Bonjour à tous,
Après un bon mois d'absence (dont deux semaines non prévues, mais les aléas de la vie font qu'on ne contrôle pas toujours ce qui pourrait nous arriver), me voici de retour pour vous offrir un nouveau chapitre.
Encore merci pour les très nombreuses reviews laissées, je me suis rendu compte que je suis parti la dernière fois en catastrophe sans même répondre à celle du chapitre 64... Désolé pour le délai d'attente encore une fois.
Guest : I'm sorry but I don't speak spanish at all. Thank you for your review and for what you say in it. Hope you'll enjoy the next chapter ;)
Sur ce, je vous laisse avec le nouveau donc. Je l'avais écris alors que nous étions encore en confinement, alors j'ai un peu perdu le fil conducteur de ce qu'il contenait. Je viens à peine de le relire et je me dis déjà que je devrais changer quelques petites choses par la suite, alors considérez le comme un chapitre à l'état brut.
Bonne lecture !
- Ils n'ont pas l'air particulièrement ravi de nous voir.
La remarque de Lily eut le don de faire sourire légèrement Marie-Louise, mais elle partageait également ce constat rapide en observant à la dérobée les guichets de la banque derrière lesquels plusieurs gobelins les fixaient de manière si intense qu'elle se surprenait à ne pas avoir été encore transpercé du regard par l'un d'eux.
D'un autre côté, elle ne pouvait leur en vouloir d'agir de la sorte, après tout on n'accueillait pas chez soi quelqu'un qui avait eu l'impudence quelques semaines auparavant de ravager son lieu de travail en raison d'un duel épique de magie. La pièce avait été depuis largement reconstruite, ses colonnes remises debout, son dôme lézardé restauré par d'habiles mains, son sol de dalles redevenu aussi lisse que la surface d'un lac… Mais ce que les moldus appelleraient plus tard l'impact psychologique lui était encore présent dans tous les esprits.
Jamais depuis des siècles le cœur même de la banque Gringott's n'avait été le théâtre d'un affrontement acharné entre sorciers, et bien que de nature à se désintéresser de tout ce qui n'avait pas trait à l'argent, aux transactions et aux capitaux, les gobelins n'avaient pu accepter de voir leur antre être le lieu d'un règlement de compte manqué entre des personnes étrangères à leur nation. Personne de toute manière n'aurait pris l'initiative d'un tel acte au sein même de cette institution, personne… sauf les personnes présentes ce jour-là.
- Peut-on leur en vouloir? Argua la princesse de Lamballe en attendant sagement que la queue devant elle se libère pour s'adresser au guichetier.
Depuis cette funeste journée, bon nombre de ses avantages auprès de la nation gobeline lui avaient été retirés, et comme une certaine forme d'humiliation, le fait de pouvoir accéder aux services de la banque sans avoir à attendre en faisait partie. Mais comme le reste, elle acceptait sans broncher cette petite marque de défiance ; La colère des gobelins n'était pas éternelle dès le moment où l'on possédait un nombre conséquent de voûtes et de coffres entre ses murs.
- Cela leur passera, ajouta t-elle en souriant avec confiance à Lily. Il serait fâcheux pour eux d'être en froid avec une famille comme la nôtre, cela ferait tâche dans leur réputation qu'un beau jour nous convertissions nos liquidités en argent moldu et que nous les investissions directement auprès de la banque de France…
- Vraiment? S'étonna t-elle. Vous seriez prête à prendre ce risque?
- Assurément, lui certifia la princesse de Lamballe. Imaginez donc la réaction du directeur de cette banque si nous décidions de transférer nos millions de gallions auprès des banques moldues, il ne le supporterait pas…
Le risque pour eux était surtout de voir d'autres familles vider leurs comptes en banque par crainte d'une possible crise financière ; Si l'un des meilleurs clients venait à partir, l'effet boule de neige serait considérable au même titre que toutes les supputations possibles découlant de ce geste, et ça, les gobelins n'étaient pas prêts à y faire face.
Néanmoins les banques moldues étant moins fiables, la rentabilité d'un tel acte était quasiment nulle, et son gestionnaire de compte ne se gênerait pas pour le lui rappeler si d'ordinaire son fils prenait une telle décision.
