LES LETTRES DE FOUDRE 2

Affaires internes


Michael Thomas arriva plus tôt au travail ce jour-là. Il entra dans son bureau, s'assit, ressortit ses lunettes et regarda d'un air désespéré la pile de papier sur son pupitre. Avant même qu'il n'ait eu le temps de s'y attaquer, on frappa à sa porte et son assistant, Franz Hobbes, passa la tête par l'ouverture. Michael leva la tête.

- Oui, Franz? Qu'y a-t-il?

- Pardonnez-moi de vous interrompre, dit Franz, mais je ne sais pas si vous aviez oublié, mais vous avez un rendez-vous ce matin… Mademoiselle Rena Hepburg? Elle siège au comité de la Société de commémoration d'Harry Potter. Elle est dans la salle d'attente. Je la fais entrer?

Michael retira ses lunettes et se frotta le front. Pas Hepburg. Pas aujourd'hui, et certainement pas aussi tôt.

- Oui, Franz, fais-là entrer, murmura-t-il.

Quelques minutes plus tard, Hepburg entrait dans son bureau. Michael s'efforça d'afficher un faux sourire de bienvenu sur son visage. Il nota que la femme portrait toujours la même affreuse coupe de cheveux que la dernière fois qu'il avait été en sa compagnie.

- Mademoiselle Hepburg, dit-il cordialement. Ravi de vous revoir. Asseyez-vous, s'il vous plaît.

Hepburg s'assit avec précaution dans la chaise offerte et lança un regard un peu dégoûté sur le bureau désordonné. Elle serrait son grand sac à main contre sa poitrine comme si elle craignait qu'on tente de le lui voler à tout moment.

- Que puis-je faire pour vous aujourd'hui? continua Michael.

Rena ne tourna pas autour du pot.

- Je suppose que vous avez entendu parler d'une auteure appelée Iris Henderson? lui demanda-t-elle.

Michael s'assit profondément dans sa chaise et appuya le bout de ses doigts ensemble.

- En effet, oui, répondit-il. La fille d'Alan Henderson. Assez jeune, mais elle a déjà écrit plusieurs livres. Populaire avec le public général. Ses livres sont plutôt bons, en fait. J'ai entendu dire qu'elle fréquente un jeune homme du bureau, Roy Deayton. Je suis impatient de voir ce qu'elle publiera dans le futur.

Mademoiselle Hepburg tremblait sous le coup de l'émotion.

- Je sais déjà ce qu'elle publiera, dit-elle d'un ton émotif.

- Vraiment? dit Michael. Quelque chose d'intéressant?

- Elle enquête sur l'auteure des Lettres de foudre.

- Vraiment? Voilà qui est plutôt ambitieux de sa part. Je me demande si elle a fait des progrès. Je devrai demander à Roy…

Rena éclata.

- Elle croit avoir fait des progrès, Monsieur Thomas! C'est ce que je tente de vous expliquer! Elle a déjà écrit une grande partie de son livre et on doit la dissuader de le publier! Elle fait des allégations… outrageuses… grotesques! J'ai immédiatement pensé que vous pourriez lui en parler… discrètement, vous savez… avant qu'elle ne publie cette absurdité. J'ai pensé qu'elle vous écoutera, vous, le chef du Département des artéfacts anciens…

- D'accord, dit lentement Michael. Et, euh… quelles sont ces allégations, exactement, si vous pourriez être plus claire?...

- C'est dégoûtant!

- Miss Hepburg... si je dois réfuter ses allégations, je dois savoir…

Rena s'enfonça dans sa chaise.

- Elle dit qu'Harry Potter était un…

Elle se pencha vers Michael pour murmure, réticente.

- …un homosexuel.

- Ah, dit Michael. Intéressant, ajouta-t-il après un instant.

- Nous devons nous serrer les coudes, Monsieur Thomas! s'exclama Rena. L'ancienne génération doit s'unir. Vous savez, je suis membre de la Société de commémoration d'Harry Potter et nous sommes déterminés à reconnaître Harry Potter tel qu'il était, comme un vrai héros! Nous ne voulons pas que son nom soit souillé!

- Eh bien, Mademoiselle Henderson a-t-elle des preuves pour soutenir ses allégations? demanda Michael.

- Apparemment, oui, dit Rena d'un air ennuyé. Par contre, je suis certaine qu'elles sont fausses…

- Eh bien, Mademoiselle Hepburg… Je ne sais pas exactement ce que vous voulez que j'y fasse… Je ne peux pas l'empêcher de publier son livre…

- Mais il le faut! dit Rena d'un ton suppliant. Sinon je trouverai quelqu'un qui le peut.

Elle se leva.

- Je prends cette affaire très au sérieux, Monsieur Thomas. Nous sommes déterminés à nous rendre jusqu'au bout, peu importe l'effort nécessaire. Je vous fais confiance pour parler à cette jeune femme. Bonne journée à vous.

Sur ce, Mademoiselle Rena Hepburg quitta son bureau.


