Harry Potter appartient à J.K. Rowling. Cette histoire a pour auteur Aurette (vous la trouverez dans mes auteurs favoris), avec pour relecteurs Hebe GB, Dressagegrrrl et astopperindeath. Moi, je traduis, sans en tirer d'autre profit que les éventuels remerciements de mes éventuels lecteurs.

Faciliter le changement

Chapitre 1

Hermione Granger s'ennuyait. Ce n'était pas inhabituel, vu son métier, mais ce jour-là, tout lui semblait un peu plus banal que d'ordinaire. Sa première semaine de travail, elle avait organisé son bureau derrière le comptoir. Depuis, elle avait simplement dû déplacer les trombones de gauche à droite, pour optimiser son efficacité. Elle avait passé la deuxième semaine dans un tourbillon de sortilèges de nettoyage. Tergeo, Récurvite et Evanesco avaient été lancés dans tous les coins de la pièce – l'employé précédent, de toute évidence, avait été loin de montrer la moindre application. Elle avait consacré la troisième semaine à changer les couleurs de la moquette et des murs pour passer du gris industriel moisi à une palette plus chaude et plus agréable de nuances d'ambre et de taupe. Elle avait même transformé le vernis gris acier des bureaux en une imitation du grain du bois pour leur donner un peu plus d'âme. La quatrième semaine, elle avait poussé sur le côté l'unique armoire d'archives, et classé par ordre alphabétique les dossiers sur une bonne vingtaine d'années, ainsi que par ordre chronologique, pour faire bonne mesure. Ça lui avait permis de tuer quelques heures.

Au cours de la cinquième semaine, elle s'était mise à s'occuper des plantes. Un lierre à feuilles panachées et un ficus violoneux grimpaient, tombaient et se déployaient à travers tout le bureau; le ficus faisait un bruit apaisant et tranquillisant qui couvrait l'absence totale du léger bourdonnement d'activité qui aurait permis à Hermione de savoir qu'il y avait au moins un autre être vivant dans le bâtiment. Évidemment, il y avait en fait des centaines de personnes dans l'immeuble, mais les couches des sortilèges de Protection, de Mutisme, d'Impassibilité et tout autre en usage au ministère rendaient le petit bureau complètement hermétique au bruit lorsque la porte était fermée. Et le règlement stipulait que la porte devait être fermée en permanence.

Elle en était à présent à sa douzième semaine de travail, et avait déjà terminé le roman moldu à l'eau de rose qu'elle avait acheté à un étal de produits d'occasion dans la station de métro le matin même.

Ce n'était pas qu'elle ne faisait rien du tout. De temps à autre, quelqu'un passait sa porte. C'était juste que, eh bien, en trois mois, cinq personnes seulement avaient passé sa porte et trois d'entre elles n'étaient jamais revenues.

Sa pendule à coucou, laide à faire peur et achetée dans un bric-à-brac lors d'un accès de folie, lui signala qu'il était l'heure de déjeuner. Elle prit son châle, le posa sur ses épaules, attrapa la boîte de glace recyclée en boîte à déjeuner et se dirigea vers la cafétéria du ministère. Il était absolument hors de question qu'elle prît son repas à son bureau !


Cet après-midi-là lui apporta la plus grande excitation depuis qu'elle avait commencé ce travail – en dehors d'un malheureux incident à la cafétéria, impliquant son sandwich au jambon et un surplus de mayonnaise, qui lui avait donné l'air d'être une star du porno. Cet après-midi-là, il y eut deux personnes qui entrèrent dans son bureau.

La porte s'ouvrit d'un façon dramatique à très exactement deux heures et quinze minutes, et un homme de haute taille, tout dégingandé, s'avança dans un tourbillon de robes.

« Mr. Edgerton ! Quel plaisir de vous revoir ! Avez-vous une nouvelle potion à breveter ? Ou avez-vous fait des révisions à la dernière que vous avez présentée ? »

Elle s'empara précipitamment des deux blocs-notes qui contenaient les parchemins des formulaires adéquats, les plumes à encrage automatique déjà en place.

« Hélas, fit l'homme avec un grommellement de mépris, les idiots qui sont en place ont opposé un refus catégorique à ma dernière demande de brevet. Un fait qui m'a plongé dans le désespoir, car je sais que ma formule aurait pu épargner la souffrance à des malheureux sans nombre. Cependant, un bon théoricien ne perd jamais de temps : il faut toujours appliquer son esprit à de nouveaux projets. Aussi ai-je une nouvelle formule à soumettre. »

Hermione souleva un des blocs-notes et reposa l'autre à sa place dans le casier sous le comptoir.

