

Ma voix était faible, triste, brisée. Ses yeux commencèrent eux aussi à s'embuer et sa voix fut plus rauque qu'à l'ordinaire lorsqu'il me répondit. Il faisait de gros efforts pour ne pas craquer, je pense. Il lâcha mon menton pour attraper mes mains.

— Je t'aime Mione...mais je ne pense pas que ce soit ce genre d'amour...je t'aime comme une sœur. On a essayé toi et moi quelque chose qui n'aurait jamais pu aboutir. Ça faisait plus de six mois que l'on sortait ensemble et il ne s'est jamais rien passé...je sais que tu penses comme moi, ou que tu finiras par le penser. Nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre, pas comme ça.

Les larmes avaient maintenant gagné ses joues et un rire nerveux franchit mes lèvres, il me sourit à travers ses larmes.

— Louise ?

Ma voix était plus ferme malgré les larmes et l'émotion. Il me sourit en hochant la tête, ses yeux avaient un éclat nouveau et je compris qu'il me disait vrai. Notre histoire, même si elle avait était belle n'avait pas la résonance d'une histoire d'amour. En tâchant de reprendre mon souffle, ma respiration se fit plus forte et je finis par éclater en pleurs pour de bon. Cela avait était tellement pur et beau, ce que j'avais vécu avec Ron avait été une belle histoire.

— Ami ? Me chuchota-t-il en me serrant les mains encore plus fort.

Je hochais énergiquement la tête pour lui donner mon assentiment et il me prit dans ses bras tout en me répétant inlassablement merci.

— Allez...je vais devoir te laisser Mione, repose-toi bien ! Bonne nuit.

Il déposa un baiser sur mon front et je lui souhaitais moi aussi une bonne nuit. Après le départ de Ron, Harry revint en coup de vent m'embrassa de nouveau et me promit que tout irait bien.

J'ai eu l'impression que ma crise de larmes avait duré des heures. Madame Pomfresh était venue me voir plusieurs fois, mais j'avais refusé ses potions. Je savais que ça allait passer, je n'en voulais pas à Ron, il semblait réellement heureux. Je pense qu'il me faudrait juste un peu de temps avant de le voir heureux avec une autre que moi.

Plus tard dans la soirée, Madame Pomfresh était partie se coucher. La porte s'ouvrit tard dans la nuit et une silhouette imposante passa la porte principale. Je m'étais allongé plus loin dans mes couettes. Le mal de tête qui m'avait pris après les larmes était toujours présent, je devais avoir une tête épouvantable, mais ça m'avait fait du bien de pleurer. L'homme qui était entré se dirigea vers les armoires de potions. Il ouvrit les portes à l'aide de sa baguette et remplit les planches vides. Je lâchais un hoquet de surprise quand je me rendis compte que c'était Rogue. Il sembla se figer dans ses gestes lorsqu'il m'entendit.

— Vous n'êtes pas censée dormir Granger ?

-...

— Vous voulez une potion de sommeil ?

Je poussais un soupir de lassitude, il avait repris ses gestes et se tourna vers moi quand il eut fini. Je ne voyais pas son visage dans la pénombre.

— Je veux bien une potion de sommeil professeur.

Il tiqua à la dénomination et attrapa un flacon dans l'armoire. Il versa son contenu dans un verre qu'il venait de faire apparaître et s'avança vers moi. Je me redressais et attrapais ce qu'il me tendait, en l'attrapant je frôlais sans le faire exprès sa main et retirais vivement le verre de sa poigne, renversant un peu de liquide sur moi. Je m'excusais et crus voir un semblant de sourire s'installer sur son visage. Le gout acre du liquide me rappa la gorge et je fis claquer ma langue sur mon palais.

— Les potions ne sont pas faites pour avoir bon gout Granger !

Je ne retenais pas la remarque et reposais ma tête contre mon oreiller. Sa présence me mit mal à l'aise.

— Quelle heure est-il ?

J'avais l'impression d'avoir perdu la notion de temps et regrettais un instant que les montres moldues ne fonctionnent pas dans l'enceinte de Poudlard.

— Un peu plus de deux heures du matin.

Il me scruta un instant et je fronçais les sourcils, il était vraiment difficile de distinguer quoi que ce soit dans les ténèbres. Je sentais que mon esprit s'embourbait dans le sommeil.

— Qu'y a-t-il Granger ? Pourquoi est-ce que vous ne dormez pas. Votre blessure vous fait mal ?

Serait-ce de l'inquiétude que je percevais ? Mes yeux se firent lourds et je mis sur le compte de la potion les perceptions que j'avais de cette conversation.

— Ron va sortir avec Louise Quehenent, m'entendis je répondre ensommeillée.

Le silence se fit long et je crus avoir simplement pensé ce que je croyais avoir dévoilé.

— J'ai toujours dit que Weasley était un idiot ! Vous valez mieux que ça tout de même !

— Je ne lui en veux pas...il est grand !

Les méandres du sommeil se firent plus pesants encore et je fermais les yeux. Quelques instants plus tard, je pensais entendre de nouveau la voix de Rogue.

— Granger ?

Un murmure.

Je répondis par un grognement, la bouche trop pâteuse pour répondre. Et alors, j'eus l'impression que le professeur Rogue déposait un baiser sur mon front avant de me souhaiter bonne nuit. Un sourire figé sur les lèvres je me tournais dans mon lit. Le lendemain matin, le verre qui contenait la potion avait disparu et je me mis en tête que toute cette conversation ainsi que ce baiser n'avait été qu'un rêve. Étrange rêve soit, mais un rêve tendre. C'est avec un sourire que Madame Pomfresh m'accueillit avec le petit déjeuner.

Je pensais à la conversation que j'avais eue avec Ron et ce rêve me revenait en mémoire. Tendre, doux comme ce baiser que j'avais rêvé et tout me semblait plus doux, sans importance. Madame Pomfresh m'enleva mes bandages le soir même et j'observais la cicatrice qui jonchait mon flanc droit. Je passais un doigt dessus et informais l'infirmière que je souhaitais la garder. Le seul souvenir de cette nuit resterait cette cicatrice.

— Le professeur Rogue est passé la nuit dernière Miss Granger ?

Je me tournais vers Md Pomfresh en stoppant le boutonnage de ma chemise.

— Je.. Je ne sais pas pourquoi ?

Sa voix me sembla lointaine quand elle me répondit et mon regard se porta sur ma table de nuit.

— Les stocks de potions ont été renouvelés.

Et ce baiser volé, doux et tendre me sembla encore plus irréel. Je portais une main à mon front et mon cœur battit la chamade. Cela ne pouvait être réel, mon esprit me jouait certainement des tours. J'avais certainement aperçu le professeur Rogue refaire les stocks en m'endormant. C'était la seule explication possible.

C'est en portant de nouveau la main sur mon front que je me pris à sourire.

Chapter 7: Chapter 7

POV HG

Ce que je m'apprêtais à faire avait un gout amer dans ma bouche. Comme la bile qui nous remonte lors de vomissements. J'avais ce gout étrange dans la bouche et je ne pouvais rien avaler, je n'avais eu de cesse de regarder du côté de la table des professeurs depuis le début du déjeuner et Ginny avait repéré mon manège.

— Tu sais que tu dois le faire mione. Me dit-elle presque dans un souffle, comme si elle culpabilisait de devoir me le rappeler.

Je hochais la tête, oui je savais que je devais le faire, mais quelquefois, pardonner n'était pas aussi simple que de dire bonjour à un étranger.

Le souvenir des mots que m'avait adressé Md Pomfresh avant ma sortie de l'infirmerie me hanter. Il s'était trouvé là cette nuit, et je ne savais vraiment pas comment interpréter ce qu'il s'était passé. C'était-il réellement passé quelque chose d'ailleurs ? J'étais encore vaseuse cette nuit, peut être Rogue m'avait-il parlé ? Peut-être avait-il seulement parlé à haute voix en remplissant l'armoire ? Peut-être avais-je seulement entendu sa voix et mon esprit s'était mis à dérailler dans mon sommeil ?

Je ne parvenais pas à trouver de réponse à cette question et c'est peut-être à ça qu'était dû ce gout amer. Pardonner à quelqu'un de vous avoir sauvé la vie n'appelle pas ce genre de sensation, je ne vais pas lui dire merci, je vais seulement lui dire que sa conduite lors de cette nuit précise à, semble-t-il, atténuer mon ressentiment envers lui.

Un nouveau coup d'œil à la table m'informa qu'il n'était toujours pas arrivé, peut-être ne viendrait-il pas ? Il fallait pourtant qu'il vienne, je n'avais pas envie de me retrouver seule avec lui dans les cachots. Un frisson parcourt mon échine et je resserrais ma veste quand un accès de lucidité s'empara de moi, je savais bien ce qu'il fallait faire pour avoir des réponses. Ce n'était pas de moi-même où de Rogue qu'il fallait obtenir des réponses, les seuls capables de me répondre étaient ceux du futur.

Je me levais précipitamment de table, renversant au passage le jus de citrouille de Ginny qui pesta contre moi. Je m'emparais de mes livres de cours, lançais mon sac sur mon épaule et fonçais, tête la première, vers les portes battantes afin de pénétrer dans le hall frais.

L'idée était brillante, je ne savais pas comment j'avais pu passer à côté. Je bousculais Drago en passant, celui-ci me regarda, son sourire accueillant se changeant en une expression inquiète.

— Mione ! m'interpella-t-il

— Pas maintenant, on se retrouve après le cours de potion, dit à Rogue que je serais certainement en retard s'il te plaît. Il faut absolument que j'aille voir quelqu'un.

Il leva les bras vers le ciel dans un signe d'impuissance et secoua la tête. Je continuais mon chemin, déterminée à ne laisser personne me détourner de ma quête d'information.

POV SS

Granger avait fini par sortir de l'infirmerie et j'avais eu le temps de l'apercevoir sortir en trombe de la grande salle. Le souvenir du geste que j'avais eu envers elle me fit baisser la tête honteusement, comme un gamin pris en faute. Je m'étais octroyé un droit qui ne m'étais pas dû.

— Hagrid, avons-nous des nouvelles de la créature qui a frappé Miss Granger dans la forêt interdite ? interrogea Dumbledore.

L'interpellation me fit relever la tête.

— Oui Monsieur, répondit-il, je l'ai capturé pas plus tard que la nuit dernière, il est solidement attaché près de ma cabane.

Dumbledore hocha la tête avant de reporter son attention sur son repas. Je me tournais vers le garde-chasse :

— Vous savez de quelle créature il s'agit.

Le fait que je ne lui parle d'ordinaire que par onomatopées dû le frapper puisqu'il se figea dans une expression de surprise avant de reprendre ses esprits.

— Non-professeur, jamais vu cette chose encore, mais j'me renseigne.

— Très bien, je passerais voir cette créature de plus près en fin de journée, je pourrais peut-être voir de quoi il retourne.

Il hocha la tête d'un signe entendu et je surpris un regard intrigué de la part de Dumbledore. Je poussais un soupir d'agacement avant de me lever sans avoir touché à mon repas, cette journée ne s'annonçait pas mieux qu'une autre.

Le retour au cachot ne me permit pas de me sortir de ma catatonie, Drago m'intercepta avant mon entrée dans ma salle de classe. Il m'annonça que Granger serait certainement en retard pour mon cours et qu'elle ne savait pas si elle pourrait y assister. Cette nouvelle assombrit un peu plus mes pensées, je m'invectivais intérieurement, cette nouvelle ne devrait pas me faire autant d'effet. Granger ne pouvait pas avoir autant d'effet sur mon humeur, je n'aurais pas dû agir avec elle de la sorte la veille...ce n'était pas à moi d'agir de la sorte, mon comportement était obsolète dans ce genre de combat. Je n'avais tout simplement pas le droit d'avoir ce genre de sentiment à son égard, c'était déplacé.

Je m'assieds à mon bureau sans plus de cérémonie et c'est en relevant la tête que je m'aperçus d'un changement inédit. J'observais ces imbéciles d'élèves, me regardant pour certains avec une lueur de peur. J'agitais le bras et les consignes du jour s'affichèrent au tableau. Assis à mon bureau, un vide étrange s'empara de moi tandis que ce constat alarmant prenait de plus en plus de place dans mon esprit. Drago m'observait sans rien dire avant de jeter un œil sur sa gauche. La place était vide, mon esprit était semblable à de la mélasse.

Ce sentiment insuffla une note de peur en moi et mon cœur eut un raté, la chose était pourtant simple : même avec une vingtaine d'étudiants face à moi, la classe me semblait morne, triste et vide sans Granger.

Un soupir passa mes lèvres et j'entrepris de faire le tour des chaudrons.

POV HG

En me rendant dans les appartements des futurs Hermione et Rogue, je ne m'étais pas attendue à le trouver seul face à son chaudron. D'un seul coup, ma résolution du petit déjeuner me sembla totalement stupide. Je commençais à faire un pas en arrière lorsque mon pied buta contre le sol, ce Rogue leva la tête, surpris avant de stopper son geste.

— Les filles sont parties à Pré au Lard, il me manque quelques ingrédients pour peaufiner ce que l'on a entrepris.

J'avais hoché la tête, c'était la seule chose à faire. Je déglutis avant de faire mine de m'éloigner de nouveau.

— Si tu veux, tu peux t'installer ici quelques instants en attendant qu'elles reviennent, tu ne me déranges pas et elles ne devraient plus tarder désormais.

Toujours plongée dans mon mutisme, j'avais décidé de m'installer dans un coin de la salle afin d'observer son travail. Il avait dit que mon moi futur n'allait plus tarder, mon cours de potion pouvait bien attendre ! Un petit rire franchit mes lèvres sans que j'aie pu le retenir. L'homologue de mon professeur leva la tête et me jeta un regard interrogateur. Je détournai le regard, mal à l'aise.

— Je suis censée être en cours de Potion à cette heure-ci. Déclarais-je d'une voix qui me parut bien faible.

Il sourit avant de se replonger dans sa mixture.

— La situation peut prêter à sourire assurément !

Il finit par souffler avant de mettre sa potion en stase et de gribouiller quelques notes sur un parchemin. La même ride que celle qu'arborait Rogue barra son front et il rangea d'une main habile son plan de travail. Il était attentif, concentré, minutieux comme l'était mon professeur. Cependant quelque chose clochait.

— Vous n'êtes pas comme lui ! murmurais-je

Il se redressa avant de me toiser, son regard se voilà un instant avant qu'un léger sourire — qui n'avait rien de sarcastique — ne prenne place sur son visage. Il sembla réfléchir un moment avant de s'approcher de moi. Son geste me fit sursauter et il s'arrêta à mi-chemin.

— Disons que j'ai trouvé quelqu'un qui a su apaiser mes tourments.

Un sourire triste se dessinait maintenant sur son visage, et ce sourire-ci me fit échos. Un flash de ce qui s'était déroulé la nuit de mon attaque. Un frisson me parcourut et je fronçais les sourcils. Avais-je vu ce sourire sur le visage de mon professeur cette nuit-là ?

— Je ne me souviens pas de la nuit de l'attaque ! Dis-je abruptement. Enfin… je ne me souviens pas qu'il m'ait ramené au château.

Une expression énigmatique avait maintenant pris place sur ses traits. Il sembla lui aussi réfléchir avant de déclarer doucement que certaines choses ne se dévoilaient qu'avec le temps, comme les bons whiskies. Cette comparaison me fit sourire et je me sentais désormais plus à l'aise. Décidément, cet homme était différent de mon professeur.