Ce matin-là, Roy Deayon se leva très, très silencieusement du lit. Il se frappa immédiatement un orteil contre le gros livre sur le plancher et passa les instants suivants à sauter sur un pied en jurant. Puis, vêtu d'un boxer et d'un t-shirt sans manches, il ouvrit la porte de la chambre et boita silencieusement jusqu'à la salle de bain. Au moment même où il l'atteignait, la porte s'ouvrit et Will Self en ressortit en coup de vent, le heurtant de plein fouet.

- Oh, dit Will, sans s'étonner de le voir mais en le regardant de haut en bas. Tu es resté, alors.

Roy rougit.

- Eh bien, euh… dit-il.

Will leva les yeux au ciel.

- Ah, pour l'amour de Dieu, je ne suis pas sa mère, dit-il. Et pas besoin d'être aussi embarrassé non plus. J'ignore si on t'a informé, Roy, mais c'est parfaitement naturel. Je sais qu'une certaine jeune femme est complètement et incompréhensiblement embarrassée par le concept du S-E-X-E, mais tu n'as pas besoin de l'être. Je parie qu'elle t'a dit que je poserais mille questions pour t'humilier, c'est ça?

- Euh…

Royal ne pouvait le nier.

Will sembla exaspéré.

- C'est parfois difficile de croire qu'elle a 24 ans, dit-il. Elle est complètement ridicule. Et je ne vais pas t'humilier, c'est promis. Allez, viens m'aider à faire le petit déjeuner.

Dix minutes plus tard, Iris ressortit de sa chambre et trouva un Roy embarrassé assit à la table de la cuisine, serrant une tasse de thé. Will faisait cuire du bacon, des œufs et des saucisses dans une poêle.

- Oh, ne me regarde pas comme ça, Iris, dit Will. Allez, assied-toi. Je suis sûre que vous êtes affamés, tous les deux.

Iris lui lança un regard noir.


- Roy.

Michael Thomas passa la tête par la porte de son bureau, hochant la tête vers le plus jeune membre de son équipe.

- Je voudrais te parler une minute, s'il te plaît.

Roy leva la tête en entendant la voix de son supérieur, laissant tomber ses papiers sur le sol. Il se leva, renversant sa tasse de thé dans la poubelle.

Michael se rappela qu'il faudrait enlever tous les objets cassables dans son bureau le plus vite possible.

- J'ai reçu la visite de Mademoiselle Rena Hepburg dans mon bureau ce matin, avant ton arrivée, dit Michael alors que Roy s'asseyait.

En voyant l'expression perplexe de Roy, il s'expliqua.

- Elle est un membre important de la Société de commémoration d'Harry Potter.

- Ah oui, dit Roy. Ma mère leur fait souvent des dons.

- Ah, dit Michael. Eh bien, elle fait des histoires. À propos d'Iris Henderson et de ce livre qu'elle écrit supposément.

Roy prit un air alarmé.

- Mais, personne n'est censé savoir pour le livre… Iris ne l'a même pas terminé! s'exclama-t-il.

- Eh bien, tu connais ces gens, dit Michael. Ils ont leurs façons de découvrir les choses. Elle m'a demandé de parler à Iris et quand j'ai expliqué que je ne le ferais pas, elle m'a semblé très déçue. Je sais que tu vois souvent Mademoiselle Henderson ces derniers temps…

Roy rougit. Michael réprima un sourire.

- …alors j'ai pensé qu'il serait mieux de t'en parler.

- Merci, Monsieur, dit timidement Roy. Je… je la rejoins pour le déjeuner, en fait. Je la mettrai au courant.

Il se leva pour partir.

- Et Roy, ajouta Michael. Tu peux lui demander de m'en signer un exemplaire quand il sera publié? Je crois qu'il s'agira d'une lecture fascinante.


- Ce que j'aimerais bien savoir, dit Iris alors qu'ils marchaient dans les couloirs de l'édifice du conseil, c'est comment elle a découvert tout ça.

- Moi aussi, dit Roy. C'est très étrange…

- Iris! appela une troisième voix.

- Papa, répondit Iris en regardant autour d'elle.

Son père, Alan Henderson, se dirigeait vers eux avec un sourire.

- Qu'est-ce que tu fais ici?

- Je suis seulement venu demander à Daniel Partridge s'il voudrait aller déjeuner, mais il est un peu occupé, répondit Alan en indiquant la porte marquée « Comité de diplomatie internationale ».

Il se tourna vers Roy, qui se tenait très droit, avec un sourire nerveux.

- Je ne crois pas que nous ayons été présentés, ajouta Alan.

Il était grand et un peu chauve, avec un visage doux et les mêmes yeux bleu foncé que sa fille.

- Papa, désolée, voici Royal Deayton, dit Iris alors que les deux hommes se serraient la main. Roy, voici mon père, Alan.

- Très heureux de faire votre connaissance, Monsieur, dit Roy de façon ridiculement formelle en agitant la main de monsieur Henderson avec enthousiasme.

Alan regarda Roy avec une lueur dans ses yeux. Iris se détendit. Il était évident qu'Alan avait réalisé que Roy n'avait pas une once de méchanceté et n'avait pas l'intention de ruiner la vie de sa fille.