La personne devant elle termina finalement son entretien avec le gobelin, et les deux femmes attendirent qu'elle fut suffisamment éloignée pour s'approcher à leur tour du vieux gobelin occupé à trier les papiers devant lui.
- C'est pour quoi? Demanda t-il d'un ton sec en levant les yeux vers la princesse de Lamballe.
Son regard se fit immédiatement plus dur dès l'instant où il la reconnut, et Marie-Louise jura avoir entendu ses mains griffues glisser le long de son pupitre. Mais en dehors de son hostilité manifeste, la créature ne fit rien d'autre que l'observer furieusement.
- Un entretien avec le directeur de cette banque maître gobelin, répondit-elle en inclinant légèrement sa tête vers lui. Nous sommes attendues toutes deux par Monseigneur Griffdur concernant le remboursement des dégâts provoqués dans votre établissement.
- Cela va sans dire, la fustigea t-il d'un ton sec. Baguette s'il vous plaît.
Marie-Louise lui tendit immédiatement sa baguette, puis après l'avoir inspecté, le gobelin ouvrit un tiroir et l'y glissa rapidement.
- Je vous prierai de bien vouloir me rendre ce qui m'appartient, lui dit alors la princesse de Lamballe d'un ton beaucoup moins amical qu'auparavant.
- En raison des circonstances exceptionnelles vous concernant, des mesures supplémentaires ont été prises pour garantir la sécurité de cette banque, l'informa le gobelin en esquissant ce qui semblait être un sourire. Je vous rendrai votre baguette lorsque vous aurez terminé votre entretien avec Monseigneur Griffdur.
- Mais enfin, comment osez vous me soustraire ma baguette ?! Fulmina Marie-Louise. C'est un scandale !
- Le seul scandale que je vois, c'est le bruit que vous causez pour une mesure prise par notre bien aimé directeur, l'informa le guichetier. Je peux vous la rendre immédiatement, mais dans ce cas je vous demanderai de sortir de cette banque.
Intérieurement, Marie-Louise bouillonnait de fureur d'être considérée comme une criminelle aux yeux des gobelins, mais tout en se jurant de laver cet affront, elle garda désormais le silence devant les provocations manifestes de son interlocuteur. Celui-ci ordonna d'ailleurs à lily de lui donner également sa baguette, ce qu'elle fit sans poser de question avant d'être conduite tout comme la princesse de Lamballe en direction du bureau de Griffdur.
- Que Monseigneur Griffdur ne s'étonne pas d'une baisse conséquente des invitations à venir boire le thé sur nos terres dans les prochains mois, marmonnait avec colère et plus pour elle-même Marie-Louise.
- Vous êtes pour le moins rancunière, remarqua avec amusement Lily.
- En d'autres temps, j'aurais lavé cet affront par le sang, à quand bien-même aurait-il s'agit d'un vieil ami, rétorqua t-elle avec humeur.
- Mais aujourd'hui, vous êtes une vieille femme respectable qui préfère punir ses ennemis en les privant de thé, contra sa compagne en souriant. Pour sûr que Monseigneur Griffdur ne se remettra pas d'un tel coup…
- Vous moqueriez-vous de moi? S'insurgea Marie-Louise en se tournant vers elle.
- à peine, lui assura Lily en ricanant.
L'âge avancé de la princesse de Lamballe ne l'empêcha pas de tirer la langue à Lily, ce qui fit redoubler ses ricanements.
- Une autre personne devait également assister à cette réunion maître gobelin, l'informa t-elle alors en reportant son attention sur la créature qui leur servait à présent de guide. Vous n'oublierez pas de l'amener à nous dès qu'il arrivera.
- En vérité il est déjà là, lui rapporta t-il.
- Quelqu'un d'autre? L'interrogea Lily d'une voix étonnée. Vous ne m'aviez pas dit que nous serions plus de trois.
- Cela concerne la disparition de Monsieur Lupin, lui dit Marie-Louise. Nous avons pris pour habitude ces derniers temps de nous retrouver dans des endroits privés pour en discuter, et cette fois-ci Gringott's nous a semblé être l'endroit adapté. Si j'avais su cependant que l'on me priverait de ma baguette, j'aurais probablement choisi autre chose…
- Vous avez des nouvelles? S'enquit t-elle immédiatement. Il est toujours en vie?
