Pairing : TR/HG

Rating : M

Résumé : Ultima ratio - le dernier recours. Le jour de la bataille finale contre Lord Voldemort est enfin arrivé. Harry, Ron et Hermione se battent avec courage contre leur ennemi juré, mais tout ne se passe pas comme prévu et Hermione se retrouve seule dans une situation bien précaire.

Auteur : Winterblume

Traductrice : me !

Disclaimer : Les personnages et le monde d'Harry Potter appartiennent à JKR. Le scénario complet appartient à Winterblume. Je ne fais que traduire avec son autorisation.


Ultima Ratio

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Chapitre 27 : Les hommes en noir


Les semaines s'écoulèrent à un rythme interminable, au gré de la neige et du gel qui persistaient sur les cimes du château de Poudlard. Entre ses murs, l'année scolaire suivait tranquillement son cours, comme si rien n'était jamais venu troubler sa routine quotidienne. Comme si aucun voyageur du temps n'arpentait désormais ses couloirs. La voyageuse elle-même se laissait lentement bercer d'illusions en croyant que tout allait pour le mieux. Quelque part, c'était vrai. Il y avait bien des moments où Hermione se sentait gagnée par le doute, mais elle s'empressait de chasser très loin toute pensée en rapport avec le futur, les voyages temporels ou les baguettes invincibles.

Elle avait fini par apprécier la vie des années quarante, aussi ennuyeuse fût-elle parfois. Elle réussissait même à endurer les retenues exaspérantes de Legifer. Les autres élèves abandonnaient peu à peu leur hostilité envers elle et s'accommodaient plus ou moins de sa relation avec le célèbre préfet de Serpentard. Certains la méprisaient toujours, elle le voyait bien, mais ne trouvaient plus d'intérêt à l'attaquer ou lui faire des misères.

Plus important encore, vivre dans les années quarante était sans danger. C'était un bonheur de pouvoir se réveiller en sachant qu'elle vivrait un autre jour Elle n'avait plus à s'inquiéter de l'endroit où elle passerait la nuit ou de savoir ce qu'elle mangerait, tout en faisant profil bas pour ne pas attirer l'attention de sorciers noirs.

Sans oublier la chasse aux horcruxes et la destruction de ces morceaux d'âme mutilée, dont elle n'avait plus à se soucier. Ici, elle était saine et sauve. On ne lui arracherait personne. Personne n'allait mourir.

Pour une fois, la vie était...

...belle.

C'était plus qu'elle ne l'aurait jamais espéré. À son époque, tout avait eu l'air corrompu, comme gangréné de l'intérieur. Ses amis et sa famille étaient morts à tour de rôle et l'espoir l'avait quitté. Lentement, elle s'était laissée cerner par les ténèbres qui avaient aspiré jusqu'à la dernière nuance de couleur dans sa vie, jusqu'à la faire mourir elle aussi. Elle n'avait plus eu goût à rien.

Aujourd'hui, Hermione se portait mieux. Curieusement, ses cauchemars avaient cessé de la harceler sans merci et d'infester son sommeil. Les fantômes de son passé semblaient avoir pitié d'elle et la laissaient en paix. Elle en était incroyablement reconnaissante. Elle ne savait qui remercier pour ce bien-être retrouvé. L'absurdité de sa situation la rattrapait parfois, mais plus aussi fréquemment.

En quelque sorte, son existence paraissait divisée. Il y avait son ancienne vie, éclipsée par l'ombre de la guerre, du chagrin et des souffrances. Bien entendu, la jeune femme avait vécu des moments inoubliables, mais elle redoutait de penser à ses amis car cet état d'esprit la ramenait incontestablement au souvenir de leur mort. Cela dit, jamais elle ne pourrait les oublier. Bien que se rappeler son passé était douloureux, elle ne regretterait jamais d'avoir rencontré tous ces gens merveilleux, qui comptaient toujours plus que tout au monde à ses yeux.

Maintenant, elle avait sa nouvelle vie. Heureuse et confortable. Si différente et incomparable à l'ancienne. Avec quelqu'un pour la protéger de la noirceur de son passé qui planait comme une menace au-dessus d'elle. La brune gardait précieusement les souvenirs de ses amis, mais elle était extrêmement contente d'avoir trouvé quelqu'un sur qui compter à cette époque. Avec Tom à ses côtés, il était si facile d'oublier les craintes et les dangers de son ancienne vie.

Oui, la vie avait du bon. C'est pourquoi Hermione ne fut pas préparée lorsque les ténèbres décidèrent une fois de plus de lui rendre visite...

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En ce week-end de fin d'hiver, Hermione se baladait dans les rues de Pré-au-Lard. C'était surprenant de voir combien cet endroit ne changerait pas en cinquante ans. Le village des années quarante était presque identique à celui qu'elle connaissait. Honeydukes existait déjà, où se pressait une ribambelle d'élèves pour acheter des plumes en sucre ou d'autres délicieux bonbons de leur assortiment impressionnant. Quelques mètres plus loin se trouvait la boutique Zonko farces et attrapes et juste à deux pas, le pub des Trois-Balais.

Alors qu'elle arpentait la grand-rue, la brune jeta un coup d'oeil à sa montre. Encore plus d'une demi-heure avant son rendez-vous avec Tom. Elle décida donc de se rendre aux Trois-Balais. Elle était définitivement d'humeur à s'offrir l'un de leurs mugs de chocolat chaud. Elle pénétra dans le pub et reconnut aussitôt les deux garçons installés à l'une des tables. Après un bref instant d'hésitation, elle se dirigea vers Weasley et Londubat, et prit place à côté du roux.

"Salut !" s'exclama t-elle, en lançant un regard nerveux au blond.

Ce dernier avait une chope de bièraubeurre posée devant lui et s'employa encore à l'ignorer.

"Oh salut, 'Mione," répondit Weasley d'un ton aimable, tentant visiblement de détendre l'atmosphère. "Que fais-tu ici toute seule ? Je croyais que tu voulais rester au château."

"Oui, au début. Mais Tom m'a invité à le rejoindre à Pré-au-Lard."

Sans surprise, une grimace irritée apparut sur visage de Londubat, lui donnant l'air d'avoir avalé un citron.

"Et alors, es-tu toujours obligée de faire ce que ce bâtard te dit ?" commenta t-il avec sarcasme.

Elle fit semblant d'ignorer sa moquerie. Ses remarques cinglantes ne la surprenaient plus mais elle se sentait toujours blessée d'avoir perdu un ami à cause de sa relation avec Tom. Cela dit, elle gardait l'espoir qu'il lui pardonnerait un jour. Elle savait qu'il ne se montrait pas méchant par principe. Il ne pouvait juste pas supporter le Serpentard.

À son grand soulagement, la serveuse des Trois-Balais arriva à leur table pour prendre sa commande. La brune fut un peu confuse de ne pas voir Madame Rosmerta, avant de se souvenir à quelle époque elle était coincée. Elle demanda son chocolat chaud en évitant de fixer avec insistance l'étrange nouvelle – quoique plutôt âgée – serveuse.

"Quels sont tes projets pour aujourd'hui ?" questionna le roux lorsqu'ils furent de nouveaux seuls.

"Hmm, je ne suis pas sûre. Me promener dans Pré-au-Lard, je suppose," répliqua t-elle. "À moins que Tom ait prévu autre chose."

"Oh, si tu es chanceuse, peut-être que Tommy-chéri t'emmènera chez Madame Pieddodu," s'immisça le blond d'une voix dégoulinante de mépris.

Hermione le dévisagea un instant, se demandant si en fin de compte, elle avait bien fait de venir aux Trois-Balais. Elle enviait l'époque où Londubat ne la haïssait pas. Elle appréciait vraiment sa compagnie. Après tout, il était l'un de ses meilleurs amis. Ou avait été...

Au bout d'un moment, la jeune femme quitta le pub. Cette réunion avait été un peu gênante. Weasley avait fait de son mieux pour lui faire la conversation pendant qu'elle évitait de mentionner le Serpentard, mais le blond s'était obstiné à ne plus ouvrir la bouche. Resserrant sa cape autour d'elle, elle redescendit l'allée principale du village. Le temps changeait imperceptiblement pour accueillir le printemps mais la fraîcheur du climat écossais etait encore bien là. Elle marchait d'un bon pas, ayant prévu de rencontrer Tom dans dix minutes. Elle savait quelle personne incroyablement ponctuelle il était. Il détestait qu'on le fasse attendre, si bien qu'elle se hâtait de rejoindre le lieu de leur rendez-vous. En fait non, songea t-elle, amusée, en ralentissant délibérément son allure. C'est toujours drôle de le voir perdre patience.

Elle venait de dépasser une ruelle adjacente, lorsqu'un cri retentit. "A l'aide !"

Hermione s'arrêta abruptement. La voix provenait de la petite rue d'en face. Le cœur battant, elle scruta l'endroit du regard. C'était une ruelle plutôt étroite, coincée entre deux maisons. On ne pouvait distinguer grand chose d'ici, car la rue formait une pente sur à peu près cinq mètres.

"Aidez-moi !" s'écria encore la voix. Cette fois-ci, elle put distinguer une voix de femme.

La brune regarda autour d'elle mais personne ne se trouvait dans les parages. Elle semblait seule face à cette situation. Qui que soit cette personne, elle avait visiblement besoin d'aide. D'un geste du poignet, elle s'empara de sa baguette, puis se précipita dans la ruelle sombre. Elle atteignit rapidement l'angle et le contourna. L'endroit était vide. Un autre croisement se situait en contrebas et elle se remit à courir le long de la rue. Quoique 'rue' fut un peu exagéré, puisque cette minuscule allée ne dépassait pas les deux mètres de large.