— Je vous ai rejoint cette nuit-là dans la cabane hurlante, je croyais bien faire…

Une infinie tristesse s'empara de lui et il s'approcha un peu plus avant de poser l'une de ses mains sur mon épaule. Il lâcha un profond soupir avant de me donner la dernière réplique de notre conversation.

— Ce n'est pas avec moi que tu dois avoir cette conversation, il t'écoutera soi en sûre, j'étais moi-même amer et peu enclin à la discussion cependant… il t'écoutera… je ne dis pas que ce sera simple, pour aucun de vous deux. Mais il existe des choses au monde qu'il ne faut pas taire et qu'il ne faut pas garder pour soi. Partage cela avec lui, tais-toi lorsque tu sens que c'est nécessaire, mais parle-lui.

Il répondit à mon regard interrogateur et empli de larme en me disant que mon cours se terminait dans 10 min, le temps était suffisant pour que je me rende au cachot.

POV SS

Mon cours avait finalement pris fin sans que Granger nous fasse part de sa présence. Une bile amère remonta le long de ma gorge et c'est d'un ton abrupt que j'apostrophais mon neveu.

— M. Malefoy, un moment, je vous prie !

Il me jeta un regard surpris et continua de ranger sa paillasse le temps que les autres étudiants aient terminé de quitter la salle.

— Où est Miss Granger ?

Il retint un soupir de soulagement et me sourit.

— Elle ne m'a pas dit où elle allait, mais ça avait l'air important…

— Dit lui qu'elle vient d'écoper d'une nouvelle retenue ce soir et que si l'envie lui reprend de sécher mes cours elle viendra en retenue tous les soirs nécessaire. Et cesse donc de sourire tu m'agaces prodigieusement !

Son sourire s'étira encore lorsqu'il se tourna de nouveau vers moi.

— Tu n'as qu'à lui dire toi-même, elle patiente dans le couloir.

D'un signe agacé je lui donnais congé tandis qu'Hermione Granger pénétrait, tête basse, dans ma salle.

— Granger, vous êtes retenue ce soir à 20 h, vous avez déjà raté plusieurs cours, cela n'est pas acceptable, je vous rappelle que vos ASPICS sont en fin d'année. Vous venez de surcroit de faire perdre 30 points à Gryffondor pour non-assiduité !

Elle eut un mouvement de tête brutal face à cette annonce et elle me fit enfin l'honneur de daigner me regarder. Son visage reflétait l'étonnement cependant elle n'eut rien à dire concernant la sanction. Non, les paroles qu'elle m'adressa étaient d'une tout autre nature. Elle sembla prendre une grande inspiration avant de me déclarer de but en blanc la raison de sa venue.

— Je vous ai sauvé la vie.

Sa voix avait perdu de sa splendeur sur la fin, mais je n'étais tout de même pas sourd.

— Votre imbécile d'ami m'a déjà fait part de cette nouvelle il me semble Granger ! Je ne vois pas en quoi cela devrait adoucir la sentence !

Une lueur surprise, encore une fois, s'empara de son regard et elle sembla un instant chercher ses mots.

— Ce… ce n'est pas ce que j'ai voulu dire professeur. Je… je voulais juste vous en parler.

— Vous m'avez sauvé la vie cette nuit-là, j'ai fait de même il y a quelque temps, nous sommes quittes désormais si cela vous tient tant à cœur ! Je vous signale que je ne suis pas en charge d'une seule classe d'idiots tous aussi mielleux et débordants de stupidité que la vôtre dans ce château et que d'autres idiots attendent dans ce couloir.

Elle chassa ma réplique d'un revers de la main et je poussais un soupir d'agacement avant de prendre appui sur la paillasse la plus proche.

— Allez-vous enfin aller au bout de vos pensées Granger ou faut-il que je vous jette un enervatum ?!

Je perds patience !

Elle riva son regard et ancra ses pupilles dans les miennes. Le contact était brutal, personnel, dérangeant et il me déstabilisa au plus haut point. Une lueur chaude brillait dans ses yeux, je ne pus en détourner les miens. Sa propre audace parut la surprendre et il s'écoula quelques secondes avant que des mots ne franchissent à nouveau la barrière de ses lèvres.

— Ce soir,… pendant ma retenue. Je ferais le travail que vous me donnerez, mais j'aimerais aussi vous expliquer pourquoi je suis retournée dans la cabane hurlante… si vous le permettez ?

Son regard n'avait pas cillé, elle continuait de m'observer chastement alors que mes pensées s'emmêlaient un peu plus. Pourquoi voulait-elle encore aborder le sujet ? N'avais-je pas été clair lors de notre première entrevue sur ce point ? N'avais-je pas été assez clair sur le fait que je ne voulais en aucun cas aborder cette nuit précisément ? Elle sembla déceler le trouble qui avait débat en moi et pour m'achever finit sa tirade en m'adressant ces derniers mots avant de quitter ma salle.

— Et je voudrais aussi savoir ce qui s'est passé la nuit de mon attaque...mes souvenirs sont… étranges !

Elle guetta une réaction en moi qui ne sembla pas venir et me tourna le dos en me disant qu'elle serait présente à 20 h. J'avais désormais la désagréable impression que je m'étais infligé une retenue à moi-même.

POV HG

Je lâchais un juron en sortant des cachots et les premières années ne parurent pas le noter, attribuant certainement ma mauvaise humeur à mon entrevue avec Rogue. Une sueur froide me fit frissonner et un rire nerveux m'échappa. J'y étais arrivé, j'avais réussi ce qui me semblait être un exploit et Rogue n'avait rien dit de particulièrement mauvais. Il n'avait pas bronché, je ne sais pas si ce comportement était annonciateur d'un esclandre pour ma retenue, mais mon sourire ne me quitta pas de la matinée. J'avais réussi à faire accepter à Rogue que les raisons de mon retour à la cabane hurlante cette nuit-là étaient fondées.

C'est de cette humeur que ma journée s'enchaina, mon appréhension était apparue vers la fin d'après-midi, Harry et Ron avaient dû sentir la tension qui m'animait puisqu'ils ne m'adressaient la parole qu'en cas d'extrême nécessité.

J'avais fait un crochet par la salle commune de Gryffondor pour les aider dans leurs devoirs. Le parchemin demandé en cours de soin aux créatures magiques était pour une fois celui qui nous avait donné le plus de fil à retordre. Cormac MacLagen m'alpagua lorsque les garçons étaient remontés. Je rangeais le reste de mes affaires et il me proposa de prendre une de ses créations culinaires.

— Depuis quand tu cuisines Cormac ? lui demandais prudemment.

Depuis la scène à laquelle j'avais eu le droit lord la soirée de Slughorn en cinquième année j'avais tenté de garder mes distances un maximum face à lui. Je n'avais pas envie qu'il se fasse de nouveau des idées. Il prit un air contrit avant de sourire et de me tendre un gâteau au chocolat. Je refusais poliment en lui disant que j'avais assez mangé lors du repas du soir. Il insista et je jetais un œil à l'horloge avant d'accepter son gâteau, il était déjà 19 h 50, je n'avais pas envie d'arriver en retard pour ma retenue. Je fourrais la pâtisserie dans mon sac avant de lui dire que je la gouterais plus tard et que je lui donnerais mon avis lorsque cela serait fait. Il parut ravi et me laissa enfin passer le portrait de la grosse dame.

J'accélérais le pas afin d'être ponctuelle et à 20 h précise, je toquais à la porte du bureau de Rogue. Il ne m'invita pas à entrer c'est donc en retenant ma respiration que je poussais le loquet avant de pénétrer dans les cachots. C'était la première fois que je me retrouvais seule en retenue, habituellement, Ron et Harry étaient là pour m'accompagner. C'était la première fois aussi que je me retrouvais seule en retenue avec Rogue et la situation avait quelque chose de personnel face aux événements qui se déroulaient en ce moment. L'air de la pièce était lourd, chaud et pesant, l'odeur qui se dégageait des chaudrons en stase me fit suffoquer.

Je cherchais du regard Rogue avant de le trouver penché sur un chaudron bouillant, il n'avait pas dû m'entendre et je m'éclaircis la voix pour lui signifier ma présence. Il leva la tête vers moi et la situation me rappela étrangement celle qui s'était déroulée ce matin avec l'autre Rogue.

— Posez vos affaires et venez me rejoindre Miss Granger !

Je fis ce qu'il me dit et allais me mettre face à lui, de l'autre côté du chaudron. Je ne m'étais pas attendue à ce genre de retenue. Habituellement, Rogue faisait nettoyer des chaudrons à la main où se contentait de donner un devoir aux élèves en retenue avant d'aller s'occuper ailleurs à la correction de ses copies. Voir tout cet étalage de chaudron ici et la concentration qu'il y mettait avait quelque chose de disons...personnel. Je restais devant lui les bras ballants attendant une consigne, il leva vers moi un regard interrogateur.

— Miss Granger, d'après les dires de mes collègues et de certains de vos camarades, vous êtes sans aucun doute la sorcière la plus brillante de vôtre génération… prouvez-le-moi ! dit-il avec un air de défi indiscutable. Je travaille sur la potion qui permettrait à nos… visiteurs de retourner d'où ils viennent, apportez-moi donc vos lumières en la matière !

L'expression que j'eus alors a vraiment dû être cocasse puisque je vis un éclat étrange passer dans son regard. Je notais au passage qu'il avait employé le mot « visiteurs » pour parler de nos potentiels doubles futuristes et je restais un instant interdit. N'étaient-ils pas des parasites qui devaient dégager le plancher d'eux-mêmes ? Peut-être était-il rassuré de devoir faire partie du rétablissement de la vérité ? Ça ne pouvait être que ça.

Je jetais un œil autour de moi et me débarrassais de ma veste. Le défi qu'il venait de me lancer était de taille, je n'étais encore qu'une simple novice en matière de potions. Mais le fait est qu'il voulait bien que je l'aide dans sa tâche, à moins que ce ne soit une raison de plus pour pouvoir m'humilier ? Je poussais un soupir contrit :

— Il s'agit de la même potion à plusieurs stades de préparation ?

Le regard qu'il me jeta eut l'air d'un « Quel génie Granger ! » pathétique et je baissais de nouveau la tête. Oui, il s'agissait bien de la même potion, je m'avançais vers le chaudron le plus proche de moi et tentais de deviner quels ingrédients entraient dans sa composition. Comment étais-je censé l'aider si je ne savais même pas reconnaitre les ingrédients qui composaient une potion ? Je tournais de nouveau la tête vers lui, mais il me tournait le dos, sa façon de me dire de me débrouiller toute seule. Quels étaient les ingrédients qui étaient susceptibles d'entrer dans la composition d'une potion vous permettant de voyager dans le temps ? Mes bras avaient pris place de chaque côté du chaudron et j'étais penchée sur celui-ci comme s'il allait lui-même me murmurer la réponse. Fait fonctionner ton cerveau Hermione ! m'invectivais-je.

L'odeur qui se dégagea de la mixture me rappela celle de l'odeur du goudron sur le sol après un orage. La poudre de corne de Rhinocéros avait certaines propriétés temporelles, mais rien n'avait encore était prouvé. Un crin de licorne peut-être ? La solution me semblait plus appropriée et j'appelais certains ingrédients d'un accio informulé. J'enlevais la potion de son état de stase et ajoutais en quantité minime les ingrédients que je jugeai nécessaires pour effectuer un retour dans le temps. La fillette avait dit qu'elle s'était trompée en tournant la potion, je répétais les gestes qu'elle nous avait donnés et poussais un soupir d'agacement, rien n'indiquait que cette mixture serait utilisable, je ne savais même pas si j'avais fait foirer la préparation de Rogue !

— Pourquoi tournez-vous votre potion de la sorte ? Ne vous ai-je rien appris ?

La voix me fit lever la tête, une goutte de sueur perla sur mon front et je la fis disparaitre avant qu'elle ne tombe dans ma préparation.

— Quand Dumbledore lui a demandé, elle a dit qu'elle s'était trompée de sens en tournant sa potion. Je sais qu'il ne faut pas faire de cette manière dans nos préparations, mais… je me suis dit que si je reproduisais ses gestes… peut-être que cela fonctionnerait ?

POV SS :

J'acquiesçais face à la réponse de Granger, je n'avais pas noté ces détails lors de notre premier échange, trop absorber par ce qui avait eu lieu. L'idée ne me semblait pas mauvaise. Elle continua ses gestes pendant quelques minutes avant de mettre sa potion en stase. J'avais gardé mon regard fixé sur elle afin d'évaluer le travail accompli depuis toutes ces années, Granger était bel et bien douée.

Elle avait accepté le travail sans trop réfléchir, elle était concentrée et disciplinée, des qualités importantes pour un maitre des potions. Elle avait su sortir des sentiers battus et testait de nouvelles méthodes afin d'obtenir un résultat.

J'essayais de me persuader que j'agissais de la sorte dans une démarche pédagogique, mais je sentais bien que mon attention sur Granger n'était pas soutenue uniquement par la pédagogie. Ses compétences étaient certes remarquables pour quelqu'un de son âge, mais elle avait toujours été douée pour apprendre.

Les événements vécus tout au long de sa scolarité, le retour du seigneur des ténèbres et la Grande Guerre de l'an dernier n'avaient fait que renforcer ses traits de caractère. Elle était un pilier empli de maturité et de bon sens.

Je secouais la tête face à mes pensées, je ne pouvais pas me permettre de me mettre des idioties pareilles en tête. Même si effectivement Granger avait toutes les qualités du monde, je n'étais pas à ma place en m'imaginant un avenir à ses côtés. Existe-t-il seulement un moyen d'oublier une personne que l'on apprécie de cette manière ? J'avais mis des années à me défaire de l'amour que je portais à Lily, n'avait fini par subsister qu'un sentiment de profond respect, le souvenir seul de l'amour que je lui avais porté avait fini par s'estomper pour devenir autre chose. Quelque chose de plus soutenable, de moins douloureux et je m'étais alors juré de ne plus jamais retomber dans ce genre de travers. Jusque là, j'avais tenu mes promesses et puis cette gamine sortie de nulle part avait tout chamboulé.

Certes en y réfléchissant je me rendais bien compte que les sentiments que j'avais pour Granger n'étaient pas apparus en une journée, j'avais eu le temps nécessaire pour y réfléchir. Et je trouvais encore malsaine l'idée de me dire que les qualités morales d'une jeune femme pouvaient me faire fléchir à ce point. En y réfléchissant encore, je m'étais rendu compte que le respect que j'avais pour elle et ses capacités, son foutu courage Gryffondor avaient été l'élément déclencheur de ce sentiment. Je ne me l'étais simplement pas avoué et j'aurais certainement mis encore des années à le réaliser. Et je ne m'imaginais tout bonnement pas avouer à Granger que je ressentais quelque chose pour elle, elle allait me rire au nez, m'insulter de tous les noms de la terre. Et elle aurait raison, après tout ce que je lui avais fait subir, à elle et à ses amis. Comment une âme aussi belle que la sienne pourrait un jour aimer l'être que je suis ?

Peut-être avait-elle raison après tout, peut-être les univers parallèles existaient-ils et peut être que ces gens du futur en provenaient ? Un monde parallèle où Hermione Granger aurait pu tomber amoureuse de son professeur de potion.

La résonnance de son nom dans mon esprit me fit l'effet d'un doux tintement et sans m'en rendre compte je le murmurais afin de le rendre plus réel, afin de toucher du bout des lèvres cette réalité.

— Professeur ? demanda-t-elle confuse

Je tiquais face à mon idiotie et me pinçais l'arête du nez comme pour étouffer mon inconscience.

