Disclaimer : Non, rien de rien, rien de m'appartient , même pas Ron, malheureusement, tout est à JKR...


« -Et maintenant on fait comment ? On retourne chercher Harry ? Je ne vois pas d'autre solution. Nous sommes coincés ! Tu as dit que tu avais une idée en venant ici ? Mais si on remonte, on va encore perdre du... » Hermione continua sa phrase mais les mots se perdirent dans le néant insondable des pensées de celui qui l'accompagnait.

Ron ne semblait pas du tout l'écouter. En réalité, c'était plus un fait : il ne l'écoutait pas du tout. Il s'était lui aussi arrêté et semblait sonder la porte comme s'il s'attendait à ce qu'elle lui révèle ses secrets. Sauf que les portes ne parlent pas. Et surtout pas à ceux qui ne parlent pas leur langue.

« - Bon sang, c'est quoi déjà ? Assekass... »commença-t-il.

« - Ron ? » L'appela Hermione.

« - Akssekiniss... »continua Ron.

« -Ron... ? Je peux savoir ce que tu fais ? », questionna Hermione en le couvant d'un regard inquiet.

« - Non, c'est pas ça. Ou alors...Assekaniss... »

« - Ron ? Tu m'écoutes ? Il faudrait qu'on remonte, là, maintenant », dit-elle en appuyant sur les dernier mot.

« - Assekanissikina... »

« - Bon, puisque tu as absolument décidé de m'ignorer, je remonte toute seule », trancha-t-elle en faisant mine de rebrousser chemin, pendant ce qui dura à peu près une demi-seconde.

« - Assakessinikessa...Par les pustules du caleçon de Merlin, comment c'est déjà, espèce de sac à gargouilles pleins de poux! » S'écria-t-il en perdant quelque peu son sang froid.

« - Ron, ne jure pas ! Surtout quand ça ne veut absolument rien dire ! » Le coupa Hermione impatiente et passablement agacée, elle avait d'ailleurs déjà placé ses poings sur ses hanches, ce qui n'était, généralement, pas un signe très encourageant.

Le ton d'Hermione rappela Ron à la réalité.

« - Mais pourtant je suis sûr que c'est ça ! » Se défendit-il en la regardant droit dans les yeux, les sourcils froncés, et en lançant ses mains en avant pour désigner l'objet qui, selon lui, justifiait son comportement.

« - J'ai bien compris ce que tu essayais de faire, mais c'est complètement idiot, tu sais bien qu'il faut parler Fourchelang pour que ça fonctionne! Ce n'est pas en ajoutant des "k" et des "s" n'importe comment que ça va marcher! »

« - Par la barbe de Merlin, je crois que je l'ai ! » dit-il en se frappant le front, il marqua un pause puis se concentra de nouveau, « Asssakesssini kesssassseuchh... »

On entendit un grand bruit sourd, comme s'il provenait de l'intérieur des murs souterrains de la bâtisse centenaire. Les serpents se mirent à bouger les uns après les autres. Le mur découvrit un trou béant.

La Chambre des Secrets était de nouveau ouverte. Et pour une fois, c'est important de le noter, un membre de la famille Weasley allait y entrer de son plein gré, sans être possédé par l'esprit pré-pubère tordu d'un mage noir arhinoïde.

« - Et quand on pense que ce long charabia c'est sûrement juste pour dire : « ouvre-toi » ! », remarqua Ron d'un ton qui mêlait contentement et soulagement.

« - Ron, tu es un génie ! Brillant ! Fabuleux, même ! » exulta Hermione tout en lui sautant au cou . Ses yeux brillaient d'admiration et sa voix était soudainement devenue très haut-perchée.

Cette réaction n'était pas très hermionienne et l'avait surpris elle-même. Elle se détacha très rapidement. Ron, qui avait secrètement espéré l'impressionner, lui sourit sans ajouter un mot. Il savait très bien que son visage s'était embrasé. Il n'avait pas besoin de miroir pour le savoir. Il l'avait relativement bien senti.

Ils pénétrèrent dans l'humide caverne et avancèrent en direction du squelette disgracieux du Basilic.

Ce tremblement lorsqu'ils détruisirent l'horcruxe, toute l'école le ressentit certainement. Ils sentaient également en eux un espoir nouveau. Ils avaient avancé et étaient sortis grandis de tout ce qu'ils avaient vécu.

Il restait pourtant toujours un point qui renfermait malgré tout un grand nombre de « non-dits ». C'était une évidence qui avait besoin de mots.