"Aidez-moi !" La voix paraissait désespérée à présent.

Elle emprunta le prochain détour à toute allure, baguette sortie. La ruelle s'étendait devant elle pour former une sorte d'arrière-cour. Le sol pavé était gris crasseux et les habitations alentours s'élevaient assez haut dans le ciel pour plonger la cour dans la pénombre. Elle stoppa sa course et plissa les yeux pour tenter d'apercevoir quelque chose dans cette semi-obscurité. Au bout de l'arrière-cour se dressait une silhouette noire. S'agissait-il de la personne appelant à l'aide ? Les frissons qui lui coururent le long du dos furent comme un signal d'alerte. Elle raffermit sa prise sur sa baguette et fit un pas en avant.

"Qui êtes-vous ?" demanda t-elle fermement, mais pas rassurée du tout. "C'est vous qui avez appelé à l'aide ?"

La personne s'avança de quelques pas dans sa direction.

"Oui, c'était moi," répondit la voix, identique à celle ayant crié une minute plus tôt. Sauf qu'elle n'avait plus l'air paniquée. Au contraire, elle semblait triomphante.

La silhouette leva un bras, avant de murmurer des mots dans sa barbe. Lorsque la voix s'éleva à nouveau, ce n'était plus celle d'une femme mais le sifflement agressif provenant d'un homme :

"Mais je n'ai pas besoin d'aide. On ne peut pas en dire autant pour toi."

D'emblée, Hermione pointa sa baguette sur l'homme lui faisant face à quelques mètres. Du coin de l'oeil, elle aperçut quelque chose bouger dans son dos. Elle risqua une oeillade en arrière. Son cœur fit un bond dans sa poitrine en réalisant avec horreur que trois autres hommes se tenaient maintenant dans l'arrière-cour, sur le chemin qu'elle avait emprunté pour venir, bloquant la seule issue disponible. Elle inspira profondément, focalisant son attention sur le premier homme. Ses yeux s'étaient habitués à la pénombre et sa silhouette lui apparut plus en détail. Il était grand, les cheveux bruns et les traits grossiers de son visage exhibaient une grimace méprisante. Son regard s'aventura sur sa main, qui brandissait une baguette. Avec un sursaut, elle se rendit compte qu'il était drapé d'une cape noire. Ce vêtement lui paraissait horriblement familier. Elle avait déjà vu ce style de cape auparavant. Mais où ?

Une pensée s'imposa tout à coup à son esprit. Dans l'appartement de Flamel !

Les hommes qui l'avaient attaquée portaient tous ce même type de cape.

"Que voulez-vous ?" lâcha t-elle d'une voix forte.

Un rictus mauvais étira les lèvres du sorcier.

"Tu sais ce qu'on veut, DeCerto," grogna t-il férocement. "Le livre !"

La jeune femme sentit son souffle se coincer. Ils connaissaient son nom ?

"Donne-le nous," cracha l'homme en noir, "et nous ne te ferons aucun mal."

Elle devait à tout prix se sortir de ce guêpier. Ces types recherchaient le manuscrit de Peverell et elle n'allait sûrement pas le leur donner. Même si elle le faisait, ils n'avaient pas l'intention de la laisser s'enfuir.

"Nous savons que c'est toi qui a volé le livre. Maintenant, dépêche-toi de nous le rendre !" la menaça t-il.

Une poussée d'adrénaline la saisit, pendant qu'elle réfléchissait à toute vitesse. Cette place était un cul-de-sac et la seule sortie se résumait à la ruelle où elle s'était engouffrée il y a peu. Cette issue était actuellement bloquée par trois hommes encapuchonnés. Elle se demanda brièvement pourquoi ils avaient besoin d'être quatre pour l'appréhender. N'avaient-il pas confiance en leurs compétences magiques ou était-ce une simple mesure de précaution pour assurer leurs arrières ? Elle parierait sur ce dernier choix.

Elle aurait pu transplaner mais Pré-au-Lard, comme tout lieu magique d'importance, possédait des barrières anti-transplanage. Certes, elle avait réussi à franchir celles du Chemin de Traverse avec l'aide de la magie de la baguette de Sureau, mais elle doutait pouvoir renouveler cet exploit. De plus, alors que le chef de la bande lui faisait la conversation, elle avait pu déceler une fine couche de magie dans l'air, ressemblant à une sorte de toile de protection. Une combinaison de charmes de silence et de sortilèges anti-intrusion. De toute évidence, elle n'avait pas à faire à des amateurs.

À présent, elle regrettait d'avoir négligé de s'entraîner avec la magie de la baguette de Sureau. En situation de combat réel, il lui était quasiment impossible d'utiliser cette magie et de se concentrer sur sa tactique et ses sortilèges. Il semblerait qu'elle doive redoubler de stratégie pour combattre ces sorciers. Elle ne pourrait faire autrement, car leur rendre le manuscrit n'était pas une option.

En temps normal, Hermione aurait été capable d'affronter quatre adversaires à elle seule, mais ils s'étaient également placés de façon stratégique. Elle faisait face à leur leader, pendant que les trois autres l'encerclaient par derrière. Prise en étau, elle serait attaquée sur deux fronts et riposter deviendrait extrêmement difficile. Le lieu était également bien choisi. Une impasse avec une seule issue possible. Ce piège avait été élaboré d'une main de maître, dut-elle l'admettre.

"Le livre, jeune fille !" gronda encore le leader en tendant une main vers elle.

La Gryffondor prit sa décision. Sans crier gare, elle agita prestement sa baguette. Un brillant faisceau de lumière verte en jaillit et fusa droit sur l'homme dressé en face d'elle. Dans la foulée, elle agita son arme une nouvelle fois.

Scutulatus !

Un puissant bouclier se matérialisa autour d'elle, la protégeant effectivement contre les sorts qui la percutèrent maintenant en plein dos. Sa barrière absorbait énormément d'énergie sous la violence du choc. Brandissant sa baguette, le chef l'attaqua d'un maléfice de couleur grisâtre virant au jaune. Le pouvoir irradiant de ce sortilège lui fit dresser les cheveux à l'arrière du crâne. Elle plongea sur le côté pour l'éviter.

Définitivement pas des amateurs.

Elle atteignit le mur de la maison la plus proche et fit volte-face, tandis que les sortilèges matraquaient toujours son bouclier. Elle ne pourrait pas le maintenir indéfiniment. Mais au moins, elle avait une bien meilleure posture. Avec le mur dans son dos, elle faisait front à tous ses adversaires. Ces derniers réagirent comme des stratèges et formèrent maintenant un arc de cercle autour d'elle, sans cesser leurs attaques. La protection de la brune faiblissait à la minute.

Il y a longtemps que Hermione n'avait pas dû livrer un vrai combat. Le dernier remontait à son époque, lors de la bataille au Ministère de la Magie. Une fois de plus, elle devait passer aux choses sérieuses et affronter ses ennemis sans prendre de gants. Sinon, ces hommes finiraient probablement par la tuer.

Elle tendit la main agrippant sa baguette sur le côté. Puis de façon simultanée, elle abaissa son bouclier et trancha l'air horizontalement avec son arme, tel le ferait un épéiste pour découper son adversaire. Sur ce geste brusque, une énorme entaille se creusa violemment dans le sol, arrachant les pavés sur son passage. La crevasse suivit son mouvement de baguette et dès lors, le demi-cercle formé par les hommes en noir devint un handicap. L'un après l'autre, ils furent touchés par la force de son sortilège. À présent, une profonde brèche traversait de part en part le sol l'arrière-cour. La brune nota qu'elle avait réussi à atteindre l'un de ses adversaires, qui gisait contre un mur à l'autre bout de la place, le torse couvert de sang. Ce dernier s'était laissé surprendre par la puissance de son sort et n'avait pas pu ériger une barrière à temps. Les trois autres étaient toujours abrités derrière un bouclier, leur leader parmi eux.

Soudain, un sortilège aveuglant fusa vers elle. La brune n'eut guère le temps de lever un charme de protection et l'esquiva de justesse. Il fracassa le mur de la maison, faisant pleuvoir des débris sur elle. La détonation magique avait été bruyante, mais elle savait que personne ne l'entendrait et volerait à son secours, puisqu'ils se trouvaient encore à l'intérieur du champ de sortilèges complexes conjuré par ses ennemis.

Un nuage de poussière se soulevait du mur détruit et lui obstruait la vue, si bien qu'elle ne vit que trop tard le maléfice s'abattre sur elle. Elle tenta une parade, mais fut quand même touchée au coude. Une douleur atroce assaillit son bras gauche, suivie par la sensation poisseuse du sang qui coule. La jeune femme se hissa sur ses pieds en pointant le sol de sa baguette, puis murmura :

"Fulgur !"

Une décharge électrique chargée de magie s'infiltra dans les pavés et traça un chemin jusqu'à la prochaine personne au contact du sol. Ce maléfice était puissant, et en même temps très dangereux car on ne pouvait contrôler la trajectoire de son attaque. De ce fait, il était impossible de l'utiliser en combattant à plusieurs, au risque de toucher un allier. Elle ne s'en priverait donc pas aujourd'hui. Satisfaite, elle observa comment le sorcier le plus proche fut tout à coup foudroyé par un essaim d'étincelles crépitantes. En quelques secondes, l'homme s'effondra au sol, assommé.