- Je n'en sais pas plus que la dernière fois où nous en avons discuté, lui rappela la princesse de Lamballe. D'où la raison de cette entrevue.
Elle vit Lily hocher brièvement sa tête alors que l'inquiétude commençait lentement à marquer ses traits à mesure qu'ils approchaient du bureau de Griffdur. Elle-même n'était pas en reste, et compte tenu de ce qu'elle savait déjà, il était évident qu'il fallait au plus vite le sortir du guêpier dans lequel il se trouvait, autrement sa vie risquait de se raccourcir brutalement.
Le gobelin toqua finalement à la porte, et invitées à entrer quelques secondes plus tard, la créature annonça leur arrivée et les laissa pénétrer à l'intérieur. Comme à son habitude, Monseigneur Griffdur se trouvait déjà assis derrière son bureau de chêne, son vilain nez crochu comme les serres d'un aigle à quelque centimètres à peine au dessus de son plan de travail alors que ses petits yeux noirs et secs les observaient entrer sans laisser paraître la moindre émotion.
Son rendez-vous était également déjà là, assis face au gobelin et tournant aussitôt la tête dans leur direction dès qu'il entendit la porte d'entrée grincer. À sa vue il se leva rapidement, mais son teint déjà jaunâtre sembla devenir pâle en remarquant la présence de Lily à ses côtés. Marie-Louise pouvait d'ailleurs sentir son amie se raidir subitement et marquer un temps d'arrêt, incertaine à l'idée d'avancer davantage dans la pièce ou de tourner les talons et fuir le plus loin possible de lui.
- Ma chère, nous n'attendions plus que vous, salua Griffdur en s'approchant d'elles avant de se saisir de la main de Marie-Louise et de d'effleurer de ses lèvres les jointures de ses doigts. Veuillez nous laisser Gripoil.
L'autre gobelin s'inclina respectueusement, et dardant un dernier regard vers elle, il sortit lentement de la pièce en prenant soin de faire glisser lentement la porte.
- Pardonnez-le, s'excusa Griffdur en accomplissant le même geste envers Lily. Depuis votre petite escapade dans notre banque, mes congénères sont plutôt… pointilleux sur notre sécurité et beaucoup plus méfiants envers les sorciers.
- Cela m'aurait fort été égal si je n'avais pas eu constamment l'impression que ces mesures me concernaient directement, lui indiqua t-elle d'un ton qui se voulait détaché.
- Je vous rappelle tout de même que devriez vous estimer heureuse que cela n'aille pas plus loin. Pour moins que ça, certaines personnes auraient été condamnées aux travaux forcés à vie dans nos mines… Laissez leur encore quelques mois et vous verrez que tout rentrera dans l'ordre.
Marie-Louise resta dubitative quant à son affirmation, mais déjà Severus Rogue se présentait à elle, et après avoir effectué le même geste que Griffdur envers sa main, il se tourna finalement vers Lily, la sonda si intensément que la femme aux cheveux roux baissa les yeux vers le tapis orné à ses pieds, et qu'un silence particulièrement déplaisant se faisait progressivement jour parmi eux.
- Madame Potter…, le salua t-il finalement en se saisissant de sa main. Cela fait longtemps…
- Evans, le corrigea t-elle doucement.
Rogue eut l'air de marquer un temps d'arrêt à cette nouvelle, et son regard se fit plus doux, les yeux dans le vague alors qu'il avait l'air de se remémorer de quelque chose dont lui seul avait le secret.
- Installez-vous Mesdames, les invita le gobelin en leur indiquant du bras les deux fauteuils laissés libres par Severus. Nous pourrons commencer notre petite réunion, et je sais qu'il y a beaucoup de choses dont nous devons traiter. J'ai d'ailleurs quelque chose de très important à vous montrer.
- Vraiment? S'enquit la princesse de Lamballe alors qu'elle et Lily prenait place dans les sièges, Severus optant pour rester debout près d'elle sans jamais quitter des yeux la rouquine.
- Oui, mais pour plus tard si vous le voulez bien, lui répondit Griffdur en s'asseyant face à elle. Cette chose est consécutive à l'embarras que vous avez causé dans notre banque… Une découverte assez exceptionnelle qui vous surprendra tout autant que moi.