— Qu'y a-t-il Granger ?

Elle parut un instant interdite avant de secouer la tête comme pour faite taire sa propre bêtise.

— Rien… j'ai terminé mon travail.

J'observais sa mixture en hochant la tête, elle avait l'air plutôt bien partie.

— Vous pouvez reprendre vos affaires et retourner dans votre chambre, votre retenue est terminée pour ce soir.

Je lui tournais le dos afin de ranger mes propres affaires, mais je n'entendais pas la porte claquer. Après quelques minutes je lui fis face. J'aurais espéré qu'elle ait abandonné cette affaire.

— Il est tard Miss Granger, vous avez cours demain, il serait regrettable que vous finissiez votre scolarité sur un taux d'absentéisme record !

Elle prit une grande inspiration pour se donner du courage et commença à débiter un nombre de mots toujours incessants.

— Vous pouvez continuer à me tourner le dos si vous le souhaitez professeur, je n'attends pas de réponse de votre part. Je veux juste rétablir la vérité, répondre aux accusations que vous m'avez faites il y a quelque temps.

Elle attendit quelques instants que je décide de la marche à suivre, je n'avais pas la force de lui répondre, pas la force de la convaincre de partir alors que je voulais tant sa présence à mes côtés. Je me glissais sur une chaise puis bras croisés je la fixais. Peut-être allait-elle partir, se dégonfler ? Mais n'était pas une dégonflée qui veut, son courage semblait plus fort que la tension qui l'animé. Ses épaules étaient tendues, son corps entier était retenu par une tension grandissante. Elle expira longuement en hochant la tête et finit par s'asseoir à son tour, deux chaises plus loin et installée de biais de sorte que nos regards ne puissent pas se croiser. J'avais l'impression d'être dans un de ces foutus confessionnal moldus.

Sa voix était chevrotante sur le début, mais au fur et à mesure de son récit elle prit plus d'assurance, je n'allais pas la couper, j'avais besoin de savoir pourquoi elle était revenue sur ses pas cette nuit-là. Se pouvait-il ? L'espérance était-elle de mise ?

POV HG :

— Lorsque je suis arrivée en première année, après mon premier cours de potion, j'ai pensé comme tout le monde, je n'avais pas encore d'amis. Le seul contact que j'avais était celui avec les professeurs. Vous étiez le seul à ne pas me ménager, à ne pas m'encourager. Vous ne me dissiez pas que mes capacités étaient étonnantes, que j'étais intelligente et j'avais besoin de ça. Besoin que quelqu'un me fasse garder les pieds sur terre. Et puis Ron et Harry sont arrivés, nous avons dû affronter des choses qu'aucun d'entre nous n'était encore prêt à affronter. Vous aviez toujours été là dans ce genre de moment, pour nous faire redescendre sur terre, vos intentions n'étaient pas forcément toujours honorables, mais vous étiez là.

À cet instant, j'entendis un rire amer s'échapper de ses lèvres, il me fit un geste de la main pour m'inviter à continuer mon récit. Je m'éclaircis la voix avant de reprendre. Mon but n'était pas de le blesser, mais de lui faire prendre conscience de ma vision des choses, il n'était pas un homme mauvais.

— En troisième année, j'ai aperçu quelque chose de vous que je soupçonnais, mais que je ne pensais jamais voir. Lorsque Lupin s'est changé en Loup garou, vous nous avez protégé, tous les trois, même Harry qui vous exécrez ! Sans vous en rendre compte, vous me poussiez dans mes retranchements. J'étais obligé de donner le double d'énergie dans vos cours, vous n'avez pas été tendre, vous ne vous êtes pas montré juste non plus, pourtant, vous avez cessé de dénigrer mes efforts. Et ce soir enfin, vous semblez avoir tenu compte de mes capacités. Quand nous vous avons laissés là-bas après votre morsure, je me suis sentie minable. J'avais envie de vous aider, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Les garçons n'auraient pas compris et la guerre faisait rage dehors. Pourtant nous avons eu un moment de répit, je n'avais de cesse de vous imaginer en train de mourir seul et je n'avais pas envie que vous mouriez seul, pas envie que vous mourriez tout court, vous comprenez ?

Sans m'en rendre compte, des larmes silencieuses avaient commencé à envahir mon visage, mais je pouvais plus m'arrêter. Je n'avais pas raconté cette version aux garçons, je leur avais juste dit que j'étais retournée dans la cabane hurlante pour apporter mon aide. C'est en vidant mon sac dans cette salle que je prenais compte de l'ampleur de la situation. Rogue ne m'avait jamais vraiment paru quelconque. Nous étions loin des sentiments amoureux que tout le monde semblait attendre de nous, de moi et pourtant, Rogue était important dans ma vie.

— Vous êtes un héros méconnu, certes, ça ne fait pas de vous quelqu'un de bien, mais rappelez-vous simplement que je suis retournée à la cabane pendant qu'Harry regardait vos souvenirs. Je n'en ai connu la teneur que plus tard, j'y suis retournée parce que je voulais vous sauver, j'en avais horriblement besoin, vous comptiez trop pour moi. Quand je suis arrivée, vous divaguiez, mais vous m'avez reconnue, vous m'avez demandé ce que je faisais ici et je ne vous ai pas répondu. J'ai lu tout un tas de bouquins, vous savez ? J'étais comme un robot, sur pilote automatique, je n'ai pas vraiment réfléchi, j'ai juste agi. J'ai récité la formule, je vous ai donné un antipoison et j'ai refermé vos plaies. Je n'ai pas attendu de voir si cela fonctionnerait, pas attendu de voir vos yeux s'ouvrir. Je suis partie en courant comme une gamine, il fallait que je retrouve Ron, c'est à ce moment-là que nous avons échangé notre premier baiser.

Ma voix sembla mourir dans ma gorge tandis que je portais mes mains à mes lèvres. Notre amour n'avait pas été réel, il avait été bref et tendre, mais Ron resterait à tout jamais l'un de mes premiers amours. Il avait entendu mes rêves et mes espoirs, m'avait fait me sentir vivante à un moment où j'étais au plus mal. Au moment où j'avais abandonné Rogue dans la cabane hurlante ! Cette seconde constations m'arracha un hoquet de surprise, comme un point qui tombe au fond de votre gorge, ma respiration se coupa et je dû prendre appuie sur la table face à moi pour de nouveau respirer convenablement.

— Vous pouvez partir désormais…

Sa voix me fit l'effet d'un couperet, une lame insidieuse qui vous coupe l'herbe sous le pied. Il m'avait dit que ce ne serait pas simple, j'avais accompli ma mission. J'avais pu faire mon récit, j'avais pu panser mes plaies. Je n'avais pas encore obtenu les réponses à mes questions concernant la nuit de mon attaque, mais j'allais le laisser digérer ce récit d'abord. Nous avions encore cinq mois avant que je ne passe mes ASPICS. Nous avions amplement le temps de tout mettre à plat avant de ne plus jamais nous revoir. Je m'emparais de mon sac avant de quitter la salle. Il était plus de minuit désormais, j'accélérais la cadence pour rentrer le plus rapidement dans ma chambre de préfet. Je ne m'attendais pas à ce que Drago soit assis à m'attendre dans notre espace commun. La douleur qui m'avait empreint dans la salle de retenue décidée alors d'exploser. Je tombais à genoux et Drago courut vers moi, il m'emprisonna dans ses bras et se mit à me bercer comme une enfant. La panique ne m'avait toujours pas quitté, il me chuchota alors des paroles rassurantes, il me disait que tout allait bien se passer, que demain il irait parler à son parrain. Si seulement il savait, si seulement il savait la prise de conscience qui m'avait étreint là-bas.

Ma crise de larmes passée, nous avions rejoint le canapé. Il attrapa mon visage entre ses mains et essuya mes larmes.

— Il t'a fait du mal ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ? Sa voix était alarmée.

Je secouais la tête, il ne comprenait pas.

— Ne t'inquiète pas, je… j'ai juste parlé, il n'a rien dit, n'as rien fait.

— Qu'est-ce qu'il y a alors ? Ne me dis pas que maintenant parler te met dans un tel état !

— C'est plus compliqué que ça, je n'ai pas envie d'en parler maintenant…

Il secoua la tête et s'empara de mon sac, quelque chose avait attiré son regard.

— Demain alors ? proposa-t-il. Sinon j'irais le voir !

— Laisse-moi un peu de temps, il faut que je reprenne mes esprits. Et rends-moi mon sac, j'ai n'ai rien d'autre que mes cours à l'intérieur.

Il me lança un regard suspicieux avant de s'emparer d'un objet, un éclat rieur passe dans ses yeux et il me tendit une part de gâteau au chocolat avant d'éclater de rire.

— Vous avez cuisiné durant ta retenue, c'est ça qui te met dans un tel état ?

Il ne me laissa pas le temps de répondre et me fourra un bout de gâteau dans la bouche. J'éclatais de rire à mon tour avant de le repousser, qui aurait pu dire un jour que Drago Malefoy était un bout en train ?

— Jette ça à la poubelle, je n'en veux pas, c'est Cormac qui me l'a donné tout à l'heure dans la salle commune, il voulait mon avis, mais je n'ai pas franchement faim, en plus il a un gout horrible… ça pu le vieux parchemin et l'orange !

Drago éclata de rire une nouvelle fois et finit par faire disparaitre la pâtisserie d'un evanesco informulé.

— Tu veux bien dormir ici avec moi ce soir ? Je n'ai pas envie de rester seule !

Il me sourit avant d'accepter, nous nous sommes alors attelés à la tâche de nous fabriquer un petit camp douillet et c'est en discutant de tout et de rien que nous nous sommes endormis.

Chapter 8: Chapter 8

POV SS :

Après son départ, j'étais resté un long moment dans la même position, le dos tourné à la porte. J'avais senti l'embarras dans lequel elle était en me faisant son récit. Sa voix était entrecoupée de sanglots et, une fois n'est pas coutume, je ne savais comment interpréter ces sanglots.

Elle n'avait pas eu l'air de regretter son acte, celui-ci semblait même étrangement motivé. Elle m'avait fait part de certaines choses, certains… sentiments qui ne prêtaient pas à confusion.

En réalité, elle m'avait toujours pour ainsi dire admiré ? Cette pensée m'arracha un rictus amer, non ça ne pouvait pas être cela. Je levais les yeux aux plafonds en quête d'inspiration. Comment pouvais-je interpréter de manières différentes ses paroles ?

Je retournais de nouveau les mots qu'elle avait empruntés pour me décrire… ils ne semblaient liés qu'à l'admiration. Une admiration certes teintée d'amertume et de bon sens refoulé, mais de l'admiration tout de même. Je tapais du poing contre mon bureau, ce qui m'arracha un cri de douleur.

Pourquoi diable m'avait-elle parlé de son premier baiser avec Weasley ? Et pourquoi diable s'était-elle mise à pleurer à cet instant précis ? Sa relation avec lui était-elle importante à ce point ? J'ai cru qu'elle avait fini par passer le cap et enterrer ces sentiments pour lui !

Je me passais une main sur mon visage que je savais n'être pas impassible afin de tenter d'y voir plus clair. L'horloge résonna au loin, m'indiquant qu'il était déjà plus que l'heure d'être dans mes appartements. Cependant, je n'arrivais pas à me résigner à me défaire de ce bureau. Cet acte motivera certainement que la discussion soit définitivement close en moi et je n'étais pas prêt à cela.

Ma position contre le bureau se maintient de même que mon tourment. Celui-ci dura la majeure partie de la nuit et sans que je me souvienne d'avoir trainé ma carcasse dans ma chambre, je me réveillais à l'aube dans mon lit.

J'avais une autre mission à accomplir aujourd'hui, une mission qui impliquait encore une fois Granger, il me fallait aller voir la chose qui l'avait attaqué quelques nuits auparavant.

POV HG :

Quelque chose avait changé…

C'est ce que je me répétais depuis au moins un quart d'heure tout en me scrutant dans le miroir de notre salle commune. Drago avait fini par émerger et m'avait vaguement salué avant de retourner profiter d'un quart d'heure de sommeil supplémentaire. Quand il fit de nouveau son apparition, il me trouva dans la même position.

Je n'avais pas d'explication, si ce n'est un sentiment insidieux, pernicieux, comme un serpent qui lézarde dans mon cerveau, quelque chose avait changé !

Drago me regarda interdit avant de croiser les bras.

— Miss Granger se sent elle d'humeur à se joindre à moi pour le petit déjeuner où est-elle trop engagée dans la contemplation, certes charmeuse, de son propre reflet dans le miroir ?

Je tiquais à ces mots, je n'étais pas du genre à me contempler dans le miroir. Le ton moqueur qu'il avait employé ne m'avait pas échappé ni son sourire en coin. Je m'arrachais enfin à mon reflet avant d'empoigner mon sac tout en lui donnant un coup dans l'estomac. Il parut choqué, mais m'emboita le pas.

— Tu vas te décider à me parler de ce qu'il s'est passé hier ?

Mes pas ralentirent dans le couloir qui nous menait à la grande salle. Je fronçais les sourcils en essayant de me remémorer ma soirée de retenue. Je me souvenais du sentiment d'avoir était chamboulée, de la confession que j'avais faite à Rogue et cependant quelque chose m'échapper encore. Comme le sentiment qui m'avait étreint en me levant. La sensation de quelque chose d'anormal s'empara de moi. J'avais observé mon reflet pendant plus d'une demi-heure sans rien y dire. Je secouais la tête avant de lui dire qu'il n'y avait rien à dire. Il se stoppa net avant de m'empoigner le bras.

— Tu étais bouleversée Granger ! Ne me dis pas qu'il n'y a rien à dire !

— Drago, s'il y avait eu quelque chose à dire je te le dirais… je pense juste que lui avouer les faits qui m'ont poussé à le sauver m'ont libéré d'un poids qui pesait sur moi depuis trop longtemps déjà.

Il fronça les sourcils à nouveau, paraissant ne pas comprendre. Je lui offris un sourire sincère qui sembla le rassurer, mais je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et tant que je n'arrivais pas mettre le doigt dessus, je préférais garder ça pour moi.

Le petit déjeuner se déroula dans la même latence que d'habitude. Le plafond magique arborait des volutes brumeuses identiques au temps extérieur, je m'étais laissé à la contemplation de ces tournants hypnotiques avant de faire face à mon repas. Dans le même temps, je m'aperçus que je n'avais pas réellement faim et repoussé mon assiette, un thé suffira amplement. Drago me jeta un regard entendu sans pour autant m'inciter à manger, il me fit cependant signe de porter mon regard sur la droite.

Cormac se tenait debout à côté de moi, son apparition fit étrangement échos en moi et une sensation de malaise m'étreint.

— Salut Hermione !

— Cormac ! le saluais je tandis que Draco pouffait de rire en face de moi, je lui assénais un coup de pied pour l'inciter a la discrétion avant de me tourner de nouveau vers Cormac.

— Tu as gouté au muffin ? me demanda-t-il plein d'espoir

Mon amusement du se refléter sur mon visage avant que je hoche la tête.

— Hum… je n'avais pas très faim, mais j'y ai gouté.

Le gout de l'orange et du vieux parchemin se fit de nouveau un chemin vers mon estomac et je retiens un hoquet de dégout. Cormac se tenait encore à mes côtés, comme s'il hésitait à s'installer ici. Il n'avait toujours pas retenu la leçon de son fiasco redoutable en cinquième année et m'avait, a l'occasion demandé de retenter notre chance. Peut être n'avait je pas était assez ferme ? Drago se racla la gorge et Cormac porta son attention sur lui, le détaillant de manière ouverte. Une moue réprobatrice changea son visage en quelque chose d'encore moins avenant qu'à l'accoutumée, mais une petite voix dans mon esprit me souffla qu'il était plutôt mignon en chevalier éconduit.