Elle ne put profiter de sa victoire très longtemps, car un nouveau rayon de lumière fondit sur elle dans un craquement sonore. Elle croisa les bras sur sa poitrine, avant de les écarter brusquement sous forme de croix.

Subsisto !

Une barrière jaune translucide se dressa devant elle et fut bombardée par le sortilège. En absorbant sa puissance magique, le bouclier vira à l'orange. Puis, avant qu'elle ne puisse réagir, un autre sort jaillit dans sa direction. Elle se concentra alors pour maintenir son bouclier. Le faisceau lumineux heurta sa protection qui vibra dangereusement, modifiant encore sa couleur. Elle prit une teinte orange foncée, puis un rouge alarmant, avant de s'évanouir complètement. Le maléfice fut à peine affaibli par son bouclier et continua sa course vers elle.

Il frappa sa poitrine et l'impact lui coupa le souffle, tandis que son dos cognait douloureusement le mur derrière elle. Elle s'affaissa au sol, le regard aveuglé par une nuée de points noirs, mais parvint à garder sa baguette entre ses doigts. Nauséeuse, elle lutta pour ignorer la douleur et focaliser ses pensées, puis braqua son arme sur ses agresseurs.

Contendo !

Des débris de mur démoli se mirent à léviter et fusèrent comme des boulets de canon sur les deux sorciers noirs. La brune devina qu'ils avaient dressé un bouclier, lorsque deux flashs de lumière bleue firent irruption. De façon prévisible, les blocs de pierre volèrent en éclats sans causer de dégâts. Elle n'eut pas le temps de se relever ou contre-attaquer, car deux sortilèges craquèrent soudain vers elle, ne lui laissant aucun répit. D'une main tremblante, elle remua sa baguette et réussit à conjurer un faible bouclier. Le premier maléfice s'écrasa avec fracas contre sa protection et la Gryffondor sut que cela était mauvais. Le second brisa sa barrière magique avec une facilité déconcertante et fonça droit sur sa poitrine. De nouveau, elle fut projetée contre le mur, sentant une violente douleur lui parcourir les membres et paralyser son corps tout entier. Sa baguette lui échappa des mains et tomba en claquant sur les pavés.

Soudain, elle fut vaguement consciente des deux bras puissants qui l'attrapèrent par les épaules et la soulevèrent sans cérémonie. Clignant des paupières, elle reconnut le chef de ses assaillants, une grimace malveillante placardée au visage. Ce dernier agrippa à deux mains le col de son uniforme et la plaqua brutalement contre les pierres froides derrière elle. Hermione serra les dents, ravalant un gémissement de douleur. Par-dessus son épaule, elle vit l'autre sorcier debout au milieu du champ de ruines que formait maintenant l'arrière-cour, la tenir en joue avec sa baguette.

"Impressionnant, fillette !" cracha le leader d'une rage à peine contrôlée. "Mais ça s'arrête là."

Il la poussa avec plus de force contre le mur, si bien qu'elle eut du mal à respirer. Puis il la gifla violemment.

"Où est le livre ?" lui hurla t-il à la figure.

Elle ravala un cri de douleur, les yeux agrandis par la crainte. Elle avait peur mais ne lui ferait pas le plaisir de répondre. Alors qu'elle le fixait, son regard accrocha un détail qu'elle avait négligé tout à l'heure. Un écusson brodé sur sa cape noire. Un insigne familier. L'homme leva subitement sa main et lui flanqua une nouvelle gifle. La violence du coup projeta sa tête sur le côté et lui fendit la lèvre. Un filet de sang coula sur son menton.

"Je vais te le demander une dernière fois," articula t-il d'un ton rauque et menaçant. "Où. Est. Le. Livre ?" fit-il en la cognant contre le mur à chacun de ses mots.

Hermione sentait la panique la submerger. Elle ne pouvait pas atteindre sa baguette. Même si elle y arrivait, elle n'était pas en état de se défendre contre ces hommes. Son bras gauche l'élançait douloureusement à l'endroit où un maléfice l'avait entaillé. Sa poitrine lui faisait mal, rendant difficile le fait même de respirer. Elle se sentait légèrement nauséeuse et étourdie. Elle continua à scruter le visage brutal du sorcier, qui l'étranglait presque avec le col de sa robe.

"Tu l'auras voulu !" D'une main, il visa directement son visage, en la maintenant d'une poigne ferme de l'autre. "Je vais te faire regretter ton manque de coopération !"

La jeune femme ferma les yeux, se préparant au sort et à la douleur inéluctable qui allaient suivre.

"Lâchez-la !" résonna soudain une voix imposante. Une voix imposante et familière.

Rouvrant les yeux, une immense vague de soulagement l'envahit en apercevant Tom debout à quelques mètres, devant l'entrée de l'arrière-cour. Sa silhouette se découpait dans l'ombre de la ruelle débouchant sur la petite place, dressée avec un air d'autorité, tandis qu'il balayait la scène des yeux. Une once d'inquiétude se glissa dans le regard qu'il posa sur elle, puis ses yeux gris se durcirent à nouveau.

L'homme qui la retenait prisonnière se détourna vers le Serpentard, les yeux plissés. Son acolyte pivota sur lui-même, baguette tendue. Tom avait également sorti la sienne, mais son bras pendait nonchalamment le long de son corps, la baguette pointée vers le sol.

"Qui es-tu ?" siffla agressivement le leader.

Le jeune homme tourna son visage insondable vers lui, arquant un gracieux sourcil.

"Je n'aime pas me répéter," fit-il d'une voix mesurée. "Lâchez-la."

Le chef s'esclaffa avant de répondre d'un ton à mi-chemin entre l'amusement et le mépris : "Je ne reçois pas d'ordres d'un écolier."

Aussitôt, la brune vit le changement qui s'opéra sur la mine du ténébreux. Son masque de subtile curiosité ne bougea pas, mais ses prunelles grises scintillèrent d'un éclat meurtrier. Cette légère variation dans son apparence se refléta également dans l'atmosphère qui les entourait. La fluctuation magique était minime mais Hermione avait été trop souvent confrontée à la magie de Tom pour ne pas la repérer. Il s'agissait des prémices annonçant le déferlement imminent de sa magie destructrice.

"Neutralise-le," ordonna le leader avec indifférence à son second.

L'autre sorcier s'exécuta et en une fraction de secondes, un vif rayon de lumière jaune s'échappa de sa baguette. Le maléfice était puissant, si bien qu'elle ressentit son énergie magique de l'endroit où elle se trouvait. Le sort crépita dangereusement vers le Serpentard. Ce denier décrivit un geste élégant du poignet, alors qu'un rictus sinistre relevait le coin de sa bouche. Cependant, le sortilège poursuivit sa course vers lui sans être affecté.

L'homme entouré de noir eut un petit sourire triomphant en voyant échouer sa tentative de défense. Il ne sembla pas se soucier de l'air pour le moins placide de son adversaire. Le sortilège finit par atteindre sa cible, mais n'eut aucun effet. Le faisceau lumineux ne fit que traverser Tom, comme s'il était translucide, et alla s'écraser contre le mur d'en face dans un bruit assourdissant. Le choc avait laissé un petit cratère dans la paroi rocheuse. Le rictus effrayant du ténébreux s'agrandit, lorsqu'il vit son ennemi échanger un regard incrédule entre le cratère fumant et lui.

"Bien essayé !" lâcha t-il avec un calme inquiétant, bien que teinté d'une froideur redoutable. "Maintenant, c'est mon tour, n'est-ce-pas ?"

Pour la première fois depuis le début de ce duel, Tom leva sa baguette, qu'il pointa sur son adversaire. Presque instantanément, une vague de magie noire et pernicieuse enveloppa l'arrière-cour. Hermione se sentit agressée par le pouvoir brut émanant du Serpentard et vit l'homme faire un pas nerveux en arrière.

Un sourire vicieux dansait sur les lèvres du jeune homme, et sa voix se fit murmure : "Aqua Latus !"

Aucun sortilège visible ne jaillit de sa baguette, mais l'autre sorcier lâcha brusquement la sienne et saisit sa gorge à deux mains. La brune observa, les yeux grands ouverts, la façon dont il se mit à tousser et cracher de l'eau. Son visage vira à l'écarlate et il tomba à genoux, pris d'une soudaine quinte de toux. Tom poussa un ricanement glacial, avant d'agiter une nouvelle fois sa baguette pour l'envoyer valser dans un coin. Il alla violemment percuter un mur et resta étendu au sol, laissant encore échapper de faibles toussotements.

Le ténébreux se désintéressa de lui et planta ses yeux impitoyables sur le sorcier noir qui l'empoignait toujours, le leader du groupe d'agresseurs.

"C'est votre dernière chance." Son ton était cruel, tandis qu'une étincelle rougeâtre et perturbante émergeait au fond de son regard. "Relâchez-la !"

Mais l'homme n'en fit rien. Il resserra son emprise sur le col d'Hermione et la menaça en pointant sa baguette sur sa gorge.

"Abandonne ta baguette ou c'est la fille qui prend !" Il pressa douloureusement le bout de son arme dans sa chair.

Tom le scruta pendant quelques secondes, impassible. Il émit soudain un petit rire sans joie, avant de répondre dédaigneusement : "Comme vous voudrez."