« Et voilà, monsieur. Veuillez simplement remplir ce formulaire en vous installant au bureau là-bas, et vous recevrez un hibou pour vous informer de la date où vous devrez apporter un échantillon à tester.

– J'ai déjà noté les informations pertinentes sur ce parchemin, dit-il en brandissant un rouleau. Je me suis dit que, puisque vous êtes nouvelle, c'était probablement votre faute si quelque chose avait mal tourné la dernière fois. Soyez une gentille petite sorcière et envoyez ça comme c'est.

– Je suis désolée Mr. Edgerton, répondit Hermione en parvenant à conserver son expression d'Employé Aimable, mais un théoricien en potions aussi productif que vous ne peut manquer de savoir que rien ne peut être traité sans les formulaires adéquats du ministère. Allons, emportez donc ce parchemin au bureau contre le mur là-bas, et transférez les informations avec une variante du Gemino. »

L'arrogant sorcier lui arracha le bloc-notes des mains et tourna le dos au comptoir. Elle lui tira la langue aussitôt. Il venait à peine de s'asseoir lorsque la porte s'ouvrit à nouveau et que Severus Rogue apparut dans l'embrasure.

« Prof... euh... Mister... ah... Monsieur ! dit-elle sur un ton de surprise heureuse. Vous avez l'air d'aller bien ! Je me demandais si je vous verrais ici un jour. »

Il s'arrêta et cligna des yeux, un pied dans le bureau et un pied encore dehors. Il regarda autour de lui, confus, observant tous les changements qu'elle avait faits, puis reporta son regard sur elle.

« Miss Granger ? Est-ce que c'est encore le Bureau des Demandes de Brevet pour les Potions ?

– Oui, monsieur, dit-elle d'une voix brillante.

– Mais alors, qu'est-ce que vous faites donc là, bon sang ? demanda-t-il enfin en entrant dans la pièce et en fermant la porte derrière lui.

– Je travaille ici », répondit-elle.

Il fit encore une fois le tour de la pièce du regard, et s'attarda sur l'unique armoire d'archives.

« Pourquoi ? l'interrogea-t-il d'une voix qui exprimait irritation et confusion.

– Le népotisme, monsieur, répliqua-t-elle avec un sourire insolent. Vous voyez, avec mes relations familiales, c'est passé tout seul pour me trouver un poste au ministère et commencer ma montée sur l'échelle du pouvoir afin que je puisse laisser ma marque dans le monde. Et me voici, conclut-elle en indiquant d'un geste le minuscule bureau, Reine de Tout Ce Que Je Vois.

– Très drôle, répondit-il en fronçant les sourcils mais avec un petit mouvement de la commissure des lèvres. Allons, sérieusement, Miss Granger, c'est le mieux qu'ils vous aient offert ?

– Ouaip, dit-elle en articulant le p d'un ton définitif.

– Je suppose, déclara-t-il après une sorte de sourire et avec un air de mépris triomphal dans l'expression, que ce serait trop demander que Mr. Potter soit en charge des Commandes de Parchemin et Mr. Weasley en train de remplir les ordres pour faire balayer et nettoyer le bureau de Kingsley tous les jours à trois heures pile ?

– Je suis sûre que ça rendrait votre journée vraiment bien plus agréable si c'était le cas, répondit Hermione en riant. Non, Harry et Ron sont partis poursuivre leur rêve de jouer pour les Canons de Chudley. On n'a pas besoin de résultats aux ASPIC pour jouer au Quidditch. En fait, je ne suis pas certaine qu'on ait seulement besoin d'un cerveau.

– Qu'est-ce que vous voulez dire, demanda-t-il tandis que le mépris laissait de nouveau la place à la confusion, à propos des résultats aux ASPIC ?

– Nous n'avons jamais passé nos ASPIC, expliqua-t-elle.

– Et c'est pour ça que vous êtes ici ? insista-t-il alors que ses sourcils atteignaient des hauteurs inédites. Mais pourquoi donc n'avez-vous jamais passé vos ASPIC, Miss Granger ? »

Il l'observait comme si elle était particulièrement bouchée et elle s'en trouva amusée plus que sur la défensive. Il y avait quelque chose de tellement normal à constater que le professeur Rogue la regardait comme si elle était idiote.

« À l'époque, j'étais un peu trop occupée à courir après les Horcruxes et à être torturée par les Lestrange. Au moment où je me suis enfin rendu compte que la guerre était finie et que je pouvais retourner à l'école, la vie avait continué et l'école aussi était finie.

« Maintenant, dit-elle en changeant de sujet et en soulevant un bloc-notes, êtes-vous venu remplir une première demande de brevet ? Ou s'agit-il de l'amélioration d'un brevet déjà déposé ?

