Auteur : Greyshield
Traductrice : Hermi-kô
Te tenir
Chizuru Yoshida n'aurait pas pu être plus inconsciente, plus ignorante des sentiments que lui portait son meilleur ami, Ryū Sanada.
Ryū n'aurait pas plus l'aimer plus.
Plus d'une centaine de fois dans sa tête il lui avait sauvé la vie, l'avait fait sourire. Chaque nuit lorsqu'il s'endormait elle était à ses côtés, dans son esprit. Chaque matin lorsqu'il se réveillait –oh, comme il détestait le réveil- elle n'était plus là. Il avait besoin de Chizuru comme il avait besoin d'eau et d'air. C'était instinctif d'être avec elle. Rien en un millier d'années ne pourrait le convaincre du contraire.
C'est pourquoi lorsqu'elle venait jouer aux jeux vidéo chez lui, même s'il était fatigué il ne lui demandait pas de s'en aller. Si elle le battait ou l'insultait, il ne s'en offensait pas car il savait que c'était sa manière à elle de lui montrer qu'elle tenait à lui. Rien ne pourrait le faire flancher.
Et puis il le lui avait dit. Elle ne l'aimait pas en retour. Il s'y attendait tout en espérant que ce ne soit pas le cas. Au bout du compte il savait que ça n'arriverait jamais.
Aussi devait-il chérir des moments pareils :
Il était allongé sur son lit, se tenant sur un coude, avec Chizuru assise sur le bord du matelas. Ils faisaient face à l'écran de la télévision : elle jouait mais Ryū avait fini par s'ennuyer. Il était près de minuit et ses parents étaient partis pour un voyage d'anniversaire tandis que son frère était au loin avec sa fiancée… celle qui avait brisé le cœur de Chizu.
Ce n'était pas inhabituel pour Chizu de ne pas rentrer chez elle. La résidence Yoshida était assez au petit bonheur la chance, tout comme sa meilleure amie en fait. Elle s'était endormie sur le sol de sa chambre tant de fois ou lui avait même piqué son lit dans le temps. Mais ils étaient un peu trop vieux pour ça désormais, bien que ça leur arrivait encore de temps en temps. Elle se réveillerait et le supplierait de lui préparer des ramen avant de partir en courant vivre sa vie comme la jeune fille trépidante qu'elle était.
Ryū faisait face à l'écran mais ses yeux étaient fixés sur son dos, ses épaules en particulier. Elle était forte pour une fille mais Ryū était plus fort qu'elle et il voyait sa féminité comme aucun autre garçon. Ryū savait être le seul à pouvoir dompter ce monstre de fille.
De longues minutes passèrent. Enfin, Chizu quitta le jeu et éteignit la télé. Toutefois, au lieu de se lever, de s'étirer et de se diriger vers la porte en faisant un vague signe de la main, leur petit rituel, elle soupira d'une voix ensommeillée et bascula sur le lit, la tête sur l'oreiller. Ses yeux étaient lourds de sommeil. Elle se tourna sur le côté et eut du mal à les garder ouverts.
« C'est trop brillant, Ryū… » Murmura-t-elle.
Il leva le bras et appuya sur l'interrupteur pour éteindre la lumière. Il était silencieux et resta immobile.
« Je vais juste rester… un petit peu plus, c'est tout… »
C'était toujours ce qu'elle disait avant de s'endormir par-terre ou dans son lit…
« Oui, Chizuru. Juste un petit peu plus. »
« Vingt minutes, parce que tu me bats toujours… » Elle était allongée de sorte que son épaule nue reposait contre lui : il faisait froid dans la pièce.
Ryū se positionna plus confortablement et prit la liberté de tirer les couvertures sur eux deux. Il plaça son bras autour d'elle. Était-ce considéré tirer avantage de la situation ?
« Ryū, espèce de sale bâtard… » Murmura-t-elle, pressant un peu sa main. Elle s'enfonça plus profondément dans les couvertures, plus proche de sa chaleur à lui, jusqu'à ce que son esprit se soit envolé avec Morphée.
Dans l'obscurité bleue-noire de la nuit, Ryū ferma aussi les yeux.
« Chizuru, espèce de tentatrice envoûtante… »
Les doux filins de l'aube entrèrent subrepticement dans la chambre, tombant sur le couple qui n'en était pas un plongé dans un profond sommeil. Il se réveilla, une chaleur certaine entre les bras, et se crût être en train de rêver. Alors que ses yeux à elle s'entrouvrirent, il fit semblant d'être encore endormi. Le choc qu'elle reçut initialement fut adouci par la chaleur qui émanait de lui, devenue la sienne pendant la nuit. Enlacés dans leur état ensommeillé, ils étaient allongés face à face et étroitement imbriqués.
« Je ne peux pas dire que je regrette, » dit-elle si bas qu'il fut le seul à l'entendre.
« Je t'aime, Chizuru, » répondit-il d'une voix qui traînait après le vent.
Note de la traductrice : Je préfère largement ce pairing au canon, désolée pour les fans de Sadako. Bonne lecture !
*Hermi-kô***