J'aime le personnage de Loki, mais j'ai l'amour vache.

Disclaimers: Je ne possède pas l'univers marvel ni les personnages du film Avengers (même si j'en prendrait bien certains, ahem) je ne fait qu'emprunter un bout de bac à sable :)


Il ne hurlerait pas.

C'était ce qu'il s'était répété durant toute sa traversée du Bifrost, et ce qu'il continuait de penser en avançant vers le palais d'Odin Allfather. Thor ne l'avait pas traîné par la chaîne qui reliait ses poignets, mais les gardes dépêchés auprès d'eux n'avait pas ce genre de prévenance. Pour tout dire, lui non plus ne l'aurait pas eu. Il s'efforçait cependant de conserver une allure hautaine. Il s'accrochait à la moindre parcelle de ce qui faisait sa personnalité, morceaux les moins plaisants inclus. Surtout les morceaux les moins plaisant en fait.

Il avançaient toujours. Vers le palais d'Odin. Vers sa punition. Non, n'anticipe pas. Le bâillon métallique pesait lourd sur son cou, tirant son visage vers le bas. Il luttait contre son poids. Il voulait entrer tête haute. Et affronter ses détracteurs dans les yeux.

L'immense porte du palais s'ouvre lentement. Toute la cours s'était réunie visiblement. Une foule chatoyante se tenait de part et d'autre de la large allée centrale, bruissante autant de murmures que de brocarts. Et brillante d'armures. Qui sait, après sa sentence, peut-être la victoire de Thor allait être fêtée ? C'était bien le genre de la maison, de festoyer sur les taches du sang des suppliciés. Loki aurait presque été déçu que cela ne soit pas le cas.

Il remarqua que son frère adoptif avançait beaucoup plus lentement et se faisait lentement distancer par le macabre cortège qui l'entourait. Des remords peut-être ? La garde vêtue de noir et d'argent était déplacée au milieu de tout ces ors. Presque autant que lui. Cette allée ne finirait donc jamais ? Jamais elle ne lui avait semblé aussi longue. Il en avait assez de retourner dans sa tête toutes les possibilités de tortures qui se profilait devant lui. Il voulait juste être fixé. Vite si possible.

Ils atteignirent enfin le pied du trône. Odin s'y tenait en majesté, le sceptre à la main. Loki refusa de baisser les yeux. Pas maintenant, et jamais s'il le pouvait. Il toisait crânement son père adoptif, sans le moindre repentir. Dieu des méfaits, des mensonges et du chaos, il n'avait fait qu'obéir à sa nature profonde. Si l'on le replaçait dans la même situation, il ferait la même chose, alors pourquoi se dire désolé ?

« Loki. Tu m'a déçu. »

Pratique, ce bâillon qui l'empêchait de répondre. Il espérait que ses yeux transmettait la juste quantité de mépris.

« Thor, ton frère, a du intervenir pour faire cesser ta folie. »

Bien aidé par une bande de migdardiens un peu plus dégourdis que les autres. Loki mordit dans le bâillon, autant par colère que par angoisse. Même dans ces moments là, il éprouvait un ressentiment adolescent envers celui qui l'avait élevé en lui mentant toute sa vie. Il allait en finir avec les discours pompeux oui ?

« Nous avons d'abord pensé que le seul châtiment possible face à tes errements serait la mort. »

Et donc ? Il en avait assez d'angoisser. Il voulait que ça s'arrête, et tout ces précautions oratoires lui tapaient sur les nerfs. Par les plumes miteuses de tes corbeaux de malheur, crache le morceau vieillard stupide !

« Mais certains te pense encore capable de t'amender. »

Ah. ah. ah. Frigga ? Il eu une brève pensée pour sa mère adoptive. Il ne l'avait pas vue auprès d'Odin. Cela ne prouvait rien. Qui d'autre ? Thor peut-être, avec son crâne épais. Thor qui continuait à l'appeler mon frère avec une obstination inébranlable. Il n'avait pas encore déterminé si l'asgardien faisait par la preuve d'une étincelle d'intelligence ou exprimait une fois de plus sa bêtise crasse. Il délibérait encore. Un peu comme Odin. Si cela continuait, Loki allait décrocher de son propre discours d'exécution. L'ironie de la chose le fit sourire sous son bâillon. Encore dix minutes à ce régime et il se jetterait à travers les hautes fenêtres de la salle pour éviter la fin de ce discours inepte. Il les aurait tous bien eu.

Le jotun joua avec cette idée sans plus écouter ce qui se passait autour de lui. Se jeter par la fenêtre. Éviter ce qu'Odin avait prévu pour lui, et l'assortir d'un ultime pied de nez. C'était très tentant.

« Et c'est pour cela, et parce que je t'ai toujours aimé comme un fils... »

Loki grinça des dents sur son bâillon.

