Bonjour à tous! Chose promise, chose due, voici le 6ème et dernier chapitre de cette histoire.

Je tenais à vous remercier mille fois pour vos reviews et m'avoir suivi tout au long de ces semaines. J'ai pour le moment trop de travail pour avoir le temps d'écrire une nouvelle histoire mais je vous promets que dés que je le pourrais, je vous proposerai une autre de mes créations ou une nouvelle traduction !

Sur ce, bonne lecture et à bientôt j'espère ^^


Chapitre 6: Toujours Lire les Post-Scriptum

Environ une heure avant l'aube, quand le soleil commençait tout juste à illuminer d'horizon, Merlin se glissa hors du lit d'Arthur, s'habilla et sortit de la chambre sur la pointe des pieds.

Il s'était efforcé de s'éloigner du prince avant qu'il ne se réveille pour découvrir – quelle horreur! – que Merlin dormait entre ses draps. Fermant la porte avec précaution, il faillit révéler sa présence en trébuchant contre les chiens de chasse qui dormaient au milieu du couloir, juste en face de la chambre d'Arthur. Il se rattrapa juste à temps à un gros chandelier en métal. Que son échappée belle ne ce soit pas soldée en un retentissant échec était un petit miracle.

Avant de courir jusqu'aux appartements de Gaius, il tomba sur un jeune apprenti dans les cuisines et lui demanda d'apporter son petit déjeuner au prince, quelques minutes après l'aube. Son excuse pour ne pas le faire lui-même était que son tuteur lui avait demandé de l'aide pour un problème médical qui avait affaire avec… avec…les gardes d'Uther qui étaient enfermés à l'infirmerie.

Gaius l'attendait déjà, assit dans son atelier.

"Des rats!" déclara Merlin d'une voix paniquée lorsqu'il vit l'expression du médecin.

"Merlin", commença le vieil homme d'une voix lente et dangereuse à la vue de son jeune élève dévoyé. "Cela fait déjà trois nuits que tu as brillé par ton absence.'

"Désolé, désolé", balbutia le sorcier. "Je… c'était… Arthur m'a demandé de… euh… il y avait un problème avec…avec des rats."

"J'ai promis à ta mère de m'occuper de toi", continua Gaius, les sourcils froncés. "S'il y a une jeune femme dans cette histoire, je te conseillerais d'y réfléchir à deux fois avant de lui rendre à nouveau visite."

"Euh, s'il y a quoi?" s'écria Merlin, balbutiant toujours. "Des jeunes femmes?"

"Je n'ai jamais parlé au pluriel," murmura le médecin, choqué. "J'ai dis, 'jeune femme', à savoir une seule et unique."

"Bon Dieu", rétorqua Merlin, déconcerté. "Maintenant c'est vous qui pensez que je suis un Don Juan."

Les sourcils de Gaius se froncèrent davantage, et Merlin échappa à un bon vieux sermon lorsque retentirent de vigoureux coups contre une paroi de bois.

Ils venaient de l'infirmerie et, avec un profond soupir de soulagement, Merlin suivit son tuteur jusqu'au fond du couloir et attendit que ce dernier ouvre la petite fenêtre qui ornait la porte fermée à double tours.

"Ici, médecin!", se plaignit bruyamment Sir Fulke alors que Gaius actionna le battant, révélant six gardes d'élites qui se précipitèrent hors de leur cellule, enveloppés dans des draps. "Qu'est ce que ça signifie ? Nous enfermer dans vot' infirmerie, comme une pauv' bande de cinglés!"

"Vous souvenez vous de quoi que ce quoi avant que vous ne tombiez malade ?" Demanda Gaius sur un ton professionnel. "A part de vous être enivrés comme des idiots lors du banquet des noces, évidemment ?"

"On n'était pas malade", hurla Sir Fulke, secouant son drap. "Y avait jamais rien qui a cloché chez moi, par la couille de Jupiter!", ajouta-t-il, trahissant l'infime possibilité qu'un maître d'école ait pu faire entrer quoi que ce soit dans sa tête de butor lorsqu'il était jeune.

"Et bien, Merlin", annonça joyeusement Gaius. "Il semble qu'ils se soient remis. Va donc chercher quelqu'un pour prévenir le Roi, veux-tu ? Sir Fulke, vous et vos camarades souffriez d'une sorte de délire."

"C'est des conneries!" ragea Sir Gilbert, tout sauf convaincu. "Pas possible! J'ai eu la maladie de mars l'an dernier et depuis, je suis plus jamais tombé malade."