— Et ta retenue avec Rogue ?

Un frisson me parcourut et je poussais un soupire d'agacement. L'évocation de Rogue me fit tourner la tête en direction de la table du fond et mon regard s'accrocha au sien de manière redoutable. Il avait l'air de ne pas avoir beaucoup dormi, avait-il ressassé mes mots ? La sensation de malaise se fit plus forte et mon estomac encaissa une nouvelle secousse. Ma respiration se fit plus saccader tandis que mon cerveau me menait dans le flou. Une dualité étrange se portait à moi, Cormac et son sourire bienveillant et Rogue le regard pénétrant, comme s'il cherchait à me faire détourner les yeux. Chose que j'entrepris de faire rapidement. Le même sentiment tenace se rappelé à moi, quelque chose n'allait pas !

Étais je malade ? Je portais une main a mon front tandis que dans un flou toujours aussi prenant Cormac avait pris le droit de s'asseoir à mes côtés. Je n'avais pas de fièvre, pas spécialement chaud, ni spécialement froid et pourtant je me sentais au plus mal à cet instant. Le parfum de Cormac parvint à mon nez, la petite voix me criait que j'adorais ce parfum tandis que mon cerveau avait pris pour tâche de me rappeler le parfum de Rogue. Ce parfum-ci me semblait plus avenant et la lutte entre mes sentiments et mon raisonnement fut la goute d'eau qui fit déborder le vase. Un nouveau haussement de cœur plus puissant que les précédents me retourna l'estomac et dans la seconde, je rendais le contenu de celui-ci sur les pieds de Cormac qui leva vers moi un regard perdu. Drago m'empoigna avant de bougonner le nom de l'infirmière. Tandis que l'air frais du couloir me rafraichissait, l'esprit, le parfum de Rogue emplit de nouveau l'air, il avait dû quitter la table des professeurs sans que je l'aperçoive. Ni Drago, ni moi n'avions pris la peine de lancer un recurvite sur Cormac !

POV SS :

De mémoire Poudlarienne, je ne me souviens m'être rendu chez le garde-chasse en dehors des heures de cours. Le froid mordant de l'hiver avait encore libre cours et je remontais les pans de ma cape en accélérant le pas. J'annonçais mon arrivée par un coup donné à la porte avant d'ouvrir celle-ci. Le garde-chasse se leva précipitamment et parut un instant décontenancé de mon arrivée en ces lieux.

— Professeur Rogue, excusez-moi, je ne vous attendez pas ! dit-il alors que son molosse vient à ma rencontre en trottinant gaiement.

Je repoussais la bête d'un pied avant de jeter un coup d'œil rapide à cet habitat exigu. Le fait de savoir Potter et ses acolytes les trois quarts de leurs temps libres en ce lieu lui avait donné une certaine mysticité. Pour ma part je ne lui trouve rien à y redire, c'était la même chaumière vétuste et cependant étrangement cosy qu'à l'accoutumée. Je pris soin de prendre un air passablement ennuyé alors que j'attendais impatiemment de voir la bête !

— Je vous ai fait part de mon… souhait de voir la chose qui a attaqué Miss Granger l'autre nuit, c'est chose faite, dites-moi donc où vous l'avez attaché ?!

Il me fit un signe de la main pour m'indiquer la partie arrière de son habitat et m'emboita le pas en enfilant une veste.

Je m'arrêtais un instant afin d'identifier cette bête. Elle était roulée en boule à même le sol dans un simulacre de sommeil, mais le mouvement de son thorax m'indiquait qu'elle était éveillée. Sa peau était couverte d'écaille et sa gueule semblait identique à celle d'un dragon.

Tout en reprenant ma marche, je m'étais mis à réfléchir.

— À quel endroit exactement l'avais vous capturé ?

— Près du lac Professeur ! J'avais jamais vu c'te chose-là de ma vie et vous pouvez croire que je m'y connais en créatures dangereuses ! Vous savez ce que c'est ?

Je fronçais les sourcils, la chose était étrange certes, mais pas inconnue. J'avais moi-même retrouvé Granger non loin du lac.

— C'est une créature qui a disparu depuis des siècles, tué par ce qui s'apparenté aux chevaliers de la Table ronde. Une créature perverse et retorse, un Adanc ! Il semblerait que Miss Granger se soit trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment !

L'adanc est une créature qui vit dans les lacs et qui protège bec et ongle son habitat, Granger s'était tout bonnement trop approché du lac sans se soucier du danger à proximité. Je poussais un soupir las, bien qu'extraordinaire, cette créature ne pouvait pas rester à Poudlard, le lac était trop proche du collège.

Je fis part de cette information au garde-chasse qui entreprit de se rendre auprès de Dumbledore afin de trouver la meilleure solution sans toutefois tuer la créature. Je secouais la tête devant tant de stupidité.

Je m'enjoignais à rejoindre les cachots quand la voix de mon filleul me tira de mes pensées. Je me tournais vers lui tout en jetant un coup d'œil a la grande horloge. Il aurait dû être en cours à ce moment précis.

— Hermione est malade !

— J'avais cru comprendre lorsque je l'ai vu déverser le contenu de son déjeuner sur un autre gamin stupide, Drago. Je ne vois pas en quoi le fait qu'elle soit malade justifie ta présence dans les couloirs et je ne vois pas non plus en quoi cela me concerne !

Il parut interdit un instant avant de sourire.

— Il y a quelque chose qui cloche, Pomfresh dit qu'elle est sous le coup d'un enchantement contre lequel elle lutte. Mais elle ne trouve pas de quoi il s'agit !

Je hochais la tête afin de lui stipuler que j'avais compris les informations avant de me détourner. Il fallait toujours que Granger avec Potter où non se mette dans l'embarras.

— Mme Pomfresh aimerait bien que tu viennes y jeter un œil…

— J'avais compris Drago !

Je lui emboitais le pas tandis que la soirée de la veille revenait encore une fois tambourinée dans mon esprit. Granger semblait exténué hier soir, elle n'aurait pas pris le temps de faire un détour pour retourner dans ses quartiers, si elle avait été ensorcelée c'était avant sa retenue.

Pour autant son comportement ne m'avait pas alarmé, elle était restée fidèle à elle-même, son récit avait été franc, sincère et fluide… les mots étaient sortis tout seuls et elle n'avait pas paru mal en point. Je secouais la tête interdit, cela n'avait aucun sens, je l'aurais senti si Granger était ensorcelée !

— Tu as attendu la fin de sa retenue pour te coucher ? Son comportement était-il habituel ?

Il me lança un regard amer en hochant la tête.

— En omettant le fait qu'en ce moment elle se transforme en vraie fontaine après chacune de vos entrevues oui !

— …

— Elle semblait… bouleversée ! Nous avons discuté un moment et nous avons fini par nous endormir. Tu penses qu'elle a été ensorcelée ce matin ? Je ne l'ai pas quitté d'une semelle, je l'aurais vu si quelqu'un avait tenté un sortilège contre elle !

Nous étions parvenus devant l'infirmerie, en ouvrant la porte, je me rendais compte qui l'infirmière n'était pas parvenue à améliorer l'état de Granger. Je fronçais les sourcils en apercevant MacLagen à ses côtés sans pour autant m'en formaliser. Pâle comme la mort, Granger se tenait assise, une main sur son front, la seconde posée sur son thorax comme ci ce geste lui permettait de respirer plus aisément. Elle leva la tête en entendant la porte se refermer derrière nous et un nouveau hoquet s'empara d'elle.

POV HG

Je vidais pour la troisième fois de la matinée le contenu de mon estomac vide dans la bassine que me tendit l'infirmière. Impuissante, c'est la seule utilité qu'elle s'était trouvée en attendant l'arrivé de Rogue.

J'emplis mes poumons d'air en pensant fortement que ce dernier avait tout intérêt à trouver la cause de mon mal être parce que le fait de se vider de tout son corps était intolérable après une nuit courte. Je me sentais éreinté et un mal de crâne persistant s'emparait de moi.

Il me salua d'un signe de tête, comme ci de rien n'était. Comme ci je ne m'étais pas épanché dans son bureau la veille au soir. Je fronçais les sourcils avant de fermer les yeux un instant, un nouveau vertige me montrant de nouveau ce sourire triste que je pensais avoir vu le soir de mon attaque. Un frisson me courba l'échine et Cormac posa une main rassurante sur mon épaule, je me dégageai de ce contact d'un geste franc avant de lui lancer un regard peu amène. Je ne savais pas pourquoi il nous avait rejoints ici et l'odeur de son parfum mêlé à celle de Rogue était insoutenable. Et pourquoi diable leurs parfums avaient-ils autant d'importance ce matin ?!

Rogue s'approcha de moi et parut hésiter un instant avant de passer sa baguette devant mon visage. Je levais les yeux afin de croiser son regard, il n'eut aucune réaction, à croire que j'en attendais une ! Je poussais un soupir las avant de tanguer à nouveau.

— Ne voulez-vous pas vous allonger Miss Granger ? Vous seriez plus à l'aise ! M'intima Md Pomfresh.

Je déclinais son offre d'un signe de tête négatif, je me sentais encore plus nauséeuse allongé. Drago prit place à mes côtés et me passa un bras autour de la taille afin d'éviter que je ne tombe. Rogue observa cette scène étrangement et m'invectiva de me tenir tranquille. Cormac tenta la même approche et l'agacement l'emporta sur le reste.

— Vas te changer Cormac, et retourne en cours, ça va aller ! lui dis-je calmement

Il parut hésiter.

— Tu es sûre que tu ne veux pas que je reste à tes côtés ? me demanda-t-il presque tendrement, ce qui m'arracha une grimace tandis que mon esprit me soufflait que sa présence me ferait du bien. Le flottement apparut entre ces deux actions permis à Rogue de prendre la décision à ma place.

— Monsieur MacLagen, je pense qu'il serait préférable pour vous de retourner en cours, nous n'avons pas besoin de vos… services ici.

Je levais la tête vers lui et de nouveau, le vertige s'empara de moi. J'entendis plus que je ne vis Cormac s'en aller tandis que Rogue s'empara de mon visage afin de l'observer. Ce geste engagea une lutte de tous les diables en moi, le contact de ses mains fraiches sur mon visage brulant, la douceur de son contact et toutes les alarmes qui s'étaient enclenchées me provoquèrent de nouveau haut le cœur. Comment les choses pouvaient-elles être aussi antithétiques ? Mon corps mourrait d'envie de ressentir ce contact tandis que mon esprit me hurla de m'éloigner de lui au plus vite ! Rogue sembla noter cette dualité, une ombre étrange passa dans son regard, il ne me lâcha pas pour autant. Je sentis Drago resserrer sa prise sur ma taille alors que mes haut-le-cœur se faisaient plus intenses.

— Que ressentez-vous Granger ? Et prenait sur vous de ne pas me vomir dessus, je vous prie, muselez votre dégout !

La question ainsi que la formulation de Rogue me firent me sentir encore plus mal à l'aise. Drago eut un rire franc qui me rassura, sa poigne se fit plus douce. Rogue avait toujours le regard vrillé au mien dans l'attente d'une réponse. Je voulais lui faire part de cette dualité, mais mon corps se refusait à ce que les mots franchissent mes lèvres.

Le regard ainsi plongé dans le sien, j'avais la sensation que nous étions seuls dans la pièce, un tas d'émotions se bousculaient en moi. Cela me fit chercher un autre contact que le sien sans pour autant le trouver. J'avais l'impression d'être une brebis prise au piège par un loup.

— Occlumencie ! murmurais-je plus pour moi que pour le reste de l'assistance, Rogue semblait déjà l'avoir compris.

Le sortilège avec lequel j'étais en prise ne me permettait pas de formuler mes sensations.

— Je n'en ai pas le droit Granger ! Je ne voudrais pas reproduire le désastre des semaines précédentes !

Il devait faire échos à ce qui s'était passé lors de l'arrivée des parents de Louanne. Je le suppliai du regard, incapable de faire autre chose.

POV SS

Pomfresh était depuis quelques minutes repartie vaquer à ses occupations, pour autant, elle tendait l'oreille. Drago me regardait impuissant et m'indiqua d'un signe de tête de faire ce que Granger voulait.

Ce fut un mouvement de Granger qui me força à le faire. Sans qu'elle s'en soit aperçoive, la fièvre aidant, elle fit un mouvement de la tête afin de trouver plus de fraicheur dans mon contact. Je savais qu'il n'y avait aucune raison de la tenir ainsi. Mon diagnostic était déjà quasiment terminé, mais sa tête reposant dans mes mains sans qu'elle ne s'en offusque avait un gout de victoire pour l'homme qui sommeille en moi. Je la sentais faible, impuissante et pourtant, elle tourna la tête sur le côté pour obtenir plus de fraicheur et je me perdis totalement dans son regard.

Une seconde plus tard, un étourdissement s'empara de moi, je mis celui-ci sur l'état de Granger. Des sentiments puissants, mais très ambivalents s'emparèrent de moi. L'attirance, le visage de MacLagen se fraya un chemin à travers un flash de son esprit. Le dégout, l'odeur de deux parfums emmêlés. L'inquiétude et une sorte… d'apaisement ?!

— Concentrez-vous Granger ! Depuis quand ? lui intimais-je

Des souvenirs flous défilèrent avant de se figer, Granger s'observait dans un miroir, je poussais un soupir d'agacement. Cela pouvait être n'importe quand !

Des images de son petit déjeuner de frayèrent un chemin, la sensation de nausée. MacLagen qui prenait place à ses côtés, elle croisa mon regard et une sensation indescriptible grandit en elle avant qu'elle ne vomisse sur son voisin.

Elle m'éjecta de son esprit et je la regardais interdit. Je savais qu'elle ne me portait pas dans son cœur au même titre que ses condisciples, mais la répulsion que je lui inspirai semblait forcée, surtout au regard des révélations qu'elle m'avait faites la veille. Drago épongeait son front à l'aide d'un linge humide. Granger paraissait las, elle m'observait sans vraiment me voir et son regard fiévreux m'indiquait que la lutte en elle était puissante et éreintante.

Drago m'interrogea du regard et je relâchais le visage de Granger, sa tête bascula sur le côté sans ménagement pour atterrir sur l'épaule de mon neveu. Cette image me dérangea et je préférais me tourner vers la porte. Je m'invectivais à réfléchir, depuis quand Weasley n'avait plus de place dans son esprit ? Hier soir encore, elle avait évoqué son premier baisser avec lui dans une émotion à peine contenue.

Je commençais à faire les cent pas sous le regard interrogateur de Drago, Granger avait fini par fermer les yeux. Je ne comprenais pas, l'agacement me fit tiquer lorsque j'aperçus MacLagen dans le couloir. Un éclair de lucidité s'infiltra en moi, le mécréant n'aurait pas osé ! Je me tournais de nouveau vers Granger et plaçais ma baguette sur son front. D'un informulé je lançais un contre sort, le hoquet qu'elle eut confirma ce que mon esprit me soufflait.

— Amortentia, murmurais-je pour moi.

Le philtre d'amour le plus puissant au monde qui pousse quiconque en consomme à devenir obsédé par le préparateur du philtre.

