Salut ! Bon, alors, comment dire... Voici la suite ? Vous avez été nombreux à me la demander, alors malgré la reprise, je vous la poste ! Tadam ! J'espère que ça vous plaira ! Le chapitre est moins "ouf" que le précédent (merci encore de tout cœur pour les reviews, whaooou) mais il est plutôt pas mal.

Pour la description de James, tapez "Alexander Koch" sur Google. (Ceux qui regardent Under The Dome, non je ne fais pas de crossover, mais j'imaginais James comme ça, et oui ils ont le même prénom argh je ne sais pas comment justifier ça...)

Bisous et j'espère que vous avez tous eu une bonne rentrée ! Byyye les amis ! (J'ai écouté "How Long Will I Love You" d'Ellie Goulding pour le passage de James, écoutez la en même temps, c'est parfait !)

Bonne lecture !

Cathy


Deux ans plus tard

La lumière qui filtre à travers les volets coule sur mon visage et mon corps, enveloppé dans une couverture. Je plisse les yeux et tourne le dos à la fenêtre, profitant des dernières quelques minutes de repos qu'il me reste. Je décide de me rallonger sur le dos et laisse le soleil lécher ma peau, comme un baume réparateur. Ce ne sont que de simples rayons, mais je sais qu'ils signifient beaucoup de choses pour moi : le début du printemps.

Je me redresse et éteins mon réveil avant que celui-ci ne se mette à sonner. Je marche à pas lents vers la fenêtre que j'ouvre d'un geste docile, puis entreprends de faire la même chose avec les volets. Une fois la chose faite, j'appuie mes mains sur le rebord en pierre, froid, et laisse l'air frais me gifler. En plein visage. Il me frappe, sa fraîcheur me violente et me fait ouvrir les yeux en grand. Je recule, le souffle coupé et referme la fenêtre précipitamment.

Chaque matin, c'est la même chose, la même routine. Je me dirige vers la salle de bain, me lave, me coiffe et sors. Je choisis des vêtements, c'est-à-dire mon uniforme d'étudiante de dix-sept ans. Une jupe, une chemise blanche et une cravate, puis ma veste et mes chaussettes et les chaussures noires basiques. Je me regarde dans le miroir. En deux ans, j'ai grandi. Je mesure 1, 70 m, j'ai des jambes droites et minces, une petite poitrine et des yeux gris tirant vers le bleu grand ouverts. Mes tâches de rousseur sont discrètes et mes cheveux longs. Je pourrais être jolie, voir belle, mais la seule chose qui empêche cela est mon regard. Il est froid et triste.

Je m'attache les cheveux en une haute queue de cheval et sors de la chambre. Je descends les escaliers en marbre et vais dans la cuisine, attrape une tasse de café que je bois vite, deux tranches de pain et remonte me brosser les dents. Je finis par sortir dehors, mon sac à l'épaule et mes joues rosies par l'air frais du matin.

En deux ans, beaucoup de choses ont changé. Pour commencer, j'ai adopté une routine qui m'empêche de sombrer dans le doute, qui mènerait à la dépression.

Après la chute de Sherlock, je suis allée à la morgue. J'avais le choix entre pousser la porte et faire demi-tour. J'avais le choix entre obtenir des réponses et ne pas connaître la vérité. J'ai choisi de repartir en arrière. Je sais qu'il m'a vue, dans le reflet et dans le couloir. Je sais qu'il est au courant que je connais son secret. Pourquoi avoir fait ce choix ? C'est très simple. Là-bas, il s'est passé quelque chose, devant ces portes froides de la morgue. Je n'ai plus eu envie de savoir la vérité. Je la connaissais déjà. Il me suffisait de réfléchir. Et puis, je pensais qu'il allait réapparaître bientôt, peu de temps après sa chute.

J'ai eu tort. C'est bête, mais c'est ainsi. Maintenant, je regrette de ne pas être entré dans la pièce et de lui en avoir coller une.