Marie-Louise arqua un sourcil à cette affirmation, mais Griffdur lui donna l'impression de ne clairement pas vouloir en discuter davantage pour le moment. Au lieu de ça il réunit l'ensemble des documents disposés sur son bureau en une seule pile de laquelle il extirpa un premier document dont on pouvait observer une longue colonne de chiffres sur le côté droit de la feuille.
- Pour ce qui est du remboursement des dégâts, nous avons établi une liste des frais occasionnés pour la réparation de nos locaux, du mobilier à remplacer et des expertises effectuées pour s'assurer de la résistance des fondations de cette banque…, commença t-il en laissant lentement glisser son doigt le long du document. Nous en arrivons à la modique somme de cinq mille quatre cent soixante et un gallions et dix-huit mornilles. J'aurais aimé présenter ce document au nouveau chef de votre famille, mais les circonstances imprévues dans lesquelles il se trouve actuellement font que la signature de cette facturation vous incombe, ma chère.
Sans rien laisser paraître de la somme importante requise, Marie-Louise accepta la feuille que lui tendait le gobelin, et après avoir longuement analysé elle-même les informations inscrites dessus, elle signa en bas de page de son nom de jeune fille avant de la lui rendre sans prononcer le moindre mot.
- Nous prélèverons cette somme dans votre voûte de confiance, lui indiqua Griffdur en rangeant le papier dans l'un de ses tiroirs. Cependant ne croyez pas que vous serez la seule à devoir faire les frais de ce duel, les souvenirs que vous nous avez transmis il y a deux semaines nous ont été très utiles pour remonter la piste des autres participants de cette attaque… Messieurs Black et Potter ont également reçu une convocation de la part de nos homologues anglais à répondre auprès d'eux de la destruction de notre porte d'entrée. Nous avons en outre pris grand soin à renvoyer à leurs familles les dépouilles des mangemorts tués lors de votre duel avec d'autres convocations glissées dans leur bouche… Nous espérons que le message sera suffisamment éloquent pour elles pour qu'elles ne fassent pas d'histoire.
Le sourire qu'afficha alors Griffdur était si carnassier que même Marie-Louise ressentit un frisson la parcourir des pieds à la tête. Et il en fallait pourtant beaucoup pour la glacer d'effroi.
- Quant à Madame Lestrange, nos convocations étant restées lettre morte, nous nous sommes donnés le droit d'aller puiser directement dans ses voûtes en guise de réparation aux préjudices matériels et moraux subis, reprit le directeur de la banque en fouillant de nouveau dans sa pile de dossier. Nous nous sommes également permis de prélever un pourcentage supplémentaire sur ses fonds lorsque notre dernier courrier nous a été rendu accompagné d'une note invitant les «sales créatures puantes» que nous sommes à se mêler de nos affaires.
- Même sans nous dire de qui il s'agissait, j'aurais pu aisément deviner par le style propre à elle que ce ne pouvait être que Bellatrix, ironisa Severus.
- Vous êtes proche d'elle? Lui demanda Marie-Louise en levant les yeux sur lui.
- Bellatrix est ce que l'on pourrait considérer comme le bras-droit du seigneur des ténèbres, lui expliqua t-il posément. Elle fait figure d'autorité parmi les mangemorts, et à ce titre jouit d'une réputation suscitant la peur en leur sein. Cependant son échec pour essayer de mettre la main sur Lily a quelque peu égratigné sa réputation, et l'on dit que son maître a été particulièrement mécontent de ses efforts infructueux.
- J'étais donc vraiment ciblée par cette attaque? Le questionna t-elle.
Severus parut désarçonné, et la question resta en suspens pendant quelques secondes avant qu'un hochement de tête de Marie-Louise ne lui indiquait de parler :
- En effet, avoua t-il. Grâce aux renseignements de Lucius Malefoy, le seigneur des ténèbres savait que tu te trouvais en contact étroit avec Madame la princesse de Lamballe et avait projeté d'amorcer une approche auprès d'elle pour mettre la main sur toi, et par un effet boule de neige sur ton fils.
- Sur Harry? Bredouilla Lily alors que ses sourcils se fronçaient davantage. Pourquoi faire?
- Vous ne lui avez rien dit? Lança Rogue à Marie-Louise alors que la conversation prenait un tour inattendu.