"Et pourquoi sommes nous réveillés avec pas de vêtements, hein?" fulmina Sir Fulke. "Et qu'est ce que la maladie de mars vient faire dans c't'histoire ?"

"Je me moque de cette satané maladie de mars", répondit Gaius avec acidité. "Vous avez été dans un état délirant pendant trois jours et moins il en sera dit sur le sujet, mieux ce sera, croyez-moi. Je pense que le Roi voudra avoir une petite discussion avec vous. Mais avant tout, je vous suggère d'aller vous laver et de vous tenir prêts pour reprendre du service."

Quelques traces de vase se trouvaient toujours dans les cheveux de Sir Gilbert.

Gaius les envoya tous se laver et Merlin trouva un jeune page dans la cour du château pour qu'il aille informer le Roi que ses gardes personnels étaient de nouveau en… euh… bonne santé. De retour dans l'atelier du médecin, il le trouva en train de fouiller dans son placard, triant ses potions et élixirs comme si de rien n'était. Il ne fit plus référence aux trois nuits d'absence de Merlin, lui jetant simplement quelques regards douteux comme si son comportement (qu'il pensait scandaleux), pouvait avoir laissé une trace visible sur lui.

"A ton avis, qu'est ce qui a bien pu aliéner ces gardes?" marmonna-t-il, plus pour lui-même que pour Merlin. "Je n'avais jamais rien de vu de tel. Une sorte de fièvre d'ultra libido ?"

Le sorcier balbutia une vague réponse, avouant les ayant vus ivres-morts dans les écuries. Il était parfaitement satisfait que Gaius s'inquiète pour les chevaliers plutôt que pour sa transgression présumée. Bien plus tard dans la journée, il savait qu'il trouverait une excuse plausible pour ses absences afin de rassurer son tuteur. En tout cas, tout était bon pour l'empêcher de penser à Arthur, qui avait eu l'air si formidablement magnifique dans la pénombre qui précédait l'aube, ses cheveux d'or reflétant les quelques parcelles de lumière qui jaillissaient du feu mourant dans la cheminée. Il fallait absolument qu'il s'occupe, afin qu'il ne cède pas à la tentation de se réfugier dans sa petite chambre pour se blottir dans son minuscule lit et laisser exploser ses regrets dérisoires ou se morfondre sur sa bêtise.

Sa culpabilité commençait légèrement à l'envahir. Même un crétin arrogant comme Arthur ne méritait pas d'être envoûté par un sort qui le forcerait à désirer, et même faire l'amour, à son pauvre roturier de serviteur. Merlin se sentait presque aussi mal que s'il avait violé une innocente jeune fille (quelle pensée horrible.)

"Vraiment, ce ne sont que de grossiers personnages! Ils ne ressemblent en rien aux autres chevaliers de Camelot. Cette maladie, en revanche – est-ce que tu crois qu'elle a un rapport avec la nourriture?" supposa Gaius, tendant le bras pour saisir un de ses livres.

Merlin répondit presque, "Non, c'était dans leur vin", mais le dragon s'était déjà assez moqué de lui. Il n'avait aucune envie d'entendre ce que son tuteur avait à dire sur les conséquences qu'avait engendré son philtre d'amour.

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Il fut plutôt facile d'éviter Arthur pour le reste de la journée. En début d'après midi, le prince se rendit à la chasse en compagnie de ses chevaliers et d'une poignée d'écuyers. Il n'envoya donc aucun message à Merlin, ce qui, plus que tout, était un signe que les évènements de ces trois derniers jours avaient été irrémédiablement effacés de sa mémoire.

Il était chanceux que Merlin ait assez de corvées afin de l'occuper pour le reste de l'après midi, car ses propres souvenirs, très vivaces, menacèrent très souvent de l'envahir.

Pendant qu'il délivrait divers remèdes aux habitants du château, il passa devant les gardes d'Uther, fraîchement lavés et habillés, qui étaient escortés dans la salle du trône par Sir Léon et Sir Bors. Ils eurent l'air perplexe et surpris lorsque le chevalier aux cheveux blonds, le teint rouge, leur reporta leurs actes. Merlin, qui avait souvent été la victime de la stupidité de Sir Fulke et de ses blagues de mauvais goût, était tenté de se tenir derrière la porte afin d'écouter ce que le Roi penserait de leur comportement récent.