John est alors tombé dans une sorte de dépression, longue et affligeante. Je n'osais pas lui dire ce que j'avais vu, ce que je savais. J'avais peur, et puis, mettez-vous à ma place. Allez dire à un homme que son meilleur ami n'est pas vraiment mort, que tout ce qu'il a enterré n'est qu'un autre corps parmi tant d'autre, que ce qu'il a cru chérir et pleurer n'était qu'une illusion.

Et puis, John a fait son deuil. Sans moi. Concrètement, Sherlock était mon tuteur. Etant donné que, malgré le fait qu'ils vivent ensemble, John ne faisait pas légalement parti de la famille, la justice m'a affectueusement larguée chez Mycroft. Je suis toujours chez lui, en ce moment. Depuis deux ans, je vis avec un homme froid et hautain, qui me sous-estime, me croyant trop naïve et jeune pour comprendre les problèmes du monde. Evidemment. Le truc, c'est que lui aussi est au courant. Autant je n'aurais jamais dit la vérité à John, par peur de le blesser, mais à Mycroft, je m'en foutais royalement. Je ne lui ai rien dit ; c'est lui qui est venu me voir, un soir, dans ma chambre, et m'a simplement dit "Tu sais". J'ai immédiatement compris à quoi il faisait allusion. Il m'a tout expliqué. Puis il est parti, sans un mot de plus. Le lendemain, il a fait comme si de rien n'était. Nous n'en avons jamais reparlé. Par contre, j'ai eu l'occasion d'aborder ce sujet avec ses parents.

Ils ne sont pas du tout comme eux. Ils sont calmes, posés, aiment les mathématiques et rient. Amusant, comme la nature rend les choses étranges. Je suis partie en vacances avec eux, c'était marrant, mais rien n'est plus pareil. John me manque. Mrs Hudson me manque. Même Poivre et Sel me manque. Je ne l'ai revu que trois fois. La première, c'était juste après. Il est venu avec ses équipes de police, il m'a vue et a couru vers moi. La seconde, c'était aux obsèques. Et la troisième, c'était par hasard dans la rue, lorsque je rentrais du lycée. Nous nous sommes dit bonjour, et une gêne s'est installée. Puis nous nous sommes quittés, comme ça. Sa femme le trompe toujours.

Mrs. Hudson est restée en contact avec moi. Au début, je passais des après-midis avec elle, mangeant des gâteaux et buvant du thé. Puis le lycée a appelé Mycroft en disant que je séchais, et malgré le fait que je sois première de ma classe, j'ai de moins en moins eu le temps de voir notre logeuse. Puis nous nous sommes appelées fréquemment. Elle vit toujours au 221b Baker Street, patientant jusqu'à ce que de nouvelles personnes emménagent, j'imagine. Sauf qu'elle n'a jamais débarrassé les affaires de Sherlock. Elle l'attend, parce qu'inconsciemment, elle sait.

John s'est reconstruit, petit à petit. Il a ouvert son cabinet médical, et a rencontré Mary. Il ne m'a pas oubliée, mais le fait que je sois apparentée à Sherlock ne l'aidait pas à faire son deuil, alors arrêter de me voir ne fut plus une option, mais une obligation. Nous nous sommes appelés, assez souvent, mais de moins régulièrement ensuite. Il ne l'attend plus.

En ce moment, Mycroft est en Europe de l'Est. Il est infiltré, et je crois que c'est la première fois qu'il part sous couverture. Je ne sais pas pour quelle raison, je ne veux pas savoir. Je m'en moque complètement. Il m'a laissé suffisament de nourriture pour que je survive un mois, même si je me doute que sa mission durera approximativement une semaine.

