Et voilà le quatrième chapitre de ce petit recueil, avec notre dernier maraudeur. Le dernier à être resté en vie. Je ne dis rien de plus et vous laisse lire.


Remus Lupin aimait beaucoup cette Photo. Elle était sur sa table de nuit, chez lui, parce que lorsqu'il rentrait pendant les vacances, il pouvait toujours imaginer que ses amis étaient avec lui. Ces gens qui ne l'avait pas rejeté à cause de son « infirmité », qui l'avait soutenu et aimé.

Il se souvenait que, lorsqu'ils avaient appris pour « son léger problème de fourrure », comme disait James, ils avaient crié leur grands dieux qu'ils ne le laisseraient pas. Sirius avait même dit : « Vu la famille que je me trimbale, je pense que tu t'en sors mieux que moi, alors me fait pas cette tronche là ».

C'est pour cela que Remus avait mit la Photo près de son lit. Les deux mois qu'il devait passer loin d'eux était les pires de tous, parce qu'ils ne pouvaient être là pour le soutenir. Quand il descendait au sous-sol pour ne pas blesser ses parents lors de sa transformation, il prenait la Photo avec lui et la laissait sur le haut des escaliers. Dans l'esprit du loup, il pensait qu'une fois l'horreur passée, il pourrait les retrouver. Il imaginait l'énorme chien noir, grognant dans une fausse colère. Le cerf majestueux, près à lui mettre des coups avec ses bois pour l'empêchez de faire des bêtises. Et le petit rat, s'amusant à passer entre ses pattes et couinant d'un air triomphant parce que Remus ne pouvait pas l'attraper.

Oui, la Photo l'aidait dans ses heures sombres.

Mais durant les pires années de sa vie, il refusait de la regarder. Quand il avait appris la mort de Lily et James, il avait longuement pleurer sur le cadre. Quand il lu dans le journal que Peter avait été tué par Sirius, il avait emballé la Photo dans du papier journal et l'avait violemment rangée dans le fond d'un tiroir. Durant treize ans, il ne l'avait pas sortie. Treize années pendant lesquelles il l'avait presque oubliée. Seulement, Dumbledore était venu, lui avait offert un poste à Poudlard l'année même où Sirius s'évadait d'Azkaban. Remus avait hésité longuement, debout devant le meuble qui contenait son plus précieux, son plus douloureux souvenir.

Il avait pris le cadre et l'avait soigneusement empaqueté dans ses affaires. À Poudlard, dans son bureau professoral, il l'avait laissée dans un tiroir, sous quelques feuilles de papier. Jusqu'à ce que la Grosse Dame de la tour de Gryffondor se fasse attaquer par Sirius Black.

Sirius.

Il avait regardé son ancien ami qui riait, un bras autour des épaules de James, l'air de l'homme le plus heureux du monde. Mais il venait de lacérer le tableau du passage dans leur salle commune. Remus avait de nouveau fourré l'image sous un tas énorme de dossier, bien décidé à ne pas la ressortir. Mais il l'avait fait. Quand Ron avait été attaqué, dans le dortoir. Il avait regardé l'homme qu'il croyait connaître, retenant avec difficulté les larmes qui menaçaient de couler.

-Pourquoi ? Demanda-t-il tout bas. Aurais-tu vraiment tué ce garçon, Patmol ?

Et l'adolescent rieur ne lui était d'aucune aide. James, heureux, non plus. Et lui, qui souriait à côté d'un tueur. Avec fureur, il balança la Photo dans son tiroir. Il entendit le verre qui la protégeait qui se cassait en mille morceaux, mais il ferma le tiroir. Il fallait qu'il oublie qu'ils avaient été amis.

Et plus tard, encore, il s'était souvenu des moments heureux. Il tenait la carte entre ses mains fébriles, son cœur faisant de grands bonds joyeux dans sa poitrine. La carte du Maraudeur insultait Rogue. Il voyait leur quatre prénoms comme s'ils étaient tracés avec de l'or : Queudver, Lunard, Patmol et Cornedrue. Leur histoire, la preuve qu'ils avaient été amis et heureux, la preuve que Sirius avait été quelqu'un de bien, la preuve que James et Peter avait laissé un petit bout d'eux dans ce parchemin jauni. Il avait gardé la carte, suspicieux en entendant Harry Potter lui dire qu'il avait vu le nom de Peter Pettigrow. La carte ne mentait pas. La carte ne se trompait pas. En regardant la photo sortie de son cadre, ce soir là, il avait commencé à douté. Qu'était-il arrivé, cette nuit là ?

Pour la première fois, il regardait ses amis, pas les disparus. Il l'avait plus observé en quelques mois qu'en treize ans. Et puis, il y avait eu la nuit sous le Saule Cogneur, Sirius et Peter, la vérité dévoilée... Harry, face à Quedver. Remus avait eu l'impression que les Maraudeurs étaient à nouveau réunis, dans la cabane hurlante. Il était tellement heureux.

Quand il était rentré chez lui, après sa démission, il avait changé le cadre et l'avait remise sur sa table de nuit. Il évitait de regarder Peter parce que ses entrailles brûlaient de rage à chaque fois, mais elle était là quand même.

Remus avait pleuré dessus quand Sirius était passé derrière le voile. Il avait questionné ses amis pour savoir s'il ne faisait pas une erreur en épousant Tonks. Il l'avait fourré dans sa poche avant de partir pour Poudlard. Pour la bataille ultime. Sans trop savoir pourquoi, il pressentait qu'il y laisserait la vie. Peter était mort, il était le dernier Maraudeur. Tout devait se terminer au château, là où il avait été l'homme le plus heureux et le plus chanceux de la Terre.

Dans le parc de Poudlard, il s'était souvenu de toutes leurs balades nocturnes. Il sentait presque leur présence réconfortante auprès de lui.

« C'est bientôt fini » semblait-ils lui dire.

-Dora ! Hurla-t-il en la voyant se faire foudroyé de trois sorts simultanés.

Ses grands yeux écarquillés s'étaient tournés vers lui, interrogatifs. Il avait hurlé et avait tué deux des meurtriers de sa femme, de la mère de son enfant. Face au troisième, il supplia Harry de prendre soin de son fils.

-Avada Kedavra !

-Expelliarmus, cria machinalement Remus, imitant sans le vouloir celui à qui il confiait la vie de son petit garçon.

Mais il se sentit s'envoler. Son corps tombait à la renverse, sur la pelouse du parc déjà jonchée de cadavre. Mais lui, il s'envolait. Son corps retomba près de celui de Tonks. Il sentit le petit bout de papier glacé contre sa main. La Photo sortait un peu de sa poche, semblant vouloir s'en aller. Les Maraudeurs étaient finis. Pourquoi rester ?

Avec la mort de Remus, tout était fini. Ils ne se baladeraient plus jamais. Ils ne feront plus jamais de blagues puériles.

Mais peut-être allaient-ils se retrouver, tout là-haut.

La photo glissa de la poche de Remus Lupin.


N'hésitez pas à me donner votre avis, il compte énormément pour moi ! Merci donc à ceux qui me laisse de petits mots, je vous adore. Donc pour la première fois ici, je dis :

Fin.