Bonjour bonjour chers amis lecteurs ! :D

Me voici de retour pour vous jouer un mauvais tour (ahem, j'arrête.), avec le premier chapitre du tome 2 !

Comme vous l'avez sûrement remarqué, je ne me suis pas foulée, finalement, pour le titre, parce que je n'arrivais vraiment pas à en trouver un "bien", du coup... mais il a été approuvé par Princesse Estellech, donc tout va bien ! :D

Allez, je vous laisse lire, et on se retrouve à la fin ! :)


Chapitre 1

- Et voilà !

J'enlève mes mains de devant les yeux de Portia et recule d'un pas, croisant les bras sur mon torse, le sourire aux lèvres. La styliste s'avance, plaquant une paume à la peau sombre sur sa bouche, et contemple les tableaux exposés devant elle. Je l'observe une seconde, remarque qu'elle se tient parfaitement droite, comme d'habitude, et que sa robe pleine de fourrure claire lui donne un air inaccessible que je ne parviens pas à expliquer. Puis mon regard se porte sur les peintures face à moi et je les regarde d'un œil critique, comme si ce n'était pas moi qui les avaient faites.

Les scènes représentées sont pour la plupart en extérieur. Au milieu des arbres, sur une plaine, près d'un lac. D'autres sont plus flous, plus sombres, dans ce qui semble être une grotte. Quelques autres – très peu, en comparaison avec les lieux précédents – se situent dans des lieux habités, devant une maison, dans une cuisine, sur une grande place. Des personnages évoluent dans ces peintures. Des enfants, de moins de dix-huit ans pour la plupart, et parfois des adultes. Des filles, des garçons. Un homme au visage bourru. Une femme avec une perruque rose. Une fillette à la peau brune, qui semble être âgée de moins de douze ans. Un garçon aux yeux bleus-gris indéchiffrables, une fille armée d'un arsenal de couteaux, une autre recroquevillée auprès d'un feu et au regard suppliant.

Un personnage prédomine cependant sur tous les autres. Une fille, brune, d'environ seize ans. Ses cheveux sont tressés, ses yeux d'un gris de ciel orageux, sa peau d'un joli teint olivâtre. Elle est partout. Même lorsqu'elle est absente d'un tableau, on devine sa présence, comme si elle était constamment là. Proche, tout en étant éloignée. Dans celui-ci, elle arme son arc, prête à tirer. Dans celui-là, elle est inconsciente dans une flaque de sang. Dans un autre, elle semble surgir d'un brouillard assorti à ses yeux, comme une étrange apparition magique. Ici, elle est perchée en haut d'un arbre, le regard tourné au loin. Et là, elle rit à gorge déployée, un pot de soupe à la main.

Katniss.

Je plonge dans mes pensées, oubliant les tableaux, oubliant Portia, oubliant tout. Ces quelques mois suite à notre Victoire des Hunger Games ont été un véritable enfer. Après les Jeux, j'ai quitté le Capitole en songeant que les choses ne seraient plus jamais pareilles, à présent. J'ai eu tort, et j'ai eu raison. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais. Certainement pas à ça. Lorsque Katniss m'a avoué ne rien ressentir pour moi et avoir joué la comédie de l'amour seulement pour survivre, mon monde a basculé dans l'horreur. Chose assez paradoxale en définitive, au vu de ce que j'ai vécu pendant les Hunger Games. Au vu de ce que nous avions vécu. J'ai d'abord été anéanti, j'ai pensé que jamais je ne m'en remettrais. Mais je me trompais, bien sûr. Je me suis relevé, j'ai accepté la chose. Je me suis fait une raison. Katniss a fait son choix, et je n'y peux rien, j'en ai parfaitement conscience. Tout ce qui compte, c'est qu'elle soit heureuse.