– Première demande, répondit-il sèchement en lui prenant le bloc-notes des mains avant de lui lancer un autre regard désapprobateur. Miss Granger, êtes-vous en train de me dire que personne ne vous a proposé de passer vos ASPIC après la guerre ?

– Je vous en prie, monsieur, répondit Hermione dont le sourire avait légèrement flanché. Je suis sûre que cela vous amuse au plus haut point de voir que l'insupportable mademoiselle Je-sais-tout a finalement eu ce qu'elle méritait, mais je dois vous demander de ne pas trop retourner le couteau dans la plaie. Je pourrais finir par regretter de vous avoir envoyé toutes ces cartes de convalescence, ajouta-t-elle en lui donnant une légère tape sur la main qui s'agrippait encore au bloc-notes pour lui faire savoir qu'elle comprenait qu'il fût amusé mais que la plaisanterie avait assez duré. Prenez votre petite vengeance et allez remplir votre formulaire. »

Il fronça les sourcils puis s'éloigna du comptoir pour aller s'asseoir au bureau le plus éloigné de celui de Mr. Edgerton.

Hermione donna des petits coups de baguette sur la bouilloire dissimulée sous le comptoir, sortit des formulaires neufs et les prépara pour pouvoir les mettre en place sur les blocs-notes dès qu'ils seraient à nouveau libres.

Mr. Edgerton se leva et revint au comptoir.

« Et voilà. Un totale perte de mon temps, si vous voulez mon avis. Vous auriez pu vous contenter d'attacher les informations que j'avais préparées au formulaire et envoyer ça comme ça.

– Je suis sûre que votre potion est importante et que ce serait une terrible perte si elle devait disparaître à cause d'une erreur administrative, monsieur. J'apprécie vraiment le temps que vous avez pris pour remplir le bon formulaire.

– De fait, répondit Mr. Edgerton en bombant le torse, il s'agit effectivement une potion plutôt avancée, et nécessaire, en plus de cela. J'ai développé une solution pour dissoudre le chewing-gum moldu coincé dans les cheveux. »

Elle le fixa un moment puis jeta un coup d'œil à Rogue, dont la tête s'était brusquement relevée et qui regardait Mr. Edgerton comme s'il venait de lui pousser des cornes. Ils partagèrent un bref éclair d'incrédulité avant qu'elle ne tournât à nouveau son attention vers le sorcier devant son comptoir.

« Vous avez fait du beurre de cacahuète ? demanda-t-elle.

– Je vous demande pardon ?

– Du beurre de cacahuète. Ça enlève le chewing-gum des cheveux.

– Mais qu'est-ce que c'est donc que le « beurre de cacahuète », bon sang ?

– Vous savez quoi ? Ça n'a aucune importance pour le moment. Ce qui est important, c'est de remplir toute cette paperasse, n'est-ce pas ? Laissez-moi m'en occuper. Je suis sûre que vous recevrez une réponse du Comité des Demandes de Brevet d'ici quelques semaines. Je vous enverrai une lettre pour vous informer du moment où ils voudront un échantillon de votre potion. »

Mr. Edgerton la regarda avec suspicion mais finit par s'éloigner du comptoir à reculons.

« Oui, bon, formidable. Faites bien comme vous dites, mon petit. »

Il fit demi-tour et sortit de la pièce. Elle regarda Rogue et ils échangèrent un sourire méprisant avant qu'il ne retournât à son propre parchemin.

« Voulez-vous un peu de thé ? lui proposa-t-elle. J'ai des biscuits, aussi.

– Est-ce que vous offrez du thé aux demandeurs de brevet, en temps normal ? demanda-t-il en relevant la tête pour lui jeter un regard suspicieux.

– D'ordinaire, oui, en fait. Mr. Edgerton a perdu le bénéfice de cette offre en se comportant comme un connard insultant plein de condescendance.

– On m'a informé à de nombreuses reprises, répondit Rogue avec à nouveau un petit mouvement des commissures des lèvres, que j'étais moi aussi un connard insultant plein condescendance. Votre critère est donc vicié.

– C'est vrai. Mais vous êtes bien meilleur à ce petit jeu que lui et en plus, il y a le fait que je vous aime bien. Je crois que lui, je ne l'aime pas du tout.

– Miss Granger, dit-il en se redressant sur son siège et en croisant les bras, à quoi bon la flatterie hypocrite ? Je sais avec certitude que vous ne m'avez jamais apprécié.