« - Ce n'est pas en ajoutant des "k" et des "s" n'importe comment.. » murmura ce dernier sur le retour en imitant la voix d'Hermione, quand ils eurent dépasser l'immense porte aux serpents en hâtant le pas. Celle-ci se tourna vers lui en plissant les yeux.

«- Qu'est-ce que tu viens de dire ? « Demanda-t-elle d'un ton quelque peu inquisiteur.

«- J'ai dit : Harry parle souvent dans son sommeil, » répondit Ron d'un ton dégagé et à volume sonore normal. « Tu n'as jamais remarqué ? «

«- Bien sûr que non », répliqua une Hermione, qui avait toutes les peines du monde à cacher le petit sourire qui aurait trahi l'intensité de l'admiration qu'elle éprouvait pour lui à ce moment exact, mais néanmoins dubitative quand à la véracité de sa réponse à sa question. « Ça aurait été difficile. Je n'ai pas dormi dans le même dortoir que lui pendant 6 ans, moi, Monsieur ! « Ajouta-t-elle en relevant le menton.

«- Non en effet », là il marqua une pause pour récupérer sa respiration, « je crois que je m'en serais aperçu », termina-t-il, la tête dans la direction la plus opposée possible à la source broussailleuse responsable du rougissement de ses oreilles.

Il fallut un très court instant à Hermione pour réaliser ce qu'elle venait de dire et se figer l'espace d'une seconde. Sa fierté l'emportant cependant, elle s'avança d'un pas qu'elle voulait décidé à côté Ron, qui avait comme elle, les mains pleines de crochets récupérés dans la gueule du Basilic. Pendant qu'ils s'avançaient dans un silence pesant, Hermione chercha à détourner ses propres pensées de l'image mentale qu'elle venait de s'infliger.

« - Je suis sûre qu'il y a des sangsues », affirma-t-elle en regardant les parois humides qui les entouraient.

« - C'est surement vrai. Mais bon, c'est toujours mieux qu'une dinde qui glousse », railla-t-il.

« - Quoi ?», Fit Hermione, surprise.

« - J'ai dit que c'...», il prit alors conscience de ce qu'il venait de dire et se rattrapa comme il put. « J'ai dit que c'était plein de mousse. En même temps, c'est normal quand on y réfléchit. Cet endroit est là depuis pas mal d'années maintenant. Et puis c'est hyper humide ici, Tu as vu comme c'est humide ? Comment les gens font pour vivre dans une atmosphère pareil ? »

« - Personne ne vit ici, Ron. »

« - Si, lui, il vivait ici », répondit-il en désignant l'endroit d'où ils venaient d'un signe de tête, faisant indirectement référence au Basilic.

« - Non, lui, c'est la réponse à pourquoi personne ne vit ici. Et puis aussi parce que c'est lugubre », trancha-t-elle avec un regard circulaire alors qu'ils arrivaient près de la sortie. « Et non, Ronald Weasley, il n'y a absolument rien de positif dans le fait qu'il fasse fuir les Acromantules », ajouta-t-elle voyant qu'il était sur le point de répliquer.

Ron jugea pertinent de se taire.

Une dinde qui glousse. Non, mais vraiment ?!

Maintenant ? Au milieu de la guerre, dans le lieu le plus glauque de Poudlard, avec la Salle Commune des Serpentards, et alors qu'il venait de jouer les dentistes dans l'immense gueule de la créature qui avait failli lui enlever Hermione à tout jamais, elle surgissait.

Cette maudite lettre.

Dont il était capable de réciter tous les mots qui permettaient que le « cher Ronald » rejoigne l'« Hermione » de la fin.

Non pas que l'infâme parchemin soit resté en veilleuse durant ces longs mois d'errance. Il ressortait régulièrement et à des moments aussi surprenants qu'inopportuns. Le plus gênant avait été cette fois autour du feu, où, alors qu'il observait les lueurs de ce dernier sur le visage concentré d'Hermione, il avait faillit perdre totalement le contrôle de sa bouche qui s'était mise à réciter la citation moldue de la lettre, comme possédée. Celle du type dont le phrasé un peu ridicule lui rappelait à chaque fois Nick-Quasi-Sans-Tête.