"Il y a un autre banquet ce soir", lui annonça Gwen lorsqu'il vint apporter sa potion de sommeil à Morgana. "Je n'arrive pas à y croire. Les cuisiniers et les serviteurs sont plutôt contrariés. Et tout ça pour un émissaire de Bayard de Mercia, qui plus est."

"Tant que ce n'est pas Bayard en personne", marmonna Merlin, ses lèvres formant un sourire ironique. "S'il existe un Roi qui aimerait m'embrocher au bout de son épée, c'est bien lui. J'espère que l'émissaire ne se souviendra pas de moi."

"Oh, ne dis pas n'importe quoi", le réconforta Gwen. "Et même s'il se souvient, il comprend maintenant que tes accusations avaient été basé sur de fausses informations. Bayard sait que tu as frôlé la mort en buvant ce vin. De plus, toi et Arthur avez finalement prouvé qu'il était innocent."

"Vraiment ?" répondit sarcastiquement Merlin. "Je suis certain qu'il m'en ait très reconnaissant…"

C'était en réalité une bonne nouvelle qu'il y ait un autre banquet dans la soirée, cela aurait le bénéfice d'occuper le prince. Le sorcier se retira dans sa chambre, se lava rapidement et revêtit sa tenue de cérémonie tant haït, excepté le chapeau. Puis, il se dirigea dans la grande salle, traînant quelque peu des pieds, car la derrière chose qu'il désirait en ce moment était de répondre aux moindres attentes d'Arthur; lui servir du vin, remplir son assiette et se tenir derrière sa chaise comme un bon petit serviteur, observant la manière dont ses cheveux dorés encadraient sa nuque.

En réalité, Merlin n'eut pas du tout à agir comme un parfait petit valet, car dès l'instant où l'émissaire de Mercia posa un regard sur lui, son teint prit une teinte écarlate alarmante et il gronda: "Toi!"

Tous les yeux se tournèrent dans sa direction et Uther déclara d'une voix qu'il voulait apaisante: "Allons, allons Sir Baldwin, vous vous souvenez certainement que ce garçon a aidé à prouver l'innocence de votre Roi dans l'affaire de la coupe empoisonnée ?"

"Je suis navré, mon seigneur", répondit l'émissaire d'une voix sèche. "Je ne peux me souvenir que de l'insolence dont il a fait preuve en accusant mon suzerain de trahison."

"Ah, oui," comprit Uther, faisait signe à un serviteur d'apporter à Sir Bladwin une très grande coupe de vin. "Mon garçon, tu peux te retirer, va prévenir l'écuyer de Sir Gawain qu'il te remplace."

Merlin déglutit avec difficulté et fit un pas en direction de la porte, ses yeux passant du visage sévère d'Uther à celui ombrageux d'Arthur.

"Merlin", aboya le prince, "ne reste pas là sans rien faire comme un total imbécile, va-t'en! Tu es dispensé de tes fonctions pour toute la durée du banquet."

Le valet sortit de la grande salle en un temps record, traversant la cour et les escaliers menant aux appartements de Gaius, furieux et malheureux, se fichant totalement de qui il pouvait croiser.

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Gaius l'envoya collecter et ranger assez d'herbes sèches pour une saison entière et ce labeur physique l'empêcha de s'appesantir sur ses nerfs à vifs et sa fierté blessée. Une fois sa fureur apaisée, après plus d'une heure où il dut lier des brindilles et des herbes à l'aide de tresses en pailles avant de les mettre dans des petits sacs, il réalisa qu'il devrait bientôt se rendre auprès du prince afin de le préparer pour la nuit.

Les festivités en l'honneur de cet horrible émissaire ne prirent fin que très tard et Merlin dut patiemment attendre jusqu'à ce que les invités veuillent bien se retirer. Puis, il monta rapidement dans les appartements d'Arthur, où il ferma les fenêtres, raviva le feu, alluma les chandeliers sur la table de chevet et prépara le lit du prince. Comme il commençait à faire froid, il laissa la chemise de nuit habituelle du jeune héritier dans son armoire pour lui en sortir une en laine qu'il déposa sur une chaise, près du feu.

"La laine me pique terriblement", déclara la voix d'Arthur dans son dos, le faisant sursauter. "Bon Dieu, ce fut le banquet le plus assommant de toute la création. Tu as eu de la chance d'y échapper. Je vois que tu as oublié le vin chaud, Merlin, bien que cela ne me surprenne guère."