- Nous n'en avons pas encore eu l'occasion, et à dire vrai je ne soupçonnais pas que la menace qui planait au dessus de nos têtes puissent un jour se faire plus grande encore avant cette fameuse attaque, lui répondit-elle en évitant soigneusement le regard brûlant de Lily. Une erreur d'interprétation et de clairvoyance fort malheureuse, j'en suis bien navrée.
- Et qu'est-ce que je dois savoir au sujet d'Harry que vous m'avez caché tout ce temps? Pesta t-elle en haussant légèrement la voix.
- Quelque chose qui doit rester privé et ne pas sortir de ce bureau, l'informa la princesse de Lamballe en regardant le directeur de la banque. Vous m'excuserez de ne pas vouloir divulguer des secrets de famille devant vous, Seigneur Griffdur.
- Je comprends tout à fait, approuva celui-ci en hochant sa tête.
Marie-Louise répondit à son geste de la même manière, mais elle sentait aisément qu'une colère sourde sommeillait désormais en Lily et que le volcan aux cheveux roux assis près d'elle risquait tôt ou tard d'exploser.
- Si vous voulez bien me permettre de reprendre le fil de cette conversation, poursuivit le gobelin en fouillant de nouveau dans l'un des tiroirs de son bureau. La raison pour laquelle j'ai choisi de vous parler des moyens de remboursement des dégâts commis au sein de notre banque tient tout particulièrement à ce que je vais vous montrer à présent.
Et se saisissant d'un coffre en bois grossièrement sculpté, Griffdur le déposa devant lui. Son visage peu avenant disparu immédiatement derrière, et il leur était impossible de savoir ce qu'il trafiquait à présent, mais le cliquetis qu'ils entendirent par la suite leur donna l'illusion d'un verrou de porte que l'on ouvrait au moyen d'une clé. Puis, avec précaution, le directeur de la banque déposa à côté une petite coupe en or dont la surface était joliment sculpté de motifs floraux entourant ce qui semblait être une tête d'animal et possédant deux hanses sur les côtés. L'objet avait l'air assez précieux et plutôt ancien, mais il n'avait au premier abord rien de bien particulier.
- Reconnaissez-vous la légendaire coupe d'Helga Poufsouffle? Les interrogea le gobelin en caressant presque amoureusement les contours de l'objet.
- Comment? Balbutia Marie-Louise en la regardant avec curiosité alors que les deux autres restaient sans voix devant cette découverte.
- Hé oui, gloussa Griffdur. Difficile d'imaginer qu'un objet aussi précieux, forgé par les gobelins eux-mêmes il y a de cela des centaines d'années, puisse se trouver depuis tout ce temps sous terre, dans nos propres tunnels et sans même que nous en soyons au courant. Mais c'est effectivement bien elle, et nous avons effectué des manipulations pour le confirmer.
- Il y a quelque chose d'étrange avec elle, ne put t-elle s'empêcher de lui faire remarquer en plissant légèrement les yeux en direction de la coupe. Comme… un résidu de magie noire…
Sans en avoir été invitée, elle tendit alors sa main vers la coupe et passa ses doigts à quelques millimètres à peine de celle-ci en prenant soin de ne jamais la toucher. À mesure qu'elle les approchait, Marie-Louise sentait une présence étrangère à l'intérieur de celle-ci, quelque chose de particulièrement sombre et mauvais qui ne devrait pas y être, quelque chose qui semblait y vivre, y habiter depuis longtemps et dont le cœur battait presque à travers les parois en or de la coupe.
- Vous l'avez également senti, remarqua Griffdur. Il y a dans cette coupe une magie particulièrement sombre qui pervertit l'essence même de cette conception artisanale produite par mes ancêtres gobelins. Quelqu'un s'est donné un malin plaisir à imprégner cette relique de la magie la plus vile qui soit…
- Est-ce un horcruxe? Lui demanda alors Severus alors que son regard alternait entre la coupe et la touffe de cheveux blancs qui dépassait de derrière la boite.
La tête du gobelin émergea de derrière la boite alors que lui comme les deux femmes observèrent avec étonnement le professeur de potions. Cependant de ce que pouvait remarquer Marie-Louise, Rogue ne semblait pas particulièrement déconcerté par leur réaction :
- En effet, lui confirma après quelques instants Griffdur.