- Ne sois pas aussi nerveux, Roy, dit-il. On dirait que tu t'apprêtes à passer devant le conseil. Je ne sais pas ce qu'Iris t'a raconté…

- Oh! s'exclama Roy en rougissant. Rien du tout, honnêtement, Monsieur Henderson…

-…parce que ce qu'elle aurait pu te raconter, continua Alan, c'est que c'est de sa mère dont tu devrais te méfier. Je t'assure, l'air renfrogné de cette femme fait froid dans le dos…

Le sourire nerveux de Roy se figea sur son visage. Il ne semblait pas savoir si monsieur Henderson était sérieux ou non, mais aussi se demander dans quoi il s'était embarqué.

- Papa! gronda Iris.

- Alors, que fais-tu dans la vie, Roy? demanda monsieur Henderson comme s'il n'avait pas entendue sa fille.

- Je travaille pour le Département des artéfacts anciens…

- Ah oui, bien sûr! Je pensais que tu avais l'air familier. Je suis désolé… ma tête n'est plus ce qu'elle était. Tu étais dans le journal avec ma fille il y a quelques mois. Sa mère est tellement fière d'elle. Elle a fait encadrer l'article et tout ça. Je travaille aux affaires internes, moi-même. C'est très ennuyeux. Ça ne t'embête pas si je me joins à vous pour prendre une bouché, pas vrai?

- Oh non, dit le pauvre Roy qui semblait plus nerveux que jamais. Pas du tout.

Ils marchèrent tous les trois à travers le Transportorium et jusqu'au Chemin de Traverse bondé sous le soleil d'après-midi. Ils discutèrent allègrement jusqu'à ce qu'une voix vienne interrompre leur conversation.

- Vous êtes Iris Henderson?

- Oui, c'est moi, dit Iris en se retournant.

Une femme se tenait là, lui lançant un regard noir. Elle avait une étrange coupe de cheveux et tenait un grand sac à main.

- C'est bien ce que je pensais, dit-elle. Je vous ai reconnue d'après la couverture de votre livre, mais n'allez pas penser que j'achèterai un jour l'un de vos torchons!

- Euh… dit Iris.

- Je suis Rena Hepburg, continua la femme en se redressant.

- Ah, dit Iris.

Elle comprenait tout à présent.

- Je sais tout sur vous, Henderson! continua Hepburg en élevant la voix. Je sais ce que vous faites! Et je ferai tout pour vous arrêter!

- Allez, viens, Iris, murmura Roy en tirant sur sa manche. Allons-y.

- Pas avant que vous 'ayez entendu ce que j'ai à dire! hurla Hepburg. Comment osez-vous répandre des mensonges si grossiers à propos d'un si grand homme! Comment osez-vous les écrire?

- Pour être honnête, Madame, ajouta Alan Henderson, ce ne sont pas des mensonges s'ils peuvent être prouvés.

- Je refuse d'entendre ces absurdités! cria Hepburg.

À présent, tout le monde les observait.

- Eh bien, vous n'aurez plus à entendre ces absurdités bien longtemps, dit Iris en laissant ses émotions prendre le dessus. Bientôt, vous pourrez les lire. Je vous enverrai même une putain de copie gratuite!

SMACK!

Iris posa une main sur sa joue brûlante. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle venait d'être giflée, surtout par cette vieille sorcière! Roy luttait maintenant avec Hepburg, qui tentait à répétition de le frapper sur la tête avec son sac à main. Puisque le sac à main était très grand, elle manquait rarement son coup. Roy avait sur son visage une réelle expression de douleur.

- Ah, pour l'amour de Potter, dit sèchement Alan.

Il agita la main vers Hepburg. Il lui avait sûrement lancé un sort paralysant, car elle se figea, ses yeux plissés de rage. Roy s'éloigna, l'air reconnaissant.

- Voilà, ça vous fera taire, dit Alan. Comment avez-vous osé frapper ma fille?

- Et vous verrez, dit Iris en frottant sa joue, que les Lettres de foudre ne mentent pas. Ouch, murmura-t-elle en s'éloignant de la sorcière immobilisée. Ça fait vraiment mal!


- C'est vraiment formidable que tu puisses consulter les originaux des Lettres de foudre, Iris! dit Alan lorsqu'ils déjeunèrent en sécurité.

Iris savait qu'il avait toujours été intéressé par les sujets historiques.

- Eh bien, je suis certaine que tu pourrais y jeter un coup d'œil si tu m'accompagnais au Musée Hogarth demain après-midi, dit Iris. Roy et moi faisons nos recherches là-bas. Ils te laisseraient sûrement entrer. Ils sont presque habitués à ma présence. Je ne suis pas certaine, mais je crois qu'ils m'ont même pardonné pour cet article dans le journal.

- Excellent! dit Alan avec les yeux brillants.


L'après-midi suivant, Iris et Roy rejoignirent Alan dans l'entrée du Musée Hogarth. Alan semblait très excité. Il était radieux, avait coiffé les cheveux qui lui restaient avec soin et portait même sa plus belle cravate.

- Bon après-midi, dit Iris au gobelin à la réception. C'est encore moi, comme toujours. Vous devez en avoir marre de me voir, dit-elle en souriant.

Le gobelin ne parut pas très amusé. Iris toussa pour réprimer un rire.

- Euh, j'ai réservé les Lettres de foudre pour aujourd'hui, s'il vous plaît. Je voudrais aussi faire entrer mon… euh, mon associé, Alan Henderson.