La brune fut horrifiée de le voir réellement jeter sa baguette. Elle sentit la poigne du sorcier se détendre autour de son cou lorsque son adversaire obtempéra. Avec un claquement sourd, la baguette pâle du Serpentard alla s'échouer à environ un mètre d'elle et de son ravisseur. Dès l'instant où l'objet entra en contact avec le sol, son extrémité s'enflamma. Quelque chose de sinueux s'en échappa et la jeune femme réalisa qu'il s'agissait d'un serpent entièrement constitué de flammes. Elle entendit ensuite son camarade siffler d'un air sinistre et comprit qu'il lui donnait des ordres en Fourchelangue.

Le leader s'était mis à attaquer le serpent, lui envoyant sort après sort. Mais cela ne stoppa guère l'animal, qui continua à onduler dans sa direction. Il atteignit rapidement les pieds de l'homme et commença à s'enrouler autour de ses jambes. Avec un hurlement, le sorcier se tortilla de douleur, tandis que le petit être de feu dévorait ses vêtements et lui brûlait la peau. Il avait grimpé jusque sa taille, le faisant hurler de plus belle. La jeune femme, en revanche, ne ressentait aucune chaleur irradier du serpent. L'homme la relâcha et tituba en arrière, redoublant d'efforts pour se débarrasser du reptile, mais il ne réussit qu'à se brûler les mains.

Pendant ce temps, Tom contemplait la scène se déroulant sous ses yeux avec une froideur amusée. Sitôt que sa camarade fut libre, il se dirigea d'un pas confiant vers l'endroit où avait atterri sa baguette. Il la récupéra, puis avec un sourire à faire froid dans le dos, lança un regard pensif au sorcier noir qui luttait en vain contre les brûlures de son serpent. Au bout d'un moment, il sembla se décider sur le sortilège à utiliser ou bien les hurlements de l'homme en noir finirent par le lasser. C'est pourquoi, il fit disparaître le reptile d'un geste nonchalant et propulsa le sorcier sur plusieurs mètres, où il mordit lourdement la poussière – les pavés – sans se relever.

Une fois libérée des griffes du sorcier noir et le danger immédiat écarté, Hermione se laissa glisser le long du mur contre lequel on l'avait pressée. Sans l'adrénaline, les multiples blessures sur son corps se réveillèrent et elle eut mal partout. Du sang coulait de son avant-bras gauche, sa poitrine la faisait souffrir à chaque respiration et sa mâchoire l'élançait douloureusement à l'endroit où l'homme l'avait frappé. Elle sentit une main saisir délicatement son menton et le relever. Puis elle croisa une paire d'iris gris en train de l'examiner avec inquiétude. Le Serpentard s'était accroupi devant elle. La brune fut soulagée de voir que l'effrayante teinte écarlate avait déserté son regard.

"Hermione ?" Sa voix douce n'avait plus rien à voir avec la froideur cruelle dont il avait fait preuve un peu plus tôt.

Cette dernière se pencha en avant et l'enlaça, s'accrochant à lui. Elle blottit sa tête sur l'épaule qu'il lui offrait, avant de fermer les yeux. Une immense fatigue commençait à l'envahir. Le ténébreux lui rendit son étreinte et l'attira davantage contre lui. Elle se sentait bien dans ses bras confortables et sécurisants. Ils restèrent ainsi quelques instants, avant que Tom ne s'écarte et ne la prenne par les épaules pour la détailler du regard. Il fronça les sourcils en avisant sa mâchoire et sa lèvre en sang.

"Es-tu blessée ailleurs ?" demanda t-il.

Elle acquiesça. "Mon bras. Et j'ai été touchée par un sort que je ne connais pas."

Le pli s'accentua sur le front du jeune homme. Il se redressa ensuite et l'aida à se mettre debout. Ce geste lui donna le vertige et elle prit appui sur le bras de son camarade pour garder l'équilibre.

"On devrait partir," fit-il remarquer en scannant l'arrière-cour détruite et les sorciers noirs toujours inconscients au sol. "Il ne faut pas qu'on nous trouve ici, surtout s'il pourrait y avoir des renforts."

Elle l'approuva d'un signe de tête et se laissa entraîner vers la ruelle sombre qui l'avait conduite dans cette embuscade.

Avant qu'ils ne rejoignent la grand-rue de Pré-au-Lard, Tom l'interrogea calmement : "Qu'est-ce que ces hommes te voulaient ?"

La Gryffondor se raidit spontanément à cette question. Elle ne pouvait lui révéler la réelle raison de leur attaque.

"Je l'ignore," répondit-elle tout bas.

Il ne répliqua rien et continua à la guider pendant les minutes qui suivirent. Puis il déclara enfin, toujours avec ce même calme troublant et sans daigner la regarder : "Alors laisse-moi deviner. Ils en avaient après le livre."

Elle stoppa brusquement sa marche et releva de grands yeux vers lui. Le ténébreux s'était lui aussi arrêté et la scrutait d'un air indéchiffrable.

"Quel livre ?" fit-elle lentement en essayant de masquer sa stupéfaction.

Il rétorqua sans sourciller : "Le livre que Peverell a écrit. Celui que tu as volé à Nicolas Flamel le jour où l'on s'est rencontré pendant les vacances de Noël."

La jeune femme continua à le fixer. Comment savait-il ? Elle n'avait jamais mentionné le manuscrit devant lui.

"Alors, c'est ce qu'ils voulaient ?" s'enquit-il d'un ton léger. "Le livre, je veux dire."

Elle détourna le regard. Inutile de nier à présent qu'il était au courant.

"Oui," murmura t-elle avec une nouvelle oeillade vers lui. "Comment as-tu su pour le livre ?"

Le Serpentard pencha légèrement sa tête sur le côté. "Je ne suis pas stupide, tu sais."

Il ne révéla rien de plus et l'agrippa par le bras d'une poigne ferme pour l'entraîner à sa suite.

"Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? A propos du livre ?" Son interrogatoire se poursuivait. La brune ne put s'empêcher de constater la tension sous-jacente dans sa voix.

Elle garda le silence. Les raisons étaient si nombreuses et toutes défendables, mais elle savait que Tom n'en apprécierait aucune. Le couple avait maintenant regagné l'allée principale du village. Plusieurs élèves flânaient dans la rue, bavardaient avec animation et profitaient de leur week-end. Il ne leur prêta guère attention et la tira derrière lui, si bien que l'étreinte sur son bras en devenait douloureuse.

"Pourquoi as-tu volé ce livre ?" grogna t-il avec insistance.

Que pouvait-elle bien lui répondre ? Qu'elle avait besoin du manuscrit pour régler ses problèmes de voyage temporel ? Qu'elle arrivait de plus de cinquante ans dans le futur ?

... qu'elle s'était battue contre son double plus âgé ? Mage noir en puissance de surcroît ?

Elle ne pouvait rien dire sans dévoiler la vérité. Son silence n'améliora pas l'humeur déjà irritable de son camarade, dont les gestes se firent plus brusques et la démarche plus rapide, si bien qu'elle trébucha presque en tentant de le suivre. Elle aperçut tout à coup Weasley et Londubat à l'autre bout de la rue. Ses deux amis étaient en train de les dévisager. La Gryffondor espérait qu'ils ne leur prendrait pas l'idée de les approcher. Tom était déjà assez remonté sans que Londubat n'ait besoin de le provoquer.

"Où va t-on ?" demanda t-elle.

"À ton avis ?" fit-il, pète-sec. "À l'infirmerie. Nous rentrons à Poudlard."

Hermione se figea, le forçant à s'arrêter.

"Non !" lança t-elle en élevant la voix.

Le Serpentard s'était retourné vers elle. La colère marquait désormais clairement les beaux traits de son visage, alors qu'il la foudroyait du regard. Cette expression lui rappela amèrement les premiers mois de leur rencontre lorsqu'il passait son temps à la menacer.

"Hermione," siffla t-il, irascible. "Tu es blessée. Bien sûr que tu dois aller à l'infirmerie."

Il saisit à nouveau son bras pour la contraindre à le suivre, mais elle se débattit contre lui.

"Tu t'es ouvert le bras, tu saignes et tu as été touchée par un sort inconnu. Je t'emmène à l'infirmerie !" gronda t-il.

"Tu as perdu la tête ?" fit-elle à voix basse. "Comment vais-je leur dire que je me suis blessée ? Qu'une bande de sorciers noirs m'a attaquée parce que j'ai volé un livre avant qu'ils ne puissent le faire ?"

Le ténébreux lui lança un regard furieux. Puis il l'attira violemment par le bras pour lui souffler à l'oreille : "Très bien, nous n'irons pas à l'infirmerie. Mais on retourne quand même au château."

Elle se perdit dans ses prunelles grises. Il était hors de lui parce qu'elle n'avait rien voulu dire à propos du livre. Mais la colère n'était pas la seule émotion enflammant son regard. Il y avait autre chose. Il était inquiet pour elle.

À présent, elle se sentait vraiment coupable. Fixant la pointe de ses chaussures, elle concéda d'une toute petite voix : "D'accord."

Son camarade plissa les yeux. Manifestement, il s'était attendu à plus de résistance de sa part. Il l'attrapa encore par le bras et se remit en route. Elle le suivit docilement pendant le reste du trajet à Pré-au-Lard.

Ils avaient rejoint le chemin menant à Poudlard, lorsqu'elle murmura : "Je suis désolée."

Tom soupira et ralentit un peu son allure. Ses doigts se détendirent sur son bras, avant qu'il ne se tourne vers elle.