Ensuite, j'ai fait l'erreur de croire que je pourrais l'oublier. Tout oublier de ce qui s'est passé, comme elle a semblé vouloir le faire. Peut-être a-t-elle réussi, de son côté. Pour ma part, je sais maintenant que jamais je n'y parviendrai. Je suis trop profondément blessé par l'amour que je lui porte, et ce depuis tellement longtemps, que tirer un trait sur elle paraît impossible. Est impossible. Je continue de me réveiller en hurlant, la croyant morte, la croyant perdue à tout jamais. Je continue de me repasser toutes ces choses, ces baisers, ces paroles qui, même en sachant qu'elles sont fausses, m'apparaissent si réelles et si douces. Je voudrais que rien de tout ça ne soit arrivé. Je voudrais être mort pendant les Jeux, je voudrais que Katniss réalise soudain qu'elle s'est trompée, je voudrais qu'elle frappe maintenant à la porte, qu'elle me dise qu'elle m'aime. Je voudrais être de retour dans cette grotte, juste pour me persuader que ces choses sont arrivées.

Elles sont bien arrivées, oui. Mais ce n'était qu'un jeu. Un jeu finement mené, tant par Katniss que par Haymitch et par tout Panem en général. Je suis idiot d'avoir cru à tout ça. D'avoir cru qu'on pouvait extraire de l'amour dans la mort. Finalement, je n'ai pas réussi à réaliser ma promesse. Finalement, je suis bien un pion dans l'espèce de jeu que mène le Capitole. Et Katniss n'est rien d'autre que mon bourreau, sans même le savoir, sans même en avoir conscience. Nous sommes tous deux des pions contrôlés par le Capitole, tout comme le sont tous ces autres gagnants. Et la Tournée de la Victoire, qui commence aujourd'hui à midi, est là pour nous le rappeler à tous.

- Oh, Peeta...

Je sursaute vaguement et croise les yeux sombres et humides de ma styliste. Nous nous dévisageons un moment, puis Portia vient se blottir dans mes bras, enfouissant son visage dans mon torse. Je la serre contre moi, lui tapote maladroitement le dos. Elle sanglote, je ne saurais dire pourquoi. Elle paraît toute fragile, j'ai presque peur de la briser si je ne la serre trop. J'ai perdu le fil de mes pensées, je ne sais même plus pourquoi nous sommes là, en cet instant. Qu'avais-je en tête en la menant ici ? Ah, oui. Mon attention se porte de nouveau sur les tableaux et je reprends mon analyse, avec une froideur et un détachement que je ne pensais pas détenir.

Techniquement parlant, ils sont assez réalistes. Les couleurs sont plutôt sombres, comme si le peintre essayait de faire passer un message. Malgré la banalité apparente de la plupart des scènes, quelque chose cloche. Difficile, aux premiers abords, de déterminer quoi. Ces mains enfouies dans la terre à la recherche de racines, cet espèce de chien sauvage aux yeux verts et au pelage doré, cette minuscule cascade surgissant d'entre deux rochers, cette petite pyramide de noisettes, de racines et de baies, ce garçon planté devant un lac immense où le soleil se reflète intensément... Toutes ces choses semblent normales. Elles s'inscrivent dans une suite presque logique, ne semblent porter en elles aucun message. Et pourtant...

Portia se dégage de mon étreinte et plante son regard dans le mien :

- Ils sont magnifiques.

Quel message le peintre veut-il faire passer, par delà ces couleurs extrêmement sombres cachées dans des endroits où on ne les y attend pas ? Moi-même je n'en suis pas certain. Je souris à Portia, la remercie d'un clin d'œil. Puis je consulte ma montre et m'étire de tout mon long en baillant. La styliste me donne une petite tape dans le creux de l'estomac et je me plie en deux, le souffle coupé. Elle me tire la langue, j'éclate de rire. Comme souvent, sa présence ravive ma bonne humeur. Nous rions un moment, l'air de tout, l'air de rien, puis une pensée me traverse l'esprit et je grimace avant de déclarer :

- Il faut que j'aille réveiller Haymitch. Il nous a spécifié qu'il fallait qu'on le sonne une heure avant le départ.

- Bonne chance, rit Portia. N'oublie pas qu'il dort toujours avec un couteau, ne va donc pas te faire embrocher !