Drago fronça les sourcils dans l'incompréhension la plus totale, un coup d'œil à Granger m'indiqua qu'elle s'était endormie pour de bon. Les bras ballants, j'observais du coin de l'œil poppy lui administrer diverses mixtures. Comment avait-il pu oser ? Comment avait-il pu ne serait-ce qu'y penser ?

Une rage sourde s'empara de mon esprit, j'entendis Drago s'approcher de moi sans pour autant y porter mon attention. Un bourdonnement emplit mes oreilles, signe que les choses n'iraient pas en s'améliorant, je ne connaissais cette sensation que trop bien ! Une lutte sans nom s'engageait déjà dans mon esprit. Ma rage m'indiquait d'infliger les pires châtiments à l'exécrable et misérable chose qui se tenait derrière la porte tandis que ma raison me hurlait de ne rien y faire.

J'empoignais Drago fermement, il croisa mon regard et tenta de se soustraire à ma poigne, la peut et l'inquiétude se mêlant sur son visage.

— Fait le bouger le plus vite possible ! sifflais-je

Je le jetai contre la porte afin qu'il comprenne le message, je n'aurais pas la patience d'attendre qu'il soit hors d'atteinte.

— IMMÉDIATEMENT DRAGO !

Ma colère le surprit et il sortit de l'infirmerie, je m'évertuai à reprendre mon souffle devenu erratique. Le bourdonnement incessant dans ma tête m'enjoignait à hurler, à casser, briser. Poppy posa une main sur mon épaule, je me dégageai d'un geste ferme et me décidais à sortir de cette pièce qui m'étouffait. Je m'engageais dans une pièce attenante et jeter un sort d'insonorisation. La chose faite, j'empoignais tous les objets à porter de main avant de les projeter contre le mur. Le bruit du verre qui s'égrenait contre le mur, les morceaux qui jonchaient le sol. Un cri de rage passa la barrière de mes lèvres et c'est seulement quand ma voix s'enroua que je jetais un œil à mon œuvre.

Impuissant, je me sentais impuissant… je m'effondrais sur le sol, les genoux cognant la pierre et les débris de verre et même la douleur que cela entraina ne put contenir le flot d'émotion qui luttait en moi.

Le regard que Granger avait porté sur moi lorsqu'elle m'invita à utiliser l'Occlumencie se fraya un chemin en moi. Ce regard fourbe, enjôleur et chaleureux.

Je passais une main tremblante sur mon visage avant d'observer celle-ci, les larmes, traitresses avaient pris place et c'est la voix brisée que j'entendis mon écho dans cette pièce.

— Que m'avez-vous fait Granger ?

Chapter 9: Chapter 9

POV HG

Le réveil fut douloureux. J'avais la sensation que ma tête était prise dans un étau, je sentais le sang pulser dans ma boite crânienne et un gout amer avait envahi ma bouche. Je me forçais à déglutir pour faire passer cette sensation désagréable avant de m'asseoir sur mon lit.

J'étais toujours à l'infirmerie, aucune trace de Md Pomfresh, une douleur infime se propagea dans mes membres lorsque je mis pied à terre. Quelque chose de diffus et de sournois avait envahi tous mes gestes qui étaient maladroits et engourdis. Je me demandais distraitement combien de temps j'avais passé allongée sur ce lit.

Madame Pomfresh finit par s'apercevoir de mon réveil et me ramena sans ménagement sur le lit que je venais de quitter.

— Vous avez besoin de repos Miss Granger, buvez ceci, ça vous remettra les idées en place. Je vous laisserais sortir ce soir si votre état le permet. Il semblerait que la confection d'Amortentia ne soit pas à la portée de tous, il vous faut garder un peu de force pour le reste de votre semaine.

Je posais une main sur mon front avant d'ingurgiter la potion qu'elle me tendait. Mon regard fut attiré par un mouvement dans l'un des lits du fond, je fronçais les sourcils en croyant reconnaitre Cormac. Mme Pomfresh avait suivi mon regard et poussa un soupir mécontent.

— M. Malefoy n'a, semble-t-il, pas apprécié le tour que celui-ci a voulu vous jouer ! dit-elle en désignant d'un mouvement du menton mon condisciple. Rien de grave assurément, mais je suis débordée en ce moment avec tous les virus qui trainent et mon stock de pimentine est au plus bas, je me serais passé d'un élève supplémentaire.

Elle secoua la tête atterrée et d'un coup de baguette tira les rideaux qui entouraient mon lit pour ne pas que je sois dérangée. Ma tête retomba lourdement sur mon oreiller après qu'elle soit repartie et je me demandais subitement pourquoi le philtre préparé par Cormac avait eu cet effet sur moi ! Bien sûr, je savais que cet idiot était incapable d'effectuer une potion pour l'avoir vu à l'œuvre, mais, je n'avais jamais entendu parler de tels effets secondaires. Un bâillement m'échappa et je préférais remettre mes interrogations à ce soir, il était temps que je m'endorme un peu. Un sourire m'échappa quand l'image du professeur Rogue sortant de mon esprit s'imposa à moi. Il avait semblé profondément perplexe et cette expression, inédite pour moi tant j'étais habituée à son regard froid et vide d'émotion m'avait amené à me dire que peut être, le professeur Rogue pouvait ressentir les choses.

POV SS

J'avais fini de reprendre le contrôle sur moi, toutes les émotions qui m'avaient assaillies s'en sont allées. Je suis de nouveau maitre de moi. Lorsque j'étais sorti de cette salle, une colère sourde résonné encore en moi, mais j'avais fini par étouffer dans l'œuf toutes ces aberrations.

Le regard pitoyable de Londubat m'avait permis de défouler toute la rage qui m'habitait. Après tout, Granger n'était pas là pour l'aider à se sortir de l'incompétence congénitale dont il faisait preuve.

De nouveau à mon bureau, le regard froid et les sens fermés je faisais ce constat. Potter et Weasley, une fois n'est pas coutume étaient concentrés sur leurs préparations ce qui m'arracha un rictus mauvais. Le regard perdu dans le vide, totalement indifférent a mon coup d'œil, Londubat était la parfaite image du mouton loin de son troupeau. Faible et apeuré. Je croisais les bras et rejeté mon poids en arrière dans une posture quasi confortable, les yeux braqués sur ce mouton, combien de temps allait-il mettre avant de s'apercevoir qu'il était fait comme un rat ?

Le bougre finit par lever les yeux et croisa mon regard, il détourna la tête d'un coup sec ce qui lui arracha une grimace, j'exultais ! Saisissant l'occasion, je me levais afin d'aller lui faire face, les bras croisés, le regard fermé.

— Mr Londubat, comment se fait-il que vous soyez devenus héros de guerre alors que vous n'êtes même pas capable d'effectuer une simple potion de ratatinage ?

Le cornichon, lui, se ratatina sur sa chaise, tentant vainement de se trouver une excuse.

— Il me semble… dites moi si je me trompe… ! fis-en lançant un regard aux autres écervelés qui composaient cette classe. Que vous êtes tous ici présents de votre plein gré, afin de… rattraper votre niveau lamentable en potion au vu des éléments qui se sont déroulés ici l'an dernier.

L'une des jumelles Patil soupira ce qui lui couta 5 points pour Gryffondor.

— Comment se fait-il alors que j'ai affaire à un ramassis de moins que rien ?!

Mon regard balaya la salle, certains me regardaient, un air de défis dans l'orbe de leurs yeux le reste avait la tête basse, faisant semblant de travailler sur une potion en stase. Si même ces idiots ne voulaient plus se mesurer à moi…

D'un mouvement ample, je fis disparaitre le contenu de leurs chaudrons, un murmure de contestations accueillit cette décision.

— Sortez, le cours est terminé !

Quelques minutes après, assis face à mon bureau, je passais une main distraite sur mon visage. Je me demandais pourquoi j'étais encore assis à cette place que l'on m'avait octroyée seize ans plus tôt. J'aurais très bien pu tout plaquer à la mort du seigneur des ténèbres ! Il est vrai que Dumbledore avait fortement insisté pour que je reprenne mon poste, mais j'aurais pu dire non et me construire une nouvelle vie ailleurs. Une vie plus calme, où je serais autre chose que Severus Rogue, ancien mangemort et terreur des cachots…

Je ressassais ces pensées quand mon regard dériva sur la paillasse de Londubat, il n'avait pas pris la peine de ranger celle-ci.

Les yeux de Serpencendres attirèrent mon attention, je m'en emparais avant de me diriger d'un pas rapide vers mon laboratoire. Se pouvait-il ?

Je prélevais un peu de préparation avant de réduire l'ingrédient en poudre, je versais l'équivalent d'une pointe à couteau plat dans la mixture, celle-ci prit une couleur orangée presque translucide comme pour le Felix Felicis. Je retiens mon souffle le temps que la potion se stabilise, je le sentais, cette fois c'était la bonne ! D'un pas leste, presque en courant, je montais peu à peu les escaliers me menant au bureau de Dumbledore, cette fois c'était la bonne, finit toute cette mascarade, terminé les heures passées à se remémorer les yeux de Granger, j'aurais enfin la paix à laquelle j'aspirais. Un sourire vainqueur se posa sur mes lèvres alors que je me répétais cette constatation.

Quelques jours plus tard

POV HG

La situation s'était pour ainsi dire améliorée. Cormac avait tenu à me présenter des excuses publiques dans la grande salle. J'avais appris quelques heures plus tard que Drago l'y avait obligé. Le professeur Rogue m'ignorait royalement et je lui rendais la pareille bien qu'un sentiment d'inachevé me laissait quelques fois chancelante et Ron m'adressait de nouveau la parole. J'arrivais presque à oublier les semaines cauchemardesques qui venaient de s'écouler sans la présence de Louanne et des adultes à ses côtés.

Quelques jours en arrière, Dumbledore m'avait convoqué afin de m'avertir que le professeur Rogue avait, semble-t-il, réussit à trouver la solution à ce dernier problème, aujourd'hui était le jour où chaque chose retrouverait leurs places. Un sourire satisfait brava alors le froid glacial extérieur tandis que je me présentais au bureau du directeur. Celui-ci m'accueillit d'un sourire bienveillant et m'enjoignis à m'asseoir.

J'observais les visages qui nous entouraient avant de penser très fortement qu'un rebondissement de dernière minute n'aurait pas lieu d'être ! Il était temps que tout ça soit enterré et derrière nous, temps que les événements reviennent à leur morne réalité. Dumbledore tapa dans ses mains et mon regard dériva à ses lunettes en demi-lune.

— Très bien, Miss Granger, Severus, vous feriez peut-être mieux de vous approcher un peu de nous, cela ne devrait pas durer longtemps.

Je fis quelques pas timides et m'efforçais de regarder les visages de nos visiteurs du futur avant de baisser les yeux sur Louanne qui se tenait dans les bras de sa mère. Elle me fit un léger sourire avant d'agiter la main, je fis de même avant de percevoir un raclement de gorge à ma droite. Mes yeux dérivèrent un instant vers mon professeur qui restait de marbre.

Ce raclement de gorge était le premier signe de vie qu'il semblait m'accorder depuis plusieurs jours de silence radio et je m'étonnais d'en être à ce point mécontente. C'était plutôt une bonne chose qu'il ne m'accorde pas son intérêt non ? À dire vrai, je m'étais attendue à ce qu'il vienne prendre de mes nouvelles après le mauvais tour de Cormac, surtout après que Drago m'ait raconté la fureur qui semble l'avoir habité ce jour-là. Au moins cela enterré définitivement le fait que Severus Rogue ne m'accordait pas la moindre valeur. La colère et le ressentiment qui se terraient au fond de moi me firent perdre le fil un instant face à cette constatation, mais bien vite mon attention se porta sur Louanne qui avait posé sa petite main sur la cuillère qui servait à tourner la mixture préparée.

Rapidement, une fumée opaque s'échappa du chaudron et je perçus plus que je ne vis mon professeur se tendre à mes côtés. Cette réaction m'interpella et je soupirais d'aise lorsqu'une fois la fumée dissipée, je constatais que nos visiteurs avaient disparu. Nous n'avions pas eu d'interactions de dernières minutes, pas d'échanges, aucun regard troublé. Juste le sentiment d'une fin inéluctable, comme si rien ne s'était passé. Ma gorge se serra un instant avant que je ne relâche mon souffle que je n'avais pas conscience de retenir.

— Et bien, nous pouvons définitivement nous dire que nous pouvons désormais reprendre le cours de nos vies !

La réplique de Dumbledore me tira un nouveau sourire et m'insuffla un sentiment amer dans le même temps. Oui, définitivement, les choses tendent à s'améliorer. Je m'apprêtais à vider le contenu du chaudron lorsque mon professeur m'empoigna brusquement.

— Granger, peut-être vaudrait-il mieux que je m'occupe de cette partie, je ne souhaite aucunement que votre maladresse se réveille !

Le regard que je lui fis du répondre à sa question puisqu'il haussa les sourcils dans sa perpétuelle expression condescendante. D'un geste je l'invitais à faire ce qu'il voulait, si ça pouvait lui faire plaisir d'avoir le fin mot de l'histoire ! Dumbledore posa sur moi un regard pétillant de malice avant de lever les yeux au ciel. Je m'emparais de mon sac, bien décidée à quitter ce bureau afin de m'atteler à mon devoir d'Arithmancie qui avait cruellement besoin que l'on s'occupe de lui ! Le besoin que les choses redeviennent normales avait atteint son paroxysme. Il fallait que je sorte de ce bureau, que je retrouve mes amis.

Un bruit diffus me tira de mes pensées alors que j'avais la main posée sur la poignée qui me permettrait de retrouver mes occupations habituelles.

— Severus ?

La voix de Dumbledore eut tôt fait de me rattraper dans les escaliers, par curiosité plus que par réels soucis, je remontais les quelques marches déjà franchies. Le ton employé par mon directeur n'avait pas la même intonation qu'à l'accoutumée. Le spectacle qui s'offrait à moi m'arracha alors un hoquet de surprise.

— Professeur, qu'est-ce…

— Plus tard Granger, je suis un peu… occupé ! la voix, cinglante, ne m'empêcha pas d'approcher.

Une fumée épaisse avait de nouveau envahi le chaudron, Dumbledore risqua un pas en arrière avant de lever sa baguette. Cependant ce fut une seconde trop tard, déjà, la fumée avait fini par m'entourer ainsi que mon professeur de potion qui pesta avant de lever sa baguette à son tour. Je retenais mon souffle face à la fumée qui irritait ma gorge avant de prendre appui sur la chaise face à moi. Un léger étourdissement me fit fermer les yeux et quand la fumée avait semblé se retirer, je me fustigeai avant d'oser ouvrir un œil.

Lorsque mon regard se porta sur Dumbledore j'étouffai un juron dans ma main, c'était bien lui qui se tenait face à moi cependant il avait une bonne vingtaine d'années en moins. La colère en moi enfla tandis que je me tournais vers mon professeur de potion qui, bien qu'un peu hébété, ne semblait pas le moins du monde embarrassé par la situation. De rage je fis alors la seule chose censée qui me vint à l'esprit c'est-à-dire frapper le professeur Rogue aussi fort que mes poings le permettaient ce qui eut au moins la décence de le faire réagir.

POV SS

Je repoussais Granger d'un bras avant de faire un pas en arrière. Certes la situation était inhabituelle, mais pas insurmontable.

— Cessez donc de paniquer Granger !

— Je ne panique pas… « peut-être voudrait-il mieux que je m'occupe de cette partie Granger » ! me singea-t-elle. Vous n'êtes qu'un idiot présomptueux Rogue !