"C'était vraiment dangereux. Tu aurais pu être gravement blessée," fit-il avec douceur en promenant ses yeux anxieux sur elle.

Il a vraiment dû s'inquiéter, réalisa t-elle.

Il l'enlaça délicatement et la brune se laissa aller dans ses bras, alors qu'il effleurait sa bouche de la sienne, évitant soigneusement la coupure sanglante sur sa lèvre.

"Maintenant, rentrons au château," conclut-il dans un murmure.

Hermione hocha la tête avec un sourire aux lèvres.

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"Comment tu penses qu'Amarys se débrouille ?" demanda Weasley à son camarade Gryffondor, alors qu'ils se baladaient dans la grand-rue.

Ils venaient juste de quitter les Trois-Balais pour se rendre chez Zonko.

"J'en sais trop rien," répondit Londubat d'une voix souriante. "J'arrive toujours pas à croire qu'il l'ait invitée."

Le roux laissa échapper un rire. "Ben, ça devait arriver un jour ou l'autre. Je pense que Stella Lovegood devait attendre ça depuis un moment."

"Ouais." Le blond riait lui aussi. "On devrait peut-être leur rendre une petite visite ? Il me reste encore une de ces baguettes farceuses quelque part." Il se mit à fouiller dans ses poches. "On glisse la baguette dans la poche d'Amarys et la prochaine fois qu'il essaye de l'impressionner avec un sort... zoum !"

"Marc, petite canaille," le réprimanda Weasley, avant d'ajouter d'un air malicieux : "Je crois qu'ils sont allés chez Madame Pieddodu."

Puis, il se rendit compte que Londubat avait soudain cessé de rire et fixait rageusement un point à l'autre bout de la rue. Suivant son regard, il repéra bien vite la raison de son courroux : Tom Riddle.

"Qu'est-ce qu'il fabrique ?" siffla le blond.

Ils le virent marcher à grand pas en tenant fermement Hermione par le bras. La concernée avait du mal à le suivre et sa démarche était chancelante. Elle s'adressa à Riddle, mais ils ne purent rien entendre de l'endroit où ils se trouvaient. Quoique ce fut, elle sembla se faire rembarrer par Riddle. Elle s'immobilisa soudain, avant de lancer un 'Non !' plutôt désespéré.

Son visage n'était pas visible car elle se tenait de dos, mais ils distinguèrent nettement celui du Serpentard. Il la fixait d'un air menaçant et la colère déformait ses traits d'ordinaire si affreusement impassibles. Il lui grogna quelque chose, avant d'attraper son bras pour la forcer à avancer. Mais la brune lui résista, n'ayant visiblement aucune envie de le suivre. Son entêtement parut l'enrager de plus belle, alors qu'il lui criait à la figure.

"Il est en train de la menacer," s'emporta le blond en sortant sa baguette.

"Ne fais rien de stupide !" Weasley tenta de raisonner son ami. "Essayons de nous rapprocher."

Londubat acquiesça sombrement, sans ranger sa baguette. Ils traversèrent la grand-rue à pas de loups, dépassant quelques élèves, et s'avancèrent discrètement vers le couple, de sorte à ne pas se faire voir de Riddle. Ce dernier avait de nouveau saisi Hermione et l'attira brusquement contre lui. Puis, il rapprocha son visage perfide de la jeune femme pour murmurer à son oreille. Londubat et Weasley se tenaient maintenant à portée de voix, lorsqu'elle répondit au Serpentard.

"D'accord," souffla t-elle timidement, d'un air ne collant pas du tout au personnage.

Le blond serra sa baguette d'une main tremblante en voyant sa camarade agir d'une manière aussi docile et craintive. Avant qu'ils ne puissent faire un geste, Riddle l'avait agrippée et entraînée au loin. Les deux Gryffondors commencèrent à les suivre, mais la tâche ne fut pas aisée dans les rues bondées de Pré-au-Lard. Bientôt, le couple avait disparu, englouti par la foule.

"Bordel !" jura Londubat, d'une voix si forte qu'il fit sursauter de surprise le groupe d'élèves qui les dépassait. "Cet espèce de salaud ! Tu as vu comment il la traite ?"

"Oui," répliqua doucement le roux, troublé par la scène à laquelle il venait d'assister.

"Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?" fit-il avec frustration.

"Je ne sais pas. Mais ils ont pris le chemin de retour au château. On ferait mieux de rentrer et d'attendre Hermione dans la salle commune."

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Hermione et Tom franchirent le Grand hall d'entrée de Poudlard. La Gryffondor s'appuyait sur le bras de son camarade, épuisée par ses blessures. La coupure sur son coude gauche la brûlait atrocement et sa poitrine lui faisait toujours mal. Elle passa une main sur sa mâchoire douloureuse, où l'homme l'avait giflé.

Comment avait-elle pu se montrer si imprudente et tomber dans ce stupide guet-apens ?

Et qui étaient ces hommes ? Pourquoi voulaient-il récupérer le livre ? Plus alarmant encore, comment connaissaient-ils son nom ? Ces sorciers noirs étaient puissants et visiblement bien entraînés au combat. Le fait qu'ils aient réussi à la retrouver était très inquiétant.

Elle remarqua alors que Tom prenait la direction des cachots.

"Où est-ce qu'on va ?"

"À la salle commune des Serpentards," vint sa réponse brève.

Elle le dévisagea avec un haussement de sourcils.

"Ne me regarde pas comme ça. Je voulais t'emmener à l'infirmerie. D'ailleurs, je ne vois vraiment pas ce que tu as contre les Serpentards," enchaîna t-il d'un air exaspéré. "Tu ne serais pas un peu trop partiale ?"

Hermione gloussa. Venant de lui, c'était plutôt drôle. Les yeux du ténébreux se plissèrent mais il n'ajouta rien. Ne voulant pas l'enquiquiner davantage, maintenant qu'il ne semblait plus obnubilé par le manuscrit de Peverell, elle l'accompagna en silence.

Il la conduisit à travers un dédale de couloirs pour finalement s'arrêter devant un pan de mur dépouillé et humide des plus classiques. "Putus !" siffla t-il au mur.

Elle roula des yeux devant ce manque flagrant de créativité. C'était typiquement Serpentard. Ceci étant, il s'agissait du bon mot de passe car une porte dissimulée dans la roche se matérialisa devant eux et s'ouvrit en coulissant. Il entra dans sa salle commune, Hermione sur les talons. Elle se sentait un peu nerveuse, n'ayant jamais visité le domaine des Serpentards par le passé. À son époque, elle avait tout fait pour éviter d'approcher les cachots, étant donné ses origines et l'attitude hostile des verts et argents à son égard. Aujourd'hui, elle pénétrait dans l'antre des serpents. Mais cette fois ci, se dit-elle dans une tentative pour se rassurer, personne ne savait qu'elle était une Née-moldue.

De plus, le ténébreux la tenait toujours par le bras et elle n'eut d'autre choix que de le suivre. La salle commune des Serpentards était une pièce spacieuse en sous-sol. Du vert tapissait les murs, de même que les lanternes suspendues au plafond. Plusieurs canapés de couleur noire en cuir souple habillaient la pièce. Des élèves y étaient installés, penchés sur leurs devoirs ou en train de bavarder. C'était principalement des premières ou deuxièmes années qui n'avaient pas encore le droit de quitter le château ou de se rendre à Pré-au-Lard. Quelques élèves plus âgés occupaient également les lieux.

La plupart d'entre eux lui lançaient d'ailleurs des oeillades discrètes. Chez les Gryffondors, ses camarades l'auraient ouvertement dévisagée, ou se seraient même déplacés pour lui demander ce qu'elle cherchait. Les élèves se comportaient différemment ici. Ils feignaient l'indifférence, tout en observant les moindres faits et gestes de la jeune femme. Elle se demandait comment ils auraient réagi si elle n'avait pas été accompagnée. Tom, au contraire, ne semblait pas remarquer les regards de ses camarades de maison ou s'en fichait juste royalement. Il se dirigea vers un escalier aux fins fonds de la salle commune.

"Déjà de retour, Riddle ?" résonna une voix grave alors qu'ils longeaient l'un des canapés.

Le concerné se détourna vers le garçon qui l'avait interpellé. La brune ne fut pas très enthousiasmée de découvrir Ledo Avery confortablement installé sur son fauteuil. À ses côtés siégeaient Alphard Black, Primus Lestrange et Anthony Alba. Elle se rapprocha inconsciemment de Tom. Elle n'aimait pas vraiment cette clique. Ils l'étudiaient curieusement du regard et elle se demanda ce qu'ils pouvaient bien penser d'elle. Sans doute qu'elle était encore l'une de ces filles avec laquelle leur chef s'amusait. Le plus perturbant était la lueur d'envie qui s'animait au fond des yeux d'Avery, qu'il promenait sans gêne sur sa silhouette.

"Et en quoi cela te regarde t-il, Avery ?" Ces paroles prononcées d'un ton cinglant et autoritaire la firent presque frémir.

La note effrayante dans la voix du Serpentard n'avait semble t-il pas échappée à ses fidèles, qui tressaillirent tous à cette remarque.

"Bien sûr que ce ne sont pas mes affaires, excuse-moi," se hâta de répondre Avery avec une once de crainte. "J'étais juste curieux."

"Hmm." Il s'attarda un instant sur l'autre sorcier, qui semblait pâlir à la minute, puis articula d'une voix froide : "Tu ferais mieux de réfréner ta curiosité en ce qui me concerne."