Le gobelin lui lança un regard suspicieux, tout comme il le faisait depuis des mois chaque fois qu'elle venait.

Alan et Roy avaient l'air nerveux.

- J'ai bien peur que ce soit impossible, Mademoiselle, dit le gobelin. Les Lettres de foudre ont été… égarées.

- Égarées! s'étonna Iris. Mais ce sont les Lettres de foudre! Comment ont-elles pu être égarées?

- C'est ce que nous tentons de découvrir, répondit le gobelin d'un ton indifférent.

- Avez-vous contacté le Département des artéfacts anciens? demanda Roy. Ou le Comité criminel?...

Le gobelin prit un air amer.

- Pas encore, dit-il. Nous espérons qu'elles ont simplement été déplacées.

Iris oublia pendant un instant qu'elle parlait à un gobelin.

- Ce sont les Lettres de foudre! hurla-t-elle, furieuse. Vous auriez dû contacter quelqu'un immédiatement!

- Lorsque nous serons certains qu'elles ne sont pas dans l'édifice…

- Oh, pour l'amour de Potter, dit sèchement Iris.

Elle allongea le bras vers le bureau et s'empara du registre du musée.

- Voyons voir qui est venu récemment, pour commencer…

Son regard tomba immédiatement sur un nom signé l'après-midi précédent :

« 15h45 : Mlle Rena Hepburg. 46, Woodyates Court. »

- Oh, quelle horrible femme! siffla Iris. Elle sait que si je ne peux pas consulter les originaux, si je ne peux appuyer ma recherche sur les faits, je n'ai aucune preuve du tout! Elle va tenter de me remettre en question! Et elle n'est même pas assez rusée pour passer inaperçue. Nous allons chez elle immédiatement!

- Iris, tu devrais peut-être attendre un instant, dit Alan. Il faut appeler quelqu'un d'officiel, comme il est suggéré. Nous ne pouvons pas débarquer chez elle…

- Il le faut, Monsieur Henderson! cria Roy. Chaque instant perdu lui donne la chance de détruite les Lettres de foudre!

Ils se dirigèrent tous deux en courant vers la sortie du musée, Alan sur les talons.

- Contactez les comités! cria Iris au gobelin par-dessus son épaule. Contactez les départements! Contactez tout le monde!

Après avoir rapidement consulté une mappe, ils apparurent devant Woodyates Court. Iris se tourna vers le numéro 46 et plissa les yeux. Puis elle monta les marches et se mit à frapper violemment contre la porte.

- Hepburg! cria Iris en ouvrant la porte. J'ai à vous parler!

Soudainement, elle étouffa une exclamation, reculant de surprise.

Il y avait un corps sur le plancher et Iris aurait reconnu ces cheveux n'importe où.

C'était Rena Hepburg.


- Eh bien, dit Roy d'un air mécontent. Je crois que la première chose à faire, c'est… c'est de vérifier si elle est vraiment morte.

Iris lança à Roy un regard rempli d'attente, mais il ne bougea pas.

- Laissez-moi faire, dit Alan d'un ton déterminé.

Il se dirigea vers le corps et donna un coup de pied sur la jambe d'Hepburg.

- Ouais, dit-il. Elle est définitivement morte.

- Papa! siffla Iris, embarrassée.

C'était pire que la fois où elle avait ramené Richard Scarsborough à la maison (contre son bon jugement) et qu'il était sorti par la fenêtre pour tenter de s'enfuir loin de ses parents, de leurs questions insinuantes et du gâteau aux bananes que sa mère avait préparé.

- Eh bien, tout d'abord, nous devrions contacter le Comité criminel, ainsi que la police Moldue, dit monsieur Henderson.

- Mais Papa! s'exclama Iris. Elle est membre de la communauté magique… ne devrions-nous pas nous en occuper nous-mêmes?

- Iris, dit Alan. Je suis désolé d'avoir à t'en informer, mais les Moldus sont beaucoup plus doués avec ce genre de chose. Ils ont des machines, de l'équipement! Ils font un test de NDA et trouvent le coupable en dix minutes! Alors que nous… eh bien, enlève-nous la magie et la plupart d'entre nous serions incapables de nous évader d'un sac en papier.

- Moi, je le pourrais! dit furieusement Iris.

- Bien sûr, ma chérie, dit Alan d'un ton qu'il réservait normalement pour son épouse.

- Mais… s'ils trouvaient quelque chose… d'anormal? Quelque chose qu'ils ne peuvent expliquer? demanda Roy.

- Oh, ils sont déjà au courant de tout, dit monsieur Henderson. Du moins, les officiers de police haut-placés sont au courant. Ils nous font une faveur et prétendent le contraire. C'est très gentil de leur part, vraiment. Et de plus, les oblivius à répétition, ça donne de terribles maux de tête. Je suppose qu'ils se sont lassés avec le temps et maintenant ils prétendent ne se rendre compte de rien.

Iris était bouche bée.

- Non, ils enverront une ou deux personnes du Comité criminel, mais crois-moi, ce sont les Moldus qui résoudront l'affaire.


Détective Spencer était un homme grassouillet de petite taille, dans la mi-cinquantaine, avec une expression fatiguée et un accent du sud de Londres.