- Pardonnez-moi mais… qu'est-ce qu'un horcruxe? Reprit Lily en regardant tour à tour le gobelin et Severus.
- Un horcruxe est le terme que l'on utilise généralement pour désigner un objet dans lequel une personne aurait… séparé son âme, lui expliqua t-il sans la regarder. Il s'agit de diviser son âme et d'en cacher une partie dans un contenant afin que même si le corps physique soit détruit, la personne elle ne peut mourir tant que ce morceau d'âme demeure présent sur Terre.
- C'est de la magie noire d'un niveau très avancé, compléta Marie-Louise en se tournant vers elle. Dans la religion chrétienne, l'âme ne serait autre qu'une création immortelle de Dieu et qui, lorsque son enveloppe corporelle meurt, retourne auprès de son créateur où elle attendra le jugement qui la conduira au ciel ou en enfer. Aussi imaginez donc un acte aussi abominable sur le plan spirituel que celui de jouer avec son âme pour vaincre la mort. C'est tout bonnement contre-nature…
- C'est par ce genre de pratique douteuse que les sorciers furent longtemps persécutés par les moldus, ajouta Severus. Les autorités religieuses ne toléraient en aucune façon que l'on puisse attenter à quelque chose d'aussi spirituel que l'âme d'une personne.
- Vous voulez donc dire que l'âme de quelqu'un se trouverait dans cette coupe? Conclut t-elle d'un air effaré.
Trois hochements de tête lui répondirent, mais la question était de savoir à présent à qui elle appartenait, et surtout ce qu'elle faisait dans la voûte des Lestrange.
- Vous pensez qu'il pourrait s'agir d'un morceau d'âme appartenant à un membre de la famille Lestrange? Demanda Marie-Louise à Griffdur alors que celui-ci replaçait la coupe dans son coffret.
- Nous n'en avons aucune idée, lui avoua le gobelin. Mais un tel objet dans nos locaux est un outrage à la réputation de notre banque, et nous ferons payer aux Lestrange l'audace qu'ils ont eu à conserver cet horcruxe chez nous. Nous allons nous atteler également à le détruire, mais le risque est que nous devions au passage détruire la coupe, et sa valeur est inestimable… Ce serait une perte énorme pour l'artisanat gobelin.
Sa douleur était palpable aussi bien dans le regard désolé qu'il lançait à la boîte que dans le son de sa voix, aussi la princesse de Lamballe ne put-elle s'empêcher d'éprouver de la compassion pour son vieil ami.
- Voilà, je pense que nous avons fait le tour de la question vous concernant, reprit le directeur une fois le coffret rangé. Je crois que vous avez beaucoup de choses à vous dire à présent, aussi vais-je vous laisser tranquille. Cependant soyez assurés que nous nous assurerons de la sécurité des biens de cette pièce en laissant à l'entrée deux gardes prêts à agir au moindre problème.
- Faites donc Seigneur griffdur, l'approuva t-elle en acceptant la main tendue du gobelin pour la saluer.
La créature lui baisa de nouveau la main, fit de même avec Lily, et après un hochement de tête en direction de Severus, elle emprunta la direction d'une autre porte différente de celle qu'ils avaient emprunté pour venir ici. Le silence s'installa immédiatement après qu'il l'eut fermé, et tous trois se regardaient dans le blanc des yeux sans savoir qui allait désamorcer la gêne pesante qui venait de voir le jour entre eux.
- Allons bon, vous aviez des choses à me dire n'est-ce pas? Dit alors la princesse de Lamballe. Je vous écoute.
Rogue regarda Lily d'une manière suffisamment éloquente pour deviner l'embarras qu'il avait de parler en sa présence, mais un signe de Marie-Louise lui certifia qu'il pouvait s'adresser à elle sans contrainte ni appréhension de sa part.
- Depuis notre dernière entrevue, je n'ai pas grand-chose à vous dire de plus que vous ne savez déjà, déclara t-il. Lupin est toujours en vie, mais si je ne lui donnais pas quotidiennement des potions de santé et de force, il ne serait aujourd'hui plus de ce monde…
- A t-il parlé? S'enquit t-elle précipitamment.