"Oui, bien sûr," souffla t-il sans le regarder en face.

Son regard glaçant délaissa Avery, qui se remit à respirer normalement, et survola le groupe de garçons assis sur le sofa.

"Je besoin d'être seul dans le dortoir. Assurez-vous qu'on ne me dérange sous aucun prétexte."

Ce commentaire ne provoqua aucun sifflet admiratif de leur part, ce que tout groupe de garçons de cet âge aurait fait, si l'un d'entre eux avait annoncé qu'il voulait passer du temps avec sa petite-amie sans être dérangé. Cela prouvait à quel point le ténébreux les effrayait, songea t-elle. La bande de Serpentards se contenta d'hocher la tête avec obéissance.

Ne leur accordant pas plus d'attention, il reprit son chemin jusqu'à l'escalier et elle fut soulagée de laisser la salle commune derrière eux. Elle se méfiait de ses sous-fifres, ils lui donnaient la chair de poule. Comme les Serpentards en général. C'était peut être à cause des expériences assez déplaisantes qu'elle avait vécues avec eux par le passé. Son regard croisa celui qui marchait devant elle. Tom était d'ailleurs l'héritier du fondateur de cette maison, se souvint-elle. Mais elle n'avait pas peur de lui.

du moins, plus maintenant.

Arrivés en bas des marches, ils débouchèrent sur un corridor faiblement éclairé et entièrement taillé dans la roche. Elle supposait qu'ils se trouvaient si loin sous terre et dans les profondeurs de Poudlard, que les fondateurs de l'école avaient dû concevoir les pièces et les couloirs en creusant directement les souterrains en pierre.

Ils dépassèrent quelques portes, jusqu'à ce que son camarade ne s'arrête devant une porte en bois massif sombre. Il l'ouvrit et pénétra dans ce qui ressemblait à un dortoir, probablement celui des sixièmes années. D'un geste de baguette, il alluma les lampes vertes décorant le plafond et un feu crépitant se mit à ronronner dans l'âtre situé au fond de la pièce.

Hermione prit le temps de découvrir les lieux. Comme le couloir précédent, la pièce était façonnée dans la roche. Mais contrairement aux murs bruts et dégarnis de l'extérieur, ceux du dortoir étaient plus raffinés. Ils semblaient polis et réfléchissaient juste assez l'éclairage du plafond, créant une ambiance feutrée. Une tapisserie décorait ça et là les murs. L'une d'entre elles montrait un serpent géant qui ondulait lentement devant un paysage. Sur une autre, deux chevaliers en armure se livraient férocement bataille. Elle avança dans la pièce et remarqua l'épais tapis vert foncé qui recouvrait le sol, visiblement destiné à protéger les résidents contre la froideur de la roche.

Entre-temps, Tom s'était dirigé vers l'un des lits. Chaque lit était séparé par une cloison. À l'évidence, les Serpentards accordait plus d'importance à leur intimité que ce à quoi elle était habituée dans sa propre maison. Elle rejoignit le ténébreux de son côté du dortoir, où trônaient une petite étagère de livres et une armoire. Les serpents ne devaient pas non plus passer l'année scolaire à utiliser leur seule valise comme garde-robe, semblait-il.

À présent, son camarade remuait le contenu d'un tiroir. La brune s'installa sur le lit situé près d'un paravent richement ornementé et recouvert d'un édredon en velours vert sombre. Explorant du regard l'espace réservé à Tom, elle ne fut pas surprise de le découvrir parfaitement en ordre. Peut-être devrait-elle lui demander de ranger son coin du dortoir des Gryffondors ? Legifer lui ficherait peut être la paix lors de ses stupides inspections. Mais cette vieille pie trouverait sûrement quelque chose à redire, juste pour le plaisir de la jeter en retenue. Un motif fallacieux, comme le fait d'être trop imprévisible pour devenir une parfaite petite épouse. Cette pensée la fit glousser.

"Tu ne dois pas avoir si mal, si tu arrives encore à rire," s'éleva la voix mélodieuse du Serpentard.

Hermione le trouva debout en face d'elle, des flacons de potions dans les mains et le sourcil gracieusement relevé. Elle sourit. Ce qui arracha un soupir au sorcier. Il déposa ensuite les potions sur le chevet et s'assit près d'elle sur le lit. Il avança une main vers son visage et saisit son mention pour inspecter sa lèvre ensanglantée et sa mâchoire toujours lancinante. Elle vit ses yeux se plisser avec colère.

"J'aurais dû tuer ce bâtard," siffla t-il avec une animosité telle qu'elle en eut des frissons le long du dos.

Il conjura une compresse, avant de l'imbiber de potion et tamponner avec précaution les blessures sur son visage. Après quelques minutes passées à la soigner, il sembla satisfait de son travail et se débarrassa de la compresse d'un geste de baguette.

"Tu es aussi blessée au bras, je crois," déclara t-il doucement.

Elle acquiesça, avant d'ôter la robe de son uniforme, sous laquelle elle portait un chemisier bleu pâle. Alors que le tissu noir avait pu dissimuler le sang de la coupure sur son bras gauche, l'énorme tâche écarlate contrastait violemment avec la couleur pâle de sa blouse. Son chemisier était déchiré au niveau du coude, là où le sortilège l'avait touché. Le tissu autour de la coupure était maculé de sang, qui s'était répandu le long de son avant-bras et avait souillé le reste de sa manche.

Du coin de l'oeil, elle vit le ténébreux examiner sa blessure. "Cette coupure a l'air profonde, tu aurais dû me le dire."

Elle tourna son bras pour y jeter un œil à son tour. Une entaille d'environ dix centimètres de long s'étendait de son avant-bras à son coude. Elle était profonde, en effet, mais la Gryffondor en avait vu d'autres. Et des plus graves.

"Non, ce n'est pas si profond," fit-elle en souriant. "Regarde." Elle plia son bras. "Il est toujours attaché au corps."

Tom poussa un nouveau soupir exaspéré. "Cesse de faire l'idiote !" la sermonna t-il en saisissant son poignet pour l'empêcher de faire des moulinets avec.

Il agita sa baguette, faisant disparaître la manche de sa blouse. Il se mit à nettoyer délicatement le sang avec une nouvelle compresse, puis appliqua quelques gouttes de potion sur sa coupure. Ça brûlait horriblement mais elle serra les dents. Il conjura ensuite un bandage qui vint s'enrouler autour de sa blessure.

"Je pense que tu devrais quand même aller à l'infirmerie," insista t-il en s'assurant que le pansement ne fût pas trop serré. "Ou il pourrait y avoir une cicatrice."

Elle haussa des épaules. "Ce ne serait pas la première."

"Inutile d'en rajouter alors," rétorqua t-il sévèrement. Il saisit de nouveau sa baguette. "Tu as été touchée par un sort inconnu ?"

Avec un hochement de tête, elle répondit à voix basse : "Deux fois."

Il l'observa longuement et elle put voir ses yeux se teinter d'un violent éclat rougeâtre. Ses doigts se crispèrent sur sa baguette, alors que les premiers signes de son aura oppressante se faisaient ressentir autour de lui.

"J'aurais vraiment dû tuer ce bâtard," articula t-il froidement.

Il inspira à fond pour se ressaisir et la pression de sa magie noire s'évanouit aussitôt.

"Bien, laisse-moi vérifier si ces sortilèges ont fait des dégâts." Ses prunelles grises avaient recouvert leurs douces nuances, constata t-elle avec soulagement.

Il plaça une main au-dessus de sa poitrine et de l'autre, décrivit une série de mouvements complexes de sa baguette en récitant une incantation qu'elle n'avait jamais entendue auparavant. Une sensation de chaleur commença à se dégager de sa main, avant de se répandre à travers sa poitrine et réchauffer agréablement son corps. Au bout de quelques instants, il retira sa main.

"Je crois qu'il n'y a rien de sérieux," conclut-il. "Mais je ne suis pas guérisseur, tu devrais –"

"– aller à l'infirmerie, je sais," termina t-elle à sa place. "Mais ça n'arrivera pas."

Une ombre voila le regard du ténébreux et son air noir la fit encore un peu culpabiliser. Il s'était vraiment fait du souci et voilà qu'elle se moquait de lui. Elle s'avança sur la couette et l'enlaça par les épaules.

"Ne t'en fais pas," fit-elle d'une voix douce en croisant son regard. "Je vais bien."

Il continua à la fixer sombrement, un pli entre les sourcils. Mais elle ne s'en formalisa pas, décelant la douceur qui émanait de ses beaux yeux gris.

Tom faufila deux bras autour de sa taille et l'attira contre lui. "Tu m'en diras tant..." murmura t-il en frôlant ses lèvres, le visage penché sur le sien. Puis il l'embrassa. Hermione ferma les yeux en se délectant de son tendre baiser.

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"Qu'est-ce qu'on fait ?" demanda Londubat, frustré. "Il a pu l'emmener Merlin sait où."