Le sorcier se mordit la langue pour ne rien dire qu'il puisse regretter plus tard. Il se moquait presque de cette insulte, il y était habitué et elles étaient de toute manière le plus souvent lancées sur le ton de la plaisanterie. Mais c'était la voix glaciale d'Arthur (les subtiles nuances éraillées qui accompagnaient ses paroles depuis qu'il avait bu le philtre d'amour ayant définitivement disparu), qui brisa douloureusement quelque chose au creux de sa poitrine, après la passion et l'intensité de ces trois derniers jours. Merlin n'avait pas la larme facile, bien qu'il réalise à présent que depuis qu'il était à Camelot, il avait davantage pleuré que durant tout le reste de sa vie – pour Will, sa mère, Gaius, Freya et tant d'autres choses… Seulement à présent, de brûlantes larmes roulaient librement le long de son visage en souvenir de ce qu'Arthur et lui avaient partagé, même si cela n'avait été qu'un bref rayon de soleil au sein de son quotidien exténuant.

"Bon Dieu, Merlin", jura le prince d'une voix exaspérée. Deux puissantes mains le saisirent par les épaules. "Qu'est ce qui ne va pas, espèce de sombre imbécile ?"

Se maudissant lui-même pour son manque de contrôle, le sorcier baissa la tête et renifla lamentablement. Arthur tapota maladroitement son omoplate et fit un pas en avant, attirant Merlin contre sa poitrine. Le valet s'agrippa à la chemise du prince, ses larmes imbibant l'épais tissu.

Quand il releva finalement la tête, essuyant le plus discrètement possible les vêtements d'Arthur en espérant qu'il ne l'ait pas abîmé à cause de ses pleures, il découvrit que le prince le dévisageait avec un air inquiet.

"Je suis navré de t'avoir parlé sur ce ton dans la grande salle," s'excusa Arthur d'une voix rauque. "Mais je voulais que tu t'éloignes le plus vite possible, cet homme de Bayard n'avait pas vraiment l'air heureux de te voir."

"Ca n'a pas d'importance", répondit sombrement Merlin, essayant de trouver une excuse pour quitter la pièce. "Tu…vous êtes le prince et vous pouvez me parler sur le ton que vous voulez."

"Merlin, espèce d'idiot, tu sais parfaitement bien qu'il m'est impossible de te reconnaître publiquement, du moins, pas pour le moment."

"Que… Quoi ?"

"Et où diable as-tu disparu ce matin ? Quand je me suis réveillé, tu étais partis."

"Euh… Quoi ?" répéta Merlin, le regard troublé, son cœur battant d'un espoir insensé.

Arthur fronça les sourcils à la vue de ses yeux si bleus encadrer ses longs cils débordant de larmes, la pâleur de ses joues creuses et sa succulente lèvre inférieure toute tremblante. Il laissa sa main glisser le long de la gorge de Merlin pour atteindre son menton alors qu'il se penchait sur lui afin de s'emparer de sa bouche.

Le sorcier fit un pas en arrière, déconcerté, à l'instant même où on frappa à la porte de la chambre du prince. Levant les yeux au ciel, Arthur arracha sa main au visage de Merlin et alla voir de quoi il s'agissait, laissant son valet bouleversé et totalement désorienté par la tournure plutôt inattendue que prenaient les événements.

Pourquoi est-ce que le prince avait été sur le point de l'embrasser ? De quoi se souvenait-il ? Mais surtout, pourquoi se rappelait-il de quoi que ce soit ?

Arthur discutait aimablement avec la personne qui avait frappé à la porte et Merlin en profita pour plonger sa main dans sa poche afin de récupérer le morceau de vélin. Le dépliant, ses doigts tremblants, il glissa son regard le long du parchemin, dépassant les témoignages, les deux premiers post-scriptum pour s'arrêter sur la dernière ligne, écrite si petite qu'il dut plisser les yeux afin de déchiffrer les lettres: Après trois nuits d'intense passion, celui ou celle qui a but l'élixir dilué devrait oublier tout ce qui s'est passé durant cette courte période. Dans UN cas uniquement l'individu ensorcelé gardera les souvenirs de ce qui a eu lieu; si lui ou elle éprouvait d'ores et déjà des sentiments amoureux envers son amant(e) avant l'ingestion de la potion.

Merlin se laissa retomber sur l'une des chaises d'Arthur, lisant le troisième post-scriptum une seconde fois. Il ne l'avait toujours pas quitté des yeux lorsqu'il entendit la porte se refermer.