- Bon, qu'avons-nous ici? demanda-t-il en entrant.

- Un cadavre, expliqua Alan.

- C'est… enfin, il s'agissait de Rena Hepburg, dit Iris.

- Vous la connaissez?

- Oh, non, pas vraiment… En fait, nous nous sommes rencontrées hier. Mais nous pensions qu'elle avait… qu'elle avait volé quelque chose dans un musée où je travaille alors nous sommes venus la confronter. Seulement… eh bien, elle était morte.

- Mmm, dit Détective Spencer en lançant à Iris un regard perçant. Et vous n'avez rien à voir avec sa mort, c'est bien ça?

- Oh non! s'exclama Iris, horrifiée. Bien sûr que non!

- Euh… moi non plus, dit Roy.

- Moi non plus, ajouta Alan.

Détective Spencer leva les yeux au ciel.

- Très bien, dit-il.

Il ressortit de sa poche un petit objet carré qu'Iris reconnut comme un ordinateur.

- Je dois noter vos noms et vos adresses, s'il vous plaît.

À ce moment, deux sorciers à bout de souffle, apparurent au salon.

Détective Spencer cligna des yeux. Tous se tournèrent vers lui, figés.

- Oh, dit-il. C'est ce genre d'enquête, c'est ça. Restez calme, vous tous. Je n'ai rien vu et ça restera ainsi, d'accord? On a déjà assez joué avec ma tête aujourd'hui, merci beaucoup. Bon, je dois vous poser des tas de questions. Le plus tôt nous aurons commencé, le plus tôt nous aurons terminé.

Malgré le fait qu'ils commencèrent tôt, les questions semblèrent durer des heures. Iris, Roy et monsieur Hendersen furent questionnés à plusieurs reprises sur la raison de leur présence et la nature de leur relation avec la femme morte. Détective Spencer ressortit un autre machin étrange, comme l'appellerait Will, avec lequel il examina le corps. Selon l'appareil, Hepburg était morte dans les dernières quatre heures. C'était, comme le remarqua plus tard Iris, comme de la magie. On leur demanda ensuite ce qu'ils avaient fait ce matin-là. Il était évident que l'officier Moldu les soupçonnait beaucoup plus que les gens du Comité criminel. Ils avaient entendu parler d'Iris et semblaient moins enclins à l'embêter. Après quelques murmures dans un coin entre le détective Spencer et les deux sorciers du Comité, on les informa qu'ils n'auraient pas besoin de se rendre à la station de police. Détective Spencer sembla déçu, mais il recueillit un échantillon de leur peau à chacun et leur interdit de quitter le pays dans les prochains jours.

Quand Iris rentra à son appartement, elle était absolument épuisée. Monsieur Hendersen et Will tentèrent de lui remonter le moral, mais rien n'y faisait. Elle n'avait pas exactement connu Rena Hepburg et elle ne la trouvait pas très agréable, mais la voir morte l'avait tout de même profondément choquée. Il s'agissait visiblement d'un meurtre et Iris n'avait pas entendu parler d'un tel crime dans la communauté magique depuis des années.

Plus que tout, bien qu'elle se sente un peu coupable de penser ainsi, elle savait que son livre, malgré toute l'information qu'elle avait recueillie, ne servirait à rien à présent. Elle était à peu près certaine qu'Hepburg avait volé les Lettres de foudre. Un tel crime était vraiment inconcevable puisque les artéfacts datant de l'âge des Ténèbres étaient gardés précieusement et traités avec respects. Les preuves de base de sa recherche avaient été obtenues en jetant des sorts sur les lettres originales. Sans elles, rien ne pourrait être prouvé. Le Comité criminel lui avait assuré qu'ils enquêtaient sur le vol, mais elle avait pu voir sur leur visage qu'ils avaient peu d'espoir de les retrouver. Elle prévoyait quand même se rendre au musée le lendemain, pour voir ce qui s'était passé.

- Au moins ils ne peuvent blâmer aucun de nous pour le meurtre, dit Alan. Will peut confirmer ton alibi, Iris. Et Roy et moi étions au travail.

- Oui, murmura Iris. Mais ce n'est pas vraiment une consolation.


- Bonsoir, Mademoiselle Henderson.

Il y avait deux hommes sur le pas de sa porte.

- Je suis Lawrence Smith, du comité criminel. Voici mon associé, Daniel Partridge. Nous pouvons entrer?

- Bien sûr, dit Iris, légèrement troublée.

Elle jeta un regard vers Daniel Partridge. Il avait quelque chose de familier. Elle ouvrit la porte pour les accueillit.

- Royal Deayton est également ici, si vous avez à lui parler.

- Voilà qui est très utile, dit Smith.

Il suivit Iris au salon, où Royal était assit.

- Ceci n'est qu'une visite informelle pour vous informer que vous avez officiellement été retirés de la liste des suspects. Tout comme votre père, Mademoiselle Hendersen. Vos alibis sont plausibles et la police Moldue n'a trouvé aucune trace vous incriminant sur le corps de la victime.

- J'en suis soulagée, dit Iris et Roy hocha la tête. Vous avez de nouvelles pistes?