Il se souvenait encore de l'émotion qu'il avait ressentit lorsqu'il l'avait redécouvert dans le double fond de son sac, en déballant ce dernier après avoir déserté sous l'emprise du médaillon. Ce petit bout de sentiments froissés avait totalement échappé à sa mémoire durant des semaines. Il s'en était alors imprégné et l'avait mis en lieu sûr. Mû d'une ardeur nouvelle, il s'était remis en route, Déluminateur en main, prêt à affronter tout les médaillons névrosés de la Terre. Il ne se pardonnerait certainement jamais cet acte de faiblesse inconsidéré. S'il était arrivé quelque chose à Harry ou à Hermione...

Il regarda cette dernière qui tentait de s'extirper de l'ouverture qui menait aux toilettes de Mimi Geignarde et l'aida. Ils se mirent à courir vers les escaliers qui menaient à la Salle sur demande.

Son flot de pensée ne s'interrompait cependant pas. Ce n'était pourtant ni le lieu, ni le moment. Et s'il y pensait vraiment, ça ne le serait peut-être jamais plus...

Et alors qu'il la regardait avancer rapidement devant lui, cela le frappa. Il la retint soudain par le bras.

« - Ron, qu'est-ce que tu... »

« - Attends. »

Il respira profondément et prit délicatement ses petites mains dans les siennes. Hermione ne comprenait pas du tout ce qu'il se passait. Elle cherchait des réponses sur son visage. C'est quand elle sentit qu'il tremblait très légèrement et que le bout de ses doigts étaient un peu plus froids, qu'elle eut soudainement l'impression que quelqu'un jouait de la batterie dans sa poitrine. Ce tremblement n'était pas un signe de faiblesse, mais d'intense émotion face à une finalité toute désignée à présent. Il n'empêcha même pas de s'échapper les mots qui le désiraient tant.

« - En vain ai-je lutté, je ne puis... », commença-t-il.

« - Mais où diable étiez-vous passés?! », entendirent-ils soudain.

Il sursautèrent en parfaite synchronisation. Ron fut le premier à reprendre ses esprits et apporta une réponse correcte, bien que certes un peu courte, à Harry.

« Dans la Chambre des Secrets, » répondit Ron qui avait lâché les mains de l'intéressée avec une rapidité qui l'avait lui-même surpris.

Et puis ce qu'il se passa dura à peine l'espace de quelques secondes. Il jeta un regard à Hermione. Il se rendit compte qu'elle avait les yeux rivés sur lui. Et, par Merlin, cette expression qu'ils portaient à présent...Il l'aurait reconnu entre mille. Ça ne s'était pourtant produit qu'une seule fois, il y a moins d'un an. Le décor était différent, personne ne se mariait, elle n'était pas élégamment vêtue de rouge, la lumière d'un beau jour d'été ne faisait pas apparaître les charmants reflets bruns de ses cheveux,... mais la pièce disparue de nouveau un court instant. Oui, il en était sûr : elle voulait lui raconter quelque chose. De grand, dévastateur et, presque ironiquement, inénarrable. Il le voyait, percevait les émotions comme si elles lui étaient transmises par intra-veineuse : elle ressentait autant que lui la grandeur du moment qui leur avait été dérobé involontairement. Et surtout, c'est ce qui le bouleversa le plus, elle savait. Elle savait exactement pourquoi ces mots-là étaient les premiers qui s'étaient évadés. Une vague d'émotion les prit d'assaut, comblant tous ces vides qui avaient bouleversé leurs deux dernières années.

« La Chambre…quoi? » s'écria Harry en s'arrêtant devant eux d'un pas vacillant.

« C'est Ron qui a eu l'idée, lui tout seul! » assura Hermione, le souffle court et pourtant éprouvant le soudain besoin de parler. « Absolument génial, non? Nous étions restés là après ton départ et j'ai dit à Ron: "Même si nous trouvons l'autre Horcruxe, comment allons-nous faire pour nous en débarrasser?" On n'avait toujours pas réussi à détruire la coupe! Alors, il a pensé à ça! Le Basilic! »

« Qu'est ce que… », ne finit même pas Harry.

« Le moyen d'anéantir un Horcruxe, » dit simplement Ron, retrouvant parole, et lucidité aussi.

Harry baissa les yeux vers les objets que Ron et Hermione tenaient dans leurs bras: de grands crochets recourbés, arrachés au squelette d'un Basilic mort.

« - Mais comment y êtes-vous entrés? » s'étonna-t-il, regardant successivement les crochets, puis Ron. « Il faut parler le Fourchelang! »

« Il l'a parlé! » murmura Hermione. « Montre-lui, Ron! »

Ron reproduisit l'horrible sifflement étranglé.

