Titre: Apprivoiser la Bête
Genre: Romance (plus ou moins, disons une première rencontre), tranche de vie.
Rating: T pour un juron (difficile de faire autrement avec Shizu-chan)
Personnages: Shizuo et Mikado, mention de Masaomi, Anri, et Izaya.
Résumé: Mikado est surpris par la pluie; celle-ci l'amènera à apprivoiser la bête la plus sauvage d'Ikebukuro.
Note: Voici un recueil d'OS sur le thème de la pluie, intitulé Après le beau temps vient la pluie. Y apparaîtront toutes sortes de personnages et/ou de pairings (surement une grande majorité de yaoi, bien que certains hétéro devraient trouver leur place). J'essaierai différents style d'écriture aussi, ainsi que différents sous-thèmes. Le lien sera évidemment la pluie, mais sinon il faut considérer ces histoires indépendamment les unes des autres. Je préciserai à chaque texte le résumé et les personnages impliqués (en fait vous aurez la même présentation).
Important : le rating changera selon les textes, allant de K ou K+ à M. Il n'y aura pas de lemon à proprement parler (donc Momo, tu pourras tout lire, t'inquiète ^^'), mais certaines évocations dans certains textes. Rien de bien grave, juste, j'aime mieux prévenir que guérir. Voilà! ^^
Dédicace: À Moïra-chan, qui m'a énormément aidé pour ce premier texte. C'est grâce à elle que vous avez un Mikado IC, elle mérite des applaudissements! ^^ Sinon, c'est super de trouver quelqu'un qui partage la même passion que moi pour la pluie. Il faudrait qu'on se rencontre sous un orage, ce serait vachement bien! (ou l'art de dire n'importe quoi -_-') En espérant que tu aimeras aussi les prochains OS!
Bonne lecture!
Je déteste la pluie. C'est beau quand on est à l'intérieur et qu'on regarde ça, on se dit «c'est fou, c'est beau, c'est magique!», mais quand on est en-dessous et que ça s'infiltre partout sur soi, que ça mouille toutes nos affaires, que ça nous fait une coiffure pas possible, que ça nous donne froid aussi, dans ces cas-là on se dit qu'on aimerait mieux avoir un toit au-dessus de notre tête.
Je reviens du lycée; Masaomi m'a laissé en chemin, Sonohara-san s'est séparée de moi à l'endroit habituel. Malgré le ciel incertain, j'ai décidé d'errer un peu, pour aucune raison. La pluie s'est mise à tomber, d'abord quelques gouttes perfides sont tombées sur mes cheveux, après j'ai levé la tête et une est tombée dans mon œil, le temps de me remettre ça tombait complètement sur moi, on aurait dit une chaudière d'eau qu'on aurait vidée. J'ai couru, cherchant un abri.
J'ai atteint la devanture d'une boutique et m'y suis appuyé. J'observe la pluie tomber en me disant que je vais être malade et que mes livres vont être foutus, sans compter mon portable que je m'empresse d'ouvrir pour vérifier qu'il est encore en bon état. Je soupire de soulagement quand je vois l'écran s'allumer. Je n'ose pas vérifier mes livres, de peur de les mouiller encore plus.
La pluie tombe et tombe et tombe, on dirait qu'elle est sans fin. Je n'ai rien de prévu pour plus tard, mais je n'aime pas être bloqué ici non plus. Sans compter que quelques gouttes tombent sur mes jambes, à cause du vent.
- Putain!
Un homme prend place à mes côtés. Ses cheveux blonds sont humides, son habit de barman complètement détrempé. Il murmure jurons par-dessus jurons en cherchant quelque chose dans ses poches. Il trouve finalement un paquet de cigarettes, tente d'en sortir une avant de réaliser qu'elles sont complètement foutues. Il jure encore plus fort et lance le paquet loin, avant de commencer à taper du pied en regardant la pluie.
Il se tourne enfin vers moi et me lance un regard accusateur. Heiwajima Shizuo. Est-ce que je l'ai fâché en le fixant? Je déglutis tout en supportant son regard, avec une bravoure que je ne croyais pas avoir – soyons sincère, j'ai surtout trop peur pour bouger. Il détourne finalement les yeux et les ferme en se pinçant le nez, dans le but de se calmer j'imagine.
Je ne dis rien et tourne mon regard sur la pluie qui tombe sans fin. Je déteste vraiment la pluie, l'odeur qu'elle laisse et qui me hérisse le nez. Tout est humide, tout est encombrant.
Sans le vouloir, j'éternue assez fort. Heiwajima-san tourne la tête vers moi. Je ne sais pas comment interpréter son regard, alors je me contente de m'excuser, en trébuchant dans mes mots :
- Dé-désolé, désolé, je m'excuse, je...
Il continue à me fixer sans rien dire, puis détourne enfin les yeux. Je soupire intérieurement et détourne moi aussi le regard. Je ne sais pas quoi dire, quoi faire. J'ai peur de le fâcher en faisant quelque chose, ou en ne faisant rien.