Elle dut percevoir l'étonnement qu'entraina cette brusque familiarité puisqu'elle ferma la bouche avant de faire un pas en arrière. Quelqu'un toussota derrière nous, je me retournais d'un mouvement avant de passer devant Granger.

— Par la barbe de Merlin ! murmurais-je

Un regard amusé me répondit. Tenant sa baguette fermement dans sa main, Albus se tenait face à moi, dans la splendeur qu'il avait lors de mes années d'études.

L'étonnement passé, je risquais un coup d'œil rapide autour de moi. Nous étions toujours dans le bureau de Dumbledore et il se tenait face à moi. Le visage que j'avais face à moi me fit tiquer et je portais une main sur ma tempe afin d'effacer l'étourdissement qui m'avait atteint. Granger finit par se laisser choir sur une chaise et notre interlocuteur s'éclaircit la voix, baguette braquée vers nous.

Je notais alors que je brandissais toujours la mienne avant de lever les mains dans un signe d'apaisement.

La bienveillance qui l'habitait habituellement avait tôt fait de laisser place à une expression calculatrice sur le visage loin de ce qui s'apparenté le plus à un… ami. Il fallait que je me montre le plus concis et objectif que possible, le bénéfice du doute n'allait pas être de mise éternellement.

— Je m'appelle Severus Rogue et voici l'une de mes élèves, Miss Granger, disons simplement qu'une expérience en potion à… mal tourné !

Un temps de flottement me laissa pantois tandis que je resserrais ma prise sur ma baguette, mieux vaut être prudent. Une lueur de compréhension gagna son visage avant qu'il ne décide de ranger sa baguette. Je secouais la tête en m'étonnant de la rapidité de son jugement, cette vieille chouette de McGonagall aurait au moins eu le toupet de ne pas nous croire. Le même constat dû frapper Granger puisqu'elle prit la parole.

— Vous nous croyez ? Demanda-t-elle hébété.

Le plus si vieil homme sourit doucement avant de hocher la tête.

— Comment auriez vous pu arriver si promptement à Poudlard sans déjà y être ?

La réplique parut faire sens puisque Granger opina de re chef. En effet, la magie qui empêchait le transplanage dans l'enceinte du château nous avait permis de ne pas nous retrouver loin de cette enceinte lors de notre voyage temporel. Après tout, cela revêtait quand même une logique sans nom.

— Eh bien professeur Rogue que diriez-vous de nous entretenir de votre visite ?

J'expliquais, dans les grandes lignes, le pourquoi du comment en omettant au passage de mentionner qu'un couple d'hurluberlus s'était mis en tête que Granger et moi risquerions de finir en ménage ! L'histoire avait pourtant semblé plausible puisque Dumbledore avait fini par nous servir un rafraichissement.

— Vous êtes donc devenu professeur Severus ?

— Entre autres ! répliquais-je vaguement

Le regard perdu dans le vague, il sembla prendre conscience que tout ceci était possible. Une lueur étrange passa dans son regard et il me sourit doucement. Me retrouver face à cet homme qui était devenu avec le temps ce qui se rapprochait le plus d'un ami sans que celui-ci en ait conscience me fit l'effet d'une douche froide. Je ne pensais pas que ma relation avec lui avait autant d'importance. Son regard se porta sur Granger qui n'avait pipé mot depuis de longues minutes, ce qui était un exploit en soi.

— De combien de temps avez-vous besoin pour produire une réplique de cette potion ?

— Le temps de réunir les ingrédients et de tout mettre en place, je tablerais sur un mois.

Granger poussa un soupir consterné et me jeta un regard noir avant de se mettre à murmurer des choses inaudibles. Je me pinçais le nez en proie à un profond agacement. Dumbledore tapa dans ses mains avant de se lever tout sourire.

— Je pense qu'il n'est pas nécessaire de changer l'apparence de Miss Granger, quant à vous mon cher, que diriez-vous de vous soumettre à quelques sortilèges d'illusions afin d'éviter des questions gênantes ?

— J'ai besoin d'utiliser le laboratoire de Slughorn ainsi que sa réserve personnelle ! Et il est hors de question que vous me donniez un quelconque poste en prévision d'un possible délai de latence ! Granger peut aller étudier si ça lui chante…

— Bien, très bien, puisque les dispositions sont prises, Miss Granger, je pense qu'il serait préférable de vous confier des appartements privés ? Vous continuerez votre scolarité si cela vous convient, si votre aide est nécessaire, je ne doute pas que votre professeur fera appel à vous. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas, il vaudrait peut-être mieux pour vous que vous ne vous attachiez pas trop aux autres élèves.

Elle hocha la tête avant de me jeter un coup d'œil, elle semblait perdue dans l'enchainement des événements, mais tout à fait disposée à se comporter comme la parfaite Gryffondor qu'elle était.

POV HG

Le ton qu'avait employé le directeur avec nous m'avait paru étrange, il ne nous faisait pas confiance ! Cela était tout à fait louable, je lui concède, pourtant je ne pouvais m'empêcher de frissonner en repensant au regard qu'il avait jeté au professeur Rogue. Un coup d'œil dans sa direction me permit de croire qu'il était lui aussi plongé dans ses pensées.

Nous suivions les consignes du directeur et avons été présentés à une Minerva McGonagall très suspicieuse comme étant en échange inter collège afin de renouveler un partenariat entre Ivermorny, une école américaine et Poudlard qui avait été perdus d'esprits. Nos habits avaient été légèrement modifiés par Dumbledore et Rogue avait été le cobaye de plusieurs sortilèges de métamorphoses qui étaient habituellement sous l'égide du ministère de la magie. Il apparaissait néanmoins à mes yeux comme l'habituel professeur de potion, le directeur m'avait expliqué que nous serions les seuls en plus de Rogue à percevoir son visage réel puisque nous le connaissions déjà.

Le repas avait déjà eu lieu, c'est pourquoi le professeur McGonagall nous menait aux cuisines après nous avoir montré nos appartements respectifs. Rogue avait paru soulagé d'être situé dans les cachots tandis que mes appartements jouxtés ceux du préfet de Gryffondor.

— Je vous laisse prendre votre repas tranquillement, le directeur doit-il vous rencontrer plus tard dans la journée ?

— Le professeur Dumbledore nous laisse carte blanche, Miss Granger suivra les cours dispensés aux élèves de septième année et pour ma part, je souhaiterais rencontrer le professeur Slughorn dès que possible. Nous allons utiliser des sorts de cartage pour nous repérer !

Le ton employé par le professeur Rogue ne lui a pas plu, elle tiqua avant de hocher la tête dans un signe d'assentiment. Je lançais un regard de reproche à mon professeur avant de remercier ma future directrice de maison de son aide. Elle nous laissa aux bons soins des elfes du château avant de refermer la porte sur nous. Un plateau de sandwich qui aurait pu nourrir au moins cinq personnes nous fut donné et je me jetais avidement sur le pichet de jus de citrouille, j'étais assoiffé.

Je me forçais à manger calmement face au regard réprobateur de Rogue qui se tenait debout face à la porte. Il avait sans doute hâte de commencer à rassembler les ingrédients pour la potion. Mon cheminement de pensée concernant le directeur avait continué et je finis par lâcher un rire faible avant de faire part de mon observation à Rogue face à son regard interrogateur.

— Je comprends mieux pourquoi le professeur Dumbledore a paru trop enclin à accepter la présence de nos visiteurs à notre époque… il avait déjà vécu ce genre de voyage temporel à votre époque !

Il inclina la tête avant de me donner un signe positif, oui cela semblait logique. Le silence qui emplissait la pièce était devenu rapidement pesant, je posais le second sandwich que j'avais pris avant d'observer mon professeur de potion. Le regard perdu dans le vague, adossé à la porte, je pensais vaguement que s'il avait autant envie de commencer à préparer la potion, il devrait peut-être se trouver dans les cachots et non pas dans les cuisines de Poudlard alors qu'il n'avale rien.

— Monsieur ?

Son regard sembla s'animer et sa position reprit plus de panache.

— Granger, je ne vais pas attendre indéfiniment que vous ayez fini de vous restaurer. Nous devons débuter notre préparation le plus tôt possible.

J'ouvris la bouche, incapable de prononcer un mot. Le professeur Rogue venait-il réellement d'accepter que je m'attelle à préparer une potion avec lui ?

— Ne vous faites pas plus idiote que vous pouvez l'être et suivez-moi, si nous nous dépêchons, nous ne croiserons personnes.

Je fis ce qu'il dit et fermais la bouche avant d'épousseter les miettes de pain sur mon uniforme, prête à le suivre. Que Rogue ait dit de manière intelligible qu'il accepte mon aide sur une potion était assez invraisemblable pour que je ne cherche pas à l'en dissuader en posant trop de questions. Un sourire non bienvenu s'invita sur mon visage sans que je puisse le retenir et je baissais la tête avant de franchir la porte de sortie à la suite de mon professeur. Ces petits intermèdes temporels avaient peut-être leurs avantages après tout et finiraient certainement par aboutir à une décision positive de stagiairisation l'an prochain si Rogue y concédé ! Il avait adopté une démarche rapide et je me surpris à suivre de manière involontaire le mouvement de sa cape, le rythme imposé par ses pas me forçait à trottiner à sa suite presque en courant.

Arrivé dans l'escalier qui nous mènerait aux laboratoires de potions, un frisson s'empara de moi, Rogue arrêta sa marche de manière brutale et sans que j'aie pu ralentir le pas, je me retrouvais propulsé dans son dos. C'est le bruit rapide de la respiration de mon professeur qui m'inquiéta le plus, quelque chose n'allait définitivement pas dans son attitude. Il me repoussa d'un mouvement du bras, me plaquant contre le mur entre lui et un groupe d'étudiants qui montait les escaliers. Je glissais un pas de côté afin d'apercevoir le groupe qui avait fait se stopper mon professeur, un tic nerveux agita ses lèvres et ce qui semblait être une expression de dégout profond avait pris place sur son visage.

Le groupe qui arrivait presque à notre hauteur était absorbé dans une discussion animée, un rire s'éleva au milieu de la marée des élèves et je retins ma respiration avant de tenter un mouvement afin de dégager ma vue du dos de mon professeur. Ce rire… une tignasse folle attira mon regard ainsi qu'une physionomie qui ne m'était pas inconnue. Je déglutis avant de me racler la gorge et de donner plus d'assurance à ma voix.

— Monsieur, nous allons bloquer le passage si nous restons là, d'autres élèves arrivent.

Il ne m'écoutait pas, je risquais un nouveau coup d'œil au groupe qui m'arracha un hoquet de surprise. Harry ne nous avait jamais montré les souvenirs que Rogue lui avait confié ce soir-là, se bornant juste à nous expliquer que notre professeur avait connu les parents d'Harry de manière plus poussée que ce à quoi Ron et moi nous attendions. Nous savions grâce à Sirius et Rémus que les maraudeurs et Rogue se vouaient une haine profonde et pernicieuse du temps de leurs études. Ce qu'Harry nous avez appris sur Rogue dans la suite des événements ayant suivi la défaite de Voldemort était que Rogue avait follement aimé la mère de ce dernier, et ce depuis l'enfance. Or, une chevelure rousse au loin avait fini de captiver l'attention de mon professeur, son regard empli de dégout à la vue de James Potter se mua en une douleur tacite qui emplissait l'air autour de nous.

Mordant dans ma joue afin d'étouffer un juron, je me défis totalement de l'emprise de mon professeur. Il ne fallait pas qu'il se laisse distraire. Les maraudeurs venaient de nous dépasser en nous jetant un regard distrait. La respiration de Rogue semblait s'être calmé, le regard rivé à Lilly Potter, il ne parvenait pas à se défaire de ce qui s'apparenté le plus à une spirale de souvenirs qui le hantait, son regard était voilé par la peine et la douleur.

La décision que je pris alors me tira un soupir d'encouragement et signa le début de ma perte face à Severus Rogue, d'une main devenue moite d'appréhension, je m'emparais d'une de ses mains avant de l'entrainer derrière moi sans lui jeter un regard. Mon cœur battait la chamade et la pression de sa main se contracta lorsque nous croisions Lilly Potter, m'arrachant une grimace de douleur.

L'air frais du couloir dans lequel nous débouchions n'eut pas l'air de le ramener au temps présent. J'entrais dans le premier laboratoire avant de fermer la porte d'un coup de baguette, la respiration lâche, un filet de sueur glissant le long de ma colonne vertébrale m'arracha un frisson, Rogue n'avait toujours pas lâché ma main.

POV SS :

La poigne de Granger portait toute la tension qui l'habitait, je me sentais profondément exécrable et stupide. Incapable de bouger, perdu dans des abysses tentateurs. La gorge serrée, je sentais que mes yeux étaient embués, Granger ouvrit la bouche sans qu'aucun mot n'en sorte. Ses doigts s'agitèrent autour de ma main et je resserrais mon emprise. Malgré tout ce qu'elle pensait de moi, elle n'avait pas le droit de me lâcher ! Sa main était chaude dans la mienne, elle n'avait pas idée des pensées qui m'irradiaient l'esprit à cet instant.

Une larme solitaire roula le long de sa joue, d'un geste, j'effaçais cette preuve de toute la tension qu'elle refoulait. Comment pouvait-elle comprendre après tout ? Elle fronça les sourcils, totalement perdue et je baissais les yeux sur nos deux mains enlacées avant de lâcher le confort de sa poigne d'un geste amer, je ne voulais pas la blesser comme j'avais pu blesser Lilly dans le passé. Le mieux était encore que nous rentrions au plus vite, qu'elle finisse son année et que nos destins se séparent avant qu'il ne soit trop tard.

Fort de ma décision, et mon esprit s'enjoignant à me rappeler qu'il n'y a pas longtemps mon plus grand désir était de voir Granger me sourire à nouveau, je lâchais sa main m'ouvrant de nouveau au vide de mon âme.

— Au travail Granger ! Allez donc me chercher un chaudron en étain !

Ma voix claqua dans l'air, elle sursauta et s'enfuit presque en courant dans la salle adjacente me chercher ce que j'avais réclamé. Je fermais les yeux avant de me frapper mentalement, il fallait que je sois plus fort. Définitivement, Granger mérite mieux qu'un homme amer hanté par ses démons passés ! Je portais ma main devant moi, les traces d'une autre main y étaient désormais gravées.

Chapter 10: Chapter 10

POV HG :

Les jours avaient fini par s'écouler de la manière la plus ennuyeuse possible. Le professeur Rogue avait repris le contrôle de lui-même et, les quelques fois où son chemin avait croisé celui des maraudeurs ou de Lily Evans, il avait été d'un calme olympien.

J'avais tenté, le lendemain de l'accident, de lui parler de manière posée, comme d'adulte à adulte. Il avait eu cette expression pleine de dédain sur le visage et il avait agité une main de manière distraite comme pour dire que le sujet était clos.

Cette manière de me rappeler la distance qui existe entre nous après tout ce que nous avions vécu ces derniers temps m'avait porté un nouveau coup au cœur. Ainsi isolé de toutes interactions avec mes amis et Rogue fuyant le dialogue avec moi comme la peste, j'avais eu des heures entières devant moi pour méditer sur ce qu'était devenue ma relation avec lui.

De plus en plus souvent, des flashs de la nuit de mon attaque me revenaient. Lorsque je me réveillais en sueur, le regard qu'il avait porté sur moi et l'étrange sensation d'une promesse tacite me tirait quelques larmes de déni. Je ne pouvais pas croire qu'il ait porté ce genre de regard sur moi, pas croire qu'il pouvait être… sensible. Et pourtant, quand je me rappelle les gestes qu'il a eus envers moi dans des moments que je qualifierais d'intimes, la chaleur de son regard, la douceur et la poigne de sa main dans la mienne. Quand je me repasse en tête nos entrevues, publiques ou non, une seule constatation se frayez un chemin en moi. Un seul cri du cœur, une seule vérité, le professeur Rogue, à sa manière cherchait à me protéger.