« - Tu avais fait la même chose pour ouvrir le médaillon, » dit-il à Harry sur un ton d'excuse. « J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois mais… » il haussa les épaules d'un air modeste, « on a fini par y arriver. »

« - Il a été fabuleux! Fabuleux! » dit Hermione, qui jeta un regard admiratif au concerné en prononçant le dernier mot. Geste qui fit malheureusement remonté chez tous les deux le souvenir de la réaction d'Hermione lorsque la Porte aux Serpents s'était ouverte ainsi qu'une réaction physique qui s'imprima avec brillance sur leur joues.

Ils se remirent alors en marche quand Ron s'arrêta net.

« - Attends un peu, » s'exclama brusquement Ron. « On a oublié quelqu'un! »

La pensée l'avait soudain percutée de plein fouet. Par merlin, cela ne pouvait pas se passer comme ça. Pas une deuxième fois !

« - Qui? » s'étonna Hermione.

« - Les elfes de maison. Ils doivent tous être dans les cuisines, non? », les interrogea Ron.

« -Tu veux dire que nous devrions les envoyer au combat? » demanda Harry.

Mais Hermione commençait à comprendre. Et elle sentait que les mots qu'il allait prononcer, finiraient ce que les sentiments qui l'avaient prise d'assauts durant des mois, avaient déjà accompli. Ce jour n'était pas un jour anodin où l'on pouvait sans soucier tout reporter au lendemain. Ce jour-là était un jour qui n'en promettrait peut-être pas d'autres. Elle avait épongé avec toute l'énergie dont elle était capable cette marée de sensibilités. Elle avait cru le perdre plusieurs fois, sans toujours espoir de retour. Elle savait exactement qu'en ce moment même les dernières fibres de sa retenue se dissolvaient dans un océan qu'elle avait mis 7 ans à traverser. Elle atteignait l'autre rive.

Voilà pourquoi, il ne fallait surtout pas qu'il réponde à Harry.

Ce qu'il fit. Evidemment.

« - Non, » répondit Ron avec gravité, « Je veux dire que nous devrions les évacuer, eux aussi. Nous ne voulons pas de nouveaux Dobby, n'est-ce pas? Nous ne pouvons leur donner l'ordre de mourir pour nous… »

Il y eut un grand fracas lorsque les crochets de Basilic tombèrent en cascade des bras d'Hermione. Se ruant sur Ron, elle lui passa les bras autour du cou et l'embrassa en plein sur la bouche. A son tour, Ron lâcha les crochets et le balai qu'il tenait entre les mains et lui rendit son baiser avec tant de fougue qu'il la souleva de terre.

Il résonnait en eux un écho prodigieux. Quelque chose d'important était en train d'arriver, qui se créait à leur image : dans un moment de trouble et d'une spontanéité incroyable. Il y avait quelque chose d'invraisemblablement juste dans ce qu'il se passait. Avaient tourbillonné autour d'eux durant des années des mots invisibles chargés de ressentiments, de cynisme, de colère, de désillusion, des quiproquos silencieux et des petites ou grandes blessures. Ils venaient, tous autant qu'ils étaient d'être repoussés violemment par beaucoup plus fort qu'eux.

Finalement, c'était peut-être ça le moment juste : cristalliser le temps en une symbiose sacrée dans un espace absolu et infini.

...


.

.

ϟ

ಠ_ಠ

Oui, Harry, c'était vraiment le moment, espèce d'horrible buzzkill. Je crois que c'est la pire interruption que tu as jamais faite en 7 bouquins, mon pote. Tu m'as presque donné envie de te laisser à Voldemort. Ou de te transformer en tarte à la mélasse.

J'ai pris un plaisir fou à écrire cette histoire. Je comprend aussi pourquoi de nombreux auteurs ne finiront jamais leur histoires...C'est dur. C'est comme dire au revoir à de vieux amis. On sait qu'on les reverra, mais on n'aura peut etre plus autant de temps pour eux. Pour ma part, je sais que je dois une grand partie de ma volonté de finir à la ténacité de la petite merveille, totalement illuminée et souvent doucement déjantée, de ma fratrie et à ma bakasuperfriend, sans qui vos yeux auraient très certainement brûlés devant les Phôte de gramère é de SyntaX.

Je tenais à vous remercie pour vos reviews. Elles étaient toutes fantastiques et me sont allées droit au coeur. Merci à vous tous.

(•_•)

( •_•)⌐■-■

(⌐■_■)...Mother of awesome!