Weasley et lui arpentaient en ce moment un couloir dans les cachots, proche de la salle des Potions. Après avoir surpris Riddle en train de malmener Hermione à Pré-au-Lard, ils s'étaient mis à sa recherche. Ils l'avaient d'abord attendue dans leur salle commune en revenant à Poudlard, mais elle ne s'était pas montrée. Puis, le blond avait perdu patience et insisté pour aller la retrouver. À présent, ils essayaient de localiser la salle commune des Serpentards. Riddle était un vil serpent, après tout, donc Londubat en déduit qu'il avait dû traîner sa camarade dans sa tanière. Mais repérer l'entrée était plus facile à dire qu'à faire. Les cachots formaient un labyrinthe de corridors confus et interminables. Les deux Gryffondors ne savaient même pas à quoi ressemblait l'entrée de la salle commune. Ils s'attendaient donc à découvrir un grand portrait de Salazar Serpentard ou une statue de serpent. Mais sans succès jusqu'ici.

"J'en sais rien, Marc," répondit le roux. "Mais tout ça est inutile. On ne trouvera jamais l'entrée. On ne sait même pas si Hermione est là."

"Je sais !" s'énerva Londubat. "Je vais le tuer, ce bâtard !"

"Retournons à la salle commune," suggéra t-il en tentant de calmer son ami. "Je suis sûr qu'elle finira par rentrer."

"Ouais," consentit l'autre garçon d'un air morose. "Si Riddle ne l'a pas assassinée avant."

Ils tournèrent à l'angle du prochain couloir et tombèrent nez à nez avec un groupe de Serpentards.

"Oh, qu'avons-nous là ?" siffla l'un des garçons.

Le blond se raidit d'emblée en le reconnaissant. Il s'agissait du capitaine de l'équipe de Quidditch des Serpentards, Ledo Avery.

"Regardez-moi ça," poursuivit ce dernier d'un ton dédaigneux. "Deux pauvres bébés Griffons dans les cachots. Quel honneur."

Cette remarque fit rire le reste de la bande.

"La ferme, Avery," l'envoya promener Londubat.

"Surveille tes manières," grogna t-il, avant d'ajouter avec arrogance : "Que fais-tu là, de toute façon ?" Ses yeux scintillèrent avec malice. "Ah, je sais. Tu cherches ta petite copine."

Il se crispa, avant de s'exclamer : "Hermione ? Où est-ce qu'elle est ?"

Le sombre rictus s'agrandit sur le visage d'Avery.

"Ben, il se trouve que je sais où elle est," le nargua t-il méchamment. "Dans le dortoir des Serpentards. Seule avec Riddle." Il observa avec amusement l'autre sorcier blêmir. "Mais à l'heure où je te parle, je ne sais vraiment pas ce qu'il est en train de lui faire," finit-il avec un clin d'oeil suggestif pour le blond.

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Dans la soirée, Tom raccompagna la Gryffondor à sa salle commune. Elle lui avait assuré que cela n'était pas nécessaire mais de toute évidence, il se sentait le besoin de la surprotéger après l'incident de cet après-midi à Pré-au-Lard. Cela ne la dérangeait pas, au contraire, elle aimait le contact de son bras rassurant qui entourait sa taille et la chaleur de son corps près du sien.

Ils empruntaient un nouveau couloir lorsque le Serpentard demanda : "Maintenant, est-ce que je peux voir le livre ?"

Hermione darda un œil vers lui. "Non," répondit-elle doucement.

Son camarade lui lança un regard irrité. Bien qu'il semblait plus frustré que réellement en colère.

Il pesta contre elle. "Pourquoi ?"

"Parce que c'est mon livre," rétorqua t-elle fermement.

Il la scruta une minute, pendant laquelle la brune se demanda s'il allait craquer. Contre toute attente, il déclara d'un ton relativement calme : "Techniquement, c'est le livre de Flamel."

Elle détourna les yeux, avant de contrer d'une petite voix : "Techniquement, c'est celui de Dumbledore."

N'entendant venir aucune riposte de sa part, elle le regarda avec hésitation et fut surprise de découvrir le rictus malveillant ornant le coin de sa bouche.

"Tu as volé un livre à Dumbledore ?" jubila t-il. "Je dois dire que ça me plaît beaucoup."

Elle fronça les sourcils. Parfois, il se comportait vraiment étrangement.

Entre-temps, ils avaient bientôt atteint le portrait de la Grosse Dame qui se faisait voir au loin. Tom glissa soudain son autre bras autour de sa taille et se pressa contre elle. Il se pencha vers son oreille pour lui souffler chaudement :

"Laisse-moi voir ce livre."

"Non," chuchota t-elle, distraite par le corps du ténébreux pressé si intimement contre le sien et la main qui caressait son dos.

Il se pencha davantage, si bien qu'elle sentit presque ses lèvres effleurer sa peau, alors qu'il articulait d'un ton bas et envoûtant : "Allez. Rien qu'un coup d'oeil."

Hermione frissonna en le sentant embrasser sa joue. Puis, cheminant plus bas, sa bouche mordilla sensuellement sa gorge alors qu'il la gardait prisonnière entre ses bras. Elle fit remonter ses mains dans son dos, agrippant fermement le tissu de son uniforme noir entre ses doigts.

"Tu sais de toute façon que je finirai par gagner," lui susurra t-il au creux de l'oreille, dont il se mit également à mordiller le lobe.

La main dans son dos glissa jusqu'au bord de son chemisier, puis se faufila en-dessous. Elle le sentit lentement caresser son ventre du bout des doigts.

"Non, Tom," articula t-elle, bien que son esprit ne fonctionnait plus qu'au ralenti, espérant juste qu'il continue.

Le Serpentard sembla deviner ses pensées sans même avoir à les sonder, et poursuivit ses caresses. Ses doigts étaient électrisants au contact de sa peau nue, laissant derrière eux d'agréables picotements. L'autre main de Tom inclinait légèrement sa tête de côté, afin qu'il puisse parsemer son cou de baisers. Elle ferma les yeux, se laissant submerger par ces sensations divines.

"Montre-le moi," ordonna t-il dans un murmure séducteur.

Oui, pensa t-elle, désorientée. Pourquoi ne pas lui montrer ce fichu bouquin ? Ensuite, ils pourraient continuer leurs activités beaucoup plus plaisantes. Elle se gifla mentalement à cette pensée.

Lui montrer le livre ? Par Merlin, reprends-toi, Granger !

Elle plaça deux mains sur son torse et répondit d'une voix légèrement haletante, mais non moins ferme : "J'ai dit, non."

Tout à coup, une voix coléreuse s'écria dans leur dos : "Tu l'as entendue, sale bâtard ! Lâche-la !"

Le ténébreux se redressa, avant de se retourner vers l'auteur du hurlement. Il enlaça tout de même Hermione par la taille pour la rapprocher de lui. Comme son camarade avait bougé, elle put apercevoir la personne debout vers l'entrée de la salle commune des Gryffondors. C'était Londubat. Son visage s'était empourpré de colère, adressant une grimace haineuse à l'intention de Tom.

"Je t'ai dit de la lâcher !" gronda t-il encore.

Elle eut un froncement de sourcils. Que se passait-il ici ? Elle échangea un regard confus entre le blond et lui mais le Serpentard ne lui fut d'aucune aide, puisque son masque d'indifférence avait repris place. Il arborait même un air las en considérant l'autre sorcier. Même si, remarqua t-elle, un petit sourire narquois dansait sur ses lèvres.

"Londubat, quel manque de politesse," le réprimanda t-il avec condescendance. "Ne vois-tu pas que je suis occupé ? Si grossier, pas étonnant pour un Gryffondor."

Cette réplique ne fit qu'accentuer la grimace furieuse du blond, de plus en plus rouge. Il en avait même les mains frémissantes.

"Enlève tes sales pattes d'Hermione, espèce de monstre !"

Elle sentit le ténébreux se tendre imperceptiblement à ces mots et vit ses yeux se rétrécir. Le rictus moqueur délaissa son visage, remplacé par un éclat sombre et froid dans le regard qu'il posa sur Londubat.

"Fais attention," lâcha t-il. Sa voix semblait calme mais la menace demeurait claire dans ses propos. "Tu n'as pas envie de m'insulter."

Le blond dégaina sa baguette. En conséquence, l'aura de magie noire enveloppant son camarade s'intensifia de façon alarmante. Elle devait intervenir maintenant, au risque de voir Londubat atterrir à l'hôpital. Alors, elle tendit une main et pressa le bras de son compagnon. Le concerné ne réagit pas et continua à fixer sinistrement le Gryffondor.

"Tom," murmura t-elle en tentant de l'apaiser.

Lentement, il tourna la tête, plantant sur elle des yeux durs comme l'acier.

"Calme-toi," fit-elle avec un regard implorant.

Ses prunelles grises débordantes de haine dévièrent furtivement vers Londubat, avant de se reporter sur elle. La brune fut soulagée de voir leur fureur brûlante s'atténuer à mesure qu'il la contemplait.

Lorsqu'il s'inclina vers son oreille, son murmure fut glacé. "La prochaine fois, tu ne pourras pas m'arrêter."

Puis il s'écarta. Avec un dernier regard mauvais en direction du blond, il tourna les talons et s'éloigna dans le couloir. Hermione regarda son dos battre en retraite, contente d'avoir pu l'empêcher de commettre un acte regrettable.

... du moins, regrettable pour elle.

Avec un soupir de fatigue, elle rejoignit l'entrée de sa salle commune. C'était vraiment son jour. Dans un même temps, Londubat avait rangé sa baguette et ouvert le passage pour elle. La jeune femme lui lança une oeillade. Il n'était plus en colère et la dévisageait désormais d'un air inquiet.