Au moins cinq minutes passent dans le silence total, hormis la pluie. Je déteste ce genre de situation : je n'ai pas le courage de dire quoi que ce soit, ni celui de me taire tout simplement. Je joue avec mes doigts tout en cherchant un échappatoire, mais je n'en trouve aucun.
- Je déteste la pluie.
Je le regarde : il se parle à lui-même. Il enchaine :
- Je suis tout trempé, ça bousille mes cigarettes, mes vêtements me collent à la peau. C'est dégoutant.
Je ne peux qu'approuver en hochant la tête. Il ne me regarde toujours pas.
- C'est aussi énervant que l'asticot!
Je pouffe nerveusement malgré moi, avant de m'attirer son regard noir. Je me racle la gorge, tente de reprendre contenance. Tout le monde connait sa haine pour Orihara-san, moi y compris. Je me demande, si jamais il le rencontrait un jour de pluie, comment il réagirait. L'idée m'apparait absolument cocasse et je ris encore une fois de nervosité. Heiwajima-san me prend tout de suite par l'encolure et me fixe; son regard est chargé de haine. Je tente de m'excuser :
- Désolé, je suis désolé, c'est juste que... Heiwajima-san, vous détestez vraiment la pluie!
Il penche légèrement la tête sur le côté, sans me lâcher. Je rajoute donc, en bégayant légèrement :
- M-moi aussi je la déteste!
Il me relâche enfin et je reprends mon souffle pendant qu'il s'accote de nouveau contre le mur. Il a encore le réflexe de fouiller ses poches et jure en se souvenant qu'il n'a plus de cigarettes. Je repère une machine distributrice pas trop loin et décide de me faire pardonner un peu plus.
Je cherche de la monnaie dans mes poches et fonce vers la machine. Je l'y insère tout en tentant vainement de lire les indications et choisis finalement un paquet au hasard. Je le prend et le mets en dessous de mon chandail, avant de courir de nouveau jusqu'à mon abri. Je le sors et constate qu'il n'est pas trop mal en point. Avec un petit sourire, je le tends à Heiwajima-san. Je remarque que ma main tremble légèrement. Est-ce qu'il va l'accepter?
Il reste interdit un moment, avant de finalement le prendre en hésitant. Il sort une cigarette, la porte à sa bouche et l'allume avec un briquet qui fonctionne encore. Il en prend une inspiration, expire en fermant les yeux. Je peux voir le contentement sur son visage.
Plusieurs gouttes de pluie plus tard, il me demande, si bas que je dois tendre l'oreille :
- Pourquoi?
Je le regarde : il n'a aucune expression particulière sur le visage, mais, je ne sais pas pourquoi, il me semble triste. Je me retourne vers la pluie et tente de répondre :
- Je... je sais pas, j'ai cru que... je me suis dit que je... enfin vous...
Mes mots se perdent dans ma gorge. Je ne sais pas quoi dire, je n'ai aucune justification. Le silence se poursuit, intenable. Je gesticule un peu, tente de trouver une justification adéquate, mais c'est le néant dans ma tête.
Pour sa part, Heiwajima-san n'ajoute rien et finit sa cigarette. Il l'écrase sur le sol et me demande, en me regardant cette fois :
- Ton nom?
Je baisse le regard et lui réponds avec gêne :
- R-Ryugamine Mikado.
Il commence à réciter comme pour lui-même mon nom de famille et se trompe après seulement trois ou quatre fois. Je ris un peu et il me fait encore un regard noir. Je m'arrête promptement. Il me demande enfin :
- Je peux t'appeler Mikado? Moins de troubles.
Je me sens rougir et hoche la tête, faute d'une meilleure réponse. Mon prénom est alors murmuré une bonne dizaine de fois, pendant qu'il met ses mains sur ses tempes et ferme les yeux. Il m'apparait extrêmement concentré. Autant de travail pour retenir un simple nom? Je souris malgré moi et me retiens surtout de rire; je ne veux pas finir écrasé contre le mur.
Il rouvre enfin ses yeux noisette et les plonge dans les miens pendant une seconde ou deux. Puis il lance, sur un ton anodin :
- J'essaierai de pas l'oublier.
Je hoche la tête, pas certain de savoir comment prendre la nouvelle. J'ai l'impression d'avoir apprivoisé une bête sauvage en lui donnant à manger. L'idée me fait sourire et je me retiens encore de rire. Je ne connaissais vraiment rien de Heiwajima-san avant aujourd'hui. En fait, je me rends compte que je n'ai pas vraiment peur de lui. C'est surprenant, mais c'est la vérité.
- Heiwajima-san, vous êtes beaucoup plus sympathique que je le croyais.
J'ai parlé sans le vouloir. Je rougis encore plus et attends un coup qui ne vient pas. Je tourne le regard pour surprendre ses pommettes très légèrement rosées. Il regarde encore le ciel, au travers de ses verres fumés qu'il n'a toujours pas enlevés. Il sourit, un tout petit peu. Je souris à mon tour. Il est vraiment différent de ce à quoi je m'attendais.
Je regarde la pluie qui tombe et soudain je me dis que ça serait bien si elle pouvait continuer comme ça.