Je lui assure d'un ton rieur que je ferais attention, puis je sors du salon, direction la cuisine. Le pain est encore chaud lorsque je le saisis sur le rebord de la table, mais je grimace à peine. J'ai connu des brûlures bien pires, c'est certain. Dehors, il fait froid. Et il neige. J'adore la neige, c'est léger et doux. Et silencieux. Quand j'étais petit, je pouvais regarder pendant des heures les flocons dégringoler du ciel sans un bruit. Haymitch habite à deux pas de chez moi, dans le village des Vainqueurs. Je passe au-moins trois fois par semaine déposer du pain frai, histoire qu'il se nourrisse un peu, de temps en temps. Je me demande bien comment il faisait quand nous n'étions pas là.

La porte est entrouverte, j'en déduis donc que Katniss est déjà arrivée. Cette constatation me remplit d'une foule d'émotions contradictoires et violentes. Crainte, désir, colère, joie. Je la vois si peu depuis que nous sommes rentrés... La croiser est à chaque fois une bénédiction et une malédiction. J'ai peur de ses moments autant que j'en ai envie. Comment va-t-elle réagir en me voyant, que dira-t-elle, que fera-t-elle ? Et maintenant que la Tournée de la Victoire va débuter, que se passera-t-il ? Allons-nous continuer de nous ignorer comme deux imbéciles, ou les choses vont-elles changer ? Je donnerai tout pour avoir des réponses à ces questions, et tout pour ne rien en savoir non plus.

La puanteur qui m'agresse le nez dès que je fais un pas dans la maison d'Haymitch est si effroyable que des larmes m'en montent aussitôt aux yeux. Au fil des années, le vomi, l'alcool, les repas brûlés et les crottes de souris ont formé ensemble un mélange répugnant, irritant, ignoble, pourtant le mentor refuse toujours de prendre une femme de ménage. J'ai bien essayé de le convaincre qu'il ne pouvait plus vivre comme ça, mais rien à faire. Quand il s'y met, il est aussi borné que Katniss. Je marche sur des débris de toutes sortes jusqu'à la cuisine d'où des éclats de voix me parviennent :

- … tout mouillé ? geignait Haymitch.

- Pas moyen de vous réveiller autrement, rétorque Katniss. Écoutez, si c'est une nounou que vous vouliez, vous auriez dû demander à Peeta.

- Me demander quoi ?

J'entre dans la pièce, nos regards se croisent une seconde et mon cœur bondit dans ma poitrine. Elle est là. Je sens ses yeux posés sur moi tandis que je m'avance jusqu'à la table, où Haymitch, trempé des pieds à la tête, grommelle de fureur, son couteau à la main. Je pose le pain sur la table et tends la main au mentor, l'air de rien. Celui-ci grimace puis me donne son couteau en râlant :

- Te demander de me réveiller sans me refiler une pneumonie.

Je souris et ramasse une bouteille par terre, tandis que l'homme retire sa chemise sale et s'essuie le visage avec. Je verse un filet d'alcool sur la lame du couteau et entreprends de la nettoyer, tout en m'efforçant de ne pas jeter de coups d'œil dans la direction de Katniss. Lorsque c'est fait, je coupe une tranche, que je donne à Haymitch, puis je me tourne finalement vers Katniss et questionne :

- Tu en veux un morceau ?

- Non, j'ai déjà mangé à la Plaque. Mais merci quand même.

Sa voix est si raide que je ne peux m'empêcher de serrer les dents avant de dire :

- Pas de quoi.

Le mentor roule sa chemise en boule et déclare en passant :

- Brrr ! Il va falloir vous échauffer un peu avant le lever de rideau, tous les deux.

- Vous devriez prendre un bain, Haymitch, réplique Katniss.