Que lui arrivait-il ? Depuis quand avait-il cessé de lui faire la tête ? Cela faisait des semaines qu'il ne lui adressait plus la parole sans être méprisant. Il ne l'avait quand même pas vu combattre ces hommes en noir ? soupçonna t-elle, paniquée. Non, c'était impossible. L'arrière-cour avait été encerclée par un champ de protection magique. Alors que ses pensées la ramenaient vers l'altercation de cet après-midi, elle se souvint de l'emblème brodé sur la cape noire du leader de ses assaillants. Elle le connaissait bien...

"Assieds-toi, Hermione." La voix de Londubat l'arracha à ses songes.

Sans s'en rendre compte, elle était arrivée devant l'un des canapés de la salle commune. Lupin et Weasley y siégeaient déjà. Elle fut perplexe de découvrir leurs mines soucieuses tournées vers elle. La brune s'installa. Elle se sentait fatiguée et la coupure sur son bras était encore douloureuse, malgré les soins prodigués par Tom. Le blond prit place sur la chaise d'en face, avant de sortir sa baguette.

"Muffliato," fit-il en l'agitant.

Aussitôt, le volume des conversations ambiantes diminua considérablement, transformé en bourdonnement étouffé.

"Contente de voir que tu maîtrises enfin le sortilège," fit-elle remarquer en souriant.

Cela dit, sourire ne fut pas une très bonne idée car sa lèvre blessée la faisait encore souffrir. Elle frémit et toucha délicatement sa mâchoire endolorie, provoquant le froncement de sourcils de Londubat.

Puis Lupin demanda avec douceur : "Hermione, comment t'es-tu fait ce bleu ?"

"Quoi ?" souffla t-elle en se tournant vers lui. L'inquiétude se lisait toujours sur ses traits.

Ils n'étaient sûrement pas au courant de son agression ? Cela engendrerait une série de questions dérangeantes. Questions auxquelles elle ne pourrait répondre. Tom et ses interrogatoires sans fin lui suffisaient amplement. Elle remua un peu sur son siège, ne sachant trop quoi leur dire, et se retint de sursauter en sentant une main chaude presser son avant-bras.

"Qui t'a frappé ?" s'enquit encore Lupin.

La Gryffondor scruta la main voulue réconfortante de son ami, puis son visage. Que pouvait-elle bien lui répondre ? Qu'une bande de fous sorciers noirs avaient voulu la tuer ? Cela refroidirait drôlement l'ambiance. En supposant qu'ils la croient.

"Que... que veux-tu dire ?" bafouilla t-elle.

"Tu peux nous le dire," ajouta calmement le roux, dont le regard semblait aussi préoccupé.

Londubat s'interposa brusquement : "On le sait. Inutile de le cacher plus longtemps."

Elle cessa soudain de respirer. Comment savaient-ils ?

"C'était Riddle !" grogna t-il furieusement.

Les yeux de la brune s'écarquillèrent de consternation.

"De quoi parles-tu ?" finit-elle par demander, confuse.

Il se pencha à peine sur sa chaise pour la dévisager...

...avec pitié ?

"On t'a vu à Pré-au-Lard, aujourd'hui. Avec Riddle." Du coin de l'oeil, elle vit Weasley hocher tristement la tête. "Ce bâtard te traite comme une moins que rien. Et maintenant, il te frappe."

Hermione ne répondit pas tout de suite, essayant de comprendre où il voulait en venir. Ses yeux s'aventurèrent vers les garçons assis près d'elle qui l'observaient tous deux d'un air grave.

Pourquoi pensaient-ils que Tom l'avait battue ? Elle se remémora sa journée au village, hormis l'incident très désagréable qu'elle avait subi. Weasley et Londubat l'avaient croisée en coup de vent sur le chemin du retour... et soudain, elle comprit. Ils avaient certainement dû assister à sa dispute avec le Serpentard. Ce dernier s'était montré particulièrement intimidant. Raison pour laquelle ils le croyaient responsable de son état. C'était ridicule.

"Non, il ne m'a pas frappée," affirma t-elle d'un ton ferme.

Le blond eut un regard dubitatif.

"Alors qui est-ce ? Si ce n'est pas Riddle ?"

"Heu... c'était..." bredouilla t-elle, incapable de trouver une excuse potable.

Dans quel pétrin s'était-elle encore fourrée ? Elle ne voulait pas leur faire croire que c'était Tom mais en même temps, elle ne pouvait leur avouer la vérité.

"Hermione, tu devrais vraiment le quitter," fit Londubat d'une voix compatissante.

"Non !" s'exclama t-elle à la hâte. "Ecoute, ce n'était pas lui, okay ?"

"On sait que tu l'aimes bien," renchérit le roux. "Mais il n'a pas le droit de te traiter comme ça."

"Pas besoin de nier. C'est clair comme de l'eau de roche. Ce sale con te maltraite," siffla le blond. Puis ses yeux se radoucirent. "Est-ce qu'il te force aussi à faire autre chose ?"

Cette question lui soutira une moue indignée. "Qu'est-ce que tu racontes ?"

"Est-ce qu'il t'oblige à satisfaire ses pulsions ?"

Hermione le fixa, scandalisée. "Non, mais ça va bien ? Il ne ferait jamais une chose pareille."

Elle passa une main nerveuse dans sa chevelure. Elle en aurait presque ri, si la situation n'avait pas été aussi critique.

"Ecoutez," déclara t-elle fermement en croisant leur regard à tour de rôle. "Tom ne m'a rien fait. Je ne peux pas vous dire qui m'a attaqué. Mais faites-moi confiance. Je vous assure qu'il est innocent."

Elle pouvait le voir à leur expression. Ils ne croyaient pas un seul mot de ce qu'elle racontait. Bon sang que c'était frustrant !

Sauf qu'à présent, elle était trop épuisée pour laisser cette conversation s'éterniser. Les paupières closes, elle se pinça l'arrête du nez. "On en discutera une autre fois. Je suis fatiguée."

Elle quitta alors le sofa pour rejoindre l'escalier grimpant vers son dortoir, sentant presque les yeux tourmentés de ses amis la suivre jusqu'à ce qu'elle disparaisse.

D'un côté, c'était agréable de voir les trois garçons se préoccuper autant d'elle. Londubat avait abandonné son attitude hostile envers elle et cela signifiait beaucoup. Il l'aimait bien, finalement. Il voulait même la protéger. Mais dans ces circonstances, c'était juste agaçant. Sa main caressa encore l'hématome sur sa joue. Comme si le ténébreux ferait jamais une chose pareille, songea t-elle incrédule. Ceci étant, elle comprenait pourquoi ils le soupçonnaient de la maltraiter. L'héritier de Serpentard était caractériel et pouvait se montrer extrêmement effrayant.

Étendue sur son lit, Hermione n'avait pas pris la peine de se changer ou de fermer les rideaux. Son esprit délaissa les trois Gryffondors assis dans la salle commune, sûrement en pleine discussion sur sa relation abusive avec Tom. Ses pensées s'égarèrent vers l'incident à Pré-au-Lard. Vers ces hommes encapuchonnés de noir. Comment avaient-ils réussi à retrouver sa trace ? Elle les avaient seulement croisé le jour du cambriolage de l'appartement de Flamel. À ce moment là, ils n'avaient eu aucun moyen de connaître son identité. Ils avaient été aussi surpris qu'elle de la trouver sur les lieux.

Quelques semaines plus tard, voilà qu'ils semblaient en savoir beaucoup plus sur elle. Et c'en était terrifiant. Leur leader l'avait appelée par son nom. La brune se demanda comment ils avaient pu débusquer des informations sur elle. Elle n'appartenait même pas à cette époque. Par conséquent, il n'y avait quasiment aucune preuve de son existence. Ces hommes l'avaient néanmoins retrouvée. Ils avaient même su qu'elle visiterait Pré-au-Lard aujourd'hui et lui avaient tendu un piège.

La jeune femme roula sur le côté, serrant contre elle son coussin rouge et or.

L'autre fait alarmant était la force impressionnante de ces sorciers. Ils avaient l'air bien entraînés. Ce n'était pas tant la puissance magique de chacun d'entre eux qui l'effrayait, mais leur façon de travailler en équipe. Ils avaient été très organisés avec un meneur en première ligne. Tout cela indiquait qu'ils n'étaient pas juste une bande de petits malfrats. Ils ressemblaient davantage à un groupe de soldats expérimentés. Elle préféra ne pas penser à ce qui serait arrivé, si Tom n'était pas intervenu à temps.

Mais une question essentielle demeurait. Qui étaient-ils ?

Lorsque leur chef l'avait agrippée et violemment plaquée au mur, elle avait pu distinguer le blason qui ornait sa cape noire. Le triangle pour la cape d'invisibilité, le cercle pour la pierre de résurrection et la ligne verticale qui traversait le cercle, pour la baguette de Sureau. Ensemble, ils formaient le symbole des Reliques de la Mort. Et aussi...

Hermione se blottit davantage contre son coussin.

Le symbole de Grindelwald.

.&.

TBC


Bonjour, bonsoir !

Enfin! Je ne voyais plus la fin de ce long chapitre. J'espère que vous avez passé un agréable moment de lecture :)

Je remercie Isabella-57, toujours fidèle au poste et à qui je dédicace donc ce chapitre. Un immense merci pour ton éternel soutien Isa! Merci également à Wendy11 qui a pris le temps de me laisser un commentaire. N'oubliez pas de passer par la case review, cela fait toujours plaisir de savoir que cette histoire vous intéresse encore et m'encourage à mettre les bouchées doubles ;)

À la prochaine !