"C'était Morgana", expliqua Arthur, franchissant l'espace qui le séparait de son valet en trois grandes enjambées. "Elle m'a dit que je devrais m'excuser auprès de toi."

"Euh…"

"Mais pourquoi irais-je m'excuser de t'avoir sorti de cette périlleuse situation est au-delà de ma compréhension. De toute façon, je t'ai déjà dit que j'étais désolé", ajouta le prince, jetant sa veste en velours sur son lit et commençant à tirer sur les attaches qui fermaient sa tunique de cérémonie. La couronne dorée qu'il portait atterrit également sur ses draps sans la moindre douceur. "Merlin, par pitié, ces lacets..."

Le sorcier se leva et commença à s'occuper des nœuds.

"Est-ce que Gaius a la moindre idée d'où tu as passé les trois dernières nuits?"

Les cordons étaient terriblement emmêlés et Merlin dut se pencher sur eux afin de les observer de plus près. Il pouvait sentir une vague de pur bonheur s'emparer de tout son être, suivit d'une douce chaleur qui empourpra ses joues. "Non, Sir… euh, Arthur, je ne crois pas qu'il se doute de quoi que ce soit."

"Et bien, nous devrons dorénavant trouver une excuse qui soit plausible", marmonna Arthur, ôtant ses bottes. "Il faut même qu'elle soit très bonne, étant donné que tu passeras quasiment toutes tes nuits ici, à partir de maintenant." Ses lourds bracelets d'or rejoignirent la pile d'affaires sur le lit et les lacets de sa tunique furent enfin détachés.

"Tu te sens mieux?" demanda le prince, ses mains venant jouer avec les vêtements de Merlin. "Je pense que tu as craqué à cause de la fatigue. Bon Dieu, Merlin, tes cordons sont encore plus emmêlés que les miens. Voilà, c'est mieux… ne vas-tu pas me remercier de t'avoir sauvé des griffes de cet émissaire ?"

"Je l'aurais fait avec plaisir, si tu n'avais pas été un horrible…"

" Oui, oui, je sais, tu allais dire 'horrible crétin'".

"Horrible tortionnaire".

"Merci de me le rappeler", souffla Arthur, mordillant l'oreille de Merlin. "Je ne crois pourtant pas t'avoir correctement torturé aujourd'hui. Cette tirade dans la grande salle ne compte pas. Je vais me rattraper tout de suite…"

Il passa un bras sous les genoux de Merlin, qui atterrit tout d'abord sur le lit au milieu de leurs vêtements abandonnés. Mais à la grande surprise d'Arthur, le valet lui glissa entre les doigts. Il ne serait évidemment jamais son égal en muscle et en force, mais il restait très rapide. S'en suivit une lutte débraillée et bruyante qui se termina, comme cela était prévu, par un corps à corps où leurs membres entremêlés s'alliaient à leurs gémissements alanguis – bien qu'ils finirent sur le tapis plutôt que sur le lit. Après une seconde, puis une troisième envolée au septième ciel, Arthur parvint à grimper sur le matelas, emportant Merlin avec lui, où ils se reposèrent quelques minutes avant de se perdre une nouvelle fois dans leur bulle de fervente passion.

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Merlin s'étira, se retourna, puis s'écria: "Aïeuh!" Les doigts du prince étaient toujours enfouis dans ses cheveux, l'attirant en arrière, contre lui.

Arthur bailla et relâcha quelque peu son étreinte sur la touffe noir échevelée de son valet. "Tu disais la vérité, Merlin. Tu es vraiment plus robuste que tu n'en as l'air." Il arracha définitivement sa main de ses cheveux pour mieux rouler sur le côté, écrasant à moitié son serviteur alors qu'il remontait les draps par-dessus sa tête.

Gaius avait raison, Merlin pensait, à moitié endormis alors qu'Arthur déposait un tas de petits baisers sur son torse. Il avait toujours dit que je ne devrais utiliser ma magie qu'en cas d'urgence, du moins, à Camelot. Jamais, plus jamais de la vie je ne ferais appel à mes pouvoirs pour une chose aussi frivole qu'un philtre d'amour. Il n'était pas désolé d'avoir aidé Sir Gareth et sa femme, mais par tous les dieux, si Arthur n'avait pas déjà été amoureux de lui… Il est peut-être insupportable, mais je l'aime, ajouta-t-il rêveusement. Et maintenant qu'il est à moi, je ne le laisserais pas s'échapper et c'est tout simplement parfait.