Puis elle balance ses jambes par-dessus le rebord de la fenêtre et se laisse tomber à l'extérieur, disparaissant chez elle. Je baisse les yeux sur la miche de pain et le couteau que je tiens entre les doigts, furieux, déçu, malheureux comme les pierres. Haymitch grommelle quelques obscénités à son intention – qui ont le don de me faire tressaillir, d'ailleurs – et je me tourne vers lui, sourcils froncés. Torse nu malgré l'air froid qui s'échappe par la fenêtre ouverte, il grignote son bout de pain en finissant tous les fonds de bouteilles qui passent à sa portée et m'observe du coin de l'œil. Lorsque nos regards se croisent, il ne s'empêche même pas de ricaner et je lui lance :

- Elle a raison, vous empestez. Un bain semble tout indiqué, croyez-moi. On se retrouve dans une heure à la gare.

Et je file sans demander mon reste, avant qu'il n'ait eu le temps de répliquer quoi que ce soit. Je ne suis pas d'assez bonne humeur pour me disputer avec Haymitch, voilà au-moins une chose dont je suis sûr. Dehors, la neige tombe toujours, elle colle sur les pavées et je laisse des traces tout en marchant jusqu'à chez moi. Je dois avoir l'air particulièrement sombre parce que Portia, qui m'attend depuis tout à l'heure, installée dans un fauteuil près de la cheminée s'inquiète dès qu'elle croise mon regard. Je la rassure d'un sourire et elle me le rend volontiers, avant de déclarer qu'il est grand temps de commencer à se préparer. Quelques instants plus tard, mes trois préparateurs, Aurore, Clémia et Maximus, débarquent dans un tourbillon de couleurs et de fourrure, près à me rendre de nouveau présentable pour les caméras. Les retrouvailles sont joyeuses et chaleureuses, tous les trois paraissent ravis de me revoir, et je dois bien avouer que leurs sourires et leurs exclamations ravivent un peu mon cœur blessé. Eux au-moins m'apprécient, j'en suis certain, et ils ne le cachent pas, au contraire.

D'après les préparateurs, nous avons encore un peu de temps devant nous, aussi nous installons nous tous dans la cuisine pour déguster un bon petit déjeuner. Maximus m'inonde de compliments à propos de mon pain, Aurore et Clémia s'extasient de me voir en pleine forme, Portia sourit gentiment en sirotant son café. Tout est bien. J'en oublie presque mes inquiétudes à propos de la Tournée, à propos de Katniss, à propos du Capitole. Presque. Puis vient le moment de me préparer. Mes préparateurs me font couler un bain, m'enduisent de toutes sortes de crèmes tout en papotant de choses et d'autres. Je me laisse faire, habitué, participant à leurs conversations futiles qui semblent alléger agréablement mon esprit.

Ils me font enfiler une tenue mais je ne fais pas vraiment attention à quoi elle ressemble. Après quoi, Effie Trinket, l'hôtesse du district Douze, toque à la porte. Je manque d'éclater de rire en la voyant et la complimente longuement pour sa belle perruque orange vif, lui assurant qu'elle lui va à ravir. Elle semble tout à fait ravie à la perspective de partir en tournée et je ne peux m'empêcher de sourire devant son enthousiasme inébranlable. Nous bavardons un peu puis Effie, s'exclamant que tout semble bien se passer de notre côté, déclare qu'elle s'en va jeter un coup d'œil à Katniss et à ses préparateurs. Et elle disparaît dans un tourbillon de couleurs vives, me laissant à mes spéculations quant à ce qui va bien pouvoir se passer entre Katniss et moi pendant cette Tournée.


Un premier chapitre où il ne se passe pas grand chose, mais je voulais placer un peu l'action et surtout, surtout le ressentiment de Peeta après ces mois difficiles ! J'espère que ça vous aura plu ! :D

La suite n'est pas encore écrite (enfin, juste commencée quoi xD), du coup je publierai moins vite que je ne l'ai fait pour le premier tome, seulement un, voir deux chapitres par semaine, je pense ! Je recommence les cours pas tout de suite donc ça va, mais après... Enfin, on verra bien ^^

En tout cas, je suis ravie de reprendre l'aventure avec vous ! :) J'attends votre ressenti avec grande impatience ! :)

Le deuxième chapitre pour dimanche, sûrement ! :D

Bises, à bientôt ! :)