« Que ta sentence est la suivante : ... »

Non non non... Le brun remercia profondément celui qui avait eu la bonne idée de le bâillonner. Il mordit dans le morceau de métal de toute ses forces, étouffant ses cris. Ça ! De la clémence ! Ils étaient fou, tous ! Tous autant qu'ils étaient ! Il eut un mouvement purement instinctif de recul lorsque le bourreau s'avança vers lui. Les gardes l'attrapèrent par les épaules et l'immobilisèrent rudement. Le dieu rejeta la tête en arrière comme un cheval qui renâcle pour éviter les mains de l'exécuteur. Il entendu à peine le cri d'Odin avant de sentir des mains puissantes mais hésitantes enserrer son visage. Pas besoin de tenter de se tordre le cou pour savoir à qui appartenait cette poigne.

Thor.

Thor participait à son supplice. Paradoxalement, ce constat le calma un peu. Odin voulait le briser, mais si son fils était impliqué, il en serait tout aussi détruit. Le regard translucide du Jotun se ficha profondément dans celui du roi d'Asgard. Le bourreau détachait le bâillon et le laissa jouer un instant des mâchoires, chassant l'engourdissement et le goût métallique de l'entrave. Il approcha ensuite l'aiguille.

Le fil brillait légèrement sous la lumière des torches, et déclenchait de léger fourmillement là où il touchait sa peau. De la magie. Loki resta de marbre tant que l'aiguille ne s'enfonça pas dans la peau délicate de ses lèvres. Il eu un mouvement involontaire pour échapper à la douleur, et la prise de son frère adoptif se durcit. Il lui en fut reconnaissant. S'il n'arrivait pas à se retenir de se débattre, il aurait encore plus mal. Le brun se contraignit à l'immobilité une fois de plus.

Il voulait enfoncer son mépris et sa haine dans l'œil d'Odin, goutte à goutte. Il voulait aussi qu'il voit ce qu'il était en train de faire à son précieux fils. Qu'il voit les infimes tremblements de l'asgardien contraint à tenir la tête de celui qu'il aimait comme un frère alors qu'on cousait ses lèvres. Le sang commençait à lui couler dans la gorge, il déglutit difficilement. A tout prendre, il avait préféré le goût du bâillon. Il le sentait s'accumuler aux commissures de sa bouche, menaçant à tout instant de goutter sur les doigts de Thor.

Loki était raisonnablement sûr que quand cela arriverait, celui-ci aurait toute les peines du monde à ne pas hurler. Et il était aussi certain que cela les soulagerait autant l'un que l'autre s'il le faisait. La couture continuait à petits points serrés. On ne lui avait même pas accordé le repas du condamné. Stark lui avait offert un verre cela dit. Une traînée chaude coula sur sa joue. Ah. Il sentit Thor frémir. Remercie ton père pour ses bienfaits tête vide.

La douleur menaçait à tout instant de prendre le dessus. Il se dépêcha de penser à autre chose. Maintenant qu'Asgard avait le Tesseract, comment allait réagir ses alliés extraterrestres ? Ils n'avaient pas l'air d'être du genre à renoncer facilement. Mais ce n'était pas comme si il avait eu l'occasion de prévenir Odin n'est-ce pas ? Il aurait fallu qu'il l'écoute, pour une fois. Maigre vengeance, mais vengeance tout de même. Elle lui tiendrait chaud dans sa geôle. Il ne pensait pas qu'Odin le laisserait libre de ses mouvements après lui avoir fait sceller les lèvres. Peut-être serait il seulement consigné dans ses appartements. Quoique, vu l'expression du père de toute choses, il cette possibilité était bien trop douce pour lui. Eh, ce n'était pas lui qui avait ordonné à Thor de lui tenir la tête ! Toujours rejeter la faute sur celui qui ne peut pas se défendre, belle mentalité. Le bourreau recula enfin. Ses lèvres étaient presque anesthésiées de douleur. Il savoura cette interlude à sa juste valeur.

« Emmenez le. »

Il laissa la main qui se tendait se refermer sur son bras et le sortir de la salle. Il avait vaguement conscience d'être en état de choc, mais c'était toujours mieux que la souffrance. La porte se referma derrière lui et il se retrouva dans la pénombre fraîche d'un corridor, accompagné de son geôlier du moment, à qui il n'accorda pas un regard. Des doigts brûlants frôlèrent son visage, et il rejeta la tête sur le côté, lança un regard venimeux à celui qui osait le toucher.

Le regard emplit de douleur de Thor lui faisait face.

« Mon frère.. Tu pleures... »

Loki se figea et pris conscience de l'humidité fraîche sur son visage. Il s'essuya nerveusement les joues, mortifié. La douleur l'avait plus atteint que ce qu'il croyait. Ses gestes se firent de plus en plus saccadés lorsqu'il se rendit compte qu'il n'arrivait pas à s'arrêter. Il paniquait complètement, le choc prenait le pas sur ses vantardises.