Parlerait-il au prince de ses pouvoirs ? Oui, un jour. Lorsqu'il serait prêt à tout lui expliquer et quand Arthur sera disposé à le comprendre.

Il était évident, de par ses baisers et ses caresses, que l'héritier du royaume était tout sauf fatigué. Il ne cessait de gigoter et d'emmêler ses jambes à celles de Merlin. Il baillait, mais ses yeux étaient grands ouverts et alertes, une expression rêveuse dansant dans ses pupilles, ce que le valet n'avait pas l'habitude de voir très souvent.

En vérité, Arthur était en train de remercier il ne savait quelle divinité, celle grâce à qui, d'une manière ou d'une autre, il avait trouvé le courage de surmonter ses craintes de trop longues dates et de céder à la tentation, d'oser faire Merlin sien. Il ne savait pas vraiment ce qui, le soir du mariage, l'avait poussé à éluder toutes ses hésitations, car tenir son serviteur au creux de ses bras était quelque chose dont il avait secrètement rêvé depuis des années. Evidemment, il n'y avait pas que les attraits charnels (non négligeables, certes) qui l'avaient attiré chez lui. Car il savait que quoi qu'il doive endurer, qu'il survive à milles batailles ou qu'il meurt dans la fleur de l'âge, qu'il se marie pour faire perdurer sa lignée ou non, qu'il devienne un Roi dont les bardes chanteraient les louanges ou qu'il suive simplement les traces de son père, Arthur ne pouvait imaginer accomplir la moindre de ses choses – il ne pouvait tout simplement pas vivre – sans la présence de son Merlin, si intrépide, si frustrant, si indomptable, mais tout bonnement essentiel, à ses côtés.

"Mmmfff!" marmonna son adorable valet, se tortillant dans tous les sens. Un coude osseux s'enfonça dans les côtes du prince. "Pousses-toi donc un peu, s'il te plaîîîîît ? Je ne peux plus respirer."

Si étrange, si unique, si exaspérant, si merveilleux… c'était tout Merlin. Et oui, il y avait encore un tas de choses qu'Arthur ignorait à son propos, une part mystérieuse, ambiguë en lui. Mais il n'était pas dangereux, du moins, par pour lui. Il possédait une qualité étrange, dissimulée, que le prince pouvait parfois entrevoir, qui se manifestait de temps en temps au fond des yeux de ce rêveur maladroit, grand, maigre et dégingandé. Arthur était certain que Merlin ne lui mentirait jamais s'il pouvait faire autrement, mais qu'il gardait malgré tout un grand secret.

"Je pense", murmura Arthur dans un demi-soupir, se glissant sur le côté pour laisser à son amant plus de place pour respirer. "qu'il serait prudent que tu emménages dans mes appartements. Ce serait bien mieux et surtout, plus grand que le clapier à lapin que tu appelles 'chambre'."

"Tu veux que je vive dans ta chambre ?"

"Dans la petite pièce adjointe à celle-ci. Ce serait juste pour un moment… jusqu'à ce que l'on trouve quelque chose de mieux. Un jour… peut-être lorsque je serais Roi… tu pourrais avoir l'une des grandes chambres voisines."

"Je vais y réfléchir", répondit Merlin, tâtonnant à la recherche d'un oreiller. "Si tu me promets d'engager quelqu'un d'autre pour laver ton linge quand tu seras Roi. Tu te souviens que tu m'as proposé de changer quelques unes de mes fonctions ? A partir de maintenant, je serais donc en congés tous les deuxièmes mardi du mois."

"Mon Dieu, mais tu es gourmand !", rétorqua Arthur. "Quand je pense aux nombres d'étourderies que je t'ai pardonné durant toutes ces années… Mais je pourrais constamment garder un œil sur toi à présent. Oh, cela me fait penser que je dois t'enseigner davantage de protocoles. Je pense que tu en auras besoin dans le futur. Non Merlin, tais-toi, je suis sérieux."

"Est-ce que ça pourrait au moins attendre le matin, s'il te plaît?" grogna le futur Enchanteur de Camelot, couvrant ses yeux à l'aide de son avant bras. "Si je ne dors pas assez cette nuit, tu devras te contenter de rêves éveillés demain soir."

Souriant, Arthur attira Merlin contre lui et ferma les yeux, s'endormant au son de la respiration sereine de son serviteur au creux de son cou.

THE END


Tadaaaaaa!

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