- J'ai bien peur que non, dit Smith. Il est évident que la victime a été étranglée, mais cela n'a pas été fait magiquement. Les marques autour de son cou paraissent d'abord comme des marques de doigts, mais elles sont beaucoup trop longues. Le comité, ainsi que les Moldus, pense pour l'instant qu'une sorte de corde a été utilisée. Vous serez gardés au courant si nous faisons des progrès dans l'enquête.

- Si vous vous rappelez quoi que ce soit d'autre, ajouta Daniel Partridge, voici ma carte. N'hésitez pas à nous contacter.

Iris jeta un œil sur sa carte. « Daniel Partridge : Comité Criminel, Salle 711. » Elle se rappela.

- Daniel Partridge… je croyais reconnaître votre nom, dit Iris. Mon père vous a mentionné.

Puis elle fronça les sourcils.

- Mais je croyais… je croyais que vous travailliez pour le Comité de diplomatie internationale.

- C'est vrai, Mademoiselle Henderson, dit l'homme, perplexe. Mais j'ai été recruté par le Comité criminel il y a quelques mois. Dites à votre père de me contacter. Je ne l'ai pas vu depuis des lunes. Nous sommes tous deux trop occupés, j'imagine!

Iris sentit son estomac se serrer.

- Oui, dit-elle. Oui, bien sûr.

Les deux hommes hochèrent la tête et Roy se leva pour les raccompagner, jetant un regard inquiet vers Iris, qui était figée sur place. Elle se laissa tomber sur le divan.

- Qu'est-ce que tu as? demanda Roy en revenant au salon.

- Quand nous avons rencontré mon père, l'autre jour, il a dit qu'il voulait aller déjeuner avec Daniel Partridge, pas vrai? dit Iris. Mais c'était impossible, parce que mon père était aux bureaux du Comité de diplomatie internationale et Partridge n'y travaille plus depuis des mois.

- C'est vrai, dit Roy en fronçant les sourcils. Mais… Partridge a dit qu'il y a déjà travaillé, qu'il connaît ton père et ne l'a pas vu depuis des mois… c'est une erreur plausible.

- Non, dit Iris en réfléchissant. Il a dit qu'il avait parlé à Partridge mais qu'il était trop occupé pour aller déjeuner… Mon père mentait.

- Mais, Iris…

- Et quand Hepburg m'a accostée dans la rue, continua Iris. Papa a dit… ce ne sont pas des mensonges s'ils peuvent être prouvés. Et il m'a ensuite demandé pour voir les Lettres de foudre. Mais il ne savait même pas de quoi elle parlait! Je ne lui avais même pas parlé de ma recherche… mais quelqu'un d'autre l'a fait, évidemment.

Elle se leva, furieuse.

- Comment j'ai pu être aussi stupide? Je vais le voir tout de suite!

- Iris, attend…

Avec un craquement, Iris était partie.


Quand Iris arriva à la maison, elle trouva son père dans la cuisine en train de réparer de la porcelaine. Elle se sentait malade. Comment son père, cet homme si joyeux, si ordinaire… comment pouvait-il être quelqu'un d'aussi différent?

Alan sentit sa présence et se retourna, tenant dans sa main une tasse de thé.

- Iris! dit-il. Quelle surprise! C'est bon de te voir.

- Partridge ne travaille plus au Comité de diplomatie internationale, dit Iris, légèrement tremblante.

Ses mains s'étaient serrées en poings.

- Il a été transféré au Comité criminel il y a des mois.

- Ah, dit lentement Alan.

Il y eut un moment de silence. Il déposa la tasse.

- Ils n'ont pas encore mis son dossier à jour. Très, très peu élégant. Ou peut-être que c'est seulement moi. Ma tête n'est plus ce qu'elle était, après tout.

- Tu as su qui était Roy à l'instant même où tu l'a vu, pas vrai? murmura Iris. Ce que tu as dit quand Hepburg m'a giflée… Tu savais tout de ma recherche et je sais que je ne t'en avais pas parlé… Tu es un espion.

Alan ouvrit la bouche pour protester, mais Iris l'interrompit.

- Ce n'est pas la première fois, pas vrai? demanda-t-elle. Tu as fait ça toute ta vie, Papa? Est-ce que c'est ça ton travail?

Alan hésita pendant trop longtemps. Ce fut la réponse qu'attendait Iris.

- Est-ce que Maman est au courant? demanda-t-elle.

- Oh oui, dit Alan. Ou, du moins, je crois que oui. Nous n'en parlons jamais.

Il sourit.

- C'est une bonne femme, ta mère.

- Alors tu m'as menti toute ma vie! hurla Iris. Et tu crois que c'est acceptable!

- Je suis désolé, Iris, dit Alan. Je sais que tu te sens… trahie, mais je n'étais pas autorisé à t'en parler… je n'avais le droit d'en parler à personne! C'était pour te garder en sécurité, ma chérie.

Il s'approcha d'elle doucement. Iris recula en trébuchant avant de finalement poser la question qu'elle redoutait.

- Tu l'as tuée? murmura-t-elle d'une voix tremblante.

- Non, dit Alan. Non, Iris. On m'a envoyé en éclaireur, c'est tout. J'étais le parfait candidat… Je pouvais me rapprocher de toi sans qu'on me soupçonne.