– Je ne vous flatte pas. Je garde ça pour les imbéciles comme Edgerton. Et si, je vous aime bien. Je vous ai toujours bien aimé, en réalité. Bon, je vous ai haï plutôt pas mal après que vous aviez insulté mes dents. Et après cette fameuse nuit sur la tour, il aurait été sacrément difficile de me forcer à sortir un mot charitable à votre sujet, mais cela faisait partie de votre plan depuis le début, non ? Nous n'étions pas censés vous apprécier. Une fois la vérité connue, je me suis remise à vous trouver plutôt admirable. Dans un mode intimidant, insultant et condescendant, attention. D'où toutes les cartes de convalescence mais l'absence de visite en chair et en os pendant que vous vous remettiez. Du thé ? » demanda-t-elle à nouveau en soulevant le pot.

Il cligna plusieurs fois des yeux et hocha lentement la tête.

« Comment le prenez-vous ?

– Avec du lait et deux sucres, merci », dit-il.

Elle lui versa une tasse, la prépara, puis, après avoir levé le battant du comptoir et s'être avancée, elle lui apporta son thé avec une assiette de biscuits.

« Merci, Miss Granger, murmura-t-il.

– De rien, répondit-elle. Laissez-moi savoir si je peux vous aider d'une manière ou d'une autre. »

Il acquiesça et retourna à son formulaire.

Elle regagna son poste derrière le comptoir et prépara son propre thé. Elle prit le formulaire de Mr. Edgerton, en fit un duplicata, roula l'original en un rouleau qu'elle plaça dans un cylindre à messages. Les originaux étaient bien trop précieux pour être transformés en avions de papier. Elle posa soigneusement une étiquette sur le cylindre, puis marcha jusqu'à l'ouverture à l'autre bout du comptoir par laquelle elle l'envoya vers sa destination d'un coup de baguette. Puis, elle rangea le duplicata dans l'armoire d'archives et elle eut fini. Elle avait rempli la somme totale de ses responsabilités.

Elle but une gorgée de thé. Il avait à peine refroidi.

Elle grignota un bout de biscuit.

Puis, puisqu'il n'y avait manifestement aucune alternative, elle se mit à observer Rogue.

Il avait les cheveux un peu plus longs qu'à son habitude d'autrefois, mais toujours aussi plats et d'apparence graisseuse. Ils lui pendaient sur le visage, dissimulant à peu près tout sauf son nez pointu et crochu. Il portait ses traditionnelles robes noires qui semblaient lui donner un caractère à la fois plus et moins intimidant. Quand il était debout, elles lui ajoutaient un air solennel caractéristique. Quand il était assis, elles paraissaient vouloir l'avaler vivant. Pour le moment, il se tenait voûté, le visage presque collé au parchemin, d'une manière qui ressemblait à celle d'un élève lassé qu'on copiât sur lui.

Elle se demanda s'il avait besoin de lunettes.

Debout au comptoir, les yeux fixés sur lui, il lui vint l'idée qu'il y avait quelque chose de profondément amusant dans cette situation. Elle continua à l'observer jusqu'à ce qu'elle obtînt enfin la réaction qu'elle espérait. Presque invisibles derrière son bouclier de cheveux noirs, ses yeux se relevèrent progressivement vers elle et sa plume s'arrêta. Finalement, il soupira et leva la tête.

« Miss Granger, y a-t-il une raison pour que vous me fixiez de la sorte ?

– Pourquoi ? Ça vous ennuie d'avoir quelqu'un debout près de vous qui vous regarde pendant que vous êtes assis à un bureau et que essayez de vous concentrer ? Quelqu'un qui occupe une position d'autorité ? Je vous l'accorde, c'est une bien piètre autorité, mais même si je n'en ai que sur quinze mètres carrés, je suis Reine de Tout Ce Que Je Vois, après tout.

– Je crois que je ne m'étais jamais rendu compte du point auquel vous êtes perverse, Granger, remarqua-t-il en pencha la tête sur le côté et en levant un sourcil. Bizarre ? Oui. Tordue ? Je n'en avais pas la moindre idée.

– Je crois que je ne m'étais jamais rendu compte du point auquel vous êtes normal, Rogue, répliqua-t-elle avec un léger rire. Voilà une journée qui nous aura éclairés sur pas mal de choses, je dirais.

– Vous n'avez rien d'autre à faire ? demanda-t-il tandis que les commissures de ses lèvres faisaient encore une fois un petit mouvement.

– Nan.

– Un livre à lire ?

– Fini.

– Alors, rendez-vous utile et préparez donc du thé », dit-il en retournant à son formulaire.

Tout en riant, elle donna un coup de baguette à la bouilloire et nettoya d'un sortilège la théière.