- Il s'obstine à ne rien dire à Dumbledore concernant Lily ou Harry, lui affirma le professeur de potions. Aucun des sortilèges du directeur, aucune torture n'a pour le moment la moindre incidence sur sa volonté de les protéger, et même après plus d'un mois de ce régime là, il continue à résister à ses assauts.
Sa voix était calme et mesurée, mais la princesse pouvait facilement déceler en elle une certaine marque de respect envers le loup-garou, quelque chose dont il n'était de toute évidence pas coutumier du fait en temps normal.
- Où est-il? Lui demanda alors Lily en se levant de son fauteuil.
- Je regrette, je suis soumis au sortilège de fidélitas et je ne peux rien dire à ce sujet, admit Severus.
- Pas même le moindre indice? Insista t-elle d'un ton pressant. Comment peut-on aller le sauver si l'on ne sait même pas où il se trouve ?!
- Il est dans le quartier général de l'ordre du phœnix, mais je ne peux vous donner l'adresse exacte sans prendre le risque de mourir en le faisant.
- Au square Grimmaurd? Marmonna Lily alors que Marie-Louise les regardait échanger sur un sujet dont certaines pièces semblaient lui manquer.
- Non, nous avons perdu le square Grimmaurd en décembre après avoir été trahi par un mangemort qui se faisait passer pour Maugrey Fol Oeil, lui expliqua t-il froidement. Beaucoup de membres de l'Ordre sont morts pendant l'attaque, et ceux qui ont survécu m'accusent de ne pas les avoir averti du danger qui les menaçait, alors des mesures supplémentaires ont été prises pour s'assurer que je ne divulguerai rien de compromettant pour leur sécurité.
- Ainsi donc, le seul moyen pour que Remus puisse revenir parmi nous serait que toi-même te charge de l'y conduire, énonça posément Lily en commençant à faire les cent pas dans la pièce.
- Nous en avons déjà discuté avec Madame, lui rapporta Severus en désignant par un mouvement de tête Marie-Louise. Il est pour le moment trop dangereux d'imaginer un tel plan sans prendre le risque de détruire ma couverture auprès de Dumbledore. Il ne sait pas que je travaille depuis des mois avec la princesse de Lamballe à qui je rends compte de mes rapports dès que j'en ai l'occasion.
Là dessus, Lily s'arrêta de marcher, et regardant alternativement les deux autres personnes présentes, elle ne put masquer son incrédulité devant cette curieuse alliance dont elle ne soupçonnait même pas l'existence :
- Tu joues sur trois tableaux alors, énonça t-elle abruptement. Mais ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est comment vous avez pu tous les deux travailler ensemble alors que je suis certaine que vous ne vous connaissiez pas il y a encore un an. Qu'est-ce qui pourrait m'enlever de la tête que tu ne travailles pas en sous-main pour le compte de Dumbledore ou Voldemort, et que tu n'attends que le moment propice pour terminer le travail que tes chers camarades ont commencé en janvier?
- Mon crédit, argua Marie-Louise d'un ton sec. J'ai pleinement confiance en Monsieur Rogue et en sa parole, et il sait de son côté qu'une parole donnée ne peut être reprise sans que les conséquences soient fâcheuses pour celui qui oserait s'en défaire.
- Voyez-vous ça, vous allez bientôt me dire qu'il vous sert aussi fidèlement qu'il sert les deux autres? Ironisa Lily en foudroyant du regard Severus.
- Sa fidélité pour ma famille va bien au-delà des alliances qu'il a pu conclure par le passé avec le directeur de Poudlard ou le seigneur des ténèbres qui se prétend héritier de Serpentard, l'informa la princesse de Lamballe. Monsieur Rogue ne trahirait jamais le serment de fidélité prononcé par ses ancêtres pour la maison des De Savoie sans en payer le prix, et ce prix là est bien plus important qu'une poignée de pièces ou des questions d'honneur.
Son explication ne sembla pas convaincre pleinement Lily, mais elle parut légèrement plus incrédule que furieuse contrairement à ce qu'elle laissait clairement entendre quelques secondes plus tôt.
- Je n'aime pas que l'on me cache des choses, surtout lorsqu'il est question de ma famille, lui rappela t-elle en allant se rasseoir.