- Mais pourquoi? supplia Iris. Je ne comprends pas!

Alan soupira.

- Ne réalise tu pas à quel point ta découverte est importante? dit-il. Ne réalise tu pas ce que ça signifie pour nous tous? Nous avons bâtie cette société après l'âge des Ténèbres et nous avons mis tout ce temps à guérir. Avant ta naissance, quand j'étais enfant… c'était encore le chaos, même à cette époque. Mais nous avons réussi et tu sais comment? Avec un travail acharné et une détermination basée sur les exemples que nous avons de la Seconde Ascension. Nous nous sommes dit, s'ils ont pu le faire, alors nous en sommes capables. Je sais que nous avons nos défauts, mais nous sommes toujours là, après tout ce que le côté sombre nous a fait subir. Nous avons survécu au génocide qu'on créé les malédictions du sang, Iris. Il reste toujours des choses à réparer, bien sûr. L'état perpétuel de suspicion, en particulier. Sans mentionner la tendance homophobe. Je sais que tu n'es pas d'accord, Iris, mais elle nous a aidé à survivre. Nous avons empêché d'autres mages noirs de prendre le pouvoir. Et nous sommes prêts cette fois, parce que nous ne voulons jamais revivre cette époque. Et toi, tu arrives et tu veux dire haut et fort que le héros le plus célèbre de l'âge des Ténèbres était non seulement gai, mais l'auteur des Lettres de foudre aussi? Sais tu combien de gens très important tu vas rendre furieux? Hepburg n'était que la pointe de l'iceberg.

- Je…

Iris avait la tête lourde. Elle déglutit.

- Tu as raison. Je ne comprenais pas ça, Papa. Mais même après tout ce que tu m'as dit… Je m'en fiche. Je vais publier mon livre quand même et personne ne pourra m'en empêcher.

- Bien sûr, je sais, dit Alan avec un sourire. Tu es ma fille, après tout.

Iris détourna la tête.

- J'ai besoin de temps, dit-elle en se dirigeant vers la sortie.

Alan semblait troublé. Il allongea le bras pour lui prendre la main.

- Mais tout ira bien, Papa. Dans peu de temps, je l'espère.

Elle sortit.


- Je n'arrive pas à y croire, dit Iris. Mon père est un espion clandestin.

- Eh bien, dit Roy. Je n'aurais pas exactement sauté à cette conclusion non plus.

Iris rigola. Quelques heures plus tard, le poids dans son estomac s'était dissipé. Elle soupira.

- Rien de ce que je croyais vrai ne l'est finalement, dit-elle. Je n'ai jamais réalisé à quel point j'étais naïve avant aujourd'hui. Je ne peux m'empêcher de me demander sur quoi d'autre je peux m'être trompée.

- Il y a une chose, dit doucement Roy en embrassant son front, qui ne serait pas mal du tout. Si tu… si tu décidais de m'épouser, par exemple.

Iris renifla.

- Tu es tellement vieux jeu!

Elle releva la tête, posant son menton contre la poitrine de Roy.

- Et pourquoi devrais-je t'épouser? demanda-t-elle d'un air taquin.

- Euh… dit Roy. J'aurais cru que c'était évident. Parce que je t'aime, bien sûr!

- Vraiment? murmura Iris. Parce que je t'aime aussi, tu sais.

- Eh bien, dit Roy avec un grand sourire. C'est réglé.

- Peut-être qu'on devrait d'abord commencer par habiter ensemble, l'interrompit Iris. Juste pour voir si tu es capable de laver tes chaussettes d'abord. Ensuite, nous parlerons de mariage.

- Oui, chérie, dit Roy.


- Bonjour, Mademoiselle Henderson, dit le gobelin à la réception.

Iris arqua un sourcil. Il était très poli aujourd'hui.

Ce n'était pas normal.

- J'imagine que vous êtes venue voir les Lettres de foudre, continua-t-il.

- Non… enfin, oui, mais… Vous voulez dire que vous les avez retrouvées? demanda Iris, incroyablement étonnée. Mais… je croyais que quelqu'un les avait prises chez Rena Hepburg…

- Oh, non, Mademoiselle, dit le gobelin. C'est très curieux, mais elles étaient à leur place ce matin, saines et sauves. Le voleur avait apparemment une conscience.

- Mais pourquoi avoir… murmura Iris, bouche bée. Je veux dire, c'est très bien pour moi, pour ma recherche, bien sûr… mais tout cela ne semble faire aucun sens!

- Il vaudrait mieux ne pas trop y penser, Mademoiselle, dit le gobelin. Essayez de tout oublier.

Mais Iris eut une idée soudaine, tout au fond de son esprit. Son regard se dirigea involontairement vers la main du gobelin, qui reposait sur le pupitre.

Vers ses doigts très longs et très forts.

Qui, à sa connaissance, n'avaient pas d'empreintes digitales.

Iris détourna rapidement le regard. Le gobelin la regardait directement.

- Euh, dit Iris.

- C'est le genre de chose qui ne peu être tolérée, dit le gobelin sans ciller. Voler. Surtout voler la propriété du Musée Hogarth. Mademoiselle Hepburg était une imbécile.