J'arrive devant mon lycée et patiente : j'attends quelqu'un de spécial. Enfin, spécial à mes yeux, certainement pas aux siens. Je me demande même s'il connait mon prénom. Je rentre en même temps que lui, car j'aime sentir son odeur de mâle, ses effluves se propagent partout où il passe. Je ne sais pas d'où cet intérêt sort, surtout pour un garçon, je veux dire, d'habitude je m'en moque complètement, mais apparement, celui-ci fait exception à la règle. Il n'est pas comme les autres. Il a quelque chose. Il est grand, brun bouclé, avec des yeux bleus et des muscles discrets se dessinent sous son tee-shirt, sur ses avant-bras et sa mâchoire est belle à regarder. Je le sais, c'est ce que je fais en cours d'allemand. Je le regarde. Je l'écoute parler.

Non.

Je ne suis pas obsédée.

Ou peut être juste un petit peu, alors. J'imagine que c'est comme John : en perdant quelqu'un, on se rabat sur une autre personne. Pour John, se fut Mary. Pour moi, ce sera lui.

Il est assez intelligent, doué en chimie et habile en langues. En parlant de langue, il est célibataire. Mais environ 70% des filles lui tournent autour. 29% s'en moque. Et le 1%, c'est moi. Je ne lui tourne pas littéralement autour. Je reste dans mon coin et le regarde.

Il s'appelle Junior. Son vrai nom, c'est James Junior, mais tout le monde l'appelle Junior, sauf moi. Je préfère James. Je ne sais pas pourquoi. Il me perturbe. Je ne sais pas pourquoi. Il a quelque chose. Je ne sais pas quoi. Je crois que je l'aime, mais je ne sais pas pourquoi.

C'est bête, franchement. J'aimerais ne pas ressembler à ces nunuches amoureuses, ne pas passer mes cours d'allemand à fixer sa mâchoire et sa nuque, à regarder le mouvement de ces cils lorsqu'il cligne des yeux, à écouter sa voix masculine lire les textes, à observer le mouvement de ses yeux lorsqu'il écrit. J'aimerais bien, oui. On va s'arrêter là pour le moment, Agatha, n'est-ce pas ? C'est mieux comme ça.

La journée passe lentement, puis je rentre. Routine, routine, quand tu nous tiens, tu ne nous lâches pas. Je m'apprête à tourner la clef dans la serrure quand je me rends compte que la porte est déjà ouverte. Je la pousse doucement, sans faire de bruit. Je referme aussi silencieusement que possible, et avance à pas de loup dans le corridor.

Je m'arrête sur le seuil du salon. J'ai le souffle coupé.

"Agatha. Oui. Certes."

Elle est partie toute seule. Je ne parle pas l'angoisse. Ni de la peur d'un cambrioleur.

Je parle de la gifle.

"Comment as-tu osé disparaître pendant tout ce temps ?"

Il se masse la joue, rougie par la trace de ma main, qui l'a claquée quelques instants auparavant.

"Je suis désolé. Version courte : Pas mort."

La deuxième était voulue, et il l'a sentie passée, croyez-moi. A la troisième, s'y attendant, il a attrapé ma main une seconde avant qu'elle n'atteigne son visage. Puis il m'a expliqué, tout, depuis le début. Peu après, il s'est levé.

"Où vas-tu ?"

"Je vais voir John." Il se tourne vers moi. "Tu veux venir, j'imagine ?"

Je souris doucement. Il m'a manqué. Plus que je ne le pensais.

"Non, merci. Bonne soirée."

Il me tourne le dos et s'avance vers la porte.

"Je suis désolé. Vraiment. Je sais que tu as vu. Bonne soirée à toi aussi, Agatha Sybil Holmes."

Je garde mon doux sourire au visage, car je sais l'impact que ces mots ont sur lui, comme sur moi. Il sort et je lui crie :

"Ne sors pas la même phrase à John que celle que tu m'as dite !"

"Promis !"

Version courte : Pas mort. Il fallait la trouver. Je me souviens de Mary, et m'apprête à avertir Sherlock, mais lorsque je le cherche du regard, il a déjà disparu. Trop tard.


Reviews ? :)