Année 1988. Je viens alors d'avoir 7 ans. On ne se quitte plus Derek et moi. C'est fou ce que certaines personnes peuvent être attirantes. Je crois qu'on se séparera jamais. On a déjà des tonnes de projet pour le futur. Notre futur. Se louer un appartement dans le centre de la ville et aller dans la même fac pour ensuite essayer d'intégrer le même bureau. Ce serait la chose la plus géniale si on y arrivait. Mais je suis perplexe. On ne sait pas ce que nous apportera le futur. Si ça se trouve, on sera plus copains à la fin de la journée. Ca me fait un peu peur de penser à une chose pareille. Si on se dispute, chacun de nous deux se retrouvera de nouveau tout seul de son coté. Mais ça durera pas, j'en suis sûr. On est des gamins après tout. J'ai le regard perdu dans le vide, je pense au futur. Ma vie avec lui. J'entend une voix m'appeler mais je n'arrive pas à répondre, je le veux mais j'y arrive pas. Une main se pose sur mon épaule et me secoue. C'est Derek qui m'appelait alors. En fait, j'en sais trop rien. Et puis, j'en ai rien à faire. Je repense au moment où je l'ai rencontré. Je l'avais trouvé tellement gentil. Parce qu'il l'était sans doute. J'esquisse un petit sourire pour moi même. Il me regarde, se demandant à qui je peux bien sourire comme ça. Je regarde droit devant moi, essaie de repérer à qui ce sourire aurait pû être destiné. Mais je me rappelle bien vite qu'il n'aurait pû allé qu'à une seule personne. Derek. Je vois le personnel de cantine nous rappeler à l'ordre. Nous avons plus d'un quart d'heure de retard. Nous courons vers le batîment nous servant de restaurant.
Un peu plus de cinq ans ont passés depuis que je l'ai rencontrés et je n'arrive toujours pas à cerner l'état de ma relation avec lui. C'est un peu bizarre. Quand je suis avec lui, on s'amuse mais sans plus. Mais quand il n'est pas là, il me manque atrocement.
"- Eh, Spence, tu me fais quoi là ?"
Je ne savais pas en fait. Je décidais de lui répondre que je pensais à ma mère. Personne ne devait savoir que je pensais sans arrêt à lui. Même pas lui justement. Mais, que m'arrivai-il, bon sang ! Je commençais à penser que je devanais encore plus bizarre qu'avant et qu'un amour commençait à naître en moi mais je le reniais de toutes mes forces. J'étais déjà perçu comme un monstre dans mon entourage mais alors si j'aimais un garçon. Qu'allait devenir mes relations avec ma famille ? Comment évoluerait cette amour au cours des années ? Et si Derek me disait "non" alors que je lui demanderais d'être mon petit-ami, alors tout le monde serait au courant de mon penchants pour les hommes. J'avais trop peur de ce que cela engendrerait pour prendre ces sentiments au serieux.