- Oh, dit désespérément Iris. Je suis certaine que vous avez raison.

- C'est une vraie bénédiction pour nous ce qui lui ait arrivé, continua-t-il. Figurativement, bien sûr. L'honneur, non seulement du Musée Hogarth, mais aussi de la race entière des gobelins en dépendait, vous comprenez? Bien sûr, cela a causé bien de la mauvaise publicité. Il est intéressant que les autorités ne seront jamais capables d'élucider ce… meurtre terrible.

- Ils n'y arriveront pas? demanda Iris.

- Oh non, dit le gobelin. Bien sûr que non. Jamais.

Il s'interrompit.

- Oui, une femme très désagréable, continua-t-il. Mais une jeune femme telle que vous, Mademoiselle Henderson, du 22A, Birks Grove, Londres, êtes complètement différente, n'est-ce pas? Vous respectez les artéfacts du musée.

- Oh oui, dit Iris. Certainement, bien sûr.

- Nous vous avons observée. Vous comprenez que cet endroit est sacré. Vous êtes polie.

- Je le suis? demanda Iris, étonnée.

- Bien sûr, dit le gobelin.

Il ouvrit un tiroir et en retira un bout de papier.

- C'est pourquoi nous avons pris la décision que vous méritez d'obtenir une Passe en Or. Les sorts de protection du musée seront modifiés pour reconnaître votre signature. Vous pourrez entrer au musée et en sortir quand vous voudrez, sans avoir à signer à la réception. Nous vous faisons confiance à ce point, Mademoiselle Henderson. Vous faites partie de la grande famille du Musée Hogarth à présent. Nous serons toujours là pour veiller sur vous. Nous sommes ici par centaines. De jour comme de nuit.

- Eh bien, dit Iris en se dirigeant vers la porte. C'est vraiment très gentil à vous, mais je dois y aller à présent et…

- De jour comme de nuit, dit le gobelin.

- Oui, dit Iris. Je comprends. Je dois partir…

Elle trébucha jusqu'à la sortie.

- Mademoiselle Henderson! cria le gobelin.

Iris se figea puis se retourna, réticente.

- N'oubliez pas votre certificat pour la Passe d'Or, dit-il.

Quand Iris sortit finalement dans la rue, elle réalisa qu'elle devrait dire à Roy ce qu'avaient fait les gobelins. Et jamais ils ne pourraient le révéler à quiconque. Jamais. Et que si jamais il apercevait des gens étranges aux longs doigts l'observant dans un coin, il ne devait surtout pas s'alarmer.


- Bonjour, dit Iris. C'est Iris Henderson.

Elle hésita avant de continuer.

- Je voulais seulement vous dire que… mon livre sera publié demain.

Elle s'approcha, incertaine.

- Maintenant, tout le monde sera au courant à propos de vous et Harry et de toutes ces magnifiques lettres que vous lui avez écrites. Je suis certaine que vous aurez beaucoup de visiteurs très bientôt. Autre que moi, bien sûr.

Drago Malefoy ne bougea pas. Il ne la regarda même pas, tout comme il l'avait fait chaque fois qu'elle était venue. Il n'avait jamais dit un mot. Et soudainement, Iris réalisa. Et le poids de toute l'affaire se mit à peser dans son estomac.

- Vous vous en fichez, pas vrai? dit-elle. Je suis désolée. Je suis tellement idiote. Vous avez eu des années pour y penser. Des années à tout retourner dans votre tête.

Le portrait ne répondit pas.

- Et vous ne pouviez pas dépérir. Vous ne pouviez pas mourir, comme vous l'avez fait en vrai. Et à présent, il y aura encore plus de gens, encore des gens qui ne comprennent pas et ils vous poseront des questions encore et encore, à propos de tout et vous ne pourrez pas vous en échapper.

L'une de ses paupières trembla.

- Vous voulez que… commença lentement Iris. Vous voulez que ça cesse? Je pourrais le faire… je le ferais pour vous. Je me fiche des conséquences. Je le ferai, si c'est ce que vous voulez.

Il y eut une très longue pause, puis…

- Oui, dit-il d'une voix aussi usée que le vernis sur la toile après des années à être restée muette. Faites-le. Brûlez moi… brûlez moi.

Iris déglutit. Après un instant, elle leva une main tremblante et décrocha le portrait du mur jusqu'à ce qu'il flotte près d'elle. Elle regarda Drago Malefoy. Ses paupières étaient closes.

Une seconde plus tard, il éclatait en flammes.

Iris ne fut pas étonnée de constater qu'elle pleurait. Ses sanglots résonnèrent dans la galerie silencieuse. Elle se dépêcha d'ouvrir la fenêtre, faisant entrer la brise et la lumière.

Et les cendres du portrait furent dispersées dans l'air, sur la terre et dans les arbres.


LES LETTRES DE FOUDRE

par Iris Henderson

Dédié aux personnes suivantes:

Will, pour m'avoir donné l'indice;

Roy, parce que je t'aime;

Les Gobelins du Musée Hogarth, ma nouvelle famille;

ET

Harry Potter et Drago Malefoy,

pour avoir essayé,

de toutes leurs forces,

d'être heureux.


FIN