Il avait mal. Il était perdu, effrayé -non, terrorisé. Il ne comprenait pas ce qu'il avait fait pour mérité une punition si cruelle. Il avait tenter d'envahir la Terre ? Et Alors ! Son fr- Thor soi disant "Protecteur de Midgard",n'avait rien fait pour les terriens, rien ! Ils s'entre-tuaient, ils étaient incapables de savoir ce qui étaient bon pour eux. En quoi tout cela avait été différent de toutes les guerres qu'Odin avaient menés contre les autres peuples de l'Arbre ? Il avait privé Jotunheim de sa substance en prenant la Cassette des Hivers, condamnant son peuple à une mort lente ! Loki, lui, l'avait prise sans intention de la rendre à qui que ce soit, mais il avait aussi tenter d'abréger la lente et douloureuse agonie de Jotunheim ! Il avait fait tout ça pour qu'ils cesse enfin de le considérer comme inférieur ! C'était... C'était...

Le dieu du tonnerre attrapa ses mains avant que le brun ne touche sa bouche.

« Mon frère je t'en prie... Je suis désolé, notre père et très fâché... Je n'ai rien pu faire... »

La colère familière envahie Loki, le réconfortant bien plus efficacement que les pauvres tentatives de Thor. C'était une situation bien trop familière, son crétin de fr.. Ce crétin de Thor qui avait tenté de plaider sa cause auprès d'Odin et qui n'avait au mieux fait qu'aggraver les choses. C'était du déjà vu. Des gardes sortirent, et l'asgardien lâcha les mains du jotun. Celui-ci se redressa aussitôt et toisa les soldats avec morgue. Non, il n'était pas brisé. Les asgardiens l'entourèrent et l'entraînèrent avec eux dans les profondeurs du Palais. Loki ne connaissait pas cette partie de la demeure, mais il sentait pulser autour de lui la Magie, et la présence d'Yggdrasil, l'arbre de vie qui reliait les mondes. Ils s'arrêtèrent devant une alcôve retirée.

Contre la paroi de celle-ci se trouva une sorte d'autel grossier, des chaînes se croisant sur la pierre. Le dieu remarqua la branche délicatement sculptée dans le marbre qui surplombait la pierre sacrificielle et se figea. Quoique soit la suite des événements, il ne voulait pas en faire partie. Les soldats le traînèrent à l'intérieur et l'attachèrent à l'autel, le visage levé vers la plafond, juste sous la branche sculptée. Tous sortirent ensuite, laissant trois d'entre eux pour garder la porte. Ses lèvres recommençait à le faire souffrir, et il essayant d'avaler le plus doucement possible. Combien de temps était il sensé rester là ? Il ferma les yeux.

Après un temps d'attente indéfinissable, Loki entendit des bruits de pas rapides et la voix de Thor.

« Père non ! Père, ce n'est pas une punition, c'est de la cruauté ! »

Pour qu'il s'oppose ainsi à Odin, celui-ci devait lui réserver un chien de sa chienne. Il entendit les gardes s'écarter.

« PERE ! »

Le bruit reconnaissable entre tous d'un dieu blond qui s'écrase contre la garde du palais. Thor continua de s'époumoner tandis que Loki ouvrait lentement les yeux. Odin se tenait face à lui, chaque ride de son visage dégoulinant de dégoût. Le jotun ne pu résister à la tentation de lui sourire ironiquement, et se tordit de douleur lorsque le fil qui cousait ses lèvres s'opposa au mouvement.

« Mon fils doit apprendre comment l'on s'occupe des traîtres et des menteurs. »

Je suis le dieu des Mensonges bon sang, c'est mon job ! On crois rêver... Le brun se demanda s'il n'était pas un peu télépathe, car l'expression d'Odin donnait l'impression qu'il comprenait ce qu'il venait de penser. Cela ne l'empêcha pas de déposer le serpent au écailles luisantes sur la branche. Il recula ensuite de deux pas, une expression étrange sur le visage.

Le géant des glaces attendit quelques minutes, attendant la catastrophe. C'était assez anti spectaculaire pour le moment. Il se décida à lever les yeux vers le reptile suspendu au dessus de sa tête. Celui-ci ouvrit démesurément la gueule, découvrant ses crochets dégoulinants de venin. Qui coula directement dans les yeux verts du dieu du chaos. Celui-ci hurla, malgré la douleur qui déchirait ses lèvres alors qu'elles restaient scellées sur ses cris. Cette souffrance n'était rien. Rien face au feu liquide qui baignait ses prunelles. Même la peau délicate de ses paupières brûlant sous l'effet du poison qui coulait sur son visage ne dégageait pas autant de douleur que ses yeux. Il ne se rendit pas compte qu'Odin quittait la pièce tandis que les garde traînait Thor hors de cette aile du palais. Tout ce qui lui restait était la souffrance.