Lorsque des mois auparavant, j'avais passé plusieurs semaines à me tourmenter pour rien et à m'apitoyer sur mon sort face à la force des paroles qu'il avait eues pour moi afin me prier de croire que jamais il n'éprouverait ce genre de sentiment pour moi.

Après qu'il ait tellement insisté pour que je lui octroie que ces deux personnes du futur étaient des imposteurs.

Après être descendue moi-même dans les cachots pour l'insulter et répondre de la même manière à toutes ses brimades.

Après toutes ces actions malheureuses, il avait failli.

C'est en tout cas ce que je m'évertuais à croire pour Dieu sait quelle raison. Il avait failli et était venu me chercher là-bas, il était venu me voir à l'infirmerie, m'avait donné des philtres afin que je guérisse dans la nuit.

Mais, au fond, même si le comportement de mon professeur avait fini par m'interpeller, ce qui m'inquiétait le plus était mon propre comportement.

L'épisode de Cormac essayant de me conquérir avec un philtre d'Amortentia avait occulté la révélation que j'avais eue lors de mon entretien avec Rogue, lorsque je lui avais révélé les raisons qui m'avaient poussé à le sauver lors de l'attaque de Naguini.

Je me souviens d'avoir été bouleversé outre mesure, et pour cause !

En m'entendant lui expliquer toutes les raisons qui m'avaient fait agir de la sorte, j'avais pris conscience qu'en réalité, mon attachement envers mon professeur de potion était tout sauf celui d'une élève envers son enseignant. Ce discours que j'avais eu lorsque je lui ai tout dévoilé… je me suis menti à moi-même depuis tant d'années déjà. J'avais embrassé Ron juste après l'avoir sauvé. J'avais embrassé Ron après qu'un milliard de sentiments se soient bousculés en moi, embrassé Ron avec tous les sentiments que je portais à Rogue.

J'avais toujours eu plus ou moins de facilité à entretenir une relation d'égal à égal avec les adultes qui m'entouraient. Minerva McGonagall en était l'exemple type. Pourtant, le professeur Rogue avait toujours, semble-t-il, échappé à mon contrôle. N'étant pas sûre de moi, je ne voulais pas poser de jugement hâtif sur ce que je ressentais pour lui. Je l'admirais bien sûr, il était intelligent, pour ne pas dire brillant ! Sa maitrise de la magie était excellente et, après le récit de Harry, nous ne pouvions que convenir du fait qu'il soit un homme brave et un ami loyal.

Pour autant, il était antipathique au plus haut point, exécrable avec les autres et encore plus avec Harry, Ron et moi-même. Empli d'une hostilité que nous avions fini par comprendre et qui pourtant me pesait. Ce sont toutes ces antinomies dans son comportement qui m'empêchaient de mettre des mots sur ce que je ressentais pour lui.

Toutes ces pensées tourbillonnaient en moi depuis des semaines déjà. Seule, isolée du reste de mes amis, ne pouvant compter que sur mes propres constations et mon ressenti des choses.

Même en étant parvenus à rassembler l'ensemble des ingrédients, nous ne parvenions pas à avoir le résultat escompté ! Rogue était d'une humeur de dogue et j'avais préféré m'isoler de lui avant que nous ne transformions les cachots en zone de guerre froide.

Il travaillait dans la salle de classe qu'il présiderait une vingtaine d'années plus tard et je travaillais de l'autre côté du couloir. Ma potion semblait être parfaite, celle de Rogue l'était tout autant et pourtant, nous ne parvenions pas à revenir à notre époque.

Il devait nous manquer un ingrédient de la plus haute importance, c'était la seule explication logique.

Un bruit étouffé me tira de mes pensées. Sur mes gardes, je sortais ma baguette avant de faire face à la personne qui venait de pénétrer dans la pièce alors que la nuit suivait son cours depuis de nombreuses heures déjà.

Sans feindre la surprise qui m'avait pourtant étreinte, je déglutis avant de baisser ma baguette, dans l'encadrement de la pièce se tenait un Severus Rogue adolescent.

POV SS :

L'amoncèlement de parchemin qui avait envahi ce qui était devenu mon bureau de fortune aurait fait défaillir la famille Brown au complet et était parvenu à me mettre à bout.

Vaincu depuis des heures désormais, je m'étais assis afin de contempler le désastre dans lequel Granger et moi étions fourrés. Je ne parvenais pas à trouver de solution, totalement désemparé et aussi inutile qu'un Véracrasse. J'avais fini par me lasser de l'entêtement que Granger mettait à reproduire la potion comme il se devait. Nous avions adopté, ce qu'il me semble être, toutes les variantes imaginables.

Nous avions agité la potion du bout d'une baguette pour reproduire le mouvement de l'enfant. Nous avions bu la mixture, tentés de la jeter contre une porte ou sur le sol, ajouter puis retirer des ingrédients minimes, mettre un cheveu à l'intérieur, rien n'y faisait… nous avions lamentablement échoué !

De colère, je balançais l'ensemble de nos recherches au sol avant d'embrasser les parchemins d'un informulé. Je connaissais les étapes, chaque ingrédient, chaque frémissement.

Un rictus de dépit et de frustration agita mon visage, nous ne pouvions pas rester bloqués à cette époque pour toujours… je ne supporterais pas de revivre encore une fois toutes les épreuves qui avaient fait de moi l'homme d'aujourd'hui.

Plus encore, la sensation d'abattement et d'impuissance qui grandit jour après jour finirait par avoir raison de mes nerfs. L'idée même d'être inutile était comme un impact de balle dans mon crâne.

Granger avait quitté ce qui était devenu notre laboratoire commun il y a maintenant une semaine. L'électricité ambiante et mon manque de réponse lui étaient tout aussi insupportables qu'à moi je pense. Je me devais forcément de trouver la solution. Nous étions devenus plus proches et pourtant, le fil invisible qui nous reliait s'étiolé un jour après l'autre. Nous nous observions en chien de faïence lors des repas, elle était sans cesse dans mon champ de vision.

La vérité et que je ne savais pas quoi lui dire, oui nous étions sur la touche pour le moment, mais nous finirions bien par trouver un remède à cela. Je la voyais perdre de sa sagacité, le moulin à parole qu'elle était s'était tu pour laisser place à une mélancolie que je sentais grandir en elle. Elle ne parlait pas aux autres élèves, de peur de se lier sans doute.

Je n'étais pas stupide, je savais bien que ces amis lui manquaient, mais je ne pourrais pas remplacer cette présence. Nos sujets de conversations avaient été centrés sur notre préparation, lorsqu'elle tentait de parler d'autre chose je ne lui répondais pas. J'avais tari le puits sans fin qu'était Granger.

Cette pensée m'arracha un sourire de convenance, j'étais enfin parvenu à lui rabattre le caquet !

Voilà que je me mettais à faire de l'humour avec moi-même. Je passais une main impuissante sur mon visage, si nous étions coincés ici pour une durée indéterminée, autant mettre à exécution la première idée folle qui m'avait empli l'esprit lorsque j'avais ramené cette jeune femme de la forêt interdite.

Ce nouveau but insuffla la première pensée positive que mon esprit ait connu ces derniers jours, je me levais d'un pas décidé et me décidait à sortir Granger de sa torpeur. J'attrapais ma cape et claquais la porte derrière moi. L'éclat de la lune qui filtrait par une fenêtre m'indiqua que la nuit était déjà bien avancée, un regard porté au loin m'indiqua que Granger était encore levée, ou tout au moins présente dans le laboratoire qui était devenus le sien.

Les bruits étouffés d'une conversation me stoppèrent alors que j'allais prendre la peine de taper contre sa porte. Quelqu'un était-il avec elle ?

Je secouais la tête avant d'ouvrir la porte, au moins elle ne dormait pas.

— Granger, prenez votre cape, nous allons…

Mon élan, certes prometteur, fut stoppé par ma propre personne. Assit devant un chaudron fumant se tenait un Severus Rogue en pleine réflexion. Granger eut la décence de se mordre la lèvre comme prise en faute avant de pousser un soupir. Je levais une main stoppant toute réplique, je n'avais décemment pas la force de l'affronter après tout ce temps passé sans que ni elle ni moi ne nous parlions.

POV HG

Il avait fini par lever le regard du visage de son homonyme. Une angoisse sourde s'était emparée de moi, et après quelques secondes où l'inconfort régna sur nous, j'avalais ma salive afin de respirer plus normalement.

— Miss Granger, allez donc me chercher votre cape, nous allons collecter des ingrédients.

Mon regard dû refléter mon étonnement puisqu'un mouvement sur ma droite me permit de voir que le jeune Severus Rogue avait jeté un sort de stase sur son chaudron.

Par acquit de conscience je pense, mon professeur y jeta un œil et sur ses lèvres passa un sourire fin. Je levais les yeux au ciel, peu importe l'âge qu'il avait, un maitre des potions restait un maitre des potions ! Il haussa les sourcils en direction de son jeune homologue pour lui signifier que sa présence n'était plus nécessaire. Sans un regard, le jeune homme franchit la porte du laboratoire.

Désormais seule avec mon professeur, je serais les poings dans l'attente d'une remontrance qui n'avait pas l'air de venir. Plusieurs secondes s'écoulèrent avant que je n'ose jeter un regard en coin à l'homme qui se tenait dans l'encadrement de la porte. Il tenait le battant ouvert et m'invita d'un geste du bras à le devancer.

Cela faisait des semaines désormais que nos conversations se limitaient à des banalités d'usages. Il avait l'habitude de ne pas échanger plus que nécessaire, des années d'entrainement et de complainte dans une solitude sordide. J'en étais réduite à me parler à voix haute lorsque je travaillais, commentant chacun de mes gestes.

Il n'empêche que, même si, je m'étais habituée à ce silence monacal, celui-ci ne sied absolument pas à une routine établie entre Severus Rogue et moi-même. En temps normal, le fait que j'ai accepté la présence de son double juvénile dans mon laboratoire m'aurait très certainement valu une horde d'insultes plus dégradantes les unes que les autres.

Il me devançait de quelques pas sans pour autant marcher à vive allure, il n'avait pas paru en colère cela dit, plutôt… résigné ? Ce constat me tira un froncement de sourcils. Il se connaissait mieux que quiconque, il savait très bien que nous n'avions pas discuté ensemble.

Le Severus rogue adolescent était déjà un maitre dans l'âme. Je l'avais observé une bonne demi-heure tandis qu'il soupesait ses ingrédients, ses mains habiles avaient opéré un ballet quasi hypnotique. Il maitrisait déjà pleinement les rouages des potions et le seul échange que nous avions eu fut un sourire complaisant, il n'avait pas besoin de discuter pour travailler lui non plus et je m'étais forcée à ne pas trop extérioriser mes pensées.

POV SS

Granger m'observait à la dérobée depuis que nous avions quitté les cachots. Elle pensait peut-être se comporter de manière discrète, mais ce n'était absolument pas le cas.

Je resserrais les pans de ma cape avant de passer la porte du château, la nuit était fraiche. La posture qu'avait revêt mon homologue étudiant me causer plus de questions que ce à quoi je m'attendais. N'était-il pas nécessaire que je me souvienne d'avoir auparavant rencontré Granger si l'histoire avait déjà eu lieu comme semblaient le dire nos visiteurs du futur ? Ou était-ce encore une preuve que cette histoire n'était que mensonges et bluff ?

J'en revenais sans cesse au même questionnement, aux mêmes interrogations et cela m'agaçait au plus haut point ! Comment une jeune femme comme Granger était-elle censée, tomber ne serait ce qu'un minimum, amoureux d'un être aussi abject que moi ?

… Comment Weasley était-il parvenu à cette entreprise été une tout autre question. Un veracrase aurait plus d'intérêt que ce sombre idiot !

Cette constatation muette me tira un rire froid que Granger interpréta comme une invitation à la conversation.

— Quels ingrédients cherchons-nous monsieur ?

Je me pinçais l'arrête du nez avant de pousser un soupir d'agacement, je n'avais pas envie de parler, ma propre compagnie me suffisait amplement ces derniers temps, je ne voulais pas pousser plus loin l'attachement que je semblais porter à Granger.

— Je vous le dirais quand je le saurais Granger ! Je ne prêtant pas me rendre en ces lieux avec une idée précise en tête contrairement à ce que vous semblez croire !

Je l'entendis plus que je ne la vis trébucher sur une branche et descéllérer le pas afin de lui permettre de me rejoindre. L'expression dont était peint son visage ne m'apprit rien sur son état d'esprit. Elle me suivait juste sans mot dire, à l'aide et semble-t-il parfaitement dans son élément, ce qui m'arracha une question plus brulante que les autres.

— Avez-vous… confiance en moi Granger ?

Je regrettais cette question dès qu'elle eu franchit la barrière de mes lèvres et me fustigeais intérieurement en priant pour qu'elle n'ait pas relevé outre mesure. Cependant, ses traits prirent visage d'une réflexion interne. Elle s'arrêta avant de m'observer, je secouais la tête légèrement comme pour l'interroger sur ses agissements, ne pouvait-elle pas réfléchir en marchant !? Elle finit par lever les yeux au ciel et repris sa marche sans pour autant répondre à ma question stupide, bien sur qu'elle n'avait pas confiance en moi ! Je n'avais eu de cesse de la harceler durant toute sa scolarité et plus encore durant ces derniers mois. Elle serait encore plus stupide que Weasley si elle m'accordait sa confiance.

Nous avions repris notre marche dans le silence, la destination que j'avais en tête n'était plus très loin. Les questionnements intérieurs reprirent de plus belle. Je ne savais pas si j'avais envie de connaître les réponses…

D'une part, je voulais avoir réponse à toutes ces interrogations, cependant, ces réponses m'inspiraient une sensation d'effroi ! Je pense n'avoir tout bonnement pas les épaules à subir de nouveau un rejet. Granger ne m'accordait plus d'attention, son visage était tourné de manière à ce que je ne puisse l'apercevoir. Se posait-elle aussi des questions ? Je resserrais ma prise sur ma baguette, me giflais mentalement avant de relever la tête, déterminé ! Il fallait que je cesse me m'interroger comme un troll, nous allions trouver le moyen de quitter ce passé qui n'avait de cesse de me tourmenter, Granger terminerait l'année, aurait ses Aspics et quittera le sol poussiéreux de Poudlard pour se construire une vie loin des horreurs qu'elle a pu y connaître. Peut-être même serait-ce moi qui quitterais le château en premier, j'aurais dû le faire dès la fin de la guerre, ma pénitence était terminée. Je ne devais plus rien à ce château ni à Dumbledore, nous resterions bons amis et je me mettrais à mon compte afin de vivre dans un semblant de confort. Mes pensées me rattraperont, il est sûr, mais je vivrais avec elles comme je l'avais toujours fait. Finalement, cela ne changerait rien à ma vie. Les sentiments que j'avais envers cette jeune femme ne comptaient pas, j'avais déjà connu la torture d'un amour non partagé, je ne voulais pas laisser de nouveau à quelqu'un le loisir de me faire souffrir inutilement.

— Monsieur ?

Un grognement lui répondit, je n'avais pas l'envie de lui fournir des paroles, il faudrait qu'elle cesse de me tourmenter avant toute chose. Le visage toujours tourné hors de mon regard, elle continua sa question.

