Bonjour à tous ! Me voici de retour après une longue, longue absence. Voici une histoire qui me trotte dans la tête depuis plus de deux ans, celle-là même dont je faisais la pub en terminant Le club des amateurs de tricot. Il aura fallu le temps, mais la voici enfin prête à être couchée sur le papier.

Étant une fan inconditionnelle des fics où un/une OC saute d'un monde à l'autre jusque dans une histoire (je plaide coupable ^^), je me suis à nouveau penchée sur cette idée en me demandant cette fois-ci ce qui ce passerait si la personne qui effectuait le voyage... n'était pas la bonne.

Quelqu'un naît avec une destinée hors du commun dans une dimension, et est sur le point de faire le grand saut pour prendre connaissance de l'aventure magique qui l'attends dans un autre monde. Sauf que paf ! Pastèque. Un accident arrive, et une autre personne prend sa place par erreur, vole l'aventure sans le vouloir et doit prendre une responsabilité qui n'est pas la sienne.

Et après ? A vous de le découvrir...

(Disclaimer : au fait, le Seigneur des Anneaux n'est pas à moi mais à Tolkien, je me contente d'emprunter son univers pour une histoire et puis c'est tout)


Une aventure volée

Prologue

Les prophéties sont des choses très dangereuses.

On ne dirait pas, comme ça, quand on en voit une : ce ne sont généralement que de petits groupes de phrases délicieusement mystérieuses. Ça parle de courage en temps de trouble, de destinée et de sauveur. Et ça rime, en plus ! Que demande le peuple ?

Alors oui, bien sûr, c'est joli et plein d'espoir, mais trop d'espoir est parfois nocif. Si on s'attend à des temps sombres pour pouvoir rencontrer le fameux héros annoncé, pourquoi s'embêter à redresser la situation avant qu'il ne soit trop tard ? Noooon, mieux vaut profiter de la paix sans trop s'en faire, de toute manière un champion choisi par le destin va débarquer de nulle part et venir nous sauver.

Parlons-en, de ce champion, d'ailleurs ! Les élus du destin sont généralement de pauvres bougres qui ne s'y attendaient pas du tout, et se retrouvent propulsés au rang de presque-messie parce-que tout le monde attend d'eux qu'ils sauvent le monde dans les plus brefs délais. Écrasés par la pression et les doutes, ils doivent endosser leur rôle et apprendre à se battre en un temps record, puis vivre une aventure qu'ils ne risquent pas d'oublier. C'est une chance que ce fameux destin leur donne un coup de pouce sous la forme d'une habilité presque surhumaine d'apprentissage et d'instinct de survie, sinon ils finiraient tous morts. Ou cinglés.

Heureusement, il y a toujours des sceptiques qui se préparent un minimum pour les périodes de trouble, sinon on serait rapidement dans la mouïse... Car ce qu'on ne vous dit pas, c'est qu'une prophétie se doit d'être suffisamment nébuleuse pour pouvoir être interprétée de cent-soixante-quinze manières, si on veut qu'elle soit efficace. Ce n'est qu'après-coup qu'on fait coller les faits aux prédictions, et encore ! C'est seulement si on a de la chance.

Voyez-vous, les prophéties ne se réalisent pas toujours. Le temps se charge alors de les transformer en métaphores, puis de les effacer rapidement des mémoires au profit des rares qui se déroulent comme prévue.

Mais qu'il y a-t-il de plus rare qu'une prophétie qui se réalise ? Quelque chose auquel personne n'ose penser, que même les Elfes à la sagesse millénaire refusent d'envisager. Une possibilité si rare qu'elle n'effleure aucun esprit, pas même ceux des Valars.

Une prophétie qui se réalise mal. Le destin, l'inébranlable et infaillible destin, qui se trompe.

Impossible ? Pas tant que ça.

C'est arrivé. Et pas sur une petite prophétie de rien du tout, ah non ! Rien de moins que celle qui prévoyait, avec l'arrogance coutumière des prophéties apocalyptiques, la destruction de toute la Terre du Milieu si elle venait à être entravée dans son déroulement.

C'était une des prophéties les plus attendues, examinée avec soin par les plus sages des Elfes et approuvée par le Conseil Blanc. Elle prévoyait un âge de Ténèbres, un fléau porté par un Semi-Homme et un puissant Gardien marqué par le destin, envoyé d'une autre Terre par-delà le ciel pour aider à protéger la Terre du Milieu et couronner le Roi des Hommes qui apportera la paix.

L'Anneau Unique fut forgé. Sauron s'éleva au pouvoir puis tomba. Isildur prit l'Anneau et en fit son fléau (de nombreux érudits elfiques remarquèrent ce mot précis) avant de perdre la vie.

Le temps passa. Les Hommes oublièrent, petit à petit. Seuls les immortels étaient encore à l'affût, sentinelles à la vigilance inébranlable, conscients que la menace de Sauron ne disparaîtrait qu'à sa mort.

Les ténèbres revinrent. Les armées de Sauron s'éveillèrent et ses alliés devinrent plus nombreux. L'air commença à se charger du calme lourd avant la tempête. Le dernier descendant d'Isildur naquit, et fut plus tard élevé à Fondcombe, ce qui signifiait que le fameux Gardien désigné par le destin pour l'aider à vaincre le Mal et lui rendre son trône n'allait plus tarder à arriver.

Le monde retint son souffle.

Et le Gardien ? Pffft. Quelqu'un d'autre arriva par erreur, dénué de pouvoir et de capacité particulière. Et là, tous les membres du Conseil Blanc, les sages Magiciens et les Elfes parfaits, préparés depuis si longtemps à poser le destin de la Terre du Milieu sur les épaules du Gardien…

Ils passèrent vraiment pour des idiots.