- Et je ne manquerai pas de tout vous expliquer dès que nous serons rentrées, lui affirma Marie-Louise en posant sa main contre la sienne dans une tentative de la calmer. En ce qui vous concerne Monsieur Rogue, nous en restons au plan que nous avions fixé auparavant. Continuez à maintenir en vie Monsieur Lupin tant que nous n'aurons pas mis au point une manœuvre pour le sortir de ce pétrin.
- Entendu Madame, acquiesça Rogue en inclinant légèrement sa tête. J'ai également ceci pour vous.
Et tout en parlant, il fouilla machinalement dans l'une des poches intérieures de sa robe, et sortit quelques instants après deux flacons contenant un épais liquide transparent que Marie-Louise entreprit de prendre aussitôt en le remerciant d'un sourire.
- Qu'est-ce donc encore? Leur demanda curieusement Lily. Des souvenirs?
- Oh oui, mais cela auront une utilisation particulière…, décréta la princesse de Lamballe en continuant de lui sourire. Nous accumulons certaines preuves afin d'établir un dossier d'accusation contre le professeur Dumbledore, et des souvenirs ne sont pas de refus pour cette affaire…
- Un dossier d'accusation? S'enquit l'autre femme en arborant une mine sceptique. Pour quoi?
- Lorsque cette affaire avec ce Lord Voldemort sera terminée, nous pensions utiliser les preuves accumulées contre Dumbledore pour ouvrir une enquête judiciaire auprès des autorités d'Angleterre et de France. Nous pensions notamment l'accuser d'enlèvement, de séquestration, d'acte de torture sur une personne, peut-être aussi pour agressions et menaces par le biais d'une tierce personne, en l'occurrence James Potter et Sirius Black… Nous n'en sommes pour l'heure qu'à l'accumulation des pièces à charge contre lui, mais selon mon avocat maître Chaveau-Lagarde, nous devrions sous peu obtenir de la justice française l'ouverture d'une enquête contre lui.
Là dessus, Marie-Louise vit parfaitement le regard de Lily changer du tout au tout et une joie sans commune mesure commençait à transparaître par delà les traits délicats de son visage.
- C'est merveilleux, bredouilla t-elle d'une voix émue. Ainsi donc, vous vous évertuez depuis des semaines à le combattre par des moyens légaux plutôt qu'à chercher frontalement l'affrontement?
- En effet, lui répondit t-elle. Cependant compte tenu de la justice de votre pays d'origine et de la forme de complaisance que les autorités ont eu avec cet homme ces dernières années, nous doutons encore que cela aboutira à une condamnation. De ce fait nous souhaitons également faire intervenir la justice de ce pays-ci pour mener à bien cette affaire.
- Fantastique ! Se réjouit-elle avec une joie non feinte. Avez-vous besoin de quoi que ce soit de ma part dans cette affaire? Un témoignage? Une plaidoirie?
Marie-Louise se concerta du regard avec Severus sous l'œil impatient de Lily, puis une fois un accord tacite établi entre eux, elle reporta son attention vers elle, un léger rictus sur les lèvres :
- Mettons-nous au travail.
A/N : Chapitre terminé !
Pour ceux qui s'interrogeaient sur les retombées de leur combat au sein de Gringott's, on peut dire que les sanctions sont plutôt minimes. C'est plus la fierté de la princesse qui en prend un coup ;)
Alors je sais que certains se diront que le coup de la coupe trouvée dans la voûte des Lestrange est un peu facile, mais comme je l'avais annoncé nous ne partirons pas à une chasse aux horcruxes haletantes qui durerait des plombes, de toute manière hormis Dumbledore personne ne s'en préoccupe pour le moment. Mine de rien, ça en fait quand même quatre détruits. Je dois avouer que je coince vraiment pour le diadème, je me pose la question de savoir si oui ou non je le ferais apparaître...
Le chapitre se finit sur l'ouverture d'un dossier à charge contre Dumbledore ; à voir maintenant si cela peut conduire à un véritable procès et si d'autres plaintes/accusations et pièces à charge pourraient le compléter. J'ai suivi des cours de droit dans mon cursus scolaire (deux ans en tout et pour tout) mais ce n'était qu'une option parmi d'autres et ça commence à dater, alors je ne suis pas au fait des procédures judiciaires, encore moins celles des années 1800 ; Je reste très prudent quant à l'éventualité d'écrire un procès entier dans cette histoire ^^.
Sur ce, à la semaine prochaine !