— Que va-t-il se passer si nous restons bloqués ici ?

— Cela ne changera rien pour vous, il vous suffira de continuer vos études et de poursuivre dans la carrière qui vous siéra.

Elle hocha la tête avant de souffler bruyamment.

— Vous savez, j'ai une vie à moi à notre époque, les gens qui s'y trouvent me manquent… Je n'arrive pas à me dire que jamais je ne les reverrais.

Elle pensait certainement à Potter et Weasley, peut être aussi à ses parents, j'avais entendu dire par Minerva qu'elle leur avait effacé la mémoire avant que la guerre n'atteigne son paroxysme. Le sort avait été d'une telle force qu'il était impossible à défaire, maintes fois l'amour était parvenu à sauver des vies. Cela était indubitable et cela se faisait aussi au prix fort.

— Professeur, pouvez-vous me faire une promesse ?

— Je n'ai aucunement le rôle de professeur dans cette époque Granger, contentez-vous de m'appeler Monsieur !

Elle ne releva pas la remarque et continua sur sa lancée.

— Vous êtes la seule personne que je connaisse ici, promettez-moi que si nous ne parvenions pas à reproduire cette potion… promettez-moi que nous resterons en contact !

Je tournais la tête violemment vers elle et compris pourquoi sa voix me semblait étouffée, des larmes, viles, courraient librement sur ses joues.

— Cessez donc de geindre, nous parviendrons à reproduire cette maudite potion, et pourquoi diable souhaiteriez-vous que nous restions en contact le cas échéant ! Ne vous ai-je pas donné assez de mal ces derniers mois ?!

Elle secoua violemment la tête à son tour, sans cesser de pleurer.

— Je ne veux pas… je… vous n'avez pas le droit, c'est de votre faute si nous sommes coincés ici, a vous de vous montrer un tant soit peu bon joueur et de reconnaitre vos fautes !

— Vous accepteriez donc de souffrir de cette manière toute votre vie ? Ma voix avait gagné une octave. Vous accepteriez de vous infliger ce comportement malsain ! Vous êtes réellement stupide Granger !

— Et cela resterait mon choix malgré tout, ne faites pas comme Ron, vous n'avez pas le droit de m'abandonner de la sorte !

Elle avait achevé sa tirade en criant ce qui me laissa un instant interdit. Elle n'avait pas le droit de m'abaisser au niveau pitoyable que Weasley avait atteint.

— Séchez donc vos larmes, nous sommes arrivés.

Elle s'empara de mon mouchoir avant de me fusiller du regard, sa manière à elle de me signifier que je n'avais pas répondu à sa question. Cela était pourtant clair Granger, comment pourrais-je vous abandonner ? Son regard balaya rapidement la clairière que nous avions atteinte, la lune, basse pour la saison était notre seule source de lumière. Elle fronça les sourcils avant de balayer de nouveau l'espace de ses yeux.

— Nous recherchons une fleur de Moly, vous savez sans doute de quoi il s'agit ?

Elle sécha ses dernières larmes avec la manche de sa cape avant de m'accorder un regard de dédain. Bien sûr qu'elle savait de quoi il s'agissait.

— C'est une fleur qui permet de neutraliser les enchantements, on peut la manger ou bien l'utiliser dans une potion. Pensez-vous qu'elle sera capable d'annuler l'enchantement provoqué par la potion qui nous a fait atterrir ici ?

— Nous avons tout le temps nécessaire devant nous afin de le découvrir Granger. Mettez-vous au travail, la nuit est déjà assez avancée !

Elle soupira avant de regarder à ses pieds, balayant le sol qu'elle foulait elle s'aventura plus loin dans ses recherches.

— Ça vous dérangerait de vous montrer un minimum cordial avec moi le temps que nous soyons ici ?

— Il n'est pas dans mon caractère de me montrer cordial Granger, et surtout pas avec une je sais tout aussi hautaine que vous.

— Je ne suis pas hautaine… et un caractère est modifiable, vous n'êtes pas né amer et caustique que je sache !

La fin de sa phrase avait été déroulée de manière basse sans pour autant que le sens ne m'échappe. Je profitais du fait qu'elle ait le dos tourné pour m'autoriser à sourire, Granger était aussi sarcastique que moi par moment. C'est un trait de caractère qui lui sied plutôt bien.

Il ne m'avait pas échappé que cette dernière phrase clôturée la fin d'un des plus longs échanges que nous ayons eus ces dernières semaines.

POV HG :

Toujours d'humeur taciturne après ces quelques semaines passées sans que nous n'échangions le moindre mot mis à part des banalités, je savais malgré tout que mon humeur n'aurait pas la moindre incidence sur celle de Rogue.

J'aurais aimé lui faire payer son caractère lunatique sans pour autant savoir comment m'y prendre. J'observais rapidement la lune avant de regarder au sol. La désagréable impression qui m'avait étreinte revenait sans cesse, mais si je lui en faisais part, il allait très certainement se moquer de moi. J'étais déjà venue ici, c'est certain, je connaissais cet endroit. Il me répondrait que oui, bien sûr, j'étais déjà venue dans la forêt interdite, et même plusieurs fois du fait des innombrables retenues que j'avais pu y effectuer avec Harry et Ron.

Mais le sentiment qui m'étreignez était plus tenace, j'étais déjà venue ICI.

À cet endroit même… cet arbre là-bas, je le reconnaissais !

Pourtant, le sentiment le plus désagréable venait du fait que j'ignorais totalement à quelle occasion j'avais pu venir ici ! Un nouveau tour d'horizon ne m'apprit rien de particulier, Rogue était en train d'inspecter minutieusement les environs et moi je m'évertuer à me rappeler de ma venue ici.

Après tout, peut-être que j'étais déjà venue dans un endroit quasi identique à une autre occasion ? En allant voir Graup par exemple !

— Plait-il ?!

La voie, glaçante, de mon professeur — non juste Rogue, il n'est plus mon professeur ici — m'arracha un hoquet de surprise.

— Je n'ai rien dit, monsieur !

Il tiqua avant de me faire face, son visage était fermé, neutre, comme à son habitude.

— Vous ne cessez de chuchoter Granger, cette manie est horriblement désagréable quand on doit se concentrer afin de trouver des ingrédients !

Je me retins de lui dire que j'avais acquis cette mauvaise habitude afin de pallier à son manque de conversation, nous venions tout juste de trouver un semblant de point d'entente. Inutile de raviver les braises de notre rancœur aussi rapidement, il avait assurément une meilleure conversation que celle que je m'infligeais avec moi-même.

— Navré, je réfléchissais à voix haute.

Sa mâchoire se contracta sensiblement et il glissa son regard sur mes mains avant de retourner à ses recherches. Il y a bien longtemps que la terreur des cachots n'a plus le moindre effet sur moi, j'avais appris à reconnaitre un homme blessé qui se terre derrière un mur pour se couper du monde. Rogue avait beau être puissant et doué en général, il n'en reste pas moins un être humain qui agit comme tous les autres, il est juste plus complexe à déchiffrer. Je mentirais si je disais tout connaître de lui en posant mon regard sur sa personne, mais les hommes mutiques, casaniers, sarcastiques et blessants n'ont pas été les personnages les plus choyés pour se comporter ainsi, un imbécile le comprendrait.

Je soupirais d'aise en me rendant compte que mes états d'âme envers lui étaient redevenus les mêmes qu'avant toute cette histoire. Certes, il y avait quelque chose de plus, un je ne sais quoi dans nos deux postures qui avait évolué sans que je puisse le définir. Pour autant, malgré toutes ses brimades, Rogue m'était redevenu neutre, je ne le craignais plus comme ça avait pu être le cas auparavant. Il n'est toujours pas tendre avec moi, cependant, il a cessé de vouloir m'évincer à tout prix !

S'en était-il rendu compte ?

Je levais de nouveau les yeux vers lui, mes recherches étant infructueuses, et un rire nerveux m'échappa quand je me rendis compte qu'il m'observait déjà. Il y avait cependant autre chose dans son regard.

— Votre blessure vous fait-elle souffrir ?

Le trémolo soucieux de sa voix ne m'échappa pas, mais la bêtise de sa question me fit oublier de relever ce fait. C'est comme-ci mon cerveau enregistré les éléments sans pour autant les traiter.

— Pourquoi me demandez-vous ça ? Je vais très bien !

Il s'avança vers moi avant d'attraper mes mains et de les placer face à mon visage m'arrachant une grimace de douleur, la brutalité de son geste me coupa la respiration un instant. Mon regard se porta sur le sang présent sur mes mains, pourtant je n'avais pas mal. J'observais mes mains de plus près, obligeant Rogue à me lâcher.

— Ce sont mes ongles… j'ai dû me gratter à sang sans m'en apercevoir.

— Et bien entendu, ceci est un comportement tout ce qu'il y a de plus normal Miss Granger ?!

L'ironie de sa question, ainsi que l'expression qu'il abordait me fit sourire nerveusement.

— Nous rentrons de toute manière ! Il n'y a rien ici, nous chercherons demain soir dans un autre endroit.

Occupée à placer le mouchoir qu'il m'avait tendu auparavant sur mes mains, je hochais la tête. Ceci étant, je ne fis pas attention à mes gestes et me prit les pieds dans les racines d'un arbre sorties de terre. Pestant contre moi-même, je fermais les yeux dans l'attente du choc inévitable.

Deux choses se passèrent en même temps, lorsque je fermais les yeux, je vis clairement Rogue lancer une gerbe d'étincelles rouge en même temps je l'entendis crier mon prénom.

— Pourquoi vous avez lancé des gerbes rouges, j'ai juste trébuché ne vous inquiétez pas !

Je sentis sa poigne se refermer sur mon coude alors qu'il m'aidait à me remettre sur pied. Un mal de tête avait commencé à s'insinuer en moi.

— Arrêtez de rêver Granger, je n'ai pas fait cela !

— Je vous ai vu faire.

— Étant donné que vous vous êtes retrouvée face contre terre, la chose me paraît improbable !

— Mais vous m'avez bien appelé Hermione non ?

L'agacement montait doucement en moi, ce n'était pas grave après tout. Mais il est vrai que ce n'était pas logique non plus, j'avais les yeux fermés ! Il tiqua face à ma réplique sans pour autant nier, au moins je n'avais pas rêvé cette partie, même s'il s'agissait d'une mégarde de sa part.

— Il porta sa main à mon front, avant de froncer les sourcils.

— Vous êtes fiévreuse Granger, le moment n'est pourtant pas propice !

— C'est cette clairière, je me sens nauséeuse depuis que nous nous sommes arrêtés ici.

Il balaya de nouveau l'espace qui nous entourait avant que son regard ne s'arrête sur le grand arbre que j'avais remarqué un peu plus tôt. Un éclair de compréhension sembla passer dans ses yeux, il resserra sa prise sur mon bras avant de m'entrainer à ses côtés.

— Vous avez besoin de prendre de la pimentine, rentrons.

Après quelques minutes de marche, mon mal de tête s'intensifia et m'obligea à lui demander d'aller moins vite. Je pouvais sentir mon cœur pulser dans ma tête, que je rentre vite ou lentement, le résultat serait le même. Je fermais de nouveau les yeux et de nouveau, l'image d'un Rogue lançant une flopée de gerbes rouge s'imposa à moi.

Une brise fraiche me fit du bien et Rogue m'enjoint à accélérer le pas. Cependant, plus nous avancions, plus le mal de tête devenait poignant, je n'allais pas tenir jusqu'au château à ce rythme !

— Monsieur… stop… je n'arrive plus à avancer !

— Je l'entendis tiquer et sentis deux bras m'empoigner.

— Nous n'avons pas le temps pour un lévicorpus Granger, cela ira plus vite, il vous faut absolument prendre cette potion au plus vite. Je n'aurais pas dû vous emmener avec moi !

Je hochais la tête tout en sachant que pimentine ou non, mon mal de tête n'avait rien de logique. Nous étions en train de chercher des plantes capables de lutter contrer des enchantements et tous mes symptômes étaient apparus. Et pourquoi diable Rogue était il aussi pressé de me donner de la pimentine ?

Je sentis soudain mon corps se soulever avant d'atterrir dans une étreinte qui me tira un soupir de contentement, j'ouvrais de nouveau les yeux avant de les plisser sous la force de la douleur. Le visage de Rogue me fit face, par merlin, il était en train de me porter dans ses bras !

Le comique de situation aurait pu me faire rire si ce n'est mon mal de tête persistant. Le Moly était capable d'annuler des enchantements, mais, je n'en avais pas mangé, je n'en avais pas pris sous forme de potion non plus.

Et pourtant, à chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais des bribes de ce qui me semblait être un rêve, voir même un souvenir. Rogue lançant des gerbes rouges, me portant à travers la forêt interdite, son regard. Ce même regard qui m'apparaissait en rêve ces derniers temps… au diable ce regard tellement humain pour un homme tel que Rogue !

— Monsieur.

Ma voix était basse, faible, il porta ce regard sur moi. Il ne pouvait pas le cacher, je ne pouvais que le voir.

— Granger, ne me faites pas l'affront de me vomir dessus !

Sa tentative d'évitement était pitoyable.

— Monsieur ?

— QUOI GRANGER !?

Il avait hurlé ses derniers mots, m'arrachant une grimace de douleur. Je me souvenais de son odeur, la chaleur de sa cape, mes larmes… il avait séché mes larmes… et puis il avait parlé, mais je ne me souvenais pas de ces mots.

Ensuite il avait de nouveau porté ce regard sur moi, si triste, si humain et tellement peu Rogue ! Il avait levé sa baguette et murmuré un sort.

Son visage n'était plus neutre à cet instant, il était empli de résignation, alerte.

— Regardez-moi…

Son regard plongea de nouveau dans le mien, ses yeux se frayèrent un chemin dans mes pensées, des bribes de mes rêves récurrents défilant à toute vitesse. En même temps que la phrase prit consistance dans mes pensées, en même temps que Rogue en prenait conscience à travers l'occlumencie les mots franchirent la barrière de mes lèvres.

— M'avez-vous lancé un enchantement ?

Il stoppa net sa marche avant de porter son regard sur mon visage, nous étions à quelques mètres du château. Ses yeux d'obsidienne rivèrent leurs pouvoirs hypnotiques sur les miens et un rictus amer agita ses lèvres.

— Vous semblez impossible à ensorceler Granger !

Cette réponse me suffit, il n'avait pas nié, il n'avait pas acquiescé non plus. Pourtant, ces yeux ne pouvaient plus me mentir, je le sentais au plus profond de moi, il avait voulu me faire oublier un instant de faiblesse de sa part.

Cependant, je n'étais pas dégouté, je n'avais pas envie de m'enfuir, j'étais bien ici. Dans ses bras, sous sa coupe, la chaleur de son corps protégeant le mien d'une barrière qui je le sentais semblait indestructible.

Il avait dans le regard une lueur plus tenace qu'avant, une résolution prise avec lui-même dont les mots ne m'étaient pas encore revenus.

Et alors je sus, je pouvais d'ores et déjà lui apporter la réponse à sa question. Cela ne serait pas simple, loin de là, cela n'approchait en rien les sentiments que d'autres auraient pu nous prêter, mais il fallait que je lui dise à cet instant.

— J'ai confiance en vous Rogue, j'ai toujours eu confiance en vous !

Je rivais mon regard une dernière fois au sien avant de fermer les yeux, emporté par la douleur. Une larme, que j'aurais bien aimé effacer sans encore oser le faire avait détalé sur sa joue.

To be continued