Elle descendit de son trône pour aller chercher la tasse de Rogue.

« Je vous en prie, dites-moi que vous avez inventé quelque chose de plus intéressant que le beurre de cacahuète », dit-elle en prenant l'objet.

Il renifla de mépris et ils partagèrent un regard de supériorité aux dépens de Mr. Edgerton.

« J'ai décidé de faire enregistrer les potions que j'ai développées pendant ma convalescence pour qu'elles puissent être testées et peut-être utilisées à Sainte-Mangouste.

– C'est merveilleux ! Alors, ça veut dire qu'il y a d'autres demandes de brevet à venir ?

– Oui, j'en ai plusieurs sous la main. Mais je ne vais pas pouvoir m'occuper des autres si vous continuez à m'interrompre par votre bavardage et que vous m'empêchez de remplir la paperasse. »

Elle lui tourna le dos et fit une grimace. Il murmura : « Je vous ai vue. »

Elle pouffa, lui versa une seconde tasse de thé et ajouta quelques biscuits dans l'assiette. Il la remercia quand elle lui apporta le tout et elle décida de le laisser tranquille.

Elle retourna derrière le comptoir et se mit à la très sérieuse occupation de réaliser des sculptures à base de trombones.

Vint enfin le moment où il se leva de son bureau et s'approcha d'elle pour lui donner ses formulaires et la vaisselle qu'il avait nettoyée.

Il se pencha au-dessus du comptoir pour regarder ce qu'elle faisait et quand il vit son interprétation minimaliste du cheval, il renifla et secoua la tête.

« Ce sera tout ? lui demanda-t-elle en prenant le bloc-notes qu'il lui tendait et en faisant un duplicata de sa demande.

– Oui. Ce sera tout pour aujourd'hui.

– Je m'en occupe tout de suite. Vous devriez recevoir un réponse du ministère d'ici quinze jours. Faites-moi savoir s'il y a un problème ou que vous avez une question. J'ai vraiment hâte que vous reveniez, monsieur. Ça m'a fait plaisir de vous voir. »

Il la regarda bizarrement puis hocha la tête en réponse, comme un gentleman.

« Merci pour le thé, Miss Granger. Cette expérience m'aura vraiment... éclairé. »

Avec un petit sourire sarcastique, il partit en silence.

Une fois seule, elle soupira et lut le formulaire qu'il avait rempli. L'écriture en pattes de mouche qu'elle connaissait si bien raviva les souvenirs d'une période plus heureuse, quand ils étaient terrifiés en permanence et craignaient pour leur vie. Elle enroula le parchemin, le fourra dans un cylindre et l'envoya vers sa destination. Puis elle prit le duplicata et ouvrit l'armoire d'archives. Elle tira un peu le dossier des R pour y mettre le formulaire. Au dernier moment, elle sortit tout le dossier et commença à le parcourir. Finalement, en remontant jusqu'à la moitié, elle les trouva. Les dernières demandes de brevet de Rogue, entourée des rubans d'approbation fixés avec de la cire. Elle les lut avec fascination.

Severus Rogue détenait presque trente brevets. Sa dernière demande avait été déposée pendant la première année d'Hermione à Poudlard. Il n'y avait rien eu depuis, jusqu'à maintenant. Elle regarda les codes d'enregistrement et s'aperçut que presque toutes étaient déposées dans le domaine public pour être utilisées à Sainte-Mangouste. Non seulement Rogue était un génie, mais en plus, il était un génie désintéressé. Il gagnait de quoi se nourrir et laissait les autres profiter du reste.

Elle plaça la nouvelle demande au début du dossier qu'elle rangea ensuite dans l'armoire.

Elle se retourna et regarda autour d'elle mais il ne restait plus une seule trace de ce qui avait été sa journée la plus occupée depuis ses débuts. Elle jeta un coup d'œil au coucou et vit qu'il n'était que quinze heures trente.

Elle soupira.


Et voilà pour ce premier chapitre. Le ton de cette histoire est plus léger que celui de Si je travers la vallée des ténèbres (du même auteur, avec le même traducteur, n'hésitez pas à vous laisser tenter #autopromotion), mais le scénario est bien construit, et l'évolution psychologique de nos deux personnages ne manquera pas d'être intéressante. Croyez-moi !

Que pensez-vous de ce début ? Beaucoup d'explications sur la situation d'Hermione suivront, ne vous inquiétez pas pour ça (mais laissez-moi quand même des commentaires)...

Et un point non négligeable : la traduction de cette histoire est finie, je n'ai plus qu'à relire pour polir au fur et à mesure de la publication. Vous pouvez donc vous attendre des mises à jour régulières !